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Eugène-Casimir Villatte

Eugène-Casimir Villatte, comte d'Oultremont[1], né le à Longwy en Lorraine et mort le à Nancy, dans la Meurthe, est un général français de la Révolution et de l’Empire.

Entré au service en 1792, il participe aux guerres de la Révolution française et sert notamment comme aide de camp du général Bernadotte. Devenu général de brigade en 1803, puis de division en 1807, il fait les campagnes d'Allemagne, de Prusse et de Pologne au sein de la Grande Armée de Napoléon, se signalant à Elchingen, Iéna, Guttstadt et Friedland.

Affecté en 1808 dans la péninsule Ibérique, Villatte prend part à la guerre d'Espagne jusqu'à la fin de celle-ci en 1814. Durant cette période, lui et ses troupes sont engagés dans de nombreux affrontements tels qu'à Balmaseda, Espinosa, Uclès, Talavera, Vitoria ou Orthez.

Rallié aux Bourbons après la chute de l'Empire, il occupe divers commandements de l'intérieur avant d'achever sa carrière sous la monarchie de Juillet.

Biographie

Origines et carrière sous la Révolution française

Eugène-Casimir Villatte naît le à Longwy, en Lorraine. Entré dans la carrière des armes au début de la Révolution française, il est sous-lieutenant du 13e régiment d'infanterie (ex-régiment de Bourbonnais) le , avant de passer lieutenant le suivant[2].

Il fait les campagnes révolutionnaires à l'armée du Rhin de 1792 à 1794. Au cours de cette période, il est atteint d'un coup de feu lors d'un engagement près de Haguenau le et est promu au grade de capitaine le lendemain. Il est ensuite transféré à l'armée de Sambre-et-Meuse et sert à la division du général Bernadotte, dont il devient l'aide de camp le . Deux ans plus tard, il suit son chef sur le théâtre d'Italie et participe notamment à la prise de Gradisca en . À l'issue de cette campagne, il est nommé chef de bataillon à titre provisoire le puis de manière définitive le [2].

Villatte est ensuite adjudant-général à la division Soult le . Lors de la première bataille de Zurich, en juin de la même année, il est blessé d'un coup de feu. Il quitte alors la ligne de front pour occuper des commandements intérieurs, étant successivement employé dans les 17e, 4e et 22e divisions militaires de 1799 à 1803. Il sert un temps à l'armée de l'Ouest et est même pressenti pour faire partie d'un corps expéditionnaire en qualité de chef d'état-major, mais le projet ne se concrétise pas. Le , il est promu général de brigade[2].

Général de l'Empire

Peu après l'avènement de l'Empire, Villatte est Ă©levĂ© au rang de commandant de la LĂ©gion d'honneur le [3]. Il dirige, Ă  partir du , la 1re brigade de la division du gĂ©nĂ©ral Loison, appartenant au 6e corps du marĂ©chal Ney. Durant la campagne d'Allemagne de 1805, il se distingue Ă  la bataille d'Elchingen le . VersĂ© dans la division Marchand au dĂ©but de l'annĂ©e 1806, il prend part Ă  la bataille d'IĂ©na avant d'ĂŞtre promu gĂ©nĂ©ral de division le . Quelques jours plus tard, il remplace Drouet d'Erlon au commandement de la 3e division du 1er corps de Bernadotte[2]. C'est dans cette position qu'il dĂ©fait, le , les troupes russes du gĂ©nĂ©ral Rembow Ă  Spanden, dans le cadre de la bataille de Guttstadt[4]. Il combat ensuite Ă  Friedland le oĂą sa division, forte d'environ 5 500 hommes, se compose du 27e lĂ©ger et du 63e de ligne de la brigade Frère ainsi que des 94e et 95e de ligne de la brigade GĂ©rard[5].

Scène de la bataille d'Espinosa (10-11 novembre 1808), à laquelle prend part le général Villatte. Illustration d'Henri Félix Emmanuel Philippoteaux.

Ă€ l'automne 1808, Villatte est envoyĂ© en Espagne. Il y contribue, peu après son arrivĂ©e, Ă  la dĂ©faite du gĂ©nĂ©ral espagnol Blake et Ă  la prise de Bilbao[6]. Le , sa dĂ©termination sauve sa division et l'issue de la bataille de Balmaseda, malgrĂ© la perte d'environ 500 hommes et un canon[7]. Il participe peu après Ă  la bataille d'Espinosa oĂą son intervention est dĂ©cisive. Lors du siège de Madrid, il enlève, Ă  la tĂŞte de sa division, le château royal du Retiro[8]. Le , Ă  la bataille d'Uclès, il met en fuite l'aile gauche espagnole retranchĂ©e sur les hauteurs d'Uclès[9]. Il reçoit pour cette action les fĂ©licitations du marĂ©chal Victor :

« Votre conduite […] est celle d'un bon général : il vous fallait d'aussi bons soldats que ceux que vous commandez, pour pouvoir agir ainsi. Votre confiance en eux a été couronnée du plus grand succès. Recevez mes félicitations, et dites à votre division que je vais la citer à Sa Majesté comme le modèle des troupes de son armée d'Espagne[10]. »

Le gĂ©nĂ©ral Villatte se distingue ensuite aux combats de Cuenca, de Talavera de la Reina et de Chiclana. Pendant les campagnes de 1812 et de 1813, il est chargĂ© du commandement de la rĂ©serve. AttaquĂ© Ă  Salamanque le par un corps de cavalerie, il opère sa retraite en bon ordre et assiste un mois plus tard Ă  la bataille de Vitoria. Le , il combat Ă  Orthez[11]. Ă€ la date du , sa division, qui sert Ă  l'aile gauche de l'armĂ©e des PyrĂ©nĂ©es sous les ordres du gĂ©nĂ©ral Clauzel, aligne 4 829 hommes rĂ©partis en deux brigades sous les gĂ©nĂ©raux Saint-Pol et Lamorendière[12]. Il passe ensuite Ă  l'armĂ©e du Midi[11].

Au service du roi

Il se rallie aux Bourbons Ă  la Restauration, et devient successivement inspecteur gĂ©nĂ©ral d'infanterie et commandant de diffĂ©rentes divisions militaires. Lors du procès du marĂ©chal Ney, Villatte vote avec le gĂ©nĂ©ral Claparède « contre Â» l'incompĂ©tence du conseil de guerre du marĂ©chal Jourdan[13].

Vie privée

Il Ă©pouse, en 1804, Marie-Augustine de Salmon de la Brosse (morte en 1845) dont il a deux fils et deux filles[14] :

  • Jean Marie Eugène Oscar Villatte (nĂ© en 1800) ;
  • Casimir Augustine AnaĂŻs Villatte (1805-1871) ;
  • Eugène Louis Auguste Villatte (nĂ© en 1814), officier de cavalerie et conseiller gĂ©nĂ©ral du dĂ©partement de la Meurthe ;
  • Fanny EugĂ©nie Villatte.

Le général Villatte a également deux frères cadets, Jean-Baptiste Alexandre (1780-1858) et Jean Louis (1785-1829)[14].

Distinctions

Le général Villatte est grand-croix de la Légion d'honneur, chevalier de la Couronne de fer, grand-croix de l'ordre militaire de Charles-Frédéric, commandeur grand-croix de l'ordre de l'Épée et commandeur de Saint-Louis[15].

Il fait également partie des 660 personnalités à avoir son nom gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile. Il apparaît sur la 2e colonne (l’Arc indique VILLATTE).

Notes et références

  1. À ne pas confondre avec l'illustre famille comtale belge d'Oultremont
  2. Six 1934, p. 555.
  3. Clauteaux 1829, p. 188.
  4. Petre 1976, p. 278-279.
  5. Diégo Mané, « Les armées à Friedland le 14 juin 1807. II. L'armée française de Napoléon Ier » [PDF], sur planete-napoleon.com, (consulté le ).
  6. Clauteaux 1829, p. 188-189.
  7. Smith 1998, p. 269.
  8. Clauteaux 1829, p. 189.
  9. Gates 1986, p. 118.
  10. Clauteaux 1829, p. 190.
  11. Laronde 2004, p. 42.
  12. Jean Tranié et Juan-Carlos Carmigniani, Napoléon : 1814 - La campagne de France, Paris, Pygmalion/Gérard Watelet, , 315 p. (ISBN 2-85704-301-5), p. 294.
  13. Hulot 2013, p. 592.
  14. Albert Révérend, Armorial du Premier Empire : Titres, majorats et armoiries concédés par Napoléon Ier, t. 4, Paris, Bureau de l'annuaire de la noblesse, , 420 p. (lire en ligne), p. 372.
  15. Thiébaud et Tissot-Robbe 2011, p. 539.

Bibliographie

  • Charles Clauteaux, Essai sur l'histoire de Longwy, Verronnais, , 207 p..
  • FrĂ©dĂ©ric Hulot, Les grands marĂ©chaux de NapolĂ©on, Paris, Pygmalion, , 1706 p. (ISBN 978-2-7564-1081-4), « Le marĂ©chal Jourdan ».
  • Claude Laronde, Soult et Wellington dans les PyrĂ©nĂ©es (1813-1814) : La retraite des sans-souliers, Princi Negue, , 210 p. (ISBN 978-2-84618-150-1).
  • Georges Six (prĂ©f. commandant AndrĂ© Lasseray), Dictionnaire biographique des gĂ©nĂ©raux et amiraux français de la RĂ©volution et de l'Empire, t. 2, Paris, Georges Saffroy Éditeur, (lire en ligne).
  • Jean-Marie ThiĂ©baud et GĂ©rard Tissot-Robbe (prĂ©f. Jean Tulard), Les Corps Francs de 1814 et 1815, la double agonie de l'Empire : les combattants de l'impossible, L'Harmattan, , 714 p. (ISBN 978-2-296-46370-7, lire en ligne).
  • (en) Francis Loraine Petre, Napoleon's Campaign in Poland 1806-1807, Londres, Lionel Leventhal Ltd., (1re Ă©d. 1907)
  • (en) Digby Smith, The Greenhill Napoleonic Wars Data Book, Londres, Greenhill, , 582 p. (ISBN 1-85367-276-9).
  • (en) David Gates, The Spanish Ulcer : A History Of Peninsular War, Pimlico, (rĂ©impr. 2002), 570 p. (ISBN 0-7126-9730-6, lire en ligne).
  • « Cote LH/2717/13 », base LĂ©onore, ministère français de la Culture

Liens externes

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