Bataille de Barrosa
La bataille de Barrosa, également connu sous le nom de bataille de Chiclana, se déroule le près de Cadix, au sud de l'Espagne. Elle oppose le 1er corps d'armée du maréchal Claude-Victor Perrin à un corps expéditionnaire anglo-espagnol commandé par les généraux Thomas Graham et Manuel la Peña. Tactiquement favorable aux Alliés, l'affrontement se solde néanmoins sur un statu quo stratégique.
Date | |
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Lieu | Barrosa, au nord de Cadix, Espagne |
Issue |
Victoire tactique alliée Statu quo stratégique |
Empire français | Royaume d'Espagne Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande Royaume de Portugal |
Claude-Victor Perrin | Manuel la Peña Thomas Graham |
10 160 hommes | 5 200 Britanniques et Portugais ~ 10 000 Espagnols |
2 380 tués, blessés ou prisonniers | 1 240 tués ou blessés (Anglo-Portugais) 300 à 400 Espagnols |
Guerre d'indépendance espagnole
Batailles
Coordonnées | 36° 20′ 12″ nord, 6° 09′ 22″ ouest |
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Au début de l'année 1810, les troupes françaises du maréchal Victor envahissent l'Andalousie et viennent mettre le siège devant Cadix. Ravitaillée par la mer, la place résiste de longs mois alors que la réduction drastique des effectifs en janvier 1811 met les assiégeants en difficulté. Profitant d'une situation qui leur est favorable, les Anglo-Espagnols décident de prendre à revers les lignes françaises et débarquent un contingent expéditionnaire à Tarifa, au sud de Cadix. Victor, prévenu, redéploie son dispositif afin de tendre un piège à ses adversaires : une division est envoyée sur la route de Cadix afin d'arrêter la marche des Alliés, tandis que lui-même avec le reste du 1er corps tombe à l'improviste sur l'arrière-garde anglo-portugaise aux ordres du général Graham.
Soutenant un combat acharné sur deux fronts, les Britanniques réussissent à mettre en déroute les colonnes françaises, mais l'absence presque totale de soutien de la part des Espagnols empêche de transformer cette victoire en triomphe. Les Français parviennent à se regrouper et à réoccuper leurs lignes de siège, de sorte que la victoire de Graham n'a qu'un impact limité sur la poursuite de la guerre. Les positions françaises demeurent inchangées jusqu'à l'année suivante, date à laquelle Victor lève définitivement le siège le 24 août 1812.
Contexte
Au printemps de 1811, les troupes de Napoléon Ier occupent l'Espagne. La ville de Cadix, défendue par 25 000 hommes (20 000 espagnols et 5 000 britanniques) est assiégée par 25 000 Français commandés par le maréchal Victor. Un peu au Nord, la ville de Badajoz est assiégée par les Français après la bataille de Gevora au cours de laquelle un petit contingent de troupes françaises et polonaises commandé par Soult dispersent une armée espagnole composée de deux divisions et fait 5.000 prisonniers. Soult considère que la prise de Badajoz, à la frontière entre le Portugal et l'Espagne "point d'appui sur le Guadiana, est indispensable à la bonne marche des opérations"[1]. Après la bataille de Gevora, le 19 février 1811, Badajoz tient toujours. À ce moment, Soult apprend qu'un corps anglo-espagnol vient de débarquer à la pointe de Tarifa : une tentative pour faire lever le siège de Cadix. Il donne l'ordre d'attaquer les remparts, une brèche est ouverte et le 10 mars, Badajoz capitule.
Ainsi que Soult en a été informé, une force composite anglo-espagnole a quitté Cadix par la mer pour tenter de lever le siège de Cadix, et a débarqué à Algésiras, à 100 km au sud de Cadix pour attaquer par l'arrière les assiégeants français. Cette force est composée d'environ 15 000 Espagnols, sous le commandement du général espagnol Manuel de La Peña, et de 5 000 Britanniques commandés par le lieutenant-général Thomas Graham.
Suivant les dispositions prises par leur commandant, le maréchal Victor, les Français ont pris position à un endroit maintenant connu sous le nom de Pinar de los franceces, une zone marécageuse d'environ 15 km à l'est de la plage de Barrosa, à Chiclana de la Frontera, où la route vers Cadix et San Fernando passe entre un marécage et une forêt de pins. Cette situation empêche toute attaque sur les forces françaises mais elle laisse près de la côte une route qui mène directement à Cadix. Les troupes espagnoles, exténuées par une longue marche, arrivent sur la colline de Barrosa le 2 mars où La Peña décide de regagner au plus vite Cadix par la route côtière sans se mesurer aux positions françaises.
DĂ©roulement de la bataille
Le maréchal Victor plaça une de ses divisions, commandée par le général Eugène-Casimir Villatte, pour barrer la route aux soldats espagnols mais cette division est prise en tenaille par des forces venues de Cadix. Puis Victor fait attaquer la colline par une autre de ses divisions, la 1re, sous les ordres du général François Amable Ruffin. Les forces françaises partent à l'assaut de la colline et le contingent anglais — 470 hommes — doit battre en retraite. Quand les troupes françaises s'installent sur les hauteurs, le général Graham fait faire demi-tour au reste de ses troupes afin d'attaquer la colline. L'infanterie britannique avance en ligne tandis que les Français descendent de leur position en colonnes[2] pour les attaquer. Après un échange de coups de mousquets à bout portant, les deux divisions françaises doivent rompre les rangs et reculent vers Chiclana. Dans la mêlée, les Britanniques capturent l'aigle d'un régiment.
Le général Graham propose au général de La Peña de poursuivre les Français en déroute, mais celui-ci refuse et, rentrant à Cadix, contraint les forces anglaises à le suivre.
Conséquences
D'un point de vue tactique et en termes de pertes infligées à l'ennemi, la bataille est une victoire des troupes britanniques. Elles ont déjà marché sur une distance considérable durant le jour et la nuit précédente et combattent les Français pratiquement deux fois plus nombreux[3]. D'un point de vue stratégique, cette bataille n'a aucun effet, puisque après l'affrontement les forces espagnoles reprennent leur marche vers Cadix sans tenter d'attaquer les lignes de siège françaises.
Dans cette bataille, un certain Keogh du 87e régiment d'infanterie tente d'arracher l'aigle du 8e de ligne français. Keogh est tué dans sa tentative, mais le sergent Patrick Materson (ou Matersman, les documents sont contradictoires) finit par s'assurer de l'aigle en criant « par Dieu, les gars, j'ai eu le coucou ! ». Il reçoit plus tard pour cet exploit une « promotion sur le champ de bataille » et est élevé au grade de capitaine. L'ironie de l'histoire est que cette aigle a reçu une couronne de lauriers dorée de la main de Napoléon lui-même, en signe de distinction du 8e de ligne pour avoir forcé ce même 87e régiment britannique à battre en retraite avec de lourdes pertes à la bataille de Talavera.
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Battle of Barrossa » (voir la liste des auteurs).
Voir également Thomas Graham au chapitre « 1809-1811 » pour une relation différente de la bataille de Barrosa.
Voir aussi
- François Amable Ruffin, général de division
Notes et références
- J. Lucas-Dubreton "Napoléon devant l'Espagne, Ce qu'a vu Goya" Les grandes Études Historiques Librairie Arthème Fayard Paris 1946, p. 410
- Voir note 1 de la Bataille d'Albuera sur les tactiques d'attaque respectives des Français et des Britanniques à cette époque.
- Sur instruction de La Peña, les Espagnols ne bougent pas et observent à distance alors que leurs alliés sont attaqués.