Bataille de Balmaseda
La bataille de Balmaseda se dĂ©roula le Ă Balmaseda, en Espagne. Elle opposa une division française commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral EugĂšne-Casimir Villatte Ă l'armĂ©e espagnole du lieutenant-gĂ©nĂ©ral JoaquĂn Blake y Joyes. L'affrontement se solda par une victoire espagnole. MalgrĂ© sa dĂ©faite Ă la bataille de Durango face au marĂ©chal Lefebvre, le , Blake avait rĂ©ussi Ă reculer vers la Cantabrie, rendant caduque la manĆuvre de NapolĂ©on visant Ă l'anĂ©antir. L'Empereur mĂ©content lança Lefebvre et Victor Ă la poursuite des Espagnols.
Date | 5 novembre 1808 |
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Lieu | Balmaseda, prĂšs de Bilbao, Espagne |
Issue | Victoire espagnole |
Empire français | Royaume d'Espagne |
EugĂšne-Casimir Villatte | JoaquĂn Blake y Joyes |
10 Ă 12 000 hommes | 24 000 Ă 37 607 hommes 38 canons |
200 à 300 tués ou blessés 300 prisonniers 1 canon | légÚres |
Guerre d'indépendance espagnole
Batailles
- Durango (10-1808)
- Balmaseda (11-1808)
- Burgos (11-1808)
- Roses (11-1808)
- Espinosa (11-1808)
- Tudela (11-1808)
- Bubierca (11-1808) (es)
- Somosierra (11-1808)
- Cardedeu (12-1808)
- Saragosse (12-1808)
- SahagĂșn (12-1808)
- Benavente (12-1808)
- Molins de Rei (12-1808)
- Mansilla (12-1808)
- CastellĂł d'EmpĂșries (01-1809)
- Cacabelos (01-1809)
- Lugo (01-1809)
- Zamora (01-1809)
- Astorga (01-1809)
- La Corogne (01-1809)
- GĂ©rone (05-1809)
CoordonnĂ©es | 43° 11âČ 45âł nord, 3° 11âČ 34âł ouest |
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De son cÎté, Blake, renforcé par les troupes réguliÚres du marquis de La Romana, se retourna subitement contre ses poursuivants. La division Villatte, détachée seule en avant-garde, tomba dans une embuscade tendue par Blake à Balmaseda. La surprise et la confusion passée, Villatte se retira en bon ordre, non sans avoir perdu 600 hommes et un canon. Victor, sermonné par Napoléon pour son imprudence, se racheta quelques jours plus tard en infligeant une sévÚre défaite à Blake lors de la bataille d'Espinosa.
Contexte
En , Ă la suite des Ă©checs rĂ©pĂ©tĂ©s des troupes françaises en Espagne, NapolĂ©on entra dans la pĂ©ninsule IbĂ©rique Ă la tĂȘte d'une puissante armĂ©e afin de rĂ©tablir la situation. Son intervention fut accueillie avec soulagement par son frĂšre Joseph, roi d'Espagne, qui avait dĂ» quitter Madrid aprĂšs la capitulation du gĂ©nĂ©ral Dupont Ă BailĂ©n, au mois de juillet.
Alors que ses troupes se dirigeaient Ă marches forcĂ©es vers l'Espagne, NapolĂ©on quitta Paris pour Bayonne, puis se rendit Ă Vitoria oĂč il arriva dans la soirĂ©e du , accompagnĂ© des marĂ©chaux Lannes et Soult. Il commença alors Ă Ă©laborer son plan de campagne sur la base des renseignements disponibles. Ă cette pĂ©riode, les forces françaises Ă©taient encore trĂšs dispersĂ©es : le Ve corps n'avait pas encore franchi les PyrĂ©nĂ©es et le VIIIe, Ă©vacuĂ© du Portugal aprĂšs la convention de Cintra, Ă©tait en train d'ĂȘtre dĂ©barquĂ© sur les cĂŽtes françaises par la marine britannique. En outre, le Ier corps du marĂ©chal Victor et le IVe corps du marĂ©chal Lefebvre, sur l'aile droite, n'avaient toujours pas effectuĂ© leur jonction. Le IIe corps de BessiĂšres Ă©tait postĂ© au centre Ă Briviesca tandis que le IIIe commandĂ© par le marĂ©chal Moncey occupait Tafalla et Estella ; enfin, plus en arriĂšre et en approche de Vitoria se trouvaient le VIe corps de Ney et la Garde impĂ©riale[1].
Les Français avaient devant eux toute l'armĂ©e espagnole sous les ordres des gĂ©nĂ©raux Blake, Castaños et Palafox, soutenus en arriĂšre par les Anglais. L'Empereur, qui voulait Ă tout prix empĂȘcher la concentration de ses adversaires autour de la capitale, articula ses forces en trois colonnes : Ă droite, les marĂ©chaux Victor et Lefebvre ; au centre, BessiĂšres et Soult ; enfin, Ă gauche, Ney, Moncey et Gouvion-Saint-Cyr[2]. Le , peu avant l'arrivĂ©e de NapolĂ©on, le marĂ©chal Lefebvre battit les Espagnols du gĂ©nĂ©ral Blake Ă la bataille de Durango. Les pertes se limitĂšrent Ă 200 hommes du cĂŽtĂ© français[3] et 600 du cĂŽtĂ© espagnol[4], mais quoique vaincu, Blake put retraiter vers l'ouest en bon ordre. L'Empereur, furieux de voir les Espagnols s'Ă©chapper avec une armĂ©e presque intacte, lança Victor et Lefebvre Ă leur poursuite[5].
Les troupes de ces derniers se mirent en marche mais le mauvais Ă©tat des routes gĂȘna considĂ©rablement leur progression. De son cĂŽtĂ©, Blake reçut le renfort de la division de vĂ©tĂ©rans du marquis de La Romana, portant ses effectifs Ă 24 000 hommes et 30 canons. Le gĂ©nĂ©ral espagnol dĂ©cida alors de contre-attaquer dans le but de soulager la pression française sur ses arriĂšres[5]. Le , Lefebvre s'empara de Bilbao, coupant la retraite Ă la division Acevedo en position Ă Miravalles. D'aprĂšs le dĂ©roulement des opĂ©rations donnĂ© par l'historien John Fortescue, le marĂ©chal poussa ensuite jusqu'au village de Balmaseda dans l'espoir de tomber sur le corps principal espagnol. Celui-ci Ă©tant introuvable, Lefebvre rĂ©trograda sur Bilbao en laissant la division du gĂ©nĂ©ral EugĂšne-Casimir Villatte Ă Balmaseda[6]. Pour Jacques Le Coustumier, c'est le marĂ©chal Victor qui, ignorant tout des projets de Blake, dĂ©tacha la division Villatte dans la province de Biscaye[7]. Blake dĂ©cida de tendre une embuscade Ă cette troupe isolĂ©e[5].
DĂ©roulement de la bataille
Le matin du , alors que les troupes françaises arrivĂ©es Ă Balmaseda Ă©changeaient des tirs sporadiques avec l'arriĂšre-garde espagnole, Blake passa Ă l'attaque. Ses hommes tombĂšrent avec violence sur la division Villatte qui, presque entiĂšrement dĂ©pourvue de cavalerie et d'artillerie, fut rejetĂ©e du village en dĂ©sordre. La confusion s'installa dans les troupes françaises mais Villatte parvint Ă rallier ses soldats et ordonna le repli pour Ă©viter d'ĂȘtre submergĂ©[5], d'autant qu'au bruit de la fusillade, Acevedo avait fait mouvement et menaçait maintenant sa ligne de retraite[6]. Face aux Espagnols qui l'encerclaient, Villatte forma ses troupes en carrĂ©s[5] et dĂ©cida « avec bravoure et rĂ©solution » de se frayer un passage dans les rangs ennemis. La manĆuvre effectuĂ©e en bon ordre fut un succĂšs[6] et la discipline des soldats français permit de contenir la poursuite espagnole[5]. Les ImpĂ©riaux perdirent nĂ©anmoins la plus grande partie de leurs bagages, capturĂ©e au cours de la retraite par la division Acevedo[4].
Bilan et conséquences
Les pertes françaises s'Ă©levĂšrent Ă 200[4] ou 300 tuĂ©s ou blessĂ©s[5], 300 prisonniers et un canon[6]. Une autre source mentionne prĂšs de 400 hommes hors de combat chez les ImpĂ©riaux et confirme la perte d'une bouche Ă feu ainsi que de nombreux fusils[8]. Digby Smith dĂ©crit les pertes espagnoles comme « lĂ©gĂšres »[4]. Villatte fit peu aprĂšs sa jonction avec le IVe corps, accouru en hĂąte depuis Bilbao. Dans le mĂȘme temps, Blake exploita son succĂšs et occupa GĂŒeñes, mais une contre-attaque dirigĂ©e par le marĂ©chal Lefebvre l'en chassa et le força Ă reprendre sa retraite[9].
La bataille de Valmaseda fut la derniĂšre victoire espagnole de l'annĂ©e 1808[8]. Le , Victor dĂ©busqua de Balmaseda l'arriĂšre-garde espagnole qui perdit 750 hommes, tuĂ©s, blessĂ©s ou prisonniers[4]. Le mĂȘme jour, la ville fut incendiĂ©e par la brigade hollandaise du gĂ©nĂ©ral ChassĂ©[10]. ChoquĂ© d'apprendre que ses troupes avaient subi une dĂ©faite face Ă ce qu'il considĂ©rait comme « la pire armĂ©e d'Europe », NapolĂ©on rĂ©primanda sĂ©vĂšrement Victor pour son imprudence[11] :
« Sa MajestĂ© [âŠ] a Ă©tĂ© trĂšs mĂ©contente de ce qu'au lieu d'avoir soutenu le gĂ©nĂ©ral Villatte, vous l'ayez laissĂ© aux prises avec l'ennemi ; faute d'autant plus grave que vous saviez que le marĂ©chal Lefebvre avait commis celle de laisser exposĂ©e une division de votre corps d'armĂ©e en repliant ses autres divisions sur Bilbao. [âŠ] Comment, aprĂšs que vous avez eu la nouvelle que, pendant la journĂ©e du 5, la division Villatte se fusillait, avez-vous pu, au lieu de marcher Ă son secours, supposer gratuitement que ce gĂ©nĂ©ral Ă©tait victorieux ? Sa MajestĂ© demande depuis quand la fusillade et l'attaque sont une preuve de la retraite de l'ennemi ?[12] »
Victor se racheta six jours plus tard en infligeant une lourde défaite à Blake lors de la bataille d'Espinosa[5].
Forces en présence
Ordre de bataille français
Selon les sources, la division Villatte dépendait du corps de Lefebvre[13] ou de Victor[7] - [14].
Division | Effectif | Unités |
---|---|---|
Division : gĂ©nĂ©ral de division EugĂšne-Casimir Villatte | 15 bataillons, environ 12 000 hommes[note 1] | 27e rĂ©giment dâinfanterie lĂ©gĂšre, 3 bataillons |
63e régiment d'infanterie de ligne, 3 bataillons | ||
94e régiment d'infanterie de ligne, 3 bataillons | ||
95e régiment d'infanterie de ligne, 3 bataillons | ||
Deux batteries d'artillerie Ă pied[note 2] | ||
Ordre de bataille espagnol
La cavalerie attachée se composait de trois escadrons pour un total de 302 hommes. L'artillerie de l'armée alignait 38 canons servis par 1 033 artilleurs, auxquels s'ajoutaient les deux bataillons de gardes de l'artillerie, soit 940 hommes[14].
Corps | Division | Effectif |
---|---|---|
EjĂ©rcito de la Izquierda ou armĂ©e de Galice : lieutenant-gĂ©nĂ©ral JoaquĂn Blake y Joyes, 37 607 hommes et 38 canons[14] - [note 3] | Avant-garde : brigadier-gĂ©nĂ©ral Gabriel de MendizĂĄbal, 5 bataillons | 2 884 |
1re division : brigadier-général Figueroa, 7 bataillons | 4 018 | |
2e division : maréchal de camp Martinengo, 7 bataillons | 5 066 | |
3e division : brigadier-général Riquelme, 7 bataillons | 4 789 | |
4e division : brigadier-général Carbajal, 10 bataillons[note 4] | 3 531 | |
5e division ou División del Norte : lieutenant-général Pedro Caro y Sureda, marquis de La Romana, 7 bataillons | 4 186 | |
División de Asturias : capitaine-général Acevedo, 10 bataillons | 7 833 | |
Réserve générale : maréchal de camp Mahy, 5 bataillons | 3 025 | |
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Jacques Le Coustumier (préf. Thierry Lentz), Le maréchal Victor, Paris, Nouveau Monde éditions/Fondation Napoléon, coll. « La BibliothÚque Napoléon », , 425 p. (ISBN 2-84736-049-2).
- (en) Ralph Baker, « Action at Valmaseda (5 November 1808) », dans Gregory Fremont-Barnes, The Encyclopedia of the French Revolutionary and Napoleonic Wars, vol. 2, ABC-CLIO, , 1213 p. (ISBN 978-1-851096-46-6, lire en ligne).
- (en) David G. Chandler, The Campaigns of Napoleon, New York, Macmillan, (1re Ă©d. 1966), 1172 p..
- (en) John William Fortescue, A History of the British Army, vol. 6, Londres, Macmillan, , 448 p..
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Battle of Valmaseda » (voir la liste des auteurs).
Notes
- Baker 2006, p. 1032 mentionne 12 bataillons pour un total d'environ 10 000 hommes.
- Le Coustumier 2004, p. 98 indique cependant qu'en raison de la difficulté du terrain, la division Villatte se trouva dépourvue de toute piÚce d'artillerie.
- Baker 2006, p. 1032 et Fortescue 1910, p. 279 donnent un effectif total de 24 000 hommes.
- Philippe Borreill donne comme commandant de la 4e division le brigadier-gĂ©nĂ©ral Porlier y Asteguieta. Philippe Borreill, « Les batailles de la « Guerra de la Independencia » vues par les Espagnols : Zornoza, Espinosa, Gamonal », PlanĂšte NapolĂ©on,â (lire en ligne).
Références
- (en) William Francis Patrick Napier, History of the War in the Peninsula and in the south of France, vol. 1, Londres, Murray, , p. 386-387.
- Le Coustumier 2004, p. 97.
- (en) David G. Chandler, The Campaigns of Napoleon, Londres, Weidenfeld & Nicholson Ltd, , p. 632.
- (en) Digby Smith, The Greenhill Napoleonic Wars Data Book : Actions and Losses in Personnel, Colours, Standards and Artillery, 1792-1815, Londres, Greenhill Books, , 582 p. (ISBN 1-85367-276-9, BNF 38973152), p. 269.
- Baker 2006, p. 1032.
- Fortescue 1910, p. 279.
- Le Coustumier 2004, p. 98.
- (es) JosĂ© Gregorio Cayuela FernĂĄndez, JosĂ© Ăngel et Gallegos Palomares, La Guerra de la Independencia : Historia bĂ©lica, pueblo y naciĂłn en España (1808-1814), UniversitĂ© de Salamanque, , 590 p. (lire en ligne), p. 163.
- Fortescue 1910, p. 280.
- (es) MartĂn de los Heros, Historia de Valmaseda : villa del antiguo condado y señorĂo de Vizcaya, Maxtor, , 530 p. (ISBN 978-84-9001-440-0, lire en ligne), p. 320.
- Chandler 1973, p. 633.
- Dominique EugĂšne Paul Balagny (publiĂ© sous la direction de la Section historique de l'Ătat-major de l'ArmĂ©e), Campagne de l'empereur NapolĂ©on en Espagne (1808-1809), vol. 1, Paris et Nancy, Berger-Levrault, (lire en ligne), p. 168.
- Fortescue 1910, p. 278.
- Diégo Mané, « Les armées espagnoles en novembre 1808 » [PDF], sur PlanÚte Napoléon, .