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Bataille de La Corogne

La bataille de La Corogne[1] (ou bataille d'Elviña) fut l'une des batailles de la guerre d'indĂ©pendance espagnole qui eut lieu le et opposa les 16 000 Britanniques sous le commandement de Sir John Moore aux 16 000 Français du marĂ©chal Jean-de-Dieu Soult.

Bataille de La Corogne
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte de la bataille.
Informations générales
Date
Lieu La Corogne, Espagne
Issue Victoire française, suivie d'une retraite britannique
Commandants
Jean-de-Dieu SoultJohn Moore †
Forces en présence
12 000 fantassins
4 000 cavaliers
20 canons
16 000 fantassins
9 canons
Pertes
600 morts ou blessĂ©s
200 prisonniers
900 morts ou blessĂ©s
300 malades abandonnĂ©s
300 prisonniers

Guerre d'indépendance espagnole

Batailles

CoordonnĂ©es 43° 21′ 46″ nord, 8° 24′ 17″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : Espagne
(Voir situation sur carte : Espagne)
Bataille de La Corogne
GĂ©olocalisation sur la carte : Galice
(Voir situation sur carte : Galice)
Bataille de La Corogne

Contexte de la bataille

À la suite de la Convention de Cintra, du rapatriement de l'armée française après la bataille de Vimeiro, les commandants de l'armée britannique furent rappelés en Grande-Bretagne, y compris Sir Arthur Wellesley, pour y répondre devant une commission d'enquête. En conséquence, le corps expéditionnaire britannique au Portugal fut laissé sous les ordres de Sir John Moore, un commandant militaire qui jouissait d'une certaine notoriété pour avoir réformé la tactique de l'infanterie légère.

Le maréchal Jean-de-Dieu Soult.

Cependant, la campagne qui suivit fut marquĂ©e par une mĂ©sentente avec les Espagnols et bien des privations. La retraite, menĂ©e dans un hiver rude, tourna au dĂ©sastre et coĂ»ta la vie Ă  plus de 6 000 soldats britanniques. Les marches Ă©puisantes, le froid et les frĂ©quentes escarmouches avec les unitĂ©s françaises d'avant-garde poussèrent de nombreux soldats Ă  abuser de l'alcool, Ă  s'enivrer et Ă  traĂ®ner en arrière. Moore fut très déçu par le gĂ©nĂ©ral La Romana et ne reçut aucune aide de ses alliĂ©s espagnols, après leur dĂ©faite par une armĂ©e menĂ©e en personne par NapolĂ©on[2], les Britanniques dĂ©cidèrent de se replier vers le port de La Corogne, Ă  l'extrĂŞme nord-ouest et Ă  l'entrĂ©e du Golfe de Gascogne. Moore espĂ©rait attirer l'armĂ©e française loin du Portugal, afin de permettre au petit contingent britannique stationnĂ© dans ce pays de recevoir des renforts, et aux armĂ©es espagnoles de se reconstituer.

Apprenant que l'armée britannique se trouvait non loin de Sahagún, prête à attaquer le corps du maréchal Soult, Napoléon fit traverser à ses troupes le col du Guadarrama et les lança contre l'ennemi, espérant l'encercler et le détruire. Cependant, Moore éventa le piège et recula prudemment ; ses hussards infligèrent une défaite cuisante aux chasseurs à cheval de la Garde à Benavente, le . Non loin d'Astorga, Napoléon apprit que l'Autriche faisait des préparatifs de guerre (à moins que ce ne fût un prétexte pour sortir du jeu, étant donné que la poursuite des Britanniques restait stérile). Il rentra en France pour faire face à cette nouvelle menace, laissant à Soult le soin d'en finir avec les restes de l'armée britannique, le faisant appuyer par les troupes du maréchal Ney : celui-ci se tiendra à l'écart et n'apportera aucune aide à son collègue. Après un combat indécis à Lugo, Soult poursuivit les Britanniques jusqu'à La Corogne.

Sir John Moore, le commandant britannique.

DĂ©roulement de la bataille

Le 15 janvier, 500 tirailleurs français sous les ordres du gĂ©nĂ©ral Jardon menèrent la première attaque Ă  travers un terrain accidentĂ©, repoussant les Britanniques hors de Palavea (es) et Penasquedo. Des colonnes françaises prenant d'assaut les hauteurs de Monte Mero s'exposèrent au tir meurtrier de l'infanterie lĂ©gère britannique, mais avec le support de leur artillerie, rĂ©ussirent Ă  repousser le 59e rĂ©giment sur la crĂŞte. Une tentative du 51e d'infanterie de capturer les canons français se heurta Ă  l'infanterie et le 51e fut dĂ©cimĂ© et mis en dĂ©route.

Le 16 janvier, les Français entrèrent dans le village d'Elviña (es), où une fameuse contre-attaque du 42e Highlanders les força à se retirer après un sanglant combat à la baïonnette. La retraite du 50e d'infanterie britannique (en) obligea finalement les Écossais à regagner leurs positions.

La bataille d'Elviña n'était pas encore décidée quand John Moore fut frappé à l'épaule gauche par un boulet de canon ; il mourut à 20 h à La Corogne[3]. Le 42e Highlanders s'abattit une fois encore sur le village et continua à combattre jusqu'à la tombée de la nuit. Des combats indécis se déroulèrent jusqu'à 18 h. Pendant la nuit, les Britanniques se retirèrent vers leurs embarcations en abandonnant le champ de bataille.

La poursuite des Français fut assez lente ; ce n'est qu'au début de l'après-midi que leurs canons ouvraient le feu sur les sloops et transports de troupe mouillés dans la baie. La résistance intrépide de la petite garnison espagnole de La Corogne, sous les ordres du général Alcedo (en) et le bombardement de soutien depuis les frégates et les navires de guerre, les maintint à distance pendant l'embarquement de l'armée britannique[4], dont de nombreux éléments allaient combattre plus tard sous les ordres de Wellington.

Conséquences

Poursuivant sans relâche ses opposants anglais, le marĂ©chal Soult parviendra Ă  couvrir 315 kilomètres en quatorze jours avec une cadence moyenne de 30 Ă  35 kilomètres par jour avec son armĂ©e, ce qui lui vaudra le surnom de « Duke of Damnation Â» par les Anglais[5].

Monolithe en l'honneur de John Moore, sur l'ancien champ de bataille, désormais le campus de l'université de La Corogne.

Ă€ La Corogne, les Britanniques comptèrent environ 800 morts ou blessĂ©s. Soult mit la main sur 20 000 mousquets, 44 pièces de canon, 150 caissons, des bagages, un trĂ©sor, et fait environ 6 000 prisonniers.

La bataille de La Corogne suivie de la retraite révéla tout le potentiel désastreux d'une campagne hivernale, principale cause des souffrances et privations de l'armée britannique dans la péninsule Ibérique. De nombreux soldats pillèrent la campagne espagnole, ce qui ne contribua pas à les rendre populaires auprès de leurs alliés espagnols. Par la suite, le futur général en chef Arthur Wellesley veillera à coordonner efficacement sa logistique entre Espagnols, Portugais et Britanniques, et s'assurera que ces derniers payent régulièrement leurs fournisseurs locaux.

Le manque de communications entre les alliés contribua aussi au désastre. Le rôle de l'armée de Moore était de soutenir l'effort des armées espagnoles face à Napoléon. Cependant, quand elle arriva à Salamanque, Napoléon avait déjà défait les Espagnols. Plus tard, de sérieux efforts furent entrepris pour centraliser le commandement et les communications, dans les mains des généraux britanniques comme Beresford et Sir Arthur Wellesley.

Les Britanniques retournèrent dans la même année au Portugal, reposés, réapprovisionnés sous les ordres d'un nouveau commandant qui devint premier duc de Wellington et fut une constante épine dans le pied de Napoléon.

Sources

Notes et références

  1. À ne pas confondre avec la bataille de la guerre civile espagnole près de Madrid, voir bataille de la route de La Corogne.
  2. Voir la bataille de Somosierra (1808).
  3. Wellesley reconnut l'exploit accompli par Moore durant la campagne de La Corogne en déclarant : « Vous savez, je ne crois pas que nous aurions gagné sans lui ».
  4. A. Nuñez & G.A. Smith (3).
  5. Soult, Mémoires […], Espagne et Portugal […], 47 p.

Bibliographie

  • David G. Chandler, The Campaigns of NapolĂ©on. no 0-02-523660-1, New-York : Simon & Schuster, 1995, ISB.
  • Battle of Corunna (Elvina) 1809 - The French Victory.

Autres lectures

  • « 1808-1809, NapolĂ©on en Espagne : Tudela-Somosierra-La Corogne », revue Gloire & Empire no 19, juillet-aoĂ»t 2008.
  • Natalia Griffon de Pleineville, La Corogne - Les Aigles en Galice, LCV, 2009.
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