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Combat de SahagĂșn

Le combat de SahagĂșn se dĂ©roula le 21 dĂ©cembre 1808 dans le cadre de la guerre d'indĂ©pendance espagnole. Au cours de cet affrontement, le 15e hussards britannique mit en dĂ©route deux rĂ©giments de cavalerie français, faisant de nombreux prisonniers au prix de trĂšs peu de pertes. L'une des unitĂ©s françaises, trĂšs Ă©prouvĂ©e, fut dissoute et ne fut pas reformĂ©e par la suite. Cet engagement marqua l'ultime Ă©tape de l'avancĂ©e des troupes britanniques en territoire espagnol, peu avant que l'arrivĂ©e de NapolĂ©on ne les contraignent Ă  une retraite dĂ©sastreuse en direction des cĂŽtes et Ă  leur Ă©vacuation par bateaux.

Combat de SahagĂșn
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Un portrait d'Henry Paget, futur 1er marquis d'Anglesey, colonel du 7e régiment des Light Dragoons en 1807.
Informations générales
Date
Lieu SahagĂșn, Espagne
Issue Victoire britannique
Forces en présence
450 Ă  800 hommes~ 400 Ă  500 hommes
Pertes
209 à 320 tués, blessés ou prisonniers25 tués ou blessés

Guerre d'indépendance espagnole

Batailles

CoordonnĂ©es 42° 22â€Č 15″ nord, 5° 01â€Č 45″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : Espagne
(Voir situation sur carte : Espagne)
Combat de SahagĂșn
GĂ©olocalisation sur la carte : Castille-et-LeĂłn
(Voir situation sur carte : Castille-et-LeĂłn)
Combat de SahagĂșn

Contexte

En 1808, une armĂ©e britannique commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral John Moore s'avança dans le nord-ouest de l'Espagne afin de soutenir les Espagnols dans leur lutte contre les occupants français. Cependant, soucieux de rĂ©tablir les intĂ©rĂȘts français dans la pĂ©ninsule, NapolĂ©on entra en Espagne Ă  la tĂȘte d'une puissante armĂ©e et s'empara de Madrid le 4 dĂ©cembre, rendant la position britannique intenable. Moore, qui avait son quartier-gĂ©nĂ©ral Ă  Mayorga, savait qu'il devait impĂ©rativement regagner la cĂŽte pour sauver son armĂ©e. Toutefois, ayant appris que les troupes du marĂ©chal Soult s'Ă©taient Ă©tablies Ă  proximitĂ© de la riviĂšre CarriĂłn, le gĂ©nĂ©ral britannique dĂ©cida d'attaquer cette force française isolĂ©e avant d'entamer sa retraite. Dans cet objectif, la cavalerie du gĂ©nĂ©ral Henry Paget fut envoyĂ©e en avant Ă  la rencontre de Soult, suivie de prĂšs par l'infanterie du corps expĂ©ditionnaire[1].

Forces en présence

La cavalerie française engagée lors de ce combat appartenait à la brigade du général César Alexandre Debelle. Celui-ci était arrivé en Espagne un mois plus tÎt et commandait la cavalerie attachée au corps du maréchal Soult. Il avait sous ses ordres le 8e régiment de dragons, fort de trois escadrons dirigés par le colonel Girardin d'Ermenonville, et le régiment auxiliaire de chasseurs à cheval commandé par le colonel Tascher de la Pagerie, un cousin de l'impératrice Joséphine[2]. La présence de cet officier sur le champ de bataille est toutefois discutée[3]. Fletcher donne un effectif total d'environ 450 hommes et mentionne le 1er régiment provisoire de chasseurs à cheval[4], mais Burnham affirme qu'il s'agit d'une erreur, ce régiment ayant été capturé à l'issue de la bataille de Bailén[5]. Toujours selon Burnham, les effectifs de la brigade Debelle à la mi-décembre 1808 étaient de 402 hommes pour le 8e dragons et de 252 hommes pour les chasseurs à cheval auxiliaires, pour un total de 654 cavaliers[6]. Digby Smith parle quant à lui d'approximativement 800 hommes[7].

De son cÎté, Paget disposait des 10e et 15e régiments de hussards britanniques, comptant environ 500 cavaliers chacun, ainsi que de treize hussards du 7e régiment formant probablement son escorte personnelle et d'une batterie de six canons de la Royal Horse Artillery. Cependant, le 10e hussards ne joua pratiquement aucun rÎle durant le combat[4]. Smith évoque le chiffre de 400 cavaliers mais ne prend pas en compte le 10e hussards[7].

DĂ©roulement du combat

Hussards anglais du 10e régiment en reconnaissance pendant la campagne de La Corogne.

Par une nuit glaciale, Paget ordonna au 10e hussards de traverser le village de SahagĂșn, oĂč une force de cavalerie française avait Ă©tĂ© repĂ©rĂ©e, pendant que lui-mĂȘme avec le 15e hussards devait contourner la ville afin de prendre ses adversaires au piĂšge. Malheureusement pour Paget, le gĂ©nĂ©ral John Slade tarda Ă  se mettre en mouvement avec le 10e hussards et la cavalerie française, s'Ă©tant rendu compte de la proximitĂ© des Britanniques, se retira rapidement vers l'est sans ĂȘtre accrochĂ©e[8]. Au lever du jour, les unitĂ©s françaises, voyant le 15e hussards britannique arriver par le sud, se dĂ©ployĂšrent sur deux lignes avec au premier rang les chasseurs Ă  cheval auxiliaires, suivis du 8e dragons. De façon trĂšs inhabituelle, la cavalerie française reçut la charge des hussards britanniques en position stationnaire en essayant de l'arrĂȘter par un feu de carabine[3].

Dragons français du 8e régiment.

MalgrĂ© un sol neigeux et couvert de glace, le 15e hussards chargea sur environ 400 m au cri de « Emsdorf et la victoire ! » La tempĂ©rature Ă©tait si basse que beaucoup de hussards avaient dĂ©cidĂ© de revĂȘtir leur pelisse plutĂŽt que de la laisser suspendue aux Ă©paules, et certains portaient mĂȘme un manteau complet. Des tĂ©moins oculaires racontĂšrent que l'engourdissement des mains empĂȘchait les cavaliers de tenir correctement leur sabre et les rĂȘnes de leur monture. Le choc entre les hussards et les chasseurs fut terrible ; un officier britannique relata : « hommes et chevaux furent renversĂ©s et un hurlement de terreur, entrecoupĂ© de jurons, de gĂ©missements et de supplications, put se lire sur tous les visages »[3]. La charge impĂ©tueuse des hussards britanniques brisa les rangs des chasseurs, puis ceux des dragons qui s'avançaient en soutien. La cavalerie française fut disloquĂ©e et prit la fuite vers l'est, poursuivie par les Britanniques[9].

Un grand nombre de cavaliers français (surtout d'origine allemande pour les chasseurs) furent faits prisonniers, alors que le 15e hussards n'essuya que des pertes minimes : 2 tués et 23 blessés. Deux majors de cavalerie français furent capturés et le régiment auxiliaire de chasseurs, dont une grande partie de l'effectif était tombé aux mains des cavaliers de Paget, cessa d'exister en tant qu'unité opérationnelle. Les pertes françaises se montÚrent au total à 20 tués, 19 blessés et 170 prisonniers selon Fletcher[10]. Smith estime les pertes britanniques à 4 tués et 21 blessés et celles des Français à 20 morts ou blessés ainsi qu'environ 300 prisonniers[7]. Une troisiÚme source fait état de 120 tués et 167 prisonniers du cÎté français. Les bagages et les papiers de la brigade Debelle furent également perdus[11]. Le 10e hussards arriva à temps pour se joindre à la poursuite, mais ses camarades du 15e le prirent pour de la cavalerie française et interrompirent la poursuite pour se regrouper, ce qui mit fin à l'action[12].

Conséquences

Le gĂ©nĂ©ral Moore se rendit compte entre-temps que les forces françaises Ă©taient beaucoup plus proches que prĂ©vu et l'offensive envisagĂ©e contre Soult fut abandonnĂ©e. Le combat de SahagĂșn marqua la derniĂšre avancĂ©e des troupes britanniques en territoire espagnol, avant que ces derniĂšres n'entament une longue et pĂ©rilleuse retraite en direction du port de La Corogne, sur la cĂŽte galicienne[13]. La prĂ©sence de l'armĂ©e britannique, comme le souhaitait Moore, attira nĂ©anmoins l'attention de NapolĂ©on et ce faisant permis aux dĂ©bris Ă©pars des forces espagnoles, accablĂ©es par de nombreuses dĂ©faites successives, de se regrouper et de se rĂ©organiser en vue de la poursuite de la guerre[7].

La charge du 15e hussards et la victoire qui en rĂ©sulta rendit la cavalerie française peu encline Ă  combattre la cavalerie britannique pour le reste de la campagne de la Corogne[3]. Le rĂ©giment auxiliaire de chasseurs Ă  cheval perdit tellement d'hommes qu'il fut dissous par la suite. Au cours de cette campagne, les hussards britanniques remportĂšrent une autre victoire sur leurs homologues français lors du combat de Benavente, le 29 dĂ©cembre 1808, oĂč ils mirent en dĂ©route les cĂ©lĂšbres chasseurs Ă  cheval de la Garde impĂ©riale, l'Ă©lite de la cavalerie lĂ©gĂšre française, et capturĂšrent leur commandant, le gĂ©nĂ©ral Lefebvre-Desnouettes[14].

Le 15e hussards se vit décerner la distinction « Sahagun » comme distinction régimentaire, distinction qui est encore célébrée aujourd'hui par les dragons légers.

Notes et références

  1. Hibbert 1961, p. 57 Ă  60.
  2. Burnham 2011, p. 133 ; 250 et 251.
  3. Hibbert 1961, p. 62.
  4. Fletcher 2008, p. 106.
  5. Burnham 2011, p. 331.
  6. Burnham 2011, p. 19.
  7. Smith 1998, p. 273.
  8. Fletcher 2008, p. 106 Ă  108.
  9. Fletcher 2008, p. 109.
  10. Fletcher 2008, p. 110.
  11. Burnham 2011, p. 134.
  12. (en) Gareth Glover (dir.), From Corunna to Waterloo : The Letters and Journals of Two Napoleonic Hussars, 1801–1816, Londres, Pen & Sword Publishing, , p. 80.
  13. Hibbert 1961, p. 64 et 65.
  14. Fletcher 2008, p. 111 et 112.

Bibliographie

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  • (en) Robert Burnham (prĂ©f. Howie Muir), Charging against Wellington : The French Cavalry in the Peninsular War, 1807-1814, Barnsley, Frontline/Pen and Sword Books, , 240 p. (ISBN 978-1-84832-591-3). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Ian Fletcher, Galloping at Everything : The British Cavalry in the Peninsular War and at Waterloo 1808-15, A Reappraisal, Spellmount, , 320 p. (ISBN 978-1-86227-419-8). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Christopher Hibbert, Corunna, Batsford, . Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Digby Smith, The Napoleonic Wars Data Book, Londres, Greenhill, , 582 p. (ISBN 1-85367-276-9). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
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