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Amitraze

L'amitraze est une substance active de produit phytosanitaire (ou produit phytopharmaceutique, ou pesticide), qui présente un effet antiparasitaire (insecticide et acaricide), et qui appartient à la famille chimique des formamidines.

Amitraze
Image illustrative de l’article Amitraze
Identification
Nom UICPA N'-(2,4-diméthylphényl)-N-[(2,4-diméthylphényl)iminométhyl]-N-méthylméthanimidamide
No CAS 33089-61-1
No ECHA 100.046.691
No CE 251-375-4
No RTECS ZF0480000
Code ATC « QP53AD01 »
PubChem 36324
ChEBI 2665
SMILES
InChI
Apparence cristaux incolores[1]
Propriétés chimiques
Formule C19H23N3 [IsomĂšres]
Masse molaire[2] 293,406 ± 0,017 4 g/mol
C 77,78 %, H 7,9 %, N 14,32 %,
Propriétés physiques
T° fusion 86 °C[1]
Solubilité dans l'eau : nulle[1]
Masse volumique 1,1 g·cm-3[1]
Pression de vapeur saturante à 20 °C : trÚs basse[1]
Précautions
SGH[3]
SGH07 : Toxique, irritant, sensibilisant, narcotiqueSGH08 : Sensibilisant, mutagÚne, cancérogÚne, reprotoxiqueSGH09 : Danger pour le milieu aquatique
Attention
H302, H317, H373 et H410

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Il est trÚs utilisé dans le monde sur des animaux à sang chaud. Il est aussi parfois utilisé chez des animaux à sang froid comme chez l'abeille domestique dans les ruches par les apiculteurs pour protéger contre le varroa[4], ce qui explique qu'on puisse le détecter dans les ruches, dans le miel[5] et dans la cire des rayons[6].

Il a été testé chez le saumon d'élevage contre le pou du saumon, mais ne s'est pas montré efficace contre les larves de ce petit crustacé parasite (qui fait des ravages dans les élevages industriels de saumons)[7], et qui à leur tour contaminent les saumons sauvages en migration à leur proximité.

RĂ©glementation

Sur le plan de la réglementation des produits phytopharmaceutiques :

Caractéristiques physico-chimiques

Les caractéristiques physico-chimiques dont l'ordre de grandeur est indiqué ci-aprÚs, influencent les risques de transfert de cette substance active vers les eaux, et le risque de pollution des eaux :

Écotoxicologie

Sur le plan de l’écotoxicologie, les concentrations lĂ©tales 50 (CL50) dont l'ordre de grandeur est indiquĂ© ci-aprĂšs, sont observĂ©es [8] :

Des rats de laboratoire (souche Wistar albinos mĂąles) ont Ă©tĂ© exposĂ©s (par voie orale) Ă  ce pesticide (seul ou en mĂ©lange avec de la cypermĂ©thrine qui est un autre pesticide courant[9]. Pour cette Ă©tude, l'exposition d'un groupe de rats Ă©tait de 170 mg d'amitraze par kg de poids corporel en dose unique, associĂ©s ou non Ă  une dose unique de 80 mg de cypermĂ©thrine par kg de poids corporel[9]. D'autres groupes de rats ont Ă©tĂ© soumis Ă  des doses plus faibles (25 mg d'amitraze par kg de poids corporel et/ou 12 mg de cypermĂ©thrine par kg de poids corporel) mais durant quarante jours[9]. Dans tous les cas, de nombreux paramĂštres physiologiques et mĂ©taboliques ont Ă©tĂ© modifiĂ©s, dont le stress oxydatif (Ă©valuĂ© via la mesure du malondialdĂ©hyde, de l'oxyde nitrique (NO), des enzymes superoxyde dismutase (SOD), catalase, glutathion peroxydase et glucose-6-phosphate dĂ©shydrogĂ©nase (G6PD))[9]. D'autres paramĂštres significativement modifiĂ©s ont Ă©tĂ© les sĂ©riques biochimiques (glucose, triglycĂ©rides, cholestĂ©rol, lipoprotĂ©ine de haute densitĂ©, lipoprotĂ©ine de basse densitĂ©, l'azote urĂ©ique sanguin, la crĂ©atinine, l'aminotransfĂ©rase-asparate, l'alanine-aminotransfĂ©rase, la phosphatase alcaline, la protĂ©inĂ©mie, l'albumine, etc., dans le sang et dans certains tissus (foie, rein, cerveau, rate et/ou testicule)[9]. Le mĂ©tabolisme hĂ©patique (connu pour contribuer Ă  la dĂ©toxication de l'organisme) a Ă©galement Ă©tĂ© affectĂ© et les autopsies de foies ont montrĂ© que les problĂšmes Ă©taient aggravĂ©s quand l'amitraze Ă©tait associĂ© Ă  la cypermĂ©thrine[9].

On a récemment (2017) confirmé que ce produit peut affecter la fonction cardiaque et l'immunité de l'abeille face aux infections virales[10].

Toxicité pour l'Homme

Sur le plan de la toxicitĂ© pour l’Homme, la dose journaliĂšre admissible (DJA) est de l’ordre de 0,003 mg·kg-1·j-1 [11]. C'est un produit neurotoxique qui affecte le systĂšme nerveux central en se fixant sur les rĂ©cepteurs α2-adrĂ©nergiques, induit une dĂ©pression respiratoire avec bradycardie, hypotension et hypothermie[12].

Des cas d'empoisonnements d'adultes par intoxication aiguë[13] - [14] - [15] ou d'enfants[16] - [17] - [18] - [19] sont depuis les années 1970 signalés, notamment dans les pays en développement. Certains chercheurs et médecins ont alerté en 2016 sur le fait qu'il s'agissait selon eux d'un poison sous-estimé (« underrecognized »[20]), bien qu'il ait déjà été considéré comme source d'un problÚme émergent en santé publique en 2003[21]. En 2017, Shashidhara et al. le considÚrent notamment comme « une menace permanente et silencieuse » pour les enfants des zones rurales tropicales des pays en développement[22].

L'intoxication peut se faire par contact, inhalation et/ou ingestion ; il ne franchit la barriĂšre intestinale qu'Ă  partir de doses assez Ă©levĂ©es (selon des donnĂ©es provenant de l'animal de laboratoire ou de compagnie adulte[23] - [24]). L'amitraze ingĂ©rĂ© donne deux mĂ©tabolites : le 2,4-dimĂ©thylformanilide (BTS 27 919) et un mĂ©tabolite actif, le N-(2,4-dimĂ©thylphĂ©nyl)-N'-mĂ©thylformamidine (BTS 27 271), qui, chez les invertĂ©brĂ©s de type insectes et acariens, se fixe — mortellement — sur les rĂ©cepteurs de l'octopamine.

Exposition percutanĂ©e : cette molĂ©cule a Ă©tĂ© utilisĂ©e chez de jeunes enfants (en traitement contre les poux ou contre la gale sarcoptique humaine, par exemple en Turquie[25] oĂč l'amitraze s'est avĂ©rĂ© pouvoir passer au travers de leur peau (qui est plus fine et permĂ©able que celle de l'adulte) causant des dizaines de cas dĂ©tectĂ©s d'empoisonnement systĂ©mique aĂŻgu[26]. Les symptĂŽmes apparaissent plus rapidement en cas d'exposition percutanĂ©e qu'Ă  la suite de l'ingestion du produit.

Il peut ĂȘtre analysĂ©/dosĂ© dans l'urine humaine[27] et dans le sang[28].

Divers traitements ont Ă©tĂ© testĂ©s. L'atropine semble par exemple pouvoir ĂȘtre considĂ©rĂ© comme contre-poison dans ce cas[29]. Selon les cas documentĂ©s, l'intoxication n'est gĂ©nĂ©ralement pas mortelle si le patient est soignĂ©.

Tératogénicité, cancérogénicité

Depuis 2014, l’EPA le considĂšre aussi comme possiblement cancĂ©rogĂšne[30] Ă  la suite d'Ă©tudes faites sur la souris[30].

Il s'est montré tératogÚne pour la grenouille[31], mais il ne semble pas y avoir à ce jour d'études de tératogénicité pour l'Homme.

Scandale sanitaire

En 2017, de l'amitraze a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© dans des Ɠufs d'Ă©levage français.

Cette dĂ©couverte fait suite au scandale des Ɠufs contaminĂ©s au fipronil oĂč du fipronil a Ă©tĂ© trouvĂ© par les autoritĂ©s nĂ©erlandaises dans des Ɠufs issus d'Ă©levage des Pays-Bas bien qu'interdit dans le traitement de tout animal destinĂ© Ă  l'alimentation, l'amitraze Ă©tant lui interdit pour le traitement des volailles[32] - [33].

Le ministĂšre de l'Agriculture et de l'Alimentation a fait savoir que « Contrairement au fipronil [
], l’amitraze est autorisĂ©e comme mĂ©dicament vĂ©tĂ©rinaire pour le traitement antiparasitaire des ruminants, porcs et abeilles. Il n’a pas d’autorisation de mise sur le marchĂ© pour la filiĂšre volailles, que ce soit en traitement sur les animaux ou pour la dĂ©sinfection des bĂątiments d’élevage vides, car aucun dossier de demande n’a Ă©tĂ© dĂ©posĂ© auprĂšs de la Commission europĂ©enne. »[34]

Références

  1. AMITRAZE, Fiches internationales de sécurité chimique .
  2. Masse molaire calculĂ©e d’aprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. Numéro index 612-086-00-2 dans le tableau 3.1 de l'annexe VI du rÚglement CE N° 1272/2008 (16 décembre 2008).
  4. Index des Médicaments vétérinaires autorisés en France, sur ircp.anmv.anses.fr.
  5. Lenoir A., Le miel et les pesticides [PDF], 3 janvier 2016 (consulté le 26 août 2017).
  6. Korta, E., Bakkali, A., Berrueta, L. A., Gallo, B., Vicente, F., Kilchenmann, V. et Bogdanov, S. (2001), Study of acaricide stability in honey ; Characterization of amitraz degradation products in honey and beeswax, Journal of Agricultural and Food Chemistry, 49(12), 5835-5842, lire en ligne.
  7. Aaen, S. M., Hamre, L. A. et Horsberg, T. E. (2016), A screening of medicinal compounds for their effect on egg strings and nauplii of the salmon louse Lepeophtheirus salmonis (KrĂžyer), Journal of Fish Diseases, 39(10), 1201-1212.
  8. Merck - MSD Santé Animale, « Fiche de données de sécurité Amitraz Solid Formulation », sur www.merck.com, (consulté le )
  9. Van Der Merwe JS, Smit FJ, Durand AM, KrĂŒger LP, Michael LM (2005), Acaricide efficiency of amitraz/cypermethrin and abamectin pour-on preparations in game, Onderstepoort J. Vet. Res., 72:309–314 (rĂ©sumĂ©).
  10. O'Neal, S. T., Brewster, C. C., Bloomquist, J. R. et Anderson, T. D. (2017), Amitraz and its metabolite modulate honey bee cardiac function and tolerance to viral infection, Journal of Invertebrate Pathology, lire en ligne.
  11. ANSES, « Avis de l’Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail relatif Ă  une demande d’avis sur le risque pour les consommateurs liĂ© Ă  la prĂ©sence de rĂ©sidus d’amitraze dans les oeufs et la viande de volaille », sur ANSES, (consultĂ© le )
  12. Agin, H., Calkavur, S., Uzun, H. et Bak, M. (2004), Amitraz poisoning: clinical and laboratory findings, Indian Pediatrics, 41(5), 482-485, lire en ligne.
  13. Avsarogullari L, Ikizceli I, Sungur M, SözĂŒer E, Akdur O, YĂŒcei M. (2006), Acute amitraz poisoning in adults: clinical features, laboratory findings, and management, Clin. Toxicol. (Phila), 44:19–23.
  14. Demirel, Y., Yilmaz, A., Gursoy, S., Kaygusuz, K. et Mimaroglu, C. (2006), Acute amitraz intoxication: retrospective analysis of 45 cases, Hum. Exp. Toxicol., 25(10), 613-617 (résumé).
  15. Jorens P.G, Zandijk E, Belmans L, Schepens P.J et Bossaert L.L (1997), An unusual poisoning with the unusual pesticide amitraz, Hum. Exp. Toxicol., 16(10), 600-601 (résumé).
  16. Ertekin, V., Alp, H., Selimoğlu, M. A. et Karacan, M. (2002), Amitraz poisoning in children: retrospective analysis of 21 cases, Journal of International Medical Research, 30(2), 203-205 (rĂ©sumĂ©).
  17. Aydin, K., Kurtoglu, S., Poyrazoglu, M. H., ÜzĂŒm, K., ÜstĂŒnbas, H. B. et Hallaç, I. K. (1997), Amitraz poisoning in children: clinical and laboratory findings of eight cases, Hum. Exp. Toxicol., 16(11), 680-682 (rĂ©sumĂ©).
  18. Yaramis, A., Soker, M. et Bilici, M. (2000), Amitraz poisoning in children, Hum. Exp. Toxicol., 19(8), 431-433 (résumé).
  19. Atabek, M. E., Aydin, K. et Erkul, I. (2002), Different clinical features of amitraz poisoning in children, Hum. Exp. Toxicol., 21(1), 13-16 (résumé).
  20. Dhooria, S. et Agarwal, R., Amitraz, an underrecognized poison: A systematic review, Indian J. Med. Res., septembre 2016, 144(3), 348, DOI 10.4103/0971-5916.198723, PMC 5320840.
  21. Yilmaz H.L et Yildizdas D.R (2003), Amitraz poisoning, an emerging problem: epidemiology, clinical features, management, and preventive strategies, Archives of disease in childhood, 88(2), 130-134, lire en ligne.
  22. Shashidhara, S., Mundkur, S. C., Hebbar, S. A., Kumar, A. et Sambasivan, V. (2017), Amitraz: A Perpetual Silent Menace Among Children in Developing Countries-A Case Report, Pediatric Emergency Care (résumé).
  23. Folz SD, Kakuk TJ, Henke CL, Rector DL, Tesar FB, Clinical evaluation of amitraz as a treatment for canine demodicosis, Vet. Parasitol., 1984, 16:335–41.
  24. Grossman MR, Amitraz toxicosis associated with ingestion of an acaricide collar in a dog, J. Am. Vet. Med. Assoc., 1993, 203:55–7.
  25. Kalyoncu M, Dilber E, Okten A (2001) Amitraz intoxication in children in the rural Black Sea region: analysis of forty-three patients, Hum. Exp. Toxicol., mai 2002, 21(5):269-72.
  26. Cices A, Bayers S, VerzĂŹ A.E, Schachner L.A, West D. et Micali G (2017), Poisoning through pediatric skin: cases from the literature, American Journal of Clinical Dermatology, 1-13.
  27. Gao, X., Tan, Y. et Guo, H. (2017), Simultaneous determination of amitraz, chlordimeform, formetanate and their main metabolites in human urine by high performance liquid chromatography–tandem mass spectrometry, Journal of Chromatography B, 1052, 27-33 (rĂ©sumĂ©).
  28. Gao X, Guo H, Zhang W.W et Gu C (2016), Simultaneous determination of amitraz and its metabolites in blood by support liquid extraction using UPHLC-QTOF, Journal of Analytical Toxicology, 40(6), 437-444 (résumé).
  29. Jatav O.P, Tiwari D, Lahariya D, Varghese J, Kumar S et Jacob J (2016), Amitraz Poisoning Treated Successfully with Atropine, The Journal of the Association of Physicians of India, 64(7), 82-82, lire en ligne.
  30. Reregistration Eligibility Decision, Amitraz, Washington, États-Unis, 30 avril 2014, EPA, lire en ligne [PDF].
  31. Osano O, Oladimeji AA, Kraak MH, Admiraal W. (2002), Teratogenic effects of amitraz, 2,4-dimethylaniline, and paraquat on developing frog (Xenopus) embryos, Arch. Environ. Contam. Toxicol., 43:42–9.
  32. Avec AFP, « ƒufs contaminĂ©s : l'enquĂȘte s'Ă©largit Ă  un second insecticide, l'amitraze », L'Express.fr,‎ (lire en ligne).
  33. « ƒufs contaminĂ©s : un deuxiĂšme insecticide interdit dĂ©tectĂ© dans des Ă©levages de poules en France », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  34. MinistĂšre de l'Agriculture et de l'Alimentation, « Fipronil dans les Ɠufs : point de situation  », .

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Kanbur, M., Siliğ, Y., Eraslan, G., Karabacak, M., Sarıca, Z. S. et ƞahin, S., The toxic effect of cypermethrin, amitraz and combinations of cypermethrin-amitraz in rats, Environmental Science and Pollution Research, 2016, 23(6), 5232-5242.
  • (en) Kita, T., Hayashi, T., Ohtani, T., Takao, H., Takasu, H., Liu, G., Ohta, H., Ozoe, F., Ozoe, Y., Amitraz and its metabolite differentially activate α‐and ÎČ‐adrenergic‐like octopamine receptors, Pest. Management Science, 2017, 73(5), 984-990 (rĂ©sumĂ©).
  • (en) Prullage, J. B., Tran, H. V., Timmons, P., Harriman, J., Chester, S. T. et Powell, K., The combined mode of action of fipronil and amitraz on the motility of Rhipicephalus sanguineus, Veterinary Parasitology, 2011, 179(4), 302-310 (rĂ©sumĂ©).
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