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Vignoble de Besançon

Le vignoble de Besançon est un ancien vignoble français autour de Besançon dans le Doubs, en Bourgogne-Franche-Comté.

Vignoble de Besançon
Image illustrative de l’article Vignoble de Besançon
Vignoble des sept collines de Besançon, et intra-muros (XVIe siècle)

Désignation(s) Vignoble de Besançon
Appellation(s) principale(s) vin de pays
Reconnue depuis Antiquité
Pays Drapeau de la France France
Région parente Bourgogne-Franche-Comté
Sous-région(s) Doubs
Localisation Besançon
Saison Hiver assez froid, parfois rude. Printemps et automne doux et légèrement pluvieux. Été assez chaud.
Climat Tempéré continental avec influence montagnarde
Superficie totale 1 600 hectares au XIXe siècle
CĂ©pages dominants Trousseau, Poulsard, Pinot noir, Chardonnay, Savagnin, Chasselas...
Vins produits Rouges, blancs, mousseux,

Historique

La région de Besançon (Jura, Doubs, Haute-Saône, de l'ancienne séquanie ou Comté de Bourgogne) exploite des vignes depuis l’ère celtique et gauloise. Sa réputation et ses exportations par commerce fluvial et maritime dépassent les frontières de Gaule (Grèce antique, empire romain, bassin méditerranéen).

En 1161 un chroniqueur signale la qualité des vins de la cité de Besançon (en 1122, la région compte quelques grands crus renommés, à Ornans, Ronchamp, Gy (Château de Gy, résidence historique des évêques et archevêques de Besançon), le vignoble de La Motte à Vesoul, le Gradion de Chariez

En 1289 lors du siège de la ville, l'empereur du Saint-Empire germanique Rodolphe Ier de Habsbourg fait arracher le vignoble. Il est replanté en ville, et sur la rive droite de la boucle du Doubs (Battant notamment). Il est organisé sous forme de clos ou parcelles, classés selon leur exposition, à la façon des climats bourguignons, séparés par de longs murgers entre les parcelles, pour couper les pentes de la culture en terrasses. Le Parlement de Besançon encourage avec le temps, la culture des meilleurs cépages nobles, avec pour le vin blanc, Chasselas, et Savagnin, et pour le vin rouge, trousseau, poulsard, et pinot noir de Bourgogne (Noirien). Il tente de limiter par de nombreux édits, l'exploitation de moindre qualité des gamay, melon, enfariné, maldoux. Le monde viticole est organisé en confrérie, et bénéficie de la protection des saints patrons locaux saint Vernier et saint Vincent.

Dès 1452 le Parlement de Besançon fixe des taxes sur le vin, en fonction de trois degrés de qualité, ordinaires et vins renommés, en Basses, Moyennes et Hautes-Côtes, avec des crus réputés dont les Hautes-costes de Ragot, les Trois-Châtels ou Tuffet.

Aux XVIe et XVIIe siècles le vignoble de Besançon et de Franche-Comté s'étend, sous le nom évoqué de « vignoble des clercs et des nobles ». En 1522, un édit du Parlement de Besançon précise : « le vignoble est la vraie substance de la cité » avec 15 % du territoire communal qui lui est consacré. En 1575, le plan de la ville montre que le vignoble occupe toutes les pentes des sept collines qui entourent La Boucle (à l'exception du sommet de Bregille et de la colline du Fort de Chaudanne), avec pour noms de parcelles : clos de Battant, Bas de Charmon et d'Arênes, la petite Gisey, Bregille, Ragots, Trochaté etc.

Entre 1634 et 1644, la Guerre de Dix Ans (Franche-Comté) du roi Louis XIV, contre la Maison de Habsbourg en Espagne (héritière et suzeraine du Comté de Bourgogne, territoires héréditaires des Habsbourg, évolution territoriale des possessions des Habsbourg) anéantit le vignoble et une importante partie de la population qui le cultive.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la viticulture de Besançon (1 500 hectares) et de la rĂ©gion (20 000 hectares), renaĂ®t et connait son âge d'or. SurnommĂ©es le « vignoble des Messieurs », les vignes appartiennent Ă  quelque centaine de propriĂ©taires parmi le ClergĂ©, la noblesse, la bourgeoisie urbaine, qui en tirent des revenus substantiels, en exploitant plusieurs milliers de journaliers et de vignerons, pauvres et mal nourris.

De 1790 Ă  1880, Ă  la suite de la RĂ©volution française, et Ă  la vente des biens nationaux, le vignoble est acquis presque entièrement sous forme de petites propriĂ©tĂ©s par la bourgeoisie et est surnommĂ© « Le vignoble des bourgeois ». Dans les annĂ©es 1780, la ville compte 1 700 hectares de vignoble, principalement Ă  Bregille, Battant, Viotte et Chaudanne. En 1824, les collines autour de la ville sont couvertes de 1 600 hectares de vigne. Le vignoble de la rĂ©gion voit un pic d’extension sous le Premier Empire en 1808, avec 25 900 hectares.

Cinq sortes de vins étaient alors produites : le blanc, le noir (ou rouge), le clairet (mélange vins blancs et noirs), le vin gros (de basse qualité) et l’hypocras (vin sucré et épicé). Cette production est soumise, au début du XIXe siècle, à une vive concurrence, avec l’ouverture du canal du Rhône au Rhin, qui favorise la commercialisation des vins du Midi, de bonne qualité et peu onéreux[1].

Dès 1851 des maladies de la vigne (oĂŻdium, mildiou, puis surtout le phylloxĂ©ra issu des États-Unis en 1882) dĂ©vastent le vignoble de Besançon (et de France) en moins de 15 ans, et ruinent lourdement le monde viticole, avec 1 200 hectares en 1830, 600 hectares en 1900, 151 hectares en 1929, 120 hectares en 1920.

Ă€ la fin du XIXe siècle, Alexis Millardet (1838-1902, ampĂ©lographe jurassien), dĂ©veloppe l'hybridation de porte-greffe amĂ©ricain, naturellement rĂ©sistant au phylloxĂ©ra, et le traitement Ă  la bouillie bordelaise. Le vignoble français renaĂ®t progressivement sur une sĂ©lection de ses meilleurs territoires, avec entre autres quelque 2 000 hectares du vignoble du Jura, et de nouvelles mĂ©thodes d'exploitation et de taille adaptĂ©es. La reconstitution du vignoble longue, coĂ»teuse et hasardeuse, est stoppĂ©e par la Première Guerre mondiale, qui dĂ©cime la population, et dĂ©courage ceux qui reviennent et trouvent des vignes en friche. Le dĂ©veloppement du transport fluvial, puis ferroviaire dĂ©veloppe l'importation en grande quantitĂ© de vin bon marchĂ© du sud de la France.

Au début du XXe siècle, des cartes postales montrent encore des paysages de vignobles, avec 158 hectares en 1914, et 4 hectares en 1963. L'ancien vignoble est gagné par l'urbanisation, ou par la friche, à l'exception de quelques parcelles anecdotiques de particuliers. Quelques rares vestiges subsistent de l'importante période viticole passée : cabordes, murets de pierre sèche, murgers, maisons vigneronnes, demeures de bourgeois vignerons, Château de Gy (résidence historique des évêques et archevêques de Besançon, importants propriétaires de vigne de Besançon), quelques noms de rue ou de commune évocateurs : Chemin sous les Vignes, Pouilley-les-Vignes (commune de Grand Besançon Métropole).

Réhabilitation expérimentale du vignoble

Depuis le , plusieurs associations de Besançon, dont les Terrasses des collines bisontines et d'ailleurs, l'Association des jardins familiaux, l'Association pour le renouveau de la viticulture à Besançon, ont replanté et cultivent une vigne municipale expérimentale, avec le concours des services municipaux des espaces verts de Besançon, dans l'optique possible d'un renouveau du vignoble de Besançon, « pour établir un lien avec le long et riche passé viticole de la ville ».

Ce projet s'inscrit dans un programme municipal global environnemental, culturel, pédagogique, et de valorisation des flancs de collines en friche de la vallée du Doubs.

  • Clos des Equeugniers, vigne municipale expĂ©rimentale de 2010, pour le renouveau du vignoble de Besançon

GĂ©ographie

Le Clos des Equeugniers, reprĂ©sente 30 ares, soit 1 800 plants sur 3 000 m2, de terrains municipaux en friche, d'anciennes vignes, de Port Douvot (quartier Velotte), au lieu-dit « Les Equeugniers », sur les bords du Doubs, sur les contreforts du Fort de Planoise. Le sol argilo-calcaire est bien drainĂ©, sur un coteau exposĂ© sud-sud-est, qui bĂ©nĂ©ficie d'un taux d'ensoleillement maximum de 7 h du matin Ă  7 h du soir.

Encépagement

L'encĂ©pagement est fait de chardonnay (1 500 m2), pinot noir (1 000 m2), trousseau (500 m2), chasselas (quelques pieds anecdotiques), pas de savagnin inadaptĂ© au terroir.

Conduite

Le suivi viticole et vinification par GĂ©raud Fromont, vigneron au domaine des Marnes Blanches, Ă  Cesancey (vignoble du Jura).

Les vignes sont conduites en viticulture biologique, selon les méthodes du vignoble du Jura et de façon traditionnelle : enherbement, piochage entre les pieds, travail de la vigne au cheval de trait comtois, traitement à la bouillie bordelaise et tisanes de plantes (sans pesticide ni herbicide de synthèse)

Production

La première vendange est faite en 2013, vinifiĂ©e en vin mousseux, avec un premier rendement de jeune vigne de trois ans d'âge de 40 hectolitres par hectare, soit 1 200 litres de rouge et de blanc, rĂ©servĂ©s pour les vins d'honneur de la municipalitĂ© de Besançon.

Vestiges et patrimoine

Le vigneron Barbizier du folklore bisontin, vers 1890.

Notes et références

Annexes

Bibliographie

  • Jean-Marie Suchet, Le mystère de saint Vernier patron des vignerons franc-comtois, Jacquin, , 37 p.
  • Michel Vernus, Les vignerons, la vigne, les vins : en Franche-ComtĂ©, Bière (Suisse) et Divonne-les-Bains, CabĂ©dita, 2009, 312 p. (ISBN 978-2-88295-567-8).
  • Robert Chapuis, Vignobles du Doubs et de Haute-SaĂ´ne. De la naissance Ă  la renaissance, Pontarlier, Éditions du BelvĂ©dère, 2013, 251 p. (ISBN 978-2-88419-276-7).
  • Catherine Deloche, « Le Vignoble bisontin au cours de la première moitiĂ© du XIXe siècle », dans Gamay noir et Savagnin ou les Vignobles de Franche-ComtĂ© considĂ©rĂ©s sous le rapport de l'histoire, de la gĂ©ographie et de l'ethnologie, Belfort, France RĂ©gions, 1988, p. 84-89.
  • Paul Delsalle, « Le travail de la vigne Ă  Besançon au XVIe siècle et dans la première moitiĂ© du XVIIe siècle » dans Cahiers d'histoire de la vigne et du vin, 2000, n° 1, p. 78-104.
  • Robert Chapuis et Patrick Mille, Besançon, un vignoble millĂ©naire, Paris, L'Harmattan, 2019, 194 p. (ISBN 978-2-343-17315-3).

Liens connexes

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