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Socialisme utopique

L'expression « socialisme utopique », désigne l'ensemble des doctrines des premiers socialistes européens du début du XIXe siècle (qui ont précédé Marx et Engels), tels Robert Owen en Grande-Bretagne, Saint-Simon, Charles Fourier, Étienne Cabet et Philippe Buchez en France. Afin de sortir de la lecture engelienne et donc de sa définition politique, les historiens français préfèrent actuellement utiliser pour les définir les catégories de « premiers socialismes », « socialismes romantiques », « socialismes prémarxistes »[1], « socialismes conceptuels », voire pour Loïc Rignol ils sont les premiers « socialismes scientifiques »[2].

Ce courant est influencé par l'humanisme. Parfois lié au christianisme social comme chez Philippe Buchez, il s'éloigne néanmoins radicalement du christianisme institutionnel chez Saint-Simon, qui construit un système athée. Le socialisme utopique s'inscrit à l'origine dans une perspective de progrès et de confiance dans l'homme et la technique. Il connaît son apogée avant 1870, avant d'être éclipsé, au sein du mouvement socialiste, par le succès du marxisme. La notion de socialisme utopique a été conçue par Friedrich Engels et reprise par les marxistes (qui l'opposent à la notion de socialisme scientifique) ; le qualificatif d'utopique, accolé au socialisme, est donc né d'une intention polémique avant d'être ensuite consacré par l'usage. Les doctrines qu'englobe le socialisme utopique ne sont, pour les adversaires de ces idées, pas plus utopiques que toute autre doctrine tendant vers la réalisation d'une société idéale n'ayant encore jamais existé (y compris les doctrines marxistes qui annoncent, à terme, l'avènement d'une société sans classes).

Le socialisme utopique se caractérise par la volonté de mettre en place des communautés idéales selon des modèles divers, certaines régies par des règlements très contraignants, d'autres plus libertaires ; certaines communistes, d'autre laissant une plus grande part à la propriété individuelle. Le socialisme utopique se caractérise surtout par sa méthode de transformation de la société qui, dans l'ensemble, ne repose pas sur une révolution politique, ni sur une action réformiste impulsée par l'État, mais sur la création, par l'initiative de citoyens, d'une contre-société socialiste au sein même du système capitaliste. C'est la multiplication des communautés socialistes qui doit progressivement remplacer la société capitaliste.

Des milliers d'expĂ©riences de crĂ©ation de communautĂ©s socialistes s'inscrivant dans la filiation du socialisme utopique peuvent ĂŞtre relevĂ©es Ă  travers l'histoire. Ă€ l'image du familistère crĂ©Ă© par Godin en 1854 Ă  Guise, qui s'inspire directement du phalanstère de Charles Fourier, qui a comptĂ© jusqu'Ă  1 748 personnes en 1889, et qui a fonctionnĂ© durablement jusqu'en 1968[3], le socialisme dit « utopique » a donnĂ© lieu Ă  la crĂ©ation de nombreux projets sociaux Ă  Ă©chelle humaine, durables et rĂ©alistes. L'idĂ©e selon laquelle le socialisme dit « utopique » n'aurait rĂ©alisĂ© que des expĂ©riences Ă  des Ă©chelles limitĂ©es (des communautĂ©s de quelques centaines de personnes au plus) et sur des durĂ©es gĂ©nĂ©ralement limitĂ©es est un point de vue sur l'histoire du socialisme qui est très influencĂ© par Marx.

Origine de l'expression

L'expression est employée en 1839 par Jérôme Blanqui dans son Histoire de l'économie politique[4].

L'expression est cependant surtout popularisée par Friedrich Engels, qui publie en 1880 la brochure Socialisme utopique et socialisme scientifique (extraite de L'Anti-Dühring) à des fins de formation militante dans la social-démocratie, alors en plein essor. Karl Marx et Friedrich Engels qualifient leur propre théorie de socialisme scientifique, et l'opposent au « socialisme utopique » qui n'aurait, selon eux, pas de caractère méthodique et rigoureux dans l'analyse de la société capitaliste. Cette distinction trouve son origine dans l'Idéologie allemande et dans la critique de Stirner par Marx.

Historique synthétique

Le socialisme utopique tire ses racines des différentes utopies sociales écrites au cours des siècles, dont la plus célèbre, mais pas la première, est celle de Thomas More.

On classe souvent traditionnellement et un peu rapidement l'ensemble des premiers socialistes parmi les socialistes utopiques. Parmi eux :

  • Saint-Simon (1760-1835), suivi par la branche socialiste des saint-simoniens reprĂ©sentĂ©s par Saint-Amand Bazard. Saint-Simon a Ă©galement influencĂ© le socialisme rĂ©formiste et le capitalisme positiviste
  • Robert Owen (1771-1858) au Royaume-Uni, entrepreneur considĂ©rĂ© comme le premier Ă  mettre en pratique ses idĂ©es avec la crĂ©ation d'une communautĂ© de travail, en Grande-Bretagne et aux États-Unis, dans les annĂ©es 1810-1820. Il est considĂ©rĂ© comme le pionnier du mouvement syndical et coopĂ©ratif en Grande-Bretagne.
  • William Thompson (1775-1833), aristocrate irlandais, qui a profondĂ©ment influencĂ© le mouvement coopĂ©rativiste au Royaume-Uni. Aujourd'hui moins connu que Robert Owen, il lui reprochait le caractère paternaliste de son approche[5]. Il est aussi connu pour son "Appel Ă  l'autre moitiĂ© de l'humanitĂ©" (1825) le plaçant Ă  l'avant-garde du combat fĂ©ministe.
  • Charles Fourier (1772-1837), thĂ©oriciens des phalanstères.
  • Étienne Cabet (1788-1856), promoteur de l'Icarie.

Le socialisme utopique a décliné après 1870 lorsque le marxisme s'est imposé comme l'idéologie majeure du socialisme. Il s'est cependant poursuivi à travers :

Aujourd'hui, le socialisme utopique n'est plus guère revendiqué que par le mouvement « Ukratio »[6].

Également, la démarche analytique et certaines propositions peuvent rappeler parfois certains traits de la pensée écologiste.

Pensée et doctrine

Le socialisme utopique diffère d'autres socialisme par sa méthode. Il ne prône généralement pas de révolution, et ne fait pas confiance en l'action de l'État. Au-delà des nombreuses théories, il prône une mise en œuvre pratique immédiate de sociétés socialistes à petite échelle (les communautés) à partir d'initiatives « privées » ou « citoyennes ». La pérennité des communautés, leur capacité à survivre dans un univers capitaliste, à perdurer malgré l'évolution personnelle des fondateurs a constitué le principal défi. L'idéal de modification sociale à grande échelle par diffusion des communautés et fédération de celles-ci au niveau mondial est alors resté au niveau de simple rêve.

Le socialisme utopique n'entend pas fonder de distinction entre les différentes classes sociales ; elle s'adresse à tous, qu'ils soient riches ou pauvres, exploiteurs ou exploités et ne projette pas de s'appuyer sur un groupe humain, plus que sur un autre dans sa stratégie de transformation de la société. Philanthropes, les socialistes utopiques tournent l'ensemble de leurs critiques du capitalisme autour de ses conséquences néfastes sur le développement de l'homme.

L'homme est avant tout le produit de ses conditions familiales et sociales, mais aussi de son environnement : la société fait l'homme. Malgré l'édification théorique de sociétés idéales fondées sur des systèmes économiques et sociaux aboutis (le phalanstère de Fourier, le communisme colonial de Robert Owen), ils considèrent de façon pragmatique comme prioritaire la lutte contre les conséquences les plus dures de l'économie capitaliste. Ils prônent entre autres la réduction du temps de travail. De manière générale, l'amélioration des conditions de vie des travailleurs est le meilleur moyen de lutter contre des maux sociaux tels que l'ivrognerie ou le besoin de charité privée. Dans une société idéale, la police, la prison, les procès, l'assistance publique n'ont ainsi plus lieu d'être. Cette élévation du prolétariat au niveau de la dignité humaine passe notamment pour les plus petits par l'existence de crèche et d'un système éducatif efficace.

Le socialisme utopique repose sur une vision très optimiste de l'homme : l'homme est bon par nature, ce qui implique qu'on peut faire confiance à sa raison pour faire évoluer la société et aboutir à une civilisation de la Raison et du bien-être.

L'édification sur papier de ces sociétés idéales a abouti à des constructions intellectuelles complexes et complètes. Des expériences de « communisme primitif », c'est-à-dire de communauté alliant une organisation sociale harmonieuse et la mise en commun des richesses et des moyens de production ont été menées et expérimentées dans quelques colonies du nord de l'Amérique. Ce type d'organisation sociale n'a pas connu de suite réelle, sauf peut-être sous une forme un peu différente par le biais des kibboutz juifs du Proche-Orient.

Le socialisme utopique avant 1800

Les théoriciens de l'utopie

De nombreux auteurs, depuis l'antiquité, ont imaginé des mondes idéaux et cités idéales, dont l'organisation sociale peut parfois être considérée comme « socialiste ».

Les expériences antérieures à 1800

Certains font remonter les premières expériences socialistes à différents mouvements, souvent d’origine religieuse, remontant au Moyen Âge. Parmi elles, on peut citer :

Les expériences des socialistes utopiques classiques

Saint-Simon et le « phalanstère » de Ménilmontant

Les disciples du comte de Saint-Simon (1760-1825, français) ont formé :

  • le Phalanstère de MĂ©nilmontant (fondĂ© en 1832), composĂ© de saint-simoniens (Enfantin). FermĂ© par la police.

Robert Owen et les usines modèles (années 1820)

L'industriel philanthrope Robert Owen (1771-1858, britannique), par ailleurs fondateur des coopératives et des syndicats en Grande-Bretagne, a fondé deux communautés :

  • New Lanark en Grande-Bretagne (1813-1828). Usine modèle qui rencontre un grand succès et est visitĂ©e par de nombreux visiteurs internationaux.
  • New Harmony (Indiana) (États-Unis) (1824-1829) : domaine de 20 000 acres achetĂ© Ă  une secte. La communautĂ© compte 900 membres en 1825. Elle attire beaucoup de personnalitĂ©s et visiteurs. Mais Ă©chec car retour spontanĂ© Ă  la vie privĂ©e. Donc New Harmony devient une ville comme les autres.

Les disciples de Robert Owen fonderont de nombreuses communautés en Grande-Bretagne et aux États-Unis.

En Grande-Bretagne

  • CommunautĂ© d'Orbiston (près de Glasgow, Écosse) (1827-1829). CrĂ©Ă©e par Abraham Combe (disciple de Robert Owen). CommunautĂ© de 300 ouvriers et artisans. Succès Ă©conomique. Publication d’un journal.
  • CommunautĂ© d’Exeter (Downlands Devon, Grande-Bretagne) (1826).
  • CoopĂ©rative de Rahaline (Irlande) (1831)[7].
  • CommunautĂ© de Manca Fen (Grande-Bretagne) (1838).
  • CoopĂ©rative de Quennswood (Grande-Bretagne) (1839). Domaine de 500 arpents louĂ©s et immense Ă©difice mĂ©galomaniaque (inachevĂ©) pour seulement 60 membres, donc trop coĂ»teux.
  • CommunautĂ© de Pant Glas (Grande-Bretagne) (1840, mort-nĂ©e).
  • CommunautĂ© de Garnwyd ou Leeds Redemption Society (Grande-Bretagne) (1847).

En Amérique du Nord

New Harmony (Indiana) suscite au moins deux dissidences sur le mĂŞme site :

  • Macluria (1826) : scission de 80 mĂ©thodistes attachĂ©s Ă  leur foi.
  • Feiba-Pelevi (1826).

Dans la foulée de New Harmony, plusieurs autres communautés utopiques owéniennes vont apparaître en Amérique du Nord dans la deuxième moitié des années 1820 :

  • Yellow Springs (Ohio) (1825). Environ 100 familles sur un domaine de 720 acres (Yellow Springs).
  • Blue Spring (Indiana) (1826). 27 familles sur un domaine de 320 acres.
  • Friendly association for mutual interest (FAMI)-Kendall (Ohio) (1826). 50 colons.
  • FAMI-Valley Forge (Pennsylvanie) (1826).
  • Franklin-Haverstraw (New-York) (1826).
  • CommunautĂ© de Nashoba (Nashoba commune) (Tennessee) (1826-1830). Domaine de 2 000 acres acquis par les sĹ“urs Wright (Ă©cossaises). Pour Ă©manciper les femmes et les noirs (retours en Afrique) (Nashoba Commune (en)).
  • CommunautĂ© Maxwell (Canada) (1828-1829). CommunautĂ© mort-nĂ©e Ă  cause d’un incendie.

En 1843, trois nouvelles communautés utopiques vont apparaître dans cette même lignée (mais probablement stimulés par la vogue des phalanstères fouriéristes) :

  • Equality (Wisconsin) (1843). CommunautĂ© de Hunt.
  • Promisewell (Society of One-mentions) (Pennsylvanie) (1843).
  • Goose Pond (Pennsylvanie) (1843). Dissidence de Promisewell.

Charles Fourier et les phalanstères (années 1830-1840)

Le français Charles Fourier (1772-1837), théoricien des phalanges ou phalanstères, a inspiré de très nombreuses réalisations en Europe comme en Amérique, surtout dans les années 1840.

En France

  • 1832-1835 : Colonie de CondĂ©-sur-Vesgre (près de Rambouillet). FouriĂ©riste. Elle est fondĂ©e par un riche dĂ©putĂ© (Alexandre Baudet-Dulary) sur une surface de 500 ha. Trop coĂ»teuse, elle est dissoute et le dĂ©putĂ© rembourse tous les frais[8]. Le futur ministre rĂ©publicain Pierre-FrĂ©dĂ©ric Dorian y est passĂ©.
  • annĂ©es 1830 : tentative de phalanstère au Château de Madron (Montastruc, Haute-Garonne), initiĂ©e par le pharmacien Jean Journet.
  • 1841-1846 : Colonie de Saint-Nicolas-lès-CĂ®teaux (dans l'abbaye de CĂ®teaux, Bourgogne). FouriĂ©riste. Elle est fondĂ©e dans un monastère achetĂ© par la pĂ©dagogue fĂ©ministe ZoĂ© de Gamond et le richissime Arthur Young. Elle compte 167 membres en 1843. Elle offre Ă  ses membres beaucoup de loisirs.
  • 1846 : Union agricole de Saint-Denis-du-Sig en AlgĂ©rie. CrĂ©Ă©e par l'avocat fouriĂ©riste Jules Duval. Elle compte des officiers coloniaux, professions libĂ©rales, commerçants. Elle compte 363 membres en 1850 puis se « normalise » peu Ă  peu.
  • Phalanstère de Boussac (Creuse) (1843 ou 1847). CrĂ©Ă© par le socialiste chrĂ©tien Pierre Leroux, avec notamment George Sand et la fĂ©ministe Pauline Roland. Vers 80 membres.
  • 1849-1968 : Familistère de Guise (Aisne). CrĂ©Ă© par l’industriel fouriĂ©riste Jean-Baptiste Godin. C’est le seul rĂ©el succès de phalanstère en France. Il compte 2 000 membres Ă  la fin XIXe siècle. Il ne fut fermĂ© qu'en 1968, tĂ©moignant d'une longĂ©vitĂ© exceptionnelle.
  • Le phalanstère de l'inventeur français Charles Sauria (dates ?).
  • vers 1865-1885 : Maison rurale d’expĂ©rimentation sociĂ©taire aussi appelĂ©e phalanstère d’enfants Ă  Ry (Seine-Maritime) (Seine-InfĂ©rieure), crĂ©Ă©e par le docteur Adolphe Jouanne (fouriĂ©riste apparemment)[9].

En Belgique

Dans le reste de l'Europe

  • Phalanstère de Scâeni (Roumanie) (1834-1835). FouriĂ©riste. CommunautĂ© de 400 familles sur des terres prĂŞtĂ©es par un jeune boyard. Mais communautĂ© rĂ©primĂ©e par l’armĂ©e en 1835. Le jeune boyard est dĂ©portĂ©.
  • Phalanstère de Petrachevski (près de Saint-PĂ©tersbourg, Russie) (1845 ou 1847). FondĂ© par l’avocat MikhaĂŻl Petrachevski pour ses 40 serfs. Mais ceux-ci n’en veulent pas et dĂ©truisent le phalanstère. L'Ă©crivain Fiodor DostoĂŻevski Ă©tait membre du cercle Petrachevski.
  • Commune de Sleptsov (Russie) (1860). FouriĂ©riste.

En Amérique latine

  • Phalanstère d’Oliveira (Palmitar, BrĂ©sil) (1841). FouriĂ©riste. FondĂ© par le mĂ©decin français BenoĂŻt Jules Mure.
  • Union industrielle du Sahy ou Sahi actuel Sai (Palmitar, Baie de Babitonga, BrĂ©sil) (1841-1845). CrĂ©Ă© par scission du phalanstère d’Oliveira.
  • Une expĂ©rience au Guatemala (1843), une expĂ©rience au Venezuela (1844).
  • Topolobampo-Pacific City (État de Sinaloa, Mexique) (1886-1895). Plan mĂ©galomaniaque de construction d’une ville nouvelle fouriĂ©riste. En 1893, elle compte 464 habitants de 11 nationalitĂ©s (mais beaucoup venant des États-Unis). Le gouvernement mexicain l’encourage d’abord, puis s’en mĂ©fie[10].

En Amérique du Nord

Une cinquantaine de phalanstères (ou phalanx en anglais) sont lancés aux États-Unis dans les années 1841-1858 (selon Michel Antony). Jean-Baptiste Godin en aurait compté une trentaine pour la période 1840-1853. Les trois plus connus sont :

  • Brook Farm (Massachusetts) (1841-1847). FondĂ©e par le rĂ©vĂ©rend unitarien George Ripley. CommunautĂ© de 115 membres. Style mixte « fouriĂ©ro-transcendantalistes » selon Michel Antony. Intense vie culturelle (les Ă©crivains Nathaniel Hawthorne, Margaret Fuller et Marianne Dwight y vivent. L'Ă©crivain Ralph Waldo Emerson aussi, ainsi que le colonel antisĂ©grĂ©gationniste Robert Gould Shaw), très cĂ©lèbre Ă  son Ă©poque, mais dĂ©truite par un incendie. Plus tard, la communautĂ© de Fruitlands (dates ?) se voudra la poursuite de Brook Farm.
  • North American Phalanx (New-Jersey) (1843-annĂ©es 1930). FondĂ©e par Albert Brisbane (le principal fouriĂ©riste amĂ©ricain, fondateur de la New York Fourier Society. Un record de longĂ©vitĂ©. En fait, il s’agit d’un vĂ©ritable phalanstère de 1843 Ă  1855. De 1855 Ă  la fin des annĂ©es 1930, elle fonctionne Ă  moitiĂ© comme un hĂ´tel et Ă  moitiĂ© comme une communautĂ© (North American Phalanx (en)).
  • La RĂ©union (phalanstère) (Texas). (1853-1875). FondĂ©, avec l'appui de Jean-Baptiste Godin, par le fouriĂ©riste français Victor Considerant. Grande ferme de 1 000 puis 5 000 hectares. Dissoute en 1875 et absorbĂ©e par la ville de Dallas (La Reunion (Dallas)).

Les principaux phalanstères nord-américains (avec une pointe en 1843-1844) répertoriés par les historiens sont :

  • État de New-York : Jefferson county industrial association (1843, 400 membres), Morehouse union (1843), North Bloomfield association (1843), Clarckson association-Port Richmond Phalanx (1844, 400 membres), Sodus (Bay) Phalanx (1844, 300 membres), Minxwill Association (1844), Skaneateles (1843-1846) (maximum de 150 membres), Unitary Household (ou Unitarian Home ou Unity Home) (1858-1860). FouriĂ©riste et libertaire. Une centaine de membres dont Stephen Pearl Andrews, l’écrivain Marie Howland (nĂ©e Stevens), l’avocat Lyman W. Case, la fĂ©ministe Victoria Woodhull.
  • New Jersey : Raritan Bay Union (1853) (Raritan Bay Union).
  • Massachusetts :
  • Pennsylvania : Sylvania Phalanx (1843), Leraysville Phalanx (1844), Social reform unity (1842)
  • Ohio : Ohio Phalanx (ex-American phalanx) (1844), Clermont (ex-Cinicinnati) phalanx (1844), Trumbell phalanx (1844), Prairie Home (Ohio) (1844) (FouriĂ©riste libertaire), Columbia phalanx (1845), Utopia ou Trialville (1847-vers 1860) (oĂą sera prĂ©sent le futur anarchiste Josiah Warren).
  • Michigan : Alphadelphia phalanx (et Wastenaw phalanx) (1844, 400 membres).
  • Indiana : La Grange phalanx (1844), Philadelphia industrial association (1845), Fourier phalanx (1858).
  • Illinois : Bureau county phalanx (1843), Canton phalanx (1845), Integral phalanx et Sangamon phalanx (1845).
  • Wisconsin : Wisconsin phalanx (1844-1850) (communautĂ© de 32 familles. Équilibre rĂ©ussi entre individualisme familial et esprit communautaire), Spring farm phalanx et Pigeon river Fourier colony (1846).
  • Iowa : Iowa pioneer phalanx (1844).
  • Ontario(?) : Ontario Union (ou Manchester Union) (1844).
  • Kansas CoopĂ©rative farm (Silkville, Kansas) (1869-1892). FinancĂ©e par le riche fouriĂ©riste français Ernest Valeton de Boissière[11].

Étienne Cabet et les Icaries (1848-1855)

Étienne Cabet (1788-1856, français) expose dans son livre Voyage en Icarie (1840) sa vision de la cité idéale, basée sur une forme de communisme chrétien. Huit « Icaries » seront ensuite créées aux États-Unis par les partisans de Cabet partis de France en 1848, dont :

  • Icarie, sur les bords de la rivière Rouge, au Texas, en 1848, crĂ©Ă©e par Étienne Cabet.
  • Icarie Ă  Nauvoo, sur une rive du Missouri (Illinois) (1849). Les volontaires se succĂ©deront par vagues pendant la seconde moitiĂ© du XIXe siècle. On en recense 526 en (dont une centaine d’enfants), juste avant une première scission et le dĂ©part de Cabet.
  • Icarie de Corning (Iowa) (1852-1898). Le plus grand groupe de colons est arrivĂ© en 1858 avec l'intention de vivre Ă  la mode communautaire. C'est dans cette citĂ© que les Icariens sont restĂ©s le plus longtemps aux États-Unis, demeurant jusqu'en 1898. Les Jeunes Icariens, rejettent l’aspect autoritaire de Cabet pour devenir libertaires (Michel Antony).
  • Icaria-Speranza Ă  Cloverdale, dans le comtĂ© de Sonoma, en Californie, de 1881 Ă  1886.

Autres premières expériences socialistes

Il est possible que ces expériences se soient inspirées de Robert Owen ou Charles Fourier, mais cela reste à confirmer.

Expériences en France

  • 1835-1838 : Commerce vĂ©ridique et social (prĂ©curseur des coopĂ©ratives et du commerce Ă©quitable) du quartier de la Croix Rousse Ă  Lyon (haut lieu du socialisme utopique et du mutualisme), crĂ©Ă© par le nĂ©gociant Michel Marie Derrion[12]. ExpĂ©rience parallèle au fouriĂ©risme mais apparemment pas directement influencĂ© par lui.
  • 1850 : Essai de colonie socialiste Ă  Saint-Just (Marne)[13].

Expériences en Grande-Bretagne

  • The Concordium (Alcott House) (Grande-Bretagne) (1838).
  • Communitarium de Moreville (Grande-Bretagne) (1843).

Expériences en Amérique latine

  • New Australia / Nouvelle-Australie (Paraguay) (1893). Grande ferme crĂ©Ă©e par 250 australiens, soutenus par le gouvernement du Paraguay. Colonie dont la dĂ©claration de principe disait : « Il est dĂ©sirable et nĂ©cessaire que, par l'Ă©tablissement d'une communautĂ© dans laquelle tout travail soit en commun pour le bien commun, une preuve immĂ©diate soit donnĂ©e de ce fait qu'hommes et femmes peuvent vivre dans l'aisance, le bonheur et l'intelligence, et dans un ordre inconnu Ă  une sociĂ©tĂ© dans laquelle nul ne peut ĂŞtre sĂ»r de ne pas mourir de faim le lendemain, lui et ses enfants »[14].
  • Colonie Cosme (Paraguay) (1894-1904). CrĂ©Ă©e par scission de New Australia. CommunautĂ© de 60 membres dissoute en 1904.
  • RĂ©publique universelle de l’harmonie (Mexique, 1869). CrĂ©Ă©e pendant les deux mois d’insurrection de Lopez Chavez, puis Ă©crasĂ©e.

Expériences socialistes utopiques période 1870-1950

Pendant cette période, au cours de laquelle le marxisme devient l'idéologie majoritaire et structurante du mouvement socialiste, le socialisme utopique trouve son expression à travers les communautés libertaires (le terme est dû à Joseph Déjacque, issu du socialisme utopique).

Sur le plan des idées, deux évolutions majeures se produisent :

  • Certaines tendances « autoritaires » du socialisme utopique, consistant parfois Ă  imposer des modes de fonctionnement très prĂ©cis aux membres des communautĂ©s, disparaĂ®t dĂ©finitivement au profit de l'idĂ©e de libertĂ© individuelle (en rĂ©action probablement au caractère très structurĂ© des organisations marxistes). Il en rĂ©sulte notamment des expĂ©rimentations en ce qui concerne les mĹ“urs.
  • La foi dans le progrès matĂ©riel est souvent remise en cause au profit d'un retour Ă  une vie jugĂ©e plus naturelle et plus simple. D'oĂą de premières tentatives de vie Ă©cologiste, de vĂ©gĂ©tarisme, de naturisme. Ceci sous l'influence en particulier de l'amĂ©ricain Henry David Thoreau (1817-1862) aux États-Unis et du comte Lev TolstoĂŻ (1828-1910) en Europe.

Socialisme utopique et communautés hippie (1966-1975)

Filiations avec le socialisme utopique

Le mouvement hippie né en 1966 à San Francisco représente la dernière résurgence spectaculaire du socialisme utopique. Pour le hippie, il s'agit de fuir la société capitaliste pour bâtir une contre-société libertaire et communautaire basée sur l'égalité, la fraternité et la liberté. « Ronald Creagh, qui a travaillé sur ces « laboratoires de l’utopie » libertaires aux États-Unis, replace le mouvement communautaire dans une histoire bien plus longue qui commence avec les communautés d’inspiration owenistes ou fouriéristes. Pour lui, il y aurait eu deux phases de floraison des communautés, l’une avant 1860, l’autre après 1960 »[15].

Le mouvement hippie revendiquera sa filiation avec les socialisme utopiques : Patrick Rambaud, l'un des piliers d'Actuel, acteur et observateur du mouvement soixante-huitard français, le reconnaît : « Les communautés ne sont pas nées dans les années 1960 aux États-Unis et en 70 en France. Ça existait au XIXe siècle avec Fourier, Cabet qui part en Floride fonder l'Icarie, et même les pirates du XVIe siècle ! »[16]. Aux États-Unis, en 1967, la vie matérielle du quartier hippie de San Francisco (Haight-Ashbury) est assurée par un groupe baptisé les Diggers, en référence à un mouvement communiste utopique du XVIIe siècle. Les liens sont parfois même structurels entre communautés socialistes utopiques et hippies à l'exemple de Joan Baez, qui aurait été élevée dans la Ferrer Colony de Stelton (New Jersey)[17]. Les textes de Charles Fourier prônant la libération sexuelle sont réédités en 1967[18].

Les communautés hippies

Pour certains spécialistes du mouvement hippie, « les communautés sont l'expression par excellence du mouvement : son infrastructure, l'ancrage social sans lequel il aurait vite été réduit à une simple mode aussi extravagante qu'éphémère. Les communautés sont sa signature au bas de l'histoire du XXe siècle »[19].

Le mouvement sera certes divers : « Dès le départ, aux États-Unis comme en France, dans les années 1971-1972, le mouvement communautaire part dans tous les sens, égarant ses propres observateurs et zélotes : communautés campagnardes (plus radicales) et communautés urbaines pour R.P. Droit et A. Galien ; communautés de combat (orientées vers le témoignage politique, façon Larzac) et communautés de ruptures (plus préoccupées de réinventer la vie, à l'indienne s'il le faut) pour Henri Gougaud ; communautés de travail (modèle médiéval des compagnons), communautés religieuses (Lanza del Vasto et sa communauté de l'Arche ont été un peu vite annexés par les freaks mystiques : eux ont disparu, l'Arche existe encore) »[20].

Le mouvement sera aussi spectaculaire qu'éphémère :

  • En France : « 1971, 1972 et 1973 seront les grandes annĂ©es des communautĂ©s en France. Il y en aurait un demi-millier, avec des pointes jusqu'Ă  50 000 communards l'Ă©tĂ© pour une population permanente de 5 Ă  10 000 hippies, zonards, freaks et autres marginaux confirmĂ©s dans leur choix d'une autre sociĂ©tĂ© »[21].
  • La plus vaste expĂ©rience europĂ©enne sera celle de la commune libre de Christiania (Danemark), Ă  Copenhague (crĂ©Ă©e en et existant encore aujourd'hui).

Le socialisme utopique aujourd'hui

Malgré l'échec du mouvement issu de , la modération des projets des partis socialistes au nom du réalisme (le contraire de l'utopie), la diffusion de l'idée que le libéralisme économique serait « incontournable », le socialisme utopique n'est pas mort.

L'esprit du socialisme utopique, soit l'idée que le changement social peut venir d'initiatives citoyennes, de la base, en s'insérant au sein de la société capitaliste pour la réduire, l'infléchir et à terme la remplacer, perdure. Et les solutions contemporaines sont les héritières des expériences communautaires et coopératives du XIXe siècle.

Le socialisme utopique perdure Ă  travers :

Quelques théoriciens

Socialistes utopiques :

Notes et références

  1. Christophe Prochasson, Histoire des Gauches en France, Paris, La DĂ©couverte, , p. 405 Ă  425
  2. Loïc Rignol, Les Hiéroglyphes de la Nature. Le socialisme scientifique en France dans le premier XIXe siècle, Dijon, Les Presses du réel,
  3. Michel Lallement, Le travail de l'utopie. Godin et le Familistère de Guise, Paris, Les Belles Lettres, , 511 p. (ISBN 978-2-251-90001-8)
  4. Cf. Denis H. (1966)[1999], Histoire de la pensée économique, Quadrige/PUF, p. 356
  5. Caroline Gomes, « William Thompson, pionnier du socialisme européen », La Vie des idées,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. Petite histoire du socialisme utopique.
  7. (en) « The Ralahine Commune », sur clarelibrary.ie
  8. Danielle et Philippe Duizabo, « Les débuts utopiques (1832-1836) », sur la.colonie.free.fr,
  9. Bernard Desmars, « Itinéraires de militants fouriéristes dans la seconde moitié du XIXe siècle (Note sur quelques travaux) », Cahiers Charles Fourier, no 15,‎ (lire en ligne)
  10. (es) « Topolobampo, historia de una utopía », sur monografias.com
  11. Avant cette expérience américaine il avait déjà mis en pratique certaines de ces idées dans son domaine de Certes à Audenge (Gironde)
  12. Chantal Guillaume, « Le commerce véridique et social de Michel Marie Derrion (1835-1838). Cahiers Charles Fourier n° 16 - décembre 2005 », sur ateliber.lautre.net
  13. Bernard Desmars & Daniel Chérouvrier, "La colonie agricole-industrielle de Saint-Just : un essai socialiste en 1850 dans la Marne", Cahiers Fourier, 2017, n°28, p.16-36.
  14. Charles Droulers. 'Socialisme et colonisation, une colonie socialiste au Paraguay, la Nouvelle-Australe
  15. L'En Dehors - « Communes », « Communautés », « Milieux libres »
  16. Patrick Rambaud, cité par Jean-Pierre Bouyxou et Pierre Delannoy, L'aventure hippie, Plon, 1992, page 124 et Bernard Thésée, les aventures communautaires de Wao le laid, 1974 cité p. 126-127.
  17. Jean-Pierre Bouyxou et Pierre Delannoy, L'aventure hippie, Plon, 1992, page 130
  18. Michel Bozon, Fourier, le Nouveau Monde Amoureux et mai 1968, Clio, numéro 22/2005 ()
  19. Jean-Pierre Bouyxou et Pierre Delannoy, L'aventure hippie, Plon, 1992, p. 112.
  20. Jean-Pierre Bouyxou et Pierre Delannoy, L'Aventure hippie, Plon, 1992, p. 133
  21. Jean-Pierre Bouyxou et Pierre Delannoy, L'Aventure hippie, Plon, 1992, page 112.

Voir aussi

Articles connexes

Liens avec des concepts contemporains

Ouvrages généraux sur les socialismes utopiques du XIXe siècle

  • Alexandrian, Le Socialisme romantique, Paris, Le Seuil, 1979.
  • Paul BĂ©nichou, Le Temps des prophètes : doctrines de l'âge romantique, Paris, Gallimard, 1977.
  • Nathalie BrĂ©mand, Les socialismes et l'enfance : expĂ©rimentation et utopie (1830-1870), Rennes, PUR, 2008.
  • Nathalie BrĂ©mand (coord.) Pour en finir avec le socialisme utopique. Cahiers d'histoire no 124, .
  • Friedrich Engels, Socialisme utopique et socialisme scientifique (1880)
  • Bernard Lacroix, L'utopie communautaire, Paris, PUF, 1981.
  • Michel Lallement, Le Travail de l'utopie. Godin et le Familistère de Guise, Paris, Les Belles Lettres, 2009.
  • AndrĂ© Lichtenberger, Le Socialisme utopique : Ă©tudes sur quelques prĂ©curseurs inconnus du socialisme, Paris, F. Alcan, 1898 (reprod. en fac-similĂ© Genève, Slatkine, 1970).
  • Jean-Christian Petitfils, Les Socialismes utopiques, Paris, PUF, 1977.
  • Jean-Christian Petitfils, La Vie quotidienne des communautĂ©s utopistes au XIXe siècle, Paris, Hachette, 1982.
  • Michèle Riot-Sarcey, Le RĂ©el de l'utopie : essai sur le politique au XIXe siècle, Paris, Albin Michel, 1998.
  • Jean Servier, Histoire de l’utopie, Gallimard, 1991 (première Ă©dition : 1967).
  • Reybaud (Louis), Études sur les rĂ©formateurs contemporains ou socialistes modernes, Paris, Guillaumin, 1864 (7e Ă©d. reprod. en fac-similĂ© Genève/Paris, Slatkine, 1979, augmentĂ©e d'une prĂ©sentation de François Bourricaud).

Monographies sur des courants

  • RenĂ© d'Allemagne, Les Saint-Simoniens 1827-1837, Paris, GrĂĽnd, 1930.
  • SĂ©bastien CharlĂ©ty, Histoire du Saint-Simonisme, 1825-1864, Paris, Hartmann, 1931 (rĂ©Ă©d. Paris, Gonthier, 1964).
  • François Dagognet, Trois Philosophies revisitĂ©es : Saint-Simon, Proudhon, Fourier, Hildesheim, Olms, 1997.
  • Henri Desroche, La SociĂ©tĂ© festive : du fouriĂ©risme Ă©crit aux fouriĂ©rismes pratiquĂ©s, Paris, Le Seuil, 1975.

Milieux libres en France

  • CĂ©line Beaudet, Les milieux libres, vivre en anarchiste Ă  la Belle Époque en France, Paris, Les Éditions Libertaires, 2006.

Utopies hippies

  • Jean-Pierre Bouyxou et Pierre Delannoy, L'aventure hippie, Plon, 1992, chapitre IV : l'utopie communautaire.
  • HĂ©lène Chauchat, La voie communautaire, thèse de 3e sycle, Paris V, 1977 (sur les hippies).

Sur les États-Unis

  • Bestor (Arthur Eugene Jr.), Backwoods utopias, the sectarian and owenite phases of communitarian socialism in America, 1663-1829, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 1950.
  • Moment (Gairdner B.) et Kraushaer (Otto) Ă©d., Utopias : the american experience, Metuchen (NJ)/Londres, Scarecrow Press, 1980.
  • Fogarty (Robert S.), Dictionnary of American communal and utopian history, Westport (CT)/Londres, Greenwood Press, 1980.
  • Creagh (Ronald), Utopies amĂ©ricaines, Marseille, Agone, 2009.
  • Fogarty (Robert S.), All things new : American communes and utopian mouvments 1860-1914, Chicago, University of Chicago Press, 1990.
  • Berry (Brian Joe Lobley), America's utopian experiments: communal havens from long-wave crises, Hanover (NH), Dartmouth college, University Press of New England, 1992.

Textes d'Ă©poque

  • Jean-François CrĂ©tinon et François-Marie Lacour, Allons en Icarie : deux ouvriers viennois aux États-Unis en 1855, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 1980.
  • Claude Francis et Fernande Gontier, Partons pour Icarie : des Français en Utopie, une sociĂ©tĂ© idĂ©ale aux États-Unis en 1849, Paris, Perrin, 1983.

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