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RĂ©serve naturelle de Titchwell Marsh

La rĂ©serve naturelle de Titchwell Marsh (en anglais Titchwell Marsh Nature Reserve) est une rĂ©serve naturelle britannique, propriĂ©tĂ© de la Royal Society for the Protection of Birds (RSPB) qui en assure Ă©galement la gestion. Elle se situe sur la cĂ´te nord du comtĂ© de Norfolk, entre les villages de Titchwell et de Thornham, Ă  environ huit kilomètres Ă  l'est de la station balnĂ©aire de Hunstanton. D'une superficie de 171 hectares, elle abrite des roselières et des schorres, une lagune d'eau douce, une plage de sable ainsi qu'une petite zone boisĂ©e près du parking Ă  son entrĂ©e. BĂ©nĂ©ficiant de la protection du rĂ©seau Natura 2000, elle fait partie du site d'intĂ©rĂŞt scientifique particulier de la cĂ´te nord du comtĂ© de Norfolk et de la Norfolk Coast Area of Outstanding Natural Beauty (AONB). Elle constitue Ă©galement une zone de protection spĂ©ciale et relève de la convention de Ramsar

RĂ©serve naturelle de Titchwell Marsh
Vue vers l'est du marais à marée haute.
GĂ©ographie
Pays
Nation constitutive
RĂ©gion
Comté cérémonial
Aires protégées
Norfolk Coast AONB (en), North Norfolk Coast Site of Special Scientific Interest (en)
Coordonnées
52° 57′ 47″ N, 0° 36′ 12″ E
Ville proche
Superficie
4,33 km2
Administration
Type
Catégorie UICN
IV
WDPA
Création
Patrimonialité
Site Ramsar (1976, CĂ´te nord de Norfolk)
SSSI (1986, CĂ´te nord de Norfolk)
AONB (1968, Norfolk Coast)
Visiteurs par an
92 000
Administration
Site web
GĂ©olocalisation sur la carte : Norfolk
(Voir situation sur carte : Norfolk)
GĂ©olocalisation sur la carte : Angleterre
(Voir situation sur carte : Angleterre)

La réserve est vitale pour certaines espèces patrimoniales d'oiseaux, comme l'avocette élégante qui niche sur les îlots, le busard des roseaux, le butor étoilé et la panure à moustaches qui nichent dans les roseaux. Afin de favoriser la reproduction des oiseaux inféodés à ces milieux, les roselières sont artificiellement humidifiées et quelques espèces de poissons d'eau douce comme le rotengle sont introduites dans la lagune. Des oiseaux typiques des zones humides comme le râle d'eau, la rousserolle effarvatte ou le phragmite des joncs sont également présents, tout comme l'aigrette garzette. La réserve attire régulièrement des espèces rares, du fait de son emplacement qui est un important point de passage pour les oiseaux migrateurs. D'importantes colonies de canards et d'oies hivernent sur le site, qui abrite par ailleurs le campagnol terrestre Arvicola amphibius, une espèce très rare de rongeur en voie de disparition au Royaume-Uni.

Un office de tourisme et divers observatoires d'oiseaux sont établis sur la réserve. En et , un projet majeur est mis en route pour anticiper les effets néfastes du changement climatique. Ce projet consiste à améliorer l'écosystème aux alentours du plan d'eau douce, pour favoriser la conversion de la lagune saumâtre en marais salé, qui est un obstacle efficace contre l'empiètement par la mer.

Titchwell Marsh occupe Ă©galement une place significative dans le domaine de l'archĂ©ologie : elle abrite des artĂ©facts remontant au PalĂ©olithique supĂ©rieur, mais aussi les ruines de constructions militaires datant des deux guerres mondiales, tels les restes d'un hĂ´pital de la Première Guerre mondiale, des cratères d'impact d'artillerie lourde remontant aux annĂ©es 1940, ainsi que des Ă©paves d'avions ayant combattu pendant la Seconde Guerre mondiale.

GĂ©ographie

Localisation

Photo représentant la carte d'une réserve naturelle.
Carte de la réserve naturelle de Titchwell.

La réserve naturelle de Titchwell Marsh se situe sur la côte est de la Grande-Bretagne, dans le comté de Norfolk, bordé au nord par la mer du Nord[1]. Cette région est dominée par le Fenland, à l'instar de toute la partie est de l'Angleterre ; elle est très basse par rapport aux hautes terres environnantes riches en calcaire, en général à moins de dix mètres au-dessus du niveau de la mer. En effet, en raison du drainage et de la contraction subséquente des tourbières, de nombreuses parties du Fenland se situent au-dessous du niveau moyen de la mer, et la région fait maintenant partie des terres les plus basses du Royaume-Uni. Il existe aussi quelques collines, appelées Islands car restées sèches lorsque les bas-fonds environnants ont été inondés, alors que la partie nord du site présente un aspect légèrement vallonné[2]. Au fil des siècles, tous les marais aux alentours du comté se sont asséchés et ont été reconvertis dans l'agriculture et l'élevage de bovins[3], à l'exception des marais de la réserve de Titchwell, qui sont inondés artificiellement par le biais de petits canaux reliés aux réseaux d'eau douce, favorisant ainsi un écosystème optimal permettant aux différentes espèces d'oiseaux qui s'y établissent de s'épanouir dans un environnement propice[4]. La réserve est presque entièrement entourée d'exploitations agricoles d'élevage de bovins, ce qui accentue encore l'aspect fragile de son écosystème, étant donné la pollution générée par ces activités[5]. Outre Titchwell, sept autres réserves naturelles appartenant à la Royal Society for the Protection of Birds se trouvent dans le comté de Norfolk[6].

Climat

Le climat local est généralement pluvieux[7]. En hiver et au début du printemps, un courant d'air froid venant de la mer du Nord entraîne des averses de neige abondantes et prolongées, surtout sur les côtes les plus exposées, qui par ailleurs ont la particularité d'avoir deux orientations différentes. Au début de l'été, le cycle des brises de mer venant du nord et de l'est provoque des averses et des orages. La réserve peut cependant souffrir d'un hiver très rude, tout en n'étant pas à l'abri de rares périodes d'été caniculaires et sèches[8]. En raison de la tendance à l'assèchement, le sol se réchauffe considérablement le jour et se refroidit beaucoup durant la nuit, ce qui conduit à une importante amplitude de température. En dépit d'un vent léger venant du sud-ouest, la région fait partie des endroits les plus chauds du pays lors des périodes d'été, en raison du dessèchement de l'air qui passe d'abord à travers toute l'Angleterre avant de s'évacuer dans la mer du Nord[9]. Cependant, cette partie est de l'Angleterre est réputée avoir un climat assez imprévisible, si ce n'est de dire que les étés sont assez chauds et les hivers parfois extrêmes. Mais en général, le climat hivernal de la région est un peu plus doux que celui du nord de l'Angleterre, tout en étant plus frais que celui de Londres et du sud-ouest du royaume. Les mois de décembre, janvier et février sont sans doute les mois les plus froids du comté, avec parfois de brèves périodes de neige, bien qu'un Noël enneigé est un phénomène assez rare en Angleterre. Les températures diurnes à cette période de l'année se situent en moyenne autour de 7 °C[10].

Relevé météorologique du comté de Norfolk
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 0,7 0,7 2 3,9 6,8 9,6 11,5 11,5 9,7 7,2 3,5 1,7 4,7
Température moyenne (°C) 3,5 3,6 5,6 7,6 11 14 15,9 16 14 10,9 6,7 4,6 9,4
Température maximale moyenne (°C) 6,3 6,1 9,3 11,3 15,1 18,3 20,2 20,4 18,3 14,6 9,8 7,4 13,1
Précipitations (mm) 54 39 46 47 44 50 56 54 50 58 66 58 622
Nombre de jours avec précipitations 18,8 14,8 17,5 14,3 12,4 12,7 12 12,2 13,4 15,9 17,6 16,8 178
Source : World climates[11]

GĂ©ologie

La géologie de la région se caractérise en grande partie par des roches sédimentaires d'origine marine datant du Mésozoïque et du Cénozoïque, recouvertes d'une vaste étendue de dépôts récents non consolidés. Pendant la période jurassique se forment, à proximité de la surface, des roches sédimentaires composées de boues comme la mudstone, mais aussi du calcaire[12]. Vient ensuite, pendant le Crétacé, la formation d'un ensemble de faciès d'alternance de grès, d'argile et de sable communément appelé faciès wealdien, constitué notamment de mudstone et de siltstone[13].

Image montrant une falaise érodée, au bord de la mer.
Après l'érosion marine, les différentes couches de sédiments qui constituent les côtes du comté de Norfolk sont facilement observables.

La géodiversité de la réserve est un facteur clé qui, de par sa richesse, a contribué à l'attribution du statut AONB (Norfolk Coast Area of Outstanding Natura) au site, qui fournit également des données probantes pour expliquer la genèse géologique de l'environnement de la région durant des millions d'années[14]. Bien que les processus associés à la glaciation, qui ont apporté une influence très importante, n'impactent désormais plus le cycle biologique de la réserve, la zone continue à être façonnée activement par le processus d'érosion, de dépôt lent de sédimentation et d'altération[15]. Le résultat est un paysage en perpétuelle évolution, résultant d'un mélange dynamique de processus géologiques du passé et du présent[14]. La géologie de la roche-mère de la région est quant à elle structurellement simple, avec des roches anciennes exposées à l'ouest, plongeant doucement vers le bassin de la mer du Nord[16]. Les roches les plus anciennes qui ont été identifiées sont le grès et l'argile, datant du Crétacé inférieur, qui forment une roche légèrement érodée. Surplombant la roche-mère, on constate une formation abondante de craie datant du Crétacé supérieur qui forme un deuxième escarpement érodé jusqu'à l'est, fournissant une toile de fond montagneuse à la partie nord-ouest de tout le comté, et offrant ainsi un paysage assez ouvert et vallonné[14]. La craie contient de nombreux nodules de silex qui ont été érodés par les effets de la glaciation et éparpillés sous forme de tillite, riche en calcaire et en gravier de silex[14].

Histoire

Avant 1972

Image montrant les restes d'un poste de défense militaire situé au bord d'un marais.
Restes d'un poste de défense maritime de la Seconde Guerre mondiale.

Titchwell Marsh est très tĂ´t occupĂ©e par l'homme. Les hommes modernes et les de NĂ©andertal y Ă©taient dĂ©jĂ  prĂ©sents bien avant la fin de la dernière pĂ©riode glaciaire, il y a environ 100 000 ans[17]. Le froid les a d'abord obligĂ©s Ă  s'exiler vers un endroit moins hostile, puis ils y sont retournĂ©s lorsque la banquise a commencĂ© Ă  reculer vers le nord. Les archives archĂ©ologiques sont cependant assez mĂ©diocres jusqu'Ă  il y a environ 20 000 ans, parce que le littoral Ă©tait beaucoup plus au nord qu'aujourd'hui, et une grande partie du site se trouve actuellement sous la mer[18]. Des outils en silex datant de l'Ă©poque mĂ©solithique, notamment des lames mesurant jusqu'Ă  quinze centimètres de longueur, sont trouvĂ©s sur les cĂ´tes actuelles de Titchwell Marsh[19]. Ces outils ont Ă©tĂ© abandonnĂ©s sur les lieux qui se trouvaient alors Ă  environ 70 kilomètres de la mer. D'autres outils sont dĂ©couverts, datant cette fois du PalĂ©olithique supĂ©rieur au NĂ©olithique. Au fur et Ă  mesure du recul de la glace, le niveau de la mer a montĂ©, jusqu'Ă  remplir l'actuelle mer du Nord, et rapprochant davantage le littoral de Norfolk de sa ligne actuelle. De nos jours, les restes de la forĂŞt submergĂ©e peuvent encore ĂŞtre aperçus Ă  marĂ©e basse[20]. En 11 000 av. J.-C., les hommes modernes quittent Titchwell, alors que les tourbières commencent Ă  se former derrière l'Ă®le barrière Ă  l'est du site[18]. Une couche de tourbe se forme Ă©galement entre 1920 et 1680 av. J.-C., suivie d'une autre entre 1020 et 830 av. J.-C., favorisant les conditions marĂ©cageuses[21]. Des dĂ©bris de haches noircis par l'exposition Ă  la tourbe et datant du NĂ©olithique sont trouvĂ©s dans ces couches[22], qui abritent Ă©galement deux cabanes prĂ©historiques assez bien conservĂ©es.

Les structures similaires datant de l'âge du bronze sont rares et elles peuvent être très utiles pour fournir des informations sur les premières méthodes de construction en bois[23]. Des poteries médiévales et ultérieures sont également découvertes dans la réserve, alors que la tourbe et les limons qui recouvrent les sédiments déposés par le retrait des glaciers présentent des traces de labour datant de l'époque post-médiévale[22].

Le drainage des marais côtiers de Norfolk débute vers la fin du XVIIe siècle et au XVIIIe siècle[24]. Les digues à la mer, dont la Old Lord's Bank, sont signalées sur les cartes à partir de mais sont délaissées en [18]. Au cours des 170 années suivantes , le marais s'est asséché, et est exploité par l'agriculture et l'élevage de bovins[25]. En , un énorme afflux de syrrhaptes paradoxaux est constaté dans toute la Grande-Bretagne, y compris à Titchwell Marsh avec un nombre considérable de couples reproducteurs[26].

Épave d'un navire au milieu d'une plage de sable.
L'Ă©pave du SS Vina, en 2010.

Le marais de Thornham, qui se trouve à proximité à l'ouest de Titchwell Marsh, est utilisé entre et par le Royal Flying Corps pour tester de nouvelles bombes. Le site abrite également les vestiges d'un ancien hôpital datant de la Première Guerre mondiale et, sur la rive ouest du marais, un bâtiment en béton construit pendant cette guerre fut utilisé comme logement de vacances jusqu'à ce que l'armée britannique revienne sur les lieux en [27].

Pendant la Seconde Guerre mondiale, des défenses militaires sont construites sur le site tandis que le drainage des terres agricoles derrière les rives est interrompu, ce qui provoque l'inondation de l'ancien marais[28]. Des fossés grossiers sont ensuite creusés et des fortifications de campagne sont bâties à la hâte près de Old Lord's Bank[22]. Entre et , le marais est utilisé par le Royal Tank Regiment[27] et divers véhicules militaires blindés manœuvrent sur le site, alors qu'une plate-forme d'entraînement à l'arme lourde est construite. Certaines îles sont aménagées pour recevoir des cibles « pop-up », manœuvrées par des câbles mus par des treuils. Ceux-ci se trouvaient dans un bâtiment dont les fondations subsistent sur l'île Hide. Les restes de la piste en béton triangulaire utilisée jadis par les chars sont également visibles sur le site[27] - [28]. Les activités militaires ont perduré après la guerre malgré le départ de la Royal Air Force pour Thornham entre et . Les simulations de bombardement effectuées sur Titchwell Marsh étaient contrôlées depuis une tour démolie en , dont les ruines, peu importantes, se trouvent au bout de la rive ouest[22] - [27]. Les restes de deux réservoirs pour char Covenanter sont également visibles à marée basse[28].

L'épave d'un navire cargo construit en , le SS Vina, peut être vue à marée basse. En , le navire est ancré au large afin de servir de cible à la Royal Air Force lorsqu'un coup de vent l'échoue à son emplacement actuel. Après la guerre, une partie de l'épave est récupérée comme ferraille[29]. Il est cependant possible de visiter les restes du cargo, bien que cela soit potentiellement dangereux, le bateau ayant été coupé en deux lors du naufrage, et la partie visible étant rapidement submergée par la marée montante[30] - [3]. Un panneau d'avertissement recommande aux visiteurs de regagner immédiatement la rive lors du flot[31].

Après la construction des brise-lames, les marais sont à nouveau drainés et reconvertis en terres agricoles. La digue a cependant cédé après l'inondation causée par la mer du Nord en 1953, transformant toute la région en marais salé envahi par l'aster maritime[32]. La construction d'un nouveau brise-lames tout autour de la réserve a créé une lagune d'eau douce peu profonde, avec une roselière au nord ainsi qu'un marais saumâtre dépourvu de végétation[32].

Statut de protection RSPB et Site d'intérêt scientifique particulier

Entre  et , un couple de busards cendrĂ©s, le plus rare rapace de Grande-Bretagne, niche sur une roselière au cĹ“ur du site[33]. La Royal Society for the Protection of Birds achète la rĂ©serve en 1973 pour 53 000 ÂŁ (l'Ă©quivalent de 578 000 ÂŁ en ). Plus tard, les busards cendrĂ©s ne sont plus revenus sur le site, mais on a pu constater la prĂ©sence de quelques couples de busards des roseaux, ce qui par la suite incite la RSPB Ă  amĂ©liorer l'habitat naturel et installer des infrastructures modernes comme le tout nouveau parking et un centre d'accueil pour les visiteurs. L'avocette, une autre espèce très rare au Royaume-Uni, s'Ă©tablit Ă  Titchwell Marsh Ă  partir de . Le centre d'accueil est agrandi entre  et  après l'accroissement du nombre de visiteurs[34]. En , les dunes Ă  l'extrĂ©mitĂ© est de la plage près de l'ancien observatoire de sternes commencent Ă  s'Ă©roder après la montĂ©e de la marĂ©e ocĂ©anique. C'est d'ailleurs pendant cette pĂ©riode que sont apparus les restes des bassins construits pendant la Seconde Guerre mondiale. L'annĂ©e suivante, une promenade au bout de la plage ouest est amĂ©nagĂ©e afin de protĂ©ger les dunes et une plate-forme d'observation est construite Ă  l'extrĂ©mitĂ© nord de la rĂ©serve. Une parcelle de douze hectares Ă  l'est du site, qui servait autrefois de stand de tir est achetĂ©e par la RSPB en  et une Ă©norme quantitĂ© de fil de fer barbelĂ© qui s'y trouve provoque alors des problèmes logistiques lorsque la zone est convertie en prairie de pâturage humide. Au cours de l'hiver, un vieil observatoire qui se trouve sur le bassin ouest est dĂ©moli et remplacĂ© par un autre plus moderne. Les tempĂŞtes de  ont ravagĂ© la plupart des dunes Ă  l'est de la promenade et Ă©rodĂ© celles de l'ouest tandis que l'abri des oiseaux, qui est maintenant submergĂ© Ă  marĂ©e haute, est dĂ©moli. Vers la fin du XXe siècle, la RSPB effectue une restructuration importante du site, avec un nouvel agrandissement du centre d'accueil en  et la construction d'un cafĂ© en , mais Ă©galement l'amĂ©nagement d'une nouvelle promenade et d'un Ă©tang de libellules[34].

Les 171 hectares de la rĂ©serve ont une importance internationale, notamment en raison de la prĂ©sence des oiseaux nicheurs et migrateurs[32]. Elle est classĂ©e site d'intĂ©rĂŞt scientifique particulier en 1973 et, en 1986, incluse parmi les 7 700 hectares de la North Norfolk Coast SSSI. Le site est Ă©galement protĂ©gĂ© par le rĂ©seau Natura 2000, la zone de protection spĂ©ciale, la convention de Ramsar[35] et fait partie du Norfolk Coast Area of Outstanding Natural (AONB)[36] - [37] - [5]. Titchwell Marsh est la rĂ©serve la plus visitĂ©e du catalogue de la RSPB, avec environ 92 000 visiteurs par an[38].

Accès et installations

Carte montrant le plan général de la réserve.
Plan général du site :
  • Marais salĂ©
  • Roselière
  • Zones boisĂ©es
  • Ilots
  • Bâtiments

La rĂ©serve se trouve Ă  proximitĂ© de la route A149 oĂą passent la plupart des autobus locaux[39]. La voie principale qui mène Ă  la plage est publique, et est la seule partie de la rĂ©serve oĂą les chiens sont autorisĂ©s. Le site est ouvert toute l'annĂ©e et l'accès est gratuit pour les membres de la RSPB sur l'ensemble de la rĂ©serve et le parking. Le cĹ“ur de l'espace protĂ©gĂ© est accessible depuis le centre d'accueil des visiteurs par un sentier long d'environ 950 mètres sur le bassin ouest.

Au sud de la forĂŞt, tout autour du centre d'accueil, deux petits sentiers sont reliĂ©s par la voie principale : la piste de 200 mètres qui mène Ă  la roselière et la promenade de 100 mètres qui passe près du marais humide et l'Ă©tang aux libellules. Le sentier principal continue vers le nord après la roselière jusqu'Ă  la lagune d'eau douce et l'observatoire Islands Hide, puis rejoint une rive qui traverse la rĂ©serve. Les nouveaux observatoires Parrinder sont construits le long de cette rive. Le sentier continue en passant devant un barachois, puis sur une autre rive jusqu'au marais salĂ©, se terminant par une ancienne plate-forme d'observation en bois surplombant les dunes, près de la plage[40]. La rĂ©serve est ouverte au public tous les jours sauf Ă  NoĂ«l et durant le Boxing Day[41] - [42]. La majeure partie du site ainsi que les installations qui s'y trouvent sont accessibles en fauteuil roulant mais la dernière partie du sentier qui mène vers la plage est rude et n'est accessible que par une rive abrupte[43].

Faune et flore

Oiseaux

La majoritĂ© des oiseaux qui se reproduisent dans la rĂ©serve niche dans les roselières, comme le busard des roseaux, le butor Ă©toilĂ© et l'avocette, l'oiseau emblème de la RSPB[44]. Les butors avaient cependant cessĂ© de se reproduire dans la rĂ©serve en  Ă  cause de la dĂ©gradation de l'Ă©cosystème et du manque important de proies[45], comme l'anguille d'Europe qui devenait de plus en plus rare dans les marais du site[46]. Ce problème a Ă©tĂ© rĂ©solu en amĂ©liorant la gestion de l'eau autour des roseaux et en introduisant des rotengles dans la lagune, après quoi les butors ont recommencĂ© Ă  se reproduire Ă  partir de [45]. En , la rĂ©serve de Titchwell Marsh compte 80 nids d'avocettes, deux couples de butors eurasiens et quatre couples de busards des roseaux qui ont rĂ©ussi Ă  mettre Ă  l'envol sept petits oisillons[47].

On compte Ă©galement d'autres espèces d'oiseaux nicheurs comme le pluvier grand-gravelot ou l'huĂ®trier pie qui peut ĂŞtre observĂ© dans les dunes de sable, ou les râles d'eau qui nichent dans la roselière[48]. Le phragmite des joncs, la rousserolle effarvatte et la bouscarle de Cetti nichent quant Ă  eux dans les zones humides du site, qui abrite par ailleurs une importante colonie d'aigrettes garzettes. Au dĂ©but de l'Ă©tĂ©, des espèces migratrices plus rares comme la mouette pygmĂ©e, la guifette noire, la spatule blanche ou la sarcelle d'Ă©tĂ© quittent la rĂ©serve afin de se reproduire dans un environnement plus propice[49].

En automne, d'autres espèces arrivent du nord, comme la barge Ă  queue noire, le bĂ©casseau cocorli et le bĂ©casseau minute qui passent Ă  Titchwell Marsh pour se ravitailler tandis que d'autres s'y Ă©tablissent pour passer l'hiver[50] - [51]. C'est aussi la bonne pĂ©riode pour admirer les panures Ă  moustaches[52]. Le grand Labbe, le labbe parasite, le fou de Bassan et la mouette tridactyle s'aventurent parfois au large afin de profiter des vents favorables[49].

Une importante variĂ©tĂ© de canards hiverne Ă©galement Ă  Titchwell, notamment les canards siffleurs, les sarcelles d'hiver, les canards colverts, les canards chipeaux, les garrots Ă  Ĺ“il d'or et les canards pilets[50]. Au large, les macreuses noires et quelques eiders Ă  duvet se mĂ©langent avec les hareldes kakawis, les macreuses brunes[52] ou les plongeons catmarins. Les bernaches cravants qui nichent dans la rĂ©serve se nourrissent de laitue de mer et d'autres algues vertes[53] et une centaine de pluviers dorĂ©s se perchent tout autour du site pendant la marĂ©e haute[49]. Le soir, une importante colonie d'oies Ă  bec court rĂ´de autour du site pour y passer la nuit tandis que les chouettes effraies et quelques busards des marais s'Ă©tablissent au bord du marais. C'est aussi la saison des nuĂ©es chez les sizerins flammĂ©s[52] et les bruants des neiges rĂ´dent Ă  cette pĂ©riode Ă  proximitĂ© de la plage[49].

L'emplacement de la rĂ©serve justifie la prĂ©sence d'oiseaux migrateurs[54], parfois en grand nombre lorsque les conditions mĂ©tĂ©orologiques sont optimales[55] - [56]. Mais le changement climatique a favorisĂ© l'apparition d'espèces erratiques[57]. Une Ă©chasse blanche, surnommĂ©e « Sammy », s'Ă©tablit sur la rĂ©serve en  jusqu'Ă  sa disparition en [58]. Des espèces rares comme le bĂ©casseau de Baird, le bĂ©casseau falcinelle, le rossignol prognĂ© et le sizerin blanchâtre s'installent Ă  Titchwell Marsh en [59]. Un bĂ©casseau Ă  Ă©chasses arrive en 2005[58] puis une glarĂ©ole Ă  ailes noires et enfin une bergeronnette printanière en 2009[60] - [61].

Autres animaux et plantes

Le campagnol terrestre (Arvicola amphibius) est une espèce de rongeur très menacĂ©e au Royaume-Uni, notamment Ă  cause de l'introduction du vison d'AmĂ©rique qui est son unique prĂ©dateur. Cependant, il est encore prĂ©sent dans la rĂ©serve, qui compte parmi les nombreux sites de l'Est-Anglie possĂ©dant un statut d'importance nationale[62]. En outre, des phoques communs et quelques phoques gris se prĂ©lassent aux alentours de la plage[52]. Le site abrite aussi d'autres vertĂ©brĂ©s comme l'anguille d'Europe, le crapaud commun ou l'Ă©pinoche Gasterosteus aculeatus[32].

Image montrant un campagnol au bord d'un marais.
Le campagnol terrestre, une espèce de rongeur menacée d'extinction.

En Ă©tĂ©, l'Ă©tang des libellules peut contenir jusqu'Ă  dix espèces diffĂ©rentes d'odonates[50]. Une espèce très rare de papillon de nuit, la Senta flammea, est prĂ©sente dans la rĂ©serve de Titchwell Marsh depuis [63], mais aussi des espèces migratrices de lĂ©pidoptères comme la belle-dame[52], la teigne des crucifères (Plutella xylostella)[64] et surtout le gamma (Autographa gamma) qui peut se reproduire en très grand nombre. On en a en effet recensĂ© plus de 90 000 spĂ©cimens en . Ils se nourrissent essentiellement de statice de l'ouest[65].

Les alentours du marais salĂ© contiennent des salicornes et des spartines anglaises, surtout dans les zones les plus exposĂ©es. Une importante variĂ©tĂ© d'autres plantes y pousse Ă©galement tout au long de l'annĂ©e et selon les conditions climatiques : d'abord les asters maritimes, puis la lavande de mer mais aussi l'Obione faux-pourpier qui envahit les ruisseaux du site. Les plantains maritimes et autres plantes des marais s'Ă©panouissent Ă©galement dans la rĂ©serve et les zones les plus sèches contiennent des herbes marines comme le chiendent piquant et la glycĂ©rie maritime. Les roselières sont dominĂ©es par le roseau commun, le jonc de GĂ©rard, le renoncule peltĂ©e, le scirpe maritime et la massette Ă  larges feuilles qui, quant Ă  elle, affectionne les milieux humides[36].

Tourisme

Image montrant des hommes en train de photographier.
Les visiteurs ornithologues aident Ă  soutenir l'Ă©conomie locale.

Les visiteurs de Titchwell peuvent explorer une diversité d'habitats fauniques bien riche. Un jardin faunique récemment créé[66] sert de réplique miniature à la réserve, avec notamment des directives simples qui peuvent être copiées par les visiteurs afin de créer des « mini » habitats fauniques chez eux. Il est également possible d'effectuer des promenades guidées à travers les sentiers naturels, et les activités disponibles sur le site vont de la baignade dans l'étang à l'observation des étoiles et, avec les offres spéciales nuit et exploration, les visiteurs ont la possibilité de passer la nuit dans la réserve pour découvrir les espèces nocturnes abritées par le site[67]. La réserve possède par ailleurs un café et une boutique de souvenirs[68].

En tant que rĂ©serve la plus frĂ©quentĂ©e de la RSPB, Titchwell Marsh apporte un impact Ă©conomique important sur sa localitĂ© par l'arrivĂ©e massive d'ornithologues ou de simples visiteurs lors de la pĂ©riode de migration des oiseaux[69]. Une enquĂŞte de a indiquĂ© qu'environ 137 700 visiteurs ont dĂ©pensĂ© 1 800 000 ÂŁ en [70]. Le petit village de Titchwell possède deux hĂ´tels trois Ă©toiles[71] et une boutique de tĂ©lescopes et jumelles, bien qu'il n'y ait pas de centre commercial ni de pub[72].

Un sondage effectuĂ© en Ă  Titchwell Marsh ainsi que dans cinq autres sites cĂ´tiers de North Norfolk a dĂ©montrĂ© que 39 % des visiteurs se sont consacrĂ©s Ă  l'observation ornithologique[73]. Les 7,7 millions de visiteurs et les 5,5 millions de personnes qui ont passĂ© la nuit dans la rĂ©gion en auraient dĂ©pensĂ©, selon les estimations, 122 millions de livres sterling et permis d'entretenir l'Ă©quivalent de 2 325 emplois Ă  temps plein[74].

Menaces sur l'écosystème

Photo d'un observatoire d'oiseaux.
Le nouvel observatoire construit en .

Les roches friables de la cĂ´te nord du Norfolk sont rongĂ©es par la mer depuis des siècles[75], ce qui a provoquĂ© l'Ă©rosion de la plage et des dunes de sable qui protègent la lisière nord de la rĂ©serve ; le changement climatique augmente considĂ©rablement le risque de trouble majeur sur l'Ă©cosystème des zones d'eau douce. La perspective d'une mĂ©tĂ©orologie de plus en plus orageuse pourrait en outre endommager la dune et exposer la terre molle des berges aux vagues : la marĂ©e ocĂ©anique pourrait Ă©roder peu Ă  peu ces berges en dĂ©pit de la mise en place de brise-lames, comme c'Ă©tait le cas lors des inondations de . Quoi qu'il en soit, la valeur de conservation naturelle de la rĂ©serve pourrait ĂŞtre affectĂ©e, surtout après la rĂ©gression de la population de butors[76]. La berge extĂ©rieure est ensuite rĂ©amĂ©nagĂ©e[77]. Entre  et , les berges est et ouest de la rĂ©serve sont renforcĂ©es et la digue qui se trouve au nord du marais est reconstruite sur la ligne de l'ancien bassin Parrinder[78]. L'ancien observatoire Parrinder est remplacĂ© par deux autres observatoires plus modernes, mais conserve quand mĂŞme son nom d'origine. Conçus par Haysom Ward Miller, ces observatoires sont rĂ©compensĂ©s par la Royal Institute of British Architects pour la beautĂ© de leur style architectural[79]. L'ancien marais saumâtre au nord du nouveau mur est aussi rĂ©amĂ©nagĂ© en crĂ©ant une brèche sur la rive est. Cela permet l'inondation par les marĂ©es et l'Ă©tablissement Ă©ventuel de marais salĂ©s sur ce qui est dĂ©sormais appelĂ© le marais Volontaire. Le nouveau marais salĂ© protĂ©gera le mur de Parrinder rĂ©cemment reconstruit, ce qui ralentira l'Ă©rosion[78]. NĂ©anmoins, on estime que d'ici , la plage pourrait s'approcher davantage des alentours du marais[80]. D'autres amĂ©liorations sont apportĂ©es aux roselières et aux Ă®les de la lagune d'eau douce et un nouveau canal est creusĂ©[4]. De nouvelles roselières sont par ailleurs crĂ©Ă©es Ă  l'est de Fen Hide, accessibles par des sentiers ouverts en [78]. La première partie du sentier est ouverte toute l'annĂ©e mais le « sentier d'automne », qui traverse la forĂŞt jusqu'au coin sud-est de la rĂ©serve, n'est accessible que d'aoĂ»t Ă  octobre[40].

Gestion et règlementation

Le site est géré par la Royal Society for the Protection of Birds depuis , qui possède également l'intégralité du terrain de la réserve. Cet organisme possède plus de 200 réserves réparties dans toute la Grande-Bretagne[81].

En ce qui concerne les règlements en vigueur pour les visiteurs, il est interdit d'y promener les chiens, sauf sur la voie principale publique qui mène vers la plage[82]. Il faut également respecter une certaine distance vis-à-vis des oiseaux pendant leur observation. L'accès au site et le parking sont gratuits pour les membres et payants pour les simples visiteurs. La réserve naturelle de Titchwell Marsh est ouverte toute l'année sauf à Noël et durant le Boxing Day[83].

Galerie

  • image montrant une roselière
    Vue de la roselière.
  • intĂ©rieur d'une maison. Les murs et le plafond sont ornĂ©s de peintures reprĂ©sentant des oiseaux
    Intérieur de l'observatoire de sternes.
  • Un sentier entourĂ© de hautes herbes
    Sentier Ă  l'est du site.
  • très grande plage de sable.
    La plage principale.
  • Des hommes marchant le long d'un sentier au bord d'un marais
    Sentier menant vers la plage.
  • Quelques arbres morts mais encore debout.
    Arbres morts tout le long du « sentier d'automne ».
  • IntĂ©rieur d'une boutique
    Intérieur de la boutique de souvenirs.
  • ruines d'un bâtiment.
    Les restes d'un bunker datant de la Seconde Guerre mondiale.
  • Photo d'un observatoire d'oiseaux.
    Observatoire de sternes.
  • Trois personnes se tenant devant un observatoire d'oiseaux, l'une d'elles tient dans sa main un appareil photo
    L'observatoire près du sentier est.
  • photo d'extĂ©rieur, montrant des personnes assises autour d'une table.
    Café des visiteurs.
  • Un homme vĂŞtu d'un tee-shirt rouge promenant un chien sur un sentier.
    Le sentier menant vers la plage, seul endroit autorisé aux chiens.

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Annexes

Bibliographie

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