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RĂ©assurance

La réassurance est l’assurance des sociétés d’assurances. Parfois appelée assurance secondaire, celle-ci ne peut pas exister sans l'étape préliminaire du transfert de risque que représente l'assurance primaire. La réassurance fait partie du secteur de l’assurance et de la finance en général.

Histoire de la réassurance

La réassurance apparaît peu après le renouveau de l'assurance au Moyen Âge. En juillet 1370, deux assureurs vénitiens assuraient alors la marchandise d’un bateau effectuant la liaison entre le port de Gênes et la ville de L'Écluse, aux Pays-Bas. Ils décidèrent de céder le risque à un troisième assureur sur la partie la plus risquée du voyage, à partir du détroit de Gibraltar lors de l'escale à Cadix en Espagne, et ce, jusqu'au passage du golfe de Gascogne. Le siècle suivant, un contrat de réassurance pour un transport de laine entre Southampton et Porto Pisano est également retrouvé. Le document porte la mention de rasichurare qui semble être le nom le plus ancien pour ce type de contrat[1]. La réassurance s’est développée autour du commerce maritime méditerranéen. On a retrouvé depuis des contrats de réassurance en Italie, en France et au Royaume-Uni. Mais ceux-ci restent limités à quelques cessions spécifiques et sont surtout présents dans le commerce maritime.

En dépit d'une première expérience française initiée par Colbert en 1668 avec la Chambre d'assurance et grosses aventures de France qui concerne le transport maritime, c'est à Londres, au Royaume-Uni, que la première organisation moderne d'assurance a vu le jour sous la forme du Hand-in-Hand Fire Office, créé en 1696, que l'on peut voir comme une conséquence du grand incendie de Londres de 1666. À Londres toujours, la première société d'assurance incendie se crée en 1710 sous le nom de « Sun Fire ». Rapidement, des sociétés d'assurance vont apparaître et se développer dans tous les pays occidentaux, surtout au Royaume-Uni, en Allemagne et en France.

La réassurance moderne et à grande échelle est apparue en Allemagne vers la fin du XIXe siècle, à la suite de la révolution industrielle de ce pays. Les sociétés d’assurance allemandes avaient de plus en plus de mal à couvrir les usines et autres complexes industriels immenses, surtout en cas d’incendie. Elles ont donc fait appel à des contrats de réassurance, et les techniques de réassurance se raffinèrent au fil du temps. Dès 1846, la Kölnische Rück fut créée en Allemagne pour répondre aux besoins de capacité du secteur industriel allemand en fort développement.

Dès lors, de nombreuses sociétés spécialisées uniquement dans la réassurance émergèrent et la réassurance se mit à couvrir à peu près toutes les branches sur tous les marchés d’assurance mondiaux. Cependant l'offre et la demande de réassurance restent beaucoup plus fortement implantés dans les pays développés, l’offre de réassurance provenant essentiellement de quelques pays occidentaux (Allemagne historiquement, Suisse, Royaume-Uni, États-Unis, France).

En août 1992, l'ouragan Andrew toucha très fortement la Floride. Il en résulta un besoin impérieux de capacité de protection de réassurance contre les phénomènes naturels aux États-Unis. Ainsi, plusieurs réassureurs nouveaux sont apparus aux Bermudes, le marché bermudien ayant été dès les années 1970 un marché de captives d'assurance principalement à vocation industrielle et à but fiscal et une source de réassurance pour pallier la crise de la responsabilité civile aux États-Unis dans les années 1980. Dès 1993, ce marché a servi à pourvoir les cédantes américaines en capacités de réassurance dommages catastrophes (property cat), puis dès mi-1990, ces réassureurs ont recherché un meilleur équilibre de leurs expositions mondiales (aggregates) en se développant principalement au Japon puis Asie, et enfin en Europe. Aujourd'hui ces sociétés sont à majorité multibranches et beaucoup d'entre elles disposent de bureaux ou filiales en Europe ou en Asie, elles sont toutes parmi les tops 10 des classements quant au chiffre d'affaires et à la capitalisation (XL Group, Partner Re, Axis, Renaissance Re, etc.). Le financier français Amedeo Natoli est considéré comme l'un des pères de l'assurance moderne en Europe[1].

Principes de la réassurance

Le principe de la réassurance est aussi simple que celui de l'assurance. Le code de commerce allemand dispose à ses articles consacrés à la réassurance que « le réassureur est l'assureur de l'assureur ». Il s'agit pour la société d'assurance (la cédante) de céder à une société spécialisée (le réassureur) un risque aléatoire (les conséquences d'un sinistre incendie, de la mort, d'un séisme, d'un naufrage) contre le règlement d'une prime de réassurance correspondant au risque transféré et au mode de transfert prévu dans le contrat de réassurance (le traité). La société d’assurance est alors appelée la cédante (ou assureur primaire) et elle effectue une cession auprès d'un ou de plusieurs réassureurs (l’assureur secondaire) par un contrat de réassurance (ou programme). Un contrat de réassurance existe sous de nombreuses formes et peut couvrir une période donnée ou non, bien que la plupart des contrats de réassurance aient une période de validité d’un an.

Voici un exemple très simplifié qui décrit ce principe :

Les particuliers M. X et Mme Z veulent assurer leurs biens immobiliers auprès de l’assureur A qui accepte de les couvrir. M. X a signĂ© une police pour une garantie de 1 000 000 € en Ă©change d’une prime qu’il devra verser de 400 €. Mme Z a quant Ă  elle souscrit une police qui garantit 2 000 000 € contre une prime de 800 €. L’assureur A reçoit donc une prime totale pour son portefeuille dommages aux biens de 400 + 800 = 1 200 €. En revanche, le montant total de sa garantie mise en jeu est de 1 000 000 € + 2 000 000 € = 3 000 000 €. Ce montant de garantie peut se manifester si par exemple les biens de M. X et Mme Z sont sinistrĂ©s par une mĂŞme tempĂŞte ou le mĂŞme incendie. L’assureur A n’ayant que 2 500 000 € de fonds propres, il dĂ©cide de se faire rĂ©assurer auprès du rĂ©assureur R pour Ă©viter toute faillite. A et R se mettent d’accord pour un contrat de rĂ©assurance portant sur une garantie de 500 000 € qui interviendrait sur un sinistre ou une catastrophe dĂ©passant 2 500 000 €. Pour cette couverture, le rĂ©assureur R va demander 1 % de la prime du portefeuille dommages aux biens de l’assureur A, soit 1 % * 1 200 € = 12 €.

Dans la réalité, les portefeuilles cédés aux réassureurs peuvent porter sur des centaines de milliers, voire des millions de particuliers, et les garanties peuvent s’élever à des centaines de millions, voire des milliards d’euros.

Le contrat de réassurance ne lie juridiquement que la cédante à son réassureur. Ainsi, la cédante devra rembourser son assuré sinistré même si le réassureur refuse de payer la cédante (par exemple à cause d'une interprétation différente des clauses du contrat de réassurance) ou s’il ne peut pas le régler (par exemple en cas d'insolvabilité) il est donc juridiquement ducroire des engagements qu'il a contracté auprès de ses assurés. Le particulier ou l’entreprise assurés ne sont en principe pas au courant de l’existence d’un contrat de réassurance et ils n’ont aucun contact avec le(s) réassureur(s). Ceci explique la méconnaissance du public en général du mécanisme de la réassurance, sauf lorsque les médias évoquent la réassurance lors de grandes catastrophes comme les attentats du World Trade Center. La jurisprudence aux États-Unis en matière de réassurance fait exception à cette réalité en ce que des juges ont déjà condamné directement les réassureurs d'une cédante insolvable (cut-through) : même si ces cas restent marginaux, ils font partie de la chose jugée aux États-Unis et tout réassureur doit savoir qu'il s'expose à ce genre de jurisprudence en acceptant des affaires américaines.

Jadis limitée à quelques affaires spécifiques, la réassurance est devenue aujourd’hui un acteur important du secteur de l’assurance où elle joue une influence croissante. Cette montée du rôle des réassureurs est due à plusieurs facteurs :

  • la rĂ©assurance permet aux cĂ©dantes de faire face aux pics de sinistralitĂ© exceptionnels du type tempĂŞte Lothar de 1999 ou attentats du World Trade Center. Ainsi la rĂ©assurance aide Ă  empĂŞcher la faillite d’un assureur qui n’a pas les fonds disponibles en cas de très grande catastrophe ;
  • en se rĂ©assurant, la cĂ©dante dispose d’une plus grande capacitĂ© et sĂ»retĂ© financière et peut donc souscrire plus d’affaires qu’elle ne l’aurait pu si elle n’avait pas de rĂ©assureurs et ne disposait que de ses fonds propres ;
  • la rĂ©assurance permet de lisser les bilans et rĂ©sultats financiers des cĂ©dantes d’une annĂ©e sur l’autre en intervenant les annĂ©es oĂą il existe de nombreux sinistres chez la cĂ©dante. Ainsi la cĂ©dante a une plus grande stabilitĂ© financière sur moyen et long terme ;
  • enfin, la pression des autoritĂ©s rĂ©glementaires, des agences de rating ou mĂŞme des actionnaires pousse les sociĂ©tĂ©s d’assurance Ă  se rĂ©assurer dans certaines branches.

Les réassureurs couvrent en général des risques avec des garanties très importantes. Ils éprouvent donc le besoin d'atomiser leurs risques encore plus que les assureurs. Les réassureurs possèdent souvent un portefeuille très international, éclaté sur de nombreux pays, et très varié dans de nombreuses branches (vie, non vie, aviation, dommages aux biens, crédit et caution, etc.). De même, un réassureur fera plus attention au contrôle de son cumul (par exemple toutes ses couvertures de risques dommages sur la côte ouest des États-Unis). On utilise souvent l'expression équivalente en anglais d'aggregates pour parler de ces cumuls.

Sur un même programme (ou bien contrat) de réassurance, il existe une seule cédante (plus éventuellement ses filiales) et en général plusieurs réassureurs (souvent de l'ordre de quatre à dix mais parfois jusqu'à plus de trente). Le réassureur qui a la plus grande part de la cession totale est dans la majorité des cas le réassureur apériteur (leader). Celui-ci peut jouir de certains privilèges par rapport aux autres, et en général c'est uniquement avec lui que la cédante discutera d'une éventuelle modification du contrat ou bien négociera dans le but d'inclure des affaires spéciales. Les autres réassureurs doivent suivre la décision de ces discussions.

La limite du système est celle du risque majeur étendu à une grande échelle qui engendrerait des coûts insupportables pour tout le système d'assurance. Les sinistres que craignent les réassureurs sont des événements de type catastrophe naturelle majeure à grande échelle (crue de la Seine à Paris par exemple), pandémie grippale grave ou actes terroristes graves, susceptibles d'engendrer de longues pertes d’exploitation par rupture de la continuité économique qui pourrait nécessiter des milliards d’euros d’indemnisation. Diverses clauses dans la plupart des contrats protègent les assureurs contre une partie de ces risques. Certains États ont eux-mêmes également pris des dispositions législatives pour ne pas couvrir des risques de type accident nucléaire majeur.

Fonctionnement de la réassurance

On distingue plusieurs branches et sous-branches dans la réassurance (vie, non vie, dommages aux biens, responsabilité civile, etc.) qui se déclinent en trois grands types ou modes de réassurance (obligatoire, facultatives et facultative-obligatoire) qui peuvent eux-mêmes se conjuguer sous quatre grandes formes de contrats de réassurance (excédent de sinistre, excédent de pleins, excédent de perte, quote-part).

La plupart des contrats ont une durée d'un an avec pour date d'effet le , sur le marché européen, sur le marché américain, et , pour le marché japonais. Chaque année les contrats de réassurance sont renouvelés durant la période de renouvellement (renewal) qui marque traditionnellement le pic d'activité chez les réassureurs, les courtiers de réassurance et le département cession des cédantes.

Durant le renouvellement la cédante et/ou son courtier font généralement un appel d'offres de réassurance avec un type de contrat et des conditions préchoisies (parfois en accord avec le réassureur apériteur) décrites sur une note de couverture (slip). Les réassureurs proposent alors soit uniquement soit successivement, le prix (un taux sur l'assiette de prime du portefeuille) et la part qu'ils souhaitent pour participer à ce contrat ou programme de réassurance (parfois le taux de cession/rétention). La cédante choisira ensuite un taux de prime puis allouera les parts à chaque réassureur en leur envoyant une note de couverture définitive. Plus tard elle leur enverra le document contractuel (wording) qui définit plus en détail les règles et conditions du contrat de réassurance, que chaque partie signera.

Branches et sous-branches de la réassurance

Les différents types de réassurance suivent dans les grandes lignes ceux des assurances. Il s’exerce donc une première différence entre :

  • la rĂ©assurance vie (life en anglais) ;
  • et la rĂ©assurance non vie, dite aussi de dommage (non life).

La réassurance non vie se divise ensuite entre :

  • la rĂ©assurance de personnes (health) ;
  • la rĂ©assurance de responsabilitĂ© civile (casualty) ;
  • et la rĂ©assurance de biens (property).

La réassurance financière (financial ou bien finite) peut être considérée comme un type de réassurance à part (voir la section suivante).

Il existe aussi la réassurance dite en programme business qui couvre des risques liés aux grandes entreprises et qui existe surtout aux États-Unis.

Types ou modes de réassurance

Les trois modes de réassurance sont, par ordre de volume de primes, la réassurance obligatoire réalisée par traités (treaties) qui couvre tout le portefeuille d'une cédante dans une sous-branche, comme le portefeuille automobile ou incendie par exemple. Ensuite vient la réassurance facultative réalisée par des facultatives (facultatives en anglais) qui couvre un ou plusieurs risques ou polices spécifiques de la cédante et qui sont explicitement décrits. Enfin beaucoup plus rare, la réassurance facultative-obligatoire qui réalise un mélange des deux modes précédents. Par définition, la réassurance en traité couvre des sommes beaucoup plus importantes et le réassureur doit accepter de couvrir tous les risques de la sous-branche de la cédante, alors que la réassurance en facultative ne couvre qu'un ou quelques risques choisis par les deux parties. Elle réclame donc une expertise plus importante et se rapproche de la souscription en assurance. Dans la réassurance facultative-obligatoire, la cédante choisit quels sont ses risques qui seront cédés au réassureur qui doit accepter de couvrir tous ces risques.

Formes de réassurance

Les différents types d'ententes en Réassurance

RĂ©assurance proportionnelle

La réassurance proportionnelle consiste en une participation proportionnelle du réassureur aux gains (primes) et pertes (sinistres) de la cédante. Et dans le cadre de la réassurance proportionnelle, le réassureur en contrepartie d'une portion ou partie prédéterminée de la prime d'assurance facturée par la cédante, indemnise cette dernière contre une portion déterminée des sinistres couverts par la cédante au titre des polices concernées et des LAE (Loss Adjustment expenses).

Quote-part ou QP (quota share)

Le rĂ©assureur partage un pourcentage Ă©quivalent des primes et des sinistres du portefeuille de la cĂ©dante. Ainsi dans ce type de contrats, le sort de la cĂ©dante et du rĂ©assureur sont très liĂ©s. Dans l’exemple d'en haut, pour une cession de 50 %, le rĂ©assureur R en cas de sinistre total (3 000 000 €) aurait dĂ» payer 1 500 000 € Ă  la cĂ©dante A qui lui aurait auparavant versĂ© 50 % de la prime, soit 600 €.

Ainsi le traité en Quote-part est la forme la plus simple de cession de réassurance « Obligatoire » qui consiste à partager proportionnellement les primes et les sinistres d'une branche ou une catégorie selon un pourcentage fixé d'avance.

Dans ce genre de traité, il n'y a pas d'homogénéité dans la réassurance de ces risques c'est-à-dire que tous les risques acceptés par la cédante font l'objet d'un partage proportionnel entre la cédante et le réassureur. Donc il n' y a aucune distinction entre un risque de faible capital ou de somme assurée et un autre plus important, mais ils sont tous limités à un seul « plein de souscription ».

Pour corriger cette faiblesse qui consiste à céder tous les risques dont la cédante a la capacité de conserver pour son propre compte et sans faire appel à la réassurance, nous pouvons choisir une autre forme de réassurance, le traité en « excédent de plein ».


Réassurance en Quote Part sur un portefeuille cumulé de sinistres
RĂ©assurance en Quote Part sur un portefeuille de sinistres

Nous considérons dans la suite l'exemple d'un portefeuille réassuré pour mettre en évidence les différences entre les types de réassurance[2].

Notre assureur rĂ©assure auprès de son rĂ©assureur 30 polices d'assurance. Le total des primes est de 10M (le total des primes des polices sinistrĂ©e est de 1,85 M€). La capacitĂ© totale est de 6M en moyenne, soit 180M. Voici les polices sinistrĂ©es :

Numéro de sinistre

1 2 3 4 5 6 7 8

Prime (k)

500 200 100 100 50 200 500 200

Capacité (M)

8 5 3 2 3 5 8 8

Sinistres (M)

1 1 1 2 3 3 5 8
Nous constatons des résultats très dégradés avec un S/P de 240 % sur le portefeuille. Nous réalisons sur ce portefeuille une cession en Quote-part de 25 % du portefeuille.

Numéro de sinistre

1 2 3 4 5 6 7 8

Sinistres (M€)

1 1 1 2 3 3 5 8

Cédante (M€)

0,75 0,75 0,75 1,50 2,25 2,25 3,75 6,00

Réassurance (M€)

0,25 0,25 0,25 0,50 0,75 0,75 1,25 2,00

Prime portefeuille conservé

7,5 M
Sinistre conservé 18
S/P conservé 240 %

Excédent de pleins ou XP (surplus share)

Pour un quote-part, un ratio de partage est défini pour toutes les polices. Afin de garder les petits risques, il convient d'utiliser un autre type de réassurance: l'excédent de plein. C'est aussi un traité proportionnel, car les primes et les sinistres sont partagés selon un ratio défini à l'avance. On définit d'abord le plein de rétention: le réassureur va intervenir uniquement sur les polices dépassant un certain montant de garantie, appelée plein de rétention ou ligne (line). Ensuite, on peut définir le ratio du réassureur: (garantie - plein de rétention)/garantie. Ce ratio permet de partager les primes et les sinistres.

En suivant l'exemple d'en haut, un contrat en excĂ©dent de pleins pourrait ĂŞtre comme tel : R intervient Ă  partir d'une ligne de 2 000 000 € jusqu'Ă  deux lignes, soit 4 000 000 €. Ainsi R ne touchera comme prime que les polices avec un montant de garantie Ă©gal ou supĂ©rieur Ă  2 000 000 €, c'est-Ă -dire uniquement celle de Mme Z, 800 €. En cas de catastrophe oĂą les polices de M. X et Mme Z sont totalement sinistrĂ©es, R payera uniquement pour la garantie de Mme Z soit 2 000 000 € alors que A, en principe, ne devrait dĂ©bourser de l'argent que pour M. X soit 1 000 000 €.

Autre définition, le plein ou « Ligne » est le montant en capital conservé par la cédante pour son propre compte sur chaque affaire. Il varie selon sa capacité de souscription dans une catégorie déterminée, ce plein est fixé par un conseil d'administration.

Par conséquent, il est nécessaire de faire un partage de tous les risques qui dépassent son plein de conservation, risque par risque et d'établir des bordereaux de répartition des capitaux, des primes et des sinistres. Exemple:

Une sociĂ©tĂ© « X » assure une usine pour un capital de 25 000,000 dollars elle conserve sur cette affaire un plein de 2 000 000 dollars et cède en rĂ©assurance neuf pleins de 2 000 000 dollars, ce qui est Ă©gal Ă  18 000 000 dollars le sous total Ă©tant de 20 000 000 dollars.

-→ Le montant restant est de 5 000 000 est placĂ© en cession facultative. -→ Le traitĂ© en ExcĂ©dent de Plein a une gestion lourde, parce qu'il prĂ©voit la confection Ă  chaque pĂ©riode de compte et de souscription des bordereaux de primes et de sinistres, risque par risque.


Réassurance en excédent de plein sur un portefeuille cumulé de sinistres
Résultat d'une réassurance en excédent de plein sur un portefeuille de sinistres

Exemple d'une cession en excédent de plein réalisée sur le même exemple de portefeuille que précédemment, le plein étant fixé à M€.

Num de sinistre

1 2 3 4 5 6 7 8

Sinistres (M€)

1 1 1 2 3 3 5 8

Capacité (M€)

8 5 3 2 3 5 8 8

Capacité cédante

60 M€

Prime cédante

M€

Part cédée (%)

75 60 33

0

33 60

75

75

Cédante (M€)

0,25 0,4 0,67

2,00

2,00 1,20

1,25

2,00

Réassurance (M€)

0,75 0,60 0,33 0,00 1,00 1,80 3,75 6,00

Sinistre conservé

9,77

Sinistre cédé

14,23

S/P conservée

325 %

RĂ©assurance non proportionnelle

Dans le système de la réassurance non proportionnelle, le réassureur n’intervient qu’à un certain seuil de sinistre ou de perte de la cédante. Le réassureur touchera pour cela un pourcentage de la prime. Le sort de la cédante et du réassureur sont beaucoup moins liés, ainsi au cours d'une année d'exercice, A pourra être en perte, mais pas forcément R, ce qui aurait dû être le cas dans le cadre d'un contrat en quote-part.

Excédent de sinistre ou XS (excess of loss ou XL)

C’est le cas de l’exemple prĂ©sentĂ© au dĂ©but. Il existe un seuil d’intervention sur un sinistre, appelĂ©e la prioritĂ©, et une limite d’intervention du rĂ©assureur, appelĂ©e la garantie. L'Ă©criture d'un XS est simplifiĂ©e en Ă©crivant « la garantie XS la prioritĂ© ». Pour l'exemple on Ă©crira donc : « 500 000 € XS 2 500 000 € ».

Le traité Excess of Loss working protège une catégorie du portefeuille de la cédante à la survenance de tout sinistre dépassant sa priorité dans une période déterminée qui peut être une année ferme, appelée année de survenance. La limite à régler par sinistre est fixée d'avance : portée de l'excédent de sinistres (Portée de l'Excess).

Et on trouve aussi, un traité en XL sur Conservation par risques et par événement à la survenance d'un cas affectant un ou plusieurs risques assurés par la cédante.


Réassurance en excédent de sinistre sur un portefeuille cumulé de sinistres
Réassurance en excédent de sinistre sur un portefeuille de sinistres

Exemple d'une cession en excédent de sinistre réalisée sur le même exemple de portefeuille que précédemment, l'assureur fixe la priorité à M€ et la porte à M€.

Num de sinistre 1 2 3 4 5 6 7 8
Sinistres (M€) 1 1 1 2 3 3 5 8
Cédante (M€) 1 1 1 2 2 2 2 4
Réassurance (M€) 0 0 0 0 1 1 3 4


Réassurance en Excédent par Événement sur un portefeuille cumulé de sinistres, tous les sinistres représentés faisant référence au même événement
Réassurance en Excédent par Événement sur un portefeuille cumulé de sinistres, tous les sinistres représentés faisant référence au même événement

Excess par Ă©vĂ©nement : ConsidĂ©rons que l'assureur fixe la prioritĂ© Ă  M€ et la portĂ©e Ă  12 M€, soit un plafond de 18 M€. Dans notre exemple supposons que les 8 sinistres font rĂ©fĂ©rence Ă  un seul Ă©vĂ©nement.


Num de sinistre 1 2 3 4 5 6 7 8

Sinistres (M€)

1 1 1 2 3 3 5 8
Sinistres en Cumulé 1 2 3 5 8 11 16 24
Cédante en Cumulé 1 2 3 5 6 6 6 12
Réassurance en Cumulé 0 0 0 0 2 5 10 12

L'assureur fixe toujours la priorité à 6M et la portée à 12M, soit un plafond de 18M. Mais maintenant nous supposons que les 8 sinistres font référence à deux événements (cette situation n'est pas représentée graphiquement).

Num de sinistre

1 2 3 4 5 6 7 8

Num d'événement

1 2 1 2 1 2 1 2

Sinistres (M)

1 1 1 2 3 3 5 8

Sinistres en Cumulé

1 2 3 5 8 11 16 24

Cédante en Cumulé

1 2 3 5 6 6 6 12

Réassurance en Cumulé

0 0 0 0 2 5 10 12

Excédent de perte (stop-loss ou SL)

Le réassureur intervient lorsque l’assureur est en perte. Le seuil et la limite d’intervention du réassureur sont définis en fonction d’un pourcentage du total des primes perçues par la cédante (par exemple entre une perte supérieure à 110 % des primes acquises jusqu'à une perte allant à 130 %, qu'on écrira « 20 % SL 110 % »).

D'autre part, une cédante (l'assureur) peut protéger le résultat d'une branche par une couverture en STOP-LOSS. Ce genre de traité permet l'équilibre du bilan technique annuel de cette dernière (cédante).

Dans l'exemple de portefeuille prĂ©sentĂ© dans la section prĂ©cĂ©dente, le S/P est Ă  240 %, il rĂ©sulte que dans un traitĂ© 130SL120, le rĂ©assureur interviendra Ă  hauteur de 120 % de la prime de 10 M€, soit 12 M€.

Coassurance

Exemple d'assurance de 10 bateaux par 10 assureurs sans coassurance
Exemple d'assurance de 10 bateaux par 10 assureurs avec une coassurance

La coassurance ou la coréassurance se définissent comme la participation de plusieurs assureurs ou réassureurs au même risque (pool de réassurance). La coassurance est utilisée quand une seule police sinistrée peut mettre en péril la solvabilité de l'assureur ou l'équilibre technique d'une branche. C'est aussi une pratique encouragée par les courtiers en réassurance.

Voici un exemple qui illustre l'intĂ©rĂŞt de la coassurance : 10 bateaux de 100 M€ peuvent couler dans l'annĂ©e avec une probabilitĂ© de 10 %, il n'y a pas de perte partielle, uniquement des pertes totales. Il y a en face 10 assureurs qui encaissent chacun une prime pure Ă©gale Ă  l'espĂ©rance de sinistralitĂ© (10 M€). Ces 10 assureurs allouent chacun un capital de 20 M€ pour leur solvabilitĂ©.

Sans la coassurance Avec la coassurance
Chaque assureur assure un bateau. Chaque assureur assure 10 bateaux, mais Ă  concurrence de 10 % des pertes.
AnnĂ©e~1 Chaque assureur a une probabilitĂ© de 1 sur 10 d'ĂŞtre ruinĂ©. Avec une rĂ©serve de 30 M€ (10 M€ de prime + son allocation de capital), si le bateau qu'il assure coule, cela coĂ»te 100 M€ et il est ruinĂ©. Chaque assureur a une probabilitĂ© est de 0,0123 (la loi binomiale b(10;0,1)). Dans ce cas, chaque bateau qui coule lui coute 10 M€. Avec une rĂ©serve de 30 M€ (10 M€ de prime + son allocation de capital), il peut faire face Ă  ses engagement si 3 bateaux (ou moins) coulent. Au-delĂ  il est ruinĂ©.
Conformément à la théorie, la probabilité de ruine augmente quand on allonge la durée visée.
AnnĂ©e 2 S'il n'a pas Ă©tĂ© ruinĂ© la première annĂ©e, l'assureur a une probabilitĂ© de 1 sur 10 d'ĂŞtre ruinĂ© la deuxième annĂ©e, mĂŞme s'il dispose alors d'une rĂ©serve de 40 M€. Ă€ l'instant initial (dĂ©but de la première annĂ©e) la probabilitĂ© de ruine l'annĂ©e deux est donc de 0,09 (=la proba de ne pas ĂŞtre ruinĂ© la première annĂ©e * la proba que son bateau assurĂ© coule la deuxième). La probabilitĂ© de ruine Ă  horizon deux ans est donc de 0,19. S'il n'a pas Ă©tĂ© ruinĂ© la première annĂ©e, l'assureur aura une probabilitĂ© de ruine qui dĂ©pend de sa rĂ©serve en dĂ©but de l'annĂ©e 2. Cette rĂ©serve dĂ©pend du nombre de bateaux qui ont coulĂ© durant la première annĂ©e. Sur deux annĂ©es, il peut faire face Ă  ses engagement si 4 bateaux (ou moins) coulent. La probabilitĂ© de ruine Ă  horizon deux ans est estimĂ©e numĂ©riquement Ă  0,0473.
↓
AnnĂ©e 7 Si son bateau n'a pas coulĂ© durant les 6 premières annĂ©es, l'assureur a une probabilitĂ© de 1 sur 10 d'ĂŞtre ruinĂ©, mĂŞme s'il dispose alors d'une rĂ©serve de 90 M€. La probabilitĂ© de ruine Ă  horizon deux ans est donc de 0,522. S'il n'a pas Ă©tĂ© ruinĂ© les 6 premières annĂ©es, l'assureur aura une probabilitĂ© de ruine qui dĂ©pend de sa rĂ©serve en dĂ©but de l'annĂ©e 7 (et qui elle-mĂŞme dĂ©pend du nombre de bateaux qui ont coulĂ© durant les 6 premières annĂ©es). Sur 7 annĂ©es, il peut faire face Ă  ses engagement si 9 bateaux (ou moins) coulent. La probabilitĂ© de ruine Ă  horizon 7 ans est estimĂ©e numĂ©riquement Ă  0,228.
AnnĂ©e 8 Si son bateau n'a pas coulĂ© durant les 7 premières annĂ©es, sa probabilitĂ© de ruine est nulle, car il a accumulĂ© 8 fois la prime (80 M€) et a allouĂ© un capital de 20 M€, il dispose donc des fonds pour faire face Ă  son engagement, mĂŞme s'il n'atteint pas l'Ă©quilibre technique La probabilitĂ© de ruine Ă  horizon 8 ans est estimĂ©e numĂ©riquement Ă  0,254.

Les deux schémas explicitent les résultats financiers des assureurs (non ruinés) dans le scénario particulier où un bateau coule chaque année pendant 10 ans.

RĂ©assurance non traditionnelle

Enfin, la réassurance non traditionnelle propose d'autres types de couvertures plus complexes avec des outils financiers (par exemple spread-loss, XL aggregate, etc.).

RĂ©assurance traditionnelle et non traditionnelle

Ces dernières années la réassurance non traditionnelle a vu sa part dans la réassurance mondiale augmenter progressivement, même si elle reste marginale. On regroupe dans la réassurance non traditionnelle les différentes formes de transfert de risque non classiques comme la réassurance financière ou le transfert alternatif de risque. L’idée générale de ces produits est d’offrir des solutions au mieux adaptées au cas par cas. À l'origine très orientée vers le lissage de bilan des sociétés d'assurance, la réassurance financière s'est éloignée de ce type d'opération financière après notamment les déboires du géant américain AIG et la pression des autorités de contrôle américaines pour empêcher ces embellissements ou trucages de bilan des sociétés. Aujourd'hui, la réassurance non traditionnelle s'est rapprochée des activités plus classiques de la réassurance mais en proposant des solutions ad hoc plus flexibles et mieux adaptées que les formes traditionnelles de la réassurance. Le transfert alternatif du risque ou alternative risk transfer (ART) correspond quant à lui à un transfert du risque sur les marchés financiers. Les produits ainsi proposés sur les marchés de capitaux peuvent être des opérations de titrisation (cat bonds), des protections avec franchise de sinistre marché (MLF ou market loss franchise, ILW ou industry loss warranty), des déclencheurs notionnels (portfolio sample trigger), des options et des swaps subordonnés, des dérivés climatiques (weather derivatives), des couvertures indicielles, etc. Les autres formes de réassurance non traditionnelles (par exemple titrisation, market loss franchise, options et swaps subordonnés) pourront cependant continuer à exister sous réserve de leur compatibilité avec les règlements de comptabilité internationales ou statutaires (IFRS, US GAAP, French GAAP, SAP, etc.).

L'abréviation ré ou re en anglais

L'abréviation ré (pour réassurance) ou re (pour reinsurance) en anglais accompagne le nom de la plupart des compagnies de réassurance, comme un symbole d’appartenance à la branche. Par exemple, c'est le cas pour le no 1 mondial de la réassurance : Munich Re.

Marché de la réassurance

Selon les données 2004 de la Fédération française des sociétés d'assurances[3], le marché mondial de la réassurance représentait un chiffre d'affaires d’environ 135 milliards d'euros (soit 6,5 % de l’assurance), dont 100 milliards disponibles sur le marché international de la réassurance (4,7 %).

En France, cinquième marché mondial, la réassurance représentait un chiffre d'affaires de l’ordre de 8 milliards d'euros dont 5 disponibles sur le marché concurrentiel. Les pays les plus demandeurs de réassurance étaient les États-Unis (42 %), suivi par l’Allemagne (17 %), le Royaume-Uni (11 %) et la France (6 %). Du côté de l’offre de réassurance, l’Allemagne se place en tête en 2004 avec 26 %, suivie par les États-Unis (19 %), les Bermudes (17 %) et la Suisse (16 %). Le marché de la réassurance se compose à 20 % de vie et à 80 % de non vie. Cela vient du fait que les grands sinistres sont en non vie, d'où le plus grand besoin en réassurance.

Le marché de la réassurance est encore plus concentré que celui de l’assurance et les vingt plus gros réassureurs mondiaux représentent 74 % du marché en 2004 (39 % en 1990) et les cinq premiers 45 % (21 % en 1990).


Les dix principaux réassureurs mondiaux au 31 décembre 2018 étaient dans l’ordre décroissant[4] :

  1. Munich Re (Allemagne, chiffre d'affaires de 36,7 milliards de dollars amĂ©ricains) ;
  2. Swiss Re (Suisse, 36,4 milliards $) ;
  3. Hannover Re (Allemagne, 22,4 milliards $) ;
  4. Scor (France, 17,9 milliards $ de primes Ă©mises) ;
  5. Berkshire Hathaway – Gen Re (États-Unis, 16,5 milliards $ de primes émises) ;
  6. Lloyd's (Royaume-Uni, 14,5 milliards $) ;
  7. China Re (Chine, 12,2 milliards $) ;
  8. Reinsurance Group of America (en) ou RGA (États-Unis, 11,4 milliards $) ;
  9. Great West Life (États-Unis, 10,6 milliards $) ;
  10. GIC Re (Inde, 6,9 milliards $).

Il n’existe pas de chiffres publiés pour l'ensemble du marché français mais les plus importants réassureurs y sont Swiss Re, Hannover Re, Munich Re et la Caisse centrale de réassurance (CCR), le réassureur de l'État français.

Les trois plus grands réassureurs français dans le monde au sont[5] :

  1. Scor (chiffre d'affaires de 3,6 milliards de dollars amĂ©ricains de primes Ă©mises + 2 milliards $ du fait de la reprise de Converium en juillet 2007) ;
  2. Caisse centrale de réassurance (1,5 milliard $) ;
  3. Paris RĂ© (1,2 milliard $) (fusion avec Partner Re en 2009)).

Courtiers de réassurance

  • Comme pour l’assurance, il existe des courtiers de rĂ©assurance qui conseillent et assistent leurs clients, dans ce cas des sociĂ©tĂ©s ou mutuelles d'assurance. Le courtier de rĂ©assurance (reinsurance broker) est Ă©galement chargĂ© par son client, la cĂ©dante, de nĂ©gocier et placer ses programmes de rĂ©assurance auprès de compagnies de rĂ©assurance. MĂŞme si le courtier n'est pas solidaire des engagements du rĂ©assureur auprès de la cĂ©dante, il reste tenu par un devoir de conseil envers celle-ci sur le risque de crĂ©dit et de dĂ©faillance des rĂ©assureurs.
  • Sur le marchĂ© français, la plupart des cĂ©dantes font appel Ă  un courtier qui placera leur(s) programme(s) de rĂ©assurance auprès de plusieurs rĂ©assureurs. Dans d'autres pays comme aux États-Unis, les rĂ©assureurs doivent choisir de travailler en direct exclusivement ou par courtier exclusivement (direct market ou broker market). Le leader du courtage de rĂ©assurance en France est Aon Benfield.
  • Les cinq plus grands courtiers de rĂ©assurance sont en 2012 (source : Business Insurance) :
    1. Aon Benfield — États-Unis (CA : 1 505 millions de dollars) — Aussi leader dans le management des captives ;
    2. Guy Carpenter (1) — États-Unis (CA : 1 079 millions de dollars) ;
    3. Gallagher Re — Royaume-Uni (CA : 837 millions de dollars) — Rachat de Willis Re par Gallagher ;
    4. JLT(1) — Royaume-Uni (CA : 197 millions de dollars) ;
    5. Towers Watson (1) — Royaume-Uni (CA : 182 millions de dollars).
(1) Fusion Guy Carpenter — JLT — Towers Watson.

Rating des RĂ©assureurs

  • Les sinistres pouvant avoir des dĂ©veloppements très long sur plusieurs dĂ©cennies (par exemple en responsabilitĂ© civile) il est important pour la cĂ©dante que son rĂ©assureur soit prĂ©sent et solvable pour encore de nombreuses annĂ©es. La sĂ©curitĂ© financière d’un rĂ©assureur est donc l’un des choix les plus importants de la cĂ©dante pour choisir son ou ses rĂ©assureurs. Elle peut en thĂ©orie fouiller dans les bilans et autres rapports d’entreprise de chaque rĂ©assureur mais ce travail est long, fastidieux, perpĂ©tuel et demande un vrai savoir-faire de la rĂ©assurance. C’est pourquoi la plupart des cĂ©dantes se fient aux diffĂ©rents ratings prĂ©sentĂ©s par des agences neutres et spĂ©cialisĂ©es qui rĂ©visent leur analyse rĂ©gulièrement.
  • L’agence de Rating qui fait foi d’autoritĂ© sur le marchĂ© de la rĂ©assurance est Standard & Poor's (S&P). Les agences de notation AM Best et Fitch sont Ă©galement largement reconnues par la profession.
  • Plus le rating d’un rĂ©assureur sera Ă©levĂ©, et plus il est Ă  mĂŞme d’être considĂ©rĂ© sĂ»r financièrement auprès des cĂ©dantes et donc d’engranger des affaires, bien qu’il existe plusieurs autres critères importants.

Ratio combiné des réassureurs

  • Le ratio combinĂ© (Combined Ratio) est l’un des moyens les plus simples et utilisĂ©s pour comparer les performances des rĂ©assureurs entre eux ainsi qu’au fil des annĂ©es.

les sinistres payés ou à payer plus les coûts administratif sur les primes acquises. C’est en fait le ratio des sinistres (Loss Ratio) qui tient compte en plus des dépenses administratives.

  • Le ratio combinĂ© est exprimĂ© en pourcentage de la prime acquise par le rĂ©assureur. Si ce ratio est supĂ©rieur Ă  100 %, le rĂ©assureur est techniquement en perte avant le profit rĂ©alisĂ© par ses investissements. Ainsi, le ratio combinĂ© moyen du marchĂ© Ă©tait de l’ordre de 130 % en 2001 (annĂ©e de l'attentat du World Trade Center) pour redescendre Ă  97 % en 2004, son meilleur rĂ©sultat depuis 1990.

RĂ©trocession et recoverables

  • Il arrive souvent qu’un rĂ©assureur se rĂ©assure lui-mĂŞme auprès d'autres rĂ©assureurs. Cela s’appelle la rĂ©trocession. Le rĂ©assureur sera alors appelĂ© rĂ©trocĂ©dante et il rĂ©trocède tout ou partie de son risque auprès d’un rĂ©trocessionnaire.
  • Dans la pratique, les rĂ©trocessionnaires sont Ă©galement des rĂ©assureurs. On pourrait donc parler de corĂ©assurance ou bien d’un pool de rĂ©assurance en cas de cession proportionnelle. Les protections de rĂ©assurance intervenant sous forme non proportionnelle, c'est-Ă -dire avec une franchise Ă  charge de la cĂ©dante, conservent dans tous les cas de nom de « rĂ©tro » (ou protection XS sur portefeuille de rĂ©assurance acceptĂ©e).
    N.B. : À ne pas confondre avec les rétrocessions spécifiques qui consistent à céder une partie d'une affaire de réassurance donnée et d'elle-seule. Les rétrocessionnaires se réassurent parfois eux-mêmes, et le cercle d'assurance / réassurance peut continuer sur plusieurs échelons, et sur plusieurs exercices comptables. On parle alors d'une spirale. À Londres cette spirale a été largement entretenue pendant des années à travers les acceptations de rétrocessions L.M.X. (London Market XL).
  • Tant les choix de rĂ©assurance que de rĂ©trocession sont de plus en plus scrutĂ©s par les agences de Rating qui cherchent surtout Ă  analyser la quantitĂ© et la qualitĂ© des crĂ©ances sur rĂ©assureurs de chaque cĂ©dante ou rĂ©trocĂ©dante, c’est-Ă -dire leur risque de crĂ©dit sur comptes de tiers, ce facteur entrant dans le scoring aboutissant Ă  la notation de la sociĂ©tĂ© analysĂ©e. Les crĂ©ances sur comptes de tiers rĂ©assureurs, ou recoverables en anglais, sont en fait l’argent qui est dĂ» aux rĂ©assureurs par leurs rĂ©trocessionnaires pour des sinistres payĂ©s ou mis en rĂ©serve.

Réglementation de la réassurance

  • L'activitĂ© des entreprises de rĂ©assurance fait l'objet d'une rĂ©glementation spĂ©cifique depuis l'entrĂ©e en vigueur de la directive europĂ©enne sur la rĂ©assurance[6] et sa transposition dans le code des assurances français[7]. Avant la transposition de la directive sur la rĂ©assurance, le secteur de la rĂ©assurance Ă©tait gĂ©nĂ©ralement moins rĂ©glementĂ© que celui de l’assurance directe en Europe, Ă  l'exception de dispositions fiscales spĂ©cifiques irlandaises ou luxembourgeoises.
  • La rĂ©assurance est dĂ©finie par l'article L. 310-1-1 du code des assurances comme « l'activitĂ© d'un organisme, autre qu'un vĂ©hicule de titrisation mentionnĂ© Ă  l'article L. 310-1-2, qui consiste Ă  accepter des risques d'assurance cĂ©dĂ©s, soit par une entreprise d'assurance ou par une autre entreprise de rĂ©assurance, soit par les mutuelles ou unions rĂ©gies par le livre II du code de la mutualitĂ©, soit par les institutions de prĂ©voyance et leurs unions rĂ©gies par les dispositions du titre III du livre IX du code de la sĂ©curitĂ© sociale ».
  • En France, les entreprises de rĂ©assurance sont soumises tout comme les assureurs au contrĂ´le de l'AutoritĂ© de contrĂ´le prudentiel et de rĂ©solution (ACPR). Les entreprises de rĂ©assurance dont le siège social est situĂ© en France doivent obtenir un agrĂ©ment spĂ©cifique auprès de l'ACPR avant de pouvoir commencer Ă  exercer leur activitĂ©. L'agrĂ©ment peut ĂŞtre obtenu par une mĂŞme entreprise de rĂ©assurance pour l'exercice d'opĂ©rations de rĂ©assurance vie et non-vie. C'est une diffĂ©rence notable par rapport aux entreprises d'assurance directe, qui ne peuvent exercer simultanĂ©ment des activitĂ©s d'assurance vie et non-vie en application du principe de spĂ©cialisation[8]. Les ratios de solvabilitĂ© des rĂ©assureurs vie et non-vie français sont ceux applicables Ă  l'assurance non-vie. Les règles de placement d'actifs applicables aux entreprises de rĂ©assurance sont toutefois plus souples que celles applicables aux entreprises d'assurance directe.
  • Au QuĂ©bec, l'article 2397 du Code civil du QuĂ©bec dispose que le contrat de rĂ©assurance n’a d’effet qu’entre l’assureur et le rĂ©assureur[9].
  • Avant la transposition dans le code des assurances de la directive europĂ©enne sur la rĂ©assurance, les assureurs français Ă©taient incitĂ©s Ă  demander aux rĂ©assureurs de dĂ©poser des fonds ou de nantir des titres en garantie des engagements qu'ils prenaient Ă  leur Ă©gard. Ainsi, en cas de dĂ©faillance du rĂ©assureur, l'assureur avait la garantie de rĂ©cupĂ©rer ses crĂ©ances. Cette particularitĂ© ne subsiste toutefois plus que pour les cessions en rĂ©assurance effectuĂ©es Ă  des rĂ©assureurs Ă©tablis en dehors du territoire de l'Union EuropĂ©enne, tels que les rĂ©assureurs Ă©tablis aux Bermudes, en Suisses ou aux États-Unis, depuis l'entrĂ©e en vigueur de la directive europĂ©enne sur la rĂ©assurance.
  • Ă€ l'inverse des contrats d'assurance, les conventions de rĂ©assurance ne font l'objet d'aucune rĂ©glementation spĂ©cifique dans le code des assurances. Elles sont soumises aux règles gĂ©nĂ©rales sur les contrats du Code civil et la plus grande libertĂ© contractuelle est laissĂ©e aux parties. Les parties Ă  des conventions de rĂ©assurance choisissent toutefois frĂ©quemment de les soumettre au droit anglais. Enfin, la plupart des litiges liĂ©s Ă  l'exĂ©cution de conventions de rĂ©assurance sont tranchĂ©s par des juridictions arbitrales. La France dispose Ă  cet Ă©gard d'une organisation arbitrale dĂ©diĂ©e aux litiges entre assureurs et/ou rĂ©assureurs, le Centre Français d'Arbitrage de RĂ©assurance et d'Assurance (CEFAREA)[10].

Les métiers spécifiques de la réassurance

  • L'actuaire (Actuary) Ă©tudie les risques probabilistes, en utilisant entre autres la modĂ©lisation, pour Ă©tablir les tarifications gĂ©nĂ©rales (primes d'assurance).
  • Le courtier de rĂ©assurance (Reinsurance Broker) est chargĂ© par des cĂ©dantes de leur trouver les contrats les mieux adaptĂ©s et/ou au meilleur coĂ»t auprès des compagnies de rĂ©assurance.
  • Le souscripteur de rĂ©assurance (Underwriter) est chargĂ© de souscrire ou non une affaire (un risque) qui lui est proposĂ© par une cĂ©dante.
  • Le mĂ©diateur (Business mediator (en)) est chargĂ© de l'arbitrage d'une affaire de rĂ©assurances[11]

Dans la fiction

Le personnage principal du roman Les Falsificateurs d'Antoine Bello travaille dans la cellule de prévention des risques naturels d'une entreprise de réassurance en Argentine.

Liens externes

Notes et références

  1. « La réassurance, qu'est-ce que c'est ? », sur assureurpro, (consulté le )
  2. Martial Phélippé-Guinvarc'h, Réassurance - Master 2 Assurance et Analyse Financière, Institut du Risque et de l'Assurance, (lire en ligne)
  3. Voir http://www.ffsa.fr/.
  4. « Accueil », sur APREF (consulté le )
  5. Source : rapports annuels des sociétés.
  6. Directive 2005/68/CE du Conseil du relative à la réassurance et modifiant les directives 73/239/CEE et 92/49/CEE du Conseil ainsi que les directives 98/78/CE et 2002/83/CE [Journal officiel L 323 du 9.12.2005].
  7. Ordonnance no 2008-556 du transposant la directive 2005/68/CE du Parlement européen et du Conseil du relative à la réassurance et réformant le cadre juridique des fonds communs de créances.
  8. article L. 321-1 du code des assurances.
  9. Code civil du QuĂ©bec, RLRQ c CCQ-1991, art 2397 <http://canlii.ca/t/6c3nl#art2397> consultĂ© le 2020-01-18
  10. « Accueil - CEFAREA », sur cefarea.com (consulté le ).
  11. Barèmes des honoraires d'Arbitrage de la CEFAREA
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