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Pueraria montana

Pueraria montana, la PuĂ©raire hirsute[3] (ou le Kudzu (くず), la vigne du Japon)[4] est une espĂšce de plantes vivaces de la famille des FabacĂ©es, originaire d'Asie de l'Est, du Sud-Est et du Sud. Il s’agit d’une liane qui grimpe aux arbres et s’étend rapidement en dĂ©veloppant de longues tiges sur le sol et les falaises. Ces tiges sont capables de s’enraciner au niveau de nƓuds (collets). Son systĂšme racinaire a la capacitĂ© de former de grosses racines tubĂ©reuses gorgĂ©es de rĂ©serves vitales et d’eau.

Pueraria montana
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Pueraria montana var. lobata

EspĂšce

Pueraria montana
(Lour.) Merr., 1935[1]

Synonymes

  • Dolichos montanus Lour.
  • Pachyrhizus montanus (Lour.) DC.
  • Pueraria thunbergiana var. formosana Hosok.
  • Pueraria tonkinensis Gagnep.[2]

Elle est cultivĂ©e dans son aire d'origine pour ses racines fournissant une fĂ©cule alimentaire. Sa variĂ©tĂ© lobata peut se montrer particuliĂšrement envahissante[3]. Elle peut recouvrir complĂštement d’importantes surfaces en grimpant par-dessus des arbres entiers et en supplantant la flore indigĂšne.

Sa racine tubĂ©reuse entre dans la matiĂšre mĂ©dicale de la mĂ©decine traditionnelle chinoise. Elle est considĂ©rĂ©e en Chine comme l’une des 50 herbes fondamentales[5]. Riches en amidon et en protĂ©ines, fleurs, feuilles et racines sont consommĂ©es. Au Japon, ses racines fĂ©culentes sont rĂ©duites en une fine poudre servant Ă  prĂ©parer diverses sortes de Wagashi (confiseries traditionnelles). Les fibres vĂ©gĂ©tales de ses jeunes tiges ont servi en Chine Ă  fabriquer du papier.

Liste des variétés

Étymologie

Le nom de genre Pueraria a été dédié au botaniste suisse Marc Nicolas Puerari par un autre botaniste suisse Augustin-Pyramus de Candolle, le créateur du genre Pueraria.

L’épithĂšte spĂ©cifique montana est un emprunt au latin mƍntānus, a, um, « de montagne ». JoĂŁo de Loureiro indique dans la description de l’espĂšce Habitat in sylvis montanis Cochinchinae[6].

Le terme de « Kudzu » est apparu d'abord dans les Kojiki et Nihon shoki pour dĂ©signer une sorte de laine ou kazura (葛/蔓) couramment utilisĂ©e par les habitants de Kudzu (ć›œæ –, prononcĂ© « kudzu »), rĂ©gion de l'actuelle Yoshino (prĂ©fecture de Nara). On ne sait pas si c'est le nom de la ville qui a Ă©tĂ© Ă©tendu Ă  la plante ou l'inverse.

Nomenclature

La premiùre description botanique sous le nom de Dolichos montanus, est l’Ɠuvre du botaniste portugais João de Loureiro dans Flora Cochinchinensis 2: 440–441. en 1790.

En 1935, le botaniste amĂ©ricain Elmer Drew Merrill transfert l’espĂšce dans le genre Pueraria dans Transactions of the American Philosophical Society, new series 24(2): 210.

Description

Aspect général

C'est une plante grimpante vivace par ses racines tubĂ©reuses, Ă  tiges ligneuses capables de grimper dans les arbres, sur les falaises et les murs. Ses tiges grimpent par enroulement apical sĂ©nestre[n 1]autour de support, sans s’aider de vrilles[7]. Lorsque la tige court sur un support couvert de rĂ©sidus vĂ©gĂ©taux (une falaise ou le sol), des racines peuvent apparaitre au niveau des nƓuds (collet) pour prĂ©lever les substances nutritives et se fixer solidement au support (Ă  la maniĂšre du lierre) et Ă©mettre de nouvelles tiges[4]. Les nƓuds enracinĂ©s peuvent produire un grand nombre de jeunes tiges herbacĂ©es, de couleur vert striĂ© de pourpre et couverte de poils de couleur bronze. Ces derniĂšres vont s’étendre au sol ou grimper sur des arbustes[8]. Elles peuvent atteindre jusqu’à m de long. Elles sont ligneuses Ă  la base et velues avec des poils jaunĂątres[9].

Le variant Pueraria montana var. lobata est particuliĂšrement vigoureux et peut se montrer envahissant. En conditions idĂ©ales, ces tiges peuvent pousser jusqu’à 30 m par an. Au sud des Alpes suisses, Pron a mesurĂ© des croissances jusqu’à 26 cm par jour, avec des lianes poussant jusqu’à 15 m par an[8]. Le rĂ©sultat d’une telle vigueur de croissance est la formation d’un dense rĂ©seau de tiges enchevĂȘtrĂ©es qui rendent l’amas presque impĂ©nĂ©trable.

Certaines racines peuvent se dĂ©velopper en gros tubercules de plus de 100 kg, et atteindre plus de deux mĂštres de long et 10 Ă  20 cm de diamĂštre. Les substances de rĂ©serve y sont stockĂ©es[4] - [7].

Les racines prĂ©sentent des protubĂ©rances racinaires, ou nodositĂ©s, dans lesquelles rĂ©sident des bactĂ©ries symbiotiques de la famille des Rhizobiaceae, capables de fixer l’azote atmosphĂ©rique (N2).

Enroulement senestre d'une tige de puéraire courant sur le sol (Taiwan)
Mode de propagation du kudzu. A:plante mĂšre, B: nƓud enracinĂ©, E: liane enterrĂ©e

Feuilles

Pueraria montana, spécimen récolté prÚs de la frontiÚre Guangdong-Tonkin en 1936, folioles non lobées

Le pétiole fait dix à vingt centimÚtres de long et porte 2 stipules insérées dessus, ovales-oblongues.

Les feuilles, caduques, alternes, sont composées de 3 folioles, chacune 3-lobée, rarement entiÚre, la foliole terminale largement ovale, de 7-15 (-19) cm de long sur 5-12 (-18) cm de large, à apex acuminé, les folioles latérales obliquement ovales, plus petites, à poils apprimés (appliqués) dessus et plus densément poilu dessous.

Fleurs et fruits

Les inflorescences sont des racĂšmes dressĂ©s, de 15–30 cm de long, qui portent de 30 Ă  80 fleurs. Celles-ci sont agrĂ©gĂ©es par 2 Ă  3 aux nƓuds[9].

Les fleurs, du type papilionacĂ© et de couleur pourpres, sont relativement petites. Le calice villeux Ă  poils jaune-brun, fait de 7 Ă  20 mm. Elles produisent un nectar abondant et attirent de nombreux insectes, y compris les abeilles.

La floraison se produit en fin d'Ă©tĂ© et donne naissance Ă  des gousses allongĂ©es, de 4–14 cm sur 6–13 mm, aplaties, hirsutes brunes, Ă©troites contenant jusqu'Ă  dix graines.

La floraison a lieu en juillet-octobre, la fructification en octobre-décembre.

Album de photos

  • Trois folioles trĂšs lobĂ©es de var. montana
    Trois folioles trÚs lobées de var. montana
  • P. montana var. lobata, les folioles sont entiĂšres
    P. montana var. lobata, les folioles sont entiĂšres
  • RacĂšme
    RacĂšme
  • Fleur
    Fleur
  • Gousse
    Gousse
  • Une espĂšce grimpante qui peut devenir trĂšs envahissante.
    Une espĂšce grimpante qui peut devenir trĂšs envahissante.
  • Pueraria montana var. lobata en fleurs.
    Pueraria montana var. lobata en fleurs.
  • Feuilles et fleurs de Pueraria montana var. lobata.
    Feuilles et fleurs de Pueraria montana var. lobata.
  • Racine tubĂ©reuse (Hawaii) de P. montana var lobata
    Racine tubéreuse (Hawaii) de P. montana var lobata
  • Racines dans un marchĂ©
    Racines dans un marché

Aire de répartition et habitat

Cette espĂšce est originaire des rĂ©gions tempĂ©rĂ©es et chaudes de l'ExtrĂȘme-Orient et du Pacifique occidental[10]:

Elle a Ă©tĂ© introduite dĂšs le XIXe siĂšcle en Europe (Ukraine, Yougoslavie) et aux États-Unis (du Texas au Maine). Elle a aussi Ă©tĂ© introduite en Argentine du Nord-Est, en Afrique (Cameroun, RĂ©publique centrafricaine, Éthiopie, Gabon, Ghana, LibĂ©ria, Mozambique, Nigeria, SĂ©nĂ©gal, Soudan, Congo)[10].

De nos jours, elle est naturalisĂ©e en Ukraine et dans la rĂ©gion du Caucase, en Afrique du Sud, ainsi qu'aux États-Unis oĂč elle est considĂ©rĂ©e comme une plante envahissante.

Le kudzu pousse bien dans une large gamme de milieux et dans la plupart des types de sols. Il prĂ©fĂšre cependant les lisiĂšres de forĂȘts, les champs en friche, les bords de route et les zones perturbĂ©es oĂč l'ensoleillement est abondant. Il prospĂšre mieux lĂ  oĂč les hivers ne descendent pas sous les –15 °C, oĂč la tempĂ©rature moyenne l'Ă©tĂ© est rĂ©guliĂšrement au-dessus de 27 °C et oĂč la pluviositĂ© annuelle est d'au moins 1000 mm. Dans les rĂ©gions oĂč la tempĂ©rature descend sous les –15 °C, il est dĂ©truit au-dessus du sol mais peut repartir des racines au printemps.

Taxons inférieurs

Trois variétés sont distinguées, en particulier par des critÚres de taille (Flora of China[9])

VariĂ©tĂ©s de Pueraria montana (chin. 葛 ge)[9]
Nom botaniquevar. montanavar. lobatavar. thomsonii
Nom chinois葛 gĂ©è‘›éș»ć§† gĂ©mĂĄmǔçČ‰è‘› fěngĂ©
Calice7-8 mm8-10 mmjusq. 20 mm
Gousse4-9 cm x 6-8 mm5-9 cm x 8-11 mm10-14 cm x 10-13 mm
RĂ©partitionChine (Fujian, Guangdong, Guangxi, Guizhou, Hainan, Hubei, Hunan, Jiangxi, Sichuan, Yunnan, Zhejiang), Taiwan, Japon, Laos, Myanmar, Philippines, ThaĂŻlande, VietnamPartout en Chine (sauf Qinghai, Xinjiang et Xizang) Asie du Sud-Est jusqu'en AustralieChine du Sud, Inde, Laos, Myanmar, Philippines, ThaĂŻlande, Vietnam

Plante envahissante

CaractĂšre envahissant

L'espĂšce peut ĂȘtre trĂšs envahissante et recouvrir de vieilles bĂątisses ou des arbres.

La puĂ©raire hĂ©rissĂ©e peut recouvrir complĂštement d’importantes surfaces en grimpant par-dessus des arbres entiers, supplantant la flore indigĂšne et causant des dommages aux infrastructures[4]. La Pueraria montana var. lobata a Ă©tĂ© introduite du Japon aux États-Unis Ă  l'occasion de l'Exposition universelle de 1876, oĂč il fut prĂ©sentĂ© comme plante fourragĂšre et comme plante ornementale. De 1935 au dĂ©but des annĂ©es 1950, les agriculteurs du sud des États-Unis ont Ă©tĂ© encouragĂ©s Ă  planter du kudzu pour combattre l'Ă©rosion des sols et les Civilian Conservation Corps de Franklin Roosevelt l'ont largement plantĂ© pendant des annĂ©es. Le kudzu fut dĂ©clarĂ© plante envahissante par le ministĂšre amĂ©ricain de l'Agriculture en 1953 et fut dĂšs lors retirĂ© de la liste des plantes admises comme plantes couvre-sol [11] - [12].

Le kudzu est maintenant trĂšs rĂ©pandu dans la plupart des États du Sud-Est des États-Unis et se trouve vers le nord jusqu'en Pennsylvanie et vers le sud jusqu'au nord de la Floride [13]. On l'a Ă©galement trouvĂ© (de façon plutĂŽt inexplicable) dans le ComtĂ© de Clackamas dans l'Oregon en 2000. Au total, le kudzu infeste de 20 Ă  30 000 km2 de territoire aux États-Unis et entraĂźne environ 500 millions de dollars de frais annuels tant pour les terres perdues pour la culture que pour les charges engagĂ©es pour combattre son expansion. Cette plante ne supporte pas les trĂšs basses tempĂ©ratures si elles conduisent le seuil de gelĂ©e plus bas que l'ensemble de son systĂšme de racines ; toutefois, elle nĂ©cessite une saison froide (une bonne gelĂ©e annuelle).

Les tiges de kudzu, qui recouvrent toutes les surfaces horizontales et verticales, qu'elles soient naturelles ou crĂ©Ă©es par l'homme, peuvent pratiquement interdire de traverser tout un territoire Ă  la marche. Cette espĂšce tue ou dĂ©grade les autres plantes en les Ă©touffant sous un solide manteau de feuilles, en Ă©tranglant les tiges ligneuses et les troncs des arbres et en cassant les branches ou en dĂ©racinant mĂȘme des arbres sous son poids.

L'expansion du kudzu aux États-Unis se fait principalement par multiplication vĂ©gĂ©tative par les stolons et les rhizomes et aussi par l'enracinement des tiges qui produisent des racines adventives au niveau des nƓuds et engendrent ainsi de nouveaux pieds. Le kudzu se propage aussi par ses graines, qui sont contenues dans des gousses et mĂ»rissent en automne. Une ou deux graines viables sont produites par bouquet de gousses. Ces graines Ă  tĂ©gument coriace peuvent germer aprĂšs plusieurs annĂ©es, ce qui provoque la rĂ©apparition de la plante des annĂ©es aprĂšs qu'on a cru l'avoir Ă©radiquĂ©e.

En Europe, Pueraria Montana var. lobata est inscrite depuis 2016 dans la liste des espĂšces exotiques envahissantes prĂ©occupantes pour l’Union europĂ©enne[14]. Cela signifie qu'elle ne peut pas ĂȘtre importĂ©e, cultivĂ©e, commercialisĂ©e, plantĂ©e, ou libĂ©rĂ©e intentionnellement dans la nature, et ce nulle part dans l’Union europĂ©enne[15].

En France, la variĂ©tĂ© de kudzu Pueraria montana var. lobata est lĂ©galement inscrite sur la liste annexe de l'ArrĂȘtĂ© du relatif aux espĂšces vĂ©gĂ©tales exotiques envahissantes sur le territoire mĂ©tropolitain[16].

Le Kudzu n’a Ă©tĂ© importĂ© que trĂšs rĂ©cemment en Europe, pour un usage horticole. Aucune installation dans le milieu naturel n’a Ă©tĂ© constatĂ© en mĂ©tropole. En Nouvelle-CalĂ©donie, son introduction est plus ancienne. C’est une espĂšce qui tire profit de la dĂ©gradation des milieux et qui peut ĂȘtre localement abondante dans les zones ouvertes et dĂ©gradĂ©es. Toutefois, son caractĂšre envahissant s’exprime principalement dans les milieux anthropisĂ©s[3]. On en peut observer un pied au Jardin des Plantes de Paris. On retrouve des populations de Kudzu en Italie et en Suisse, notamment au Tessin.

ContrĂŽle

Pour maĂźtriser Ă  long terme l'expansion de cette plante, il est nĂ©cessaire de dĂ©truire en totalitĂ© son systĂšme racinaire trĂšs Ă©tendu. Le moindre reste de collet racinaire peut conduire Ă  la rĂ©infestation d'une zone[4]. Les moyens mĂ©caniques consistent Ă  couper les tiges juste au-dessous du niveau du sol et Ă  dĂ©truire toute la matiĂšre enlevĂ©e. Un fauchage Ă  ras chaque mois, ou un pĂąturage rĂ©gulier intense pendant deux saisons de vĂ©gĂ©tation, ou bien des cultures rĂ©pĂ©tĂ©es peuvent ĂȘtre efficaces. Les coupes de kudzu peuvent servir Ă  alimenter le bĂ©tail, ou bien ĂȘtre brĂ»lĂ©es ou ensachĂ©es dans des sacs en matiĂšre plastique envoyĂ©s en dĂ©charge. Si c'est fait au printemps, les coupes doivent ĂȘtre rĂ©pĂ©tĂ©es au fur et Ă  mesure des repousses pour Ă©puiser les rĂ©serves de la plante en glucides. Les coupes en fin de saison devraient ĂȘtre suivies immĂ©diatement sur les tiges coupĂ©es d'un herbicide systĂ©mique, capable ainsi de se vĂ©hiculer dans le systĂšme racinaire. Des applications rĂ©pĂ©tĂ©es de plusieurs herbicides de sol se sont rĂ©vĂ©lĂ©es efficaces dans des zones forestiĂšres. Des recherches ont Ă©tĂ© entreprises par le Service des forĂȘts des États-Unis pour mettre au point des mĂ©thodes de lutte biologique et l'utilisation d'un champignon est actuellement testĂ©e.

Utilisations

Culinaires

Les parties non-ligneuses de la plante sont comestibles. Les jeunes feuilles peuvent ĂȘtre consommĂ©es en salade ou cuisinĂ©es comme un lĂ©gume-feuille et les fleurs frites en beignets (Ă  l'instar des fleurs de courgette) tandis que les racines tubĂ©reuses riches en amidon peuvent ĂȘtre prĂ©parĂ©es comme n'importe quel tubercule.

Les racines féculentes de cette plante sont réduites en une fine poudre servant à préparer diverses sortes de Wagashi (confiseries traditionnelles japonaises). Parmi elles, on peut citer le Kudzu-mochi, gùteau trÚs populaire à base de poudre de kudzu et de poudre de soja, ou encore le Kudzu-manjû, gùteau dégusté généralement en été[17]. Additionnée d'eau et chauffée, elle devient claire et sert d'épaississant alimentaire.

Le kudzu est connu au Japon depuis au moins 1 300 ans et on suppose qu'il a une origine encore plus ancienne. Au cours des Ăšres Nara et Heian, il aurait servi Ă  payer les impĂŽts. MĂȘme de nos jours, la poudre de kudzu Yoshino a encore la meilleure rĂ©putation. La prĂ©fecture de Kagoshima est le plus important producteur de dĂ©rivĂ©s du kudzu.

MĂ©dicine traditionnelle chinoise

Racine séchée de kudzu, matiÚre médicale japonaise

La racine de puĂ©raire est utilisĂ©e comme matiĂšre mĂ©dicale en Chine depuis au moins deux millĂ©naires puisqu’elle est citĂ©e dans le Shennong bencao jing, le plus ancien ouvrage chinois traitant des drogues vĂ©gĂ©tales, animales et minĂ©rales, compilĂ© aux alentours du dĂ©but de l’ùre commune. La fiche sur la « racine de puĂ©raire » (gegen 葛æ č) indique « traite la soif, la grande chaleur dans le corps, les haut-le-cƓur et les vomissements ; les obstacles Bi ; elle augmente le qi yin, Ă©limine toutes sortes de toxines » (Shennong Bencao jing[18]). D’aprĂšs un ouvrage de pharmacopĂ©e traditionnelle faisant autoritĂ©[19] de 2008 (en Chinois en 2003), la racine de puĂ©raire doit ĂȘtre collectĂ©e au printemps et en automne, coupĂ©e en piĂšces, sĂ©chĂ©es au soleil, utilisĂ©e crue ou Ă©tuvĂ©e.

Fonctions :

  • calme la soif liĂ©e Ă  la fiĂšvre
  • calme les douleurs de la nuque et du dos
  • dilate les vaisseaux

Indications :

  • refroidissement avec raideur du cou et des trapĂšzes
  • maladie fĂ©briles et Ă©ruptive, calme la soif
  • hypertension artĂ©rielle

MĂ©decine moderne

  • Traitement de l’alcoolisme

Parmi les mĂ©dicaments disponibles (en 2018) pour traiter l’alcoolisme chronique, aucun n’a dĂ©montrĂ© d’efficacitĂ© rĂ©elle[17].

Des Ă©tudes menĂ©es chez le hamster dorĂ© de Syrie ont mis en Ă©vidence que l’administration d’extraits de racine de Pueraria montana var. lobata et de certains de ces composĂ©s isolĂ©s engendrait une diminution significative de la prise d’alcool. Lorsqu’il a le choix entre de l’eau et une solution Ă©thanolique, ce hamster favorise la prise d’alcool. Une Ă©tude a montrĂ© que l’injection intrapĂ©ritonĂ©ale (i.p.) d’extraits de racine de puĂ©raire hirsute (1,5 g/kg/jour i.p.) entraĂźnait une diminution de la prise d’alcool d’au moins 50 % chez le hamster dorĂ©. La daidzĂ©ine, une isoflavone isolĂ©e dans la racine, Ă  la dose de 150 mg/kg/jour i.p. diminue Ă©galement la prise d’alcool d’environ 50% chez le hamster dorĂ©[20]. Des Ă©tudes menĂ©es sur d’autres modĂšles animaux, comme le rat « Fawn-hooded » ou le singe vert africain, ont confirmĂ© que l’administration d’extraits de racine de Pueraria montana var. lobata et l’administration de daidzine permettaient de diminuer significativement la prise d’alcool.

Les quelques Ă©tudes cliniques en double aveugle, menĂ©es chez l’homme, ne permettent pas de conclure de l’efficacitĂ© de l’utilisation de la racine dans le traitement de l’alcoolisme chronique[17]. L’intervention de facteurs psycho-sociaux dans la dĂ©pendance Ă  l’alcool rend difficile l’interprĂ©tation des donnĂ©es.

Les isoflavonoĂŻdes sont les principaux mĂ©tabolites secondaires produits par la puĂ©raire hirsute. Ce sont des molĂ©cules particuliĂšrement abondantes chez les Fabaceae. Le cas des isoflavones du soja a Ă©tĂ© bien Ă©tudiĂ©. Comme elles se fixent sur les rĂ©cepteurs aux ƓstrogĂšnes, elles sont appelĂ©es des phyto-ƓstrogĂšnes[21].

La racine de puĂ©raire contient des isoflavones sous forme aglycone (daidzĂ©ine, gĂ©nistĂ©ine, formononĂ©tine, ...) ou glycosylĂ©e (daidzine, gĂ©nistine, puĂ©rarine,...). La puĂ©rarine est le composĂ© le plus abondant. La daidzine, que l’on retrouve dans les graines de soja, est Ă©galement prĂ©sente en quantitĂ© non nĂ©gligeable[17].

Des saponosides triterpéniques ont été identifiés dans les racines de puéraire comme les soyasapogénols A et B, présents chez le soja.

  • PropriĂ©tĂ©s cardiovasculaires

Des Ă©tudes ont montrĂ© que l’administration orale, pendant deux semaines, d’extrait de racine de puĂ©raire hirsute, chez le rat hypertendu, provoquait une diminution significative de la pression artĂ©rielle. D’autres investigations ont montrĂ© que l’administration orale de daidzĂ©ine (300 mg/kg) permettait de diminuer de 12,8 % la pression systolique chez le rat hypertendu[17].

Cependant les Ă©tudes menĂ©es chez l’homme ont donnĂ© des rĂ©sultats trĂšs variables.

  • PropriĂ©tĂ©s liĂ©es aux phyto-ƓstrogĂšnes

L’activitĂ© anti-oestrogĂ©nique de plusieurs plantes a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©e: outre la racine et les feuilles de Pueraria montana var. lobata, on a la graine de soja, les feuilles de trĂšfle et de luzerne, la racine de rĂ©glisse, les graines de lin, les fruits de fenouil.

La racine de puéraire contient de la daidzéine, de la génistéine, ainsi que leurs précurseurs méthylés (la formononétine, biochanine A).

Trois Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques d’observation, menĂ©es au Japon et incluant 1476 femmes au total, suggĂšrent que les aliments contenant une quantitĂ© importante d’isoflavones, ont une influence sur les symptĂŽmes de la mĂ©nopause et notamment les bouffĂ©es de chaleur (Nagata et al., 1999, 2000, 2001)[17].

Production textile

Depuis plusieurs millĂ©naires, on utilise les fibres de Pueraria montana var. lobata dans la confection de vĂȘtements en Chine et au Japon. L’utilisation de ces fibres est mentionnĂ©e dans la fabrication d’une robe de cĂ©rĂ©monie offerte Ă  l’Empereur chinois vers 800 avant J-C[17].

Au Japon, il existe toujours une industrie artisanale de tissage de vĂȘtements Ă  base de fibres de puĂ©raire gĂ©nĂ©ralement associĂ©es Ă  du coton ou de la soie. Ses vĂȘtements sont appelĂ©s Kudzu-fu ou Kappu. En Chine, il existe aujourd’hui encore une production artisanale, notamment le long du fleuve Yangtze. Cependant, cet artisanat disparaĂźt peu Ă  peu face Ă  la production industrielle de fibres synthĂ©tiques.

Fabrication de papier

Un papier traditionnel a Ă©tĂ© fabriquĂ© en Chine Ă  partir de l’écorce de la puĂ©raire hirsute.

La méthode de fabrication se fait suivant une procédure applicable aux papiers de plantes lianescentes (comme la glycine Wisteria sinensis).

Les jeunes tiges droites de 2 Ă  m de longueur sont rĂ©coltĂ©es au milieu de l’étĂ© et les feuilles sont Ă©liminĂ©es. Puis elles sont Ă©tuvĂ©es pour pouvoir peler l’écorce. Les Ă©corces sont ensuite cuites pendant 2 Ă  4 heures dans une lessive alcaline. Elles sont ensuite Ă©crasĂ©es dans une meule pendant 3 heures[5]. De cette pĂąte Ă  papier diluĂ©e dans un bassin d’eau, le papetier prĂ©lĂšve un mince film homogĂšne de fibres qui une fois sĂ©chĂ© deviendra une feuille de papier.

Artisanales

En Nouvelle-CalĂ©donie, ses fibres servaient traditionnellement Ă  constituer des instruments de pĂȘche[22].

DĂ©nominations

Le terme « kudzu » vient du japonais kuzu (葛), une plante grimpante vivace.

La plante cultivée appelée en français, Nepalem[28] ou Vigne japonaise[28], kudzu[28], Kudzu du Japon[29] ou encore Puéraire hirsute[29], correspond généralement à :

  • La sous-espĂšce : Pueraria montana var. lobata (Willdenow) Maesen & S.M. Almeida ex Sanjappa & Predeep[23] (variĂ©tĂ© acceptĂ©e par Flora of North America (FNA)[23]) (officiellement interdite en France car invasive[16])

On la distingue du Kudzu des tropiques ou PuĂ©raria faux-haricot (Pueraria phaseoloĂŻdes), plante fourragĂšre du mĂȘme genre botanique[27] - [28].

Pueraria montana (Lour.) Merr est souvent confondu avec le « pois-patate » ou « jicama » (Pachyrhizus erosus (L.) Urb.) dont les tubercules sont également comestibles.

Liste des variétés

Selon The Plant List (4 janvier 2019)[30] :

  • variĂ©tĂ© Pueraria montana var. chinensis (Ohwi) Sanjappa & Pradeep
  • variĂ©tĂ© Pueraria montana var. lobata (Willd.) Sanjappa & Pradeep
  • variĂ©tĂ© Pueraria montana var. thomsonii (Benth.) Wiersema ex D.B. Ward

Selon Tropicos (4 janvier 2019)[31] (Attention liste brute contenant possiblement des synonymes) :

  • variĂ©tĂ© Pueraria montana var. chinensis (Benth.) Maesen & S.M. Almeida ex Sanjappa & Predeep
  • variĂ©tĂ© Pueraria montana var. lobata (Willd.) Maesen & S.M. Almeida ex Sanjappa & Predeep
  • variĂ©tĂ© Pueraria montana var. montana
  • variĂ©tĂ© Pueraria montana var. thomsonii (Benth.) M.R. Almeida

Selon les auteurs, la variété lobata peut correspondre à :

  • une sous-espĂšce :
    • Pueraria montana var. lobata (Willdenow) Maesen & S.M. Almeida ex Sanjappa & Predeep[23] (variĂ©tĂ© acceptĂ©e par Flora of North AmĂ©rica (FNA)[23])
    • Pueraria montana var. lobata (Willd.) Sanjapa & Pradeep[28]
    • Pueraria montana (Lour.) Merr. var. lobata (Willd.) Maesen & S. M.
  • ou bien encore aux synonymes suivants :
    • Dolichos lobatus Willdenow[23]
    • Pueraria lobata (Willdenow) Ohwi[23]

Notes et références

Notes

  1. pour un observateur qui regarde une tige enroulĂ©e sur un support vertical, la tige monte (au cours de sa croissance) de sa gauche vers sa droite dans la partie visible de l’hĂ©lice

Références

  1. IPNI. International Plant Names Index. Published on the Internet http://www.ipni.org, The Royal Botanic Gardens, Kew, Harvard University Herbaria & Libraries and Australian National Botanic Gardens., consulté le 13 juillet 2020
  2. (en) Référence Tropicos : Pueraria montana (Lour.) Merr. (+ liste sous-taxons)
  3. Vanessa Hequet (IRD) et Patrick BarriÚre (CEN Nouvelle-Calédonie), « Pueraria montana var. lobata », sur Centre de ressources EspÚces Exotiques Envahissantes (consulté le )
  4. « Puéraire hérissée (Fabaceae, Légumineuse) Pueraria lobata (Willd.) Ohwi », sur info flora (consulté le )
  5. LAROQUE Claude, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, en collaboration avec des instituts partenaires en Chine, Corée et au Japon., « Pueraria montana var. lobata (Willd) Maesen & S.M . Almeida ex Sanjappa & Predeep », sur khartasia (consulté le )
  6. Loureiro, João de, 1710-1791, « Flora cochinchinensis : sistens plantas in regno Cochinchina nascentes », sur BHL, Ulyssipone : Typis, et expensis academicis, 1790 (consulté le )
  7. Robyn J. Burnham, University of Michigan, « Pueraria montana var. lobata », sur Plant Diversity Website (consulté le )
  8. R. Morisoll, M. Conedera, G. Moretti, S. Crivelli, V. Soldati, M. Bertossa, G Pezzatti, « StratĂ©gie de lutte envers une nĂ©ophyte envahissante – exemple de puĂ©raire », Schweiz Z Forstwes, vol. 169,‎ , p. 102-109 (lire en ligne)
  9. (en) Référence Flora of China : Pueraria montana (Loureiro) Merrill
  10. (en) Référence Plants of the World online (POWO) : Pueraria montana (Lour.) Merr.
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  23. Voir la fiche de cette espÚce sur le site VASCAN (Base de données des plantes vasculaires du Canada) de Canadensys.
  24. Nom vernaculaire en français d’aprĂšs Termium plus, la banque de donnĂ©es terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada
  25. Cf. Grand Dictionnaire universel du XIXe siÚcle, art. « Puéraire » (t. 13, p. 398).
  26. Meyer C., ed. sc., 2009, Dictionnaire des Sciences Animales. consulter en ligne. Montpellier, France, Cirad.
  27. Voir dĂ©finition donnĂ©e par le Grand dictionnaire terminologique de l’Office quĂ©bĂ©cois de la langue française.
  28. Voir cette espĂšce sur le site Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN)
  29. Voir cette espĂšce sur le site idRef
  30. The Plant List (2013). Version 1.1. Published on the Internet; http://www.theplantlist.org/, consulté le 4 janvier 2019
  31. Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 4 janvier 2019

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