Pueraria montana
Pueraria montana, la PuĂ©raire hirsute[3] (ou le Kudzu (ăă), la vigne du Japon)[4] est une espĂšce de plantes vivaces de la famille des FabacĂ©es, originaire d'Asie de l'Est, du Sud-Est et du Sud. Il sâagit dâune liane qui grimpe aux arbres et sâĂ©tend rapidement en dĂ©veloppant de longues tiges sur le sol et les falaises. Ces tiges sont capables de sâenraciner au niveau de nĆuds (collets). Son systĂšme racinaire a la capacitĂ© de former de grosses racines tubĂ©reuses gorgĂ©es de rĂ©serves vitales et dâeau.
- Dolichos montanus Lour.
- Pachyrhizus montanus (Lour.) DC.
- Pueraria thunbergiana var. formosana Hosok.
- Pueraria tonkinensis Gagnep.[2]
Elle est cultivĂ©e dans son aire d'origine pour ses racines fournissant une fĂ©cule alimentaire. Sa variĂ©tĂ© lobata peut se montrer particuliĂšrement envahissante[3]. Elle peut recouvrir complĂštement dâimportantes surfaces en grimpant par-dessus des arbres entiers et en supplantant la flore indigĂšne.
Sa racine tubĂ©reuse entre dans la matiĂšre mĂ©dicale de la mĂ©decine traditionnelle chinoise. Elle est considĂ©rĂ©e en Chine comme lâune des 50 herbes fondamentales[5]. Riches en amidon et en protĂ©ines, fleurs, feuilles et racines sont consommĂ©es. Au Japon, ses racines fĂ©culentes sont rĂ©duites en une fine poudre servant Ă prĂ©parer diverses sortes de Wagashi (confiseries traditionnelles). Les fibres vĂ©gĂ©tales de ses jeunes tiges ont servi en Chine Ă fabriquer du papier.
Liste des variétés
Ătymologie
Le nom de genre Pueraria a été dédié au botaniste suisse Marc Nicolas Puerari par un autre botaniste suisse Augustin-Pyramus de Candolle, le créateur du genre Pueraria.
LâĂ©pithĂšte spĂ©cifique montana est un emprunt au latin mĆntÄnus, a, um, « de montagne ». JoĂŁo de Loureiro indique dans la description de lâespĂšce Habitat in sylvis montanis Cochinchinae[6].
Le terme de « Kudzu » est apparu d'abord dans les Kojiki et Nihon shoki pour dĂ©signer une sorte de laine ou kazura (è/è) couramment utilisĂ©e par les habitants de Kudzu (ćœæ , prononcĂ© « kudzu »), rĂ©gion de l'actuelle Yoshino (prĂ©fecture de Nara). On ne sait pas si c'est le nom de la ville qui a Ă©tĂ© Ă©tendu Ă la plante ou l'inverse.
Nomenclature
La premiĂšre description botanique sous le nom de Dolichos montanus, est lâĆuvre du botaniste portugais JoĂŁo de Loureiro dans Flora Cochinchinensis 2: 440â441. en 1790.
En 1935, le botaniste amĂ©ricain Elmer Drew Merrill transfert lâespĂšce dans le genre Pueraria dans Transactions of the American Philosophical Society, new series 24(2): 210.
Description
Aspect général
C'est une plante grimpante vivace par ses racines tubĂ©reuses, Ă tiges ligneuses capables de grimper dans les arbres, sur les falaises et les murs. Ses tiges grimpent par enroulement apical sĂ©nestre[n 1]autour de support, sans sâaider de vrilles[7]. Lorsque la tige court sur un support couvert de rĂ©sidus vĂ©gĂ©taux (une falaise ou le sol), des racines peuvent apparaitre au niveau des nĆuds (collet) pour prĂ©lever les substances nutritives et se fixer solidement au support (Ă la maniĂšre du lierre) et Ă©mettre de nouvelles tiges[4]. Les nĆuds enracinĂ©s peuvent produire un grand nombre de jeunes tiges herbacĂ©es, de couleur vert striĂ© de pourpre et couverte de poils de couleur bronze. Ces derniĂšres vont sâĂ©tendre au sol ou grimper sur des arbustes[8]. Elles peuvent atteindre jusquâĂ 8 m de long. Elles sont ligneuses Ă la base et velues avec des poils jaunĂątres[9].
Le variant Pueraria montana var. lobata est particuliĂšrement vigoureux et peut se montrer envahissant. En conditions idĂ©ales, ces tiges peuvent pousser jusquâĂ 30 m par an. Au sud des Alpes suisses, Pron a mesurĂ© des croissances jusquâĂ 26 cm par jour, avec des lianes poussant jusquâĂ 15 m par an[8]. Le rĂ©sultat dâune telle vigueur de croissance est la formation dâun dense rĂ©seau de tiges enchevĂȘtrĂ©es qui rendent lâamas presque impĂ©nĂ©trable.
Certaines racines peuvent se développer en gros tubercules de plus de 100 kg, et atteindre plus de deux mÚtres de long et 10 à 20 cm de diamÚtre. Les substances de réserve y sont stockées[4] - [7].
Les racines prĂ©sentent des protubĂ©rances racinaires, ou nodositĂ©s, dans lesquelles rĂ©sident des bactĂ©ries symbiotiques de la famille des Rhizobiaceae, capables de fixer lâazote atmosphĂ©rique (N2).
Enroulement senestre d'une tige de puéraire courant sur le sol (Taiwan) |
Mode de propagation du kudzu. A:plante mĂšre, B: nĆud enracinĂ©, E: liane enterrĂ©e |
Feuilles
Le pétiole fait dix à vingt centimÚtres de long et porte 2 stipules insérées dessus, ovales-oblongues.
Les feuilles, caduques, alternes, sont composées de 3 folioles, chacune 3-lobée, rarement entiÚre, la foliole terminale largement ovale, de 7-15 (-19) cm de long sur 5-12 (-18) cm de large, à apex acuminé, les folioles latérales obliquement ovales, plus petites, à poils apprimés (appliqués) dessus et plus densément poilu dessous.
Fleurs et fruits
Les inflorescences sont des racĂšmes dressĂ©s, de 15â30 cm de long, qui portent de 30 Ă 80 fleurs. Celles-ci sont agrĂ©gĂ©es par 2 Ă 3 aux nĆuds[9].
Les fleurs, du type papilionacé et de couleur pourpres, sont relativement petites. Le calice villeux à poils jaune-brun, fait de 7 à 20 mm. Elles produisent un nectar abondant et attirent de nombreux insectes, y compris les abeilles.
La floraison se produit en fin d'Ă©tĂ© et donne naissance Ă des gousses allongĂ©es, de 4â14 cm sur 6â13 mm, aplaties, hirsutes brunes, Ă©troites contenant jusqu'Ă dix graines.
La floraison a lieu en juillet-octobre, la fructification en octobre-décembre.
Album de photos
- Trois folioles trÚs lobées de var. montana
- P. montana var. lobata, les folioles sont entiĂšres
- RacĂšme
- Fleur
- Gousse
- Une espĂšce grimpante qui peut devenir trĂšs envahissante.
- Pueraria montana var. lobata en fleurs.
- Feuilles et fleurs de Pueraria montana var. lobata.
- Racine tubéreuse (Hawaii) de P. montana var lobata
- Racines dans un marché
Aire de répartition et habitat
Cette espĂšce est originaire des rĂ©gions tempĂ©rĂ©es et chaudes de l'ExtrĂȘme-Orient et du Pacifique occidental[10]:
- ExtrĂȘme-Orient russe, Chine, Japon, CorĂ©e, TaĂŻwan ;
- Inde, Nepal, Myanmar, ThaĂŻlande, ViĂȘt Nam, Malaisie, IndonĂ©sie (Java);
- Australie, Philippines, Fidji, Nouvelle-GuinĂ©e, Nouvelle-CalĂ©donie, Ăles Salomon.
Elle a Ă©tĂ© introduite dĂšs le XIXe siĂšcle en Europe (Ukraine, Yougoslavie) et aux Ătats-Unis (du Texas au Maine). Elle a aussi Ă©tĂ© introduite en Argentine du Nord-Est, en Afrique (Cameroun, RĂ©publique centrafricaine, Ăthiopie, Gabon, Ghana, LibĂ©ria, Mozambique, Nigeria, SĂ©nĂ©gal, Soudan, Congo)[10].
De nos jours, elle est naturalisĂ©e en Ukraine et dans la rĂ©gion du Caucase, en Afrique du Sud, ainsi qu'aux Ătats-Unis oĂč elle est considĂ©rĂ©e comme une plante envahissante.
Le kudzu pousse bien dans une large gamme de milieux et dans la plupart des types de sols. Il prĂ©fĂšre cependant les lisiĂšres de forĂȘts, les champs en friche, les bords de route et les zones perturbĂ©es oĂč l'ensoleillement est abondant. Il prospĂšre mieux lĂ oĂč les hivers ne descendent pas sous les â15 °C, oĂč la tempĂ©rature moyenne l'Ă©tĂ© est rĂ©guliĂšrement au-dessus de 27 °C et oĂč la pluviositĂ© annuelle est d'au moins 1000 mm. Dans les rĂ©gions oĂč la tempĂ©rature descend sous les â15 °C, il est dĂ©truit au-dessus du sol mais peut repartir des racines au printemps.
Taxons inférieurs
Trois variétés sont distinguées, en particulier par des critÚres de taille (Flora of China[9])
VariĂ©tĂ©s de Pueraria montana (chin. è ge)[9] | |||
Nom botanique | var. montana | var. lobata | var. thomsonii |
---|---|---|---|
Nom chinois | è gĂ© | èéș»ć§ gĂ©mĂĄmÇ | çČè fÄngĂ© |
Calice | 7-8 mm | 8-10 mm | jusq. 20 mm |
Gousse | 4-9 cm x 6-8 mm | 5-9 cm x 8-11 mm | 10-14 cm x 10-13 mm |
RĂ©partition | Chine (Fujian, Guangdong, Guangxi, Guizhou, Hainan, Hubei, Hunan, Jiangxi, Sichuan, Yunnan, Zhejiang), Taiwan, Japon, Laos, Myanmar, Philippines, ThaĂŻlande, Vietnam | Partout en Chine (sauf Qinghai, Xinjiang et Xizang) Asie du Sud-Est jusqu'en Australie | Chine du Sud, Inde, Laos, Myanmar, Philippines, ThaĂŻlande, Vietnam |
Plante envahissante
CaractĂšre envahissant
La puĂ©raire hĂ©rissĂ©e peut recouvrir complĂštement dâimportantes surfaces en grimpant par-dessus des arbres entiers, supplantant la flore indigĂšne et causant des dommages aux infrastructures[4]. La Pueraria montana var. lobata a Ă©tĂ© introduite du Japon aux Ătats-Unis Ă l'occasion de l'Exposition universelle de 1876, oĂč il fut prĂ©sentĂ© comme plante fourragĂšre et comme plante ornementale. De 1935 au dĂ©but des annĂ©es 1950, les agriculteurs du sud des Ătats-Unis ont Ă©tĂ© encouragĂ©s Ă planter du kudzu pour combattre l'Ă©rosion des sols et les Civilian Conservation Corps de Franklin Roosevelt l'ont largement plantĂ© pendant des annĂ©es. Le kudzu fut dĂ©clarĂ© plante envahissante par le ministĂšre amĂ©ricain de l'Agriculture en 1953 et fut dĂšs lors retirĂ© de la liste des plantes admises comme plantes couvre-sol [11] - [12].
Le kudzu est maintenant trĂšs rĂ©pandu dans la plupart des Ătats du Sud-Est des Ătats-Unis et se trouve vers le nord jusqu'en Pennsylvanie et vers le sud jusqu'au nord de la Floride [13]. On l'a Ă©galement trouvĂ© (de façon plutĂŽt inexplicable) dans le ComtĂ© de Clackamas dans l'Oregon en 2000. Au total, le kudzu infeste de 20 Ă 30 000 km2 de territoire aux Ătats-Unis et entraĂźne environ 500 millions de dollars de frais annuels tant pour les terres perdues pour la culture que pour les charges engagĂ©es pour combattre son expansion. Cette plante ne supporte pas les trĂšs basses tempĂ©ratures si elles conduisent le seuil de gelĂ©e plus bas que l'ensemble de son systĂšme de racines ; toutefois, elle nĂ©cessite une saison froide (une bonne gelĂ©e annuelle).
Les tiges de kudzu, qui recouvrent toutes les surfaces horizontales et verticales, qu'elles soient naturelles ou crĂ©Ă©es par l'homme, peuvent pratiquement interdire de traverser tout un territoire Ă la marche. Cette espĂšce tue ou dĂ©grade les autres plantes en les Ă©touffant sous un solide manteau de feuilles, en Ă©tranglant les tiges ligneuses et les troncs des arbres et en cassant les branches ou en dĂ©racinant mĂȘme des arbres sous son poids.
L'expansion du kudzu aux Ătats-Unis se fait principalement par multiplication vĂ©gĂ©tative par les stolons et les rhizomes et aussi par l'enracinement des tiges qui produisent des racines adventives au niveau des nĆuds et engendrent ainsi de nouveaux pieds. Le kudzu se propage aussi par ses graines, qui sont contenues dans des gousses et mĂ»rissent en automne. Une ou deux graines viables sont produites par bouquet de gousses. Ces graines Ă tĂ©gument coriace peuvent germer aprĂšs plusieurs annĂ©es, ce qui provoque la rĂ©apparition de la plante des annĂ©es aprĂšs qu'on a cru l'avoir Ă©radiquĂ©e.
En Europe, Pueraria Montana var. lobata est inscrite depuis 2016 dans la liste des espĂšces exotiques envahissantes prĂ©occupantes pour lâUnion europĂ©enne[14]. Cela signifie qu'elle ne peut pas ĂȘtre importĂ©e, cultivĂ©e, commercialisĂ©e, plantĂ©e, ou libĂ©rĂ©e intentionnellement dans la nature, et ce nulle part dans lâUnion europĂ©enne[15].
En France, la variĂ©tĂ© de kudzu Pueraria montana var. lobata est lĂ©galement inscrite sur la liste annexe de l'ArrĂȘtĂ© du relatif aux espĂšces vĂ©gĂ©tales exotiques envahissantes sur le territoire mĂ©tropolitain[16].
Le Kudzu nâa Ă©tĂ© importĂ© que trĂšs rĂ©cemment en Europe, pour un usage horticole. Aucune installation dans le milieu naturel nâa Ă©tĂ© constatĂ© en mĂ©tropole. En Nouvelle-CalĂ©donie, son introduction est plus ancienne. Câest une espĂšce qui tire profit de la dĂ©gradation des milieux et qui peut ĂȘtre localement abondante dans les zones ouvertes et dĂ©gradĂ©es. Toutefois, son caractĂšre envahissant sâexprime principalement dans les milieux anthropisĂ©s[3]. On en peut observer un pied au Jardin des Plantes de Paris. On retrouve des populations de Kudzu en Italie et en Suisse, notamment au Tessin.
ContrĂŽle
Pour maĂźtriser Ă long terme l'expansion de cette plante, il est nĂ©cessaire de dĂ©truire en totalitĂ© son systĂšme racinaire trĂšs Ă©tendu. Le moindre reste de collet racinaire peut conduire Ă la rĂ©infestation d'une zone[4]. Les moyens mĂ©caniques consistent Ă couper les tiges juste au-dessous du niveau du sol et Ă dĂ©truire toute la matiĂšre enlevĂ©e. Un fauchage Ă ras chaque mois, ou un pĂąturage rĂ©gulier intense pendant deux saisons de vĂ©gĂ©tation, ou bien des cultures rĂ©pĂ©tĂ©es peuvent ĂȘtre efficaces. Les coupes de kudzu peuvent servir Ă alimenter le bĂ©tail, ou bien ĂȘtre brĂ»lĂ©es ou ensachĂ©es dans des sacs en matiĂšre plastique envoyĂ©s en dĂ©charge. Si c'est fait au printemps, les coupes doivent ĂȘtre rĂ©pĂ©tĂ©es au fur et Ă mesure des repousses pour Ă©puiser les rĂ©serves de la plante en glucides. Les coupes en fin de saison devraient ĂȘtre suivies immĂ©diatement sur les tiges coupĂ©es d'un herbicide systĂ©mique, capable ainsi de se vĂ©hiculer dans le systĂšme racinaire. Des applications rĂ©pĂ©tĂ©es de plusieurs herbicides de sol se sont rĂ©vĂ©lĂ©es efficaces dans des zones forestiĂšres. Des recherches ont Ă©tĂ© entreprises par le Service des forĂȘts des Ătats-Unis pour mettre au point des mĂ©thodes de lutte biologique et l'utilisation d'un champignon est actuellement testĂ©e.
Utilisations
Culinaires
Les parties non-ligneuses de la plante sont comestibles. Les jeunes feuilles peuvent ĂȘtre consommĂ©es en salade ou cuisinĂ©es comme un lĂ©gume-feuille et les fleurs frites en beignets (Ă l'instar des fleurs de courgette) tandis que les racines tubĂ©reuses riches en amidon peuvent ĂȘtre prĂ©parĂ©es comme n'importe quel tubercule.
Les racines féculentes de cette plante sont réduites en une fine poudre servant à préparer diverses sortes de Wagashi (confiseries traditionnelles japonaises). Parmi elles, on peut citer le Kudzu-mochi, gùteau trÚs populaire à base de poudre de kudzu et de poudre de soja, ou encore le Kudzu-manjû, gùteau dégusté généralement en été[17]. Additionnée d'eau et chauffée, elle devient claire et sert d'épaississant alimentaire.
Le kudzu est connu au Japon depuis au moins 1 300 ans et on suppose qu'il a une origine encore plus ancienne. Au cours des Ăšres Nara et Heian, il aurait servi Ă payer les impĂŽts. MĂȘme de nos jours, la poudre de kudzu Yoshino a encore la meilleure rĂ©putation. La prĂ©fecture de Kagoshima est le plus important producteur de dĂ©rivĂ©s du kudzu.
MĂ©dicine traditionnelle chinoise
La racine de puĂ©raire est utilisĂ©e comme matiĂšre mĂ©dicale en Chine depuis au moins deux millĂ©naires puisquâelle est citĂ©e dans le Shennong bencao jing, le plus ancien ouvrage chinois traitant des drogues vĂ©gĂ©tales, animales et minĂ©rales, compilĂ© aux alentours du dĂ©but de lâĂšre commune. La fiche sur la « racine de puĂ©raire » (gegen èæ č) indique « traite la soif, la grande chaleur dans le corps, les haut-le-cĆur et les vomissements ; les obstacles Bi ; elle augmente le qi yin, Ă©limine toutes sortes de toxines » (Shennong Bencao jing[18]). DâaprĂšs un ouvrage de pharmacopĂ©e traditionnelle faisant autoritĂ©[19] de 2008 (en Chinois en 2003), la racine de puĂ©raire doit ĂȘtre collectĂ©e au printemps et en automne, coupĂ©e en piĂšces, sĂ©chĂ©es au soleil, utilisĂ©e crue ou Ă©tuvĂ©e.
Fonctions :
- calme la soif liée à la fiÚvre
- calme les douleurs de la nuque et du dos
- dilate les vaisseaux
Indications :
- refroidissement avec raideur du cou et des trapĂšzes
- maladie fébriles et éruptive, calme la soif
- hypertension artérielle
MĂ©decine moderne
- Traitement de lâalcoolisme
Parmi les mĂ©dicaments disponibles (en 2018) pour traiter lâalcoolisme chronique, aucun nâa dĂ©montrĂ© dâefficacitĂ© rĂ©elle[17].
Des Ă©tudes menĂ©es chez le hamster dorĂ© de Syrie ont mis en Ă©vidence que lâadministration dâextraits de racine de Pueraria montana var. lobata et de certains de ces composĂ©s isolĂ©s engendrait une diminution significative de la prise dâalcool. Lorsquâil a le choix entre de lâeau et une solution Ă©thanolique, ce hamster favorise la prise dâalcool. Une Ă©tude a montrĂ© que lâinjection intrapĂ©ritonĂ©ale (i.p.) dâextraits de racine de puĂ©raire hirsute (1,5 g/kg/jour i.p.) entraĂźnait une diminution de la prise dâalcool dâau moins 50 % chez le hamster dorĂ©. La daidzĂ©ine, une isoflavone isolĂ©e dans la racine, Ă la dose de 150 mg/kg/jour i.p. diminue Ă©galement la prise dâalcool dâenviron 50% chez le hamster dorĂ©[20]. Des Ă©tudes menĂ©es sur dâautres modĂšles animaux, comme le rat « Fawn-hooded » ou le singe vert africain, ont confirmĂ© que lâadministration dâextraits de racine de Pueraria montana var. lobata et lâadministration de daidzine permettaient de diminuer significativement la prise dâalcool.
Les quelques Ă©tudes cliniques en double aveugle, menĂ©es chez lâhomme, ne permettent pas de conclure de lâefficacitĂ© de lâutilisation de la racine dans le traitement de lâalcoolisme chronique[17]. Lâintervention de facteurs psycho-sociaux dans la dĂ©pendance Ă lâalcool rend difficile lâinterprĂ©tation des donnĂ©es.
Les isoflavonoĂŻdes sont les principaux mĂ©tabolites secondaires produits par la puĂ©raire hirsute. Ce sont des molĂ©cules particuliĂšrement abondantes chez les Fabaceae. Le cas des isoflavones du soja a Ă©tĂ© bien Ă©tudiĂ©. Comme elles se fixent sur les rĂ©cepteurs aux ĆstrogĂšnes, elles sont appelĂ©es des phyto-ĆstrogĂšnes[21].
La racine de puĂ©raire contient des isoflavones sous forme aglycone (daidzĂ©ine, gĂ©nistĂ©ine, formononĂ©tine, ...) ou glycosylĂ©e (daidzine, gĂ©nistine, puĂ©rarine,...). La puĂ©rarine est le composĂ© le plus abondant. La daidzine, que lâon retrouve dans les graines de soja, est Ă©galement prĂ©sente en quantitĂ© non nĂ©gligeable[17].
Des saponosides triterpéniques ont été identifiés dans les racines de puéraire comme les soyasapogénols A et B, présents chez le soja.
- Propriétés cardiovasculaires
Des Ă©tudes ont montrĂ© que lâadministration orale, pendant deux semaines, dâextrait de racine de puĂ©raire hirsute, chez le rat hypertendu, provoquait une diminution significative de la pression artĂ©rielle. Dâautres investigations ont montrĂ© que lâadministration orale de daidzĂ©ine (300 mg/kg) permettait de diminuer de 12,8 % la pression systolique chez le rat hypertendu[17].
Cependant les Ă©tudes menĂ©es chez lâhomme ont donnĂ© des rĂ©sultats trĂšs variables.
- PropriĂ©tĂ©s liĂ©es aux phyto-ĆstrogĂšnes
LâactivitĂ© anti-oestrogĂ©nique de plusieurs plantes a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©e: outre la racine et les feuilles de Pueraria montana var. lobata, on a la graine de soja, les feuilles de trĂšfle et de luzerne, la racine de rĂ©glisse, les graines de lin, les fruits de fenouil.
La racine de puéraire contient de la daidzéine, de la génistéine, ainsi que leurs précurseurs méthylés (la formononétine, biochanine A).
Trois Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques dâobservation, menĂ©es au Japon et incluant 1476 femmes au total, suggĂšrent que les aliments contenant une quantitĂ© importante dâisoflavones, ont une influence sur les symptĂŽmes de la mĂ©nopause et notamment les bouffĂ©es de chaleur (Nagata et al., 1999, 2000, 2001)[17].
Production textile
Depuis plusieurs millĂ©naires, on utilise les fibres de Pueraria montana var. lobata dans la confection de vĂȘtements en Chine et au Japon. Lâutilisation de ces fibres est mentionnĂ©e dans la fabrication dâune robe de cĂ©rĂ©monie offerte Ă lâEmpereur chinois vers 800 avant J-C[17].
Au Japon, il existe toujours une industrie artisanale de tissage de vĂȘtements Ă base de fibres de puĂ©raire gĂ©nĂ©ralement associĂ©es Ă du coton ou de la soie. Ses vĂȘtements sont appelĂ©s Kudzu-fu ou Kappu. En Chine, il existe aujourdâhui encore une production artisanale, notamment le long du fleuve Yangtze. Cependant, cet artisanat disparaĂźt peu Ă peu face Ă la production industrielle de fibres synthĂ©tiques.
Fabrication de papier
Un papier traditionnel a Ă©tĂ© fabriquĂ© en Chine Ă partir de lâĂ©corce de la puĂ©raire hirsute.
La méthode de fabrication se fait suivant une procédure applicable aux papiers de plantes lianescentes (comme la glycine Wisteria sinensis).
Les jeunes tiges droites de 2 Ă 3 m de longueur sont rĂ©coltĂ©es au milieu de lâĂ©tĂ© et les feuilles sont Ă©liminĂ©es. Puis elles sont Ă©tuvĂ©es pour pouvoir peler lâĂ©corce. Les Ă©corces sont ensuite cuites pendant 2 Ă 4 heures dans une lessive alcaline. Elles sont ensuite Ă©crasĂ©es dans une meule pendant 3 heures[5]. De cette pĂąte Ă papier diluĂ©e dans un bassin dâeau, le papetier prĂ©lĂšve un mince film homogĂšne de fibres qui une fois sĂ©chĂ© deviendra une feuille de papier.
Artisanales
En Nouvelle-CalĂ©donie, ses fibres servaient traditionnellement Ă constituer des instruments de pĂȘche[22].
DĂ©nominations
- Nom scientifique valide : Pueraria montana (Lour.) Merr[23].
- Noms vulgaires (vulgarisation scientifique) ou noms vernaculaires (langage courant) : Puerarie[24] ou puéraire[25], kudzu[24] - [26] - [27], Kuzu[24], kouzou ou encore vigne kudzu[24]. En Nouvelle-Calédonie, on l'appelle « magnagna »[22].
Le terme « kudzu » vient du japonais kuzu (è), une plante grimpante vivace.
La plante cultivée appelée en français, Nepalem[28] ou Vigne japonaise[28], kudzu[28], Kudzu du Japon[29] ou encore Puéraire hirsute[29], correspond généralement à :
- La sous-espÚce : Pueraria montana var. lobata (Willdenow) Maesen & S.M. Almeida ex Sanjappa & Predeep[23] (variété acceptée par Flora of North America (FNA)[23]) (officiellement interdite en France car invasive[16])
On la distingue du Kudzu des tropiques ou PuĂ©raria faux-haricot (Pueraria phaseoloĂŻdes), plante fourragĂšre du mĂȘme genre botanique[27] - [28].
Pueraria montana (Lour.) Merr est souvent confondu avec le « pois-patate » ou « jicama » (Pachyrhizus erosus (L.) Urb.) dont les tubercules sont également comestibles.
Liste des variétés
Selon The Plant List (4 janvier 2019)[30] :
- variété Pueraria montana var. chinensis (Ohwi) Sanjappa & Pradeep
- variété Pueraria montana var. lobata (Willd.) Sanjappa & Pradeep
- variété Pueraria montana var. thomsonii (Benth.) Wiersema ex D.B. Ward
Selon Tropicos (4 janvier 2019)[31] (Attention liste brute contenant possiblement des synonymes) :
- variété Pueraria montana var. chinensis (Benth.) Maesen & S.M. Almeida ex Sanjappa & Predeep
- variété Pueraria montana var. lobata (Willd.) Maesen & S.M. Almeida ex Sanjappa & Predeep
- variété Pueraria montana var. montana
- variété Pueraria montana var. thomsonii (Benth.) M.R. Almeida
Selon les auteurs, la variété lobata peut correspondre à :
- une sous-espĂšce :
- ou bien encore aux synonymes suivants :
Notes et références
Notes
- pour un observateur qui regarde une tige enroulĂ©e sur un support vertical, la tige monte (au cours de sa croissance) de sa gauche vers sa droite dans la partie visible de lâhĂ©lice
Références
- IPNI. International Plant Names Index. Published on the Internet http://www.ipni.org, The Royal Botanic Gardens, Kew, Harvard University Herbaria & Libraries and Australian National Botanic Gardens., consulté le 13 juillet 2020
- (en) Référence Tropicos : Pueraria montana (Lour.) Merr. (+ liste sous-taxons)
- Vanessa Hequet (IRD) et Patrick BarriÚre (CEN Nouvelle-Calédonie), « Pueraria montana var. lobata », sur Centre de ressources EspÚces Exotiques Envahissantes (consulté le )
- « Puéraire hérissée (Fabaceae, Légumineuse) Pueraria lobata (Willd.) Ohwi », sur info flora (consulté le )
- LAROQUE Claude, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, en collaboration avec des instituts partenaires en Chine, Corée et au Japon., « Pueraria montana var. lobata (Willd) Maesen & S.M . Almeida ex Sanjappa & Predeep », sur khartasia (consulté le )
- Loureiro, João de, 1710-1791, « Flora cochinchinensis : sistens plantas in regno Cochinchina nascentes », sur BHL, Ulyssipone : Typis, et expensis academicis, 1790 (consulté le )
- Robyn J. Burnham, University of Michigan, « Pueraria montana var. lobata », sur Plant Diversity Website (consulté le )
- R. Morisoll, M. Conedera, G. Moretti, S. Crivelli, V. Soldati, M. Bertossa, G Pezzatti, « StratĂ©gie de lutte envers une nĂ©ophyte envahissante â exemple de puĂ©raire », Schweiz Z Forstwes, vol. 169,â , p. 102-109 (lire en ligne)
- (en) Référence Flora of China : Pueraria montana (Loureiro) Merrill
- (en) Référence Plants of the World online (POWO) : Pueraria montana (Lour.) Merr.
- James H. Miller and Boyd Edwards, « KUJDZU: Where Did It come From? And How Can We Stop It? », Southern Journal of Applied Forestry., vol. 7,â , p. 165-169 (lire en ligne)
- « Pueraria montana var. lobata », sur USDA, Fire Effects Information System (FEIS) (consulté le )
- « kudzu, Pueraria montana var. lobata (Willd.) Maesen & S. Almeida », sur Invasive Plant Atlas of the United States (consulté le )
- « List of Invasive Alien Species of Union concern - Environment - European Commission », sur ec.europa.eu (consulté le )
- « RĂGLEMENT (UE) No 1143/2014 du parlement europĂ©en et du conseil du 22 octobre 2014 relatif Ă la prĂ©vention et Ă la gestion de l'introduction et de la propagation des espĂšces exotiques envahissantes »
- F. Mitteault, C. Geslain-LanĂ©elle et P. Dehaumont, « ArrĂȘtĂ© du 14 fĂ©vrier 2018 relatif Ă la prĂ©vention de l'introduction et de la propagation des espĂšces vĂ©gĂ©tales exotiques envahissantes sur le territoire mĂ©tropolitain », JORF, vol. texte n° 11, no 0044,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- François-Xavier Henry, ThĂšse : Contribution Ă lâĂ©tude du kudzu (Pueraria lobata (Willd.) Ohni) ; de lâusage traditionnel aux applications thĂ©rapeutiques modernes, FacultĂ© de pharmacie, UniversitĂ© de Lorraine, (lire en ligne)
- translated by Sabine Wilms, Shen Nong Bencao Jing, The Divine Farmerâs Classic of Materia Medica, Happy Goat Productions,
- UniversitĂ© de mĂ©decine traditionnelle chinoise de Nanjing et Shanghai (trad. You-wa Chen), La pharmacopĂ©e chinoise. Les herbes mĂ©dicinales usuelles äžèŻćŠ, Ăditions You Feng,â , 468 p.
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- Voir la fiche de cette espÚce sur le site VASCAN (Base de données des plantes vasculaires du Canada) de Canadensys.
- Nom vernaculaire en français dâaprĂšs Termium plus, la banque de donnĂ©es terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada
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- Voir dĂ©finition donnĂ©e par le Grand dictionnaire terminologique de lâOffice quĂ©bĂ©cois de la langue française.
- Voir cette espĂšce sur le site Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN)
- Voir cette espĂšce sur le site idRef
- The Plant List (2013). Version 1.1. Published on the Internet; http://www.theplantlist.org/, consulté le 4 janvier 2019
- Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 4 janvier 2019
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (en) Référence IPNI : Pueraria montana
Bases taxinomiques
- (en) Référence BioLib : Pueraria montana (Lour.) Merr. (consulté le )
- (en) Référence Catalogue of Life : Pueraria montana (Lour.) Merr. (consulté le )
- (en) Référence Flora of China : Pueraria montana (consulté le )
- (en) Référence GRIN : espÚce Pueraria montana (Lour.) Merr. (consulté le )
- (fr+en) Référence ITIS : Pueraria montana (Lour.) Merr. (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Pueraria montana Pueraria lobata var. montana (Lour.) Maesen (taxons inclus) (consulté le )
- (en) Référence The Plant List : Pueraria montana (Lour.) Merr. (source : The International Legume Database and Information Service ou ILDIS) (consulté le )
- (en) Référence Tropicos : Pueraria montana (Lour.) Merr. (Syn. Pueraria lobata var. montana (Lour.) Maesen) (+ liste sous-taxons) (consulté le )
- (en) Référence uBio : site déclaré ici indisponible le 7 avril 2023
Autres liens externes
- (en) L'Ă©tonnante histoire du kudzu
- (en) Images de kudzu « dévorant » des voitures et des maisons
- (en) Article du site invasivespecies.gov (de nombreux liens)
- (en) Le kudzu comme traitement contre alcoolisme