Wisteria sinensis
Glycine de Chine
Wisteria sinensis ou glycine de Chine, est une espÚce de plantes dicotylédones de la famille des Fabaceae, sous-famille des Faboideae, originaire de Chine.
Ce sont des plantes grimpantes, pouvant atteindre 10 m de haut. L'espĂšce a Ă©tĂ© introduite au dĂ©but du XVIIIe siĂšcle en France par Dominique Parrenin et en Grande-Bretagne par le capitaine Robert Welbank en 1816[1] - [2]. Suivant J. Compton, dix ans environ aprĂšs son arrivĂ©e en Angleterre, la glycine de Chine a Ă©tĂ© importĂ©e en France Ă partir de lâAngleterre. Elle aurait Ă©tĂ© cultivĂ©e dans les jardins de Jean-François Boursault (28 rue Blanche Ă Paris, en 1825) et de François Cels[3].
La glycine de Chine est une plante ornementale appréciée dans les régions tempérées pour sa floraison printaniÚre abondante et parfumée. Elle fait aussi partie des plantes lianescentes utilisées par les papetiers chinois pour produire un papier traditionnel trÚs en vogue sous la dynastie Tang (618-907) mais ayant progressivement disparu aprÚs le Xe siÚcle.
Ătymologie et nomenclature
Le nom de genre Wisteria a Ă©tĂ© dĂ©diĂ© Ă Caspar Wistar (1761-1818) professeur dâanatomie Ă lâuniversitĂ© de Philadelphie.
LâĂ©pithĂšte spĂ©cifique sinensis est mot latin rĂ©cent indiquant « originaire de Chine ».
Le nom glycine est un dĂ©rivĂ© savant (1744) du grec glukus ÎłÎ»Ï ÎșÏ Ï Â« doux », en raison de lâĂ©lĂ©ment visqueux que cette espĂšce de plante contient.
En 1819, lâespĂšce fut dĂ©crite et nommĂ©e Glycine sinensis par le mĂ©decin et botaniste britannique John Sims[4]. En 1825, le botaniste suisse, Augustin-Pyramus de Candolle fait passer lâespĂšce dans le genre Wisteria dans Prodomus systematis[5].
Noms vernaculaires
- Glycine, glycine commune, glycine de Chine, wistérie, wistérie de Chine[6].
- çŽ«è€ ZÇtĂ©ng, (morph. mauve.liane) en chinois.
Taxinomie
Synonymes
Selon Powo (Kew)[7], les synonymes sont :
- Glycine sinensis Sims
- Glycine chinensis Sims
- Kraunhia sinensis (Sims) Greene[8]
- * Rehsonia brevidentata (Sims) Stritch
- Rehsonia sinensis (Sims) Stritch
- Rehsonia villosa (Sims) Stritch
- Wisteria brevidentata Rehder
- Wisteria consequana Sabine
- Wisteria polystachya K.Koch
- Wisteria praecox Hand.-Mazz.
- Wisteria sinensis var. alba Lindl.
- Wisteria sinensis var. brevidentata (Rehder) J.Compton & C.Lane
- Wisteria sinensis var. villosa (Rehder) J.Compton & C.Lane
- Wisteria villosa Rehder
Description
La glycine de Chine est un arbuste lianescent, aux feuilles caduques, dont les tiges volubiles peuvent atteindre 30 mĂštres de long et 20 cm de diamĂštre. Les jeunes rameaux sont densĂ©ment poilus, les tiges plus ĂągĂ©es sont plus glabres[10] - [11]. Cette plante forme de grandes colonies clonales qui se dĂ©veloppent Ă partir de rhizomes souterrains Ă©pais et de racines adventives. La glycine de Chine grimpe autour dâun support de façon senestre[n 1]. Cet enroulement senestre est relativement rare parmi les plantes Ă fleurs, et la glycine du Japon, Wisteria floribunda, qui lui est Ă©troitement apparentĂ©e, sâenroule de façon dextre[12].
Les feuilles, alternes, composées imparipennées, peuvent atteindre 40 cm de long. Chaque feuille compte de 7 à 13 folioles (contre 13 à 19 folioles chez Wisteria floribunda), ovales à elliptiques, de 10 cm de long sur 6 cm de large, aux marges entiÚres et à la base arrondies. Les folioles sont couvertes de poils soyeux lorsqu'elles sont trÚs jeunes et deviennent presque glabres par la suite. Le pétiole atteint 10 cm de long, avec une base enflée (pulvinus)[11].
L'inflorescence est une longue grappe retombante, pouvant atteindre 30 Ă 40 cm de long (jusqu'Ă 50 cm et plus chez Wisteria floribunda) et regroupant de nombreuses fleurs.
Les fleurs, de type papilionacé, voyantes et légÚrement odorantes, de 2,5 cm de long environ, sont de couleur lilas trÚs pale à plus ou moins foncé, parfois blanche[11].
La floraison se produit généralement tÎt au printemps, avant l'apparition des nouvelles feuilles, et on assiste le plus souvent à une deuxiÚme floraison discrÚte en été ou en automne[11]. Le fruit est une gousse brune, velue et dense, atteignant 15 cm de long, et contenant 1 à 3 graines. La gousse est souvent renflée autour des graines. Celles-ci sont lisses, brunes et aplaties[11].
Toutes les longueurs donnĂ©es dans cette section sont plus grandes que celles donnĂ©es pour lâespĂšce sauvage de Chine par Flora of China[13].
Distribution et habitat
L'aire de rĂ©partition originelle de Wisteria sinensis se situe en Chine, dans les provinces de Anhui, Fujian, Guangxi (Nord-Est), Hebei, Henan, Hubei, Hunan, Jiangsu, Jiangxi, Shaanxi, Shandong, Shanxi (Sud), Zhejiang [13]. Dans son aire naturelle, la plante se rencontre dans les forĂȘts de montagne, entre 500 et 1 800 mĂštres d'altitude. Elle est par ailleurs largement cultivĂ©e dans diverses rĂ©gions tempĂ©rĂ©es situĂ©es au-delĂ de son aire de rĂ©partition naturelle[13].
Propriétés
Les graines de ces deux espÚces contiennent de la wistarine, glycoprotéine de type lectine, toxique. Des intoxications sont signalées dans la littérature et concernent des enfants ayant consommé des graines. Ce sont donc des plantes qu'il faut considérer comme toxiques.
En ce qui concerne les chevaux , une absorption de feuillage ainsi que de rameaux provoque une sensation observée de brûlures à un point tel qu'il leur est impossible de s'abreuver ainsi que de se nourrir durant 2 à 3 jours.
Utilisations
Plante ornementale
Les glycines sont des plantes ornementales trÚs fréquemment cultivées dans les régions tempérées, pour leur floraison abondante et parfumée. Elles sont palissées contre les murs ou courent sur des clÎtures ou sur des pergolas.
Fabrication de papier
Les fibres libériennes de la glycine de Chine ont joué un rÎle mal connu et limité dans le temps, dans la longue histoire de la fabrication du papier en Chine.
Les premiers papiers sont apparus en Chine sous la dynastie Han (de -206 Ă +220). Ils furent dâabord fabriquĂ©s Ă partir de fibres de chanvre tirĂ©es de vieux chiffons[14]. Au cours des siĂšcles suivants, les papetiers passĂšrent de lâutilisation de chiffons Ă lâexploitation directe des fibres du chanvre (dama 性éș», Cannabis sativa L.) et du mĂ»rier Ă papier (gu æŠ, chu æ„ź, Broussonetia papyrifera L.). Ils essayĂšrent aussi les fibres extraites de la ramie (zhuma èéș», papier de ramie L.), du lin (yama äșéș», Linum usitissimum L.), et du jute (huangma é»éș», Corchorus capsularis L.). Sous lâinfluence de Cai Lun, un haut fonctionnaire mort en 121, la diffusion dâune nouvelle procĂ©dure de fabrication de papier avec de lâĂ©corce de mĂ»rier Ă papier put se rĂ©pandre largement.
Durant la dynastie Jin (265-420), les nouveaux papiers de fibres vĂ©gĂ©tales remplacent peu Ă peu les lattes de bambou et les bandes de soie utilisĂ©s jusque-lĂ comme support de l'Ă©criture. Ce succĂšs incite les papetiers Ă rechercher de nouvelles fibres vĂ©gĂ©tales papetiĂšres. Leurs innovations vont porter sur les « plantes lianescentes ». Il sâagit dâun groupe de plantes dont le nom chinois se termine par le caractĂšre teng è€[15] - [16], comme çŽ«è€ ziteng la glycine (Wisteria sinensis), ćèè€ïŒé»è€ïŒnĂĄnshĂ©tĂ©ng (hÄitĂ©ng) Celastrus orbiculatus, baiteng çœè€ Calamus tetradactylus , éè€ qingteng (Sinomenium acutum), èè€ gĂ©tĂ©ng Kudzu (Pueraria montana var. lobata) etc. En chinois classique le caractĂšre teng è€, employĂ© isolĂ©ment sans dĂ©terminant, peut dĂ©signer le « rotin ». Ă lâĂ©poque contemporaine, toutes les espĂšces de rotin du genre Calamus (palmiers grimpants Ă rotin) ont reçu un nom vulgaire normalisĂ© par Flora of China, se terminant par teng è€ (ce qui permet dâĂ©viter de mĂ©langer lâĂ©criture alphabĂ©tique romaine avec les caractĂšres chinois). Et toutes les espĂšces de Wisteria de Chine possĂšde aussi le caractĂšre teng è€ dans leur nom. Toutes ces plantes servent Ă fabriquer du papier de rotinoĂŻde[n 2] tengzhi è€çșž (appelĂ© par Yi Xiaohui[15] du papier dâĂ©corce de rotinoĂŻde tengpizhi è€çźçșž).
Lâhistoire des anciens papiers a Ă©tĂ© Ă©crite par des lettrĂ©s qui sâintĂ©ressaient particuliĂšrement Ă des papiers apprĂȘtĂ©s et dĂ©corĂ©s quâils avaient utilisĂ©s dans leur pratique Ă©pistolaire, poĂ©tique ou calligraphique ou quâils avaient pu voir dans leurs hautes fonctions administratives. Jean-Pierre DrĂšge[16] a donnĂ© un bon aperçu de lâardeur Ă©rudite des lettrĂ©s Ă collecter les diffĂ©rents noms de papiers ayant servi Ă tel type de fonctionnaires, pour tel type dâĂ©dit, Ă telle Ă©poque:
- « Au dĂ©but des Tang, pour Ă©crire les annonces relatives aux ministres et aux fonctionnaires, on utilisait du papier « Ă lâor fondu » ainsi que du papier « au phĂ©nix dâor ». Pour les autres, on se contentait de papier « aux poissons » et de papiers Ă fleurs...Les encouragements aux armĂ©es...employaient du papier de chanvre jaune. Pour les textes dâoffrande au palais Taiqing et dans le temple taoĂŻste, on se servait du papier de rotin bleu [sur lesquels] on Ă©crivait en vermillon » (Quatre rĂ©pertoires du studio des lettres, par Su Yijian (958-996), traduit par DrĂšge[16])
Le texte se poursuit de cette maniĂšre sur des dizaines de pages. J-P. DrĂšge ne traduit pas Ă proprement parler le nom des plantes en chinois mais donne ce quâen linguistique on appelle un calque lexical. Il fournit une traduction morphĂšme Ă morphĂšme, ainsi le papier de « chanvre jaune » (é»éș» huangma jaune.chanvre) pourrait ĂȘtre fait de jute (Corchorus capsularis famille des Tiliaceae), et le papier de « rotin bleu » (éè€ qingteng) fait de Sinomenium acutum (famille des Menispermaceae).
Les lettrĂ©s qui ont laissĂ© ces tĂ©moignages manifestaient trĂšs peu dâintĂ©rĂȘts pour les techniques de fabrication. Ce nâest quâĂ partir du Tiangong Kaiwu (怩淄éç©) publiĂ© en 1637, quâune encyclopĂ©die des processus de production donne des explications Ă©clairĂ©es par des illustrations.
Durant la dynastie Tang (618-907), lâessor du papier sâaccompagna dâune prodigieuse diversification des matiĂšres premiĂšres. Le bambou entra aussi en scĂšne, mais câest un peu plus tard, durant la dynastie Song (960-1279) qu'il sâest imposĂ© et sâest substituĂ© aux chanvroĂŻdes (chanvre, ramie, jute...), aux rotinoĂŻdes (glycine, rotin (Calamus) , Sinomenium...) et mĂȘme en partie aux mĂ»riers Ă papier[16]. Voir la classification des papiers traditionnels chinois.
Notes
- pour un observateur qui regarde une tige enroulĂ©e sur un support vertical, la tige monte (au cours de sa croissance) de sa gauche vers sa droite dans la partie visible de lâhĂ©lice
- le terme rotinoĂŻde est prĂ©fĂ©rable Ă plante lianescente, car il correspond bien Ă lâĂ©tymologie de teng è€. Le terme est construit sur rotin, suivi du suffixe -oĂŻde « qui ressemble à »
Références
- (en) Royal Horticultural Society (Great Britain), Transactions of the Horticultural Society of London, volume 1, numéro 6, Horticultural Society of LondonThe Society, (lire en ligne), p. 460-464.
- Verhaeghe, P. 2004. Clef des plantes sarmenteuses rustiques en Belgique. Taxonomania 11:1-26.
- James A. Compton, « Wisteria sinensis on the slow boat from China : the journey of Wisteria to England », Curtisâs Botanical Magazine, vol. 32, nos 3/4,â
- John Sims, « Glycine sinensis », Curtis's botanical magazine, vol. 46,â (lire en ligne)
- Augustin Pyramus de Candolle, Prodromus systematis naturalis regni vegetabili, ..., Parisii : Sumptibus Sociorum Treuttel et WĂŒrtz, 1824-73, (lire en ligne)
- (en) « Wisteria sinensis (WSTSI)[Overview] », sur EPPO Global Database, Organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes (OEPP) (consulté le ).
- (en) Référence Plants of the World online (POWO) : 60459148-2 Wisteria sinensis (Sims) DC.
- USDA, Agricultural Research Service, National Plant Germplasm System. Germplasm Resources Information Network (GRIN-Taxonomy). National Germplasm Resources Laboratory, Beltsville, Maryland., consulté le 7 mai 2019
- Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 11 juin 2013
- Joel Reynaud, La flore du pharmacien, Ă©d. TEC et DOC, 2002.
- (en) K.A. Langeland et al., « Wisteria sinensis (Sims) Sweet - Identification and Biology of Nonnative Plants in Floridaâs Natural Areas - 2e Ă©dition », sur UF / IFAS Center for Aquatic and Invasive Plants, (consultĂ© le ).
- Robyn J. Burnham, University of Michigan, « Wisteria sinensis », sur Climbers (consulté le )
- (en) Référence Flora of China : Wisteria sinensis (Sims) Sweet
- Pan Jixing, The Four Great Inventions of Ancient China: Their Origin, Development, Spread and Influence in the World, Paths International Ltd, , 560 p.
- ææèŸ Yi Xiaohui, « äŒ ç»æć·„çșžççș€ç»Žćæćć ¶ćç±» », sur National Library of China (consultĂ© le )
- Jean-Pierre DrÚge, Le papier dans la Chine impériale, Origine, Fabrication, Usages, Belles Lettres, , 282 p.
Liens internes
EntrĂ©es de Wikipedia traitant de la fabrication du papier. Celles marquĂ©es de ** comportent des dessins Ă lâencre illustrant le processus de fabrication du papier.
- 1. éș»çșžç±» papiers chanvroĂŻdes Fabrication de papier de ramie ; Lin cultivĂ©#Les papiers fins ; kĂ©naf=Hibiscus cannabinus ; Apocynum pictum
- 2. æĄæçźçșžç±» Papier dâĂ©corce de mĂ»rier **, Broussonetia papyrifera ** = BroussonĂ©tia Ă papier = MĂ»rier Ă papier ; Broussonetia kazinoki
- 3. è€çźçșžç±» tĂ©ngpĂzhÇ lĂši : papier dâĂ©corce de rotinoĂŻde: Fabrication de papier; Pueraria montana, la PuĂ©raire hirsute (ou le Kudzu, la vigne du Japon (homonyme Vitis coignetiae)
- 4. çéŠçźçșžç±» papier dâĂ©corce de Thymelaeaceae : Edgeworthia ; Edgeworthia chrysantha = Buisson Ă papier ; Edgeworthia gardneri; Daphne odora ; Daphne papyracea; Wikstroemia canescens; Wikstroemia delavayi ; Wikstroemia lichiangensis ; Papier Dongba ** ; Stellera chamaejasme **
- 5. ç«čçșžç±» zhĂș zhÇ lĂši : papier de bambou ; Phyllostachys edulis
- 6. èç±» caolei, papier de paille, Abaca=Musa textilis
- 7. æ··æçșžç±» Papier multifibre : Papier Xuan ** ; Pteroceltis tatarinowii = Santal bleu = syn.Ulmus cavaleriei
Liens externes
- (en) Référence BioLib : Wisteria sinensis (Sims) Sweet (consulté le )
- (en) Référence Catalogue of Life : Wisteria sinensis (Sims) DC. (consulté le )
- (en) Référence Flora of China : Wisteria sinensis (consulté le )
- (en) Référence Flora of Pakistan : Wisteria sinensis (consulté le )
- (en) Référence Flora of Missouri : Wisteria sinensis (consulté le )
- (en) Référence GISD : espÚce Wisteria sinensis (consulté le )
- (en) Référence GRIN : espÚce Wisteria sinensis (Sims) DC. (consulté le )
- (fr+en) Référence ITIS : Wisteria sinensis (Sims) DC. (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Wisteria sinensis (Sims) DC. (taxons inclus) (consulté le )
- (fr) Référence Tela Botanica (France métro) : Wisteria sinensis (Sims) Sweet (consulté le )
- (fr) Référence Tela Botanica (La Réunion) : Wisteria sinensis (Sims) Sweet (consulté le )
- (en) Référence The Plant List : Wisteria sinensis (Sims) Sweet (source : The International Legume Database and Information Service ou ILDIS) (consulté le )
- (en) Référence Tropicos : Wisteria sinensis (Sims) DC. (Syn. Wisteria sinensis (Sims) Sweet) (+ liste sous-taxons) (consulté le )
- (en) Référence uBio : site déclaré ici indisponible le 7 avril 2023