AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Wikstroemia canescens

Wikstroemia canescens est une espĂšce d’arbustes de la famille des Thymelaeaceae poussant dans les rĂ©gions himalayennes de la Chine, de l’Afghanistan, du Pakistan, de l’Inde et du NĂ©pal.

L’écorce contient des fibres vĂ©gĂ©tales employĂ©es pour la fabrication de papier en Chine, au Japon et au Pakistan.

Au Yunnan en Chine, le papier Dongba, fabriquĂ© avec des fibres vĂ©gĂ©tales de W. canescens ou Wikstroemia delavayi, fut pendant des siĂšcles produit et utilisĂ© par les prĂȘtres Dongba dans leurs activitĂ©s cultuelles. À la fin du XXe siĂšcle, la fabrication du papier est passĂ©e d’une activitĂ© intimement liĂ©e aux rituels et Ă  la spiritualitĂ©, Ă  une activitĂ© Ă©conomique des villageois dont les produits sont monnayĂ©s sur les sites touristiques de Lijiang.

Étymologie

Le nom de genre Wikstroemia a Ă©tĂ© crĂ©Ă© par le botaniste et sinologue autrichien Endlicher en l’honneur du botaniste suĂ©dois Wikström (1789-1856) qui se consacra Ă  l’étude des Thymelaeaceae.

L’épithĂšte spĂ©cifique canescens est empruntĂ© au latin canesco « blanchir, vieillir » (Gaffiot) au participe prĂ©sent « chenu ».

Synonymes

Selon Plants of the World online (POWO), les synonymes sont[1]:

  • Daphne inamoena Gardner
  • Daphne oppositifolia Buch.-Ham. ex Meisn.
  • Daphne sericea D.Don
  • Daphne virgata Wall.
  • Diplomorpha canescens (Meisn.) C.A.Mey.
  • Diplomorpha virgata (Meisn.) C.A.Mey.
  • Wikstroemia inamoena (Gardner) Meisn.
  • Wikstroemia virgata Meisn.

Description

Le Wikstroemia canescens est un arbuste de 1,6 Ă  m de haut, souvent trĂšs ramifiĂ© vers l’apex, Ă  feuilles caduques. Les rameaux primaires violet-noir virent au brun grisĂątre en vieillissant; ils sont pubescents. Les bourgeons foliaires sont subglobuleux, blancs et pubescents[2].

Les feuilles comportent un pĂ©tiole court de 1,5 Ă  2,5 mm et un limbe vert sur la face supĂ©rieure et lĂ©gĂšrement blanchĂątre sur la face infĂ©rieure, lancĂ©olĂ©, qui fait de 2,5 Ă  5,5 cm de long sur 0,8–2,5 cm de large, villeux (velu) sur la face infĂ©rieure, apprimĂ© sur la face supĂ©rieure. les feuilles sont alternes sauf Ă  l’extrĂ©mitĂ© des rameaux.

Les inflorescences terminales et axillaires, nombreuses, capitĂ©es, portent de 4 Ă  10 fleurs jaune verdĂątre. Elles s'allongent en grappes aprĂšs l'anthĂšse, leur pĂ©doncule fait 1–2 cm. Chaque fleur apĂ©tale comporte un calice, d’environ 15 mm, Ă  8 cĂŽtes Ă  l’intĂ©rieur, villeux gris Ă  l’extĂ©rieur, et 4 lobes oblongs, Ă  apex obtus. Les 8 Ă©tamines sont fixĂ©es en deux cercles de 4 Ă©tamines Ă  l’intĂ©rieur du tube du calice. L’ovaire est claviforme, d’environ 5 Ă— 1 mm, stipitĂ©, pubescent ; le style est court, complĂštement cachĂ© par les poils; le stigmate capitĂ©, papilleux[2].

Le fruit est une drupe sĂšche.

La floraison a lieu de juin Ă  septembre[3].

  • Ramifications
    Ramifications
  • Rameau et inflorescence
    Rameau et inflorescence

Distribution

L’arbuste pousse en Chine (Tibet, Yunnan), Afghanistan (Mont Khasia), Bangladesh, Inde (Haut Assam, Himalaya occidental), Japon, NĂ©pal, Ouest du Pakistan, Sri Lanka[2] - [1].

Il croĂźt sur les pentes arbustives, parmi les rochers, entre 1 000 m et 2 800(–3 500) m d’altitude.

Utilisations

Les papiers fabriquĂ©s au pied de l’Himalaya utilisent de nombreuses espĂšces de plantes de la famille des Thymelaeaceae (Khartasia[3]).

Leur Ă©corce contient des fibres vĂ©gĂ©tales riches en hĂ©micellulose, employĂ©es pour la fabrication de cordage au Pakistan et la fabrication de papier en Chine, au Japon et au Pakistan. En Chine son aire d’utilisation est le Yunnan (la ville-prĂ©fecture de Lijiang, la PrĂ©fecture autonome tibĂ©taine de Diqing, la ville-district de Shangri-La), le Xizang (Tibet)[3].

Du papier fabriqué avec W. canescens a été produit au Tibet[4]. Il était considéré traditionnellement comme le papier de meilleure qualité et était utilisé pour la production de papier monnaie.

Papier Dongba (Chine)

Vue de Lijiang, Ă  2 400 m d'altitude, aux pieds de la montagne enneigĂ©e du Dragon de jade pointant Ă  5 596 m, Yunnan
Échope vendant des papiers Dongba
PrĂȘtre Dongba calligraphiant des oracles
Cadre de bois, tamis de bambou posés le long d'une cuve pleine d'eau, taillée dans un tronc

Les fibres de Wikstroemia canescens et de Wikstroemia delavayi sont utilisées par le peuple Naxi de la région de Lijiang dans le Yunnan (Chine du Sud), pour fabriquer un papier traditionnel, appelé « papier Dongba ». La religion traditionnelle Naxi, le Dongba, est une forme d'animisme chamanique (Yang et al[5], 2011).

Les prĂȘtres Dongpa enregistrent les Écritures et les peintures Dongba sur un papier fabriquĂ© localement Ă  partir de l'Ă©corce d’arbustes sauvages, nommĂ©s en chinois 䞜江荛花 LĂŹjiāng rĂĄohuā (Wikstroemia lichiangensis), ou W. canescens 荛花 raohua (extrĂȘmement proche) ou 柜æČ§è›èŠ± Lancang raohua (Wikstroemia delavayi), collectĂ©s dans la montagne proche[3]. Dans certains villages, c’était ces mĂȘmes prĂȘtres qui fabriquaient le papier Dongba.

Durant les dĂ©cennies qui ont suivi la fondation de la RĂ©publique populaire de Chine en 1949, l’écriture Dongba, la fabrication de papier Dongba et les ressources en Wikstroemia ont Ă©tĂ© menacĂ©es. Il fallut attendre quatre dĂ©cennies pour voir une revitalisation de la fabrication de papier Dongba s'opĂ©rer, avec la libĂ©ralisation du commerce en 1986 et l’explosion du tourisme[5]. Les villageois s’engagĂšrent alors massivement dans la fabrication de papier Dongba qu’ils Ă©coulaient sur le marchĂ© touristique de Lijiang.

Le papier Dongba est de couleur ivoire. Il n’est pas lisse mais semble au toucher plutĂŽt rugueux et granuleux. De tous les papiers traditionnels artisanaux de Chine, seul le papier Dongba est suffisamment Ă©pais pour pouvoir ĂȘtre Ă©crit recto-verso[6] - [7].

Le processus de fabrication peut ĂȘtre dĂ©composĂ© en une quinzaine d’étapes[n 1] . La technique Dongba de fabrication du papier est influencĂ©e par la technique Ă  forme fixe des communautĂ©s tibĂ©taines et par la technique des formes mobiles de la Chine centrale[5].

Le villageois producteur de papier Dongba va couper dans une forĂȘt de montagne des rameaux de Wikstroemia. Une fois les rameaux descendus Ă  son atelier, il en dĂ©tache l’écorce puis il sĂ©pare les fibres libĂ©riennes de la surface de liĂšge noirĂątre. AprĂšs avoir fait bouillir les fibres plusieurs heures pour les ramollir, il les Ă©crase dans un mortier avec un gros pilon mĂ©canique en bois. Il dispose au fond d’un bassin d’eau, un cadre de bois (de 62 cm de long sur 24 cm de haut) Ă  l’intĂ©rieur duquel il met un tamis rectangulaire fait de lattes de bambou. Il y a alors une bonne couche d’eau au-dessus du tamis. Il dispose la pulpe obtenue dans le cadre en une couche fine et uniforme au-dessus du tamis. Il retire le tamis et la « feuille de fibres » collĂ©e dessus et les retourne sur une grande planche de bois pour faire sĂ©cher la feuille sur la planche. Il passe un rouleau mĂ©tallique (ou une pierre) dessus pour donner un apprĂȘt. Quand la feuille est bien sĂšche, elle se dĂ©tache de la planche.

Papier japonais utilisant des Wikstroemia

Le ganpi est une fibre Ă  papier extraite de plusieurs espĂšces de Wikstroemia 1) Wikstroemia sikokiana[8]. 2) Wikstroemia albiflora connue comme Miyama ganpi au Japon[9] 3) Wikstroemia canescens (Wall.) Meisn. (syn. Diplomorpha canescens): plante d'Asie du Sud 4) Wikstroemia ganpi (Siebold & Zucc.) Maxim.: connue comme Ko ganpi au Japon[9] etc.

Elle est notamment utilisĂ©e dans le papier torinokogami (鳄た歐玙) « papier enfant d'oiseau » et maniaigami (é–“äŒŒćˆçŽ™)[8].

Pharmacopée traditionnelle

Le texte fondateur de la pharmacopĂ©e chinoise, le Shennong bencao jing (Ă©crit au dĂ©but de l’ùre commune), consacre une rubrique au 荛花 raohua (Wikstroemia canescens). Il indique que sa fleur « traite les maladies causĂ©es par le froid [c’est-Ă -dire les maladies fĂ©briles] et le paludisme chaud ».

Le raohua est encore prélevé en ce début de XXIe siÚcle par les villageois pour leur traitement à base de plantes médicinales[5].

Notes

  1. voir la vidĂ©o suivante äžœć·Žçșžćˆ¶äœœæŠ€è‰ș dĂ©taillant bien les Ă©tapes (en particulier Ă  partir de 03:26)

Références

  1. (en) Référence Plants of the World online (POWO) : Wikstroemia canescens
  2. (en) Référence Flora of China : Wikstroemia canescens Wallich ex Meisner
  3. LAROQUE Claude, Université de Paris, « Wikstroemia canescens Wall. ex Meisn. », sur Khartasia (consulté le )
  4. Alessandro Boesi, « CHAPTER 22 Paper Plants in the Tibetan World: A Preliminary Study (pp. 501-531) », dans Hildegard Diemberger, Franz-Karl Ehrhard, Peter Kornicki, Tibetan Printing, Continuities, and Change, Brill,
  5. Lixing Yang, John R. Stepp, Selena Ahmed, Shengli Pei,Dayuan Xue, « The Role of Montane Forests for Indigenous Dongba Papermaking in the Naxi Highlands of Northwest Yunnan, China », Mountain Research and Development (MRD), vol. 31, no 4,‎ , p. 334-342
  6. « äžœć·Žçșž », sur Baidu癟科 (consultĂ© le )
  7. « æ‰‹ć·„é€ çșžçš„æŽ»ćŒ–çŸłâ€”â€”çșłè„żæ—äžœć·Žçșž [Un fossile vivant: le papier Naxi Dongba] », sur kknews.cc, æŻæ—„ć€ŽæĄ (2017-02-16) (consultĂ© le )
  8. (en) « ganpishi 雁皼箙 »
  9. « M.M.P.N.D. - Sorting Wikstroemia names », sur www.plantnames.unimelb.edu.au (consulté le )

Liens internes

Classification des papiers traditionnels chinois

EntrĂ©es de Wikipedia traitant de la fabrication du papier. Celles marquĂ©es de ** comportent des dessins Ă  l’encre illustrant le processus de fabrication du papier.

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.