AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Stellera chamaejasme

Stellera chamaejasme est une plante herbacĂ©e pĂ©renne de la famille des Thymelaeaceae, poussant en haute montagne en Asie orientale. Cette espĂšce de 20 Ă  50 cm de haut possĂšde un rhizome, ligneux et trapu. Elle pousse dans les endroits ensoleillĂ©s entre 2 600 m et 4 200 m d’altitude, dans une zone allant de l’Himalaya, la Chine, la CorĂ©e Ă  la SibĂ©rie russe. Dans les prairies le bĂ©tail l’évite en raison de sa toxicitĂ© ; elle peut alors entrer en compĂ©tition avec les autres plantes et coloniser les pĂąturages dĂ©gradĂ©s.

Les fibres des racines de Stellera chamaejasme sont traditionnellement utilisĂ©es pour fabriquer des cordes et du papier. Le papier tibĂ©tain fait avec ses fibres libĂ©riennes est considĂ©rĂ© comme un papier d’excellente qualitĂ©.

Étymologie

Le nom de genre Stellera est dĂ©diĂ© Ă  Georg Wilhelm Steller (1709-1746), un mĂ©decin botaniste, parti avec la seconde expĂ©dition au Kamtchatka de BĂ©ring en 1736. Il donne pour la premiĂšre fois la description de nombreuses espĂšces vĂ©gĂ©tales et animales de cette rĂ©gion. Le genre Stellera ne doit pas ĂȘtre confondu avec Stellaria, les stellaires de la famille des Ɠillets.

L’épithĂšte spĂ©cifique chamaejasme est la forme en latin botanique d’un composĂ© de deux noms grecs χαΌαÎč khamai « sur le sol » et de ÎčασΌΔ iasme « jasmin » soit « jasmin terrestre ».

L’espĂšce a Ă©tĂ© dĂ©crite en premier par Carl LinnĂ© sous le nom de Stellera chamaejasme en 1753[1].

Elle est nommĂ©e ç‹ŒæŻ’è‰ lĂĄngdĂșcǎo en chinois « plante tue loup ».

Synonymes

Selon POWO[2], les synonymes sont:

  • Chamaejasme stelleriana Kuntze
  • Daphne meisneriana Halda
  • Passerina chamaejasme Fisch. ex Meisn.
  • Passerina dichotoma Steud.
  • Passerina stelleri Wikstr.
  • Stellera bodinieri H.LĂ©v.
  • Stellera chamaejasme subsp. angustifolia (Diels) Kit Tan
  • Stellera chamaejasme f. chrysantha S.C.Huang
  • Stellera concinna Edgew.
  • Stellera dichotoma Fisch. ex Sweet
  • Stellera himalayensis Gand.
  • Stellera hypericifolia Endl.
  • Stellera rosea Nakai
  • Wikstroemia canescens Maxim.
  • Wikstroemia chamaejasme (L.) Domke
  • Wikstroemia chinensis Meisn.
  • Wikstroemia hypericifolia Meisn.
  • Wikstroemia rosea (Nakai) Domke
  • Wikstroemia salicifolia Decne.
  • Xaiasme bicolor Raf.

Le genre Stellera est trÚs proche du genre Daphnae. Il y a eu pas mal de confusion entre les divers genres Stellera, Wikstroemia, Edgeworthia car leurs morphologies sont trÚs proches. Stellera chamaejasme est souvent également appelée Wikstroemia chamaejasme[3].

Description

Stellera chamaejasme est une plante herbacĂ©e de 20 Ă  50 cm de haut. Elle possĂšde un rhizome, ligneux, cylindrique, trapu, ramifiĂ© ou non, s’enfonçant profondĂ©ment dans le sol[4].

Chaque pied est formé des nombreuses tiges, dressées, non ramifiées, à base ligneuse, parfois écailleuse brune et une partie supérieure herbacée, verte et parfois violacée, glabre.

Les feuilles alternes, rarement opposĂ©es ou ± verticillĂ©es possĂšdent un pĂ©tiole trĂšs court, articulĂ© Ă  la base et un limbe vert pĂąle ou grisĂątre sur la partie infĂ©rieure, lancĂ©olĂ© ou oblong-lancĂ©olĂ©, rarement oblong, de 1,2–2,8 cm de long sur 0,3–1 cm de large, finement papyracĂ©, les deux faces glabres, la base arrondie Ă  cunĂ©iforme,

Les inflorescences terminales, capitĂ©es, globuleuses, comportent de nombreuses fleurs, Ă  involucre de bractĂ©es foliacĂ©es vertes. Chaque fleur apĂ©tale, sans pĂ©dicelle comporte un calice blanc, jaune ou violet rougeĂątre avec un tube cylindrique, de 9–11 mm, Ă©lancĂ©, nettement cĂŽtelĂ©, lĂ©gĂšrement renflĂ© Ă  la base, Ă  extĂ©rieur glabre et terminĂ© par 5 lobes, ovales-oblongs, de 2–4 mm sur mm, apex arrondi ou rarement tronquĂ©, blanc gĂ©nĂ©ralement veinĂ© de rouge et rĂ©ticulĂ©. Les 10 Ă©tamines, sont disposĂ©es 2 verticilles de 5, un verticille infĂ©rieure insĂ©rĂ©e au-dessus du milieu du tube du calice, et un verticille supĂ©rieure dans la gorge. L’ovaire est ellipsoĂŻde, de 2 Ă— 1,2 mm, sessiles, Ă  pubescence soyeuse jaune distalement, le style court et le stigmate capitĂ©[4].

Le fruit est une drupe conique de 5 Ă— 2 mm, pubescent blanc Ă  l’apex, enfermĂ© dans un calice persistant.

La floraison a lieu en avril-mai-juin et la fructification en juillet-septembre-octobre, variable suivant la localisation.

Selon la rĂ©gion, les fleurs sont de couleurs diffĂ©rentes. En raison du soulĂšvement du Plateau tibĂ©tain et de la fragmentation de l'habitat dans les monts Hengduan (æšȘæ–­ć±±è„‰: HĂ©ngduĂ n shānmĂ i), l'Ă©change gĂ©nĂ©tique de S. chamaejasme entre les populations a Ă©tĂ© entravĂ©, ce qui a entraĂźnĂ© une diffĂ©renciation gĂ©nĂ©tique et la variation de la couleur des fleurs. L'analyse molĂ©culaire a montrĂ© que la couleur des fleurs blanches et rouges Ă©tait le signe ancestral, le blanc-jaune, jaune pur, rouge-jaune pur sont des signes dĂ©rivĂ©s[5].

Le rhizome est toxique.

  • Stellera chamaejasme, Tibet
    Stellera chamaejasme, Tibet
  • S. chamaejasme
    S. chamaejasme
  • Rhizomes
    Rhizomes

Distribution et habitat

L’espĂšce pousse de l’Inde au nord de l’Asie[3] : en Chine, au Bhoutan, NĂ©pal, Inde, Mongolie, CorĂ©e et Russie (SibĂ©rie)[2]. En Chine, elle se trouve dans le Gansu, Hebei, Heilongjiang, Henan, Jilin, Liaoning, Mongol intĂ©rieure, Ningxia, Qinghai, Shaanxi, Shanxi, Sichuan, Xinjiang, Xizang, Yunnan.

Elle croit sur les pentes ensoleillĂ©es et sĂšches, dans les zones sableuses, arides, entre 2 600 et 4 200 m[4].

Utilisations

Stellera chamaejasme, avec son rhizome, planche d'herbier du MNHN Paris

Les fibres des racines de Stellera chamaejasme (chinois ç‹ŒæŻ’è‰ lĂĄngdĂș cǎo « herbe tue loup ») sont traditionnellement utilisĂ©es pour fabriquer des cordes et du papier. Elles sont toxiques et comme bien des plantes toxiques, elles sont aussi utilisĂ©es pour fabriquer des remĂšdes et des insecticides.

Plusieurs peuples parlant une langue du groupe tibĂ©to-birman du Yunnan (sud de la Chine), les Bai, les Naxi et les TibĂ©tains dans les rĂ©gions de Lijiang et Zhongdian (Shangri-La), fabriquent du papier Ă  usage religieux avec l’écorce d’arbrisseaux du genre Wikstroemia (voir « papier Dongba » fabriquĂ© par les Naxi) mais aussi avec la racine de Stellera chamaejasme[3].

Histoire du papier tibétain

Le papier tibĂ©tain (è„żè—çșž XÄ«zĂ ng zhǐ) traditionnel est actuellement fabriquĂ© au Xizang (Tibet) et au Yunnan. C’est un papier de l’aire culturelle tibĂ©taine qui a pris suivant les lieux et les Ă©poques des formes et des noms diffĂ©rents. Les textes du canon bouddhique, imprimĂ©s sur du papier tibĂ©tain se sont bien conservĂ©s pendant des siĂšcles au monastĂšre de Kumbum, au temple de Jokhang et dans d’autres temples[6].

L’origine du papier tibĂ©tain n’est pas claire en raison de biais d’opinions politiques des historiens. Les Chinois assurent que le papier a Ă©tĂ© introduit Ă  partir de la Chine alors que quelques savants tibĂ©tains assurent que son origine se trouve dans l’ancien royaume de Zhang zhung (500-625) (voir Helman-Wazny, Van Schaik[7], 2013). Selon les Annales des Tang, Songtsen Gampo, l’empereur de l’empire tibĂ©tain, rĂ©clama en 648 Ă  l’empereur de Chine le papier et l’encre. Toutefois il semble que la plupart des documents tibĂ©tains officiels furent Ă©crits sur le bois jusqu’aux environs de 750. En effet, les Annales de l’Ancien TibĂ©tain de l’annĂ©e 744/5 rapportent le transfert des textes officiels du bois (khram) sur le papier.

En Chine centrale, suivant un rĂ©cit traditionnel, Cai Lun aurait fabriquĂ© le premier papier en 105, avec du chanvre (chiffon, filets de pĂȘche) et de l’écorce de mĂ»rier. À la fin du VIIIe siĂšcle, les Chinois utilisaient le chanvre Ă  fibres, le lin, la ramie, l’écorce de mĂ»rier, de bambou, de rotin, la paille de riz et de blĂ©[7].

Au Tibet, de nombreuses sources concourent Ă  montrer que la famille des Thymelaeaceae a reprĂ©sentĂ© la source de matĂ©riaux la plus importante pour la fabrication du papier tibĂ©tain (Boesi[8], 2016). L’utilisation des espĂšces suivantes a Ă©tĂ© identifiĂ©e : Edgeworthia gardneri, Daphne sureil, Daphne bholua, Daphne aurantiaca, Daphne retusa, Wikstroemia canescens, et Stellera chamaejasme.

Le phloĂšme de ces plantes contient des fibres longues et Ă©troites qui conduisent la sĂšve Ă©laborĂ©e. Elles donnent une bonne rĂ©sistance Ă  la tension sans limiter la flexibilitĂ©. Les fibres de la racine de Stellera chamaejasme font en moyenne 0,95 mm de long et une largeur de 18,8 ÎŒm[6].

D’autres espĂšces, le mĂ»rier Ă  papier, Broussonetia papyrifera (Moraceae) et le bouleau de l'Himalaya (Betula utilis) ou le Betula alnoides qui poussent au Xizang (RĂ©gion autonome du Tibet), ont aussi Ă©tĂ© utilisĂ©es pour la fabrication de papier au Tibet.

Helman-Wazny et Van Schaik[7] (2013) ont Ă©tudiĂ© les plus anciens papiers tibĂ©tains parmi les manuscrits trouvĂ©s dans une cavitĂ© de Dunhuang[n 1] (Gansu). Les auteurs ont montrĂ© que les manuscrits provenant vraisemblablement du Tibet central Ă©taient fabriquĂ©s Ă  partir de fibres vĂ©gĂ©tales de DaphnĂ© et/ou d’Edgeworthia, et qu'en l'Ă©tat actuel des recherches, il semble que les plantes de la famille des Thymelaeaceae n'aient pas Ă©tĂ© utilisĂ©es en Asie centrale ou en Chine. Les TibĂ©tains avaient probablement dĂ©veloppĂ© les techniques de fabrication du papier pendant la pĂ©riode impĂ©riale (VIIe – IXe siĂšcles) dĂšs la premiĂšre moitiĂ© du IXe siĂšcle. À cette Ă©poque, ils ont prĂ©fĂ©rĂ© Edgeworthia et Daphne Ă  la racine de Stellera qui poussait Ă  haute altitude (plus de 2 600 m), Ă©tait difficile Ă  excaver et qui surtout Ă©tait beaucoup moins abondante que de nos jours. Le premier papier de Stellera connu est plus tardif, il remonte aux Xe – XIe siĂšcles.

Au XXe siĂšcle, la production artisanale du papier tibĂ©tain a progressivement diminuĂ© et s’est finalement arrĂȘtĂ©e avec l’arrivĂ©e de la production papetiĂšre industrielle dans la rĂ©gion. Ce n’est qu’en 1998, que la production artisanale du papier tibĂ©tain a repris Ă  DĂȘgĂȘ[9].

Au Tibet, le papier obtenu Ă  partir des racines de Stellera chamaejasme est considĂ©rĂ© comme de trĂšs bonne qualitĂ© et est rĂ©servĂ© Ă  des usages particulier comme le papier monnaie. Le papier jaune (non blanchi), symbole de papier monnaie est brĂ»lĂ© pendant certaines fĂȘtes comme la FĂȘte du printemps (premier jour de l'annĂ©e lunaire chinoise) ou la FĂȘte des fantĂŽmes (quinziĂšme jour du septiĂšme mois lunaire chinois), ou encore la FĂȘte des bateaux-dragons (cinquiĂšme jour du cinquiĂšme mois lunaire chinois)[3].

La racine

La racine de Stellera chamaejasme, en tibĂ©tain re lcag pa, Ă©tait utilisĂ©e au Tibet avant l’arrivĂ©e des Chinois en 1950 (Boesi[8], 2016). Cette Stellera est une plante Ă  fibres papetiĂšres bien connue dans beaucoup de rĂ©gions de culture tibĂ©taine traditionnelle : l’Amdo, le Kham, l’Ü-Tsang et les hautes vallĂ©es du NĂ©pal.

Les TibĂ©tains savaient que cette plante est Ă©vitĂ©e par le bĂ©tail en raison de sa toxicitĂ©. Toute la plante est toxique mais c’est la racine qui est la plus toxique. Les bovins et les ovins sont sujets aux empoisonnements par consommation accidentelle de cette plante. Elle peut provoquer des vomissements, des douleurs abdominales, de la diarrhĂ©e, une faiblesse des membres, des spasmes du corps entier, des palpitations cardiaques et une hyperthyroĂŻdie. Dans les cas graves, un collapsus ou une convulsion mortelle peut survenir[10]. Pour les humains, son odeur est aussi toxique, puisqu'elle peut donner des maux de tĂȘte.

Dans les prairies, cette espĂšce entre en compĂ©tition avec les autres espĂšces et trĂšs rapidement colonise les pĂąturages dĂ©gradĂ©s. Elle est alors en mesure de synthĂ©tiser et excrĂ©ter des mĂ©tabolites secondaires capable d’inhiber la croissance d’autres plantes. Des Ă©tudes ont montrĂ© que depuis 1960, le surpĂąturage dĂ» Ă  l’accroissement des cheptels est un phĂ©nomĂšne inquiĂ©tant dans les prairies alpines du Tibet oriental car il s’accompagne d’invasion de S. chamaejasme[11]. De l’extension de la distribution de cette espĂšce ces derniĂšres dĂ©cennies, on ne peut donc conclure Ă  la mĂȘme abondance dans les siĂšcles passĂ©s, si on s’intĂ©resse aux sources des fibres papetiĂšres passĂ©es.

Les constituants chimiques de la racine de S. chamaejasme sont formĂ©s principalement d’holocellulose[n 2] (73,5 %) Ă  une teneur plus Ă©levĂ©e que celle de la paille de riz, et de α-cellulose (39,7 %) Ă  une teneur similaire Ă  celle de la paille de riz.

Constituants chimique de la racine de S. chamaejasme[6], en %
holocellluloseα-celluloseligninehydrosolubreextr. éthanol-benzÚnecendres
73,539,717,617,79,23,0

Pour obtenir un papier uniforme, les papetiers cherchent Ă  individualiser les fibres cellulosiques au maximum en ĂŽtant la lignine qui les lie entre elles. Pour produire de la pĂąte Ă  papier de qualitĂ©, l’élimination de la lignine est un objectif majeur. La teneur en lignine de S. chamaejasme est de 17,6 % ce qui est similaire Ă  la teneur de la paille de riz.

Le papier produit avec S. chamaejasme se conserve bien car il est suffisamment toxique pour repousser les attaques d’insectes, vers et autres petits animaux[8].

Les constituants chimiques bioactifs de la racine sont principalement des terpénoïdes, biflavonoïdes, coumarine et lignanes[12]. La coumarine agit comme une phytohormone dans les plantes et fait partie des composés phénoliques les plus toxiques.

Processus de fabrication

1. dans une prairie, arracher Ă  la pioche une Stellera chamaejasme
5. Ă©craser les fibres sur une dalle de granite avec une pierre
7. verser la pùte à papier diluée sur le tamis flottant à la surface de l'eau
8. emmener le tamis avec la feuille collée dessus dans un espace découvert pour la faire sécher

La mĂ©thode ancienne de fabrication du papier qui semble avoir peu Ă©voluĂ© au cours des siĂšcles, utilise un tamis de tissu fixĂ© sur un chĂąssis de bois qu’on pose Ă  la surface de l’eau, comme celle d’un Ă©tang, d’un lac, riviĂšre ou retenue; elle est dite Ă  « forme flottante » (ou Ă  « tamis fixe »). Chaque feuille de papier est sĂ©chĂ©e sur son tamis, car il n’est pas possible de la dĂ©tacher tant qu’elle n’est pas sĂšche. Il est donc nĂ©cessaire de disposer de nombreux chĂąssis et tamis d’avance pour pouvoir faire plusieurs feuilles Ă  la suite[7].

Une autre mĂ©thode dĂ©veloppĂ©e probablement plus tard permet de pallier cet inconvĂ©nient. Elle utilise un tamis fait de lattes de bambou (ou de roseaux ou d’autres plantes) et non pas de tissu. Dans ce cas le chĂąssis et la natte de bambou sont plongĂ©s dans l’eau dans laquelle est dissoute la pĂąte Ă  papier, et en les remontant doucement, l’opĂ©rateur capture une mince couche de pĂąte sur le tamis. Avec cette mĂ©thode, dite Ă  « forme plongeante » (ou de tamis mobile), la feuille peut ĂȘtre dĂ©tachĂ©e de son tamis dĂšs qu’elle a Ă©tĂ© formĂ©e.

La principale diffĂ©rence entre les deux types de formes tient au tamis : la forme flottante est faite d’un tamis constituĂ© d’un textile tissĂ© fixĂ© sur un chĂąssis de bois alors que la forme plongeante est faite de lattes de bambou attachĂ©es au chĂąssis, laissant passer l’eau plus facilement.

Voyons la procédure ancienne simplifiée de la forme flottante[n 3].

Le producteur de papier

  1. va dans les prairies, pour arracher à la pioche les Stellera chamaejasme, il les redescend à l’atelier
  2. en prĂ©lĂšve le rhizome, l’écrase sur une pierre avec un marteau mĂ©tallique, pour faciliter la sĂ©paration de l’écorce
  3. sépare la partie superficielle de l'écorce de la partie sous-jacente fibreuse ; à la main, il libÚre et épluche bien les fibres libériennes
  4. fait bouillir les fibres dans un grand récipient métallique (avec des cendres de végétaux)
  5. aprĂšs les avoir essorĂ©es, il les bat sur un plan de travail en granite avec un gros caillou (ou un maillet en bois) jusqu’à ce qu’elles deviennent blanches et s’agglomĂšrent en une pĂąte mallĂ©able (la pĂąte Ă  papier)
  6. dilue la pñte dans une jarre d’eau et brasse fortement en faisant tourner une ailette au bout d’un manche
  7. pose un tamis de tissu fixĂ© Ă  un chĂąssis Ă  la surface de l’eau d’une retenue d'eau ou d'un ruisseau, et verse une dose prĂ©cise de pĂąte diluĂ©e dessus pour obtenir une couche homogĂšne de fibres
  8. repĂȘche l’ensemble et l’emmĂšne au soleil pour le faire sĂ©cher, au cĂŽtĂ© des autres cadres
  9. quand la feuille est sÚche, il la détache soigneusement du tamis, il la polit pour enlever les aspérités, traite la souplesse et la brillance du papier

Ornementale

Stellera chamaejasme est cultivĂ©e comme plante ornementale dans les rĂ©gions montagneuses. Elle est toutefois difficile Ă  cultiver, nĂ©cessitant une position ensoleillĂ©e et un sol graveleux si elle est cultivĂ©e Ă  l’extĂ©rieur[13].

Insecticide

En Chine, les racines du Stellera sont aussi utilisĂ©es comme pesticide que l’on dĂ©pose sur les Ă©tagĂšres Ă  livres[3].

En Inde, dans la vallée de Parbati du district de Kullu de Himachal Pradesh, les gens utilisent Stellera chamaejasme comme pesticide et dans les zones rurales du Népal, cette plante est utilisée traditionnellement comme abortif[8].

Pharmacopée

La racine sĂ©chĂ©e de S. chamaejasme, connue sous le nom chinois de (ruixiang) Langdu (瑞驙)ç‹ŒæŻ’, comporte une rubrique dans le plus ancien ouvrage de pharmacopĂ©e chinois, le Shennong bencao jing (dĂ©but de l’ùre commune) qui commence ainsi « Traite la toux Ă  contre-courant avec le qi ascendant. Brise les accumulations »[14].

Notes

  1. une cavitĂ©-bibliothĂšque fut crĂ©Ă©e au dĂ©but du IXe siĂšcle par un moine bouddhiste appelĂ© Hongbian. À la fin du Xe siĂšcle, la grotte Ă©tait presqu’entiĂšrement remplie de manuscrits
  2. mĂ©lange de cellulose et d’hĂ©micellulose des parois cellulaires vĂ©gĂ©tales
  3. la sĂ©quence donnĂ©e reprend celle de la vidĂ©o 蓝靛çșžçš„ćˆ¶é€ ć·„è‰șçčć€ ćŽŸææ–™æ›Žæ˜ŻéšŸä»„æ‰ŸćŻ»CCTV; c'est une forme simplifiĂ©e. Les illustrations ci-contre sont inspirĂ©es de la vidĂ©o

Références

  1. Référence Biodiversity Heritage Library : 358578#page/571
  2. (en) Référence Plants of the World online (POWO) : Stellera chamaejasme
  3. Laroque Claude, Université de Paris, « Stellera Chamaejasme L », sur Khartasia (consulté le )
  4. (en) Référence Flora of China : Stellera chamaejasme Linnaeus
  5. « ç‹ŒæŻ’ (ç‘žéŠ™ć…‹æœ—æŻ’ć±žæ€ç‰©) », sur baidu癟科 (consultĂ© le )
  6. Li, H., Sun, H., Pu, L., and He, Z., « Stellera chamaejasme roots as raw material for pulp production », BioRes., vol. 9, no 3,‎ (lire en ligne)
  7. Helman-Wazny A., Van Schaik S., « Witness for Tibetan Craftmanship : Bringing Together Paper Analysis, Paleogeography and Codicology in the Examination of Earliest Tibetan manuscripts », Archeometry, vol. 55, no 4,‎ , p. 707-741
  8. Alessandro Boesi, « Chapter 22 : Paper Plants in the Tibetan World: A Preliminary Study (pp. 501-531) », dans Hildegard Diemberger, Franz-Karl Ehrhard, Peter Kornicki, Tibetan Printing, Continuities, and Change, Brill,
  9. « Treasure House of Tibetan Culture, Metting Auspicious Place DEGE », sur DegeParkhang Sutra-Printing House (consulté le )
  10. Li, X-Q, Rahman, K, Zhu, J-Y and Zhang, H, « Chemical Constituents and Pharmacological Activities of Stellera chamaejasme », Current Pharmaceutical Design, vol. 24, no 24,‎ , p. 2825-2838 (lire en ligne)
  11. Sun G., Luo P., et al, « Stellera chamaejasme L. increases soil N availability, turnover rates and microbial biomass in an alpine meadow on the eastern Tibetan Plateau of China », Soil Biology & Biochemistry, vol. 41,‎ , p. 86-91
  12. Liu L., Wang XY, Wang HB, « A new lignan from roots of Stellera chamaejasme », Chem. Nat. Compd, vol. 48, no 4,‎ , p. 559-561
  13. Beckett, K., ed "Stellera", Encyclopaedia of Alpines : Volume 2 (L–Z), Pershore, UK: AGS Publications,
  14. (transl.) Sabine Wilms, The Divine Farmer’s Classic of Materia Medica, Happy Goat Productions, , 550 p.

Liens internes

EntrĂ©es de Wikipedia traitant de la fabrication du papier. Celles marquĂ©es de ** comportent des dessins Ă  l’encre illustrant le processus de fabrication du papier.

Liens externes


Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.