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Daphne odora

Le DaphnĂ© odora, ou Daphne odora, est une espĂšce de plantes du genre Daphne et de la famille des ThymĂ©lĂ©acĂ©es. C’est un arbrisseau Ă  feuillage persistant qui donne des inflorescences blanches Ă  rose pourprĂ©, exhalant un parfum dĂ©licat.

Daphne odora
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Daphné odora

EspĂšce

Daphne odora
Thunb., 1784[1]

Synonymes

  • Daphne chinensis Spreng.[1]
  • Daphne indica Loisel.[1]
  • Daphne japonica Thunb.[1]
  • Daphne kiusiana var. odora (Thunb.) Makino[1]
  • Daphne mazelii CarriĂšre[1]
  • Daphne odora f. alba (Hemsl.) H.Hara[1]
  • Daphne sinensis Lam.[1]
  • Daphne speciosissima CarriĂšre
  • Daphne triflora Lour.[1]

Probablement originaire de Chine, l’espĂšce est maintenant largement cultivĂ©e pour son intĂ©rĂȘt ornemental et Ă©conomique. Les rameaux fournissent des fibres vĂ©gĂ©tales permettant de fabriquer des papiers traditionnels en Chine (en particulier au Tibet) et au Japon.

Toutes les parties de la plante fournissent des drogues aux pharmacopée traditionnelles.

Étymologie

Le nom de genre Daphne est empruntĂ© au grec ΎαφΜη daphnĂ© « laurier ». En mythologie, Î”ÎŹÏ†ÎœÎ· DaphnĂ© est une nymphe d’une grande beautĂ©, fille du fleuve PĂ©nĂ©e, qui Ă©tait poursuivie sans relĂąche par Apollon, fou amoureux d’elle. DaphnĂ© implore son pĂšre de lui venir en aide et celui-ci choisit de la mĂ©tamorphoser alors en laurier pour dĂ©jouer les ardeurs d’Apollon.

L’épithĂšte spĂ©cifique odora est empruntĂ©e au latin odor, oris (du grec ÎżÎŽÏ‰ odĂŽ) « odeur, parfum ».

Nomenclature

L’espĂšce fut dĂ©crite la premiĂšre fois sous le nom de Daphne odora, par le naturaliste suĂ©dois Carl Peter Thunberg surnommĂ© le « LinnĂ© japonais », dans Flora Japonica en 1784[2]. Thunberg, en parfait disciple de LinnĂ©, classe les Daphne dans les taxons des Octandria, Monogynia.

En 1789, Antoine-Laurent de Jussieu fait paraitre Genera Plantarum, ouvrage qui est à la base de la classification actuelle des genres en familles et des familles en ordres et en classes[3]. Il crée dans cet ouvrage la famille des Thymélées, ThymelÊÊ[4], Ordre II, Classe VI, dans lequel il place les genres Daphne, Stellera, Lagetta, Gnidia etc.

Description

Daphne odora est un arbrisseau, Ă  feuilles persistantes, Ă  croissance lente, sous forme buissonnante, atteignant une hauteur de 150 cm Ă  maturitĂ©[5]. Les rameaux sont rouge violacĂ© Ă  brun violacĂ©, trapues.

La feuille comporte un pĂ©tiole de 4–5 mm et un limbe obovale ou obovale-elliptique, de 6–13 cm de long sur 2,5–5 cm, coriace, avec les deux faces glabres, la base cunĂ©iforme, l’apex subaigu, souvent apiculĂ©.

L'inflorescence terminales, capitĂ©es (sphĂ©roĂŻde), porte jusqu'Ă  12(-20) fleurs de couleur blanche Ă  rose pourprĂ©es se dĂ©tachant bien du feuillage vert foncĂ©. La fleur apĂ©tale, comporte un calice rouge violacĂ©, sur la face abaxiale, avec des lobes rouge rosĂątre Ă  blancs ; le tube de 6–10 mm est Ă  l’extĂ©rieur glabre ; les 4 lobes sont ovales ou ovales-lancĂ©olĂ©s, de 6–12 mm. Les 8 Ă©tamines sont disposĂ©es en deux cercles (verticilles) de 4, le cercle infĂ©rieur insĂ©rĂ© juste au-dessus du milieu du tube du calice, le cercle supĂ©rieur dans la gorge. L’ovaire oblong est glabre, le style court et le stigmate capitĂ©[5].

Les fleurs exhalent un parfum avec des notes d’Ɠillet, de jasmin et de jacinthe rehaussĂ©es d’une pointe Ă©picĂ©e de girofle[6].

Le fruit est une drupe rouge Ă©carlate, globuleuse, d’env. mm.

La période de floraison est trÚs longue (mars-avril-mai). La fructification est en juillet-août[5].

  • Daphne odora 'Aureomarginata'
    Daphne odora 'Aureomarginata'
  • Ramification
    Ramification
  • Inflorescence
    Inflorescence
  • D. odora 'Aureomarginata'
    D. odora 'Aureomarginata'
  • D. odora  ‘alba’
    D. odora ‘alba’

Distribution

L’origine est obscure, mais elle se situe probablement en Chine ou au Japon (Flora of China[5]). Espùce sans doute originaire du sud du fleuve Yangzi en Chine, on la trouve maintenant dans le Centre, l’Est, le Sud du pays[7].

L’espĂšce est maintenant largement cultivĂ©e.

Utilisations

Ornementale

DaphnĂ© odora est cultivĂ© en Chine depuis la dynastie Song (960-1279). En 1790, le botaniste portugais, JoĂŁo de Loureiro qui passa 36 ans en Cochinchine, dĂ©crit l ‘arbuste et indique qu’il est cultivĂ© avec enthousiasme Ă  Canton en Chine[8].

Le DaphnĂ© odora prĂ©fĂšre les zones ensoleillĂ©es. Il se plait dans les sols friables frais, sans calcaire. Il est facile Ă  multiplier mais sa durĂ©e de vie n’excĂšde pas dix ans[9]. Il se multiplie principalement par bouturage.

La pĂ©riode de floraison est trĂšs longue. L'exposition mi ombragĂ©e est prĂ©conisĂ©e ainsi qu'un sol frais et bien drainĂ©. Dans ces conditions, cette plante rĂ©siste Ă  une tempĂ©rature pouvant descendre jusqu'Ă  −15 Â° C.

Cultivars

  • Daphne odora f. rosacea Ă  fleurs blanches et roses.
  • Daphne odora f. rubra Ă  fleurs rouge pourprĂ©es, moins parfumĂ©es.
  • Daphne odora « Aureomarginata », Daphne japonica « Striata » ou Daphne odora « Marginata » Ă  feuillage vert clair soulignĂ© d'une marge dorĂ©e [10].

Papier traditionnel

Les rameaux et les racines de Daphne odora contiennent des fibres vĂ©gĂ©tales robustes car riches en l’hĂ©micellulose assurant une liaison transversale entre les microfibrilles de cellulose. L'espĂšce est donc en mesure de fournir d’excellentes fibres papetiĂšres pour fabriquer des papiers traditionnels en Asie orientale.

La famille des Thymelaeaceae fournit une dizaine d’espĂšces de plantes pourvues de fibres papetiĂšres exploitĂ©es en Chine depuis deux millĂ©naires (Yi Xiaohui[11]):

Par ailleurs la ressemblance morphologique des genres Daphne, Edgeworthia et Wistroemia est indĂ©niable. Elle a mĂȘme Ă©tĂ© source de confusion[9].

Les papiers de daphnĂ© sont considĂ©rĂ©s comme les meilleurs au Tibet oĂč ils sont appelĂ©s dug-shog qui signifie « papier poison » Ă  cause des propriĂ©tĂ©s insectifuges de l’écorce[9]. Les Daphne Ă  fibres papetiĂšres du Tibet sont Daphne sureil, Daphne bholua, Daphne aurantiaca et Daphne retusa[12]. Le papier tibĂ©tain (藏çșž zĂĄngzhǐ) actuel est principalement fabriquĂ© Ă  partir des fibres de la racine de Stellera chamaejasme ç‘žéŠ™ç‹ŒæŻ’ ruĂŹxiāng lĂĄngdĂș, une plante herbacĂ©e de la famille des Thymelaeaceae. Par contre, les rouleaux de papier tibĂ©tain du VIIIe siĂšcle, dĂ©couverts en 1901 par l’explorateur et archĂ©ologue, Aurel Stein, Ă  Niya dans le Xinjiang, Ă©taient fabriquĂ©s avec des fibres de Daphne odora, non prĂ©sent au Xinjiang[13]. C’est sur ce genre de papier que les Écritures du Palais du Potala et du temple de Jokhang sont conservĂ©s depuis plus d’un millĂ©naire.

Le papier d’écorce de D. odora (瑞驙ruixiang) occupe aussi une place importante au Japon[11].

MĂ©decines populaires

Toutes les parties de la plante sont toxiques mais Ă  doses appropriĂ©es, elles fournissent des drogues de la pharmacopĂ©e nĂ©palaise dans le traitement des fiĂšvres. L’écorce prĂ©sente une forte teneur en esters diterpĂ©niques de type tigliane et daphnane[9].

Liste des sous-espÚces et variétés

Selon Tropicos (16 février 2019)[14] (Attention liste brute contenant possiblement des synonymes) :

  • sous-espĂšce Daphne odora subsp. acutiloba (Rehder) Halda
  • variĂ©tĂ© Daphne odora var. alba Hemsl.
  • variĂ©tĂ© Daphne odora var. atrocaulis Rehder
  • variĂ©tĂ© Daphne odora var. fasciata T. ItĂŽ
  • variĂ©tĂ© Daphne odora var. kiusiana (Miq.) Keissl.
  • variĂ©tĂ© Daphne odora var. leucantha Makino
  • variĂ©tĂ© Daphne odora var. luzonica (C.B. Rob.) H.L. Li
  • variĂ©tĂ© Daphne odora var. macrantha Franch.
  • variĂ©tĂ© Daphne odora var. marginata Miq.
  • variĂ©tĂ© Daphne odora var. mazelii (CarriĂšre) Hemsl.
  • variĂ©tĂ© Daphne odora var. punctata Hemsl.
  • variĂ©tĂ© Daphne odora var. rosacea Makino
  • variĂ©tĂ© Daphne odora var. rubra Hemsl.
  • variĂ©tĂ© Daphne odora var. taiwaniana Masam.
  • variĂ©tĂ© Daphne odora var. variegata Bean

Notes et références

  1. The Plant List (2013). Version 1.1. Published on the Internet; http://www.theplantlist.org/, consulté le 16 février 2019
  2. Caroli Petri Thunberg, Flora japonica, Lipsiae, (lire en ligne)
  3. Peter Francis Stevens, « Antoine-Laurent de Jussieu et le systÚme naturel : comment subdiviser une nature sans articulations », dans Claude Blanckaert, Claudine Cohen, Pietro Corsi and Jean-Louis Fischer (ed.), Le Muséum au premier siÚcle de son histoire, Paris, Publications scientifiques du Muséum, Archives, OpenEdition Books, (lire en ligne)
  4. Référence Biodiversity Heritage Library : 5437310#page/171
  5. (en) Référence Flora of China : Daphne odora Thunberg
  6. Daphné : des fleurs parfumées en plein hiver, sur gerbeaud.com
  7. « 瑞驙 ïŒˆç‘žéŠ™ç§‘ç‘žéŠ™ć±žćžžç»żç›Žç«‹çŒæœšïŒ‰ », sur Baidu癟科 (consultĂ© le )
  8. Joannis de Loureiro, Flora Cochinchinensis, tomus 1, Berolin, (lire en ligne)
  9. LAROQUE Claude, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, « Daphne odora Thunb. », sur Khartasia (consulté le )
  10. (en) « Daphne odora 'Aureomarginata' », sur rhs.org.uk, The Royal Horticultural Society (consulté le ).
  11. 易晓蟉 Yi Xiaohui, « äŒ ç»Ÿæ‰‹ć·„çșžçš„çș€ç»ŽćŽŸæ–™ćŠć…¶ćˆ†ç±» [Les fibres du papier traditionnel fait Ă  la main et leur classification] », sur National Library of China (consultĂ© le )
  12. Alessandro Boesi, « CHAPTER 22 Paper Plants in the Tibetan World: A Preliminary Study (pp. 501-531) », dans Hildegard Diemberger, Franz-Karl Ehrhard, Peter Kornicki, Tibetan Printing, Continuities, and Change, Brill,
  13. « 有䞀种çșžć«è—çșž ïŒŒć› äžșćźƒćžƒèŸŸæ‹‰ćź«ă€ć€§æ˜­ćŻș等的经äčŠç»ćƒćčŽè€ŒäžæŸ [il existe un papier tibĂ©tain « indestructible pendant mille ans » car c’est sur lui que les Ă©critures du palais du Potala et du temple de Jokhang sont conservĂ©es] (2019-09-10) », sur sohu (consultĂ© le )
  14. Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 16 février 2019

Liens internes

Classification des papiers traditionnels chinois

EntrĂ©es de Wikipedia traitant de la fabrication du papier. Celles marquĂ©es de ** comportent des dessins Ă  l’encre illustrant le processus de fabrication du papier.

Liens externes

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