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Aurel Stein

Sir Aurel Stein ( Ă  Pest en Hongrie – Ă  Kaboul en Afghanistan) est un archĂ©ologue et explorateur hongrois, d'origine juive et naturalisĂ© britannique, dont les travaux ont portĂ© essentiellement sur les anciennes civilisations de l’Asie centrale.

Jeunesse et premiers postes

Aurel Stein est nĂ© MĂĄrk AurĂ©l Stein, dans une famille bourgeoise juive de l'Ă©poque de la monarchie austro-hongroise, et baptisĂ© chrĂ©tiennement dans l'Église luthĂ©rienne. Il commence son Ă©ducation dans une Ă©cole catholique, oĂč il apprend le latin et le grec. Puis sa famille l’envoie Ă  Dresde, Ă  l’ñge de dix ans, oĂč il passe quatre ans.

À dix-sept ans, il s’installe Ă  Vienne pour Ă©tudier le sanscrit et la philologie, puis Ă  Leipzig et TĂŒbingen, oĂč il obtient un doctorat en 1883.

En 1884, il s’installe en Angleterre pour Ă©tudier les collections orientales d’Oxford, de Cambridge et de Londres, et son sĂ©jour n’est interrompu que par le service militaire Ă  Budapest qu’il consacre Ă  l’étude des techniques de topographie.

En 1887, il obtient le poste de directeur du CollĂšge Oriental de Lahore et de secrĂ©taire (registrar) Ă  l’universitĂ© du Punjab, et s’embarque pour les Indes. DĂšs qu’il le peut, il s’éloigne de ses obligations administratives. Il passe ses congĂ©s au Cachemire, oĂč il recherche des manuscrits anciens et oĂč il organise des expĂ©ditions dans les montagnes. Il consacre Ă©galement son temps libre Ă  traduire et commenter la Chronique des rois du Cachemire, un texte ancien trĂšs important, connu alors seulement par des traductions indirectes. Ce travail sera publiĂ© en 1900.

Il Ă©tudie Ă©galement le rĂ©cit du voyage de Xuanzang, le moine chinois du VIIe siĂšcle qui traversa l'Asie centrale Ă  la recherche des textes originaux du bouddhisme. Cela avive son intĂ©rĂȘt pour l’art du Gandhara, cette civilisation des premiers siĂšcles, centrĂ©e dans la vallĂ©e de Peshawar, et dont l’art fusionne des Ă©lĂ©ments grecs et bouddhistes.

Un voyage en Europe, en 1890, ne lui permet pas d’y obtenir un poste. Progressivement, il prend racine en Inde et au Cachemire. Il visite la vallĂ©e de Swat, en 1897, avec l’orientaliste français Alfred Foucher, puis rentre en Europe. Il prend connaissance de l’existence de manuscrits anciens provenant du Turkestan chinois, dont le premier avait Ă©tĂ© rapportĂ©, en 1890, par un militaire britannique, le lieutenant Bower. Ces manuscrits Ă©taient Ă©crits dans des langues et des Ă©critures qui permettaient de les dater des premiers siĂšcles de notre Ăšre, et prouvaient que la civilisation du Gandhara s’était diffusĂ©e jusque dans les oasis bordant le dĂ©sert du Taklamakan, dans ce qui est aujourd’hui la province chinoise du Xinjiang.

Il rentre en Inde en 1897 et il pose les premiers jalons de l’organisation d’une expĂ©dition vers le Turkestan chinois. Fin 1898, il est promu au poste de directeur de la madrassa de Calcutta, un poste qui a l’attrait supplĂ©mentaire d’offrir de nombreuses pĂ©riodes de temps libres. C’est Ă  cette Ă©poque qu’une chaire est crĂ©Ă©e pour lui Ă  l’universitĂ© de Budapest, mais il ne l’occupera jamais.

L’expĂ©dition vers Khotan (aujourd’hui Hotan) est diffĂ©rĂ©e d’un an, mais reçoit le soutien du gouverneur du Bengale, et du gouvernement des Indes britanniques, lord Curzon, Ă  qui Stein fait visiter le musĂ©e de Lahore. Cette visite permet Ă  Stein d'obtenir un passeport chinois pour pĂ©nĂ©trer le Turkestan par la piste du Karakoram.

1900-1901 : la premiÚre expédition, relatée dans Sand buried ruins of Khotan (1903)

L’expĂ©dition prend le dĂ©part de Bandipur au Cachemire Ă  la fin du mois de . Elle entame une marche difficile de 200 miles vers le nord par les cols de Tragbal et Burzil pour rejoindre Astor, Gilgit, puis la vallĂ©e de la Hunza et le col Kilik Ă  la frontiĂšre chinoise, tout prĂšs de l'extrĂ©mitĂ© du corridor de Wakhan en Afghanistan. De lĂ , l’expĂ©dition rejoint Tachkourgan, capitale du Sarikol, le Pamir chinois, peuplĂ© de Kirghizes. Stein entreprend l’ascension du Mustagh Ata, une montagne solitaire de 7 546 m que l’explorateur suĂ©dois Sven Hedin avait vainement tentĂ© de gravir par trois fois en 1894. Il ne parvient pas Ă  s’aventurer plus haut que 6 000 mĂštres.

Il atteint Kachgar le , oĂč il est accueilli par George Macartney, le rĂ©sident britannique, et repart le vers Yarkand, la plus grande ville du Turkestan, forte de 150 000 habitants, puis Khotan, oĂč il Ă©tablit sa base.

Le il part vers le sud reconnaßtre le cours supérieur de la riviÚre Kara-kash qui descend des sommets de la chaßne des Kunlun Shan, en espérant apercevoir les sommets qui lui permettraient de connecter sa position avec les mesures établies depuis le versant sud, et établir ainsi de façon précise sa position géographique.

Revenu Ă  Khotan, il se fait conduire sur le site de Dandan Oilik, Ă  dix jours au nord-est de Khotan, abandonnĂ© Ă  la fin du VIIIe siĂšcle, et dĂ©jĂ  visitĂ© par Hedin en 1895. Sa caravane, Ă©quipĂ©e pour quatre semaines, est composĂ©e d’une trentaine de paysans locaux, de sept chameaux et d’une douzaine d’ñnes.

Sur le site, il excave quatorze édifices, découvre des fresques, des bas-reliefs, des statues et des monnaies de cuivre.

Fin , il dĂ©couvre de nouvelles ruines Ă  cent cinquante kilomĂštres au nord de Niya[1] (MinFeng). Outre des restes de constructions, elles produisent des tablettes de bois contenant des textes du IIIe siĂšcle, dans une Ă©criture qui corrobore que la rĂ©gion a Ă©tĂ© conquise et colonisĂ©e par des habitants de Taxila (aujourd’hui au Pakistan). Les sceaux qui ornent les tablettes portent des figures clairement issues du monde grĂ©co-romain : HĂ©raclĂšs, Éros, Pallas AthĂ©na.

Fin mars, il explore le site de Uzun-tati[2], 34 km au nord de Qira, qu'il identifie au Pi-mo de Xuanzang, pĂšlerin du VIIe siĂšcle, lieu que Yule avait identifiĂ© au Pein ou Peym de Marco Polo ; auteur dont Stein a par ailleurs confirmĂ© plusieurs rĂ©cits[3].

Stein a juste le temps de passer quelques jours sur un troisiĂšme site, Endere, situĂ© cent cinquante kilomĂštres plus Ă  l'ouest, puis deux autres qu’il ne fait qu’effleurer. Il revient Ă  Khotan oĂč il a le temps de rĂ©soudre un mystĂšre qui tenait en haleine les philologues europĂ©ens : certains manuscrits proposĂ©s aux occidentaux Ă©taient Ă©crits dans des alphabets inconnus, et Stein put confondre Islam Akhun, le faussaire qui les produisait.

Il quitte Khotan le 1er mai pour se rendre Ă  Kachgar, Osh et Andijan, dans la vallĂ©e du Ferghana (aujourd’hui en OuzbĂ©kistan), et terminus du Transcaspien, le train russe qui le ramĂšne en Europe.

Le British Museum lui prĂȘte une piĂšce, oĂč il peut analyser les trois mille piĂšces qu’il a rapportĂ©es.

DĂšs , il est en route vers sa nouvelle affectation d’inspecteur des Ă©coles du Punjab, mais il bĂ©nĂ©ficie d’un congĂ© exceptionnel et il revient Ă  Londres via Bombay en , avec l’intention de travailler Ă  la rĂ©daction d’un rapport dĂ©taillĂ© de son expĂ©dition.

Il propose une nouvelle expĂ©dition, vers Balkh en Bactriane, le berceau de la civilisation hellĂ©nistique issue des conquĂȘtes d’Alexandre le Grand, qui plus tard se dĂ©veloppa en direction de la vallĂ©e de l’Indus. Mais sa demande est refusĂ©e par l’émir d’Afghanistan.

Fin 1903, un ami obtient pour lui la crĂ©ation d’un poste sur mesure : inspecteur des Ă©coles de la frontiĂšre nord-ouest et du Balouchistan et superintendant de l’archĂ©ologie. Tout en acceptant, il fait acte de candidature pour accompagner l’expĂ©dition militaire britannique au Tibet, sous la direction de Francis Younghusband. Cette demande est de nouveau refusĂ©e, au motif que des spĂ©cialistes du Tibet sont dĂ©jĂ  pressentis pour le poste.

En 1904, il devient citoyen britannique, et reçoit une distinction de la Royal Geographical Society pour ses explorations dans les Kunlun.

Le succĂšs de sa premiĂšre expĂ©dition ayant attirĂ© l’attention de ses collĂšgues et rivaux europĂ©ens, il dĂ©cide d’organiser une nouvelle expĂ©dition pour Ă©viter que de nombreux sites soient identifiĂ©s et explorĂ©s par d’autres archĂ©ologues. Cette fois, son projet est acceptĂ©, et il peut se mettre en route en 1906.

1906-1908 : la deuxiÚme expédition, relatée dans Ruins of desert Cathay (1912)

Conscient de la rivalitĂ© des expĂ©ditions de l’Allemand Albert von Le Coq et du Français Paul Pelliot, Stein double les Ă©tapes pour se mettre au travail dĂšs que possible. Il quitte le Punjab en , et emprunte une nouvelle route : il part en direction de la vallĂ©e de Swat, puis de Chitral via le col de Lowerai. Il entre au Wakhan par le col de Baroghil, et en Chine par le col de Wakhjir, qui l’amĂšne Ă  Tashkurgan et Ă  Kashgar le . Il y retrouve Macartney, rĂ©cemment promu consul par le gouvernement britannique, qui ne s’est pas embarrassĂ© de demander l’avis des Chinois.

AccompagnĂ© cette fois d’un secrĂ©taire chinois, Stein se dirige vers Khotan oĂč il passe l’étĂ© Ă  explorer les Kunlun Shan. Puis il Ă©tudie deux sites Ă  Khadalik et Niya avant de se rendre Ă  Charklik (RuoQiang), puis Ă  Loulan, dans la deuxiĂšme quinzaine de dĂ©cembre.

Le site de Loulan avait Ă©tĂ© dĂ©couvert fortuitement par Sven Hedin en 1900 (?), et correspondait au point oĂč la route de la soie se divisait en deux branches qui contournaient le dĂ©sert du Taklamakan par le nord et le sud. Dans cette ancienne ville de garnison, Stein dĂ©couvre des objets quotidiens, mais Ă©galement de la soie, et des documents, dont certains dans une Ă©criture Ă  cette date inconnue.

L’étape suivante de l’expĂ©dition est le site de Miran, oĂč les ruines d’un fort tibĂ©tain produisent des documents anciens. Mais les dĂ©couvertes les plus importantes sont plus anciennes : des restes de statues, des fresques peintes, et mĂȘme des angelots ailĂ©s qui Ă©voquent l’art chrĂ©tien.

DĂ©but mars, l’expĂ©dition se dirige vers Dunhuang, un site que les Allemands et les Français souhaitaient Ă©galement visiter, non sans identifier en route les ruines d’un mur de fortifications, marquĂ© par une succession de tours Ă  intervalles de quelques kilomĂštres.

Dunhuang s’avĂšre le plus fascinant de tous les sites explorĂ©s par Stein : au flanc d’une falaise, des centaines de grottes contenant des fresques et des sculptures y tĂ©moignent de la ferveur bouddhiste des commerçants des caravanes qui arpentaient la route de la soie. La majeure partie des grottes date de la dynastie Tang (VIIe au Xe siĂšcle), et est alors toujours frĂ©quentĂ©e par des pĂšlerins. Mais une rumeur fait Ă©tat de la dĂ©couverte rĂ©cente d’une cache contenant des milliers de manuscrits anciens. C’est un moine taoiste nommĂ© Wang Yuanlu qui en a la garde.

En avril et mai, Stein retourne dans le dĂ©sert pour excaver des tours du mur qu’il a identifiĂ© en arrivant, puis il retourne Ă  DunHuang. LĂ , usant de leur admiration partagĂ©e pour le pĂšlerin bouddhiste Xuanzang, il persuade le moine Wang Yuanlu de lui cĂ©der une partie des Manuscrits de Dunhuang. Travaillant jour et nuit avec son secrĂ©taire chinois, Stein sĂ©lectionne les piĂšces qui lui semblent les plus intĂ©ressantes, et quitte DunHuang le , avec cinq voitures Ă  cheval chargĂ©es de caisses de documents.

Durant les mois d’étĂ©, il explore la chaĂźne des NanShan, au sud de DunHuang, puis il emprunte la route nord du Taklamakan, oĂč il visite des sites dĂ©jĂ  fouillĂ©s par les Allemands. En , il entreprend une audacieuse traversĂ©e du Taklamakan, du nord au sud. Il part de Shahyar, Ă  deux jours de marche au sud de Kucha (KuChe), en compagnie de vingt hommes et de quinze chameaux pour une traversĂ©e de deux cent cinquante kilomĂštres qui doit le conduire au point oĂč la riviĂšre de Khotan se perd dans les sables. AprĂšs quelques jours d’angoisse, la caravane trouve le lit gelĂ© de la riviĂšre, reconstitue ses rĂ©serves et atteint Khotan. Il traverse de nouveau le dĂ©sert dans l’autre direction pour se rendre Ă  Aksu, et revient Ă  Khotan par les oasis de l’ouest. Il consacre quelques semaines Ă  la prĂ©paration de la caravane du retour, qu’il envoie le 1er aoĂ»t vers Leh au Ladakh par la piste des cols du Karakorum (Sanju, Suget, Karakorum, Sasser, Khardong) pendant que lui entreprend de traverser les Kunlun par un nouvel itinĂ©raire, avec l’objectif de reconnaĂźtre le cours supĂ©rieur de la riviĂšre Yorun-Kash. Ils passent un col Ă  six mille mĂštres d’altitude, oĂč Stein s’attarde Ă  rĂ©aliser des photographies malgrĂ© le froid perçant. ArrivĂ© au camp, il se rend compte que ses orteils sont gelĂ©s. Ne pouvant marcher, il se fait porter par les poneys. Quatre jours sont nĂ©cessaires pour rejoindre la caravane principale qui attend au pied de la passe de Karakorum, puis il se passe encore deux semaines avant qu’il puisse ĂȘtre amputĂ© de cinq orteils par le chirurgien de la mission de Leh.

À son arrivĂ©e au Cachemire, il est accueilli en hĂ©ros. Il rejoint ensuite Lahore, puis Calcutta et l’Europe en . Il y passe trois ans, qu’il consacre au travail et Ă  des confĂ©rences. Il reçoit les honneurs des universitĂ©s et sociĂ©tĂ©s scientifiques et prĂ©pare deux ouvrages : un compte rendu destinĂ© au public (Ruins of desert Cathay, 1912) et un volumineux ouvrage en cinq tomes intitulĂ© Serindia qui ne sera publiĂ© qu’en 1921.

Son retour en Inde est diffĂ©rĂ© jusqu’à la fin de 1911, oĂč on lui propose le poste de surintendant pour l’architecture dans la province des FrontiĂšres du Nord-Ouest, un poste qui lui permet de se prĂ©parer pour l’expĂ©dition qu’il rĂȘve de rĂ©aliser Ă  Balkh, mais pour laquelle aucune autorisation ne lui est accordĂ©e. Il dĂ©cide de monter une troisiĂšme expĂ©dition vers le Turkestan chinois.

1913-1915 : La troisiÚme expédition, relatée dans Innermost Asia (1928)

L’expĂ©dition quitte le Cachemire en en direction de Chilas sur l’Indus, puis de la vallĂ©e tribale de Darel, dont les sites prĂ©-islamiques n’avaient jamais Ă©tĂ© reconnus. Stein identifie des sites mentionnĂ©s par les pĂšlerins bouddhistes chinois, et notamment des gorges de l'Indus oĂč des chaĂźnes mĂ©talliques permettaient le passage. Il franchit les cols de Sheobat et de Darkot vers le nord, retrouvant un itinĂ©raire empruntĂ© par une expĂ©dition chinoise du VIIIe siĂšcle, et identifiant au passage une inscription tibĂ©taine.

Parvenu Ă  Tashkurgan, il envoie une Ă©quipe reconnaĂźtre des rĂ©gions inconnues des Kunlun Shan, et se dirige vers Kashgar par un nouvel itinĂ©raire Ă  l’est du Mustagh Ata.

Sans tarder, il se dirige vers le dĂ©sert du Lop Nor par un nouvel itinĂ©raire, en partant directement Ă  l’est de Kashgar et avec l’intention d’obliquer ensuite vers le sud en direction de Mazartagh. La difficultĂ© du terrain le contraint Ă  faire demi-tour, et Ă  atteindre Khotan par une route plus sĂ»re. L’expĂ©dition longe le cordon des oasis du sud du Taklamakan en profitant de quelques interruptions pour complĂ©ter son travail des expĂ©ditions prĂ©cĂ©dentes. À Miran, il constate le passage d’une expĂ©dition japonaise, dont il fustige le mauvais travail. Puis il se dirige vers le Lop Nur pour retrouver la vieille route menant de Loulan Ă  Dunhuang. Il a mĂȘme la surprise de retrouver ses propres traces de pas, conservĂ©es intactes par le dĂ©sert aprĂšs sept annĂ©es.

À Dunhuang, il retrouve le moine Wang, qui lui vend de nouveaux manuscrits et lui relate le passage de l’expĂ©dition française de Paul Pelliot. Il s’engage vers l’est, le long de la muraille de Chine, puis remonte le cours de la riviĂšre Etsin Gol qui draine vers le nord les eaux du Nan Shan. Il atteint Khara-Khoto, l'Etsina de Marco Polo, la vieille citĂ© qui avait Ă©tĂ© dĂ©couverte en 1908 par l’explorateur russe Kozlov.

En , Stein arrive Ă  Turfan Ă  travers le dĂ©sert de Gobi. Il se met au travail sur des sites dĂ©jĂ  excavĂ©s par les Allemands quelques annĂ©es plus tĂŽt, et dĂ©couvre le site d’Astana.

En , il est de retour Ă  Kashgar. Les Russes, alliĂ©s de guerre des Britanniques, lui permettent de s’aventurer dans leur zone d’influence : la vallĂ©e de l’Alai, puis la traversĂ©e du Pamir rendue difficile par un tremblement de terre en 1911, et les lacs Yeshil-Kol et Victoria. Stein chasse un mouton de Marco Polo (ovis ammon polli), et atteint le Wakhan russe, d’oĂč il se dirige vers Samarcande, Boukhara et Mashhad en Iran.

Sur le site de Koh-i-Kwaja, Ă  Sistan, il exhume les restes d’un sanctuaire zoroastrien, ornĂ© d’une fresque qu’il attribue Ă  la pĂ©riode Sassanide (IIIe au VIIe siĂšcle).

Stein revient Ă  Delhi via le Balouchistan et Quetta, en , puis se rend au Royaume-Uni, oĂč il atteint l’ñge de la retraite en 1917. Il continue nĂ©anmoins de travailler Ă  ses publications au Royaume-Uni et en Inde jusqu’en 1924. Il s’emploie Ă©galement Ă  obtenir l’autorisation de se rendre en Afghanistan, mais la malchance s’abat sur lui. La troisiĂšme guerre anglo-afghane, puis la diplomatie française dĂ©jouent ses plans : en 1923, la France obtient une concession exclusive pour les missions de recherche archĂ©ologiques en Afghanistan.

En 1924, il entreprend d’étudier l’arabe. Il visite l’Égypte, PĂ©tra, JĂ©rusalem, Damas, Beyrouth, Constantinople.

Lorsqu’il retourne en Inde fin 1925, il apprend que le Mir de la rĂ©gion de Swat est disposĂ© Ă  lui fournir un permis d’exploration, Il y passe deux mois et demi Ă  identifier les traces de Xuanzang et d’Alexandre le Grand, ce qui constitue la substance de son ouvrage On Alexander's Track to the Indus (1927).

En 1927, il s’intĂ©resse aux civilisations prĂ©historiques orientales. Le site d'Harappa avait Ă©tĂ© dĂ©couvert quelques annĂ©es plus tĂŽt sur le cours infĂ©rieur de la vallĂ©e de l’Indus, et il souhaite Ă©tudier les Ă©ventuels liens de ces cultures avec Sumer. Il retourne deux fois pendant quatre mois au Balouchistan oĂč il identifie des sites anciens. Il visite Gwadar, Kalat, Quetta, et revient au Cachemire en , oĂč il dĂ©cide finalement de prendre sa retraite Ă  l’ñge de soixante-six ans, aprĂšs quarante et un ans de service. Il rentre en Europe via le Moyen-Orient. À Mossoul il obtient la permission de la RAF de survoler la zone en avion, une expĂ©rience qu’il souhaite rĂ©itĂ©rer sur d’autres thĂ©Ăątres d’exploration.

Carte de Taklamakan dans Serindia 1921, vol. V.
Lettre de Stein à Rudolf Hoernlé (en), Kashgar, 25 mai 1901.

1930 : La quatriÚme expédition

En , invitĂ© Ă  donner des confĂ©rences Ă  Harvard, il se rend aux États-Unis. Il parvient Ă  y lever des fonds pour une nouvelle expĂ©dition en Chine. AprĂšs ĂȘtre rentrĂ© Ă  Londres, il dĂ©cide de rejoindre Nankin via les États-Unis, Vancouver et le Japon. ArrivĂ© Ă  Nankin en , il obtient un vague permis, en dĂ©pit de l’hostilitĂ© du gouvernement chinois. Puis il s’embarque Ă  Shanghai pour Calcutta et le Cachemire, qu’il quitte en aoĂ»t, en direction de Gilgit, oĂč il apprend que le gouverneur du Xinjiang lui refuse l’entrĂ©e sur le territoire chinois. La situation se dĂ©noue, et il atteint Kashgar le , puis Khotan, Keriya et Cherchen (aujourd’hui Qiemo). Mais les ennuis reprennent : on lui adjoint un agent de liaison chinois qui a mission de d’espionner, on lui interdit de fouiller, et il doit finalement revenir Ă  Kashgar et terminer prĂ©maturĂ©ment l’expĂ©dition.

Acceptant que les conditions politiques ont changĂ©, il tourne son attention vers l’Iran, mais effectue dans l’intervalle une reconnaissance de la riviĂšre Jhelum au Punjab pour identifier le point oĂč Alexandre la traversa.

De 1932 Ă  1936, il travaille en Iran, jusqu’alors le domaine prĂ©servĂ© des archĂ©ologues français. Au Balouchistan d’abord, puis le long du golfe Persique, Ă  Fars, et au Kurdistan, il parcourt de grandes distances et dĂ©friche les Ă©lĂ©ments centraux de l’histoire ancienne locale.

Son attention se tourne ensuite vers l’Irak et la Jordanie, oĂč il imagine que des techniques de reconnaissance aĂ©rienne permettront de retrouver le tracĂ© d’un ancien rĂ©seau de routes romaines constituant un systĂšme dĂ©fensif. Les permissions et financements obtenus, il effectue au dĂ©part de Mossoul son premier vol de reconnaissance en , Ă  l’ñge de soixante-seize ans.

Alors que la situation europĂ©enne s’assombrit, il rejoint le Cachemire, puis Londres d’oĂč il assiste Ă  la dĂ©claration de guerre. Il estime qu’il pourra mieux travailler en Inde, oĂč il espĂšre obtenir des permis pour se rendre dans des territoires qu’il n’a pas encore visitĂ©s. En , il a l’occasion de survoler en avion les gorges de l’Indus entre Besham et Gilgit, et d’admirer la masse imposante du Nanga Parbat.

Il explore la rĂ©gion de la passe de Khyber, Ă  la frontiĂšre afghane, et est invitĂ© Ă  visiter le Kohistan Ă  la fin de l’annĂ©e 1941. Il se rend Ă  Swat, puis passe le col de Bisau Ă  quatre mille cinq cents mĂštres d’altitude vers la riviĂšre Kandia. Il poursuit ses investigations dans les diffĂ©rentes vallĂ©es tributaires de l’Indus.

Enfin, il obtient l’autorisation de se rendre en Afghanistan, l’un des plus anciens rĂȘves de sa vie. Il se rend Ă  Peshawar, et atteint Kaboul le . Mais il tombe malade quelques jours plus tard, et meurt le , aprĂšs avoir exprimĂ© le souhait d’une cĂ©rĂ©monie anglicane. Il repose dans le cimetiĂšre international de Kaboul.

Anobli par le gouvernement britannique, Aurel Stein reçut de son vivant le titre de docteur honoris causa des universités d'Oxford et de Cambridge.

Publications

  • 1898. Detailed Report on an Archaeological Tour with the Buner Field Force, Lahore, Punjab Government Press.
  • 1900. Kalhaáč‡a's Rājataraáč…giáč‡Ä« – A Chronicle of the Kings of KaƛmÄ«r, 2 vols. London, A. Constable & Co. Ltd. Reprint, Delhi, Motilal Banarsidass, 1979.
  • 1905. Report of Archaeological Survey Work in the North-West Frontier Province and Baluchistan, Peshawar, Government Press, N.W. Frontier Province.
  • 1907. Ancient Khotan: Detailed report of archaeological explorations in Chinese Turkestan, 2 vols. Clarendon Press. Oxford[4].
  • 1912. Ruins of Desert Cathay: Personal Narrative of Explorations in Central Asia and Westernmost China, 2 vols. London, Macmillan & Co. Reprint: Delhi. Low Price Publications. 1990.
  • 1921a. Serindia: Detailed report of explorations in Central Asia and westernmost China, 5 vols. London & Oxford, Clarendon Press. Reprint: Delhi. Motilal Banarsidass. 1980[4].
  • The Thousand Buddhas : ancient Buddhist paintings from the cave-temples of Tung-huang on the western frontier of China.[4]
  • 1921b “A Chinese expedition across the Pamirs and Hindukush, A.D. 747.” Indian Antiquary 1923.
  • 1928. Innermost Asia: Detailed Report of Explorations in Central Asia, Kan-su and Eastern Iran, 5 vols. Oxford, Clarendon Press. Reprint: New Delhi. Cosmo Publications. 1981[4].
  • 1929. On Alexander's Track to the Indus: Personal Narrative of Explorations on the North-West Frontier of India. London, Macmillan & Co. Reprint: New York, Benjamin Blom, 1972.
  • 1932 On Ancient Central Asian Tracks: Brief Narrative of Three Expeditions in Innermost Asia and Northwestern China. Reprinted with Introduction by Jeannette Mirsky. Book Faith India, Delhi. 1999.
  • 1940 Old Routes of Western Iran: Narrative of an Archaeological Journey Carried out and Recorded, Macmillan and Co. St. Martin's Street, London.
  • 1944. "Archaeological Notes from the Hindukush Region". J.R.A.S., p. 1-24 + fold-out.

Références

  1. Voir coordonnées et carte sur Digital Silk Road.
  2. Sand buried, p. 418. Voir coordonnées et carte sur Digital Silk Road.
  3. Dont itinéraire au sortir du Pamir vers Khotan, route au sud du Taklamakan, et en 1907 durée de la traversée du désert entre Ruoqiang et Dunhuang, nombre exact des points d'eau saumùtre dans ce désert.
  4. M. A. Stein - Digital Archive of Toyo Bunko Rare Books, sur Digital Silk Road'.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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