Novempopulanie
La Novempopulanie ou Aquitania novempopulana ou encore « Pays des Neuf Peuples » est le nom donné au IIIe siècle par l'administration impériale à la partie sud de l'Aquitaine antique[2], c'est-à-dire l'Aquitaine ethnique de César.
ou
Aquitania III Novempopulana
IIIe siècle – 626
Statut |
Empire romain d'Occident Royaume wisigoth |
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Capitale | Elusa (Eauze) |
Langue(s) | Aquitain principalement, latin vulgaire par les gallo-romains dans des bourgades. |
Superficie | 36 000 km2[1] |
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Entités suivantes :
Dite Aquitaine IIIe, elle provient de la division administrative de la grande Gaule aquitaine en trois parties, avec Eauze pour capitale.
Constituée de neuf peuples essentiellement de langue proto-basque puis de douze, ce fait est attesté par « la liste de Vérone » ou Laterculus Veronensis[3] au IIIe siècle et par la « Notice des provinces et cités des Gaules » au Ve siècle[4]. L'hypothèse avancée pour expliquer les douze cités de la Novempopulanie mentionnés par la « Notice des Gaules » est que trois cités de création récente sont venues s'ajouter à la liste[5].
Création
La Novempopulanie résulte de la partition de la province impériale et prétorienne d'Aquitaine en trois provinces dites présidiales :
- l'Aquitaine première (Aquitanica prima ou Aquitania prima) dont la métropole était Bourges (Avaricum), capitale de la cité des Bituriges Cubes (Bituriges cubii) ; province située à l'est (Massif central et futur Berry) ;
- l'Aquitaine seconde (Aquitanica secunda ou Aquitania secunda) dont la métropole était Bordeaux (Burdigala), capitale de la cité des Bituriges Vivisques ; située sur la façade atlantique entre l'Estuaire de la Gironde et l'embouchure de la Loire ; (inclut les futurs Charentes, Poitou et Bordelais) ;
- la Novempopulanie ou Aquitaine troisième (Aquitanica tertia ou Aquitania tertia) dont la métropole était Eauze, capitale de la cité des Elusates ; province située approximativement entre la Garonne et les Pyrénées, sans Bordeaux ;
Ces provinces font partie du diocèse de Vienne de la Préfecture du prétoire des Gaules, dans la Division de l'Empire romain.
Géographie historique
Territoire
Au nord, la frontière suivait très approximativement la rive gauche de la Garonne, avec des exceptions importantes : Bordeaux, capitale du territoire des Bituriges Vivisques, était rattachée à l'Aquitaine seconde ; Aginnum (rive droite), capitale des Celtes Nitiobroges, de même ; situé entre ces deux cités, le territoire des Vasates atteignait la Dordogne.
Toulouse, successeur de Vieille-Toulouse capitale des Volques Tectosages, et riveraine de la Garonne (rive droite surtout), près de sa confluence avec l'Ariège, était rattachée à la Narbonnaise. Le territoire des Convènes s'étendait sur les deux rives du val d'Aran ; une partie du territoire des Consoranni, le Couserans (rive droite de la Garonne), lui était rattachée.
Cette délimitation correspond sensiblement à celle de la langue romane dite gascon moderne.
Territoires limitrophes
La Novempopulanie était bornée à l'ouest par l'océan Atlantique. Au sud, la Novempopulanie était séparée par les Pyrénées de la Tarraconaise, province voisine qui relevait du diocèse d'Hispanie. Le val d'Aran en relevait. Au versant sud-ouest des Pyrénées se trouvent des peuples de même culture comme les Vascons, les Vardules, les Ilergetes entre autres. Au nord, la Novempopulanie était bornée par des populations celtes de l'Aquitaine seconde, à l'est par la Gaule narbonnaise.
Inscription de Hasparren
Une stèle consacrée à la divinité du lieu constitue l'un des témoignages de la réorganisation de la Novempopulanie. Cette réorganisation voulue par Rome est plus conforme aux traits linguistiques, culturels et ethniques des neuf peuples de l'Aquitaine[5].
Cette stèle est exposée en l'église d'Hasparren au Pays basque et voici ce qui est écrit :
- Flamen item
- dumvir, quæstor
- pagi(que) magister,
- Verus, ad august
- tum legato, Mu
- nere functus
- pro Novem opti-
- nuit populis se
- jungere Gallos. Urbe redux ge-
- nio pagi hanc dedicat aram.[4]
Traduction : « Flamine ainsi que duumvir, questeur et maître (juge) du pays, Verus, ayant rempli auprès d'Auguste (empereur) la charge pour laquelle il avait été délégué, a obtenu pour les neuf peuples d'être séparés des Gaulois. De retour de Rome, il dédie cet autel au génie du pays. »[5]
Peuples
Continuatrice de l'Aquitaine historique, son nom fait référence aux neuf peuples qui la composaient. Ces peuples, proto-basques pour la plupart, parfois d'origine celtique (Boïates), ou celtibères (Convènes) se différenciaient nettement des Celtes des régions Aquitaine seconde situé au nord et Narbonnaise, située à l'est.
Ces douze peuples notés dans la « Notice des provinces et cités des Gaules » sont[4] :
- Auscii (les Ausques) du Gers (département) (Eliumberrum mod. Auch, 32), à rapprocher de la racine basque « eusk » ;
- Bigerri ou Bigerriones (les Biguerres) de Bigorre (Bigorra > Saint-Lézer, 65) ;
- Boiates ou Boii du Pays de Buch (Lamothe près du Teich, 33) ;
- Consoranni (les Consorans) du Couserans (Saint-Lizier, 09) ;
- Convenæ (les Convènes) du Comminges (Lugdunum mod. Saint-Bertrand-de-Comminges, 31) ;
- Elusates du bas Armagnac (Elusa > Eauze, 32) ;
- Lectorates (les Lactorates) de Lomagne (Lactora > Lectoure, 32) ;
- Tarbelli (les Tarbelles) de la côte basque à la Chalosse (Aquæ Tarbellicæ > Dax, 40) ;
- Tarusates du Pays de Marsan et de la Chalosse (Tartas, 40) devenus les Aturenses au IVe siècle.
Les trois peuples qui se sont ajoutés à la liste sont les Vasates, sans doute détachés des Boiates, les Benearnenses et les Iluronenses peut-être détachés des Aquenses ou des Tarusates ou des Aturenses[5].
- 10. Vasates ou Vassei = Vocates ? du sud-est girondin ou Bazadais (Cossium mod. Bazas, 33) ;
- 11. Benearnenses, Benearni ou Ptiani, Pathiciani (les Bénéharnais) (Beneharnum, médiéval Lascurris, mod. Lescar, 64) ;
- 12. Iluronenses = Bercorates (les Ilourais) de l'Ilouron (Iluro > Oloron, 64).
L'Est de la Lomagne était à l'époque romaine contrôlé par les Volques Tectosages de la Narbonnaise.
Mais d'autres peuples encore auraient pu être individualisés, comme :
- les Atourais (Aturenses, ex Tarusates) du Tursan (Atura > Aire-sur-l'Adour, 40) ;
- les Belindes (Belindi) auxquels on attribue généralement Belin-Béliet (33) ;
- les Bercorates du Barétous (Aramits, 64) ;
- les Bipedimus (Bipedimui) parfois corrigés en Pimpedunni qui signifie « cinq places fortes » en gaulois ;
- les Campons (Camponi ; de Campan (65) ?) ;
- les Cocosates du Pays de Born de Linxe à Sanguinet (Cocosa, Cæquosa, près de Morcenx, 40) ;
- les Garoumnes (Garumni), de localisation inconnue : Raymond Lizop les suppose dans la haute vallée de la Garonne ; certains les imaginent à Gironde-sur-Dropt (33) que l'on considère plus généralement peuplé des Vasates ;
- les Onesii ou Monesi (Luchon, 31) ;
- les Onobrisates ;
- les Oscidates campestri (Oscineo, Houeillès, 47 ?) ;
- les Oscidates montani de la vallée d'Ossau (Laruns, 64) ;
- les Sassumins (Sassumini[6]) parfois corrigés en Lassumini ou Lassunni[7] (et rapprochés de Saint-Hilaire-de-Lassun) ;
- les Sennates ;
- les Sibusates ou Sybillates (Saubusse, basse vallée de l'Adour, 40) ;
- les Sotiates[8] (Sos, 47) ;
- les Suburates (province de Soule, 64) ;
- les Succases ;
- les Tornates, qu'il n'y a pas lieu de placer à Tournay (65), le nom de cette bastide provenant de la ville belge ;
- les Vellates, supposés en vallée de la Bidassoa (col de Belate) ;
- les Venames (Venami).
Ces peuples n'ont pas laissé de traces écrites ; on suppose qu'ils étaient majoritairement de culture aquitanique proto-basque. Les Boïens seraient peut-être venus de Bohême au VIe siècle av. J.-C. (premier âge du fer) ou plus probablement lors des invasions cimbres et teutonnes entre -110 et -106.
On rappelle que les Bituriges Vivisques, du Bordelais appartenaient à l'Aquitaine seconde (cf. Peuples gaulois) et étaient issus des Bituriges Cubes (capitale Bourges).
Fin
À l'effondrement de l'Empire romain d'Occident, la Novempopulanie fut conquise par les Wisigoths, avec le statut de peuple fédéré à partir de 418. Au début du VIe siècle, en 507, les Francs qui poussent de plus en plus les Wisigoths vers le sud, dominent provisoirement l'Aquitaine, la corniche cantabrique de l'Hispanie et le Nord de la vallée de l'Èbre.
À partir de 561, une alliance entre les Vascons et les Aquitains empêche la complète domination franque sur ces territoires et permet de vaincre les Francs. Pour les Vascons, le nom de Novempopulanie change pour « principat de Wasconia »[9] et semble marquer la souveraineté militaire et politique d'un État « basque ».
Au décès de leur frère Caribert Ier (Charibert), la Novempopulanie figure dans le partage de la monarchie franque de 567.
Après les campagnes franques contre les Vascons, les Francs en 602 réussissent à imposer Genial comme vassal et duc puis Aighinane en 626. Le nom de Novempopulanie changea officiellement en 626 pour prendre celui de duché de Vasconie[5].
Notes et références
- Jean-Pierre Bost et Georges Fabre, « Aux origines de la province de Novempopulanie : nouvel examen de l'inscription d'Hasparren », Aquitania (revue), vol. 6, , p. 167-178
- Jean-Jacques et Bénédicte Fénié, Dictionnaire des Landes, Bordeaux, Éditions Sud Ouest, , 349 p. (ISBN 978-2-87901-958-1).
- Si la liste des diocèses est complète, celle des provinces ne l'est pas.
Christian Bonnet et Bertrand Lançon, L'Empire romain de 192 à 325 Par Christian : du Haut-Empire à l'Antiquité tardive, Éditions Ophrys, , 251 p. (ISBN 2-7080-0851-X et 9782708008519, présentation en ligne). - Jean-Louis Davant (préf. Lorea Uribe Etxebarria), Histoire du peuple basque, Bayonne; Donostia, Elkar argitaletxea, coll. « Collection Histoire », , 11e éd. (1re éd. 1970), 352 p. (ISBN 9788497835480 et 8497835484, OCLC 49422842).
- Manex Goyhenetche, Histoire générale du Pays basque : Préhistoire-Époque Romaine-Moyen-Âge, t. 1, Donostia / Bayonne, Elkarlanean, , 492 p. (ISBN 2913156207 et 8483314010, OCLC 41254536), p. 53-59.
- Pline l'Ancien, L'Histoire naturelle, lib. IV.
- Paul Raymond, Dictionnaire topographique du département des Basses-Pyrénées, 1863.
- Sontiates chez Jules César et Sottiates chez Pline l'Ancien.
- René Flurin, Histoire de Cauterets : des origines à nos jours, éditions Créer, .