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Nationalisme occitan

Le nationalisme occitan est un courant d'idĂ©es dĂ©sireux de dĂ©fendre et de promouvoir voire de reconquĂ©rir ce qui fait de l'Occitanie une nation ; notamment sa langue, sa culture, son intĂ©gritĂ© et sa libertĂ©. C'est un mouvement politique dont les aspirations vont de l'autonomie territoriale Ă  la crĂ©ation d'un État souverain occitan[1].

Drapeau de l'Occitanie avec Ă©toile

Les territoires revendiqués dans le cadre de la nation occitane représentent une grande partie du sud de la France, Monaco, une partie de l'Espagne (Val d'Aran) et de l'Italie (Vallées occitanes, Guardia Piemontese).

La base du nationalisme est linguistique et culturelle bien qu'actuellement l'occitan soit une langue minorisée au sein de son aire linguistique.

Dans sa forme actuelle, c'est un mouvement récent comparé à d'autres nationalismes puisqu'il est né dans les années 1960. Il a gagné en visibilité dans les années 1970, notamment lors de l'épisode de la lutte du Larzac. Le nationalisme est actuellement minoritaire au sein de l'occitanisme, car celui-ci est prioritairement un mouvement culturel. Toutefois le terrain du politique est périodiquement abordé.

Le nationalisme occitan contemporain

Manifestation occitaniste Ă  Carcassonne en 2005.
Manifestation Ă  BĂ©ziers en 2007:
Nous sommes un peuple
Occitan langue officielle!
Manifestation Ă  Barcelone en 2012:
Occitanie libre

Le nationalisme occitan apparaßt comme une réaction d'injustice dans les régions du sud de la France face aux restructurations économiques et énergétiques entreprises par les gaullistes au pouvoir dans les années 1960, qui ont donné la priorité aux régions les plus prospÚres du nord du pays. En 1962, le gouvernement français décide de façon totalement arbitraire la fermeture du complexe minier et industriel de Decazeville, fait qui sera alors considéré comme le catalyseur des revendications occitanes modernes[2].

Puis, Ă  partir de 1968, la renaissance culturelle occitane combinĂ©e Ă  la protestation Ă©conomique dĂ©bouche sur une revendication nationaliste considĂ©rant que l'Occitanie Ă©tait une colonie intĂ©rieure de l'État centraliste Français[3]. À la mĂȘme Ă©poque, Lutte occitane, la principale organisation politique occitaniste et marxiste, affirma nettement en 1971 son refus de tout nationalisme, comme de tout sĂ©paratisme[4]. Bien qu'il y existait un courant nationaliste occitan, la solidaritĂ© avec la gauche française l'emporta. C'est pourquoi Lutte Occitane dĂ©finit l'Occitanie comme une nationalitĂ© populaire, c'est-Ă -dire comme une nation en devenir. Lutte Occitane s'opposa, idĂ©ologiquement parlant, au nationalisme du PNO (Parti nationaliste occitan) : la nation occitane Ă©tant un point de dĂ©part pour le PNO, alors c'Ă©tait un point d'arrivĂ©e pour Lutte Occitane.

DĂšs le choc pĂ©trolier de 1973, l'Ă©volution de la situation Ă©conomique internationale va modifier la donne pour plusieurs dĂ©cennies. La crise Ă©conomique qui a suivi la fin des Trente Glorieuses va toucher toute la France et rendre caduque la thĂ©orie du colonialisme interne. Sur le mĂȘme mode que les autres mouvements nationalistes du reste de la France et de l'Europe, le noyau de la revendication s'est concentrĂ© sur l'identitĂ© culturelle et les droits des minoritĂ©s.

Le nationalisme occitan des années 1980 a perdu son influence sur la société en raison principalement de la fragmentation des partis et des organisations entre différentes idéologies, ainsi que de l'incapacité à articuler un mouvement romantique couvrant un territoire aussi grand[5] avec une réalité sociale trÚs hétérogÚne.

Dans les annĂ©es 1990, le mouvement politique pourrait ĂȘtre dĂ©crit comme marginal au sein de l'occitanisme.

RĂ©cemment le nationalisme occitan se renouvelle, on peut citer:

Par ailleurs, l'aspect linguistique et culturel fait partie des plus importantes revendications du nationalisme occitan, tout comme du régionalisme occitan et de divers mouvements civiques en Occitanie. Dans ce domaine, de nombreuses avancées politiques sur la reconnaissance de l'occitan ont abouti récemment. On peut citer:

  • L'obtention du statut de minoritĂ© linguistique protĂ©gĂ©e en Italie en 1999.
  • Les manifestations ciblĂ©es sur la dĂ©fense de l'occitan depuis 2005 en France.
  • L'officialisation de l'occitan dans toute la Catalogne (Espagne) en 2006, renforcĂ©e par une loi adoptĂ©e en 2010.
  • Les reconnaissances comme langue du dĂ©partement dans les PyrĂ©nĂ©es-Orientales en 2007, et langue de la rĂ©gion en RhĂŽne-Alpes en 2009.
  • Les diffĂ©rentes initiatives pour la langue des rĂ©gions Aquitaine, Midi-PyrĂ©nĂ©es, Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-CĂŽte d'Azur.
  • Le traitement des revendications occitanes au niveau du parlement europĂ©en le [20].
  • La reconnaissance officielle, en 2018, de l'occitan comme langue de la communautĂ© d'agglomĂ©ration du Pays Basque (France)[21]

Thématiques

Graffiti indépendantiste à Toulouse.

Le nationalisme occitan actuel est modéré, démocratique et antifasciste[22] - [23], c'est un nationalisme ouvert[24]. Différents courants de pensées le traversent, comme le nationalisme linguistique(en)[25], le nationalisme ethnique[26], le nationalisme culturel(en)[27] et le nationalisme libéral(en)[28] - [29].

C'est principalement une organisation fĂ©dĂ©rale de l'Occitanie qui est prĂŽnĂ©e par les nationalistes, dans le cadre de l’indĂ©pendance, au sein de l’Union europĂ©enne et de l’ONU. En effet, l’Occitanie n’a jamais constituĂ© un État-nation. De plus, dans la pĂ©riode entre le XIIIe siĂšcle et la constitution des États espagnol, français, italien et monĂ©gasque actuels; les diffĂ©rentes composantes de l'Occitanie ont connu des histoires propres et n'ont plus cherchĂ© Ă  se doter d'une structure politique unitaire. Par contre, diffĂ©rentes rĂ©gions occitanes ont en commun des Ă©vĂšnements historiques marquants de tendances polycentriques: crĂ©ation confĂ©dĂ©rale des Provinces de l'Union; autonomisme des Girondins Ă  l'Ă©poque rĂ©volutionnaire; propagation d'idĂ©es rĂ©gionalistes, fĂ©dĂ©raliste ou dĂ©centralisĂ©es


Comparaisons

Le nationalisme occitan partage avec le rĂ©gionalisme occitan la dĂ©fense de la langue et de la culture occitanes, des symboles communs et la mĂȘme conception territoriale de l'Occitanie dĂ©passant la taille de plusieurs rĂ©gions. Ainsi que parfois une approche fĂ©dĂ©raliste qui pose le problĂšme des pouvoirs de l'État central ou alors une approche autonomiste qui soulĂšve la question de l'administration centrale. Cependant, il s'en distingue par le rejet de la tutelle des États-nations[30].

Une partie de la mouvance identitaire se prĂ©sente en Occitanie en utilisant les termes de <<nationalisme>> ou de <<rĂ©gionalisme>> (occitan, provençal, niçois, etc.). La dĂ©fense de la langue occitane est aussi mise en avant, souvent en la nommant sous sa forme locale : provençal, niçois, bĂ©arnais-gascon, ... Les symboles identitaires d'Occitanie ou de ses composantes rĂ©gionales (hymne, chants, drapeau, figure allĂ©gorique, ...) sont rĂ©guliĂšrement utilisĂ©s en les complĂ©tant de symboles liĂ©s Ă  l'extrĂȘme droite[31] - [32] - [33]. L'identitarisme prend ses rĂ©fĂ©rences dans le nationalisme français, avec parfois un positionnement par rapport au Front national français ; ou dans le nationalisme europĂ©en, dans un triptyque patriotique rĂ©gion-nation-civilisation europĂ©enne. Au contraire le nationalisme occitan apparait comme un <<contre-nationalisme>> s'appuyant sur le projet d'Europe des peuples[30].

Le nationalisme niçois regroupe des mouvements et des partis qui revendiquent une identitĂ© niçoise sĂ©parĂ©e de l'identitĂ© provençale ainsi que l'indĂ©pendance vis-Ă -vis de la nation française. La dĂ©finition de la nation niçoise, liĂ©e Ă  l'histoire territoriale de Nice et des alentours, contraste avec l'occitanisme basĂ© principalement sur la langue et la culture. Les groupes se rĂ©clamant du nationalisme niçois adhĂšrent, rejettent, ou ont une position intermĂ©diaire sur l'appartenance du comtĂ© de Nice au monde occitan. Cela se ressent sur les objectifs des groupes souhaitant la souverainetĂ© niçoise qui peuvent tendre vers l'indĂ©pendance totale, l'intĂ©gration dans une confĂ©dĂ©ration de l'arc alpin en reconstituant ainsi les anciens États de Savoie, ou en tant qu'entitĂ© propre de l'Occitanie.

Le nationalisme aranais (ca), bien que lui aussi liĂ© Ă  une spĂ©cificitĂ© territoriale historique, revendique sans ambigĂŒitĂ© son rattachement Ă  la nation occitane, mais sans rejeter la Catalogne[34]. Les partis UnitĂ© d'Aran-Parti nationaliste aranais (oc), Convergence dĂ©mocratique aranaise - Parti nationaliste aranais (oc) et le Parti rĂ©novateur d'Arties-Garos ont rĂ©clamĂ© Ă  la GĂ©nĂ©ralitĂ© de Catalogne d'ĂȘtre reconnus comme une rĂ©alitĂ© nationale occitane. Par contre, les nationalistes aranais ont demandĂ© la crĂ©ation d'un pacte d'union libre entre le Val d'Aran et la Catalogne en se fondant sur une langue, une culture et une identitĂ© diffĂ©rente de la catalane[35] - [36].

Territoire revendiqué

Carte politique de l'Occitanie selon le nationalisme occitan.
Revendications autonomistes (noms en rouge) et séparatistes (noms en noir) d'Europe.
  • L'Occitanie

Le tableau suivant montre la taille et la population des territoires revendiqués par le nationalisme occitan:

Pays Territoire
revendiqué
Superficie
(km2)
Population
Espagne
Drapeau de l'Espagne
borde Val d'Aran (Catalogne) 634 9 983 (2018)
France
Drapeau de la France
borde Nouvelle-Aquitaine (exceptĂ© le Pays basque, le Pays Gabay et une grande partie de l'ancienne rĂ©gion Poitou-Charentes) 56 478 3 568 000 (obsolĂšte)
borde Auvergne-RhĂŽne-Alpes (exceptĂ© une grande partie de l'ancienne rĂ©gion RhĂŽne-Alpes et la moitiĂ© nord de l'Allier) 33 343 1 871 000 (obsolĂšte)
borde Occitanie (exceptĂ© la majeure partie des PyrĂ©nĂ©es-Orientales) 68 608 5 409 139 (2018)
borde Provence-Alpes-CĂŽte d'Azur 31 400 5 052 832 (2018)
Italie
Drapeau de l'Italie
Guardia Piemontese (Calabre) 21 1 917 (2017)
(Ligurie) (PiĂ©mont) VallĂ©es Occitanes 4 500 200 000 (estimation)
Drapeau de Monaco Monaco Monaco 2 38 300 (2018)
Occitanie Occitanie 194 986 16 151 171

Organisations nationalistes occitanes

Logo du PNO.

Actuellement, le nationalisme occitan est présent au sein de plusieurs partis et organisations de diverses sensibilités politiques. Certaines entités comme le Parti de la nation occitane s'en revendiquent en tant que base idéologique et historique.

Principaux partis ou organisations:

Affiche pro-européenne du Partit occitan
Affiche de Libertat ! : La Résistance est une question de dignité!

Symboles

Dans les années 1970, François Fontan et le P.N.O. (Parti nationaliste occitan) ont proposé l'ajout d'une étoile à sept branches en haut du drapeau à la croix occitane, du cÎté opposé au mùt. Cette étoile à sept branches est censée représenter l'unité occitane et l'aspect décentralisé, fédéraliste ou confédéraliste du projet occitaniste évoquant ses sept régions historiques: la Gascogne, la Guyenne, le Languedoc, le Limousin, l'Auvergne, le Dauphiné et la Provence. De plus, l'étoile à 7 branches est aussi une référence au Félibrige qui a choisi Sainte Estelle (dérivé de estÚla soit étoile en occitan) comme saint patron[40].

Drapeau de l'Occitanie avec Ă©toile.

Origines et développement du nationalisme occitan

Les moments les plus forts aboutissant au nationalisme occitan actuel sont corrĂ©lĂ©s Ă  de grands mouvements politiques. Les dĂ©buts du FĂ©librige sont contemporains de l'apogĂ©e du principe des nationalitĂ©s au XIXe siĂšcle, Ă©poque oĂč naissent de nouveaux États basĂ©s sur des critĂšres ethniques. L'occitanisme du milieu du XXe siĂšcle prend pour exemple l’anticolonialisme d'aprĂšs-guerre tout en n'allant pas jusqu'au sĂ©paratisme, dans l'espĂ©rance que l'arrivĂ©e au pouvoir du socialisme rĂ©soudra les problĂšmes soulevĂ©s Ă  l'Occitanie.

Le Félibrige: entre régionalisme et pan-occitanisme

DĂšs ses dĂ©buts le FĂ©librige, sous l'impulsion de FrĂ©dĂ©ric Mistral, embrasse l’intĂ©gralitĂ© du domaine d’oc[41]. Il s’étend mĂȘme Ă  la Catalogne qui est une rĂ©gion occitane, mais qui, pour des raisons politiques contemporaines, est dĂ©sormais rĂ©guliĂšrement distinguĂ©e de l'Occitanie. Le rĂ©gionalisme originel du FĂ©librige a un caractĂšre de type nationalitaire : d'une part, l'Ă©tendue gĂ©ographique couverte nommĂ©e Provence dĂ©passe largement le cadre rĂ©gional en englobant le midi de la France tout entier; d'autre part l'un des buts affichĂ©s est d'y conserver l’honneur national[42]. Par ailleurs on dĂ©note la volontĂ© de se dĂ©marquer de la France du nord en mettant en avant les liens avec l'Europe latine.

Théorie de l'opposition dominant/dominé

Le marxiste allemand Friedrich Engels Ă©voqua en 1848 une nationalitĂ© {occitane} dĂ©jĂ  Ă©panouie, mais n'ayant pas pu aboutir malgrĂ© l'Ă©tat de civilisation avancĂ©e de la "France du Sud" avant la conquĂȘte mĂ©diĂ©vale française qui la dĂ©truisit. Cependant il critiqua le renouveau identitaire occitan du XIXe siĂšcle qui Ă  son idĂ©e avait un cĂŽtĂ© rĂ©actionnaire. Plus tard, il changea d'avis face Ă  la mutation rĂ©publicaine et socialiste du Grand Sud-Est ainsi qu'Ă  sa puissante insurrection contre le Coup d'État de NapolĂ©on III. Lors d'un dĂ©bat sur le soutien Ă  la libĂ©ration nationale de la Pologne face Ă  la Russie, il fait le parallĂšle avec le manque de soutien envers l'Occitanie qu'il appelle "la nationalitĂ© de la France du Sud" ou "la nation provençale". Son analyse sera reprise dans les annĂ©es 1970 par le mouvement occitaniste et marxiste Lutte occitane qui mettra en avant l'existence d'une nationalitĂ© populaire mais seulement d'une potentielle Nation occitane.

« Au Moyen Âge la nationalitĂ© de la France du Sud n'Ă©tait pas plus proche de celle de la France du Nord que la nationalitĂ© polonaise ne l'est actuellement de la nationalitĂ© russe.

La nationalitĂ© de la France du Sud, vulgo la nation provençale, avait au Moyen Âge non seulement un « prĂ©cieux dĂ©veloppement », mais elle Ă©tait mĂȘme Ă  la tĂȘte du dĂ©veloppement europĂ©en. Elle fut la premiĂšre de toutes les nations modernes Ă  avoir une langue littĂ©raire. Son art poĂ©tique servait Ă  tous les peuples romans, et mĂȘme aux Allemands et aux Anglais, de modĂšle alors inĂ©galĂ©. Dans le perfectionnement de la civilisation courtoise fĂ©odale, elle rivalisait avec les Castillans, les Français du Nord et les Normands d'Angleterre; dans l'industrie et le commerce, elle ne le cĂ©dait en rien aux Italiens. Ce n'est pas seulement « une phase de la vie du Moyen Âge... qui avait connu grĂące Ă  elle » un grand Ă©clat, elle offrait mĂȘme, au cƓur du Moyen Âge, un reflet de l'ancienne civilisation hellĂšne. La nation de la France du Sud n'avait donc pas « acquis » de grands, mais d'infinis « mĂ©rites envers la famille des peuples d'Europe ». Pourtant, comme la Pologne, elle fut partagĂ©e entre la France du Nord et l'Angleterre et plus tard entiĂšrement assujettie par les Français du Nord. Depuis la guerre des Albigeois jusqu'Ă  Louis XI, les Français du Nord, qui, dans le domaine de la culture, Ă©taient aussi en retard sur leurs voisins du Sud que les Russes sur les Polonais, menĂšrent des guerres d'asservissement ininterrompues contre les Français du Sud, et finirent par soumettre tout le pays. La « rĂ©publique des nobles du Midi de la France » (cette dĂ©nomination est tout Ă  fait juste pour l'apogĂ©e) « a Ă©tĂ© empĂȘchĂ©e par le despotisme de Louis XI d'accomplir sa propre suppression intĂ©rieure », qui, grĂące au dĂ©veloppement de la bourgeoisie des villes, aurait Ă©tĂ© au moins aussi possible que l'abolition de la rĂ©publique polonaise des nobles, grĂące Ă  la constitution de 1791.

Des siĂšcles durant, les Français du Sud luttĂšrent contre leurs oppresseurs. Mais le dĂ©veloppement historique Ă©tait inexorable. AprĂšs une lutte de trois cents ans, leur belle langue Ă©tait ramenĂ©e au rang de patois, et ils Ă©taient eux-mĂȘmes devenus Français. Le despotisme de la France du Nord sur la France du Sud dura trois cents ans et c'est alors seulement que les Français du Nord rĂ©parĂšrent les torts causĂ©s par l'oppression en anĂ©antissant les derniers restes de son autonomie. La Constituante mit en piĂšces les provinces indĂ©pendantes; le poing de fer de la Convention fit pour la premiĂšre fois des habitants de la France du Sud des Français, et pour les dĂ©dommager de la perte de leur nationalitĂ©, elle leur donna la dĂ©mocratie. Mais ce que le citoyen Ruge dit de la Pologne s'applique mot pour mot Ă  la France du Sud pendant les trois cents ans d'oppression : « Le despotisme de la Russie n'a pas libĂ©rĂ© les Polonais; la destruction de la noblesse polonaise et le bannissement de tant de familles nobles de Pologne, tout cela n'a fondĂ© en Russie aucune dĂ©mocratie, aucun humanisme. »

Et pourtant, on n'a jamais traité l'oppression de la France du Sud par les Français du Nord « d'ignominieuse injustice ». Comment cela se fait-il, citoyen Ruge ? Ou bien l'oppression de la France du Sud est une ignominieuse injustice ou bien l'oppression de la Pologne n'est pas une ignominieuse injustice. Que le citoyen Ruge choisisse.

Mais oĂč rĂ©side la diffĂ©rence entre les Polonais et les Français du Sud ? Pourquoi la France du Sud fut-elle prise en remorque par les Français du Nord, comme un poids mort jusqu'Ă  son total anĂ©antissement, tandis que la Pologne a toute perspective de se trouver trĂšs bientĂŽt Ă  la tĂȘte de tous les peuples slaves ?

La France du Sud constituait, par suite de rapports sociaux que nous ne pouvons expliquer plus amplement ici, la partie réactionnaire de la France. Son opposition contre la France du Nord se transforma bientÎt en opposition contre les classes progressives de toute la France. Elle fut le soutien principal du féodalisme et elle est restée jusqu'à maintenant la force de la contre-révolution en France.

»

— Friedrich Engels, La Nouvelle Gazette RhĂ©nane, tome I: 1er juin - 5 septembre 1848 (Neue Rheinische Zeitung, in Marx Engels Werke), pp. 354-355, extraits de Friedrich Engels du DĂ©bat sur la Pologne Ă  Francfort, 9 aoĂ»t - 7 septembre 1848, traduction en français de la <<bibliothĂšque de sciences sociales de l'UniversitĂ© de QuĂ©bec>>.

La grande révolte occitane de 1907

La révolte des vignerons de 1907 constitue une affirmation forte de l'identité méridionale. Le mouvement social à base large composé d'ouvriers, de paysans, et de petits commerçants trouva des soutiens dans le monde politique avec le félibre Ernest Ferroul et dans le domaine culturel occitan avec Pierre Devoluy, capoulié du Félibrige. Le Dr Ferroul, maire de Narbonne appela à la démission de tous ses collÚgues méridionaux, 442 municipalités démissionnÚrent dans la semaine. La presse répandit des rumeurs de séparatisme méridional au vu des discours prononcés en occitan avec des allusions à la croisade des albigeois.

« Comme au temps des anciennes croisades, comme au temps oĂč les Albigeois venaient dĂ©fendre sous les murs de Carcassonne, leur pays et leur foi, l’armĂ©e des vignerons est venue camper, aujourd’hui, au pied de l’antique capitale CarcassĂšs. Cause aussi noble ! Cause aussi sainte ! Nos ancĂȘtres du XIIIe siĂšcle tombĂšrent en hĂ©ros pour la dĂ©fendre. »

— Marcelin Albert (1851-1921), meneur de la rĂ©volte des vignerons du Midi.

« un remembre m'obsedĂ­s, lo remembre d'una autra granda misĂšria que prĂšs de 800 ans an pas pogut escafar. VĂČli dire que lo MiĂšgjorn albigĂ©s devastat, pilhat per los barons del nĂČrd. »

— Ernest Ferroul (1851-1921), Georges FerrĂ©, 1907 La Guerre du Vin, LoubatiĂšres, Toulouse, 1997, 142 p. (ISBN 2-86266-261-5), p.57

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  • La RĂ©publique sociale : "Peut-ĂȘtre viendra-t-il le jour oĂč le Midi, prenant lui-mĂȘme la direction de ses affaires, trouvera, dans une direction nouvelle, le bonheur qu'on lui aura refusĂ©..."
  • Le Figaro : "Ne vous y trompez pas, c'est un pays Ă  reconquĂ©rir, comme au temps de Simon de Montfort."
  • L'Aurore : "Autrefois, ça n'aurait pas traĂźnĂ© : on aurait dĂ©jĂ  appris Ă  ces messieurs des dĂ©partements fĂ©dĂ©rĂ©s qu'il y a une RĂ©publique une et indivisible, et que cette RĂ©publique ne tolĂšre pas qu'on joue avec elle au sĂ©paratisme".

Alors que naissent des fĂ©dĂ©rations dĂ©partementales qui formeront une confĂ©dĂ©ration gĂ©nĂ©rale placĂ©e sous la direction du comitĂ© d'Argelliers, pour certains, c'est un embryon d'un "pouvoir occitan". Le Dr Ferroul pensa Ă  FrĂ©dĂ©ric Mistral pour prendre la tĂȘte d'un Midi autonome. Celui-ci montra sa dĂ©sapprobation de la rĂ©bellion en rĂ©pondant: "Plus de politique! Union en Languedoc"[43]. A ce moment, le FĂ©librige s'absente du mouvement de peur d'encourager une tentative sĂ©paratiste. Pierre Devoluy est mis en Ă©chec et dĂ©missionnera de son poste de chef du FĂ©librige en 1909. Le prĂ©sident Clemenceau fit procĂ©der Ă  des arrestations et envoya l'armĂ©e pour mater la rĂ©bellion. Il fit promulguer une loi rĂ©glementant le mouillage et la circulation des vins. La rĂ©volte occitane n’eut plus de suite, Clemenceau finira par triompher en mettant en avant la thĂšse du complot contre la RĂ©publique.

L'ethnotype méridional

Le regard Ă  l'Autre, portĂ© sur les MĂ©ridionaux par la France du nord, a servi Ă  dĂ©finir la façon dont la culture française se regarde elle-mĂȘme[44]. Encore jusqu'au milieu du XIXe siĂšcle, deux sociĂ©tĂ©s trĂšs diffĂ©rentes s'ignorent en France, une septentrionale et une mĂ©ridionale. Seuls quelques privilĂ©giĂ©s peuvent mettre un pied dans l'autre monde et y portent un regard biaisĂ©, Ă  l'origine des stĂ©rĂ©otypes sur les Occitans. Les textes qui dĂ©finissent l'ethnotype mĂ©ridional sont repris dans les revues occitanes depuis le XXe siĂšcle, comme preuve de l’existence des Occitans en tant que peuple diffĂ©rent[44].

L'arrivĂ©e du chemin de fer entre Paris et Marseille Ă  la fin de cette Ă©poque marquera un changement radical en prĂ©parant un choc des cultures. Avec les "MĂ©ridionaux" qui montent maintenant Ă  Paris naĂźt une autre image: celle de l'arriviste mĂ©ridional qui vient faire fortune dans les lettres ou la politique. Il est caractĂ©ristique d'une diffĂ©rence interne de la sociĂ©tĂ© française: un accent Ă©trange et un physique de "latin" aux cheveux bruns et Ă  la peau mate, c'est un "Ă©tranger du dedans". De plus, il est souvent politiquement de gauche, de ce fait, il reprĂ©sente pour la droite française l'anti-France, la dĂ©cadence, la fin de la vraie France qui est celtique et germanique. On dĂ©nombre 176 Ă©lus de gauche radicale ou socialiste sur 229 dĂ©putĂ©s mĂ©ridionaux lors des Ă©lections lĂ©gislatives françaises de 1906; alors que les dĂ©putĂ©s de la moitiĂ© Nord, sont majoritairement de droite[45]. Par ailleurs, il provient d'une rĂ©gion Ă©conomiquement faiblement productive : il est considĂ©rĂ© comme un parasite qui vient s'enrichir en soutenant le rĂ©gime rĂ©publicain pour voler avec des impĂŽts les producteurs actifs et sĂ©rieux du Nord. On assiste au XIXe siĂšcle Ă  un sentiment de surreprĂ©sentation des Occitans dans la politique française, amplifiĂ©e par la perte des deux provinces de l'est (Alsace-Lorraine) lors de la dĂ©faite de la guerre franco-allemande de 1870. À partir de cette Ă©poque, le nationalisme français, tout comme celui de plusieurs État-nations d'Europe sont exacerbĂ©s. Ils prennent une tournure chauvine et xĂ©nophobe. L'homme mĂ©ridional fantasmĂ© va reprĂ©senter tous les dĂ©fauts de la sociĂ©tĂ© française pour les tenants de la France rĂ©actionnaire et conservatrice de l'Ă©poque: le rĂ©publicanisme, le parlementarisme, le judaĂŻsme, le protestantisme, la franc-maçonnerie, la latinitĂ©, ... La haine et le racisme anti-mĂ©ridional[46] qui se dĂ©veloppe dans la sociĂ©tĂ© française va par contrecoup conforter chez les Occitans une conscience identitaire propre.

Voici quelques textes qui ont servi à définir l'ethnotype occitan ainsi que des marques d'antiméridionalisme :

« On a donc plus de vigueur dans les climats froids [...]. Les peuples des pays chauds sont timides comme les vieillards le sont ; ceux des pays froids sont courageux comme le sont les jeunes gens [...]. Vous trouverez dans les climats du nord des peuples qui ont peu de vices, assez de vertues, beaucoup de sincĂ©ritĂ© et de franchise. Approchez des pays du Midi, vous croirez vous Ă©loigner de la morale mĂȘme : des passions plus vives multiplierons les crimes ; chacun cherchera Ă  prendre sur les autres tous les avantages qui peuvent favoriser ces mĂȘmes passions. La chaleur du climat peut ĂȘtre si excessive, que le corps y sera absolument sans force. Pour lors, l’abattement passera Ă  l’esprit mĂȘme ; aucune curiositĂ©, aucune noble entreprise, aucun sentiment gĂ©nĂ©reux ; les inclinations y seront toutes passives ; la paresse y sera le bonheur ; la plupart des chĂątimens y seront moins difficiles Ă  soutenir, que l'action de l’ñme ; et la servitude moins insupportable, que la force d’esprit qui est nĂ©cessaire pour se conduire soi-mĂȘme. Dans les pays tempĂ©rĂ©s, vous verrez des peuples inconstans dans leurs manieres, dans leurs vices mĂȘmes, & dans leurs vertus : le climat n’y a pas une qualitĂ© assez dĂ©terminĂ©e pour les fixer eux-mĂȘmes [...]. (Dans l’Europe) l’équilibre se maintient par la paresse que (la nature) a donnĂ©e aux nations du Midi, et par l’industrie et l’activitĂ© qu’elle a donnĂ©e Ă  celles du Nord, c’est ce qui a naturalisĂ© la servitude chez les peuples du Midi : comme ils peuvent aisĂ©ment se passer de richesses, ils peuvent encore mieux se passer de libertĂ©. Les peuples du Nord ont et auront toujours un esprit d’indĂ©pendance et de libertĂ© que n’ont pas les peuples du Midi. »

— Montesquieu, L’Esprit des lois. XIV, II, 1748

« Il ne faut pas longtemps regarder les tĂȘtes du Midi [...] pour se convaincre qu'il y a en France deux peuples et deux caractĂšres trĂšs distincts. Le Midi va beaucoup plus loin et beaucoup plus vite. La lĂ©gislation du soleil est la premiĂšre de toutes et le calme du Midi ressemble presque Ă  la colĂšre du Nord. Tandis qu'il y a des peuples qu'il faut pousser, celui-ci est de ceux qu'il faut retenir ou adoucir. »

— Le prĂ©fet de l’HĂ©rault dans le rapport Ă  son ministre en 1818, CitĂ© par GĂ©rard Cholvy, "Le Languedoc et le Roussillon", Roanne, Horvath, 1982, p. 419

« Langage, costumes, aspect du pays, tout paraĂźt Ă©tranger Ă  qui vient du centre de la France. Je me croyais au milieu d’une ville espagnole »

— Prosper MĂ©rimĂ©e, Notes d’un voyage dans le midi de la France, Paris, 1835, citĂ© dans Bernard Thaon, « L’invention de la Provence dans le discours architectural », in Centre MĂ©ridional d’Histoire, Images de la Provence Les ReprĂ©sentations Iconographiques de la fin de Moyen Age au milieu du xxe siĂšcle, Aix, Publications de l’UniversitĂ© de Provence, 1992, p. 25.

« Qu'on ne s'y mĂ©prenne pas, il n'y a dans des villes comme NĂźmes et Avignon ni Jacobins, ni Royalistes, ni Catholiques, ni Huguenots : il y a des massacres pĂ©riodiques comme il y a des fiĂšvres. A Paris on querelle, Ă  Avignon on extermine. Il y a tout un travail d'enseignement et de moralisation Ă  faire sur cette malheureuse populace. Ici encore il faut plaindre peut-ĂȘtre plus que blĂąmer. La nature et le climat sont complices de toutes les choses monstrueuses que font ces hommes. Quand le soleil du Midi frappe sur une idĂ©e violente contenue dans des tĂȘtes faibles, il en fait sortir des crimes. »

— Victor Hugo, Alpes et PyrĂ©nĂ©es, 1837

« Les mangeurs d’ail, d’huile et de figues rappelaient aux CroisĂ©s l’impuretĂ© du sang mauresque et juif, et le Languedoc leur semblait une autre JudĂ©e. »

— Jules Michelet, historien, professeur d’histoire au Collùge de France, auteur de manuels scolaires, Histoire de France Tome troisiùme; Meline, Cans et Compagnie, 1840.

« Il faut bien l'avouer, on ne pense que dans les pays du Nord ; le Midi se contente de peindre, ou plus exactement d'enluminer les objets. Du sentiment, point, une sensibilitĂ© toute climatĂ©rique. Les langues y sont tantĂŽt, comme l'italien, un parlage de femmes, une conversation de caillettes, tantĂŽt, comme l'espagnol, un assemblage de mots retentissants, donquichottesques, tout Ă  fait appropriĂ©s Ă  de grands sentiments qui sont Ă  l'hĂ©roĂŻsme ce que sont les gĂ©ants aux grands hommes [...] Quant Ă  la langue provençale, qui se donne aujourd'hui un mal infini pour prouver qu'elle existe, elle a eu rĂ©cemment un poĂšte qu'on a dit ĂȘtre de la force d'HomĂšre [...] Que diable, messieurs, faites des vers en patois si vous avez la fibre du pays, mais si vous voulez ĂȘtre Français, soyez le pour de bon. [...] Fils de Simon de Montfort, Ă  la rescousse et sus aux Albigeois ! »

— Francis Magnard, Figaro, 28 avril 1864

« Notre Ă©tourderie vient du Midi, et, si la France n'avait pas entraĂźnĂ© le Languedoc et la Provence dans son cercle d'activitĂ©, nous serions sĂ©rieux, actifs, protestants, parlementaires. Notre fond de race est le mĂȘme que celui des Iles-Britanniques. »

— Ernest Renan, La RĂ©forme intellectuelle et morale, 1871, rĂ©Ă©d. Complexe 1990.

« Dans le midi, les gens aisĂ©s du moins sont français, le petit peuple est tout autre chose, peut-ĂȘtre espagnol ou maure »

— Jules Michelet (1798-1874), Tableau de la France.

« Ce ne sont pas du tout des français mais des espagnols, des italiens.[...] des latins mùtinés d'arabes. »

— Joris-Karl Huysmans, .

« L'accent confirme l'allure de ces bons plaisants mĂ©ridionaux, ces ĂȘtres au brou de noix, Latins mĂątinĂ©s d'arabes, surtout pas Celtes ni Germains. »

— Joris-Karl Huysmans, .

« Tout ce que je puis vous dire, c'est ceci : je hais par-dessus tous les gens exubérants. Or tous les Méridionaux gueulent, ont un accent qui m'horripile, et par-dessus le marché, ils font des gestes. Non, entre ces gens qui ont de l'astrakan bouclé sur le crùne et des palissades d'ébÚne le long des joues et de grands flegmatiques et silencieux Allemands, mon choix n'est pas douteux. Je me sentirai toujours plus d'affinités pour un homme de Leipzig que pour un homme de Marseille. Tout, du reste, tout, excepté le Midi de la France, car je ne connais pas de race qui me soit plus particuliÚrement odieuse! »

— Joris-Karl Huysmans, Joris-Karl Huysmans parlant du patriotisme français in " Joris-Karl Huysmans " interviewĂ© par A. Meunier, fascicule no 263 de la sĂ©rie Les Hommes d'aujourd'hui, Vanier, 1885.

« Midi race de mendiants et de lùches, de fanfarons et d'imbéciles. »

— Joris-Karl Huysmans, Carnet vert, Bibliothùque de l'Arsenal, 1887.

« Vive l'Allemagne et à bas Marseille ! - ah ! les Valmajour et les Mistral, la Provence et le Quercy ! - quand je me sonde, je me sens une haine de catholique contre l'ignoble juif qui domine maintenant le monde et une exécration de vieux saxon contre la bruyante race latine. Non, vrai, je ne suis pas de mon temps ! et surtout pas de la nationalité qu'on m'impose ! »

— Joris-Karl Huysmans, 31 mai 1884 en parlant de l’expansionnisme mĂ©ridional.

« Le Midi,[...] climat, mƓurs, tempĂ©rament, l’accent, les gestes, frĂ©nĂ©sies et Ă©bullitions de notre soleil, et cet ingĂ©nu besoin de mentir qui vient d’un excĂšs d’imagination, d’un dĂ©lire expansif, bavard et bienveillant, si peu semblable au froid mensonge pervers et calculĂ© qu’on rencontre dans le Nord. »

— Alphonse Daudet, Souvenirs d'un homme de lettres, 1888

« Les gens d’ici me dĂ©plaisent excessivement. Il y a dans l’accent un jappement et comme des rentrĂ©es de clarinette. À les voir remuer, s’aborder, on sent qu’on est en prĂ©sence d’une autre race : un mĂ©lange du carlin et du singe ; une facilitĂ© vide, une exagĂ©ration involontaire et continue ; un manque de tact perpĂ©tuel. [
] Mon impression, sur le Cours, est que ces gens-lĂ  ont besoin d’ĂȘtre gouvernĂ©s par autrui. Ils sont parfaitement incapables d’avoir le moindre empire sur eux-mĂȘmes. Le sang, l’action, la colĂšre, leur montent tout de suite Ă  la tĂȘte. »

— Hippolyte Taine, (1828-1893) Voyages littĂ©raires, Toulouse.

« Tout est chant dans leur langage ; on dirait des Italiens plus lĂ©gers et plus enfants. À les Ă©couter, on a peine Ă  croire qu’ils parlent sĂ©rieusement ; ce sont des polichinelles gentils. Et quelle familiaritĂ© ! quelle audace ! Leur civilisation de l’an 1100 Ă©tait un mĂ©lange de prĂ©cocitĂ©, de polissonnerie, d’extravagance. — On comprend qu’ils [Nota: les Occitans] aient reçu d’ailleurs une discipline et des maĂźtres. Moineaux dĂ©lurĂ©s, sautillants, impertinents, imprudents, bons pour babiller, donner des coups de bec, lisser leurs plumes, courtiser les femelles, avoir bon air et entrer en cage. — Comme l’Italie, c’est un pays tombĂ©, qui reste en arriĂšre des autres, et ne remonte au niveau des autres que par le contact d’une administration ou d’une civilisation Ă©trangĂšre. »

— Hippolyte Taine, Carnets de voyage, 1863

« Le Méridional, voilà l'ennemi. »

— Gaston MĂ©ry, Sous-titre du roman Jean RĂ©volte, Dentu, 1891

« [...] si les juifs sont des accapareurs, les MĂ©ridionaux sont des envahisseurs. De leurs doigts crochus, les juifs attirent tout Ă  eux, les mĂ©ridionaux, eux, s'insinuent partout. Semblable au criquet en AlgĂ©rie le MĂ©ridional se faufile partout oĂč il y a une parcelle de pouvoir Ă  saisir. Le pouvoir, c'est ce qui l'hypnotise, comme l'or hypnotise le sĂ©mite. Pas plus que les sĂ©mites, ils ne sont de mĂȘme race que nous. Ils ont, et ils s'en vantent, une langue spĂ©ciale, des mƓurs spĂ©ciales, une cuisine spĂ©ciale. ! Comme les juifs, ils se sont mĂȘlĂ©s Ă  nous, mais comme! les juifs on les distingue au Premier coup d'Ɠil. Leur accent, leur manque de tact, un je ne sais quoi qui Ă©mane: d'eux, quelque chose de faux, d'outrĂ©, d'agaçant et de rĂ©pugnant les fait reconnaĂźtre, comme une odeur d'ail. Gascon et Provençal, cela n'est-il pas synonyme de hĂąbleur, de menteur, de fanfaron ? (...) Il ne faut pas s'y tromper, sous le bon garçon sans souci et jovial qu'il paraĂźt, se cache presque toujours un ambitieux Ă  froid, un Ă©goĂŻste fĂ©roce. Ce qui domine en lui, c'est le dĂ©sir de s'Ă©lever par tous les moyens, car si le Juif veut de l'argent, le MĂ©ridional veut des places et tous deux d'ailleurs se tendent volontiers la main, s'entraidant comme larrons en foire. »

— Gaston MĂ©ry, Jean RĂ©volte, Dentu, 1891

« De plus, Juif aussi en cela, comme il possÚde à un degré extraordinaire l'instinct de l'association, quand le Midi est quelque part, il abonde. [Le méridional] s'étend comme un filet, une toile d'araignée monstrueuse, sur le pays tout entier. La politique, l'administration, le clergé, la littérature, l'art, il a tout envahi. Il est devenu la cuscute de la France, une sorte de parasite vorace qui nous ronge et nous ruine [...] Il faut résolument [les] retrancher de chez nous comme une excroissance infectieuse, comme une loupe hideuse absorbant le meilleur de nos veines [...] Dans la politique, c'est le Juif qui dirige, et le Méridional qui agit. DerriÚre Rouvier, il y a Rothschild [...] Si le Juif veut de l'argent, le Méridional veut des places.. »

— Gaston MĂ©ry, Jean RĂ©volte, Dentu, 1891

« La grande lutte sociale de cette fin de siÚcle sera bien plus une lutte de races qu'une lutte de classes. [...] le bourgeois qu'il faut combattre, c'est le bourgeois latin ou juif. Il faut résolument le retrancher de chez nous. Quant à l'autre, le bourgeois [français], celui-là n'est pas à craindre : c'est la brebis égarée qui rentrera dans le troupeau. »

— Gaston MĂ©ry, Jean RĂ©volte, Dentu, 1891, p. 305

« Et vous ne trouvez pas que le moment est venu de nous associer Ă  notre tour, nous les vrais Gaulois, nous les gens d’ici, pour rĂ©sister Ă  cette nouvelle invasion de l’esprit latin. Et pourquoi ne fonderions-nous pas, nous, l’école des Racistes. [
] Oui, l’école des Racistes, qui combattrait tout ce qui n’est pas dans le gĂ©nie de notre race, toutes ces influences Ă©trangĂšres qui ont dĂ©naturĂ© notre littĂ©rature, l’influence russe, l’influence allemande, l’influence anglaise, mais surtout celle qui nous a le mieux pĂ©nĂ©trĂ©s, l’influence mĂ©ridionale reprĂ©sentĂ©e aujourd’hui par les Romans, les Cigaliers et les FĂ©libres ! »

— Gaston MĂ©ry, essayiste, pamphlĂ©taire et journaliste, Jean RĂ©volte (le MĂ©ridional, voilĂ  l’ennemi!), Dentu, Paris, 1892

« L’homme du Midi n’est pas portĂ© au travail rĂ©gulier et intense, Ă  l’initiative individuelle, Ă  l’action privĂ©e ; il trouve plus commode de vivre en s’appuyant sur le groupe de la famille, des amis, des voisins, du clan, de l’État. Ce rĂ©gime social dĂ©veloppe plutĂŽt le type du frelon que de l’abeille. Il favorise un Ă©goĂŻsme qui se dissimule sous les apparences menteuses de la solidaritĂ©. Son plus beau triomphe est d’avoir acclimatĂ© en France cette politique alimentaire qui permet aux intrigants de vivre sur le budget et aux dĂ©pens des travailleurs. C’est ainsi que le Midi pousse insensiblement la France dans la voie oĂč sont dĂ©jĂ  engagĂ©es la GrĂšce, l’Italie et l’Espagne : c’est la voie de la dĂ©cadence »

— Edmond Demolins, sociologue conservateur, 1898

« Ces frivoles Méridionaux sont la cause vivante de l'avilissement des consciences, de l'abaissement moral et politique de la France. »

— Maurice BarrĂšs, "La Sagesse de l'Est" publiĂ© dans "La Patrie", 10.10.1902

« ‘Les politiciens qui ne sont pas d’ici’ ne sont pas de ‘lĂ -bas’, non plus, mon cher maĂźtre [Jules LemaĂźtre] ! Ils ont la patrie de leurs nĂ©griers, JĂ©rusalem, ou celle de leurs prĂȘtres et docteurs, GenĂšve, Berlin, Londres. [...] Un coup d’oeil sur la carte ethnographique et religieuse de la France permet de voir [que] tel dĂ©partement, tel arrondissement du midi n’est qu’un ghetto. Telles rĂ©gions abondent en petites enclaves protestantes. [...] Ces rĂ©gions et les rĂ©gions circonvoisines seront donc nĂ©cessairement, en toute pĂ©riode d’anarchie, des foyers actifs d’influence judĂ©o-protestante, de propagande maçonnique. Le fait confirme l’hypothĂšse. Il la vĂ©rifie pleinement. Nous Ă©tions sĂ»rs, pour d’autres raisons et sur d’autres faits, de la domination secrĂšte des Quatre États confĂ©dĂ©rĂ©s sur la France contemporaine. Mais le midi prĂ©sente un cas privilĂ©giĂ©, qui illustre cette domination: oĂč les juifs et les protestants se trouvent les plus nombreux et les plus ramassĂ©s, lĂ  aussi se trouvent les boulevards et les plates formes de la RĂ©publique opportuno-radico-socialiste, sectaire en religion, dĂ©sorganisatrice des finances et de l’armĂ©e. [...] Les petites minoritĂ©s camisardes ou albigeoises, appuyĂ©es sur l’état central, y oppriment en tout premier lieu l’indigĂšne, aussi traditionnellement catholique, aussi patriotiquement français que M. Jules Delafosse peut le souhaiter. »

— Charles Maurras, « Le Midi esclave », trois articles dans La Gazette de France, 19, 22 et 24 dĂ©cembre 1903.

« La question des races est ouvertes [Nota: en parlant des Méridionaux] [...] l'éloquence forcément tient beaucoup trop de place - et l'éloquence , c'est trÚs vite la verbosité, le mensonge, le néant »

— Maurice BarrĂšs, Les lĂ©zardes sur la maison, Paris, E. Sansot et Cie, 1904, p. 39-40, en ligne

« Au sud de la Loire, ceux qui ont prĂ©dominĂ© appartenaient Ă  des races d’un type social infĂ©rieur : des Latins, amalgamĂ©s Ă  des Grecs et Ă  des Levantins, qui ont importĂ© les dĂ©fauts de l’Orient [...] La gĂ©nĂ©rositĂ© d’un climat trop doux et trop clĂ©ment prĂ©dispose le MĂ©ridional Ă  l’indolence. Il a beaucoup de peine Ă  se dĂ©fendre du lazzaronisme [...] Le Midi veut s’emparer du cerveau de nos enfants pour en faire un cerveau d’asservis, chasser de leur intelligence la fiĂšre pensĂ©e germaine et les transformer en un troupeau d’électeurs passifs et soumis [...] Dans la grande famille française, le Nord remplit le rĂŽle du fils laborieux qui peine, produit, Ă©conomise. Le Midi est le noceur et le dissipateur. [...] Trop souvent les fonctionnaires constituent chez nous l’armĂ©e d’occupation du Midi. »

— Dessaint, journaliste liĂ© aux betteraviers de la Somme, 1906

« [...] aime le luxe, le farniente, la mollesse, les jeux et le jeu, et qui le cabaret qui le cafĂ©. Il est impressionnable, nerveux, imaginatif, exubĂ©rant, gai, plein d’esprit, tantĂŽt violent, tantĂŽt apathique. C’est le caractĂšre connu de tous, sous le nom de mĂ©ridional. »

— OnĂ©sime Reclus, La France Ă  vol d’oiseau, 1908

« le Nord paiera encore pour le Midi »

— « Le Nord paiera encore pour le Midi. CrĂ©ation d’une redevance de 5 % sur l’énergie Ă©lectrique » Le Nord industriel, 29 mai 1926

« Le Nord abrite des travailleurs, qui n’ayant le loisir de se rĂ©chauffer voluptueusement aux chauds rayons de l’astre des jours, consacrent leur labeur Ă  l’enrichissement du TrĂ©sor par le versement du cinquiĂšme de la contribution totale de tous les dĂ©partements français. »

— Hector Franchomme, Le Lion de Flandres, numĂ©ro 2, 1929

« Alger, Dakar, SaĂŻgon, c’est encore Marseille. Toutes rivalisent avec elles de bruit infernal, de laideur, de poussiĂšre, de vols, de camelote, de typhus, de rats pesteux, de stupĂ©fiants ; elles en imitent l’accent ignoble, la cuisine Ă  l’ail et Ă  l’huile, la pouillerie, les monopoles municipaux, les dĂ©serteurs, les nervi, les marlous corses, les cinĂ©mas obscĂšnes, la dĂ©magogie mĂ©ridionale et brachycĂ©phale, les Levantins pourris, les « sidis » marchands de tapis et les lĂ©preux sans nez. »

— Paul Morand (1888-1976), Ă©crivain, diplomate et acadĂ©micien, A.O.F. de Paris Ă  Tombouctou, Flammarion, 1932

« La France n’est latine que par hasard, par raccroc, par dĂ©faites, en rĂ©alitĂ© elle est celte, germanique pour les trois quarts. Le latinisme plaĂźt beaucoup aux MĂ©ridionaux francs-maçons. Le latinisme, c’est tout prĂšs de la GrĂšce. La GrĂšce, c’est dĂ©jĂ  de l’Orient. L’Orient, c’est tout prĂšs de la Loge ; La Loge c’est dĂ©jĂ  du Juif. Le Juif, c’est dĂ©jĂ  du nĂšgre. Ainsi soit-il. La bougnoulisation du Blanc par persuasion latine, par promiscuitĂ© maçonnique. La France est aryenne, pas du tout juive, pas du tout nĂšgre. La partie solide de la France, l’anti discoureuse, a toujours Ă©tĂ© la partie celte et germanique ; la partie qui se fait tuer, la partie qui produit, la partie qui travaille, la partie qui paie est celte et germanique. Dix dĂ©partements du Nord paient autant d’impĂŽts que tout le reste de la France. La partie non celtique de la France cause et pontifie. Elle donne au pays ses ministres, ses vĂ©nĂ©rables, ses congressistes hyper-sonores. C’est la partie vinasseuse de la RĂ©publique, la MĂ©ridionale, profiteuse, resquilleuse, politique, Ă©loquente, creuse. »

— Louis-Ferdinand CĂ©line, L’Ecole des cadavres 1938

« [...] vifs, souvent exubĂ©rants, prompts Ă  l’enthousiasme, abondants parleurs et naturellement Ă©loquents, aimant la plaisanterie spirituelle, sociables et gais, ils se plaisent aux longs bavardages, aux discussions vibrantes sous les platanes du cours ou aux terrasses des cafĂ©s. »

— Ernest Granger, gĂ©ographe, La France son visage, son peuple, ses ressources 1942

« Zone Sud, peuplĂ©e de bĂątards mĂ©diterranĂ©ens, de NarbonoĂŻdes dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s, de nervis, FĂ©libres gĂąteux, parasites arabiques que la France aurait eu tout intĂ©rĂȘt Ă  jeter par-dessus bord. Au-dessous de la Loire, rien que pourriture, fainĂ©antise, infect mĂ©tissage nĂ©grifiĂ©. »

— Louis-Ferdinand CĂ©line, novembre 1942

« Adieu les sudistes abrutis par leur soleil cuisant. Leur seul but dans la vie c’est la troisiĂšme mi-temps. Accueillant soi-disant, pfff, ils te baisent avec le sourire. Tu peux le voir Ă  leur façon de conduire. »

— Le rappeur Orelsan, chanson Suicide Social, Warner Chappel Music France, 7TH magnitude, 2008

Le modĂšle de la civilisation occitane

Le modĂšle et l'agonie de la civilisation occitane sont dĂ©crits par Simone Weil (1909-1943) dans ses deux articles: « L'agonie d'une civilisation vue Ă  travers un poĂšme Ă©pique » et « En quoi consiste l'inspiration occitanienne? ». C'est un soutien Ă  une vision politique radicalement diffĂ©rente du nationalisme fermĂ© qui s'est dĂ©veloppĂ© en France et dans d'autres État-nations depuis 1870, et qui a abouti Ă  la "sombre Europe" des annĂ©es 1940. Elle trace les grandes lignes d'une nouvelle civilisation qu'elle espĂšre pour l'Europe, fondĂ©e sur les valeurs de la sagesse grecque et chrĂ©tienne. En mĂȘme temps, cela redonne Ă  des Ă©lites occitanes une image positive de leurs origines ainsi qu'une conscience collective occitane nouvelle.

« Rien ne vaut la piĂ©tĂ© envers les patries mortes. Personne ne peut avoir l'espoir de ressusciter ce pays d'Oc. On l'a, par malheur, trop bien tuĂ©. Cette piĂ©tĂ© ne menace en rien l'unitĂ© de la France, comme certains en ont exprimĂ© la crainte. Quand mĂȘme on admettrait qu'il est permis de voiler la vĂ©ritĂ© quand elle est dangereuse pour la patrie, ce qui est au moins douteux, il n'y a pas ici de telle nĂ©cessitĂ©. Ce pays, qui est mort et qui mĂ©rite d'ĂȘtre pleurĂ©, n'Ă©tait pas la France. Mais l'inspiration que nous pouvons y trouver ne concerne pas le dĂ©coupage territorial de l'Europe. Elle concerne notre destinĂ©e d'hommes. »

— Simone Weil, En quoi consiste l'inspiration occitanienne? Domenico Canciani, "Des textes dont le feu brĂ»le encore... Simone Weil, les Cahiers du Sud et la civilisation occitanienne", Cahiers Simone Weil, 2002, vol. 25, no 2, pp. 89-131 En quoi consiste l'inspiration occitanienne? par Simone Weil

« Beaucoup de crimes et d'erreurs. Le crime dĂ©cisif a peut-ĂȘtre Ă©tĂ© le meurtre de ce pays occitanien sur la terre duquel nous vivons. Nous savons qu'il fut Ă  plusieurs Ă©gards le centre de la civilisation romane. Le moment oĂč il a pĂ©ri est aussi celui oĂč la civilisation romane a pris fin. »

— Simone Weil, En quoi consiste l'inspiration occitanienne? Domenico Canciani, "Des textes dont le feu brĂ»le encore... Simone Weil, les Cahiers du Sud et la civilisation occitanienne", Cahiers Simone Weil, 2002, vol. 25, no 2, pp. 89-131 En quoi consiste l'inspiration occitanienne? par Simone Weil

« Le Moyen Âge gothique, qui apparut aprĂšs la destruction de la patrie occitanienne, fut un essai de spiritualitĂ© totalitaire. »

— Simone Weil, En quoi consiste l'inspiration occitanienne? Domenico Canciani, "Des textes dont le feu brĂ»le encore... Simone Weil, les Cahiers du Sud et la civilisation occitanienne", Cahiers Simone Weil, 2002, vol. 25, no 2, pp. 89-131 En quoi consiste l'inspiration occitanienne? par Simone Weil

« L'essence de l'inspiration occitanienne est identique à celle de l'inspiration grecque. »

— Simone Weil, En quoi consiste l'inspiration occitanienne? Domenico Canciani, "Des textes dont le feu brĂ»le encore... Simone Weil, les Cahiers du Sud et la civilisation occitanienne", Cahiers Simone Weil, 2002, vol. 25, no 2, pp. 89-131 En quoi consiste l'inspiration occitanienne? par Simone Weil

« Quand on compare Ă  l'Iliade les Ă©popĂ©es composĂ©es au Moyen Âge en langue française, on sent vivement que les exploits, les souffrances et la mort de quelques guerriers semblent, dans le cadre Ă©pique, choses petites et froides. Une civilisation tout entiĂšre, naguĂšre en plein essor, frappĂ©e soudain d'un coup mortel par la violence des armes, destinĂ©e Ă  disparaĂźtre sans retour, et reprĂ©sentĂ©e dans les derniĂšres palpitations de l'agonie, tel est peut-ĂȘtre le seul thĂšme assez grand pour l'Ă©popĂ©e. C'est celui de l'Iliade; c'est aussi celui d'un fragment d'Ă©popĂ©e composĂ© au Moyen Âge en langue d'oc, et qui constitue la deuxiĂšme partie du texte connu sous le nom de Chanson de la Croisade contre les Albigeois.

Toulouse en est le centre, comme Troie est le centre de l'Iliade. Certes, on ne peut mĂȘme pas songer Ă  comparer les deux poĂšmes pour la langue, la versification, le style, le gĂ©nie poĂ©tique; pourtant, dans le poĂšme de Toulouse, le vĂ©ritable accent Ă©pique se fait sentir, et les traits poignants n'y sont pas rares. ComposĂ© pendant le combat, avant que l'issue n'en fĂ»t connue, par un partisan de la ville menacĂ©e, ces circonstances le privent de la merveilleuse poĂ©sie qui enveloppe l'Iliade, mais en font un document de grande valeur. L'authenticitĂ© du tĂ©moignage, que confirme la comparaison avec d'autres rĂ©cits contemporains, est garantie par l'abondance et la minutie des dĂ©tails, mais surtout par l'accent, par ce mĂ©lange de passion et d'impartialitĂ© qui fait le ton propre aux grandes Ɠuvres.

La civilisation qui constitue le sujet du poĂšme n'a pas laissĂ© d'autres traces que ce poĂšme mĂȘme, quelques chants de troubadours, de rares textes concernant les cathares, et quelques merveilleuses Ă©glises. Le reste a disparu; nous pouvons seulement tenter de deviner ce que fut cette civilisation que les armes ont tuĂ©e, dont les armes ont dĂ©truit les Ɠuvres. Avec si peu de donnĂ©es, on ne peut espĂ©rer qu'en retrouver l'esprit; c'est pourquoi, si le poĂšme en donne un tableau embelli, il n'en est pas par lĂ  un moins bon guide; car c'est l'esprit mĂȘme d'une civilisation qui s'exprime dans les tableaux qu'en donnent ses poĂštes. Ainsi le vers de Virgile: « Toi, Romain, occupe-toi de dominer souverainement les peuples » permettrait Ă  lui seul de concevoir l'esprit de la civilisation romaine aussi bien qu'une vaste documentation. Il suffit qu'en lisant le poĂšme de Toulouse, et en Ă©voquant ce que l'on sait d'autre part concernant ce temps et ce pays, on fasse un effort d'imagination; on verra apparaĂźtre la ressemblance de ce qui fut.

Ce qui frappe tout d'abord dans ce rĂ©cit d'une guerre religieuse, c'est qu'il n'y est pour ainsi dire pas question de religion. Sans doute Simon de Montfort et ses Ă©vĂȘques y parlent trois ou quatre fois des hĂ©rĂ©tiques; des Ă©vĂȘques, en prĂ©sence du pape, accusent les comtes de Toulouse et de Foix de les favoriser, et le comte de Foix s'en dĂ©fend; les partisans de Toulouse et le poĂšte lui-mĂȘme, Ă  chaque victoire, se fĂ©licitent d'ĂȘtre soutenus par Dieu, le Christ, le Fils de la Vierge, la TrinitĂ©. Mais on chercherait vainement quelque autre allusion Ă  des controverses religieuses; on ne peut guĂšre expliquer ce silence, dans un poĂšme aussi vivant, oĂč palpite toute une ville, qu'en admettant qu'il n'y avait Ă  peu prĂšs pas de dissensions religieuses dans la citĂ© et parmi ses dĂ©fenseurs. Les dĂ©sastres qui s'abattirent sur ce pays auraient pu porter la population soit Ă  s'en prendre aux cathares comme cause de son malheur et Ă  les persĂ©cuter, soit Ă  adopter leur doctrine par haine de l'envahisseur et Ă  regarder les catholiques comme des traĂźtres. Apparemment ni l'une ni l'autre rĂ©action ne se produisit. Cela est extraordinaire.

Soit que l'on veuille louer, blĂąmer ou excuser les hommes du Moyen Âge, on croit volontiers aujourd'hui que l'intolĂ©rance Ă©tait une fatalitĂ© de leur Ă©poque; comme s'il y avait des fatalitĂ©s pour les temps et les lieux. Chaque civilisation, comme chaque homme, a la totalitĂ© des notions morales Ă  sa disposition, et choisit. Si le pĂšre de saint Louis, comme le raconte le poĂšme, crut servir Dieu en autorisant froidement le massacre d'une ville entiĂšre aprĂšs qu'elle se fut rendue, c'est qu'il avait choisi ainsi; son petit-fils devait plus tard choisir de mĂȘme, et saint Louis lui-mĂȘme aussi, lui qui regardait le fer comme un bon moyen, pour des laĂŻques, de rĂ©gler les controverses religieuses. Ils auraient pu choisir autrement, et la preuve en est que les villes du Midi, au XIIe siĂšcle, choisirent autrement. Si l'intolĂ©rance l'emporta, c'est seulement parce que les Ă©pĂ©es de ceux qui avaient choisi l'intolĂ©rance furent victorieuses. Ce fut une dĂ©cision purement militaire. Contrairement Ă  un prĂ©jugĂ© trĂšs rĂ©pandu, une dĂ©cision purement militaire peut influer sur le cours des pensĂ©es pendant de longs siĂšcles, sur de vastes espaces; car l'empire de la force est grand.

L'Europe n'a plus jamais retrouvĂ© au mĂȘme degrĂ© la libertĂ© spirituelle perdue par l'effet de cette guerre. Car au XVIIIe et au XIXe siĂšcle on Ă©limina seulement de la lutte des idĂ©es les formes les plus grossiĂšres de la force; la tolĂ©rance alors en faveur contribua mĂȘme Ă  la constitution de partis cristallisĂ©s et substitua aux contraintes matĂ©rielles les barriĂšres spirituelles. Mais le poĂšme de Toulouse nous montre, par le silence mĂȘme qu'il observe Ă  ce sujet, combien le pays d'oc, au XIIe siĂšcle, Ă©tait Ă©loignĂ© de toute lutte d'idĂ©es. Les idĂ©es ne s'y heurtaient pas, elles y circulaient dans un milieu en quelque sorte continu. Telle est l'atmosphĂšre qui convient Ă  l'intelligence; les idĂ©es ne sont pas faites pour lutter. La violence mĂȘme du malheur ne put susciter une lutte d'idĂ©es dans ce pays; catholiques et cathares, loin de constituer des groupes distincts, Ă©taient si bien mĂ©langĂ©s que le choc d'une terreur inouĂŻe ne put les dissocier. Mais les armes Ă©trangĂšres imposĂšrent la contrainte, et la conception de la libertĂ© spirituelle qui pĂ©rit alors ne ressuscita plus.

S'il y a un lieu du globe terrestre oĂč un tel degrĂ© de libertĂ© puisse ĂȘtre prĂ©cieux et fĂ©cond, c'est le pourtour de la MĂ©diterranĂ©e. À qui regarde la carte, la MĂ©diterranĂ©e semble destinĂ©e Ă  constituer un creuset pour la fusion des traditions venues des pays nordiques et de l'Orient; ce rĂŽle, elle l'a jouĂ© peut-ĂȘtre avant les temps historiques, mais elle ne l'a jouĂ© pleinement qu'une fois dans l'histoire, et il en rĂ©sulta une civilisation dont l'Ă©clat constitue encore aujourd'hui, ou peu s'en faut, notre seule clartĂ©, Ă  savoir la civilisation grecque. Ce miracle dura quelques siĂšcles et ne se reproduisit plus. Il y a vingt-deux siĂšcles les armes romaines tuĂšrent la GrĂšce, et leur domination frappa de stĂ©rilitĂ© le bassin mĂ©diterranĂ©en; la vie spirituelle se rĂ©fugia en Syrie, en JudĂ©e, puis en Perse. AprĂšs la chute de l'Empire romain, les invasions du Nord et de l'Orient, tout en apportant une vie nouvelle, empĂȘchĂšrent quelque temps la formation d'une civilisation. Ensuite le souci dominant de l'orthodoxie religieuse mit obstacle aux relations spirituelles entre l'Occident et l'Orient. Quand ce souci disparut, la MĂ©diterranĂ©e devint simplement la route par oĂč les armes et les machines de l'Europe allĂšrent dĂ©truire les civilisations et les traditions de l'Orient. L'avenir de la MĂ©diterranĂ©e repose sur les genoux des dieux. Mais une fois, au cours de ces vingt-deux siĂšcles, une civilisation mĂ©diterranĂ©enne a surgi qui peut-ĂȘtre aurait avec le temps constituĂ© un second miracle, qui peut-ĂȘtre aurait atteint un degrĂ© de libertĂ© spirituelle et de fĂ©conditĂ© aussi Ă©levĂ© que la GrĂšce antique, si on ne l'avait pas tuĂ©e.

AprĂšs le Xe siĂšcle, la sĂ©curitĂ© et la stabilitĂ© Ă©taient devenues suffisantes pour le dĂ©veloppement d'une civilisation; l'extraordinaire brassage accompli depuis la chute de l'Empire romain pouvait dĂšs lors porter ses fruits. Il ne le pouvait nulle part au mĂȘme degrĂ© que dans ce pays d'oc ou le gĂ©nie mĂ©diterranĂ©en semble s'ĂȘtre alors concentrĂ©. Les facteurs d'intolĂ©rance constituĂ©s en Italie par la prĂ©sence du pape, en Espagne par la guerre ininterrompue contre les Maures, n'y avaient pas d'Ă©quivalent; les richesses spirituelles y affluaient de toutes parts sans obstacle. La marque nordique est assez visible dans une sociĂ©tĂ© avant tout chevaleresque; l'influence arabe pĂ©nĂ©trait facilement dans des pays Ă©troitement liĂ©s Ă  l'Aragon; un prodige incomprĂ©hensible fit que le gĂ©nie de la Perse prit racine dans cette terre et y fleurit, au temps mĂȘme ou il semble avoir pĂ©nĂ©trĂ© jusqu'en Chine. Ce n'est pas tout peut-ĂȘtre; ne voit-on pas Ă  Saint-Sernin, Ă  Toulouse, des tĂȘtes sculptĂ©es qui Ă©voquent l'Égypte?

Les attaches de cette civilisation Ă©taient aussi lointaines dans le temps que dans l'espace. Ces hommes furent les derniers peut-ĂȘtre pour qui l'antiquitĂ© Ă©tait encore chose vivante. Si peu qu'on sache des cathares, il semble clair qu'ils furent de quelque maniĂšre les hĂ©ritiers de la pensĂ©e platonicienne, des doctrines initiatiques et des MystĂšres de cette civilisation prĂ©-romaine qui embrassait la MĂ©diterranĂ©e et le Proche-Orient; et, par hasard ou autrement, leur doctrine rappelle par certains points, en mĂȘme temps que le bouddhisme, en mĂȘme temps que Pythagore et Platon, la doctrine des druides qui autrefois avait imprĂ©gnĂ© la mĂȘme terre. Quand ils eurent Ă©tĂ© tuĂ©s, tout cela devint simple matiĂšre d'Ă©rudition. Quels fruits une civilisation si riche d'Ă©lĂ©ments divers a-t-elle portĂ©s, aurait-elle portĂ©s? Nous l'ignorons; on a coupĂ© l'arbre. Mais quelques sculptures peuvent Ă©voquer un monde de merveilles, et rien ne dĂ©passe ce que suggĂšrent celles des Ă©glises romanes du Midi de la France. Le poĂšte de Toulouse sent trĂšs vivement la valeur spirituelle de la civilisation attaquĂ©e; il l'Ă©voque continuellement; mais il semble impuissant Ă  l'exprimer, et emploie toujours les mĂȘmes mots, Prix et Parage, parfois Parage et Merci. Ces mots, sans Ă©quivalents aujourd'hui, dĂ©signent des valeurs chevaleresques. Et pourtant c'est une citĂ©, c'est Toulouse qui vit dans le poĂšme, et elle y palpite tout entiĂšre, sans aucune distinction de classes. Le comte ne fait rien sans consulter toute la citĂ©, « li cavalier et borgez e la cuminaltatz », et il ne lui donne pas d'ordres, il lui demande son appui; cet appui, tous l'accordent, artisans, marchands, chevaliers, avec le mĂȘme dĂ©vouement joyeux et complet. C'est un membre du Capitole qui harangue devant Muret l'armĂ©e opposĂ©e aux croisĂ©s; et ce que ces artisans, ces marchands, ces citoyens d'une ville — on ne saurait leur appliquer le terme de bourgeois — voulaient sauver au prix de leur vie, c'Ă©tait Joie et Parage, c'Ă©tait une civilisation chevaleresque.

Ce pays qui a accueilli une doctrine si souvent accusĂ©e d'ĂȘtre antisociale fut un exemple incomparable d'ordre, de libertĂ© et d'union des classes. L'aptitude Ă  combiner des milieux, des traditions diffĂ©rentes y a produit des fruits uniques et prĂ©cieux Ă  l'Ă©gard de la sociĂ©tĂ© comme de la pensĂ©e. Il s'y trouvait ce sentiment civique intense qui a animĂ© l'Italie du Moyen Âge; il s'y trouvait aussi une conception de la subordination semblable Ă  celle que T.-E. Lawrence a trouvĂ©e vivante en Arabie en 1917, Ă  celle qui, apportĂ©e peut-ĂȘtre par les Maures, a imprĂ©gnĂ© pendant des siĂšcles la vie espagnole. Cette conception, qui rend le serviteur Ă©gal au maĂźtre par une fidĂ©litĂ© volontaire et lui permet de s'agenouiller, d'obĂ©ir, de souffrir les chĂątiments sans rien perdre de sa fiertĂ©, apparaĂźt au XIIIe siĂšcle dans le PoĂšme du Cid, comme aux XVIe et XVIIe siĂšcles dans le thĂ©Ăątre espagnol; elle entoura la royautĂ©, en Espagne, d'une poĂ©sie qui n'eut jamais d'Ă©quivalent en France; Ă©tendue mĂȘme Ă  la subordination imposĂ©e par violence, elle ennoblit jusqu'Ă  l'esclavage, et permettait Ă  des Espagnols nobles, pris et vendus comme esclaves en Afrique, de baiser Ă  genoux les mains de leurs maĂźtres, sans s'abaisser, par devoir et non par lĂąchetĂ©. L'union d'un tel esprit avec le sentiment civique, un attachement Ă©galement intense Ă  la libertĂ© et aux seigneurs lĂ©gitimes, voilĂ  ce qu'on n'a peut-ĂȘtre pas vu ailleurs que dans le pays d'oc au XIIe siĂšcle. C'est une civilisation de la citĂ© qui se prĂ©parait sur cette terre, mais sans le germe funeste des dissensions qui dĂ©solĂšrent l'Italie; l'esprit chevaleresque fournissait le facteur de cohĂ©sion que l'esprit civique ne contient pas. De mĂȘme, malgrĂ© certains conflits entre seigneurs, et en l'absence de toute centralisation, un sentiment commun unissait ces contrĂ©es; on vit Marseille, Beaucaire, Avignon, Toulouse, la Gascogne, l'Aragon, la Catalogne, s'unir spontanĂ©ment contre Simon de Montfort. Plus de deux siĂšcles avant Jeanne d'Arc, le sentiment de la patrie, une patrie qui, bien entendu, n'Ă©tait pas la France, fut le principal mobile de ces hommes; et ils avaient mĂȘme un mot pour dĂ©signer la patrie; ils l'appelaient le langage.

Rien n'est si touchant dans le poĂšme que l'endroit oĂč la citĂ© libre d'Avignon se soumet volontairement au comte de Toulouse vaincu, dĂ©pouillĂ© de ses terres, dĂ©pourvu de toute ressource, Ă  peu prĂšs rĂ©duit Ă  la mendicitĂ©. Le comte, averti des intentions d'Avignon, s'y rend; il trouve les habitants Ă  genoux, qui lui disent: « Tout Avignon se met en votre seigneurie — chacun vous livre son corps et son avoir. » Avec des larmes ils demandent au Christ le pouvoir et la force de le remettre dans son hĂ©ritage. Ils Ă©numĂšrent les droits seigneuriaux qu'ils s'engagent dĂ©sormais Ă  acquitter; et, aprĂšs avoir tous prĂȘtĂ© serment, ils disent au comte: « Seigneur lĂ©gitime et aimĂ© — N'ayez aucune crainte de donner et de dĂ©penser — Nous donnerons nos biens et sacrifierons nos corps — Pour que vous recouvriez votre terre ou que nous mourions avec vous. » Le comte, en les remerciant, leur dit que leur langage leur saura grĂ© de cette action. Peut-on imaginer, pour des hommes libres, une maniĂšre plus gĂ©nĂ©reuse de se donner un maĂźtre? Cette gĂ©nĂ©rositĂ© fait voir Ă  quel point l'esprit chevaleresque avait imprĂ©gnĂ© toute la population des villes.

Il en Ă©tait tout autrement dans les pays d'oĂč provenaient les vainqueurs de cette guerre; lĂ , il y avait non pas union, mais lutte entre l'esprit fĂ©odal et l'esprit des villes. Une barriĂšre morale y sĂ©parait nobles et roturiers. Il devait en rĂ©sulter, une fois le pouvoir des nobles Ă©puisĂ©, ce qui se produisit en effet, Ă  savoir l'avĂšnement d'une classe absolument ignorante des valeurs chevaleresques; un rĂ©gime oĂč l'obĂ©issance devenait chose achetĂ©e et vendue; les conflits de classes aigus qui accompagnent nĂ©cessairement une obĂ©issance dĂ©pouillĂ©e de tout sentiment de devoir, obtenue uniquement par les mobiles les plus bas. Il ne peut y avoir d'ordre que lĂ  oĂč le sentiment d'une autoritĂ© lĂ©gitime permet d'obĂ©ir sans s'abaisser; c'est peut-ĂȘtre lĂ  ce que les hommes d'oc nommaient Parage. S'ils avaient Ă©tĂ© vainqueurs, qui sait si le destin de l'Europe n'aurait pas Ă©tĂ© bien diffĂ©rent? La noblesse aurait pu alors disparaĂźtre sans entraĂźner l'esprit chevaleresque dans son dĂ©sastre, puisqu'en pays d'oc les artisans et les marchands y avaient part. Ainsi Ă  notre Ă©poque encore nous souffrons tous et tous les jours des consĂ©quences de cette dĂ©faite.

L'impression dominante que laisse le tableau de ces populations, tel qu'on le trouve dans la Chanson de la Croisade, c'est l'impression de bonheur. Quel coup dut ĂȘtre pour elles le premier choc de la terreur, quand, dĂšs la premiĂšre bataille, la citĂ© entiĂšre de BĂ©ziers fut massacrĂ©e froidement! Ce coup les fit plier; il avait Ă©tĂ© infligĂ© Ă  cet effet. Il ne leur fut pas permis de s'en relever; les atrocitĂ©s se succĂ©dĂšrent. Il se produisit des effets de panique trĂšs favorables aux agresseurs. La terreur est une arme Ă  un seul tranchant. Elle a toujours bien plus de prise sur ceux qui songent Ă  conserver leur libertĂ© et leur bonheur que sur ceux qui songent Ă  dĂ©truire et Ă  Ă©craser; l'imagination des premiers est bien plus vulnĂ©rable, et c'est pourquoi, la guerre Ă©tant, avant tout, affaire d'imagination, il y a presque toujours quelque chose de dĂ©sespĂ©rĂ© dans les luttes que livrent des hommes libres contre des agresseurs. Les gens d'oc subirent dĂ©faite aprĂšs dĂ©faite : tout le pays fut soumis. S'il faut croire le poĂšte, Toulouse, ayant prĂȘtĂ© serment Ă  Simon de Montfort, sur le conseil du comte de Toulouse lui-mĂȘme, aprĂšs la dĂ©faite de Muret, ne songea pas Ă  violer sa parole; et sans doute les vainqueurs auraient pu s'appuyer sur l'esprit de fidĂ©litĂ© qui dans ces pays accompagnait toujours l'obĂ©issance. Mais ils traitĂšrent les populations conquises en ennemies, et ces hommes, accoutumĂ©s Ă  obĂ©ir par devoir et noblement, furent contraints d'obĂ©ir par crainte et dans l'humiliation.

Quand Simon de Montfort eut fait sentir aux habitants de Toulouse qu'il les regardait en ennemis malgrĂ© leur soumission, ils prirent les armes; mais ils les dĂ©posĂšrent aussitĂŽt et se mirent Ă  sa merci, poussĂ©s par leur Ă©vĂȘque qui promettait de les protĂ©ger. C'Ă©tait un piĂšge; les principaux habitants furent enchaĂźnĂ©s, frappĂ©s et chassĂ©s avec une brutalitĂ© telle que plusieurs en moururent; la ville fut entiĂšrement dĂ©sarmĂ©e, dĂ©pouillĂ©e de tous ses biens, argent, Ă©toffes et vivres, et en partie dĂ©molie. Mais, tout lien de fidĂ©litĂ© Ă©tant dĂšs lors rompu, il suffit que le seigneur lĂ©gitime pĂ©nĂ©trĂąt dans Toulouse avec quelques chevaliers pour que cette population Ă©crasĂ©e et sans armes se soulevĂąt. Elle remporta des victoires rĂ©pĂ©tĂ©es sur un ennemi puissamment armĂ© et enflĂ© par ses triomphes; tant le courage, lorsqu'il procĂšde du dĂ©sespoir, est parfois efficace contre un armement supĂ©rieur. Selon le mot de Simon de Montfort, les liĂšvres se retournĂšrent alors contre les lĂ©vriers. Au cours d'un de ces combats, une pierre lancĂ©e par la main d'une femme tua Simon de Montfort; puis la ville osa se mettre en dĂ©fense contre le fils du roi de France, arrivĂ© avec une nombreuse armĂ©e. Le poĂšme s'achĂšve lĂ , et sur un cri d'espoir. Mais cet espoir ne devait ĂȘtre rĂ©alisĂ© qu'en partie. Toulouse Ă©chappa Ă  l'anĂ©antissement; mais le pays ne devait pas Ă©chapper Ă  la conquĂȘte; Prix et Parage devaient disparaĂźtre. Par la suite, le destin de ce pays eut longtemps encore quelque chose de tragique. Un siĂšcle et demi plus tard, un oncle de Charles VI le traitait en pays conquis, avec tant de cruautĂ© que quarante mille hommes s'enfuirent en Aragon. Il eut encore des frĂ©missements Ă  l'occasion des guerres religieuses, des luttes contre Richelieu, et fut maintes fois ravagĂ©; l'exĂ©cution du duc de Montmorency, mis Ă  mort Ă  Toulouse parmi la vive douleur de la population, en marque la soumission dĂ©finitive. Mais Ă  ce moment, ce pays, depuis longtemps dĂ©jĂ , n'avait plus d'existence vĂ©ritable; la langue d'oc avait disparu comme langue de civilisation, et le gĂ©nie de ces lieux, bien qu'il ait influĂ© sur le dĂ©veloppement de la culture française, n'a jamais trouvĂ© d'expression propre aprĂšs le XIIIe siĂšcle.

En ce cas comme en plusieurs autres, l'esprit reste frappĂ© de stupeur en comparant la richesse, la complexitĂ©, la valeur de ce qui a pĂ©ri avec les mobiles et le mĂ©canisme de la destruction. L'Église cherchait Ă  obtenir l'unitĂ© religieuse; elle mit en action le ressort le plus simple, en promettant le pardon des pĂ©chĂ©s aux combattants et le salut inconditionnel Ă  ceux qui tomberaient. La licence constitue le grand attrait de toutes les luttes armĂ©es; quelle puissante ivresse doit ĂȘtre la licence poussĂ©e Ă  ce degrĂ©, l'impunitĂ© et mĂȘme l'approbation assurĂ©es dans ce monde et dans l'autre Ă  n'importe quel degrĂ© de cruautĂ© et de perfidie! On voit, il est vrai, dans le poĂšme, certains croisĂ©s refuser de croire au salut automatique qui leur est promis; mais ces Ă©clairs de luciditĂ© Ă©taient trop rares pour ĂȘtre dangereux. La nature du stimulant employĂ© par les hommes d'Ă©glise les obligeait Ă  exercer une pression continuelle dans le sens de la plus grande cruautĂ©; cette pression excitait le courage des croisĂ©s et abattait celui des populations. La perfidie autorisĂ©e par l'Église Ă©tait aussi une arme prĂ©cieuse. Mais cette guerre ne pouvait se prolonger qu'en devenant une guerre de conquĂȘte. On eut du mal d'abord Ă  trouver quelqu'un qui consentĂźt Ă  prendre en charge Carcassonne; enfin Simon de Montfort, homme alors relativement obscur et pauvre, accepta cette responsabilitĂ©, mais il entendit naturellement ĂȘtre payĂ© de ses peines par un gain tangible. Ainsi le chantage au salut et l'esprit d'acquisition d'un homme assez ordinaire, il n'en fallut pas plus pour dĂ©truire un monde. Car une conception du monde qui vivait en ces lieux fut alors anĂ©antie pour toujours.

Rien qu'en regardant cette terre, et quand mĂȘme on n'en connaĂźtrait pas le passĂ©, on y voit la marque d'une blessure. Les fortifications de Carcassonne, si visiblement faites pour la contrainte, les Ă©glises dont une moitiĂ© est romane, et l'autre d'une architecture gothique si visiblement importĂ©e, ce sont des spectacles qui parlent. Ce pays a souffert la force. Ce qui a Ă©tĂ© tuĂ© ne peut jamais ressusciter; mais la piĂ©tĂ© conservĂ©e Ă  travers les Ăąges permet un jour d'en faire surgir l'Ă©quivalent, quand se prĂ©sentent des circonstances favorables. Rien n'est plus cruel envers le passĂ© que le lieu commun selon lequel la force est impuissante Ă  dĂ©truire les valeurs spirituelles; en vertu de cette opinion, on nie que les civilisations effacĂ©es par la violence des armes aient jamais existĂ©; on le peut sans craindre le dĂ©menti des morts. On tue ainsi une seconde fois ce qui a pĂ©ri, et on s'associe Ă  la cruautĂ© des armes. La piĂ©tĂ© commande de s'attacher aux traces, mĂȘme rares, des civilisations dĂ©truites, pour essayer d'en concevoir l'esprit. L'esprit de la civilisation d'oc au XIIe siĂšcle, tel que nous pouvons l'entrevoir, rĂ©pond Ă  des aspirations qui n'ont pas disparu et que nous ne devons pas laisser disparaĂźtre, mĂȘme si nous ne pouvons pas espĂ©rer les satisfaire. » »

— Simone Weil, L'agonie d'une civilisation vue Ă  travers un poĂšme Ă©pique(1940), Cahier du Sud, Simone Weil, Ă©d. Cahier du sud, 1942, p. 105; republiĂ© dans Le GĂ©nie d'Oc, fĂ©vrier 1943

Théorie de l'ethnisme

Le nationalisme occitan s'est nourri de la thĂ©orie de l’ethnisme conçue dans les annĂ©es 1950. Pour François Fontan, thĂ©oricien de l’ethnisme, l’Occitanie mĂ©rite le titre de Nation non seulement en fonction du principe qu’une langue est le critĂšre dĂ©finissant une nation, mais surtout parce que l'Occitanie a toutes les caractĂ©ristiques d’une Nation.

« Toutes les caractéristiques d'une nation, autres que la langue, se retrouvent en Occitanie et l'on peut constater ici aussi à quel point la langue est l'indice synthétique de la nation. L'originalité occitane est bien marquée par rapport aux ethnies voisines, et cela à tous les points de vue :

  • racial (composĂ© racial oĂč le sang O est plus frĂ©quent qu'en France, qu'en Italie ou qu'en Catalogne, moins prĂ©dominant qu'en Euzkadi)
  • origine du peuplement (Ligures, IbĂšres et Gaulois, fort contingent latin, faible apport Wisigoth) ;
  • ethnopsychologique,
  • politique (soulĂšvements aquitains sous les Carolingiens, État national des comtes de Toulouse, union de tous « les gens de notre langue » contre l'invasion française, puis constants soulĂšvements paysans dans toutes les provinces, États indĂ©pendants lors des guerres de religion : Marseille, Montauban et surtout BĂ©arn, guerre des Camisards, autonomisme des Girondins, enfin depuis le XIXe siĂšcle, vote oppositionnel constant donnant des majoritĂ©s dites "de gauche" ou assurant le succĂšs de ce qui est apparu momentanĂ©ment comme le plus protestataire (poujadisme, Mitterrand) ;
  • culturel (de la civilisation des troubadours, appelĂ©e par Engels une prĂ©-Renaissance jusqu'Ă  Mistral et Ă  notre littĂ©rature contemporaine);
  • enfin (et certains diront surtout) dĂ©mographique, Ă©conomique et social : faible natalitĂ©, dĂ©peuplement et immigration Ă©trangĂšre, sous-dĂ©veloppement et rĂ©gression relative face aux ethnies voisines (Italie, Catalogne, Euzkadi et surtout France), autrefois Ă©vasion de capitaux et maintenant non-utilisation ou pillage de nos ressources par la France, prĂ©dominance numĂ©rique de la classe des petits-propriĂ©taires[47]. »

— François Fontan, La nation occitane, ses frontiĂšres, ses rĂ©gions

.

Luttes pour la décolonisation

Selon la définition de l'ethnisme, les Occitans sont une Nation. Dans la seconde moitié du XXe siÚcle, l'occitanisme prend pour référence les combats de la décolonisation. Les militants occitanistes dénoncent le colonialisme intérieur français. Le droit internationalement reconnu à l'autodétermination de chaque peuple, est alors revendiqué aussi pour l'Occitanie.

En 1954, année de la défaite française en Indochine et du début des troubles en Algérie, François Fontan dénonce l'allégeance des occitans à la France et développe la thÚse d'un nationalisme séparatiste. En 1959, il fonde le parti nationaliste occitan alors que s'intensifie la guerre d'Algérie. Il soutient activement le Front de Libération Nationale algérien, convaincu qu'une victoire en Algérie devait exprimer la victoire de tous les peuples colonisés par la France. Il attend le choc psychologique qui suivra l'indépendance de l'Algérie pour amener une prise de conscience par le peuple occitan de sa réalité de colonisé. Il espÚre ainsi la suppression du processus de compensation psychologique attribué aux peuples colonisés et l'élimination du nationalisme français. François Fontan, devenu un des chefs de file du nationalisme occitan fut condamné à la prison en France à cause de son soutien à l'indépendance de l'Algérie, puis il s'exila dans les vallées occitanes en Italie[48]. Son compagnon de route Jacques Ressaire, ancien secrétaire Général du PNO, est condamné à un mois de prison ferme à Montpellier[49].

RĂ©gionalisation et Europe


Voir aussi

Articles connexes

Types de revendication :

Bibliographie

  • Lafont, Robert. Petita istoria europĂša d'OccitĂ nia. Canet : Trabucaire, 2003 (oc).
  • L'occitan, une histoire. Direction scientifique: HervĂ© Lieutard; Auteurs : Jean-Claude ForĂȘt, GĂ©rard Gouiran, HervĂ© Lieutard, Philippe Martel, Claire Torreilles, Marie Jeanne Verny. Coproduction : UniversitĂ© Paul-ValĂ©ry Montpellier 3, UniversitĂ© Ouverte des HumanitĂ©s. Etablissements associĂ©s : Centre InterrĂ©gional de Documentation Occitane (CIRDOC – BĂ©ziers), MĂ©diathĂšque Emile Zola – AgglomĂ©ration de Montpellier. L'occitan, une histoire - UniversitĂ© de Montpellier 3
  • Philippe Martel, « RĂ©volutionnaire ou nationaliste ? La poĂ©sie occitane aprĂšs 1968. », Terrain [En ligne], 41 | , mis en ligne le , consultĂ© le . URL : ; DOI : 10.4000/terrain.1652

Liens externes

TiĂšra de las afichas - Lo CIRDOC, patrimĂČni & coneissenca de la civilisation occitana(oc) Archives d'affiches portant des revendications occitanistes - Centre interegional de desvelopament de l'occitan - MediatĂšca interegionala occitana.

Notes et références

  1. Les aspirations indépendantistes en Europe - France TV info
  2. "En pays d'Oc, on date gĂ©nĂ©ralement le dĂ©but du processus complexe et timide de convergence entre revendication sociale, occitanisme et opinion de gauche de la grĂšve des mineurs de Decazeville en 1961-62" page 304. Jean Sagnes, Le midi rouge, Éditions Anthropos, 1982, 310 pages. RĂ©impression Le midi rouge, mythe et rĂ©alitĂ©. Étude d'histoire occitane, Economica (21 juin 1999), HISTOIRE ET SOC, (ISBN 2715710569) (ISBN 978-2715710566)
  3. Titre = Volem Viure: le nationalisme occitan dans le sud de la France.| Auteur = Contreras Romero, A. Valente | Année = 2006 | publication = Politique et Culture| Volume = | = 25 question | ISSN 0188-7742 id =
  4. Philippe Martel, « Révolutionnaire ou nationaliste ? », Terrain [En ligne], 41 | septembre 2003, mis en ligne le 11 septembre 2008, consulté le 13 janvier 2014. URL : ; DOI : 10.4000/terrain.1652.
  5. Entre le tiers et la moitié de la France plus différentes régions frontaliÚres
  6. Lo lugarn no 99/2009, page 23
  7. Soutien du Partit de la Nacion Occitana
  8. Soutien du Partit RepublicĂ  CatalĂ 
  9. Soutien des RĂ©gionalistes Languedociens
  10. Soutien de la Gaucha Republicana Occitana
  11. On note l'adhésion du partit occitan à la fédération Régions et peuples solidaires (R&PS) au niveau français et à l'Alliance libre européenne (ALE-EFA) au niveau européen.
  12. « pyreneesinfo.fr/actu/toulouse-
 »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?).
  13. « RĂ©sultats aux Ă©lections sur le site du POC »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?)
  14. Pro-Occitan candidates to stand for 2014 local election in 100 municipalities under Bastir! banner (en)
  15. Le mouvement occitan Bastir a validĂ© ses candidats - La DĂ©pĂȘche du Midi
  16. Carte des candidats de Bastir! - Municipales 2014
  17. Bastir ! à Agen, Sud-Ouest du 16 décembre 2013, dans les communiqués du PNO (Parti de la nation occitane)
  18. Site de la liste "Occitanie pour une Europe des Peuples"
  19. « Le Val d'Aran veut plus d'autonomie »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?)
  20. L’occitan uĂši al Parlament EuropĂšu “Se França foguĂšsse pas dins l’UE i poiriĂĄ pas intrar perque acomplĂ­s pas los critĂšris de Copenaga per rapĂČrt a las minoritats” - Jornalet (oc)
  21. ThĂ©o Hetsch, "La CommunautĂ© d’agglomĂ©ration Pays Basque reconnaĂźt officiellement le basque comme langue de son territoire", France Bleu Pays Basque,
  22. Statuts du PNO, article 8 : Conformément aux traditions démocratiques du peuple occitan, le parti recourt aux seuls moyens de lutte légaux, notamment aux élections, ainsi qu'à une propagande intensive. Article 9 : Le parti défend la justice sociale. Il combat toutes les formes d'intolérance et de racisme.
  23. Historique du PNO Automne 1980 : dans l'éditorial de Lo Lugarn no 13 Joan Lois Veyrac précise que le P.N.O refuse l'utilisation de la violence en Occitanie.
  24. « Anti-colonialiste, anti-impĂ©rialiste, anti-capitaliste, dĂ©fenseur des droits des femmes, de l’homosexualitĂ©, etc » Claude Sicre Quelques longs mots Ă  propos de la rĂ©ponse de GĂšli Grande
  25. Voir la théorie de l'ethnisme de François Fontan qui est née dans un contexte occitan.
  26. Voir la citation de François Fontan sur la nation occitane
  27. La France contre Paris? Robert Lafont L'unité 1973 p 15
  28. Ne pas confondre avec le National-libéralisme.
  29. "Par delĂ  la revendication en faveur de la langue occitane il y avait une revendication que l’on peut qualifier de citoyenne, touchant Ă  l’organisation de la sociĂ©tĂ©, de la citĂ©" tirĂ© de Pourquoi faut-il signer le Manifeste Occitaniste ?
  30. Du particularisme au délire identitaire. Questions contemporaines. Robert Maestri, éditions L'Harmattan, 2003, 266 p, (ISBN 2296313094), (ISBN 9782296313095).
  31. Soleil noir sur le drapeau de Provence
  32. Rune d'Odal sur la carte d'Occitanie
  33. Croix celtique/occitane
  34. Aran pera independéncia Assemblea.cat Val d'Aran(oc)
  35. Aran e era independéncia de Catalonha(oc)
  36. Àlex Moga: 'L'Aran ha de ser una autonomia dins l'estat català'(ca)
  37. « Assemblada Occitana », sur www.assemblada.org (consulté le )
  38. laboratoire politique, culturel et social "Lo laboratĂČri politic, cultural e social Iniciativa per OccitĂ nia a per tĂČca d'ajudar, per sa reflexion e son accion, a l'emancipacion nacionala d'OccitĂ nia, de BorbonĂ©s a la Val d'Aran e de Gasconha a las Valadas alpencas de l'estat italian."
  39. La storia dell’Occitania "L’Occitania, o Paese d’Oc, costituisce il modello tipico di “nazione-non nazione” o “nazione proibita” dell’Occidente Europeo, di cui non mancano esempi."
  40. Bandiera occitana
  41. «La lengo prouvencalo, o, s'amas miĂ©u, la lengo d'O, Ăšro, a passa tĂšms, la lengo de touto l'Uropo». Lou Felibre de Bello-Visto (pseud. de FrĂ©dĂ©ric Mistral), "La lengo prouvençalo", Armana Prouvençau, 1856. RĂ©Ă©d. FrĂ©dĂ©ric MISTRAL. La lenga provençala o lenga d'Òc. Paris : IEO ParĂ­s, 2016. consulter en ligne.
  42. Statuts du FĂ©librige de 1862, art 1, p. 2
  43. La Guerre du Vin, p.59
  44. De l’Ethnotype, ou du regard portĂ© sur le MĂ©ridional Philippe Martel 13 juin 2006.
  45. Chronique : Comment s’est forgĂ© le racisme anti-mĂ©ridional Samuel Touron, Dis-leur !, 16 juin 2018
  46. La haine du Midi : l’antimĂ©ridionalisme dans la France de la Belle Époque Patrick Cabanel, Marylise Vallez
  47. François Fontan (extraits de : La nation occitane, ses frontiÚres, ses régions, 1969)
  48. LO LUGARN--LOU LUGAR numùro double 97/98 ‱ prima/estiu de 2009 "Son sosten al FLN lo menùt en preson puùi a l’exili dins las valadas occitanas d’Itàlia que i fondùt lo Movimento Autonomista Occitano."(oc)
  49. La pensĂ©e politique de François Fontan, ou la formulation thĂ©orique d’un nationalisme ethnique LO LUGARN-LOU LUGAR numĂšro doble 92/93 prima e estiu de 2007 no (ISSN 0399-192X).
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