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Miguel de Andrea

Miguel de los Santos de Andrea (Navarro, province de Buenos Aires, 1877 - Buenos Aires, 1960) Ă©tait un prĂ©lat catholique argentin. Il fut Ă©vĂȘque titulaire de Temnos et Ă©vĂȘque auxiliaire de Buenos Aires.

Miguel de Andrea
Image illustrative de l’article Miguel de Andrea
Biographie
Nom de naissance Miguel de los Santos de Andrea
Naissance
Navarro, Drapeau de l'Argentine Argentine
Ordination sacerdotale , par Juan Nepomuceno Terrero
DĂ©cĂšs
Buenos Aires
ÉvĂȘque de l'Église catholique
Ordination Ă©piscopale par Alberto Vassallo di Torregrossa
ÉvĂȘque auxiliaire de Buenos Aires
Recteur de l’église Saint-Michel-Archange de Buenos Aires
–
ÉvĂȘque titulaire de Temnos

.html (en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Il s’engagea dans l’action politico-sociale et mit sur pied diverses organisations catholiques qu’il voulait dans la droite ligne des encycliques du pape LĂ©on XIII. Il fonda ainsi notamment la Ligue sociale argentine, dont les membres professaient des idĂ©es fascistes, et prit la tĂȘte en 1919 de l’UniĂłn Popular CatĂłlica Argentina, rĂ©unissant toutes les organisations sociales catholiques d’Argentine. Il exposa dans un manifeste les principes fondamentaux du social-christianisme, doctrine qui Ă©tait conforme aux vƓux du Saint SiĂšge et que De Andrea prit soin de distinguer de la social-dĂ©mocratie et, plus tard, de la mouture pĂ©roniste du catholicisme social. Il fut le promoteur en Argentine du national-catholicisme, sous-tendu par ses sympathies, explicitement exprimĂ©es, pour le fascisme italien, par son antisĂ©mitisme (avec sa vision du complot juif), par ses conceptions corporatistes et par son anti-intellectualisme. À la fin de la dĂ©cennie 1910, alors que forces de rĂ©pression et ouvriers grĂ©vistes s’affrontaient violemment Ă  Buenos Aires (dans le cadre de la Semaine tragique de ), il fut, avec d’autres personnalitĂ©s en vue, Ă  l’origine de la Ligue patriotique argentine, Ă  la fois groupe paramilitaire d’appoint (au service du patronat dans les conflits sociaux) et rĂ©seau d’action sociale anticommuniste, principal perpĂ©trateur en de l’unique pogrom en AmĂ©rique latine. AprĂšs la guerre, il se rangea Ă  la dĂ©mocratie chrĂ©tienne. Il participa en 1910 Ă  une tentative (infructueuse) de fonder une universitĂ© catholique Ă  Buenos Aires.

Biographie

Ordination et engagement politique et social

Miguel de Andrea, fils de parents italiens catholiques, naquit en 1877 Ă  Navarro, dans la province de Buenos Aires. Il Ă©tait le deuxiĂšme nĂ© d’une fratrie de sept enfants.

À l’ñge de onze ans, il suivit sa vocation sacerdotale et s’inscrivit au SĂ©minaire de Buenos Aires et fut ordonnĂ© prĂȘtre en par l’évĂȘque de La Plata, don Juan N. Terrero, au CollĂšge PĂ­o Latino americano.

En application des enseignements du pape LĂ©on XIII, diffusĂ©s par la voie des encycliques Rerum Novarum, de 1891, traitant de la question sociale, et Graves de communi re, de 1901, sur le conception correcte de la dĂ©mocratie chrĂ©tienne en tant que constitutive du social-christianisme (et en cela distincte de la social-dĂ©mocratie), le pĂšre allemand Federico Grote fonda d’une part en 1892 les Cercles ouvriers catholiques (en espagnol CĂ­rculos CatĂłlicos de Obreros, en abrĂ©gĂ© COC), dont le prĂ©sident Ă©tait en 1893 Santiago Gregorio O'Farrell[1], et d’autre part en 1902 la Ligue dĂ©mocratique chrĂ©tienne, dont le premier manifeste (Primer Manifiesto de la Liga DemocrĂĄtica Cristiana) exposait les principes de base du social-christianisme.

En 1900, dans l’église paroissiale de son village natal, le jeune prĂȘtre Miguel de Andrea prononça son premier sermon, devant un auditoire composĂ© de sa propre parentĂšle et d’amis. La mĂȘme annĂ©e, il fut dĂ©signĂ© pro-secrĂ©taire du diocĂšse de Buenos Aires, puis, deux ans plus tard, chapelain du monastĂšre de Sainte-Catherine-de-Sienne Ă  Buenos Aires. En 1904, il devint le secrĂ©taire privĂ© de l’archevĂȘque Mariano Antonio Espinosa, et fut nommĂ© en 1912 curĂ© recteur de l’église Saint-Michel-Archange, l’église traditionnelle et historique de Buenos Aires, de laquelle il restera le curĂ© jusqu’à sa mort. Cette mĂȘme annĂ©e encore, il fut dĂ©signĂ© directeur des CĂ­rculos de Obreros CatĂłlicos, en remplacement de leur fondateur, Federico Grote.

Pendant cette dĂ©cennie, alors que des doctrines anarchistes en provenance d’Italie et d’Espagne commençaient Ă  se propager en Argentine, il cofonda la Ligue sociale argentine, groupe dont les membres adhĂ©raient aux idĂ©es fascistes et dont l’objectif Ă©tait de lutter contre le modernisme et contre les tendances considĂ©rĂ©es subversives. En furent des membres actifs Alejandro Bunge et Atilio Dell'Oro Maini, qui auront des responsabilitĂ©s ministĂ©rielles sous la dictature d’Aramburu, et dont les ennemis, tels que dĂ©signĂ©s par leurs organes de presse, Ă©taient les juifs, les libĂ©raux et les francs-maçons[2] - [3].

En 1910, une tentative fut entreprise de crĂ©er Ă  Buenos Aires une universitĂ© catholique, cependant ce ne fut que deux ans aprĂšs sa fondation que commença Ă  fonctionner son unique facultĂ©, celle de droit. Luis Duprat fut dĂ©signĂ© recteur, et le Conseil supĂ©rieur se composait des docteurs JoaquĂ­n Cullen, Emilio Lamarca et Ángel Pizarro, entre autres. Le second et ultime recteur ― il n’y en eut que deux ― fut monseigneur De Andrea. Toutefois, faute de reconnaissance des titres qu’elle dĂ©livrait — l’État argentin n’admettant alors en effet que des universitĂ©s officielles non confessionnelles — l’institution ne connut qu’une vie Ă©phĂ©mĂšre, et dut fermer ses portes en 1922. Les Cursos de Cultura CatĂłlica, prĂ©figuration de l’universitĂ© Pontificale de Buenos Aires finalement fondĂ©e en 1958, prirent le relais de cette premiĂšre universitĂ© catholique en 1922. De Andrea, Ă  l’occasion de l’ouverture de l’annĂ©e universitaire 1919, dĂ©clara[4] :

« Les temps sont rĂ©volus oĂč le chrĂ©tien pouvait oublier toute action et se dĂ©lecter dans la science pour la science. Notre mot d’ordre, Ă  l’heure prĂ©sente, doit ĂȘtre la science pour l’action. Cela [...] nous dĂ©montre la finalitĂ© supĂ©rieure qui doit nous motiver, l’intention Ă©minemment sociale qui nous guide[5]. »

Dans les annĂ©es 1920, les organisations du laĂŻcat qui, dirigĂ©es par Miguel De Andrea, s’étaient jusque-lĂ  maintenues indĂ©pendantes de la hiĂ©rarchie de l’Église, furent requises de s’intĂ©grer dans une structure globale, ou de se dissoudre[6].

Son expĂ©rience du terrain social et son entregent dans les groupes Ă©conomiquement dominants dĂ©terminĂšrent sa dĂ©signation en 1919 Ă  la tĂȘte de l’UniĂłn Popular CatĂłlica Argentina, qui rĂ©pondait aux directives du Saint SiĂšge, et oĂč il s’appliqua Ă  mettre en place un modĂšle d’activitĂ© sociale centralisĂ©e, regroupant toutes les associations sociales catholiques existantes – hormis les COC –, et oĂč notamment il organisa et impulsa une grande collecte nationale propre Ă  recueillir des donations en vue de construire des logements bon marchĂ©, des citĂ©s ouvriĂšres et des bĂątiments destinĂ©s Ă  l’action sociale[7].

Semaine tragique et décennies 1920 et 1930

De Andrea aux cÎtés du dictateur José Félix Uriburu.

En 1919, BenoĂźt XV nomma De Andrea protonotaire apostolique, et en 1920 Ă©vĂȘque titulaire de Temnos, fonction dont il fut investi dans la CathĂ©drale mĂ©tropolitaine de Buenos Aires.

De Andrea s’embarqua pour l’Europe et arriva sur le vieux continent en . Lorsqu’il se rendit en Espagne en 1923, son nom figurait en tĂȘte de la liste de trois candidats proposĂ©e par le sĂ©nat argentin pour l’archidiocĂšse de Buenos Aires. Ce nonobstant, il fut dĂ©signĂ© Ministre plĂ©nipotentiaire du gouvernement argentin auprĂšs du Saint SiĂšge[8].

En , pendant les Ă©vĂ©nements de la Semaine tragique, c’est-Ă -dire la semaine du 8 au , oĂč une grĂšve ouvriĂšre dĂ©gĂ©nĂ©ra en affrontements sanglants, il eut une part importante dans la mise sur pied du groupe paramilitaire de droite Ligue patriotique argentine, aux cĂŽtĂ©s de JoaquĂ­n Samuel de Anchorena, de Dardo Rocha, du gĂ©nĂ©ral Luis Dellepiane, d’Estanislao Zeballos, de Luis Agote, de Francisco P. Moreno, d’Ángel Gallardo, de Jorge Mitre, de Carlos Tornquist, de monseigneur Napal, de Miguel MartĂ­nez de Hoz, et de Julio A. Roca (fils). En effet, il fut Ă  l’initiative, conjointement avec d’autres personnalitĂ©s rĂ©unies au Centro Naval, de la proposition d’écraser la conspiration judĂ©o-maximaliste supposĂ©ment Ă  l’origine de la grĂšve dĂ©clenchĂ©e en , et le , encouragĂ© par De Andrea et Domecq GarcĂ­a, un groupe de jeunes catholiques nationalistes armĂ©s, groupe nommĂ© Defensores del Orden (DĂ©fenseurs de l’ordre), embryon de la Ligue patriotique argentine, auquel monseigneur Miguel De Andrea s’adressa dans ses homĂ©lies et qui s’était donnĂ© pour tĂąche de « faire la chasse » aux agitateurs, partit du Centro Naval pour accomplir, du 10 au , une « croisade antijuive »[9] - [10]. Les actions directes de la Ligue patriotique s’appuyaient sur une base thĂ©orico-philosophique fournie principalement par les secteurs les plus rĂ©actionnaires de l’Église, dont nommĂ©ment monseigneur De Andrea, qui lança une campagne expliquant que « le danger gisait dans le fait que les travailleurs et les masses populaires avaient cessĂ© de croire en Dieu, en l’Église et dans le rĂ©gime », et les Ă©vĂȘques Piaggio de Salta (es) et Bustos de CĂłrdoba[11]. Monseigneur De Andrea autorisa les membres des Cercles ouvriers catholiques Ă  s’enrĂŽler dans la Ligue patriotique, qui, comme force parapoliciĂšre, s’en prit aux mouvements anarchistes, aux juifs, et aux ouvriers de tendance socialiste ; cependant la violence de la Ligue s’exerça principalement sur les communautĂ©s immigrĂ©es russe et juive[12] - [13]. La Semaine tragique, dans le cadre de laquelle s’inscrivit l’action violente de la Ligue, se solda par quelque 700 morts et plus de 4000 blessĂ©s[14].

Lorsqu’en , une grĂšve gĂ©nĂ©rale de pĂ©ons ruraux fut dĂ©clenchĂ©e dans la province de Santa Cruz, Ă©vĂ©nement connu sous la dĂ©nomination populaire de Patagonie rebelle, la Ligue prĂȘta main-forte au patronat local acharnĂ© Ă  contrecarrer le mouvement de grĂšve, et, en organisant des renforts paramilitaires composĂ©s de membres de la Ligue (et appelĂ©s brigades), elle apporta son concours aux reprĂ©sailles menĂ©es contre les grĂ©vistes. La Ligue patriotique joua ainsi un rĂŽle de premier plan dans ce conflit social qui se termina en sur un bilan de 1500 travailleurs tuĂ©s[15].

En , la Ligue patriotique argentine organisa au Teatro Coliseo, prĂšs du CĂ­rculo TradiciĂłn Argentina, les quatre confĂ©rences oĂč Leopoldo Lugones jeta ses neuf bases : « Italie vient de nous enseigner, sous l’hĂ©roĂŻque rĂ©action fasciste, emmenĂ©e par l’admirable Mussolini, quel doit ĂȘtre le chemin Ă  suivre ». De Andrea adhĂ©ra Ă  la proclamation et prononça une sĂ©rie de confĂ©rences autour des avantages de l’État corporatiste italien instaurĂ© par Mussolini.

Dans les annĂ©es 1930, De Andrea suivit avec attention le dĂ©roulement de la guerre civile espagnole et sympathisa avec les nationalistes, c’est-Ă -dire avec le camp des auteurs du soulĂšvement militaire, professant ses sympathies pour le national-catholicisme incarnĂ© par Franco. De mĂȘme, il manifesta une adhĂ©sion ouverte et expresse aux idĂ©es antilibĂ©rales et Ă  la doctrine corporatiste, souvent formellement inspirĂ©es du fascisme italien et du rĂ©gime de Salazar au Portugal[16]. Sur le plan politique, il Ă©tait d’opinion que le droit chemin chrĂ©tien Ă©tait de subordonner hiĂ©rarchiquement le pouvoir politique au religieux. Pour lui, le gouvernement chrĂ©tien idĂ©al se caractĂ©risait par un respect absolu de tout le corps social vis-Ă -vis des hiĂ©rarchies essentielles.

En 1934, il eut un entretien avec le dictateur Benito Mussolini, et pendant la DeuxiĂšme Guerre mondiale, changeant alors de camp, il rencontra Franklin Delano Roosevelt, prĂ©sident des États-Unis[17].

Des membres de la Ligue patriotique argentine parcourant les rues de Buenos Aires. De Andrea joua un rÎle fondamental dans la création de la Ligue.

En 1942, De Andrea voyagea pour Washington Ă  l’invitation de la National Catholic Welfare Conference pour y prendre part Ă  l’AssemblĂ©e des hauts prĂ©lats amĂ©ricains et examiner avec eux les principales questions liĂ©es Ă  la guerre mondiale. Ses discours Ă  Chicago, oĂč il fit la distinction entre gouvernement de la force et gouvernement avec force et proposait de concilier des termes antinomiques tels que internationalisme et nationalisme, lui valurent un certain succĂšs international.

Sous le péronisme

Avec l’entrĂ©e sur la scĂšne politique argentine et la rapide ascension de la figure du colonel Juan PerĂłn, lequel proclamait que son projet Ă©tait inspirĂ© des encycliques sociales-chrĂ©tiennes de LĂ©on XIII et de Pie XI, les premiers dignitaires catholiques Ă  s’approcher du remuant secrĂ©tariat au Travail et Ă  la PrĂ©voyance, dĂšs qu’eut Ă©tĂ© pris le dĂ©cret sur l’enseignement religieux, furent don Emilio Antonio Di Pasquo et De Andrea, qui possĂ©daient en effet dĂ©jĂ  de l’expĂ©rience dans la diffusion de la doctrine sociale-chrĂ©tienne[18] - [19]. Toute la haute hiĂ©rarchie de l’Église se rangea massivement, en un soutien tacite, et sans grandes rĂ©serves, sous la banniĂšre du nouveau social-christianisme pĂ©roniste. Miguel de Andrea fut le seul Ă©vĂȘque argentin Ă  refuser de placer sa signature sous la lettre pastorale du , par laquelle le haut clergĂ© donna son appui implicite Ă  la candidature de PerĂłn aux Ă©lections de 1946[20].

L’annĂ©e suivante, au ThĂ©Ăątre de l’OpĂ©ra de Rosario, De Andrea dĂ©clara, citant les paroles d’un cardinal romain :

« J’ai parlĂ© du programme qui dans ses lignes fondamentales avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© tracĂ© avec sagesse prĂ©voyante par le gĂ©nie de LĂ©on XIII, lorsqu’il forgea le nom de dĂ©mocratie chrĂ©tienne, ce mĂȘme programme amplement commentĂ© par le pontife rĂ©gnant, sa SaintetĂ© Pie XII, dans sa cruciale allocution du 13 juin 1943 adressĂ©e Ă  20 000 ouvriers italiens, qui accueillirent ces augustes paroles avec un authentique enthousiasme et une profonde Ă©motion. Des conceptions si vĂ©nĂ©rables m’ont rappelĂ© les lointaines annĂ©es de ma jeunesse, quand, en compagnie de quelques hommes valeureux, je me suis enrĂŽlĂ© sous la banniĂšre de la dĂ©mocratie chrĂ©tienne, autour de laquelle aujourd’hui plus que jamais peuvent s’unir tous les Italiens qui chĂ©rissent leur patrie. La consigne de la vĂ©ritable dĂ©mocratie ne vise pas tel pays dĂ©terminĂ©, mais tous les pays[21]. »

Sous de telles directives, il apparaissait d’emblĂ©e impossible que le secteur social-chrĂ©tien pĂ»t apporter son appui Ă  la nouvelle mouture de christianisme imaginĂ©e par PerĂłn.

Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es, De Andrea estimait en :

« Dans un de mes discours de l’annĂ©e passĂ©e, j’ai fait une affirmation qui a Ă©tĂ© accueillie avec quelques rĂ©serves dans certains secteurs. Elle comportait le rejet de l’ingĂ©rence de certain clĂ©ricalisme. La Providence a disposĂ© qu’au bout de quelques mois cette affirmation a Ă©tĂ© solennellement ratifiĂ©e, par instance autorisĂ©e, lors d’une rĂ©cente confĂ©rence des cardinaux et archevĂȘques de France. Une des conclusions auxquelles ils sont arrivĂ©s s’énonce en ces termes : ‘Si le clĂ©ricalisme signifie ingĂ©rence du clergĂ© dans la juridiction de l’État, l’Église condamne le clĂ©ricalisme’. Pour conclure : toute dĂ©mocratie peut adopter la formule : ‘Ni laĂŻcisme, ni clĂ©ricalisme !’[21] »

Le [22], durant la procession du Corpus Christi Ă  Buenos Aires, qui suivait le trajet de la cathĂ©drale (sur la place de Mai) au CongrĂšs national, il incita des groupes d’activistes catholiques Ă  endommager les plaques commĂ©moratives d’Eva PerĂłn (vĂ©nĂ©rĂ©e comme une sainte et comme la martyre des pauvres par les pĂ©ronistes). Sur la hampe du CongrĂšs, les mĂȘmes activistes abaissĂšrent le drapeau argentin et hissĂšrent Ă  sa place la banniĂšre pontificale (aux couleurs blanche et jaune). Cependant, ces actions de De Andrea furent dĂ©savouĂ©es par monseigneur Ferreyra ReinafĂ© de La Rioja et par monseigneur Antonio Caggiano, archevĂȘque de Rosario[23].

Le , au lendemain du coup d’État avortĂ© contre PerĂłn, le prĂ©lat fut incarcĂ©rĂ©, comme beaucoup d’autres hauts dignitaires catholiques[24].

DerniÚres années

De Andrea tomba malade en 1959 ; au terme d’un an, sa maladie alla s’aggravant, et le fit succomber le , dans la ville de Buenos Aires. Il fut inhumĂ© dans le cimetiĂšre de la Recoleta[21].

Positionnement politique

L’évĂȘque Miguel de Andrea se dĂ©clarait dĂ©mocrate chrĂ©tien. Il joua un rĂŽle de premier plan dans la crĂ©ation en 1919 de la Ligue patriotique argentine, ainsi que d’autres groupements politiques et idĂ©ologiques qui firent leur apparition par la suite et qui mettaient tous l’accent sur la nĂ©cessitĂ© pour les milieux patronaux de concilier leurs positions et de se fĂ©dĂ©rer face Ă  qu’ils considĂ©raient comme une menace. Vers 1920, un groupe de jeunes laĂŻcs, sous l’égide de l’episcopat, fonda l’institut d’enseignement supĂ©rieur Cursos de Cultura CatĂłlica (CCC), oĂč De Andrea fit la connaissance de Manuel Vicente Ordóñez ; aux cĂŽtĂ©s de celui-ci, il mena une campagne contre la laĂŻcitĂ© de l’État, qui devait ĂȘtre combattue Ă  travers l’organisation de la sociĂ©tĂ©. Tant Ordóñez que De Andrea allaient embrasser les idĂ©es du fascisme et, plus tard, du national-catholicisme[25].

Il contribua au principal organe de presse du fascisme en Argentine, Il Mattino DŽItalia, pour lequel écrivaient également Manuel Ordóñez, Leopoldo Lugones, monseigneur Gustavo Franceschi et les frÚres Rodolfo et Julio Irazusta[26].

Il fut, dans ses jeunes annĂ©es, l’un de ceux qui promurent l’idĂ©e d’une conspiration juive contre l’Argentine et contre la religion catholique sur son territoire. Les paroles de monseigneur De Andrea furent rĂ©pĂ©tĂ©es dans les bulletins paroissiaux et dans les textes scolaires. La maison d’édition ecclĂ©siastique Hermanos de las Escuelas Cristianas distribuait, aux Ă©lĂšves des Ă©coles catholiques, des livres oĂč il Ă©tait affirmĂ© que les juifs Ă©taient « un Ă©lĂ©ment renfermant en lui un vĂ©ritable pĂ©ril moral et Ă©conomique ». En 1919, il eut un grand rĂŽle dans la crĂ©ation de groupes civils paramilitaires, en particulier Orden Social et Guardia Blanca, qui devenues ensuite la Ligue patriotique argentine et le ComitĂ© Pro Argentinidad, crĂ©eront des brigades armĂ©es sous la bienveillance de la police et de l’armĂ©e, et avec l’appui financier de l’Association nationale du travail, organisation patronale prĂ©sidĂ©e par JoaquĂ­n Samuel de Anchorena[27].

Miguel de Andrea postula en 1951 qu’il Ă©tait nĂ©cessaire en Argentine d’« Ă©tablir une unitĂ© doctrinale et pratique autour des principes de base de la dĂ©mocratie chrĂ©tienne », s’interrogeant : « N’est-ce pas cela qui en ce moment rĂ©tablit vigoureusement la laborieuse et chrĂ©tienne Italie, d’oĂč je viens, et la prĂ©serve du communisme ? »[28]. Le Parti dĂ©mocrate chrĂ©tien d’Argentine et l’Action catholique reprĂ©sentaient les bras sĂ©culiers de l’Église catholique, encore que celle-ci ne reconnĂ»t jamais publiquement ses accointances avec ces organisations[29] - [20].

Corrélats

Bibliographie

  • Lida Miranda, Monseñor Miguel De Andrea. Obispo y hombre de mundo (1877-1960), Buenos Aires, EDHASA, coll. « BiografĂ­as argentinas », (ISBN 978-987-628-273-4, lire en ligne)

Liens externes

Références

  1. Susana Ferretto Mabel et Eduardo Rodriguez Diego, Santa LucĂ­a, desde sus orĂ­genes a 1930 (lire en ligne)
  2. (es) Elin Mercedes-Tranchini, Granja y Arado. Spenglerianos y fascistas en la Pampa 1910-1940, Buenos Aires, Dunken, , 560 p. (ISBN 978-987-02-6634-1, lire en ligne), p. 131
  3. Osvaldo Bayer, « La Semana TrĂĄgica », PĂĄgina12, Buenos Aires,‎ (lire en ligne)
  4. (es) Joaquín Migliore, « Los cursos de cultura católica », Buenos Aires, Encuentro Nacional de Docentes Universitarios Católicos (ENDUC), sans date (postérieur à 2012) (consulté le ), p. 4, note 21
  5. Miguel de Andrea, Discurso pronunciado en la inauguraciĂłn de los cursos de la Universidad CatĂłlica de Buenos Aires en 1919, dans (es) Miguel de Andrea, Obras Completas, vol. IV, Buenos Aires, Editorial DifusiĂłn, .
  6. (es) JosĂ© Zanca, « Cultura catĂłlica y polĂ­tica en el perĂ­odo de entreguerras, mito, taxonomĂ­a y disidencia », Anuario del Instituto de Historia Argentina, La Plata, vol. 16, no 2,‎ , p. 5
  7. (es) Lila M. Caimari, PerĂłn y la Iglesia CatĂłlica. ReligiĂłn, Estado y Sociedad en la Argentina (1943-1955), Buenos Aires, Ariel Historia,
  8. (es) Ambrosio Romero Carranza, Itinerario de Monseñor de Andrea, Buenos Aires,
  9. (es) Nahum Solominsky, La Semana TrĂĄgica en la Argentina, Buenos Aires, CongrĂšs juif mondial,
  10. David Rock, El Radicalismo Argentino, 1890-1930, Buenos Aires, Amorrortu, , 367 p. (ISBN 978-950-518-708-9), « 7. La Semana Trågica », p. 127
  11. (es) Herman Schiller, « El primer "pogrom" », PĂĄgina12, Buenos Aires,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  12. 2009, Marcados a Fuego. La violencia en la historia argentina
  13. Julio Moskovicz, « La Semana Trågica en el Rio de la Plata. El azote a judios », Monografías.com (consulté le )
  14. (es) Felipe Pigna, « La Semaine Trågica », Buenos Aires, El Historiador (consulté le )
  15. Mirta Moscatelli (enseignante-chercheuse en communication sociale), « La Liga Patriótica Argentina. Una propuesta nacionalista frente a la conflictividad social de la década de 1920 » (consulté le ), p. 3
  16. (es) Mario C. Nascimbene et Mauricio Isaac Neuman, El nacionalismo catĂłlico, el fascismo y la inmigraciĂłn en la Argentina (1927-1943). Una aproximaciĂłn teĂłrica, Buenos Aires, CONICET
  17. (es) Miranda Lida, Monseñor Miguel de Andrea. Obispo y hombre de mundo (1877-1960), Edhasa, coll. « Biografías argentinas », 264 p. (ISBN 978-987-628-273-4, lire en ligne)
  18. (es) Mercedes Gandolfo, La Iglesia factor de poder en la Argentina, Montévidéo, Nuestro Tiempo,
  19. (es) Hugo Gambini, El Peronismo y la Iglesia, Buenos Aires, Centro Editor de América Latina, coll. « La Historia Popular / Vida y milagros de nuestro peuple, n° 48 »,
  20. (es) José Oscar Frigerio, El síndrome de la Revolución Libertadora : la Iglesia contra el Justicialismo, Cordoue, Arkenia,
  21. Pensamiento cristiano y democrĂĄtico de Mons. Miguel De Andrea, hommage du CongrĂšs national, SĂ©nat argentin, Buenos Aires, 1965.
  22. (es) « La masacre de Plaza de Mayo », Agencia Paco Urondo, (consulté le )
  23. (es) Lila M. Caimari, El peronismo y la Iglesia Católica, vol. VIII, Buenos Aires, Editorial Sudamericana, coll. « Nueva historia argentina », , 573 p. (ISBN 950-07-2181-3), p. 443
  24. (es) « Testimonio del Profesor Ambrosio Romero Carranza », La Botella al Mar
  25. (es) Rafael Pividal, « CatĂłlicos fascistas y catĂłlicos personalistas », Sur, no 35,‎ , p. 91
  26. M. C. Nascimbene & M. I. Neuman, p. 102.
  27. (es) Eduardo Bilsky, La Semana Trågica, Buenos Aires, Centro Editor de América Latina, (ISBN 950-614-374-9), p. 123
  28. Gerardo T. Farrel, Iglesia y pueblo en Argentina (1860-1974), Buenos Aires, Ed. Patria Grande,
  29. (es) Ricardo G. Parera, Democracia Cristiana en la Argentina. Los hechos y las ideas, Buenos Aires, Ed. Nahuel
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