Miguel de Andrea
Miguel de los Santos de Andrea (Navarro, province de Buenos Aires, 1877 - Buenos Aires, 1960) Ă©tait un prĂ©lat catholique argentin. Il fut Ă©vĂȘque titulaire de Temnos et Ă©vĂȘque auxiliaire de Buenos Aires.
Miguel de Andrea | |
Biographie | |
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Nom de naissance | Miguel de los Santos de Andrea |
Naissance | Navarro, Argentine |
Ordination sacerdotale | , par Juan Nepomuceno Terrero |
DĂ©cĂšs | Buenos Aires |
ĂvĂȘque de l'Ăglise catholique | |
Ordination Ă©piscopale | par Alberto Vassallo di Torregrossa |
ĂvĂȘque auxiliaire de Buenos Aires | |
Recteur de lâĂ©glise Saint-Michel-Archange de Buenos Aires | |
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ĂvĂȘque titulaire de Temnos | |
.html (en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org | |
Il sâengagea dans lâaction politico-sociale et mit sur pied diverses organisations catholiques quâil voulait dans la droite ligne des encycliques du pape LĂ©on XIII. Il fonda ainsi notamment la Ligue sociale argentine, dont les membres professaient des idĂ©es fascistes, et prit la tĂȘte en 1919 de lâUniĂłn Popular CatĂłlica Argentina, rĂ©unissant toutes les organisations sociales catholiques dâArgentine. Il exposa dans un manifeste les principes fondamentaux du social-christianisme, doctrine qui Ă©tait conforme aux vĆux du Saint SiĂšge et que De Andrea prit soin de distinguer de la social-dĂ©mocratie et, plus tard, de la mouture pĂ©roniste du catholicisme social. Il fut le promoteur en Argentine du national-catholicisme, sous-tendu par ses sympathies, explicitement exprimĂ©es, pour le fascisme italien, par son antisĂ©mitisme (avec sa vision du complot juif), par ses conceptions corporatistes et par son anti-intellectualisme. Ă la fin de la dĂ©cennie 1910, alors que forces de rĂ©pression et ouvriers grĂ©vistes sâaffrontaient violemment Ă Buenos Aires (dans le cadre de la Semaine tragique de ), il fut, avec dâautres personnalitĂ©s en vue, Ă lâorigine de la Ligue patriotique argentine, Ă la fois groupe paramilitaire dâappoint (au service du patronat dans les conflits sociaux) et rĂ©seau dâaction sociale anticommuniste, principal perpĂ©trateur en de lâunique pogrom en AmĂ©rique latine. AprĂšs la guerre, il se rangea Ă la dĂ©mocratie chrĂ©tienne. Il participa en 1910 Ă une tentative (infructueuse) de fonder une universitĂ© catholique Ă Buenos Aires.
Biographie
Ordination et engagement politique et social
Miguel de Andrea, fils de parents italiens catholiques, naquit en 1877 Ă Navarro, dans la province de Buenos Aires. Il Ă©tait le deuxiĂšme nĂ© dâune fratrie de sept enfants.
Ă lâĂąge de onze ans, il suivit sa vocation sacerdotale et sâinscrivit au SĂ©minaire de Buenos Aires et fut ordonnĂ© prĂȘtre en par lâĂ©vĂȘque de La Plata, don Juan N. Terrero, au CollĂšge PĂo Latino americano.
En application des enseignements du pape LĂ©on XIII, diffusĂ©s par la voie des encycliques Rerum Novarum, de 1891, traitant de la question sociale, et Graves de communi re, de 1901, sur le conception correcte de la dĂ©mocratie chrĂ©tienne en tant que constitutive du social-christianisme (et en cela distincte de la social-dĂ©mocratie), le pĂšre allemand Federico Grote fonda dâune part en 1892 les Cercles ouvriers catholiques (en espagnol CĂrculos CatĂłlicos de Obreros, en abrĂ©gĂ© COC), dont le prĂ©sident Ă©tait en 1893 Santiago Gregorio O'Farrell[1], et dâautre part en 1902 la Ligue dĂ©mocratique chrĂ©tienne, dont le premier manifeste (Primer Manifiesto de la Liga DemocrĂĄtica Cristiana) exposait les principes de base du social-christianisme.
En 1900, dans lâĂ©glise paroissiale de son village natal, le jeune prĂȘtre Miguel de Andrea prononça son premier sermon, devant un auditoire composĂ© de sa propre parentĂšle et dâamis. La mĂȘme annĂ©e, il fut dĂ©signĂ© pro-secrĂ©taire du diocĂšse de Buenos Aires, puis, deux ans plus tard, chapelain du monastĂšre de Sainte-Catherine-de-Sienne Ă Buenos Aires. En 1904, il devint le secrĂ©taire privĂ© de lâarchevĂȘque Mariano Antonio Espinosa, et fut nommĂ© en 1912 curĂ© recteur de lâĂ©glise Saint-Michel-Archange, lâĂ©glise traditionnelle et historique de Buenos Aires, de laquelle il restera le curĂ© jusquâĂ sa mort. Cette mĂȘme annĂ©e encore, il fut dĂ©signĂ© directeur des CĂrculos de Obreros CatĂłlicos, en remplacement de leur fondateur, Federico Grote.
Pendant cette dĂ©cennie, alors que des doctrines anarchistes en provenance dâItalie et dâEspagne commençaient Ă se propager en Argentine, il cofonda la Ligue sociale argentine, groupe dont les membres adhĂ©raient aux idĂ©es fascistes et dont lâobjectif Ă©tait de lutter contre le modernisme et contre les tendances considĂ©rĂ©es subversives. En furent des membres actifs Alejandro Bunge et Atilio Dell'Oro Maini, qui auront des responsabilitĂ©s ministĂ©rielles sous la dictature dâAramburu, et dont les ennemis, tels que dĂ©signĂ©s par leurs organes de presse, Ă©taient les juifs, les libĂ©raux et les francs-maçons[2] - [3].
En 1910, une tentative fut entreprise de crĂ©er Ă Buenos Aires une universitĂ© catholique, cependant ce ne fut que deux ans aprĂšs sa fondation que commença Ă fonctionner son unique facultĂ©, celle de droit. Luis Duprat fut dĂ©signĂ© recteur, et le Conseil supĂ©rieur se composait des docteurs JoaquĂn Cullen, Emilio Lamarca et Ăngel Pizarro, entre autres. Le second et ultime recteur â il nây en eut que deux â fut monseigneur De Andrea. Toutefois, faute de reconnaissance des titres quâelle dĂ©livrait â lâĂtat argentin nâadmettant alors en effet que des universitĂ©s officielles non confessionnelles â lâinstitution ne connut quâune vie Ă©phĂ©mĂšre, et dut fermer ses portes en 1922. Les Cursos de Cultura CatĂłlica, prĂ©figuration de lâuniversitĂ© Pontificale de Buenos Aires finalement fondĂ©e en 1958, prirent le relais de cette premiĂšre universitĂ© catholique en 1922. De Andrea, Ă lâoccasion de lâouverture de lâannĂ©e universitaire 1919, dĂ©clara[4] :
« Les temps sont rĂ©volus oĂč le chrĂ©tien pouvait oublier toute action et se dĂ©lecter dans la science pour la science. Notre mot dâordre, Ă lâheure prĂ©sente, doit ĂȘtre la science pour lâaction. Cela [...] nous dĂ©montre la finalitĂ© supĂ©rieure qui doit nous motiver, lâintention Ă©minemment sociale qui nous guide[5]. »
Dans les annĂ©es 1920, les organisations du laĂŻcat qui, dirigĂ©es par Miguel De Andrea, sâĂ©taient jusque-lĂ maintenues indĂ©pendantes de la hiĂ©rarchie de lâĂglise, furent requises de sâintĂ©grer dans une structure globale, ou de se dissoudre[6].
Son expĂ©rience du terrain social et son entregent dans les groupes Ă©conomiquement dominants dĂ©terminĂšrent sa dĂ©signation en 1919 Ă la tĂȘte de lâUniĂłn Popular CatĂłlica Argentina, qui rĂ©pondait aux directives du Saint SiĂšge, et oĂč il sâappliqua Ă mettre en place un modĂšle dâactivitĂ© sociale centralisĂ©e, regroupant toutes les associations sociales catholiques existantes â hormis les COC â, et oĂč notamment il organisa et impulsa une grande collecte nationale propre Ă recueillir des donations en vue de construire des logements bon marchĂ©, des citĂ©s ouvriĂšres et des bĂątiments destinĂ©s Ă lâaction sociale[7].
Semaine tragique et décennies 1920 et 1930
En 1919, BenoĂźt XV nomma De Andrea protonotaire apostolique, et en 1920 Ă©vĂȘque titulaire de Temnos, fonction dont il fut investi dans la CathĂ©drale mĂ©tropolitaine de Buenos Aires.
De Andrea sâembarqua pour lâEurope et arriva sur le vieux continent en . Lorsquâil se rendit en Espagne en 1923, son nom figurait en tĂȘte de la liste de trois candidats proposĂ©e par le sĂ©nat argentin pour lâarchidiocĂšse de Buenos Aires. Ce nonobstant, il fut dĂ©signĂ© Ministre plĂ©nipotentiaire du gouvernement argentin auprĂšs du Saint SiĂšge[8].
En , pendant les Ă©vĂ©nements de la Semaine tragique, câest-Ă -dire la semaine du 8 au , oĂč une grĂšve ouvriĂšre dĂ©gĂ©nĂ©ra en affrontements sanglants, il eut une part importante dans la mise sur pied du groupe paramilitaire de droite Ligue patriotique argentine, aux cĂŽtĂ©s de JoaquĂn Samuel de Anchorena, de Dardo Rocha, du gĂ©nĂ©ral Luis Dellepiane, dâEstanislao Zeballos, de Luis Agote, de Francisco P. Moreno, dâĂngel Gallardo, de Jorge Mitre, de Carlos Tornquist, de monseigneur Napal, de Miguel MartĂnez de Hoz, et de Julio A. Roca (fils). En effet, il fut Ă lâinitiative, conjointement avec dâautres personnalitĂ©s rĂ©unies au Centro Naval, de la proposition dâĂ©craser la conspiration judĂ©o-maximaliste supposĂ©ment Ă lâorigine de la grĂšve dĂ©clenchĂ©e en , et le , encouragĂ© par De Andrea et Domecq GarcĂa, un groupe de jeunes catholiques nationalistes armĂ©s, groupe nommĂ© Defensores del Orden (DĂ©fenseurs de lâordre), embryon de la Ligue patriotique argentine, auquel monseigneur Miguel De Andrea sâadressa dans ses homĂ©lies et qui sâĂ©tait donnĂ© pour tĂąche de « faire la chasse » aux agitateurs, partit du Centro Naval pour accomplir, du 10 au , une « croisade antijuive »[9] - [10]. Les actions directes de la Ligue patriotique sâappuyaient sur une base thĂ©orico-philosophique fournie principalement par les secteurs les plus rĂ©actionnaires de lâĂglise, dont nommĂ©ment monseigneur De Andrea, qui lança une campagne expliquant que « le danger gisait dans le fait que les travailleurs et les masses populaires avaient cessĂ© de croire en Dieu, en lâĂglise et dans le rĂ©gime », et les Ă©vĂȘques Piaggio de Salta (es) et Bustos de CĂłrdoba[11]. Monseigneur De Andrea autorisa les membres des Cercles ouvriers catholiques Ă sâenrĂŽler dans la Ligue patriotique, qui, comme force parapoliciĂšre, sâen prit aux mouvements anarchistes, aux juifs, et aux ouvriers de tendance socialiste ; cependant la violence de la Ligue sâexerça principalement sur les communautĂ©s immigrĂ©es russe et juive[12] - [13]. La Semaine tragique, dans le cadre de laquelle sâinscrivit lâaction violente de la Ligue, se solda par quelque 700 morts et plus de 4000 blessĂ©s[14].
Lorsquâen , une grĂšve gĂ©nĂ©rale de pĂ©ons ruraux fut dĂ©clenchĂ©e dans la province de Santa Cruz, Ă©vĂ©nement connu sous la dĂ©nomination populaire de Patagonie rebelle, la Ligue prĂȘta main-forte au patronat local acharnĂ© Ă contrecarrer le mouvement de grĂšve, et, en organisant des renforts paramilitaires composĂ©s de membres de la Ligue (et appelĂ©s brigades), elle apporta son concours aux reprĂ©sailles menĂ©es contre les grĂ©vistes. La Ligue patriotique joua ainsi un rĂŽle de premier plan dans ce conflit social qui se termina en sur un bilan de 1500 travailleurs tuĂ©s[15].
En , la Ligue patriotique argentine organisa au Teatro Coliseo, prĂšs du CĂrculo TradiciĂłn Argentina, les quatre confĂ©rences oĂč Leopoldo Lugones jeta ses neuf bases : « Italie vient de nous enseigner, sous lâhĂ©roĂŻque rĂ©action fasciste, emmenĂ©e par lâadmirable Mussolini, quel doit ĂȘtre le chemin Ă suivre ». De Andrea adhĂ©ra Ă la proclamation et prononça une sĂ©rie de confĂ©rences autour des avantages de lâĂtat corporatiste italien instaurĂ© par Mussolini.
Dans les annĂ©es 1930, De Andrea suivit avec attention le dĂ©roulement de la guerre civile espagnole et sympathisa avec les nationalistes, câest-Ă -dire avec le camp des auteurs du soulĂšvement militaire, professant ses sympathies pour le national-catholicisme incarnĂ© par Franco. De mĂȘme, il manifesta une adhĂ©sion ouverte et expresse aux idĂ©es antilibĂ©rales et Ă la doctrine corporatiste, souvent formellement inspirĂ©es du fascisme italien et du rĂ©gime de Salazar au Portugal[16]. Sur le plan politique, il Ă©tait dâopinion que le droit chemin chrĂ©tien Ă©tait de subordonner hiĂ©rarchiquement le pouvoir politique au religieux. Pour lui, le gouvernement chrĂ©tien idĂ©al se caractĂ©risait par un respect absolu de tout le corps social vis-Ă -vis des hiĂ©rarchies essentielles.
En 1934, il eut un entretien avec le dictateur Benito Mussolini, et pendant la DeuxiĂšme Guerre mondiale, changeant alors de camp, il rencontra Franklin Delano Roosevelt, prĂ©sident des Ătats-Unis[17].
En 1942, De Andrea voyagea pour Washington Ă lâinvitation de la National Catholic Welfare Conference pour y prendre part Ă lâAssemblĂ©e des hauts prĂ©lats amĂ©ricains et examiner avec eux les principales questions liĂ©es Ă la guerre mondiale. Ses discours Ă Chicago, oĂč il fit la distinction entre gouvernement de la force et gouvernement avec force et proposait de concilier des termes antinomiques tels que internationalisme et nationalisme, lui valurent un certain succĂšs international.
Sous le péronisme
Avec lâentrĂ©e sur la scĂšne politique argentine et la rapide ascension de la figure du colonel Juan PerĂłn, lequel proclamait que son projet Ă©tait inspirĂ© des encycliques sociales-chrĂ©tiennes de LĂ©on XIII et de Pie XI, les premiers dignitaires catholiques Ă sâapprocher du remuant secrĂ©tariat au Travail et Ă la PrĂ©voyance, dĂšs quâeut Ă©tĂ© pris le dĂ©cret sur lâenseignement religieux, furent don Emilio Antonio Di Pasquo et De Andrea, qui possĂ©daient en effet dĂ©jĂ de lâexpĂ©rience dans la diffusion de la doctrine sociale-chrĂ©tienne[18] - [19]. Toute la haute hiĂ©rarchie de lâĂglise se rangea massivement, en un soutien tacite, et sans grandes rĂ©serves, sous la banniĂšre du nouveau social-christianisme pĂ©roniste. Miguel de Andrea fut le seul Ă©vĂȘque argentin Ă refuser de placer sa signature sous la lettre pastorale du , par laquelle le haut clergĂ© donna son appui implicite Ă la candidature de PerĂłn aux Ă©lections de 1946[20].
LâannĂ©e suivante, au ThĂ©Ăątre de lâOpĂ©ra de Rosario, De Andrea dĂ©clara, citant les paroles dâun cardinal romain :
« Jâai parlĂ© du programme qui dans ses lignes fondamentales avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© tracĂ© avec sagesse prĂ©voyante par le gĂ©nie de LĂ©on XIII, lorsquâil forgea le nom de dĂ©mocratie chrĂ©tienne, ce mĂȘme programme amplement commentĂ© par le pontife rĂ©gnant, sa SaintetĂ© Pie XII, dans sa cruciale allocution du 13 juin 1943 adressĂ©e Ă 20 000 ouvriers italiens, qui accueillirent ces augustes paroles avec un authentique enthousiasme et une profonde Ă©motion. Des conceptions si vĂ©nĂ©rables mâont rappelĂ© les lointaines annĂ©es de ma jeunesse, quand, en compagnie de quelques hommes valeureux, je me suis enrĂŽlĂ© sous la banniĂšre de la dĂ©mocratie chrĂ©tienne, autour de laquelle aujourdâhui plus que jamais peuvent sâunir tous les Italiens qui chĂ©rissent leur patrie. La consigne de la vĂ©ritable dĂ©mocratie ne vise pas tel pays dĂ©terminĂ©, mais tous les pays[21]. »
Sous de telles directives, il apparaissait dâemblĂ©e impossible que le secteur social-chrĂ©tien pĂ»t apporter son appui Ă la nouvelle mouture de christianisme imaginĂ©e par PerĂłn.
Dans le mĂȘme ordre dâidĂ©es, De Andrea estimait en :
« Dans un de mes discours de lâannĂ©e passĂ©e, jâai fait une affirmation qui a Ă©tĂ© accueillie avec quelques rĂ©serves dans certains secteurs. Elle comportait le rejet de lâingĂ©rence de certain clĂ©ricalisme. La Providence a disposĂ© quâau bout de quelques mois cette affirmation a Ă©tĂ© solennellement ratifiĂ©e, par instance autorisĂ©e, lors dâune rĂ©cente confĂ©rence des cardinaux et archevĂȘques de France. Une des conclusions auxquelles ils sont arrivĂ©s sâĂ©nonce en ces termes : âSi le clĂ©ricalisme signifie ingĂ©rence du clergĂ© dans la juridiction de lâĂtat, lâĂglise condamne le clĂ©ricalismeâ. Pour conclure : toute dĂ©mocratie peut adopter la formule : âNi laĂŻcisme, ni clĂ©ricalisme !â[21] »
Le [22], durant la procession du Corpus Christi Ă Buenos Aires, qui suivait le trajet de la cathĂ©drale (sur la place de Mai) au CongrĂšs national, il incita des groupes dâactivistes catholiques Ă endommager les plaques commĂ©moratives dâEva PerĂłn (vĂ©nĂ©rĂ©e comme une sainte et comme la martyre des pauvres par les pĂ©ronistes). Sur la hampe du CongrĂšs, les mĂȘmes activistes abaissĂšrent le drapeau argentin et hissĂšrent Ă sa place la banniĂšre pontificale (aux couleurs blanche et jaune). Cependant, ces actions de De Andrea furent dĂ©savouĂ©es par monseigneur Ferreyra ReinafĂ© de La Rioja et par monseigneur Antonio Caggiano, archevĂȘque de Rosario[23].
Le , au lendemain du coup dâĂtat avortĂ© contre PerĂłn, le prĂ©lat fut incarcĂ©rĂ©, comme beaucoup dâautres hauts dignitaires catholiques[24].
DerniÚres années
De Andrea tomba malade en 1959 ; au terme dâun an, sa maladie alla sâaggravant, et le fit succomber le , dans la ville de Buenos Aires. Il fut inhumĂ© dans le cimetiĂšre de la Recoleta[21].
Positionnement politique
LâĂ©vĂȘque Miguel de Andrea se dĂ©clarait dĂ©mocrate chrĂ©tien. Il joua un rĂŽle de premier plan dans la crĂ©ation en 1919 de la Ligue patriotique argentine, ainsi que dâautres groupements politiques et idĂ©ologiques qui firent leur apparition par la suite et qui mettaient tous lâaccent sur la nĂ©cessitĂ© pour les milieux patronaux de concilier leurs positions et de se fĂ©dĂ©rer face Ă quâils considĂ©raient comme une menace. Vers 1920, un groupe de jeunes laĂŻcs, sous lâĂ©gide de lâepiscopat, fonda lâinstitut dâenseignement supĂ©rieur Cursos de Cultura CatĂłlica (CCC), oĂč De Andrea fit la connaissance de Manuel Vicente Ordóñez ; aux cĂŽtĂ©s de celui-ci, il mena une campagne contre la laĂŻcitĂ© de lâĂtat, qui devait ĂȘtre combattue Ă travers lâorganisation de la sociĂ©tĂ©. Tant Ordóñez que De Andrea allaient embrasser les idĂ©es du fascisme et, plus tard, du national-catholicisme[25].
Il contribua au principal organe de presse du fascisme en Argentine, Il Mattino DŽItalia, pour lequel écrivaient également Manuel Ordóñez, Leopoldo Lugones, monseigneur Gustavo Franceschi et les frÚres Rodolfo et Julio Irazusta[26].
Il fut, dans ses jeunes annĂ©es, lâun de ceux qui promurent lâidĂ©e dâune conspiration juive contre lâArgentine et contre la religion catholique sur son territoire. Les paroles de monseigneur De Andrea furent rĂ©pĂ©tĂ©es dans les bulletins paroissiaux et dans les textes scolaires. La maison dâĂ©dition ecclĂ©siastique Hermanos de las Escuelas Cristianas distribuait, aux Ă©lĂšves des Ă©coles catholiques, des livres oĂč il Ă©tait affirmĂ© que les juifs Ă©taient « un Ă©lĂ©ment renfermant en lui un vĂ©ritable pĂ©ril moral et Ă©conomique ». En 1919, il eut un grand rĂŽle dans la crĂ©ation de groupes civils paramilitaires, en particulier Orden Social et Guardia Blanca, qui devenues ensuite la Ligue patriotique argentine et le ComitĂ© Pro Argentinidad, crĂ©eront des brigades armĂ©es sous la bienveillance de la police et de lâarmĂ©e, et avec lâappui financier de lâAssociation nationale du travail, organisation patronale prĂ©sidĂ©e par JoaquĂn Samuel de Anchorena[27].
Miguel de Andrea postula en 1951 quâil Ă©tait nĂ©cessaire en Argentine dâ« Ă©tablir une unitĂ© doctrinale et pratique autour des principes de base de la dĂ©mocratie chrĂ©tienne », sâinterrogeant : « Nâest-ce pas cela qui en ce moment rĂ©tablit vigoureusement la laborieuse et chrĂ©tienne Italie, dâoĂč je viens, et la prĂ©serve du communisme ? »[28]. Le Parti dĂ©mocrate chrĂ©tien dâArgentine et lâAction catholique reprĂ©sentaient les bras sĂ©culiers de lâĂglise catholique, encore que celle-ci ne reconnĂ»t jamais publiquement ses accointances avec ces organisations[29] - [20].
Corrélats
Bibliographie
- Lida Miranda, Monseñor Miguel De Andrea. Obispo y hombre de mundo (1877-1960), Buenos Aires, EDHASA, coll. « BiografĂas argentinas », (ISBN 978-987-628-273-4, lire en ligne)
Liens externes
- (en) « Bishop Miguel dâAndrea », Catholic hierarchy
- (es) « ÂżQue habrĂa ocurrido si don Luigi SturzoâŠ? », La NaciĂłn, Buenos Aires,â (lire en ligne)
- (es) Monseñor de Andrea, « La Iglesia y la Democracia (discours) », Historia y Religion,
- (es) Monseñor de Andrea, « Dignidad de la persona humana (discours) », Historia y Religion,
- (es) « Monseñor de Andrea, obispo de la libertad », Diario El Litora, Santa F,â (lire en ligne, consultĂ© le )
Références
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