Manuel Domecq GarcĂa
Manuel Tomás Domecq GarcĂa (TobatĂ, Paraguay, 1859 - Buenos Aires, 1951) est un militaire et homme politique paraguayen naturalisĂ© argentin.
Manuel Domecq GarcĂa Manuel Tomás Domecq GarcĂa | ||
Domecq GarcĂa en uniforme d’amiral de la marine argentine | ||
Naissance | TobatĂ, Paraguay |
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Décès | (à 92 ans) Buenos Aires, Argentine |
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Origine | Paraguay | |
Allégeance | Argentine | |
Arme | Marine argentine | |
Grade | Amiral | |
Commandement | Vaisseau amiral Rivadavia | |
Autres fonctions | Ministre de la Marine (12 octobre 1922 – 12 octobre 1928), sous la présidence de Marcelo T. de Alvear | |
Famille | Père médecin militaire | |
Après une enfance au Paraguay, bousculée par la guerre de la Triple-Alliance, et tôt devenu orphelin, il fut élevé chez sa tante à Buenos Aires et se lança dans la carrière militaire. Haut gradé de la marine argentine, il commanda la flotte de guerre et remplit plusieurs missions à l’étranger en lien avec la commande de vaisseaux de guerre par l’Argentine, puis comme observateur de guerre au Japon, dans le cadre de la guerre russo-japonaise. Nommé ministre de la Marine sous la présidence de Marcelo T. de Alvear, il présenta des projets dans le domaine de la marine marchande et mena à bien quelques accords diplomatiques.
Il fut le cofondateur du groupement d’extrême droite Ligue patriotique argentine (à la fois organisation d’encadrement social et force paramilitaire d’appoint au service du patronat lors de conflits sociaux), qu’il fournissait en armements.
Biographie
Enfance et guerre de la Triple-Alliance
Manuel Domecq GarcĂa Ă©tait le fils de Tomás Domecq, mĂ©decin militaire qui perdit la vie en 1868, pendant le siège d’Humaitá (en), et d’Eugenia GarcĂa Ramos de Domecq, qui pĂ©rit dans la bataille de Piribebuy (es) le [1]. Manuel Domecq GarcĂa avait 6 ans lorsqu’éclata la guerre de la Triple-Alliance. L’une des batailles les plus fĂ©roces de cette guerre fut la bataille d'Acosta Ă‘Ăş (en), lors de laquelle des centaines d’enfants furent massacrĂ©s, et dont Domecq GarcĂa Ă©tait l’un des rares rescapĂ©s.
La guerre terminée, Manuel, devenu orphelin, se retrouva entre les mains de l’armée brésilienne. Des soldats de cette armée se présentèrent au logis d’une tante de l’enfant, Concepción Domecq de Decoud, et lui proposèrent, moyennant paiement de huit livres sterling « pour le service » (forte somme pour l’époque), de lui rendre le petit Manuel, qui était retenu captif dans le campement brésilien[1].
Voyage pour Buenos Aires
Quelque temps après avoir Ă©tĂ© « rĂ©cupĂ©rĂ© » par ses tante et oncle, Manuel et sa sĹ“ur Eugenia, âgĂ©e de cinq ans, recueillie elle aussi par ces mĂŞmes tante et oncle, furent envoyĂ©s en Argentine pour y ĂŞtre Ă©levĂ©s par un oncle maternel, Manuel GarcĂa Ramos, propriĂ©taire d’un domaine agricole (estancia), qui passait Ă l’époque pour considĂ©rable[1].
Ă€ mi-chemin du trajet des enfants vers Buenos Aires, Manuel s’égara et, en dĂ©pit de tous les efforts de la personne chargĂ©e de veiller sur les enfants, il fut impossible de le retrouver, de sorte que le voyage dut ĂŞtre poursuivi sans lui. Manuel GarcĂa Ramos, informĂ© dès l’arrivĂ©e des voyageurs, entreprit des recherches au moyen de circulaires et de lettres Ă ses amis.
Le jour de l’égarement, Manuel Ă©tait montĂ© sur le cheval d’un officier brĂ©silien, lequel l’emporta au BrĂ©sil, oĂą il fut recueilli par le marĂ©chal Luis Alves de Lima e Silva, duc de Caxias, qui se prit d’affection pour l’enfant et souhaita l’adopter ; cependant Manuel GarcĂa Ramos, sitĂ´t qu’il en fut avisĂ©, partit pour le BrĂ©sil afin se le faire restituer[1].
Une fois Ă Buenos Aires, les deux enfants allèrent vivre dans la maison d’une sĹ“ur de leur mère, doña Demofila GarcĂa Ramos de LanĂşs.
Engagement et carrière dans la marine argentine
En 1877, Manuel Domecq GarcĂa entra Ă l’École navale militaire (es), qui venait d’être fondĂ©e en 1872 et dispensait alors ses enseignements sur le navire General Brown. Il en sortit avec le titre de garde-marine.
Plusieurs annĂ©es plus tard, il fut envoyĂ© en Grande-Bretagne pour y surveiller la construction de la frĂ©gate Sarmiento. Sa mission remplie, Domecq GarcĂa s’en retourna en Argentine, oĂą il fut nommĂ© commandant en chef de la Division du RĂo de la Plata[1].
Domecq GarcĂa, alors dotĂ© du grade de capitaine, fut dĂ©signĂ© par le gouvernement de Julio Argentino Roca prĂ©sident de la commission argentine pour la construction des croiseurs cuirassĂ©s Moreno et Rivadavia Ă GĂŞnes, ceux-ci Ă©tant appelĂ©s Ă rejoindre ceux dĂ©jĂ livrĂ©s Ă la marine argentine : les San MartĂn, General Belgrano (es), PueyrredĂłn, Garibaldi (es) et Patria (es)[1] - [2]. Les deux croiseurs cuirassĂ©s, achevĂ©s de construire en 1904, furent toutefois revendus ensuite Ă l’empire du Japon[1].
En 1904, Domecq GarcĂa fut nommĂ© observateur dans la guerre russo-japonaise, et ne regagna l’Argentine qu’en , soit près de deux ans après son arrivĂ©e au Japon.
Le , ayant été promu contre-amiral, il reçut les palmes de l’amirauté[1].
Le , le président Figueroa Alcorta le choisit pour président de la commission navale chargée d’examiner les propositions et de recueillir les rapports des différents chantiers navals susceptibles de construire des navires aptes à renforcer la puissance maritime de l’Argentine. Ladite commission se rendit en Europe et aux États-Unis, et passa commande de la construction des deux vaisseaux de guerre les plus vastes du monde à cette époque, qui coûteront à l’État argentin cinq millions de livres sterling. Ces deux cuirassés furent à leur tour baptisés des noms de Moreno et Rivadavia[1].
Après trois ans passĂ©s aux États-Unis et en Europe Ă la tĂŞte de cette mission, Domecq GarcĂa s’en revint en Argentine, et fut nommĂ© commandant en chef de l’Escadre de mer. Il eut sous son commandement les cuirassĂ©s Moreno puis, avec le grade de vice-amiral, du cuirassĂ© Rivadavia, le navire amiral de la flotte argentine[1].
Ligue patriotique argentine
Le , tandis que des affrontements sanglants avaient lieu dans la banlieue de Buenos Aires entre grĂ©vistes et forces de rĂ©pression, un groupe paramilitaire d’extrĂŞme droite fut mis sur pied au Centro Naval et baptisĂ© quelques jours plus tard Ligue patriotique argentine ; Manuel Domecq GarcĂa en fut Ă©lu prĂ©sident Ă titre provisoire, fonction qu’il remplit jusqu’en avril de la mĂŞme annĂ©e. Lorsqu’en fut dĂ©clenchĂ©e la grève gĂ©nĂ©rale des pĂ©ons (journaliers) dans la province de Santa Cruz, en Patagonie, mouvement social connu sous le nom de Patagonie rebelle, la Ligue s’offrit Ă prĂŞter main-forte au patronat local pour juguler la grève et servir de force d’appoint aux troupes dĂ©pĂŞchĂ©es sur place par le gouvernement pour mener la rĂ©pression. Ainsi la Ligue joua-t-elle un rĂ´le de premier plan dans ce conflit, qui s’acheva en sur un bilan de 1 500 travailleurs tuĂ©s[3].
Les rĂ©unions de cette organisation, qui combinait les fonctions de troupe de choc au service du patronat et de structure d’encadrement social et de propagande, se tenaient dans les salons du CĂrculo Militar (es), oĂą Domecq GarcĂa, aux cĂ´tĂ©s du contre–amiral Eduardo O'Connor (es), distribuait les armes que la Ligue utilisait lors de ses opĂ©rations[3].
Ministre de la Marine
En 1922, le prĂ©sident de la Nation Marcelo T. de Alvear le dĂ©signa ministre de la Marine, auquel titre Domecq GarcĂa sera notamment le rĂ©dacteur du projet d’accord entre l’Argentine et l’Uruguay sur la fixation des limites territoriales entre les deux pays, ainsi que de l’avant-projet de formation de la Marine marchande argentine d’outremer et du projet de rĂ©amĂ©nagement du port de QuequĂ©n, dans le sud de la province de Buenos Aires[1].
Durant son mandat ministériel, il prit congé de l’armée, au terme de 58 années de service. Il mourut le , à l’âge de 92 ans, et fut inhumé au cimetière de la Recoleta de Buenos Aires[2] - [1].
Références
- (es) Luis VerĂłn, « De huĂ©rfano de guerra a almirante. Manuel Domecq GarcĂa » (consultĂ© le )
- (es) Diego M. Zigiotto, Las mil y una curiosidades del Cementerio de La Recoleta, Grupo Editorial Norma, , 457 p. (ISBN 978-987-545-539-9), p. 165
- (es) Felipe Pigna, Los mitos de la historia argentina, vol. III, Grupo Editorial Planeta, , 1re éd., 310 p. (ISBN 950-49-1544-2), « La dignidad rebelde. El movimiento obrero durante las presidencias radicales », p. 75 et 76