Merdrignac
Merdrignac [mÉÊdÊiÉČak] est une commune française situĂ©e dans le dĂ©partement des CĂŽtes-d'Armor en rĂ©gion Bretagne.
Merdrignac | |||||
Le manoir du Vieux Bourg. | |||||
Blason |
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Administration | |||||
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Pays | France | ||||
RĂ©gion | Bretagne | ||||
DĂ©partement | CĂŽtes-d'Armor | ||||
Arrondissement | Saint-Brieuc | ||||
Intercommunalité | Communauté de communes Loudéac Communauté - Bretagne Centre | ||||
Maire Mandat |
Ăric Robin 2020-2026 |
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Code postal | 22230 | ||||
Code commune | 22147 | ||||
DĂ©mographie | |||||
Gentilé | Merdrignacien, Merdrignacienne | ||||
Population municipale |
2 954 hab. (2020 ) | ||||
Densité | 52 hab./km2 | ||||
GĂ©ographie | |||||
CoordonnĂ©es | 48° 11âČ 36âł nord, 2° 24âČ 47âł ouest | ||||
Altitude | Min. 77 m Max. 196 m |
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Superficie | 57,12 km2 | ||||
Unité urbaine | Commune rurale | ||||
Aire d'attraction | Commune hors attraction des villes | ||||
Ălections | |||||
DĂ©partementales | Canton de Broons | ||||
LĂ©gislatives | TroisiĂšme circonscription | ||||
Localisation | |||||
GĂ©olocalisation sur la carte : France
GĂ©olocalisation sur la carte : France
GĂ©olocalisation sur la carte : CĂŽtes-d'Armor
GĂ©olocalisation sur la carte : Bretagne
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Liens | |||||
Site web | Site de la mairie | ||||
La commune est labellisée Village étape depuis 2017.
HĂ©raldique
Blasonnement :
D'or au lion couronné de gueules. |
GĂ©ographie
Situation
En plein cĆur de l'Argoat, Merdrignac est situĂ©e dans le canton de Broons et dĂ©pend de l'arrondissement de Saint-Brieuc depuis le [1]. Elle fait partie de LoudĂ©ac CommunautĂ© â Bretagne Centre et se trouve Ă environ 60 km de Rennes et 450 km de Paris.
Par ailleurs, Merdrignac se trouve à proximité de deux axes routiers majeurs :
- La RN 164, future artÚre autoroutiÚre du Centre Bretagne (axe Montauban-de-Bretagne, Loudéac, Carhaix, Chùteaulin), qui traverse la communauté de communes.
- La RN 12, qui relie Rennes à Brest, en passant par Saint-Brieuc. Pour rejoindre l'échangeur, situé à Montauban-de-Bretagne, il faut compter 20 minutes, sur un trajet à 75 % en 2x2 voies.
Merdrignac est situĂ©e au cĆur du plateau de Rohan (appellation discutable car la topographie est marquĂ©e par des collines dĂ©sordonnĂ©es oĂč ne se discerne aucune direction nette, et non par une surface plane), topographie en pente vers le sud[2]. Ce plateau de Rohan qui s'Ă©tend de la baie de Douarnenez Ă la Sarthe est « un massif plutĂŽt anticlinal, formĂ© par des rides parallĂšles orientĂ©es Ă 70°, obliques par consĂ©quent aux systĂšmes prĂ©cĂ©dents et ondulant la masse si uniforme par les caractĂšres lithologiques des phyllades de Saint-LĂŽ, altĂ©rĂ©s, argileux, impermĂ©ables[3] ».
Merdrignac appartient Ă une unitĂ© paysagĂšre appelĂ©e plateau de Pontivy-LoudĂ©ac, plus prĂ©cisĂ©ment le plateau de l'Yvel qui montre des Ă©tendues cultivĂ©es (cultures cĂ©rĂ©aliĂšres et fourragĂšres) associĂ©es Ă peu de bocage, Ă l'Ă©tat rĂ©siduel, avec une vĂ©gĂ©tation s'exprimant le plus souvent sous forme de forĂȘts, boisements ou bosquets[4]. La « plaine » de Pontivy est en effet constituĂ©e de paysages monotones qui portent, selon le gĂ©ographe Pierre-Yves Le Rhun[5], la marque d'une spĂ©culation prĂ©dominante qui a Ă©liminĂ© la polyculture vivriĂšre et l'Ă©levage au profit d'une « Ă©tendue cĂ©rĂ©aliĂšre qui rappelle maintenant la Beauce, Ă moins que ce ne soit le Middle-West[6] ».
Au Nord, la forĂȘt de la Hardouinais est un massif boisĂ© continu avec des lisiĂšres nettes, situĂ© sur une zone plutĂŽt plane oĂč alternent les parcelles d'essences feuillues et de conifĂšres. Ă l'ouest, les contreforts du MenĂ© se caractĂ©risent par une topographie vallonnĂ©e avec des lignes de crĂȘtes rapprochĂ©es et parallĂšles, d'orientation Nord-Ouest / Sud Est (fonds de vallon entre 140 et 160 m d'altitude et lignes de crĂȘte culminant Ă plus de 200 m). Ă l'est, une topographie plus plane avec une densitĂ© de bosquets et de haies moins importante, marque la plaine agricole semi-ouverte, ponctuĂ©e de hameaux et de bĂątiments d'Ă©levage[7].
Climat
Le climat qui caractérise la commune est qualifié, en 2010, de « climat océanique franc », selon la typologie des climats de la France qui compte alors huit grands types de climats en métropole[8]. En 2020, la commune ressort du type « climat océanique » dans la classification établie par Météo-France, qui ne compte désormais, en premiÚre approche, que cinq grands types de climats en métropole. Ce type de climat se traduit par des températures douces et une pluviométrie relativement abondante (en liaison avec les perturbations venant de l'Atlantique), répartie tout au long de l'année avec un léger maximum d'octobre à février[9].
Les paramĂštres climatiques qui ont permis dâĂ©tablir la typologie de 2010 comportent six variables pour les tempĂ©ratures et huit pour les prĂ©cipitations, dont les valeurs correspondent Ă la normale 1971-2000[Note 1]. Les sept principales variables caractĂ©risant la commune sont prĂ©sentĂ©es dans l'encadrĂ© ci-aprĂšs.
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Avec le changement climatique, ces variables ont Ă©voluĂ©. Une Ă©tude rĂ©alisĂ©e en 2014 par la Direction gĂ©nĂ©rale de l'Ănergie et du Climat[12] complĂ©tĂ©e par des Ă©tudes rĂ©gionales[13] prĂ©voit en effet que la tempĂ©rature moyenne devrait croĂźtre et la pluviomĂ©trie moyenne baisser, avec toutefois de fortes variations rĂ©gionales. La station mĂ©tĂ©orologique de MĂ©tĂ©o-France installĂ©e sur la commune et mise en service en 1998 permet de connaĂźtre l'Ă©volution des indicateurs mĂ©tĂ©orologiques[14]. Le tableau dĂ©taillĂ© pour la pĂ©riode 1981-2010 est prĂ©sentĂ© ci-aprĂšs.
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
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Température minimale moyenne (°C) | 2,7 | 3 | 4 | 5,5 | 8,6 | 11,2 | 12,6 | 12,5 | 10,4 | 8,4 | 5,1 | 2,7 | 7,2 |
Température moyenne (°C) | 5,6 | 6,2 | 8,1 | 10,2 | 13,5 | 16,6 | 17,9 | 17,8 | 15,7 | 12,4 | 8,4 | 5,5 | 11,5 |
Température maximale moyenne (°C) | 8,6 | 9,5 | 12,1 | 15 | 18,4 | 22 | 23,3 | 23,1 | 21,1 | 16,5 | 11,8 | 8,4 | 15,8 |
Record de froid (°C) date du record |
â8,3 12.01.10 |
â7,6 11.02.12 |
â7 01.03.05 |
â2,6 11.04.03 |
â0,8 01.05.16 |
3 11.06.11 |
4,9 10.07.04 |
5,5 21.08.14 |
1,7 26.09.10 |
â1,9 29.10.03 |
â6,5 22.11.1998 |
â7,8 29.12.05 |
â8,3 2010 |
Record de chaleur (°C) date du record |
17,7 27.01.03 |
22 27.02.19 |
23,5 30.03.21 |
27,2 20.04.18 |
30,5 26.05.17 |
34,4 22.06.03 |
36,4 23.07.19 |
39,2 05.08.03 |
31,7 04.09.13 |
29 02.10.11 |
20,3 01.11.15 |
16,2 19.12.15 |
39,2 2003 |
Précipitations (mm) | 97 | 73,9 | 80,9 | 64,9 | 68 | 40 | 73,5 | 56,8 | 60,2 | 104,6 | 105 | 106,7 | 931,5 |
Cadre géologique
Merdrignac est situé dans le domaine centre armoricain, unité géologique du Massif armoricain qui est le résultat de trois chaßnes de montagnes successives. Le site géologique du Merdrignac se situe plus précisément dans un vaste bassin sédimentaire au relief peu marqué et aux sols pauvres. Dans ce bassin briovérien, les sédiments (formations indifférenciées constituées d'une alternance silto-gréseuse) issus de l'érosion du segment occidental la chaßne cadomienne se sont accumulés sur plus de 15 000 m d'épaisseur et se sont métamorphisés (schistes briovériens souvent altérés en argiles grises ou noires). Merdrignac est à l'est du massif de Plémet-Ménéac, pluton granitique qui s'est inséré dans le plateau schisteux en y développant à son contact des auréoles de métamorphisme de contact (micaschistes à andalousite, cornéennes)[15]. Des placages de limons éoliens couvrent réguliÚrement tous les interfluves et une bonne partie des versants[16].
Urbanisme
Typologie
Merdrignac est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou trÚs peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 4] - [17] - [18] - [19]. Elle appartient à l'unité urbaine de Merdrignac, une unité urbaine monocommunale[20] de 2 930 habitants en 2017, constituant une ville isolée[21] - [22]. La commune est en outre hors attraction des villes[23] - [24].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnĂ©es europĂ©enne dâoccupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquĂ©e par l'importance des territoires agricoles (66,9 % en 2018), une proportion identique Ă celle de 1990 (67,2 %). La rĂ©partition dĂ©taillĂ©e en 2018 est la suivante : terres arables (42,9 %), forĂȘts (21,6 %), zones agricoles hĂ©tĂ©rogĂšnes (15,1 %), prairies (8,9 %), milieux Ă vĂ©gĂ©tation arbustive et/ou herbacĂ©e (7,9 %), zones urbanisĂ©es (3,2 %), eaux continentales[Note 5] (0,5 %)[25].
L'IGN met par ailleurs Ă disposition un outil en ligne permettant de comparer lâĂ©volution dans le temps de lâoccupation des sols de la commune (ou de territoires Ă des Ă©chelles diffĂ©rentes). Plusieurs Ă©poques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aĂ©riennes : la carte de Cassini (XVIIIe siĂšcle), la carte d'Ă©tat-major (1820-1866) et la pĂ©riode actuelle (1950 Ă aujourd'hui)[26].
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous les formes Medrinniaco en 1118, Medrenniaco en 1164[27], Medrignac et Merdrignac au XIIe siÚcle, Medreniac et Meidrignac en 1201, Medregnac en 1220, Merdregniac en 1229, Medreignac en 1245, Medregniac et Merdreigniac en 1251, Merdrignac en 1255, Medregniac en 1269, Medregnac vers 1330, Medrignac en 1479 et en 1490[28].
Dans ce toponyme, -ac reprĂ©sente le suffixe vieux-celtique -ako-s passĂ© sous la forme ac- en gallo-romain et correspondant exact du breton -ec (Ă©crit -eg dans les noms de lieu en breton moderne)[28]. Pour l'Ă©tymologie, le premier -r- fait difficultĂ©, d'autant qu'il n'apparaĂźt pas dans toutes les formes anciennes. On hĂ©site donc entre une explication par le nom d'un fondateur gallo-romain *Maternu(s), plus prĂ©cisĂ©ment avec un diminutif *Materinius, ou bien un gallo-roman *martiriacum dĂ©signant un Ă©tablissement dotĂ© d'un cimetiĂšre paroissial. Le groupe -tr- a rĂ©sistĂ©, peut-ĂȘtre sous l'effet du breton. (Il a paru raisonnable d'Ă©crire en breton moderne Medrenieg.)
Histoire
Préhistoire
Des traces d'habitats, datant successivement du néolithique, de l'ùge du bronze ainsi que de l'époque gauloise, ont été mises au jour en 2019[29] sur le territoire de la commune.
Origine
Merdrignac est une ancienne paroisse primitive gallo-romaine qui englobait jadis outre le territoire actuel de Merdrignac, ceux de d'Illifaut et de Trémorel
La famille de Merdrignac existe aux XIe et XIIe siÚcles. Son nom s'écrit, en latin, de Merdrinniaco en 1118, de Merdrenniaco en 1164 (Mor., Pr. I, 539, 654). La seigneurie de Merdrignac est pourvue d'une mesure propre dÚs 1255. La paroisse appartient, sous l'Ancien Régime, au diocÚse de Saint-Malo. L'ancienne paroisse de Merdrignac avait pour subdélégation Montauban et pour ressort Ploërmel. Sa cure était à l'alternative. Merdrignac élit sa premiÚre municipalité au début de 1790.
Moyen Ăge
En 1351, le seigneur de Merdrignac, Jean de Beaumanoir, fut le principal héros du combat des Trente livré entre Josselin et Ploërmel. En 1426, Merdrignac comptait cent soixante familles, dont quinze familles nobles. En 1626, Merdrignac fut trÚs éprouvé par une épidémie de peste (277 morts, soit un dixiÚme de la population environ). En 1633, une nouvelle épidémie fit 222 morts. Il y eut de nouvelles épidémies en 1639, 1651 et 1661. En 1630, Merdrignac comptait prÚs de 3 000 habitants. En 1770, elle en comptait 2 500. En 1790, elle en comptait 1 900. DÚs le début du XVIIe siÚcle, il y avait à Merdrignac un médecin résident, ce qui était alors trÚs rare en Bretagne intérieure.
Ăpoque moderne
Au dĂ©but du XVIIe siĂšcle, le seigneur de Merdrignac Ă©tait Philippe-Emmanuel de Gondi (1581-1662), comte de Joigny, gĂ©nĂ©ral des galĂšres, grand figure de la RĂ©forme catholique qui confia Ă son confesseur, Monsieur Vincent, le soin d'Ă©vangĂ©liser ses terres. Monsieur Vincent vint Ă St MĂ©en-le-Grand. On ne sait s'il est venu prĂȘcher Ă Merdrignac. Plus tard, la seigneurie passa au Derval puis, par mariage, aux Saint-Pern. Au XVIIIe siĂšcle, Merdrignac Ă©tait un bourg de prĂšs de trois mille habitants (sept cent cinquante foyers environ) enrichi par le commerce des toiles de chanvre et par ses foires. Il y avait Ă Merdrignac un marchĂ© important le mercredi ; des foires se tenaient notamment Ă la Saint-Thomas, Ă la Saint-Pierre et Ă la Toussaint. On y trouvait des draperies, des toiles, des cuirs, des bestiaux, de la laine, du beurre, de la morue et du blĂ©. Dans cette partie de la Bretagne, les paysans Ă©taient presque tous propriĂ©taires de quelques arpents, habituellement quatre ou cinq hectares. La terre Ă©tait peu fertile. En 1739, Merdrignac acquitta 2429 livres de capitation. Le registre recense 661 cotes. La moyenne des contributions s'Ă©tablit Ă 3 livres 10 sols. 29 contribuables acquittent plus de 10 livres. 54 entre 7 et 10 livres, 96 entre 5 et 7 livres, 176 entre 3 et 5 livres. On recense 48 domestiques. 6 familles en ont deux ; 36 familles en ont un. En tout 6,3 % des mĂ©nages emploient un domestique. En 1741, Merdrignac paya 2493 livres de capitation. En cette circonstance, le rĂ©dacteur note l'impossibilitĂ© d'Ă©tablir avec prĂ©cision les revenus de chacun, les uns parlant d'une maniĂšre, les autres de l'autre, ce qui fait que Merdrignac est moins imposĂ© que les paroisses voisines : "Les habitants de Merdrignac qui sont imposĂ©s dix livres et au-dessus ont plus de deux cents livres de rentes ou quelque commerce, il y a plusieurs habitants de quatre cents livres de rentes, il y a aussi plusieurs pauvres qui n'ont pas Ă©tĂ© employĂ©s Ă prĂ©sent".
La paroisse reçut en 1707 la visite de Louis-Marie Grignion de Montfort qui prĂȘcha une mission. Elle eut pour curĂ© l'abbĂ© de Chateaubriand, oncle de l'Ă©crivain François-RenĂ© de Chateaubriand, qui Ă©tait rĂ©putĂ© pour sa gĂ©nĂ©rositĂ© et sa saintetĂ© : "Au lieu de quĂȘter les bĂ©nĂ©fices que son nom lui aurait pu procurer et avec lesquels il aurait soutenu ses frĂšres, il ne sollicita rien par fiertĂ© et par insouciance. Il s'ensevelit dans une cure de campagne et fut successivement recteur de Saint-Launeuc et de Merdrignac. il avait la passion de la poĂ©sie ; j'ai vu bon nombre de ses vers. Le caractĂšre joyeux de cette espĂšce de noble Rabelais, le culte que ce prĂȘtre chrĂ©tien avait vouĂ© aux Muses dans un presbytĂšre excitaient la curiositĂ©. il donnait tout ce qu'il avait et mourut insolvable" (MĂ©moires d'Outre-tombe, t. 1 p. 48) Le tĂ©moignage du chanoine Souchet est tout aussi louangeur : « On voit encore au presbytĂšre de Merdrignac un beau cadran en ardoise qui est lâouvrage de ses mains qui en y traçant un grand nombre dâindications astronomiques ont montrĂ© quâil avait Ă©tudiĂ© avec succĂšs lâuranographie. Mais ce qui le rend plus recommandable, câest la rigiditĂ© de ses mĆurs, sa rĂ©gularitĂ©, son zĂšle, sa piĂ©tĂ©. DĂšs quâil apprenait quâune division Ă©tait survenue entre ses paroissiens, il intervenait aussitĂŽt et sa charitĂ© empĂȘchait tous les procĂšs [âŠ] Les ouvriers qui creusĂšrent sous lâĂ©glise, sous la rĂ©publique, pour faire du salpĂȘtre, trouvĂšrent, sans aucune altĂ©ration, le corps du vĂ©nĂ©rĂ© recteur enterrĂ© depuis bien des annĂ©es et quâils sâempressĂšrent de recouvrir de terre » (Chronique religieuse de Merdrignac).
Révolution française
Lors de la convocation des Ătats gĂ©nĂ©raux, Merdrignac subit lâinfluence de Rennes. Les bourgeois de la petite ville influencĂšrent le cahier de dolĂ©ances, y portant certaines revendications des sociĂ©tĂ©s de pensĂ©e. Des formulations identiques relevĂ©es dans les cahiers de Merdrignac et de St VĂ©ran montrent que ces deux paroisses ont, pour une part, recopiĂ© un modĂšle. Ă ces revendications se trouvĂšrent mĂȘlĂ©es des prĂ©occupations rurales. Le ton reste trĂšs modĂ©rĂ©. AprĂšs avoir adressĂ© leurs « remerciements au souverain bienfaisant dont les vues vraiment paternelles nous permettent de faire parvenir jusquâĂ lui le dĂ©tail des maux sous le poids desquels nous gĂ©missons depuis si longtemps », à « un roy qui ne veut rĂ©gner que pour le bonheur de ses peuples », ils rĂ©clamaient, Ă lâarticle premier, le doublement de la reprĂ©sentation du Tiers-Etat, et le vote par tĂȘte, aux Ătats gĂ©nĂ©raux comme aux Ătats provinciaux ; que la population des campagnes y soient reprĂ©sentĂ©es Ă proportion de son importance1 ; que les Ătats gĂ©nĂ©raux « ayent lieu au moins tous les six ans » ; ils demandaient que les ministres rendent des comptes au public tous les ans, et soient poursuivis en cas de malversation (XII) ; ils rĂ©clamaient lâĂ©galitĂ© devant lâimpĂŽt (V), ainsi que lâĂ©gal accĂšs aux charges civiles et militaires (II). Ils demandaient que les pensions soient rĂ©duites aux deux-tiers (IV). Ils demandaient que la justice soit simplifiĂ©e, uniquement rendue au nom du Roi, quâun tribunal fĂ»t Ă©tabli Ă Merdrignac dont lâappel serait portĂ©, selon la gravitĂ© de lâaffaire, devant le Parlement ou devant le prĂ©sidial, de sorte Ă rĂ©duire le nombre de degrĂ©s de juridictions (VIII). Ils demandaient que les « enrĂŽlements forcĂ©s » soient supprimĂ©s (VII). Ils rĂ©clamaient que les Ă©vĂȘques, les abbĂ©s et les recteurs rĂ©sident effectivement dans leurs diocĂšses, abbayes et paroisses, et ne puissent sâen Ă©loigner plus de quinze jours dâaffilĂ©e ; que les revenus des titulaires de bĂ©nĂ©fices ecclĂ©siastiques soient rĂ©duits au profit de lâĂtat (XI). Ils demandaient lâabolition des garennes « flĂ©aux si terribles Ă lâagriculture » (VI), que chacun ait le droit de chasser sur ses terres (XIII), ainsi que le droit de racheter les rentes seigneuriales dont la perception Ă©tait regardĂ©e comme « avilissante » (IX).
Cependant, il est curieux de remarquer que lâassemblĂ©e paroissiale, trĂšs restreinte, dĂ©signa pour la reprĂ©senter Ă PloĂ«rmel un contrĂŽleur des actes et un avocat. Aucun laboureur ne fut Ă©lu.
La Constitution civile du clergĂ©. et le serment des prĂȘtres suscita dans toute la contrĂ©e de vives rĂ©actions dâhostilitĂ©. Les prĂȘtres de la contrĂ©e refusĂšrent presque tous de prĂȘter serment Ă la Constitution civile du ClergĂ©. Le , le recteur de Merdrignac, lâabbĂ© Pierre Morin, et ses vicaires, refusĂšrent de prĂȘter serment Ă une constitution « contraire Ă la Religion catholique apostolique et Romaine et Ă la discipline de lâEglise »1. Dans lâactuel canton de Merdrignac, seuls les recteurs dâIllifaut et de Saint-Launeuc prĂȘtĂšrent serment, ce dernier, lâabbĂ© CoudĂ©, ne tardant pas dâailleurs Ă le rĂ©tracter2. Si certains prĂȘtres insermentĂ©s durent sâexiler Ă Jersey, beaucoup demeurĂšrent au pays. Ces prĂȘtres jouĂšrent un rĂŽle essentiel au cours des troubles. Bravant la persĂ©cution, ils continuĂšrent Ă cĂ©lĂ©brer la messe, Ă confesser, Ă baptiser, Ă marier les fidĂšles, Ă porter les saintes huiles aux agonisants, prĂȘchant toujours le pardon des offenses et la rĂ©conciliation. GrĂące Ă leur courage, Ă leur sacrifice, les populations purent nourrir leurs Ăąmes des sacrements de lâEglise
1 Gérard Huet, La tourmente révolutionnaire, pp. 98-99.
2 Les rĂ©fractaires sây comptaient quatorze sur seize.
Des manifestations eurent lieu dans ces deux paroisses Ă partir de lâĂ©tĂ© 1791. Lorsque le prieur de Bon Repos, lâabbĂ© Huet, fut Ă©lu curĂ© de Merdrignac une dĂ©lĂ©gation de douze notables, conduite par le maire, Mathurin Gaborel, tenta de le convaincre de ne pas accepter cette nomination. Il en fut si inquiet quâil rĂ©clama du district une escorte pour prendre possession de la cure. Le , une protestation Ă©crite formulĂ©e contre lâinstallation du prĂȘtre jureur Ă Merdrignac entraĂźna lâincarcĂ©ration dâune soixantaine de signataires. Les prĂ©venus furent traitĂ©s avec duretĂ© mais firent front avec dignitĂ©, comme en tĂ©moignent les procĂšs-verbaux conservĂ©s. Aux questions posĂ©es, ils apportĂšrent des rĂ©ponses brĂšves, avec le souci de ne compromettre personne. Quand on leur demanda sâils avaient entendu le sieur Morin prĂȘcher contre la Constitution, ils rĂ©pondirent que non. Comme on demandait Ă François Belot, du PresbytĂšre, sâil assistait Ă la messe de la paroisse (cĂ©lĂ©brĂ©e par le prĂȘtre constitutionnel), il rĂ©pondit quâil assistait Ă la messe dans dâautres chapelles, « parce que [ses] affaires les appellent ailleurs ». Quand on lui demanda sâil croyait que « la messe cĂ©lĂ©brĂ©e par le curĂ© et le vicaire actuel de Merdrignac Ă©tait aussi bonne et efficace que celle du sieur Morin, ex-curĂ© », il rĂ©pondit quâil « nâest pas assez savant pour dĂ©cider de cette question-là ». On lui rĂ©torqua « quâil nâest pas nĂ©cessaire dâĂȘtre savant pour croire ce que lâon croit ». Et la rĂ©ponse de fuser : « La croyance est pour moi et je nâen dois compte Ă personne ». De son cĂŽtĂ©, François Belot, de TrĂ©gat, affirma que « selon le bruit public », la messe et les sacrements des nouveaux pasteurs « ne valent rien ». La population presque unanime boudait le juroux. Seuls quelques patriotes frĂ©quentaient sa messe, quelques dizaines tout au plus1.
1 Lorsque le directoire du dĂ©partement condamna le les habitants de Merdrignac Ă supporter les frais de lâexpĂ©dition militaire, il en exempta nommĂ©ment soixante-huit patriotes. Or Merdrignac comptait environ sept cents chefs de famille.
De grands rassemblements religieux avaient lieu dans la campagne, en particulier Ă la croix de la Petite Chapelle. Dans la Chronique de Merdrignac, le chanoine Souchet raconte : « Tandis que lâĂ©glise de lâintrus Ă Merdrignac Ă©tait dĂ©serte, la foule accourrait Ă la croix de la Petite Chapelle. Le terrain vague autour ne suffisait pas Ă lâassistance qui refluait dans les champs voisins. On rĂ©citait des chapelets en commun, presque sans interruption ; puis, Ă la fin, on faisait une procession autour de la croix. En passant derriĂšre, on baisait la pierre dans laquelle elle Ă©tait plantĂ©e. Chacun suivait sa dĂ©votion. Une diseuse de chapelet commençait quand bon lui semblait. Les voisins rĂ©pondaient. Avant quâelle eĂ»t fini, une autre voix sâĂ©levait plus loin. Il avait un continuel mouvement dâarrivĂ©es et de dĂ©parts. Les chemins Ă©taient pleins de monde. Ă mesure que la persĂ©cution devenait plus acharnĂ©e, la ferveur grandissait. Les pĂšlerinages du dimanche ne suffisaient plus. Tous les soirs, en toute saison, aprĂšs souper, dans les villages on se donnait le signal avec ces cornes de bĆuf dont se servent les mĂ©nagĂšres pour appeler les ouvriers des champs Ă dĂźner. La bruyante musique ne cessait quâen arrivant au rendez-vous. LĂ , on se mettait en priĂšre, on rĂ©citait le chapelet et si le temps Ă©tait favorable, on Ă©coutait une lecture pieuse que faisait un Ă©colier dont la RĂ©volution avait entravĂ© les Ă©tudes » (citĂ© dans lâHistoire populaire de la Chouannerie, p. 220). Les messes Ă©taient cĂ©lĂ©brĂ©es par le vicaire insermentĂ© de la paroisse, lâabbĂ© Thomas. Il vivait au milieu de ses ouailles, sous un dĂ©guisement, tantĂŽt habillĂ© en maçon, tantĂŽt en bourgeois. Les prĂ©cautions nĂ©cessaires Ă lâaction clandestine furent prises rapidement : « Jamais deux dimanches consĂ©cutifs la messe nâĂ©tait dite au mĂȘme endroit. Ainsi elle se dit successivement aux Rues dâen bas, maison de Carmonet, au eau-commun, maison des Potier, au pont-Hervard, maison des ThĂ©bault, au Breil, maison Gaborel, Ă la Hamonie, maison LĂ©jard, Ă la BochĂ©riais, dâen bas, maison de Catherine Bouaisic, Ă la BrĂ©haudiĂšre, maison des Jamet, au Perron, maison des ThĂ©bault ; Ă Retren, maison dâen haut des Josse, Ă la Ville-es-Bagot, maison des Gaborel ; au grand Fro, maison des Souchet ; au Petit-Fro dâen bas, maison des Gatard ; au chĂąteau de la VallĂ©e, es-FouĂ©es, maison des CrĂ©taux, Ă TrĂ©gat, mĂ©tairie des Hue. On choisissait de prĂ©fĂ©rence les lieux les moins abordables ». LâĂąme de cette rĂ©sistance Ă©tait Marguerite Alis qui fut « lâapĂŽtre de Merdrignac » : « Elle travailla tant pour la foi quâelle attira Ă elle toute la paroisse, sauf quelques maisons de la ville oĂč il y avait de chauds partisans de la rĂ©volution⊠Partout oĂč est lâabbĂ© Thomas, elle pourvoit Ă ses besoins sans sortir de chez elle et le fait avertir quand il y a des malades en danger » (Chronique religieuse de Merdrignac).
Le , lors des Ă©lections municipales, la prĂ©tention des patriotes de Merdrignac de rĂ©server le droit de vote aux seuls citoyens actifs inscrits sur le rĂŽle de la garde nationale et ayant effectuĂ© des dons patriotiques suscita des troubles graves au cours desquelles la cocarde et les couleurs de la RĂ©volution furent insultĂ©es. Une municipalitĂ© contre-rĂ©volutionnaire furent Ă©lus, avec pour maire le frĂšre de lâun des vicaires rĂ©fractaires, Jean Gaborel1.
1 Gérard Huet, La tourmente révolutionnaire, p. 127.
Au printemps 1793, la conscription provoqua des troubles Ă Merdrignac. Les insoumis furent nombreux.
La municipalitĂ© de Merdrignac Ă©tait, depuis plusieurs mois, rĂ©guliĂšrement dĂ©noncĂ©e au district par les membres de la sociĂ©tĂ© populaire fondĂ©e le par Huet, le curĂ© jureur, lequel Ă©crivait Ă lâĂ©poque: « Nous avons cru (âŠ) que lâĂ©tablissement dâune sociĂ©tĂ© populaire dans la petite ville de Merdrignac pourrait du moins y maintenir les droits constitutionnels (âŠ) Nous nous en sommes efficacement occupĂ©s quoique nous ne soyons pas un trĂšs grand nombre » (AD 22 101 L 4). La municipalitĂ© fut suspendue le afin « dâĂ©touffer les germes de lâinsurrection qui se fomente dans cette paroisse ». Huet avait alors quittĂ© Merdrignac pour se rĂ©fugier Ă Broons, oĂč ruminant son Ă©chec, il usa de ses pouvoirs de prĂ©sident du directoire pour persĂ©cuter ses anciens paroissiens. Merdrignac fut ainsi occupĂ© pendant plusieurs mois par un fort contingent de cavalerie qui logea dans lâĂ©glise et chez lâhabitant, dans le bourg et dans les villages les moins Ă©loignĂ©s de celui-ci. LâĂ©glise de Merdrignac fut alors complĂštement ravagĂ©e. Sur lâordre de la nouvelle municipalitĂ©, cloches, calices, chasubles, chapes et chandeliers furent, au printemps 1794, saisis et livrĂ©s au district. Les boiseries et le plancher furent brĂ»lĂ©s. Le sol fut creusĂ© pour en extraire du salpĂȘtre. Pis encore, les tombes qui sây trouvaient furent violĂ©s. La croix du cimetiĂšre, « le plus beau monument du pays », en dentelle de granit, fut dĂ©truite. Les bourgeois jacobins qui dominaient la sociĂ©tĂ© populaire et le conseil municipal faisaient rĂ©gner la terreur. Ils se prĂ©sentaient comme des « amis infatigables de la libertĂ© et de lâĂ©galitĂ©, placĂ©s au milieu de lâaristocratie la plus dĂ©gradante, environnĂ©s de toutes parts de citoyens fanatisĂ©s par des prĂȘtres rebelles [âŠ]. Ils firent dresser un autel de la patrie ; ils imposĂšrent aux hommes de monter la garde Ă tour de rĂŽle auprĂšs de lâarbre de la libertĂ© quâils avaient plantĂ© Ă lâautomne 1792, arbre qui nâen fut pas moins arrachĂ© Ă deux reprises.
La chouannerie commença au printemps 1794. Elle est nĂ©e du refus des jeunes hommes de sacrifier Ă la rĂ©quisition militaire. Elle fut aussi une rĂ©action de dĂ©fense de la population contre la terreur qui pesait sur tout le pays. Son succĂšs fut rapide. Les habitants de MĂ©nĂ©ac Ă©taient alors rĂ©putĂ©s tous royalistes, « Ă quatre exceptions prĂšs ». La population soutenait la Chouannerie : « Les gens qui font profession de chouannage sont en plus grand nombre dans les cantons de Bignan et La TrinitĂ© ». Le , cent cinquante chouans Ă©taient signalĂ©s aux environs de GrĂ©nĂ©dan. Le suivant, la terreur sâemparait des Bleus : « nous sommes environnĂ©s dâune horde scĂ©lĂ©rate de brigands dont on ne connaĂźt pas prĂ©cisĂ©ment le nombre mais que lâon porte Ă mille cinq cents au moins ». Un camp chouan fut signalĂ© Ă Illifaut entre le 10 et le ; ils sây seraient trouvĂ©s entre quatre cents et cinq cents hommes. Le , quatre cents chouans occupĂšrent Merdrignac. Des renforts furent envoyĂ©s le jour mĂȘme Ă la municipalitĂ© de Merdrignac par le district de Broons : quatre cents hommes arrivĂšrent de LoudĂ©ac le .
Les chouans Ă©taient alors commandĂ©s par le comte de Boulainvilliers. SoupçonnĂ© de connivences avec lâennemi, Boulainvilliers fut, sur lâordre de Pierre Guillemot, arrĂȘtĂ© le au manoir de Kernicol, chez lâune de ses amies, conduit dans le village voisin de Kerhenvy pour y ĂȘtre fusillĂ©. Son corps nâa jamais Ă©tĂ© retrouvĂ©.
Au cours de lâhiver 1794-1795, Ă Merdrignac, « le parti des Chouans Ă©tait devenu le plus fort, il y avait ordinairement moins Ă craindre, parce quâil nây avait plus de garnison Ă Merdrignac et que les plus chauds rĂ©volutionnaires tremblaient Ă leur tour » (Chronique de Merdrignac). Le , la municipalitĂ© de Merdrignac se plaignait encore que : « Les Chouans sont venus deux fois chez nous ». CommandĂ©s par Pierre Robinot de Saint-RĂ©geant, les chouans prirent Ă nouveau Merdrignac le et le , sâemparant des fusils et des munitions. Dans la nuit du 3 au , six patriotes, membres de la municipalitĂ© et de la sociĂ©tĂ© rĂ©publicaine, furent assassinĂ©s. Les autres membres du conseil municipal sâenfuirent1. Les Bleus Ă©taient paniquĂ©s : « Les bons habitants sont terrorisĂ©s, les mauvais sont fanatisĂ©s au point que lâon aura bien de la peine Ă acquĂ©rir les connaissances nĂ©cessaires pour la punition des plus coupables. Ce pays-ci est un pays tout Ă fait perdu » (). Ils demandĂšrent lâĂ©tablissement dâun casernement permanent de cent hommes, soldats que lâon logerait chez lâhabitant afin de mieux le surveiller. Il y avait certes dans la rĂ©gion quelques paroisses rĂ©volutionnaires comme Paimpont, Saint-Malon, PlĂ©lan et Muel. Toutes les autres Ă©taient contre-rĂ©volutionnaires. Le marquis du Plessis de GrĂ©nĂ©dan commandait Ă Illifaut. Le chevalier de Troussier commandait dans la forĂȘt de La NouĂ©e les Chouans de MĂ©nĂ©ac. De Langourla Ă La TrinitĂ©-PorhoĂ«t, en passant par GomĂ©nĂ© et TrĂ©morel, le chevalier de Tressan, La Cour, Le Voyer, Pichot et Campion Ă©taient, sous les ordres de Saint-RĂ©geant, les principaux officiers de la chouannerie2.
Au moment du dĂ©barquement de Quiberon, il y eut, semble-t-il, une vĂ©ritable levĂ©e en masse. Le , Saint-RĂ©geant, chef des chouans de MĂ©nĂ©ac et Merdrignac, rejoignit TintĂ©niac Ă La TrinitĂ©-PorhoĂ«t, lâaidant Ă repousser une attaque du gĂ©nĂ©ral Champeaux. Le lendemain, il participa au combat de CoĂ«tlogon dans la nuit du 17 au . Le , une expĂ©dition des Chouans fut organisĂ©e pour recevoir des armes Ă Rhuys: Partis quatre mille de St MĂ©en-le-Grand, ils Ă©taient huit mille Ă MĂ©nĂ©ac. Les dossiers de demande de pensions dĂ©posĂ©s sous la Restauration Ă©voquent la prĂ©sence des chouans de Merdrignac Ă plusieurs batailles : CoĂ«tlogon et Quintin (), Le FrĂȘne de NĂ©ant (), Auray, Ploumaugast, et LocminĂ©, le , oĂč Saint-RĂ©geant, Ă la tĂȘte de huit cents hommes affronta mille cinq cents Bleus, avant dâĂȘtre secouru par Guillemot, bataille qui aurait fait deux cents morts cĂŽtĂ© Blanc et deux cent cinquante cĂŽtĂ© Bleu.
1 Quelque temps plus tard, fut portĂ© Ă la mairie Jean Potier, un catholique dont la famille protĂ©geait les prĂȘtres insermentĂ©s.
2 Pascal Rouxin, Le Méné à travers la Révolution, p. 372.
Le , lâadministration estimait que Merdrignac Ă©tait « composĂ© presque en totalitĂ© de royalistes bien connus, protecteurs du parti chouan ». Pourtant, Ă cette Ă©poque, des nĂ©gociations Ă©taient menĂ©es afin de pacifier les provinces de lâOuest. LâAnjou et le Maine avaient dĂ©jĂ dĂ©posĂ© les armes. La Bretagne ne tarda pas Ă imiter leur exemple. Le , une soixantaine de Chouans rentrĂšrent Ă Merdrignac aprĂšs avoir fait leur soumission Ă Josselin. Cependant, la chouannerie reprit bientĂŽt. AprĂšs le coup dâEtat de Fructidor, de nouvelles persĂ©cutions accablĂšrent les prĂȘtres rĂ©fractaires. Le mĂ©contentement ne cessait de croĂźtre dans les campagnes. Les mesures de proscription prises par les Jacobins contre les chouans et leurs familles, les arrestations, rĂ©quisitions et confiscations de biens dressĂšrent Ă nouveau la population contre la RĂ©publique. Saint-RĂ©geant sâempara de Merdrignac le . Les Chouans affirmaient alors quâils ne rendraient les armes quâune fois le Roi revenu et lâAncien RĂ©gime entiĂšrement rĂ©tabli.
Le concordat et le retour de la paix furent accueillis avec enthousiasme. « Il y eut Ă Merdrignac une joie excessive. Tout le monde, mĂȘme les rĂ©volutionnaires, se plaignaient de la rĂ©volution. On respira. Ce nâĂ©taient que festins, rĂ©jouissances, amusements de toute sorte. Il nây avait plus dâennemis. On alla peut-ĂȘtre trop loin. On se livra au jeu et bien des gens se ruinĂšrent » (t. II, p. 434). Lorsque le nouvel Ă©vĂȘque de St Brieuc, Mgr Caffarelli, vint, en , confĂ©rer le sacrement de confirmation, la population se pressa chaleureusement Ă sa rencontre. Cependant, Merdrignac Ă©tait complĂštement ruinĂ©, Ă lâinstar de son Ă©glise, jadis si belle, dĂ©sormais complĂštement dĂ©pouillĂ©e, dont la tour et les murs menaçaient ruine. Il fallut plusieurs dĂ©cennies Ă la petite ville pour se relever des ravages de la RĂ©volution.
Le XIXe siĂšcle
Au début du XIXe siÚcle, la commune s'étendait sur 5 748 ha. Il y avait 2 097 ha de terres labourables (36 %), 357 ha de prés, 1 611 ha de bois, 1 344 ha de landes (23 %) et 52 ha d'étangs.
Le XXe siĂšcle
Lors de la querelle des inventaires, une manifestation d'opposants réunit plus de cinq cents personnes.
Les guerres du XXe siĂšcle
Le monument aux morts porte les noms de 173 soldats morts pour la Patrie[30] :
- 145 sont morts durant la PremiĂšre Guerre mondiale ;
- 25 sont morts durant la Seconde Guerre mondiale ;
- 1 est mort durant la guerre d'Algérie ;
- 2 sont morts durant la guerre d'Indochine.
La PremiĂšre guerre mondiale
Un soldat originaire de Merdrignac, EugÚne Bouleau[31], du 128e régiment d'infanterie, fut fusillé pour l'exemple le à Vouillers (Marne)[32].
Politique et administration
Liste des maires
DĂ©mographie
Entre 1999 et 2010, la population de la ville de Merdrignac a augmenté de plus de 3 %.
L'Argoat est devenu attractif pour la population d'origine britannique (du moins avant le Brexit) : selon l'INSEE, en 2016, les cinq bassins de vie bretons oĂč la part de la population de nationalitĂ© anglaise Ă©taient les plus nombreux Ă©taient dans l'ordre ceux de Callac (7,8 %), Huelgoat (6,8 %), GuĂ©menĂ©-sur-Scorff (5,1 %), Rostrenen (4,7 %) et Merdrignac (3 %)[39], en partie Ă cause de la modicitĂ© des prix de l'immobilier en Bretagne intĂ©rieure.
L'Ă©volution du nombre d'habitants est connue Ă travers les recensements de la population effectuĂ©s dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquĂȘte de recensement portant sur toute la population est rĂ©alisĂ©e tous les cinq ans, les populations lĂ©gales des annĂ©es intermĂ©diaires Ă©tant quant Ă elles estimĂ©es par interpolation ou extrapolation[40]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© en 2008[41].
En 2020, la commune comptait 2 954 habitants[Note 6], en augmentation de 1,34 % par rapport Ă 2014 (CĂŽtes-d'Armor : +1,05 %, France hors Mayotte : +1,9 %).
Ăconomie
La ville de Merdrignac fait partie des rares villes des CĂŽtes-d'Armor Ă avoir plus d'emplois Ă proposer que d'actifs occupĂ©s sur sa commune (1 118 emplois â 1 116 actifs occupĂ©s).
Son économie se caractérise principalement par :
- le dynamisme de ses entreprises, avec notamment les parcs d'activités Racine 1 et 2 ;
- son statut de bassin de vie intermédiaire au niveau commercial, artisanal et des services. Le centre-ville de Merdrignac compte plus de 50 enseignes commerciales ;
- un environnement scolaire particuliÚrement riche (1 lycée professionnel et CFA, 2 collÚges, 2 écoles primaires) qui concentre un nombre d'emplois important ;
- son marché du mercredi matin place du Centre.
Culture et Loisirs
- Un cinéma.
- Une médiathÚque.
- Une Ă©cole de musique.
- Une piscine.
- Un complexe sportif moderne (2003).
- Le val de LandrouĂ«t et son Ă©tang (village de gĂźtes, camping, base loisirs : aires de jeux, mini-golf, Ă©tangs pour la pĂȘche, chemins de randonnĂ©es, terrain de volley, basket, tennis plein air et couvert).
Lieux et monuments
- La Manoir du Vieux Bourg.
- Mairie.
- Ăglise Saint-Pierre.
Quelques lieux et monuments historiques[44] :
- le manoir de La Peignie est construit sur les restes dâun ancien chĂąteau du XIIIe siĂšcle ;
- le chĂąteau de KernuĂ© (XXe siĂšcle), Ćuvre de l'architecte rennais Poirier ;
- le manoir de la Vallée (1672), appartenant originellement aux Le Voyer ;
- la mairie (XIXe siĂšcle), que l'on doit Ă l'architecte Labartette ;
- le lavoir de Cartady ;
- la chapelle Sainte-Brigitte (1872), dédiée à sainte Brigitte de Kildare.
Outre ces monuments, Merdrignac comporte :
- l'Ă©glise paroissiale Saint-Pierre renfermant un chemin de croix de Xavier de Langlais ;
- deux Ă©coles primaires ;
- deux collĂšges ;
- un lycée agricole ;
- un CFA ;
- une médiathÚque ;
- un stade de sport ;
- une piscine ;
- deux Ă©tangs ;
- un camping et divers commerces.
Personnalités liées à la commune
- Louis Guillois, médecin, sénateur, député, conseiller général du Morbihan, maire de Ploërmel, est né à Merdrignac le .
- Jacqueline Chevé, sénatrice, conseillÚre régionale de Bretagne, conseillÚre municipale de Loudéac, est née à Merdrignac le .
- Joseph Stuart, chevalier de Saint-Louis, exilĂ© Ă Merdrignac, y est mort le . Il avait Ă©migrĂ© avec le dernier prĂ©tendant au trĂŽne d'Ăcosse, le prince Charles Ădouard Stuart son cousin germain.
- Martial MĂ©nard, lexicographe et Ă©diteur breton.
Notes et références
Notes
- Les normales servent à représenter le climat. Elles sont calculées sur 30 ans et mises à jour toutes les décennies. AprÚs les normales 1971-2000, les normales pour la période 1981-2010 ont été définies et, depuis 2021, ce sont les normales 1991-2020 qui font référence en Europe et dans le monde[10].
- L'amplitude thermique annuelle mesure la différence entre la température moyenne de juillet et celle de janvier. Cette variable est généralement reconnue comme critÚre de discrimination entre climats océaniques et continentaux.
- Une précipitation, en météorologie, est un ensemble organisé de particules d'eau liquide ou solide tombant en chute libre au sein de l'atmosphÚre. La quantité de précipitation atteignant une portion de surface terrestre donnée en un intervalle de temps donné est évaluée par la hauteur de précipitation, que mesurent les pluviomÚtres[11].
- Selon le zonage des communes rurales et urbaines publié en novembre 2020, en application de la nouvelle définition de la ruralité validée le en comité interministériel des ruralités.
- Les eaux continentales désignent toutes les eaux de surface, en général des eaux douces issues d'eau de pluie, qui se trouvent à l'intérieur des terres.
- Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2023, millésimée 2020, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2022, date de référence statistique : 1er janvier 2020.
- Révoqué le 26 mars 1793 car "contre-révolutionnaire".
- Révoqué par le Régime de Vichy.
- Révoqué à la Libération.
Références
- ArrĂȘtĂ© modificatif en date du 8 dĂ©cembre 2016 du PrĂ©fet de la rĂ©gion Bretagne, PrĂ©fet dâIlle-et-Vilaine portant modification des limites territoriales des arrondissements des CĂŽtes-dâArmor
- Daniel Faucher, La France, géographie-tourisme, Librairie Larousse, , p. 140.
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- Glossaire â PrĂ©cipitation, MĂ©tĂ©o-France
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- « Merdrignac. Ălection de la municipalitĂ© », Ouest-France, 5 novembre 1947
« A été élu : M. Lemasson, par 16 voix contre un bulletin nul et 4 bulletins blancs. » - « M. le docteur Moisan, vice-président du conseil général, est élu maire de Merdrignac », Ouest-France, 18 mai 1953
« Sur 21 votants, les Ă©lections ont donnĂ© les rĂ©sultats suivants : Docteur Moisan, 19 voix, Ă©lu (blancs, 2). » - « Merdrignac. Mis en minoritĂ©, le maire dĂ©missionne », Le TĂ©lĂ©gramme,â (lire en ligne).
- « Merdrignac. RĂ©gine AngĂ©e Ă©lue maire », Le TĂ©lĂ©gramme,â (lire en ligne).
- « Merdrignac. DĂ©cĂšs de la maire », Le TĂ©lĂ©gramme,â (lire en ligne).
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- Journal Le Télégramme de Brest et de l'Ouest, n° du 24 janvier 2021, consultable https://www.letelegramme.fr/finistere/brest/bretagne-angleterre-des-liens-plus-forts-que-le-brexit-24-01-2021-12692582.php
- L'organisation du recensement, sur insee.fr.
- Calendrier départemental des recensements, sur insee.fr.
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- Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2018, 2019 et 2020.
- Merdrignac sur Topic-Topos