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Histoire du mouvement national algérien

Le mouvement national algĂ©rien dĂ©signe le mouvement sociopolitique et anticolonialiste qui, nĂ© au dĂ©but du XXe siĂšcle pendant la colonisation française de l’AlgĂ©rie, mĂšne au dĂ©clenchement de la guerre d'indĂ©pendance de ce pays en 1954. Il comprend deux tendances politiques : les rĂ©formistes d'une part et les indĂ©pendantistes d'autre part.

Le rĂ©formisme politique nait au dĂ©but du XXe siĂšcle par les actions menĂ©es par le mouvement des Jeunes AlgĂ©riens, constituĂ© de notables et d’intellectuels musulmans qui fondent les premiĂšres associations culturelles et journaux algĂ©riens. Son aile assimilationniste Ă©volue en une organisation politique reprĂ©sentĂ©e par les Ă©lus musulmans qui organisent leur premier congrĂšs en 1927 et fondent ensuite la fĂ©dĂ©ration des Ă©lus. Ce courant dĂ©cline pendant la Seconde Guerre mondiale en raison de l’absence de rĂ©formes politiques et du fait de la montĂ©e du nationalisme.

Le courant indĂ©pendantiste est menĂ© jusqu'en 1954 par le mouvement englobant successivement l'Étoile nord-africaine (ENA), le Parti du peuple algĂ©rien (PPA) et le Mouvement pour le triomphe des libertĂ©s dĂ©mocratiques (MTLD), dirigĂ©s principalement par Messali Hadj. L’Étoile nord-africaine est fondĂ©e Ă  Paris en 1926 et milite dĂšs sa crĂ©ation pour l'indĂ©pendance de l’AlgĂ©rie. AprĂšs la dissolution de l'Étoile, le Parti du peuple algĂ©rien est constituĂ© en 1937, puis le Mouvement pour le triomphe des libertĂ©s dĂ©mocratiques en 1946. D’autres mouvements plus modĂ©rĂ©s Ă©voluent Ă©galement dans la scĂšne politique algĂ©rienne, principalement l’Association des oulĂ©mas musulmans algĂ©riens, crĂ©Ă©e en 1931 par les OulĂ©mas dans la droite ligne du mouvement islahiste nĂ© en 1920 et prĂŽnant un rĂ©formisme religieux et culturel, ainsi que le mouvement communiste reprĂ©sentĂ© par le Parti communiste algĂ©rien, nĂ© en 1936, et l’Union dĂ©mocratique du manifeste algĂ©rien (UDMA) de Ferhat Abbas, fondĂ©e en 1947.

Contexte socio-Ă©conomique

Tableau d'une Ă©cole
École de broderie à Alger, fin du XIXe siùcle

Au dĂ©but du XXe siĂšcle, la population algĂ©rienne, qui connait une forte poussĂ©e dĂ©mographique, demeure fortement rurale[1]. MĂȘme si les grandes villes sont peuplĂ©es principalement par les EuropĂ©ens, le salariat se dĂ©veloppe et la noblesse algĂ©rienne traditionnelle est marginalisĂ©e[2]. Affaiblie et bouleversĂ©e par la destruction de sa formation sociale traditionnelle, due notamment Ă  la perte de ses terres agricoles et pastorales, la population algĂ©rienne ne peut pas s’opposer Ă  l’ordre colonial Ă©tabli[3].

Si quelques insurrections, suscitĂ©es par le mĂ©contentement social et le refus de la conscription tels que le soulĂšvement dans les monts des Beni-Chougrane en 1914 et le phĂ©nomĂšne des « bandits d’honneurs »[2] (qui se dĂ©veloppe notamment dans la rĂ©gion des AurĂšs[4]), ont lieu dans les campagnes surtout, la contestation de l’ordre colonial semble se dĂ©placer vers la ville, oĂč subsiste une bourgeoisie conservatrice fidĂšle au passĂ© ottoman et, Ă  partir des annĂ©es 1920, dans l’émigration algĂ©rienne en France[2]. Le mouvement national algĂ©rien se prĂ©sente alors en deux tendances, le mouvement religieux des OulĂ©mas et le mouvement moderniste des « Ă©voluĂ©s », Ă©galement nommĂ© les « Jeunes AlgĂ©riens »[5].

La situation des AlgĂ©riens musulmans s’aggrave par la crise Ă©conomique qui frappe le pays aprĂšs la PremiĂšre guerre mondiale[6] et qui provoque une famine sĂ©vĂšre[7]. Sur le plan juridique, les musulmans sont des « sujets français » qui ne bĂ©nĂ©ficient pas des droits et des libertĂ©s garantis aux citoyens par la Constitution française[8]. Cette inĂ©galitĂ© se manifeste dans diffĂ©rents domaines : code de l'indigĂ©nat, service militaire, fiscalitĂ© ainsi que dans les accĂšs aux emplois publics[8]. Elle se caractĂ©rise Ă©galement par des restrictions accordĂ©es aux libertĂ©s publiques : rĂ©unions, presse, enseignement et circulation[9]. En 1919, la plus importante rĂ©forme Ă©lectorale avant 1947 permet d’élargir le corps Ă©lectoral musulman de 5 090 en 1914 Ă  103 000 pour dĂ©signer une cinquante de dĂ©lĂ©guĂ©s financiers et de conseillers gĂ©nĂ©raux. Elle permet Ă©galement Ă  environ 400 000 votants de choisir 1 250 membres d’assemblĂ©es locales (djemaa)[10].

Jeunes Algériens

L’émir Khaled

Les Jeunes AlgĂ©riens ou le « Parti des jeunes », appellation qui fait rĂ©fĂ©rence aux Jeunes-Turcs[5], est un mouvement nĂ© de l’émergence d’une nouvelle bourgeoisie, liĂ©e aux intellectuels citadins ou au commerce moderne, dont les Ă©lĂ©ments — qui ont frĂ©quentĂ© l’école française et exercent des mĂ©tiers intellectuels, acadĂ©miques ou administratifs — sont appelĂ©s les « Ă©voluĂ©s »[11]. Souvent laĂŻques, proches des mouvements des Jeunes Turcs et des Jeunes Tunisiens, ils bousculent les Ă©lites traditionnelles[12] ; ils englobent deux tendances : d'une part des partisans d’un « patriotisme musulman » et de la nahda (en arabe Ű§Ù„Ù†Ù‡Ű¶Ű©), la Renaissance islamique, et d'autre part des assimilationnistes partisans des valeurs hĂ©ritĂ©es des « LumiĂšres » et de la RĂ©volution française[11]. Au demeurant, ces deux tendances restent attachĂ©s Ă  l’islam, la civilisation islamique et la langue arabe[13], ce qui leur vaut la dĂ©sapprobation des EuropĂ©ens d'AlgĂ©rie et la critique de la presse coloniale, qui les accusent de nationalisme et de panislamisme[14].

L’émir Khaled, petit-fils de l’émir Abdelkader, est la figure emblĂ©matique de ce mouvement ; il avait notamment adressĂ© en 1919 un message au prĂ©sident Wilson rĂ©clamant l'application du droit des peuples Ă  disposer d’eux-mĂȘmes Ă  l'AlgĂ©rie[15] et la reprĂ©sentation des AlgĂ©riens Ă  la confĂ©rence de Versailles[16]. Il triomphe aux Ă©lections municipales d’Alger[17], puis aux dĂ©partementales en 1920. Il mĂšne de 1920 Ă  1923 une lutte contre le systĂšme colonial français, notamment par le biais du journal L’Ikdam qui prĂ©sente le combat pour la cause algĂ©rienne et la dĂ©fense des intĂ©rĂȘts des musulmans[18]. PrĂ©sentĂ© comme un nationaliste anti-français, il est critiquĂ© par la presse europĂ©enne de l'Ă©poque[19] et dĂ©noncĂ© par les Ă©lus administratifs[20].

L’émir Khaled est Ă  l’origine du courant dit du « khalĂ©disme » : un mĂ©lange des sphĂšres sociales et politiques[21]. Sur le plan politique, il reprĂ©sente une synthĂšse entre le communisme anticolonial et l’arabisme naissant, mais Ă©galement un pont entre l’élite algĂ©rienne naissante issue des Ă©coles mises en place par la France, et la masse musulmane auprĂšs de laquelle il est populaire[21] et reconnu comme un meneur nationaliste[22]. Cependant, aprĂšs sa dĂ©mission et son exil en 1923, son mouvement connait un dĂ©clin Ă  la suite des Ă©checs Ă©lectoraux[23] et Ă  l’abandon par les Ă©lus assimilationnistes de la voie nationaliste prise par le mouvement[24].

Les Jeunes AlgĂ©riens comptent, comme autres personnalitĂ©s notables, le docteur Benthami, qui dirige une dĂ©lĂ©gation en 1912 pour mener des rĂ©formes politiques[25], ChĂ©rif BenhabilĂšs, signataire d’un manifeste proclamant la naissance du mouvement[26], Mohammed Ben Rahel, partisan quant Ă  lui d’un meilleur enseignement de la langue arabe[13] ou Mohand SaĂŻd Lechani, figure de l'enseignement « indigĂšne Â», Sadek Ben Denden, directeur[27] du journal "L'Islam. Organe hebdomadaire dĂ©mocratique" puis du journal L'Ikdam.

Le mouvement participe activement Ă  la diffusion culturelle et scientifique et Ă  la revendication des droits civiques et politiques[11] : fin du code de l'indigĂ©nat, Ă©galitĂ© devant l’emploi et le service militaire, libertĂ©s individuelles et collectives, instruction, meilleure reprĂ©sentation politique[22]. Il est Ă  l’origine des premiers journaux algĂ©riens et de nombreuses associations, ou nadi[22]. Il contribue ainsi Ă  l’émergence du mouvement national algĂ©rien dans sa forme moderne[11].

Évolution du courant indĂ©pendantiste

Premier parti nationaliste : l'ENA

Le mouvement national Ă©merge Ă  partir des annĂ©es 1920 avec la radicalisation du courant nationaliste lancĂ©e par la crĂ©ation de l’Étoile nord-africaine (ENA) officiellement en 1926, au sein de l’émigration algĂ©rienne en France et au contact des organisations proches de la IIIe Internationale[28]. L’émir Khaled en est le prĂ©sident d’honneur[28], Hadj Ali Abdelkader, un membre du Parti communiste français, le fondateur[29]. Par la suite, Messali Hadj s’impose comme le chef charismatique des mouvements indĂ©pendantistes[30].

L’organisation Ɠuvre Ă  rĂ©pandre les idĂ©es anticolonialistes chez les immigrĂ©s nord-africains, dans le but d'obtenir l’indĂ©pendance totale des pays d’Afrique du Nord (AlgĂ©rie, Maroc et Tunisie)[29]. La propagande indĂ©pendantiste est plus favorablement accueillie chez les ouvriers kabyles, nombreux Ă  cette Ă©poque[29]. Messali Hadj participe au congrĂšs anti-impĂ©rialiste de Bruxelles de 1927 oĂč il rencontre de nombreuses associations et organisations europĂ©ennes ainsi que des futures personnalitĂ©s du « tiers-monde »[29]. Son mouvement rĂ©clame une justice sociale Ă  l’instar des autres courants du mouvement algĂ©rien, mais il s’illustre surtout par sa position de premier parti politique Ă  rĂ©clamer l’indĂ©pendance de l’AlgĂ©rie, la constitution des institutions Ă©tatiques nationales, et la nationalisation Ă  l’État algĂ©rien, des infrastructures Ă©conomiques et des moyens de productions ainsi que l’officialisation de la langue arabe[31]. Il organise de nombreuses rĂ©unions publiques dans l'objectif de cette indĂ©pendance[32]. Pour Messali Hadj, la France accomplit une Ɠuvre de destruction Ă  l’égard des Musulmans et il dĂ©clare Ă  ce propos dans une rĂ©union publique Ă  Alger en 1933 : « Les terres qui appartiennent aux AlgĂ©riens ont Ă©tĂ© donnĂ©es aux colons
 Le point capital de la colonisation française consiste Ă  appauvrir les AlgĂ©riens par tous les moyens
 Les AlgĂ©riens relĂšvent aujourd’hui la tĂȘte, ils veulent lutter contre l’impĂ©rialisme français, ils veulent leur indĂ©pendance »[32].

Exemplaire du journal El Ouma (date inconnue) de l'Étoile nord-africaine

Les exigences indĂ©pendantistes sont prĂ©sentĂ©es dans le journal du mouvement Ikdam, interdit en 1927 mais remplacĂ© par le journal El Ouma en 1930. Dissoute en 1929 pour « avoir prĂȘchĂ© la rĂ©volte des indigĂšnes contre la domination française »[31], l’ENA renaĂźt sous le nom de la Glorieuse Étoile nord-africaine[28] mais les militants et la presse continuent de parler de l’Étoile nord-africaine[33]. Elle est cependant dĂ©finitivement dissoute en 1937 par un dĂ©cret qui prononce la dissolution de groupements qui portent atteinte Ă  l’intĂ©gritĂ© territoriale de la France[34]. L'ENA est un mouvement populiste qui hĂ©rite des mĂ©thodes d’organisation, d’encadrement et de propagande des communistes, mais demeure nationaliste, attachĂ© Ă  l’islam et Ă  la pensĂ©e centraliste et jacobine[35], Ă©galement attirĂ© par le nationalisme arabe de Chekib Arsalan[36]. La fondation de l’ENA est un fait capital dans l’histoire politique contemporaine de l’AlgĂ©rie car l’indĂ©pendance algĂ©rienne est posĂ©e par une organisation politique de militants algĂ©riens[37]. Elle adopte Ă©galement un drapeau qui symbolise l’AlgĂ©rie indĂ©pendante et qui contient les trois couleurs du drapeau algĂ©rien[38].

La montée du PPA

AprĂšs de nombreuses arrestations et interdictions, Messali Hadj crĂ©e le Parti du peuple algĂ©rien (PPA) en 1937[28]. Il rentre en AlgĂ©rie pour assurer la direction de la nouvelle organisation. Cependant, il est encore une fois arrĂȘtĂ© Ă  Alger avec d'autres dirigeants, l'administration française Ă©tant inquiĂšte de la popularitĂ© grandissante du mouvement dans le milieu rural algĂ©rien[39] et de la progression du nationalisme populaire[40]. Messali est condamnĂ© Ă  deux ans de prison pour : « reconstitution d'une ligue dissoute, provocation des indigĂšnes Ă  des dĂ©sordres et manifestations contre la souverainetĂ© française »[39], ce qui entraĂźne un lĂ©ger mouvement d'agitations et de grĂšves. Les membres du PPA triomphent aux Ă©lections cantonales en 1937 et municipales en 1938, notamment Ă  Alger[41]. Messali est Ă©lu Ă  une Ă©crasante majoritĂ© conseiller gĂ©nĂ©ral d'Alger, mais l'Ă©lection est invalidĂ©e par la prĂ©fecture[41].

Le mouvement gagne de plus en plus en popularitĂ©, surtout chez les jeunes : les Ă©coliers chantent l'hymne du PPA, des cellules et des mouvements de jeunesse se constituent[41]. Le PPA reste fidĂšle aux principes Ă©tablis en 1926 par l'Étoile nord-africaine : abolition du code de l'indigĂ©nat, libertĂ©s dĂ©mocratiques, indĂ©pendance par le biais d'une constitution souveraine[42], rejet de l’attachement politique de l'AlgĂ©rie Ă  la France[43] et du projet Blum-Viollette[44]. Le mouvement recrute principalement dans les couches populaires, notamment chez les travailleurs[45]. Il est indĂ©pendant de tout parti français[45] et il utilise diffĂ©rents moyens pour faire sa propagande : tracts, journaux, rĂ©unions, fĂȘtes ou enterrements[46].

En 1939, le PPA est dissous par dĂ©cret et les journaux El Oumma et Le Parlement AlgĂ©rien sont interdits[41]. Messali est Ă  nouveau arrĂȘtĂ© aprĂšs avoir Ă©tĂ© libĂ©rĂ© cette mĂȘme annĂ©e avec plusieurs dirigeants du mouvement[41]. La rĂ©pression coloniale, que les autres tendances du mouvement algĂ©rien condamnent et appellent Ă  l'union contre elle, renforce le parti[47]. Des militants tentent de crĂ©er et de faire revivre clandestinement des cellules du parti[48] et mĂšnent une campagne d’inscriptions murales de tendance nationaliste, avec des slogans tels que : « Le PPA vaincra » ou « L’AlgĂ©rie aux AlgĂ©riens »[49].

Entre action légale et action clandestine

En 1943, lors de la Seconde Guerre mondiale, le Parti du peuple algĂ©rien approuve le Manifeste du peuple algĂ©rien (texte revendicatif de Ferhat Abbas avançant le principe d'une AlgĂ©rie indĂ©pendante), rejoignant ainsi les autres courants du mouvement national, OulĂ©mas et autonomistes pour le mouvement des Amis du manifeste et de la libertĂ© (AML) en 1944[50]. Toutefois, Messali Hadj et certains membres du PPA estiment qu'il est temps de passer Ă  l'action et de profiter de la faiblesse de la France. Le , le dirigeant nationaliste est placĂ© en rĂ©sidence surveillĂ©e Ă  Brazzaville, ce qui provoque le 1er mai suivant des manifestations rĂ©primĂ©es Ă  Alger et Ă  Oran, oĂč il y aurait eu trois morts[50]. À l'occasion de la cĂ©lĂ©bration de la victoire du 8 mai 1945, des Musulmans algĂ©riens manifestent et dĂ©ploient, outre les drapeaux alliĂ©s, des pancartes affichant des slogans tels que : « LibĂ©rez Messali » et « AlgĂ©rie indĂ©pendante »[51]. Ces manifestations, dont il existe plusieurs versions, sont rĂ©primĂ©es, donnant lieu aux massacres dans le Nord Constantinois[51], avec des morts de part et d'autre. Elles constituent selon certains un Ă©pisode dĂ©clencheur de la guerre d'AlgĂ©rie[50]. Cette importante rĂ©pression entraine la rupture des militants du PPA avec la dĂ©marche d'Ă©volution lĂ©gislative tentĂ©e par les AML et les communistes[52].

Alors que Messali Hadj tente de participer aux législatives de 1946 en créant le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) comme parti légal, le PPA poursuit sa vie clandestine et une aile paramilitaire, l'Organisation spéciale (OS), est créée en 1947[53] en vue de préparer la lutte armée[54]. En 1947, le MTLD triomphe aux élections municipales, ce qui offre aux militants du mouvement l'opportunité de participer à des assemblés élues et marginalise les objectifs de l'OS ; cette victoire suscite également l'inquiétude des autorités coloniales qui mettent en place des plans de trucages des prochaines élections[53]. Le MTLD devient entre 1947 et 1950 un grand parti moderne et il réussit à s'allier plusieurs associations et à en créer de nouvelles : scouts, associations d'étudiants, médersas, mouvements de femmes[55]. Il se présente comme un parti qui réclame la souveraineté et la lutte pour l'indépendance d'un peuple colonisé[55].

Cependant, de 1949 Ă  1954, le mouvement PPA–MTLD traverse une sĂ©rie de crises internes[56]. L'annĂ©e 1949 voit le dĂ©clenchement de la « Crise berbĂ©riste », provoquĂ©e par le dĂ©saccord des militants avec la direction du parti sur la dĂ©finition d'une AlgĂ©rie arabe et musulmane et la place de l'Ă©lĂ©ment berbĂšre[53] ; la direction dĂ©cide alors de dissoudre la fĂ©dĂ©ration de France et d'Ă©carter des principaux meneurs du mouvement berbĂ©riste [57]. Elle dĂ©cide aussi de l'expulsion de plusieurs dirigeants kabyles[58]. En 1950, Ă  la suite du dĂ©mantĂšlement de l'OS par la police française, les « clandestins » s'opposent Ă  la direction centrale[58]. En 1953, Ă  la suite du IIe CongrĂšs du MLTD, les partisans et les opposants d'un CongrĂšs national algĂ©rien s'affrontent, ce qui provoque une sĂ©cession au sein du MTLD Ă  l’étĂ© 1954[58].

Ce conflit ne porte pas seulement sur des questions de pouvoir mais également d'orientation. En effet, trois courants s'opposent sur l'idéologie des trois thÚmes majeurs de Messali : le prolétariat, l'islam, l'action de masse[59]. Les partisans de Messali, forment le courant des « messalistes », alors que les « centralistes » qui représentent la majorité des hommes du Comité central[58], ont une vision moins ouvriériste et islamiste. Enfin, la troisiÚme tendance ouvertement activiste[59], les « activistes », regroupent les partisans de la lutte armée et se constitue dans le « groupe des 22 » puis le « Comité des neuf » qui sont à l'origine du déclenchement de la guerre d'indépendance algérienne le [58].

Les Oulémas et le réformisme musulman

L’avùnement du mouvement islahiste

Ben Badis (Ă  gauche) et Tayeb El Oqbi (Ă  droite)

Le mouvement islahiste, ou rĂ©formisme musulman, est nĂ© dans les annĂ©es 1920 avec les actions menĂ©es par les OulĂ©mas, personnalitĂ©s religieuses[28] dont la figure emblĂ©matique est cheikh Abdelhamid Ben Badis, natif de Constantine en 1889[60]. FormĂ©s dans les universitĂ©s islamiques, notamment la Zitouna de Tunis et al-Azhar du Caire et influencĂ©s par le courant de la Nahda (renaissance islamique)[28], ces rĂ©formistes ne rĂ©clament pas l’indĂ©pendance mais sont des culturalistes, fermes dĂ©fenseurs de la « personnalitĂ© algĂ©rienne »[28]. Selon Ben Badis, la nationalitĂ© politique peut rester française si la nationalitĂ© ethnique est reconnue musulmane[61] ; il Ă©crit dans l’un de ses articles : « La nation algĂ©rienne musulmane s’est formĂ©e et existe, comme se sont formĂ©es toutes les nations de la terre
 Elle a son unitĂ© religieuse et linguistique ; elle a sa culture, ses traditions et ses caractĂ©ristiques »[62].

Les rĂ©formistes Ɠuvrent pour le retour aux sources de l’islam, la purification des scories maraboutiques[60], le combat contre le culte des saints et le mysticisme soufi[63], l’arabisation linguistique et la promulgation d’un statut personnel qui s’inspire de l’islam pour les AlgĂ©riens[28]. À l’origine, les OulĂ©mas se dĂ©clarent apolitiques et voulant avant tout ĂȘtre une « association spirituelle destinĂ©e Ă  relever le peuple musulman algĂ©rien de sa dĂ©chĂ©ance intellectuelle et morale »[64], mais les abus de l’administration coloniale sur l’enseignement de la langue arabe, la tutelle exercĂ©e sur le personnel du culte musulman, le soutien accordĂ© au maraboutisme amĂšnent ces derniers Ă  s’engager davantage dans le domaine politique pour dĂ©noncer la politique coloniale[64].

En 1913, Ben Badis ouvre la premiĂšre mĂ©dersa dans la mosquĂ©e de Sidi Lakhder Ă  Constantine pour enseigner le Coran, l’histoire et les littĂ©ratures arabes. La formation des enseignants est rĂ©partie dans le pays[60]. En 1919, il crĂ©e la premiĂšre imprimerie en arabe et entame une carriĂšre de journaliste. Il anime successivement quatre journaux favorables Ă  la pensĂ©e rĂ©formiste de la religion et de la sociĂ©tĂ©[60]. Son premier journal est interdit en 1925 pour ses articles favorables Ă  Abdelkrim al-Khattabi lors de la guerre du Rif[21]. L’administration coloniale s'inquiĂšte du mouvement, car elle est habituĂ©e de traiter avec l’islam maraboutique et craint un enseignement libre en dehors de mĂ©dersas officielles et des principales mosquĂ©es oĂč l’enseignement est encadrĂ© par des professeurs recrutĂ©s par les autoritĂ©s[62]. En 1933, elle interdit aux OulĂ©mas de prĂȘcher dans les mosquĂ©es qui doivent rester aux mains des muftis et des imams agrĂ©Ă©s par l’administration[65].

L'Association des oulémas musulmans algériens

Photo d'un groupe d'hommes
Le Conseil d'administration de l'association (fin des années 1950)

Les OulĂ©mas crĂ©ent en 1931 l’Association des oulĂ©mas musulmans algĂ©riens[62], dont la devise est : « L'islam est ma religion, l’arabe est ma langue, l’AlgĂ©rie est ma patrie »[63]. Ben Badis devient rapidement l'homme fort du mouvement[62], dont les deux autres figures sont Tayeb el-Oqbi d’Alger et Mohamed Bachir El Ibrahimi qui dĂ©veloppe son influence depuis Tlemcen sur toute l’Oranie[63]. La charte du conseil reprend les idĂ©es de Ben Badis : « Faire de la langue arabe la langue nationale... purifier l’islam... combattre les marabouts et les ordres religieux et ramener ainsi le peuple algĂ©rien Ă  la vĂ©ritable culture islamique »[62]. Les actions des oulĂ©mas portent un coup dur aux marabouts, rĂ©putĂ©s liĂ©s Ă  la colonisation[63] ainsi qu'aux confrĂ©ries religieuses. Certains marabouts finissent par se rallier aux OulĂ©mas aprĂšs la mort en 1931 d'Ahmad al-Alawi de Mostaganem, chef du maraboutisme « moderne »[62].

Le cheikh Ben Badis meurt Ă  Constantine en 1940 et 20 000 personnes assistent Ă  ses obsĂšques[66]. Son remplaçant, El Ibrahimi, est assignĂ© Ă  rĂ©sidence chez lui Ă  Aflou et la mĂ©dersa qu’il dirige Ă  Tlemcen est fermĂ©e ; il ne recouvre sa libertĂ© qu’en 1943. Par la suite, il approuve le « manifeste du peuple algĂ©rien »[67] et critique le projet Blum-Viollette qui constitue pour lui en « un pas vers l’assimilation », et rĂ©clame la nĂ©cessitĂ© de la citoyennetĂ© algĂ©rienne. Pour ces raisons, il rejoint les Amis du manifeste et de la libertĂ©[68].

Cette pĂ©riode est marquĂ©e par la reprise des actions culturelles pour la dĂ©fense de l’islam et la langue arabe, notamment l’ouverture des Ă©coles coraniques et l’animation des cercles culturels. L’apprentissage de la langue arabe et du coran connait une progression importante dans plusieurs rĂ©gions de l'intĂ©rieur du pays[68]. En 1947, l’Association des OulĂ©mas inaugure l’Institut Ben Badis Ă  Constantine qui dispense un enseignement de niveau secondaire englobant des disciplines modernes[69]. Son influence est grande dans la sociĂ©tĂ© algĂ©rienne, ses actions mĂšnent Ă  un dynamisme social qui renforce les ambitions identitaires en lui donnant ses points de repĂšre[69]. Ainsi, en 1931, l’historien rĂ©formiste Ahmed Taoufik El Madani publie Le Livre de l’AlgĂ©rie[63]. L’islam offre au nationalisme algĂ©rien une dimension religieuse, mais Ă©galement un refuge contre la colonisation. Il constitue alors un vĂ©ritable patriotisme religieux[65].

Les autres courants

Le rĂŽle complexe des communistes

Recto de la carte d'un membre du Parti communiste algérien
Verso de la carte d'un membre du Parti communiste algérien

Jusqu’en 1934, l'effectif du Parti communiste français (PCF) n'est que de 80 adhĂ©rents indigĂšnes[70]. Au dĂ©but, le PCF se fait le soutien du droit des AlgĂ©riens Ă  constituer une nation indĂ©pendante[71], votant ainsi en 1926 Ă  Alger une rĂ©solution en faveur de l’indĂ©pendance[72]. En 1935, la « circulaire Barthel » (du pseudonyme du militant communiste Jean Chaintron, dĂ©lĂ©guĂ© du PCF en AlgĂ©rie) fait scandale dans la presse europĂ©enne. On lit dans cette note que : « La nation française n’est pas la nation du peuple d’AlgĂ©rie, c’est une nation Ă©trangĂšre au peuple d’AlgĂ©rie, c’est la nation oppresseuse, c’est la nation de l’impĂ©rialisme qui (
) s’est annexĂ©e l’AlgĂ©rie et qui courbe sous l’esclavage la nation algĂ©rienne »[73]. Mais Ă  la veille du Front populaire, dans les annĂ©es 1930, la prioritĂ© devient la lutte contre le fascisme[70] et le PCF met fin aux revendications d’indĂ©pendance pour parler « d’émancipation des peuples colonisĂ©s »[74].

Le Parti communiste algĂ©rien (PCA) naĂźt en 1936 de la transformation de la section d'AlgĂ©rie du PCF en une entitĂ© sĂ©parĂ©e[73] - [75]. Il englobe deux fronts : un front europĂ©en antifasciste et un front algĂ©rien anti-impĂ©rialiste[73]. Bien que son dĂ©veloppement soit bloquĂ© par l’émergence du Messalisme, il garde cependant un certain prestige chez la jeunesse et au sein des milieux musulmans cultivĂ©s, notamment grĂące Ă  son journal Alger rĂ©publicain. Il reste Ă©galement attachĂ© Ă  la formule des annĂ©es 1930 de Maurice Thorez : « l’AlgĂ©rie, nation en formation »[76].

En 1944, restant Ă  l'Ă©cart des Amis du manifeste et de la libertĂ© qui luttent en faveur de l’indĂ©pendance, le PCA crĂ©e « Les Amis de la dĂ©mocratie ». Il qualifie mĂȘme les manifestations nationalistes rĂ©primĂ©es de 1945, de « complot fasciste » mais, par la suite, il cherche l’apaisement et lance une campagne en faveur de l’amnistie de tous les dĂ©tenus des Ă©meutes[57]. Son secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral reconnait en 1947 que « le parti s’était aperçu de son erreur et cherchait Ă  la corriger »[57]. Le PCA se prononce aussi pour une RĂ©publique algĂ©rienne dans le cadre de l’Union française[54]. Il entame Ă  cet effet une politique de rapprochement avec les nationalistes algĂ©riens, l’ouverture aux militants algĂ©riens ainsi que l’implĂ©mentation dans les campagnes[77]. Cette Ă©volution est marquĂ©e par une orientation en direction des couches populaires (qui suscite mĂȘme une concurrence avec les formations nationalistes tel que le Mouvement pour le triomphe des libertĂ©s dĂ©mocratiques (MTLD) qui est alors en pleine crise), la dĂ©fection des militants europĂ©ens et des bonnes ventes des journaux LibertĂ© et El-DjazaĂŻr[77].

Les rĂ©unions du PCA reprĂ©sentent un lieu unique dans l’AlgĂ©rie coloniale : militants europĂ©ens et musulmans s'y cĂŽtoient[77]. Son action syndicale constitue une formation politique pour des milliers d’ouvriers algĂ©riens. En 1950, les dockers entrent en grĂšve Ă  Oran pour empĂȘcher le chargement des bateaux en partance pour l'Indochine. Cette grĂšve gagne d'autres secteurs de la ville ainsi que d’autres ports algĂ©riens[67]. NĂ©anmoins, le glissement vers le nationalisme ne s’est pas fait sans heurts entre les deux populations[67].

De la citoyenneté française à la citoyenneté algérienne

Ferhat Abbas
Ferhat Abbas

L'aile assimilationniste du mouvement des Jeunes AlgĂ©riens Ă©volue en une organisation politique reprĂ©sentĂ©e par la FĂ©dĂ©ration des Ă©lus, crĂ©Ă©e en 1927[78] et qui se subdivise en 1930 en trois fĂ©dĂ©rations dĂ©partementales[79]. Les revendications des Ă©lus restent identiques Ă  celles des Jeunes AlgĂ©riens[22]. Ils prĂŽnent une Ă©galitĂ© avec les EuropĂ©ens dans tous les domaines[80] et optent pour un attachement administratif Ă  la France[71] ainsi que l’octroi de la citoyennetĂ© française aux diffĂ©rentes catĂ©gories d’AlgĂ©riens[78]. Les Ă©lus sont recrutĂ©s parmi les dĂ©lĂ©guĂ©s Ă©lus des diffĂ©rents assemblĂ©s[78]. Les personnalitĂ©s les plus marquantes sont Ferhat Abbas et le docteur Bendjelloul. TaxĂ©s de « renĂ©gats », leur audience reste faible, et les oulĂ©mas et les communistes se dressent contre eux. Ils sont Ă©galement ignorĂ©s par l’administration française jusqu'Ă  l’avĂšnement du Front populaire[81] et les nationalistes radicaux dĂ©noncent leur perspective assimilationniste. Cependant, ces Ă©lus jouent un rĂŽle important dans la formation du nationalisme algĂ©rien en Ă©tablissant une mĂ©diation entre les formes de politique moderne et les populations algĂ©riennes ayant le droit de vote[82].

Le rĂ©formisme politique connait son apogĂ©e dans les annĂ©es 1936-1937, date de la crĂ©ation du CongrĂšs musulman[64]. Les Ă©lus approuvent le projet Blum-Viollette[83]. Mais Ă  la veille de la Seconde Guerre mondiale, le mouvement s'est dĂ©jĂ  contractĂ©, en raison de l'absence de rĂ©formes notables, l’impossibilitĂ© de la gauche française d'amorcer la dĂ©colonisation et le refus d’accorder la citoyennetĂ© aux AlgĂ©riens musulmans dans le cadre de leur statut religieux[71]. Seuls quelques cadres attachĂ©s Ă  l’administration française et des assimilationnistes continuent dans cette voie du rĂ©formisme politique[71], tel que ChĂ©rif Sid Cara, qui rejoint les partisans de l'AlgĂ©rie française[84]. À partir de 1937, le discours anti-colonial des Ă©lus ne diffĂšre pas des messalistes ou des oulĂ©mas[85]. Les Ă©lus se rapprochent des nationalistes et des indĂ©pendantistes[72]. Plusieurs chefs de file de la fĂ©dĂ©ration de Constantine affichent des positions autonomistes puis nationalistes[85].

À la suite des dĂ©barquements alliĂ©s de 1942, Ferhat Abbas rĂ©dige le Manifeste du peuple algĂ©rien en 1943 et rejoint les Amis du manifeste et de la libertĂ©[86]. Il abandonne ainsi les revendications assimilationnistes et fonde l'Union dĂ©mocratique du manifeste algĂ©rien (UDMA) en 1946, militant pour l’établissement d’un État associĂ© Ă  la France. Son nouveau slogan est « ni assimilation, ni nouveau maitre, ni sĂ©paratisme »[54]. Son programme reprend le projet d’une RĂ©publique algĂ©rienne du Manifeste du peuple algĂ©rien, l'adhĂ©sion Ă  la citoyennetĂ© et aux modalitĂ©s dĂ©mocratiques qui la fondent[87]. Abbas revendique le droit des peuples Ă  disposer d’eux-mĂȘmes. Les militants sont en effet déçus par l’administration coloniale incapable de rompre avec le conservatisme de la minoritĂ© dominante et les rapports ne sont jamais interrompus avec les autres nationalistes[87]. En novembre 1954 l'UDMA traverse une crise interne : les jeunes militants sont impatients et ne reconnaissent plus dans les positions de la direction[87].

Tentatives d'unions

À la recherche d’une formule d’union

Le CongrĂšs musulman naĂźt en 1936 par l’union de plusieurs formations, sur le modĂšle du Front populaire et du CongrĂšs indien[88]. Il rassemble pour la premiĂšre fois plusieurs partis politiques musulmans algĂ©riens : la fĂ©dĂ©ration des Ă©lus, le Parti communiste algĂ©rien et, d’une façon plus rĂ©servĂ©e, les OulĂ©mas, sensibles Ă  certains points de la charte revendicative qu'Ă©tablit le CongrĂšs, dont la suppression du statut de l'indigĂ©nat, le maintien du statut personnel et l’égalitĂ© et la libertĂ© d’enseignement[88]. Le document final rĂ©clame Ă©galement la suppression des tribunaux militaires, la reconnaissance de la langue arabe comme langue officielle et l’abrogation du dĂ©cret RĂ©gnier du rĂ©primant les manifestations contre la souverainetĂ© française[89].

PremiĂšre tentative de rassemblement de type frontiste, le CongrĂšs musulman est cependant ignorĂ© par les messalistes[90] dont le leader, Messali Hadj, est portĂ© en triomphe par la foule lors d’un discours prononcĂ© devant les responsables du CongrĂšs Ă  Alger, oĂč il dĂ©clare : « cette terre est Ă  nous, nous ne la vendrons Ă  personne »[91]. Une dĂ©lĂ©gation dirigĂ©e par le docteur Bendjelloul et Albelhamid Ben Badis prĂ©sente au gouvernement français une charte revendicative, cependant aucune des revendications n’a abouti et les dissensions sont importantes entre les Ă©lus favorables Ă  l'assimilation et les OulĂ©mas surtout occupĂ©s par la religion[89].

En rĂ©ponse, le gouvernement français annonce le projet Blum-Viollette[89] qui prĂ©voit l’accession Ă  la citoyennetĂ© française, sans renonciation au statut personnel de droit local, d’une Ă©lite d’environ 20 000 musulmans[83]. Les Ă©lus soutiennent le projet[91], les communistes et les socialistes algĂ©riens insistent sur l’importance du projet gouvernemental alors que les OulĂ©mas adoptent une attitude plus complexe et plus nuancĂ©e. Pour Bachir El Ibrahimi : « La population musulmane n’avait adoptĂ© le projet que par nĂ©cessitĂ© politique [
] Il ne s’agissait que d’une question tactique, une question d’attente »[92]. Le projet est clairement rejetĂ© par les militants du l'ENA et par le PPA qui lui succĂšde en 1937. Ce dernier poursuit par la suite sa propagande contre le projet[92]. Le mouvement exprime sa volontĂ© de dĂ©fendre et de renforcer la cohĂ©sion du groupe national atomisĂ© par la prĂ©sence coloniale. Dans une « lettre ouverte aux OulĂ©mas », il le dĂ©crit comme : « Un projet de loi [qui] menace l’unitĂ© du peuple algĂ©rien »[93]. Il prĂŽne aussi le refus de l’assimilation par la revendication d’une culture distincte hĂ©ritĂ©e d’un long passĂ©[94]. Par leur refus du projet, les nationalistes connaissent une progression foudroyante sur le sol algĂ©rien[95]. Ainsi, les propositions des chefs de file du CongrĂšs musulman, apparaissent dĂ©jĂ  comme historiquement dĂ©passĂ©s, et le projet Blum-Viollette est plus un barrage aux aspirations montantes du nationalisme indĂ©pendantiste qu’une rĂ©elle solution au problĂšme algĂ©rien[96].

Maturation du mouvement national

La Seconde Guerre mondiale voit naĂźtre la premiĂšre et rĂ©elle union du mouvement national, accompagnĂ©e d'une poussĂ©e trĂšs forte du nationalisme[90]. Le , Ferhat Abbas propose le Manifeste du peuple algĂ©rien, approuvĂ© par le Parti du peuple algĂ©rien et les OulĂ©mas, dans une formule politique qui intĂšgre tant l’indĂ©pendantisme du PPA que les revendications des OulĂ©mas : une rĂ©publique algĂ©rienne disposant de sa nationalitĂ© et sa citoyennetĂ© propres[97]. Y est aussi intĂ©grĂ©e la condamnation de la colonisation, le droit du peuple Ă  disposer de lui-mĂȘme, l'Ă©tablissement d'une constitution algĂ©rienne et l'officialisation de la langue arabe[72]. De Gaulle et le CFLN repoussent cette formule et proposent l'octroi de la citoyennetĂ© française sans l’abandon de leur statut personnel Ă  65 000 musulmans[97].

Le rejet français du Manifeste provoque en 1944 l'union des Ă©lus, des oulĂ©mas et du PPA au sein d’une association crĂ©Ă©e Ă  cette occasion pour dĂ©fendre le programme du Manifeste : les Amis du manifeste et de la libertĂ© (AML)[97], qui remportent rapidement un succĂšs important et attirent des centaines de milliers d’adhĂ©rents[98]. Le PPA y joue un rĂŽle moteur en diffusant les idĂ©es nationalistes[97]. Le discours des acteurs de ce mouvement connait un vĂ©ritable succĂšs : la rĂ©ception des Ă©crits publiĂ©s dans la presse et les slogans Ă©mis dĂ©passant vite les cercles habituels et les AlgĂ©riens ruraux adhĂšrent massivement aux idĂ©es nationalistes[99]. Toutefois, les nationalistes sont toujours isolĂ©s sur la scĂšne internationale, et l’unitĂ© des AML n'est que de façade, Messali Hadj ayant rompu avec l'idĂ©e du maintien de liens avec la France encore dĂ©fendue par les Ă©lus modĂ©rĂ©s[100].

En avril 1945, les autoritĂ©s françaises arrĂȘtent Messali et plusieurs chefs du PPA. Les manifestations nationalistes sont rĂ©primĂ©es Ă  Oran et Ă  Alger le , puis les Ă©meutes du 8 mais 1945 Ă  SĂ©tif et Ă  Guelma dĂ©gĂ©nĂšrent en massacres[101]. La rĂ©pression des manifestations du par l’administration coloniale, radicalise tout le mouvement national sur les positions indĂ©pendantistes[98]. Les nationalistes considĂšrent dĂšs lors que la violence politique est la seule solution pour arracher l’indĂ©pendance[102]. En 1946, les communistes, qui sont restĂ©s longtemps en dehors de l’union des AML, rĂ©clament Ă  leur tour une rĂ©publique algĂ©rienne dans le cadre de l'Union française[54].

Par ailleurs, les difficultĂ©s socioĂ©conomiques, la rigueur des opĂ©rations armĂ©es dans la rĂ©gion du Nord Constantinois et les cĂ©rĂ©monies du pardon (aman) engendrent des profonds traumatismes inscrits dans la mĂ©moire collective[99]. Le statut de l’AlgĂ©rie votĂ© en 1947 jugĂ© trop timorĂ© et le trucage des Ă©lections de l’assemblĂ©e en 1948 gĂ©nĂ©ralisent les mĂ©contentements[98]. En 1951, le MLTD, l'UDMA, les oulĂ©mas, le PCA et les libĂ©raux europĂ©ens se regroupent en un Front algĂ©rien pour la dĂ©fense et le respect des libertĂ©s (FADRL), un mouvement qui connaĂźt une existence Ă©phĂ©mĂšre[98].

Aux origines du FLN

Le « Comité des six ». Debout, de gauche à droite : Rabah Bitat, Mostefa Ben Boulaïd, Didouche Mourad et Mohamed Boudiaf. Assis : Krim Belkacem à gauche, et Larbi Ben M'hidi à droite.

Les annĂ©es 1940 voient tous les courants du mouvement national s'orienter vers l’indĂ©pendantisme. Le PPA-MTLD, qui constitue l’aile la plus radicale du mouvement, traverse une sĂ©rie de crises internes[98]. Les « activistes », partisans de la lutte armĂ©e, forment dans ce but en 1947 une organisation paramilitaire clandestine : l'Organisation spĂ©ciale (OS)[103], mais sans toutefois rĂ©ussir Ă  dĂ©clencher une insurrection. L'OS est dĂ©mantelĂ©e par les autoritĂ©s françaises en 1950 et une fĂ©roce rĂ©pression s’abat non seulement sur ses membres, mais Ă©galement sur les militants du MTLD[55]. L'action du PPA-MTLD mĂšne Ă  une impasse politique. Pour sortir le parti de cette crise, certains des « activistes », dirigĂ©s par Mohamed Boudiaf, auxquels se joignent des membres du comitĂ© central du parti, les « centralistes », crĂ©ent alors un ComitĂ© rĂ©volutionnaire d'unitĂ© et d'action (CRUA)[104]. En juin 1954, les « activistes » rompent Ă  nouveau avec leur parti et se regroupent dans un « ComitĂ© des 6 » qui devient « ComitĂ© des 9 » ; ce dernier s’appuie sur le « groupe des 22 » du CRUA[103]. Ils annoncent dans une proclamation du la crĂ©ation d’un « Front de libĂ©ration nationale » (FLN) et informent que la date du 1er novembre marquera le dĂ©clenchement de la guerre de la LibĂ©ration nationale[103].

L'objectif du FLN est « la restauration de l’État algĂ©rien souverain, dĂ©mocratique et social dans le cadre des principes islamiques ». Il s’adresse aux principales composantes du mouvement national : les principes islamiques des OulĂ©mas, ceux dĂ©mocratiques de l'UDMA, ceux sociaux du PCA et enfin ceux indĂ©pendantistes radicaux du PPA-MTLD[103]. Les « centralistes » puis les oulĂ©mas et l’UDMA rallient le FLN au dĂ©but de l'annĂ©e 1956[105], suivis par les communistes dont leur groupe armĂ©, le CDL, rejoint l'ALN en [106]. Les partisans de Messali constituent le Mouvement national algĂ©rien (MNA) rival du FLN, et plusieurs organisations sociales sont placĂ©es sous la dĂ©pendance du FLN, tels le syndicat Union gĂ©nĂ©rale des syndicats algĂ©riens (UGSA) et l'Union gĂ©nĂ©rale des Ă©tudiants musulmans algĂ©riens (UGEMA)[106].

Les « ralliĂ©s », principalement les « centralistes » du PPA, reprĂ©sentent le courant politique du Conseil national de la RĂ©volution algĂ©rienne (CNRA), crĂ©Ă© en 1956[107]. Les ex-centralistes du PPA et ex-dirigeants de l’UDMA vont occuper des postes ministĂ©riels dans le premier Gouvernement provisoire de la RĂ©publique algĂ©rienne (GPRA). Toutefois, les communistes conservent leur propre organisation clandestine et ne participent pas aux luttes de pouvoir du FLN : ils se reformeront aprĂšs l’indĂ©pendance alors que les messalistes, interdits de reformer leur parti, se font accuser de « traĂźtrise »[108]. Les actions des OulĂ©mas, centrĂ©es sur l’éducation religieuse et la langue arabe, se transforment aprĂšs l’indĂ©pendance en un programme politique[108].

Les mouvements sociaux

Mouvement ouvrier

Le journal anticolonial L’Ikdam

Dans les annĂ©es 1920, des travailleurs algĂ©riens se joignent aux dĂ©filĂ©s du 1er mai et arborent des drapeaux verts frappĂ©s du croissant et de l’étoile rouge[109]. La ConfĂ©dĂ©ration gĂ©nĂ©rale du travail unitaire (CGTU), une organisation radicale rĂ©volutionnaire qui fait scission d'avec la CGT, est plus ouverte aux luttes anti-impĂ©rialistes et reconnait la validitĂ© des « aspirations Ă  la libĂ©ration nationale ». Pour Victor Spielmann, un compagnon de l’émir Khaled, l’avenir de l’AlgĂ©rie passe par une rĂ©publique mixte et socialiste[109]. En 1924, la CGTU et la section nord-africaine animĂ©e par Abdelkader Hadj Ali organisent les « congrĂšs nord-africains »[109].

La CGTU est par la suite renforcĂ©e par l'adhĂ©sion de travailleurs algĂ©riens des dĂ©pĂŽts et des ports, et plusieurs grĂšves sont menĂ©es dans les annĂ©es 1920 ainsi que les premiĂšres luttes de femmes dans les usines de tabac. En 1930, elle rassemble 10 000 syndiquĂ©s, avec une forte minoritĂ© algĂ©rienne[110]. La CGTU se transforme en CGTA (ConfĂ©dĂ©ration gĂ©nĂ©rale des travailleurs algĂ©riens) et rĂ©dige le Manifeste aux ouvriers et aux paysans d’AlgĂ©rie qui, reprenant le programme des communistes et des syndicats nord-africains de la CGTU, annonce une assemblĂ©e populaire algĂ©rienne et une rĂ©forme agraire[111]. Les luttes ouvriĂšres entretiennent un syndicalisme de combat qui devient un lieu de formation des militants. En 1934, des manifestations antifascistes ont lieu face Ă  la montĂ©e du « fascisme colonial »[111]. À l’avĂšnement du Front populaire, des grĂšves suivent le mouvement de en France, demandant l’application des lois sociales, mais l'opposition entre travailleurs français et espagnols d’une part, et marocains et algĂ©riens d’autre part, en limitent l'ampleur et la durĂ©e. Les grĂšves Ă  majoritĂ©s algĂ©riennes sont trĂšs vives dans trois domaines : le secteur du bĂątiment, du liĂšge dans l'Est du pays et au sein des fermes et du vignoble dans la Mitidja et l'Oranie[75].

Ces luttes aboutissent Ă  une syndicalisation rapide et Ă  nourrir l’aspiration Ă  un État algĂ©rien social[112]. Le couple parti-syndicat triomphe aprĂšs 1945, offrant Ă  l’État national le modĂšle soviĂ©tique de l'État-parti. Le FLN, reprenant le modĂšle de la lutte armĂ©e, prĂ©sente un front politique doublĂ© par l’ALN. Le mouvement ouvrier a bien modĂ©lisĂ© le mouvement national[112] et des courants de la gauche française (trotskistes, anarchistes, et syndicalistes-rĂ©volutionnaires) se rapprochent des nationalistes algĂ©riens. Pendant la guerre d’AlgĂ©rie, ces courants français apportent soutien matĂ©riel et idĂ©ologique aux militants algĂ©riens[113].

Scoutisme musulman algérien

Le groupe SMA de Collo en 1940

Dans les années 1930, le paysage culturel et politique algérien connaßt un grand dynamisme : plusieurs journaux sont créés, ainsi que des nadis (cercle politico-littéraire)[114]. Les premiers groupes des scouts musulmans algériens (SMA) sont créés par des militants de l'islah (« réforme ») durant cette période[115]. En plus de leurs activités de scoutisme, ils affichent une dimension politique, par la référence à l'islam et à la patrie algérienne[114].

En 1935 Mohamed Bourass crĂ©e la premiĂšre section des SMA, baptisĂ©e « El-Fallah ». Il entre en contact avec les autres organisations de scoutisme pour les convaincre de s’unir. En 1939, le premier congrĂšs du mouvement marque la fondation de la FĂ©dĂ©ration des scouts musulmans algĂ©riens (FSMA) et l’uniformisation du rĂšglement, des tenues et de lois, l'adoption d'un chant national scout ainsi que d'un drapeau semblable au drapeau algĂ©rien[116]. En 1939, le PPA est dissous, et de nombreux chefs scouts de FSMA se rallient au mouvement nationaliste[116]. L'administration coloniale tente de mettre fin au mouvement en Ă©loignant les chefs musulmans et en rapprochant des chefs français. Des groupes SMA autonomes naissent alors dans le Sud et en Kabylie. Les manifestations scoutes deviennent de plus en plus nombreuses et les chants, davantage rĂ©volutionnaires[117]. Les scouts participent aux manifestations nationalistes du , lors des massacres de SĂ©tif et Guelma ; les SMA sont trĂšs durement frappĂ©s, en particulier la troupe En Noudjoum de Guelma. Ils se font ensuite interdire dans le Constantinois et en Kabylie[117]. En 1948, la direction administrative et technique passe entiĂšrement entre les mains des membres du PPA[118].

En outre, le PPA possĂšde d’autres organisations satellites : l’Association des Ă©tudiants, l’Association des femmes musulmanes, des groupes sportifs, des mĂ©dersas et des syndicats[117]. Les SMA ont Ă©tĂ© le principal mouvement de jeunesse algĂ©rien. Les mesures rĂ©pressives de l’administration coloniale n’ont pas affaibli le mouvement, dont le nationalisme est proche de celui du PPA. Une grande partie des SMA a participĂ© Ă  la guerre de libĂ©ration algĂ©rienne[118].

Idéologie nationaliste algérienne

Page d'un journal
PremiÚre page du journal L'Algerie Libre en 1950 pour la célébration du 13e anniversaire du Parti du peuple algérien

Le nationalisme algĂ©rien se situe Ă  l'intĂ©rieur de deux idĂ©ologies : le mouvement socialiste et la tradition islamique ; il est Ă©galement teintĂ© de populisme[119]. Le lieu de naissance du mouvement indĂ©pendantiste, Ă  Paris en 1926, influence son dĂ©veloppement idĂ©ologique ultĂ©rieur. Il initie les premiers militants algĂ©riens Ă  des modĂšles d’organisations socialistes[120]. L’islam consiste en un autre facteur important car la quasi-totalitĂ© des AlgĂ©riens sont restĂ©s attachĂ©s Ă  leur tradition religieuse. L’islam est Ă  la fois un projet de sociĂ©tĂ© et une idĂ©ologie[121]. Le populisme quant Ă  lui se manifeste par une mĂ©fiance envers les Ă©lites, perçues comme des « bourgeois » qui ignorent les rĂ©alitĂ©s du peuple[122].

La question nationale signifie pour l’opinion publique musulmane une rĂ©fĂ©rence Ă  une nation algĂ©rienne ; elle trouve son essence dans le refus de l’ordre colonial et dans une perception nĂ©gative dans tout ce qui oppose au colonisateur : la religion, la culture et la langue[123]. L'aspiration Ă  l’indĂ©pendance tire ses origines dans la rĂ©sistance populaire armĂ©e Ă  la conquĂȘte française. Le nationalisme algĂ©rien s'attache Ă©galement Ă  l’islam, Ă  l'appartenance au monde musulman et Ă  la volontĂ© de rĂ©cupĂ©rer une authentique identitĂ© nationale[71]. Le projet final est la construction de l’État-Nation pour les AlgĂ©riens, consistant en un point de dĂ©part de toutes les amĂ©liorations possibles, le retour aux sources idĂ©alisĂ©es par le passĂ© et Ă  l’islam, la remise des richesses algĂ©riennes au profit du peuple algĂ©rien et la fin de tous les maux, dont la prĂ©sence française est tenue pour responsable[124].

L'engagement politique apparaĂźt d’abord dans les villes islamiques de l’intĂ©rieur avant de s’étendre vers les villes du littoral. D'ailleurs Messali Hadj est nĂ© Ă  Tlemcen et Ben Badis Ă  Constantine. Avec l’exode rural, les centres urbains deviennent le lieu de l’élaboration de la politique indĂ©pendantiste[125]. Les villes intermĂ©diaires, semi-citadines, semi-rurales telles que Souk Ahras deviennent des agglomĂ©rations oĂč le nationalisme est le plus implantĂ©, ce qui a permis aux indĂ©pendantistes une progression rapide dans les campagnes. Aux Ă©lections municipales de 1947, le MTLD s'empare de la totalitĂ© des siĂšges et reprĂ©sente les AlgĂ©riens dans 110 municipalitĂ©s[126].

La dĂ©gradation de la situation sociale et Ă©conomique des AlgĂ©riens, la violence de certains colons, la dĂ©faite de la France, et la mobilisation d’un grand nombre de musulmans algĂ©riens pendant la Seconde Guerre mondiale mĂšnent Ă  une tension qui produit les massacres du 8 mai 1945, et provoque une fracture dans la sociĂ©tĂ© coloniale, autant de dĂ©clencheurs de la guerre d'AlgĂ©rie, en 1954[127]. Le projet indĂ©pendantiste pĂ©nĂštre profondĂ©ment la sociĂ©tĂ© algĂ©rienne et son idĂ©ologie continue d’influencer le nationalisme algĂ©rien actuel Ă  travers la centralisation de type jacobin et l'idĂ©ologie arabo-islamiste, qui traversent toute la doctrine officielle de l’État[128].

Presse et travail journalistique

Plusieurs journaux algériens ont vu le jour afin d'encadrer la population algérienne dans son combat des droits et de liberté, on cite :

  • L'hebdomadaire "L'Entente Franco-Musulmane" (1935-1942) crĂ©Ă© par la FĂ©dĂ©ration des Élus du Constantinois[129].
  • Le journal "ÉgalitĂ©" (1944) crĂ©Ă© par Ferhat Abbas, et qui a Ă©tĂ© renommĂ© "La RĂ©publique AlgĂ©rienne" en 1948[129].

Références

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  102. Collectif 2012, p. 346.
  103. Collectif coordonné par Hassan Ramaoun 2000, p. 53.
  104. Collectif 2012, p. 548.
  105. Collectif 2012, p. 481.
  106. Collectif coordonné par Hassan Ramaoun 2000, p. 54.
  107. Collectif 2012, p. 551.
  108. Collectif 2012, p. 552.
  109. Collectif 2012, p. 433.
  110. Collectif 2012, p. 434.
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Annexes

Ouvrages utilisés

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    • Jean-Pierre Peyroulou, « 1919-1944 : l'essor de l'AlgĂ©rie algĂ©rienne », dans , 319-346 p.
    • Julien Fromage, « Le docteur Bendjelloul et la FĂ©dĂ©ration des Ă©lus musulmans », dans , 398-401 p.
    • RenĂ© Gallissot, « 1919-1939 : le mouvement ouvrier et ses modĂšles d'organisation », dans , 432-438 p.
    • Mahfoud Kaddache, « Les scouts musulmans algĂ©riens, creuset du nationalisme », dans , 446-450 p.
    • Ouanassa Siari Tengour, « 1945-1962 : vers l'indĂ©pendance », dans , 465-481 p.
    • Malika Rahal, « Du PPA-MTLD au FLN ? », dans , 547-552 p.
  • Benjamin Stora, Le nationalisme algĂ©rien avant 1954, Paris, CNRS, , 346 p. (ISBN 978-2-271-06868-2)Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Pierre Darmon, Un siĂšcle de passions algĂ©riennes : Une histoire de l'AlgĂ©rie coloniale (1830-1940), Paris, Fayard, , 934 p. (ISBN 978-2-213-64380-9), p. 749-839Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Jean Lacouture, L'AlgĂ©rie algĂ©rienne : Fin d'un empire, naissance d'une nation, Paris, Gallimard (Editions), coll. « TĂ©moins », , 75-105 p. (ISBN 978-2-07-012003-1)Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Mahfoud Kaddache, Histoire du nationalisme algĂ©rien 1919-1951, Paris/Alger, Paris-MĂ©diterranĂ©e, , 982 p. (ISBN 2-84272-169-1)Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Collectif coordonnĂ© par Hassan Ramaoun, L'AlgĂ©rie : histoire, sociĂ©tĂ© et culture, Alger, Casbah Éditions, , 44-54 p. (ISBN 9961-64-189-2), « L’AlgĂ©rie de 1830 Ă  nos jours : histoire sociale et politique »Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

Autres articles

  • Pierre-Jean Le Foll-Luciani, « Des Ă©tudiants juifs algĂ©riens dans le mouvement national algĂ©rien Ă  Paris (1948-1962) », La bienvenue et l’adieu, no 2,‎ , p. 67-93 (lire en ligne)
  • Malika Rahal, « La tentation dĂ©mocratique en AlgĂ©rie. L’Union dĂ©mocratique du manifeste algĂ©rien (1946-1956) », Insaniyat, no 31,‎ , p. 79-93 (lire en ligne)
  • (ar) Hassan Ramaoun, « Ű§Ù„Ű„ŰłŰȘŰčÙ…Ű§Ű±ŰŒ Ű§Ù„Ű­Ű±ÙƒŰ© Ű§Ù„ÙˆŰ·Ù†ÙŠŰ© و Ű§Ù„Ű§ŰłŰȘÙ‚Ù„Ű§Ù„ ŰšŰ§Ù„ŰŹŰČۧۊ۱ : Ű§Ù„ŰčÙ„Ű§Ù‚Ű© ŰšÙŠÙ† Ű§Ù„ŰŻÙŠÙ†ÙŠ و (Colonisation, Mouvement national et IndĂ©pendance en AlgĂ©rie : Ă  propos de la relation entre le religieux et le politique) », Insaniyat, no 31,‎ , p. 13-29 (lire en ligne)
  • Mohamed Mahieddine Nahas, « La pensĂ©e politique de Mustafa Kemal AtatĂŒrk et le Mouvement national algĂ©rien », Insaniyat, nos 25-26,‎ , p. 123-142 (lire en ligne)
  • Saddek Benkada, « La revendication des libertĂ©s publiques dans le discours politique du nationalisme algĂ©rien et de l’anticolonialisme français (1919-1954) », Insaniyat, nos 25-26,‎ , p. 179-199 (lire en ligne)
  • Daho Djerbal, « La question dĂ©mocratique dans le Mouvement national (1945-1962) », Insaniyat, nos 25-26,‎ , p. 159-177 (lire en ligne)
  • Abdelmalek Sayad, « Émigration et nationalisme : le cas algĂ©rien », Publications de l'École française de Rome lien GenĂšse de l'État moderne en MĂ©diterranĂ©e. Approches historique et anthropologique des pratiques et des reprĂ©sentations. Actes des tables rondes internationales tenues Ă  Paris (24-26 septembre 1987 et 18-19 mars 1988),‎ , p. 407-436 (lire en ligne)
  • Charles-Robert Ageron, « Le parti communiste algĂ©rien de 1939 Ă  1943 », VingtiĂšme SiĂšcle. Revue d'histoire, vol. 12, no 12,‎ , p. 39-50 (lire en ligne)
  • Benjamin Stora, « Avant la deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration : le militantisme algĂ©rien en France (1926-1954) », Revue europĂ©enne de migrations internationales, nos 1-2,‎ , p. 69-93 (lire en ligne)
  • Charles-Robert Ageron, « EnquĂȘte sur les origines du nationalisme algĂ©rien. L'Ă©mir Khaled, petit-fils d'Abd El-Kader, fut-il le premier nationaliste algĂ©rien ? », Revue de l'Occident musulman et de la MĂ©diterranĂ©e, vol. 2, no 2,‎ , p. 9-49 (lire en ligne)

Articles connexes

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