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Statut de 1947

Le Statut de 1947 dĂ©signe l'ensemble des dispositions de dĂ©concentration des pouvoirs de la France coloniale Ă  l'AlgĂ©rie organisĂ© par la loi du , « portant statut organique de l’AlgĂ©rie ». La loi est dĂ©battue par l'AssemblĂ©e nationale dans un contexte de refonte constitutionnelle[Note 1], de revendications nationalistes et de prĂ©mices[Note 2] de la guerre d'AlgĂ©rie[Note 3].

Statut de
Autre(s) nom(s) Statut organique de l'Algérie
Présentation
Titre Loi portant statut organique de l'AlgĂ©rie20_sept._19479470,_col. 2_1-0">[1]
RĂ©fĂ©rence Loi no 47-185320_sept._19479470,_col. 2_1-1">[1]
Pays Drapeau de la France France
Territoire d'application Algérie
Langue(s) officielle(s) français
Type loi ordinaire
Branche droit public
Adoption et entrée en vigueur
RĂ©dacteur(s) Le Parlement français sur proposition de Paul-Émile Viard, professeur de droit Ă  Alger et directeur de l'Écho d'Alger[2].
RĂ©gime IVe RĂ©publique
Présidence Vincent Auriol
LĂ©gislature Ire
Gouvernement Paul Ramadier (1)
Promulgation
Publication
Version en vigueur néant
Abrogation : vote des pouvoirs spéciaux dans le cadre de la guerre d'Algérie.

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Le statut octroie des pouvoirs propres au groupe des départements français d'Algérie et crée une Assemblée algérienne. Il proclame aussi « l'égalité effective entre tous les citoyens français » (art. 2).

L'Assemblée algérienne prévue a principalement des compétences financiÚres. Elle comprend 120 délégués élus à parité : 60 représentants sont élus au suffrage universel par un « premier collÚge » comprenant de plein droit les citoyens de statut civil de droit commun et des citoyens de « statut civil de droit local », et 60 délégués sont élus au suffrage universel masculin par un « second collÚge » des autres citoyens de « statut civil de droit local ».

Si le statut est bien appliqué dans son aspect de gestion ordinaire, il est dénaturé en ce qui concerne ses principales avancées, par l'incapacité de l'Assemblée algérienne à se saisir des matiÚres les plus novatrices que le statut lui a dévolues, et par le truquage systématique des élections au deuxiÚme collÚge de cette assemblée.

Il est appliqué de 1948 jusqu'à la date du instaurant des pouvoirs spéciaux qui conduisent le ministre résidant Robert Lacoste à dissoudre l'assemblée algérienne le mois suivant. Ensuite, jusqu'à l'indépendance du pays, l'Algérie vit « hors statut », au gré d'une législation métropolitaine de circonstance.

Contexte

Le lien entre France et AlgĂ©rie dĂ©bute en 1830, annĂ©e de la conquĂȘte de l'AlgĂ©rie par la France, l'AlgĂ©rie devient française.

Ce nouveau territoire est organisĂ© par la France qui dispose de maniĂšre originale de son territoire et de ses habitants. D'abord simple colonie rattachĂ©e Ă  la mĂ©tropole, le territoire sera de plus en plus autonome. Ces habitants autochtones resteront tout de mĂȘme soumis Ă  un statut personnel particulier : le statut d'indigĂšne.

Organisation administrative et institutions politiques de l'Algérie avant 1947

La reddition d'Abd el-Kader, le 23 décembre 1847 par Régis Augustin.

Si la reddition formelle d'Abd el-Kader, « émir de Mascara », a lieu le , la future organisation du territoire était déjà prévue depuis l'ordonnance du . Ce sera une « colonie militaire rattachée au ministÚre de la Guerre et dirigée par un chef, le gouverneur général d'Algérie, auquel le roi (de France) a délégué d'importantes attributions de gouvernement, d'administration et de réglementation »[3].

En décembre 1848, la France crée les trois départements d'Algérie : département d'Alger, département de Constantine et département d'Oran.

De 1858 à 1860, une institution dédiée gÚre spécialement le territoire : le Conseil supérieur de l'Algérie et des colonies. Rebatisé « Conseil supérieur » par le décret du , « ce conseil était chargé d'examiner à titre consultatif le budget annuel de l'Algérie, ainsi que l'assiette et la répartition des divers impÎts, préparés par le Gouvernement général »[4].

Par la suite, le gouverneur perd de son pouvoir en raison de ce que l'on va appeler « le systĂšme des rattachements ». DĂ©fini par le dĂ©cret du , c'est un systĂšme dans lequel « les services de l'AlgĂ©rie sont placĂ©s sous l'autoritĂ© directe des ministres, qui suivent de Paris, chacun en ce qui le concerne, les affaires relevant de son dĂ©partement, transmettent des instructions au gouverneur gĂ©nĂ©ral, sollicitent ses avis et propositions et dĂ©cident ensuite ou font prendre la dĂ©cision par le chef de l’État »[3]. Le gouverneur gĂ©nĂ©ral n'a donc plus qu'un rĂŽle principalement consultatif.

À partir de 1890, « devant les critiques sĂ©vĂšres dont il Ă©tait l'objet, le rĂ©gime de l'AlgĂ©rie a Ă©voluĂ© vers une dĂ©centralisation administrative opĂ©rĂ©e par Ă©tape ». Le dĂ©cret du augmente les pouvoirs du gouverneur gĂ©nĂ©ral. Deux autres dĂ©crets du , instituent une assemblĂ©e Ă©lective : les dĂ©lĂ©gations financiĂšres. La loi du dote l'AlgĂ©rie de la personnalitĂ© civile et d'un budget spĂ©cial. Pour finir, la loi du a amĂ©nagĂ© une circonscription administrative distincte de l'AlgĂ©rie : les Territoires du Sud[3].

Statut d'indigĂšne

L'annexion de l'AlgĂ©rie Ă  la France par l’Ordonnance royale du conduit Ă  la mise en place en AlgĂ©rie d'un statut spĂ©cial des autochtones, dit de l'indigĂ©nat, qui introduit une situation singuliĂšre dans la tradition juridique française. Dans le code civil, une liaison est Ă©tablie entre la nationalitĂ© et les droits civils (art. 8). Cette liaison va ĂȘtre rompue pour les indigĂšnes musulmans ou juifs d'AlgĂ©rie[Note 4]. « Les indigĂšnes musulmans ou juifs sont français mais ils ne jouissent ni des droits civils, ni des droits politiques : ils ont une nationalitĂ© de sujet, par dĂ©faut en quelque sorte ». Il s'agit d'un statut d'infĂ©rioritĂ© occasionnĂ© par la situation de peuple conquis. Titulaires de la nationalitĂ© mais non pas de la citoyennetĂ©, les habitants historiques de l'AlgĂ©rie - dits « autochtones » ou « indigĂšnes » - sont en situation d'inĂ©galitĂ© avec les colons français. Ceux-ci, qui ont la « qualitĂ© de Français[Note 5]», sont donc nĂ©cessairement citoyens[Note 6] (Ă  l'exception des femmes[5] - [Note 7]), quoiqu'en fait ils n'exercent des droits politiques au niveau national que pendant la DeuxiĂšme RĂ©publique (1848-1852), puis Ă  partir de 1870[Note 8].

Si, d'aprĂšs le politologue Patrick Weil, les clauses du traitĂ© de capitulation du Dey d'Alger auraient pu ĂȘtre interprĂ©tĂ©es comme comprenant le droit pour le vaincu de s'auto-administrer[Note 9], ce n'est pas le cas en pratique. Le statut de l'indigĂ©nat permet aux musulmans et aux juifs de continuer Ă  rester soumis dans les domaines des lois successorales et personnelles Ă  un statut personnel dit « de droit local », mais « dans tous les autres domaines, ils se voient soumis Ă  un statut juridique d’infĂ©rioritĂ© »[6]. Ce statut de fait est thĂ©orisĂ© par un arrĂȘt de la Cour d'Alger, du [Note 10], et sa jurisprudence est entĂ©rinĂ©e par le Senatus-consulte du 14 juillet 1865, qui reconnaĂźt la qualitĂ© de Français aux indigĂšnes musulmans et juifs d'AlgĂ©rie, et leur refuse la citoyennetĂ© s'ils restent soumis Ă  leur statut personnel[7]. Le senatus-consulte prĂ©voit aussi l'accession Ă  la citoyennetĂ©, pour les indigĂšnes musulmans et juifs pour la premiĂšre fois, et pour les Ă©trangers rĂ©sidant en AlgĂ©rie[8].

Par la suite, les « Ă©vĂ©nements de 1870 » modifient les forces en prĂ©sence, et la « naturalisation » collective des juifs indigĂšnes[8], en les soustrayant Ă  leur statut personnel mosaĂŻque[7], est rĂ©alisĂ©e par les dĂ©crets des 24 octobre et [3]. Cependant, les habitants de l'AlgĂ©rie n'ont pas tous le mĂȘme statut et plusieurs lois se succĂšdent vers une augmentation des droits civils et politiques des indigĂšnes : loi du , Ordonnance du . Pour finir, certains droits politiques sont accordĂ©s aux indigĂšnes. La loi du leur accorde 15 siĂšges de dĂ©putĂ©s Ă  l'AssemblĂ©e nationale. La loi du leur permet d’élire 7 membres du Conseil de la RĂ©publique[9].

Situation aprĂšs la Seconde guerre mondiale

Le statut antérieur de l'Algérie mis en place dans la période 1898/1900[Note 11] perdure jusqu'en 1948. D'aprÚs Bernard Droz, aprÚs que les Délégations financiÚres ont été suspendues comme les autres assemblées délibérantes par la loi du , elles sont rétablies en 1943 par le Comité français de Libération nationale[10]. Pour Xavier Yacono au contraire, une ordonnance du fait disparaßtre les Délégations financiÚres, remplacées provisoirement par une Assemblée financiÚre non élue[11]. Le statut est de toute façon nettement dépassé par les revendications des nationalistes algériens exprimées dans le Manifeste du , qui conduit le gouverneur Peyrouton à créer le une commission des réformes économiques et sociales musulmanes[12].

Des débats sur le statut à appliquer à l'Algérie organisés dans le cadre des commissions de réformes du Comité français de Libération nationale en 1943, puis lors de l'élaboration des projets constitutionnels de 1946, il sort quelques dispositions fragmentaires concernant l'organisation des deux collÚges électoraux: ordonnances du et du , loi du [13] - [Note 12].

La mise en place des institutions de la QuatriĂšme RĂ©publique Ă©tant effective fin 1946, et la nouvelle constitution adoptĂ©e par rĂ©fĂ©rendum du Ă©tant muette sur l'AlgĂ©rie - nĂ©anmoins implicitement membre de l'Union française comme partie intĂ©grante de la RĂ©publique[13] - [Note 13] - [Texte 1] - l'adoption d'un nouveau statut pour l'AlgĂ©rie ne peut plus ĂȘtre diffĂ©rĂ©e.

Élaboration de la loi

La loi est Ă©laborĂ©e au cours de dĂ©bats passionnĂ©s, oĂč les pressions contraires qui s'exercent rĂ©duisent la marge de manƓuvre du PrĂ©sident du Conseil Paul Ramadier[14].

Précédents projets

En juillet 1946, le projet de statut de l'AlgĂ©rie est Ă©voquĂ© dans le cadre de la discussion de la Constitution de 1946 : celui-ci doit faire l'objet d'une « loi spĂ©ciale Â»[15].

Au cours des travaux de la deuxiĂšme AssemblĂ©e constituante, l'UDMA dĂ©pose le une proposition de loi « tendant Ă  Ă©tablir la Constitution de la rĂ©publique algĂ©rienne en tant qu’État fĂ©dĂ©rĂ© membre de l’Union française », suivie d'une seconde proposition de loi des dĂ©putĂ©s socialistes d'AlgĂ©rie contresignĂ©e par le groupe SFIO de l'assemblĂ©e et Paul Ramadier.Cinq jours plus tard, le , est dĂ©posĂ© le projet de loi gouvernemental prĂ©parĂ© par le ministre de l'intĂ©rieur Edouard Depreux, « portant statut organique de l'AlgĂ©rie Â». Soumis Ă  la Commission de la Constitution, le projet et les deux propositions ne sont pas discutĂ©s avant a fin de la session, devant l'urgence d'achever le projet de Constitution avant le rĂ©fĂ©rendum du [16].

DĂ©pĂŽt du projet de loi gouvernemental

Le projet de loi qui sera adopté est déposé au bureau de l'Assemblée nationale le . Il est présenté par le cabinet Ramadier.

Il est dĂ» pour l'essentiel au professeur Paul-Émile Viard, dĂ©putĂ© MRP d'Alger[2]. Ce texte a pour originalitĂ© de prĂ©voir un ministre de l'AlgĂ©rie (l'idĂ©e sera reprise en 1956 par Jacques Soustelle), mais pour le reste, son conservatisme suscite des contre-projets de nature fĂ©dĂ©raliste (UDMA et Parti communiste) ou assimilationniste (SFIO)[13].

Vote du projet et modifications apportées

Le ministre de l'intĂ©rieur Édouard Depreux parvient, avec l'aide du rapporteur, le dĂ©putĂ© socialiste d'Oran Maurice Rabier, Ă  Ă©carter les projets concurrents, provoquant la protestation des Ă©lus du deuxiĂšme collĂšge, qui quittent l'AssemblĂ©e. Le statut est votĂ© le par 320 voix contre 92 Ă  l'issue de dĂ©bats passionnĂ©s. La totalitĂ© des dĂ©putĂ©s des deux collĂšges d'AlgĂ©rie vote contre, les communistes s'Ă©tant abstenus[17].

Le statut de l'AlgĂ©rie vient donc en discussion en mai Ă  l'assemblĂ©e nationale[13], oĂč siĂšgent 15 dĂ©putĂ©s de chacun des deux collĂšges algĂ©riens[Note 14] - [Note 15].

Propositions de loi concurrentes

Plusieurs propositions de lois concurrentes ont été proposées[18] :

  1. proposition de loi no 473, dépÎt le par Maurice Rabier, député socialiste (SFIO) de l'Algérie, membre du 1er collÚge ;
  2. proposition de loi no 923, dépÎt le par Abderrahmane Djemad, député communiste algérien, membre du second collÚge ;
  3. proposition de loi no 133 déposée au Conseil de la République (CR) le par Chérif Saùdane, sénateur du département d'Alger pour le 2e collÚge, puis transmission no 1023 le à l'Assemblée nationale ;
  4. proposition de loi no 208 déposée au Conseil de la République le par Abdelkader Saiah sénateur du département d'Alger pour le 2e collÚge, transmission no 1160 le ;
  5. [...] de Hachemi Benchennouf député Musulmans indépendants pour la défense du fédéralisme algérien (2e collÚge), no 1352, dépÎt le ;
  6. [...] de Abderraman Ben TounÚs député socialiste (2e collÚge), dépÎt le .

Si, classiquement, il a été question de savoir quelles seraient les compétences et le mode de nomination de la nouvelle Assemblée créée, il a aussi été discuté du statut territorial de l'Algérie : département, territoire d'Outre-mer, rattachement sui generis ? Mais aussi de la modification du statut personnel à apporter aux autochtones - citoyenneté de la République, de l'Union (amendement Capitant retiré) ?

Intervention du général de Gaulle dans le débat

Ayant abandonnĂ© le pouvoir le , Charles de Gaulle intervient dans la discussion par un discours du , oĂč il reprend Ă  son compte toutes les revendications de la majoritĂ© du premier collĂšge de l'AlgĂ©rie. Il demande le maintien de la souverainetĂ© de la France en AlgĂ©rie, deux collĂšges paritaires excluant l'ouverture du premier collĂšge Ă  des Musulmans prĂ©vue par l'ordonnance du , dont il demande l'abrogation ainsi que l'abrogation du titre IV de la loi du . Il demande Ă©galement le vote sĂ©parĂ© dans chaque collĂšge de l'AssemblĂ©e algĂ©rienne[19]. Il justifie son ralliement au double collĂšge en raison de « l'infirmitĂ© d'un rĂ©gime d'AssemblĂ©e unique, incapable de prendre en compte la variĂ©tĂ© et la diversitĂ© d'aspirations des populations d'Union française comme d'AlgĂ©rie. »[20].

Discussion sur le statut de l'Algérie : art 1er

La définition du statut de l'Algérie posée à l'article 1er de la loi a fait l'objet de nombreuses discussions.

« La discussion de l'article 1er a commencé par l'examen de deux contre-projets de tendance autonomiste repris sous forme d'amendements »[21] - [Texte 2].

Propositions de loi déposées

La premiÚre proposition[Texte 2], présentée par Abderrahmane Djemad, membre influant du Parti communiste algérien à Alger[22] soutenue par les communistes, proposait l'autonomie du territoire dans le cadre de l'Union française[Note 16]. Cette proposition a été refusée par 404 voix contre 9[Texte 3]. Soit bien en dessous du nombre de représentants, se disant communistes (169 membres du groupe communiste et 15 membres du groupe de l'Union républicaine et résistante[23]) ou de représentants du second collÚge de l'Algérie à l'Assemblée (15 membres).

La deuxiÚme proposition[Texte 2], ouvertement autonomiste[Texte 4], était soutenue par Hachemi Benchennouf, élu sur la « liste de défense du fédéralisme algérien »[24] et Abderrahmane Ben TounÚs, élu sur la « liste musulmane d'action démocratique et sociale » et apparenté socialiste[25] fut pareillement rejetée. Pour soutenir leur amendement, les deux députés font référence à la montée du nationalisme algérien qui, si aucune réponse ne lui est apporté, apportera « désordre et anarchie ». La création d'une fédération serait donc un moyen de garder un lien avec la France en faisant droit aux réclamations des nationalistes algériens.

Organisation administrative de l'Algérie en 1947. En rose, les trois départements français d'Algérie : Alger, Constantine et Oran, et en jaune, les quatre Territoires du Sud, considérés comme des départements par le statut de 1947.

Une autre proposition[Texte 2] de tendance « assimilatrice » a ensuite été présentée et refusée[Texte 5].

Une autre proposition[Texte 2], soutenue par Rabier, Borra et Defferre catégorise l'Algérie comme une collectivité territoriale composée de départements d'outre-mer[Texte 6].

L'article finalement adopté est celui du projet gouvernemental, qui situe les départements algériens dans la République française, comme la proposition socialiste, mais en contradiction avec toutes les autres propositions[26] - [Texte 7].

Analyse de la discussion

L’enjeu de tous ces projets est de dĂ©finir le cadre politique de la relation entre l'AlgĂ©rie et la France. L'aprĂšs-guerre voit la montĂ©e des revendications d'indĂ©pendance au nom du droit des peuples Ă  disposer d'eux-mĂȘmes. Plusieurs propositions de loi reflĂštent cette tendance, et le dĂ©bat se pose en ces termes : les dĂ©partements d'AlgĂ©rie sont-ils partie intĂ©grante de la RĂ©publique française, ou bien un Territoire ou un État associĂ© Ă  la RĂ©publique dans le cadre de l'Union française ? Juridiquement, la situation ne laisse pas de doute Ă  l'Ă©poque, car le Conseil d’État considĂšre dans un avis de 1947 que : « les dĂ©partements algĂ©riens sont des dĂ©partements d'outre-mer »[Texte 1].

Alors pourquoi continuer Ă  poser la question ? Parce dans la discussion devant les Parlementaires, M. Ben TounĂšs a dĂ©clarĂ© : « Mesdames et messieurs, ni par sa gĂ©ographie, ni par son histoire, ni par sa composition ethnique, l'AlgĂ©rie ne fait partie intĂ©grante de la mĂ©tropole. Elle ne peut y ĂȘtre assimilĂ©e que par une fiction lĂ©gale qu'il est inutile de prolonger, les faits se chargeant de la dĂ©truire. »[27]. La discussion sur le statut de 1947 a donc lieu au dĂ©but de la montĂ©e du mouvement nationaliste algĂ©rien, la France doit donc trouver un moyen de rĂ©pondre Ă  ces revendications. Revendications qui mĂšneront Ă  la guerre d’AlgĂ©rie qui dĂ©butera en 1954 soit 7 ans aprĂšs.

Discussion sur le statut des indigĂšnes

Pour Milliot, la discussion suivante est relative à « l'égalité civile et politique des citoyens » (art. 2 à 4)[28].

Principes

Le statut de 1947 dans son article premier[Texte 7], définit comme par le passé l'Algérie comme « un groupe de départements doté de la personnalité civile et de l'autonomie financiÚre »[17] - [Note 17].

Elle entĂ©rine la citoyennetĂ© des personnes ayant conservĂ© leur statut personnel et proclame l’égalitĂ© de tous les citoyens pour l’accĂšs aux droits et obligations de citoyen français et de citoyen de l’Union française, ainsi que pour l‘accĂšs aux emplois publics et militaires[29].

Le Gouverneur général continue d'exercer le pouvoir exécutif et administratif.

Une « AssemblĂ©e algĂ©rienne » remplaçant les anciennes DĂ©lĂ©gations financiĂšres exerce des compĂ©tences budgĂ©taires et financiĂšres, et dans une moindre mesure des compĂ©tences lĂ©gislatives (possibilitĂ© de se saisir de lois ordinaires pour les rendre applicables en AlgĂ©rie, et d’édicter une rĂ©glementation particuliĂšre dans le cadre des lois existantes).

Dans ce domaine lĂ©gislatif, seule l’AssemblĂ©e nationale impose des lois propres Ă  l’AlgĂ©rie ou y rend les lois ordinaires applicables dans la mesure oĂč elle le mentionne expressĂ©ment[30].

La loi du Ă©nonce d’autres principes (le suffrage universel des femmes de « statut local » -art.4, la suppression des communes mixtes -art.53[31], l’indĂ©pendance du culte musulman Ă  l’égard de l’Ėtat -art.56, etc.) dont les modalitĂ©s d’application sont laissĂ©es Ă  l’AssemblĂ©e algĂ©rienne[32].

Organes

Le Gouverneur général et le Conseil de Gouvernement

Le Gouverneur gĂ©nĂ©ral est nommĂ© en Conseil des ministres. Il exerce en AlgĂ©rie, tout comme auparavant, le pouvoir exĂ©cutif et le pouvoir administratif Ă  l’exception des services de la justice et de l’éducation nationale. Il est assistĂ© d’un Conseil de Gouvernement, bien plus restreint que dans le prĂ©cĂ©dent statut, qui est composĂ© de 6 membres[17] : deux sont nommĂ©s par le Gouverneur gĂ©nĂ©ral, deux sont Ă©lus par l’AssemblĂ©e algĂ©rienne Ă  raison d’un par collĂšge, et deux Ă©lus de l’AssemblĂ©e algĂ©rienne en sont membres de droit : le PrĂ©sident de l’AssemblĂ©e et son vice-prĂ©sident, qui appartiennent Ă  chacun des deux collĂšges[33].

L’AssemblĂ©e algĂ©rienne

L’AssemblĂ©e algĂ©rienne instaurĂ©e par le nouveau statut est composĂ©e de 120 membres. Deux collĂšges Ă©lectoraux Ă©lisent Ă  paritĂ© 60 membres[Note 18].

Un premier collĂšge comprend les citoyens de statut civil français au nombre d’environ 470 000 hommes et femmes et 58 000 citoyens de statut civil de droit local (soit 11 % du collĂšge [2]) [30] qui y sont intĂ©grĂ©s Ă  raison de leur profession, ou de leur diplĂŽme, ou de leur mandat Ă©lectif, ou encore de leur dĂ©coration civile ou militaire[Note 19]. D'aprĂšs l'encyclopĂ©die Larousse, ce collĂšge comporterait 522 000 Ă©lecteurs[34].

Un second collĂšge comprend 1 400 000[Note 20] hommes musulmans[30], le vote des femmes, prĂ©vu par le statut, Ă©tant laissĂ© Ă  l’examen de l’AssemblĂ©e algĂ©rienne[31] - [35] - car s'il est prĂ©vu que les femmes de ce collĂšge pourraient voter (art. 4 du statut[Texte 8]), ce droit ne sera effectif qu'Ă  partir de juillet 1958[36]. Attribuant Ă  ce collĂšge 1 200 000 Ă©lecteurs, l'encyclopĂ©die Larousse les caractĂ©rise en « musulmans non citoyens »[34].

Le mode d’élection au suffrage universel masculin du second collĂšge est une des diffĂ©rences notables que prĂ©sente l‘AssemblĂ©e algĂ©rienne par rapport aux DĂ©lĂ©gations financiĂšres qu‘elle remplace, dont la « section des indigĂšnes » Ă©tait Ă©lue au suffrage restreint de 5 000 Ă©lecteurs en 1898, 100 000 Ă©lecteurs aprĂšs 1919[37] (suffrage capacitaire). L’assemblĂ©e, Ă©lue pour six ans, est renouvelĂ©e par moitiĂ© tous les trois ans[30]. Tous les Ă©lecteurs et Ă©lectrices d’AlgĂ©rie ĂągĂ©s de 23 ans au moins peuvent ĂȘtre candidats indiffĂ©remment dans l’un ou l’autre collĂšge. Leur mandat est incompatible avec un mandat de parlementaire[38]. La prĂ©sidence et la vice-prĂ©sidence de l’assemblĂ©e alternent tous les trois ans entre les Ă©lus de chaque collĂšge[30].

Les compĂ©tences prioritaires de l’AssemblĂ©e algĂ©rienne sont le vote du budget et l’autorisation des emprunts publics, Ă  l’instar de son prĂ©dĂ©cesseur, les DĂ©lĂ©gations financiĂšres. Mais l’assemblĂ©e peut Ă©galement se saisir des lois ordinaires votĂ©es par le Parlement français pour les rendre applicables Ă  l’AlgĂ©rie, ou Ă©tablir une rĂ©glementation particuliĂšre pour les lois applicables Ă  l’AlgĂ©rie[30]. Le statut lui rĂ©serve expressĂ©ment un tel pouvoir sur plusieurs questions algĂ©riennes importantes. Outre le vote des femmes musulmanes dĂ©jĂ  signalĂ©, il s’agit des modalitĂ©s de la disparition des communes mixtes, de l’application du principe d’indĂ©pendance du culte musulman par rapport Ă  l'Ėtat, de l’application de l’enseignement de l’arabe en AlgĂ©rie Ă  tous les degrĂ©s, du nouveau rĂ©gime Ă  donner aux conseils municipaux et gĂ©nĂ©raux, d’un avis Ă  donner pour une nouvelle organisation des Territoires du Sud[32]. Toutes les prĂ©rogatives nouvelles sont soumises Ă  un systĂšme complexe de majoritĂ© qualifiĂ©e et d’homologation par dĂ©cret[30].

Les dĂ©cisions de l’AssemblĂ©e sont prises Ă  la majoritĂ© simple selon l’article 39 de la loi, mais ce mĂȘme article prĂ©voit qu’à la demande du Gouverneur gĂ©nĂ©ral, ou de la commission des finances, ou d’un quart des membres de l’assemblĂ©e[39], le vote doit ĂȘtre acquis Ă  la majoritĂ© des deux tiers, sauf si la majoritĂ© simple est constatĂ©e dans chacun des deux collĂšges. Ceci revient Ă  instaurer une minoritĂ© de blocage[30].

RĂ©ception et mise en Ɠuvre du statut

Alors qu'en métropole le statut de 1947 est accueilli avec indifférence, il est qualifié en Algérie de « statut octroyé » et y soulÚve une opposition quasi unanime, motivée par des raisons différentes. Pour les Français d'Algérie, remontés contre les masses musulmanes depuis les évÚnements de mai 1945, l'opposition porte sur l'introduction d'une minorité de Musulmans dans le premier collÚge. Chez les nationalistes, l'UDMA de Ferhat Abbas exprime un rejet nuancé, alors que le MTLD de Messali Hadj rejette un statut qui ne reconnaßt pas la souveraineté et l'indivisibilité de la nation algérienne[17].

Élections

Le premier Gouverneur gĂ©nĂ©ral dans le cadre du statut nouveau, nommĂ© le , est Marcel-Edmond Naegelen, d'origine alsacienne, militant de la SFIO, ancien rĂ©sistant, et ignorant tout de l'AlgĂ©rie. Lors de la premiĂšre Ă©lection de l'assemblĂ©e algĂ©rienne le , il couvre une gigantesque opĂ©ration de trucage de l'Ă©lection des dĂ©lĂ©guĂ©s du deuxiĂšme collĂšge[40], qui est largement dĂ©noncĂ©e en mĂ©tropole et mĂȘme Ă  l'Ă©tranger, et qu'aprĂšs avoir niĂ©e, il finit par justifier. La rĂ©pĂ©tition de ce procĂ©dĂ©, et des protestations consĂ©cutives, Ă  l'occasion du renouvellement triennal de , l'oblige Ă  dĂ©missionner[40]. Le trucage se rĂ©pĂ©tait Ă  l'occasion du renouvellement triennal de 1954[41].

Une alliance des radicaux et des conservateurs triomphe en 1948 au premier collĂšge (55 dĂ©putĂ©s de droite, 4 socialistes, 1 communiste)[42]. Au second collĂšge, la fraude favorise les candidats de l'administration[30] dans le but de faire de « bonnes Ă©lections », c’est-Ă -dire d'Ă©vincer au maximum les Nationalistes de cette assemblĂ©e dans une atmosphĂšre d'intimidation, de chantage et de fraude connue sous l’expression de « bourrage des urnes », et ne laisse Ă©lire que 9 membres du MTLD et 8 de l'UDMA sur les 60 siĂšges du second collĂšge[42], alors que ces deux mouvements avaient obtenu un trĂšs grand nombre de voix aux Ă©lections municipales de 1947.

Les élus de l'administration, surnommés péjorativement « béni-oui-oui »[42] - [Note 21] sont, sauf exception, peu représentatifs et compétents, et l'assemblée trop docile ne va guÚre de l'avant[30]. Elle exerce néanmoins correctement ses attributions prioritaires de vote du budget et des emprunts. Mais les matiÚres les plus novatrices soumises à sa compétence ne viennent jamais à l'ordre du jour[17], par inertie, et en raison de l'effet dissuasif de la lourde majorité qualifiée[43]. C'est notamment le cas du vote des femmes[31], et des dispositions relatives à la disparition des communes mixtes. Ici, l'immobilisme est particuliÚrement nocif, car le corps des administrateurs civils des communes mixtes n'est pas renouvelé, par anticipation de la disparition de la commune mixte, ce qui entraßne une aggravation de la sous-administration des régions à forte majorité musulmane[43].

D'autres dysfonctionnements plus folkloriques sont signalĂ©s, telle l'Ă©lection d'un analphabĂšte Ă  la prĂ©sidence de la Commission de l'Ă©ducation. La fraude Ă©lectorale est pratiquĂ©e de nouveau lors du renouvellement triennal de l'AssemblĂ©e en . Mais le Conseil d'État, juge en premier et dernier recours du contentieux des Ă©lections Ă  l'AssemblĂ©e algĂ©rienne, rejette en bloc tous les recours en annulation[30].

Fin du statut

Le , c'est la « Toussaint rouge ». Une sĂ©rie d'attentats perpĂ©trĂ©s par le Front de libĂ©ration nationale (FLN) prĂ©cipite les Ă©vĂ©nements. Les policiers, croyant les attentats organisĂ©s par le MTLD, arrĂȘtent de nombreux militants et les torturent[44]. Ce mĂȘme-mois, Pierre MendĂšs France, alors ministre français des affaires Ă©trangĂšres, dĂ©clare que le statut de l'AlgĂ©rie est un Ă©chec qui s'exprime par la violence[45].

En , l'Assemblée est encore affaiblie par la démission de 42 délégués musulmans, et elle ne survit pas à l'instauration des pouvoirs spéciaux votés le par l'assemblée nationale {{copie à vérifier}}[Note 22] : Les pouvoirs spéciaux, votés à une trÚs large majorité de 455 voix, communistes compris, autorisent le gouvernement à « prendre toute mesure exceptionnelle en vue du rétablissement de l'ordre. »[46]. D'aprÚs le député Noël MamÚre, écrivant en 2001, ce jour-là, « le Parlement a pris la décision de se dessaisir de son pouvoir politique et donc de ses responsabilités via le gouvernement de l'époque qui a conféré de fait ces pouvoirs à l'armée française »[47]. En vertu de ces pouvoirs spéciaux, le ministre résidant Robert Lacoste décréte la dissolution de l'Assemblée algérienne en [31].

Deux projets de « loi-cadre de l'Algérie » prévoyant un nouveau statut sont débattus par l'Assemblée nationale : le premier est repoussé en , et le second, adopté le , ne sera jamais appliqué[43].

Pour finir, à l'issue de la guerre d'Algérie[Note 23], l'Algérie devient indépendante le . Ce ne sera donc plus au législateur français de décider de l'organisation de l'Algérie.

Notes et références

Notes de fin

  1. Dans le mĂȘme temps en mĂ©tropole on adopte une nouvelle Constitution, la Constitution de la IVe RĂ©publique, la Constitution du 27 octobre 1946.
  2. Les massacres de SĂ©tif et Guelma qui eurent lieu deux ans auparavant, prĂ©cisĂ©ment du au , passĂšrent inaperçus en France mĂ©tropolitaine, mais furent un traumatisme en AlgĂ©rie. Pour nombre de nationalistes algĂ©riens, ce fut un Ă©vĂšnement dĂ©terminant, et plusieurs auteurs ont considĂ©rĂ© ces massacres comme un premier acte de la Guerre d'AlgĂ©rie,ou d'autres comme une « insurrection avortĂ©e...rĂ©pĂ©tition gĂ©nĂ©rale de l'insurrection victorieuse de 1954 » (Charles-Robert Ageron, Mai 1945 en AlgĂ©rie, enjeu de mĂ©moire et histoire, MatĂ©riaux pour l'histoire du temps prĂ©sent, 1995, N° 42, p. 56). Alors que le gĂ©nĂ©ral Duval pensait que sa rĂ©pression disproportionnĂ©e avait « donnĂ© la paix pour dix ans » (citĂ© par Roger VĂ©tillard, SĂ©tif, mai 1945..., Ă©d. de Paris 2008, p. 416), le Mouvement pour le triomphe des libertĂ©s dĂ©mocratiques (MTLD) entretenait un rĂ©seau armĂ© clandestin de lutte contre la France, l'organisation spĂ©ciale (OS). Ce rĂ©seau fut dĂ©mantelĂ© en 1950, reconstituĂ© en mars 1954 sous le nom de ComitĂ© rĂ©volutionnaire d'unitĂ© et d'action (CRUA), renommĂ© la mĂȘme annĂ©e Front de libĂ©ration nationale (FLN), qui fut lui-mĂȘme le principal adversaire de la France lors de la guerre.
  3. Branche et Thénault 2001, p. 3, « Quand commencer ? ». La guerre débuta 7 ans aprÚs, initiée par les attentats du connus sous le nom de Toussaint rouge.
  4. La justification historique se trouve dans l'acte de reddition de 1830, qui assurait le maintien du statut personnel fondé sur la loi religieuse des populations conquises. Blévis 2001, p. 560-561
  5. La notion de « qualité de Français » précÚde la notion de nationalité, qui n'apparaßtra qu'au tournant du XIXe siÚcle (Blévis 2001, p. 563).
  6. Il y a identification entre la Nationalité et la citoyenneté, d'aprÚs les travaux scientifiques portant sur les théories de la citoyenneté. Blévis 2001, p. 559-560.
    Si le lien entre l'exercice des droits civils et la qualitĂ© de citoyen n'est ni immuable, ni automatique (Article 7 du code civil - dans sa rĂ©daction originale : « L'exercice des droits civils est indĂ©pendant de la qualitĂ© de Citoyen, laquelle ne s'acquiert et ne se conserve que conformĂ©ment Ă  la loi constitutionnelle. »), il existe tout de mĂȘme un lien fort entre les deux (Article 8 du code civil - inchangĂ© depuis 1804 - dispose que : « Tout Français jouira des droits civils. »)
  7. Elles n'auront le droit de vote que bien aprĂšs les hommes. Les hommes l'ayant acquis en 1848, les femmes auront ce droit en 1945 seulement. et elles restent juridiquement soumises aux hommes.
    Le code Napoléon n'envisage principalement que deux femmes, l'enfant mineure, soumise à la puissance paternelle et la femme mariée qui jusqu'à la loi du , n'a pas la capacité civile. (Art. 215 du code civil, source : code civil de 1804, Assemblée nationale.fr.)
    Cependant, il faudra attendre 1965, pour qu'une femme puisse avoir un emploi sans avoir Ă  obtenir l'autorisation de son mari et dispose librement de ses biens propres
  8. 4 députés à l'assemblée constituante en avril 1848 et 3 à l'assemblée Législative de mai 1849 ; pas de représentation parlementaire pendant le Second Empire; 6 députés en octobre 1870. D'aprÚs Yacono 1993, p. 121-122 et 205
  9. C'est ce que Patrick Weil induit de la promesse de la France « de ne pas porter atteinte Ă  la libertĂ© des habitants de toutes classes et Ă  leur religion ». (Promesse solennelle de la France faite lors du traitĂ© de capitulation signĂ©e par le dey d’Alger, le , Weil 2005, p. 1-2)
  10. ArrĂȘt du 24 fĂ©vrier 1862. (Weil 2005, p. 1-2, note 4 citant lui-mĂȘme, « Werner, Essai sur la RĂ©glementation de la NationalitĂ© dans le Droit Colonial Français, ThĂšse de Doctorat en Droit de l’universitĂ© de GenĂšve, Toulouse, Imprimerie Boisseau, 1936, p.144 ».
  11. Il comprenait à cÎté du gouverneur général, deux assemblées partiellement élues : le « Conseil supérieur du Gouvernement », organe délibérant, existant sous des formes variées depuis 1860, et les « Délégations financiÚres », créées en 1898, et dont la fonction essentielle était depuis 1900 de voter le budget de l'Algérie. Le conseil était composé depuis 1898 de 31 élus, dont 4 indigÚnes, et de 28 membres non élus dont 3 indigÚnes. Les Délégations financiÚres étaient composées en trois sections, dont deux comprenant 48 élus au suffrage universel masculin des citoyens français (24 colons et 24 non colons), et une section de 21 délégués indigÚnes -15 Arabes et 6 Kabyles- dont 6 nommés par le gouverneur et 15 élus au suffrage direct restreint. (Yacono 1993, p.251)
  12. D'aprÚs Guy Pervillé, la définition des deux collÚges contenue dans l'ordonnance du 7 mars 1944 a servi pour l'élection de l'Assemblée algérienne, alors que c'est la définition de la loi du 5 octobre 1946, qui élargit l'accÚs de certaines catégories de musulmans au premier collÚge, qui a servi pour l'élection des députés à l'Assemblée nationale. (Pervillé 2006, vers la note 13)
  13. « Le Conseil d’État range l'AlgĂ©rie dans les dĂ©partements d'outre-Mer, donc dans la RĂ©publique que l'article 1er de la Constitution dĂ©clare indivisible, ce qui Ă©tait rejeter tout fĂ©dĂ©ralisme » - Yacono 1993, p. 345, et Conseil d'État — Avis du mars 1947, Études et documents, 1956, p. 63 ; Cour de cassation — ArrĂȘt de la chambre sociale du 2 fĂ©vrier 1950, Dalloz, 1950, 297, note Rolland.
  14. Yacono 1993, p.346. D'aprÚs Maurice Duverger, l'assemblée nationale française comprenait en 1939 9 députés de l'Algérie et 10 députés des colonies sur un total de plus de 600 députés, alors qu'elle comptait en 1946 544 députés de la France métropolitaine, 52 députés des départements et territoires d'outre-mer autres que l'Algérie, et 30 députés des départements d'Algérie - cf. Institutions politiques et droit constitutionnel, PUF 1968, p. 477
  15. Premier CollĂšge
    • 3 MRP: Jacques Augarde, Charles Serre, Paul Viard
    • 4 RĂ©publicains indĂ©pendants: Adolphe Aumeran, Jacques Chevallier, Paul Pantaloni, François Quilici
    • 2 Socialistes: Raoul Borra, Maurice Rabier
    • 1 Parti rĂ©publicain de la libertĂ©: Fernand Chevalier
    • 2 Communistes: Pierre Fayet, Alice Sportisse Gomez-Nadal
    • 3 RĂ©publicain radical & radical-socialiste: Henri Jeanmot, RenĂ© Mayer, Auguste Rencurel
    DeuxiĂšme collĂšge
    • 6 Musulmans indĂ©pendants pour la dĂ©fense du fĂ©dĂ©ralisme algĂ©rien: Allaoua Ben Ali ChĂ©rif; Hachemi Benchennouf, Abdelkader Cadi, Ghalamallah Laribi, Ahmed Mekki-Bezzeghoud, Amar SmaĂŻl.
    • 1 MRP: Mohammed BenKadour BentaĂŻeb
    • 1 Socialiste: Abderraman BentounĂšs
    • 5 MTLD: Messaoud Hawes Boukadoum, Jamel Derdour, Mohamed Khider, Mohamed Lamine Debaghine, Ahmed Mezerna
    • 2 Communistes: Abderrahman Djemad, Mohammed Mokhtari. (D'aprĂšs le site de l'AssemblĂ©e nationale française - )
  16. L'Union française est une institution créée par la Constitution de 1946 pour remplacer le Second empire colonial français.
  17. Dans le Sahara algérien, les Territoires du Sud, qui ne seront effectivement départementalisés qu'en 1957, sont considérés comme départements par le Statut de 1947. Leur budget particulier est intégré à celui de l'Algérie à compter du - cf. art. 50 de la loi sur Wikisource.
  18. Ces collĂšges avaient Ă©tĂ© dĂ©finis par l‘ordonnance du 7 mars 1944 et par la loi du 5 octobre 1946 (Droz 2009, p. 66)
  19. La longue liste des qualitĂ©s ou activitĂ©s permettant l’inscription dans ce collĂšge Ă©lectoral est dĂ©taillĂ©e Ă  l’article 31 de la loi de septembre 1947 susdite. (Lire sur Wikisource)
  20. Bernard Droz hésite entre 1,4 et 1,6 million, le premier chiffre étant confirmé par Xavier Yacono (Yacono 1993, p. 346)
  21. Pierre Darmon, op. cit., avance que cette appellation nĂ©gative Ă©tait utilisĂ©e cyniquement par « les Français » eux-mĂȘmes pour dĂ©signer ces Ă©lus. Le lexique d'Ambroise QueffĂ©lec et alii (Le français en AlgĂ©rie, De Boeck et Larcier 2002, p. 204-205, AccĂšs en ligne ) donne des rĂ©fĂ©rences variĂ©es pour l'usage de cette expression (El Watan, la Nation, Benhedouya, Ben Mansour, L'Hebdo libĂ©rĂ©). BĂ©ni-oui-oui est un terme apparu vers 1950, d'abord « employĂ© dans un contexte politique Ă  propos des AlgĂ©riens qui approuvaient sans rĂ©serve l'AlgĂ©rie française ». (Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française, Dictionnaires Le Robert, Paris 1992, (ISBN 2-85036-187-9), p. 1392).
  22. B. Droz donne le 12 mars 1956, la date du 16 mars 1956 chez G. Pervillé, La Guerre d'Algérie, PUF 2007, p. 53.
  23. Un cessez-le-feu est proclamé officiellement le , mais selon Benjamin Stora, la Guerre d'Algérie s'achÚve le en Algérie et le en France.
    « En Algérie, le 9 septembre avec la victoire de Ben Bella et de Boumediene aprÚs les luttes internes compliquées entre maquis de l'intérieur et armée des frontiÚres, GPRA, groupes de Tlemcen et de Tizi-Ouzou. En France, la guerre d'Algérie se termine le 22 août 1962 avec l'ultime attentat de l'OAS, manqué de peu, contre le général de Gaulle au Petit-Clamart. »
    - Benjamin Stora, entretien avec Christophe Lucet AlgĂ©rie, derniers feux, Sud Ouest, samedi 17 mars 2012, p. 4

Textes juridiques, projets d'amendement du statut et décisions juridiques

  1. Conseil d’État, avis no 240528 du , citĂ© par Milliot 1948, p. 7 :
    « Considérant qu'il résulte des dispositions des art. 66 et 67 de la Constitution, éclairées par l'art. 4 de la loi no 46-285 du 27 oct. 1946 sur la composition et l'élection de l'Assemblée de l'Union française, que les départements algériens sont des départements d'outre-mer; que leur régime est dÚs lors celui prévu par l'art. 73 de la Constitution; que l'Algérie, englobant à la fois les départements algériens et les territoires du sud, constitue un ensemble auquel il y a lieu de faire application de l'art. 73 de la Constitution. »
  2. Tous les textes des amendements de l'article 1er sont issus de Milliot 1948, p. 6 « Définition de l'Algérie (art. 1er) ».
  3. Proposition de M. Djemad :
    « L'Algérie constitue une collectivité territoriale de l'Union française dotée de la personnalité civile, de l'autonomie financiÚre et d'une organisation particuliÚre définie par les articles ci-aprÚs de la présente loi ».
  4. Proposition de Benchennouf et Ben TounĂšs :
    « La RĂ©publique française reconnait Ă  l'AlgĂ©rie son entiĂšre autonomie. Elle reconnait en mĂȘme temps la rĂ©publique algĂ©rienne, le gouvernement algĂ©rienne. »
  5. Proposition de loi de la tendance assimilatrice du Parlement :
    « L'Algérie est formée de trois départements français.
    Il sera institué un collÚge unique.
    Les mĂȘmes lois seront applicables en AlgĂ©rie et dans la mĂ©tropole. »
  6. Proposition de loi soutenue par Rabier, Borra et Defferre :
    « L'Algérie constitue une collectivité territoriale de la République française composée des départements d'outre-mer.
    Cet ensemble est doté de la personnalité civile, de l'autonomie financiÚre et d'une organisation particuliÚre définie par les articles ci-aprÚs du présent statut. »
  7. Article 1er du statut de 1947 :
    « L'Algérie constitue un groupe de départements doté de la personnalité civile, de l'autonomie financiÚre et d'une organisation particuliÚre définie par les articles ci-aprÚs de la présente loi ».
  8. Article 4 du statut de 1947 :
    « Les femmes d’origine musulmane jouissent du droit de vote.
    Une dĂ©cision de l’AssemblĂ©e algĂ©rienne, prise dans les conditions prĂ©vues aux articles 14, 15 et 16 du prĂ©sent statut, fixera les modalitĂ©s de l’exercice du droit de vote. »

Références simplifiées

  1. 20_sept._19479470,_col. 2-1" class="mw-reference-text">L. , p. 9470, col. 2.
  2. Branche et Thénault 2001, p.4-5, « Le statut de 1947 », p.4-5.
  3. Milliot 1948, p. 3-4, « Résumé de l'évolution du droit public algérien ».
  4. Archives nationales d'outre-mer, « Conseil supérieur de gouvernement (1860/1945) », Législation, assemblées et conseils, (consulté le ).
  5. Blévis 2001, p. 558
  6. Weil 2005, p. 1-2
  7. Blévis 2001, p. 561
  8. Weil 2005, p. 3
  9. Milliot 1948, p. 5 « Egalité civile et politique des citoyens ».
  10. Droz 2009, article « Délégations financiÚres », p.276
  11. Yacono 1993, p. 345
  12. Yacono 1993, p. 337-339
  13. Droz 2009, article « Statut de 1947 (loi du 20 septembre 1947) », p. 793
  14. Pervillé 1990, vers note 29.
  15. Milliot 1948, p. 1 citant lui-mĂȘme : SĂ©ance de la Commission de la Constitution, comptes rendus analytiques, sĂ©ance du 26 juillet 1946, p. 225 ; sĂ©ance du 11 septembre 1946, p. 502.
  16. Pervillé 1990, entre les notes 6 et 10
  17. Droz 2009, article « Statut de 1947 (loi du 20 septembre 1947) », p. 794
  18. Milliot 1948, p. 1 « Elaboration de la loi ».
  19. Pervillé 1990
  20. Charles de Gaulle, Discours et Messages, déclaration du 18 août 1947
  21. Milliot 1948, p. 5 « Définition de l'Algérie (art. 1er) ».
  22. « Abderrahmane DJEMAD (1907 - 1985) », Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française) (consulté le )
  23. « IVe République », Législatures, sur www.assemblee-nationale.fr (consulté le )
  24. « Abderrahmane BENTOUNÈS (1913 - 2010) », Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française) (consulté le )
  25. « Abderrahmane DJEMAD (1907 - 1985) », Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française) (consulté le )
  26. Pervillé 1990, vers note 20.
  27. Milliot 1948, p. 6
  28. Milliot 1948, p. 5
  29. Loi N° 47-1853 du 20 septembre 1947 portant statut organique de l’AlgĂ©rie, articles 2 et 3, JORF du 21/09/1947, p.9470, Lire en ligne
  30. Droz 2009, article « Assemblée algérienne », p. 66
  31. Droz 2009, article « Assemblée algérienne », p. 67
  32. Yacono 1993, p. 347
  33. Loi déjà citée du 20/09/1947, art. 7
  34. « Guerre d'Algérie (1954-1962) », Encyclopédie Larousse (consulté le )
  35. Daniel Lefeuvre, « 1945-1958 : un million et demi de citoyennes interdites de vote ! », CLIO. Histoire, femmes et sociétés [En ligne], 1 | 1995, mis en ligne le 01 janvier 2005, consulté le 30 mars 2013. URL : http://clio.revues.org/524 ; DOI : 10.4000/clio.524
  36. Weil 2005, p. 14, note 76
  37. Droz 2009, « DĂ©lĂ©gations financiĂšres », p. 275, et Yacono 1993, p. 287
  38. Article 32 de la loi
  39. Pervillé 1990, entre notes 30 et 31.
  40. Droz 2009, « Naegelen, Marcel-Edmond », p.629-630
  41. Bernard Droz, article « Assemblée algérienne » , L'Algérie et la France, p. 66-67
  42. Pierre Darmon, Un siÚcle de passions algériennes : Une histoire de l'Algérie coloniale (1830-1940), Paris, Fayard, , 934 p. (ISBN 978-2-213-64380-9), p. 841
  43. Bernard Droz, article « Statut de 1947 (loi du 20 septembre 1947) », article cité, p. 795
  44. Branche et ThĂ©nault 2001, p. 6, « L'enfoncement progressif dans la guerre (1er novembre 1954 - mai 1958) ».
  45. Rudelle 1999, p. 309 citant : Odile Rudelle, « Gaullisme et crise d'identitĂ© rĂ©publicaine Â», dans Jean-FĂ©lix Roux, La guerre d'AlgĂ©rie et les Français, Paris, Fayard, 1990.
  46. Guy PervillĂ©, La guerre d'AlgĂ©rie, PUF 2007, (ISBN 978-2-13-054172-1), p. 53
  47. NoĂ«l MamĂšre, « PROPOSITION DE RÉSOLUTION visant Ă  la crĂ©ation d'une commission d'enquĂȘte relative au bilan et aux consĂ©quences de la loi n° 56-258 du 16 mars 1956 autorisant le Gouvernement Ă  disposer des pouvoirs spĂ©ciaux en vue du rĂ©tablissement de l'ordre et de la sauvegarde du territoire en AlgĂ©rie. », sur http://www.assemblee-nationale.fr, (consultĂ© le )

Bibliographie utilisée

  • Laure BlĂ©vis, « Les avatars de la citoyennetĂ© en AlgĂ©rie coloniale ou les paradoxes d'une catĂ©gorisation », Droit et sociĂ©tĂ©, vol. 2, no 48,‎ , p. 557-581 (lire en ligne)
  • RaphaĂ«lle Branche et Sylvie ThĂ©nault, « La guerre d'AlgĂ©rie », Documentation photographique, Paris, no 8022,‎
  • Louis Milliot, Le statut organique de l'AlgĂ©rie : analyse de la loi du , d'aprĂšs les travaux parlementaires, Paris, Recueil Sirey, , 1 vol., 41, in-8o (24 cm) (OCLC 459568587, BNF 32452524, SUDOC 068471459)
    Commentaire juridique contemporain du statut de 1947.
  • Chantal Morelle, Comment de Gaulle et le FLN ont mis fin Ă  la guerre d’AlgĂ©rie : 1962, les accords d’Évian, AndrĂ© Versaille Ă©diteur (lire en ligne)
  • Guy PervillĂ©, Actes du colloque Paul Ramadier, la RĂ©publique et le socialisme : Paul Ramadier et le Statut de l’AlgĂ©rie, Bruxelles, Éditions Complexe, (lire en ligne), p. 365-376
  • Guy PervillĂ©, « La reprĂ©sentation parlementaire des indigĂšnes algĂ©riens musulmans Ă  Paris : des revendications aux rĂ©alisations, 1912-1962 », dans Les Ă©lections lĂ©gislatives et sĂ©natoriales outre-mer, 1848-1981 : Actes du colloque organisĂ© Ă  l'UniversitĂ© de Nantes, Éditions Les Indes savantes, (lire en ligne), p. 259-269)
  • Odile Rudelle, « Le vote du statut de l'AlgĂ©rie », dans Serge Berstein et Pierre Milza, L'annĂ©e 1947, Paris, Presses de Sciences Po, (ISBN 9782724607864, prĂ©sentation en ligne), p. 309-325
  • Jeannine VerdĂšs-Leroux (dir.), L'AlgĂ©rie et la France, Paris, Ă©d. Robert Laffont, , 899 p. (ISBN 978-2-221-10946-5)
    Dans ce dictionnaire thématique, tous les articles relatifs au Statut de 1947 ont pour auteur Bernard Droz.
  • Patrick Weil, « Le statut des musulmans en AlgĂ©rie coloniale : Une nationalitĂ© française dĂ©naturĂ©e », Histoire de la justice, no 1,‎ , p. 93-10 (lire en ligne)
  • Xavier Yacono, Histoire de l'AlgĂ©rie : de la fin de la RĂ©gence turque Ă  l'insurrection de 1954, Versailles, L'Athlantrope, , 396 p. (ISBN 2-86442-032-5)

Sources primaires

Voir aussi

Articles connexes

Autres livres sur le sujet

  • Paul-Emile Sarrasin, La crise algĂ©rienne, Paris, Éditions du Cerf, coll. « Rencontres », (OCLC 369836576)
    Contient en annexe le texte intĂ©gral du statut organique de l’AlgĂ©rie de 1947 (pages 224-243)
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