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High Accuracy Radial velocity Planet Searcher

Le High Accuracy Radial velocity Planet Searcher (HARPS), en français « Chercheur de planètes par vitesses radiales de haute prĂ©cision », est un spectrographe Ă©chelle alimentĂ© par fibres depuis le foyer Cassegrain du tĂ©lescope de 3,6 mètres de l'ESO, Ă  l'observatoire de La Silla au Chili. Il est destinĂ© principalement Ă  la recherche d'exoplanètes par la mĂ©thode des vitesses radiales. Depuis , HARPS est Ă©galement alimentĂ© par le tĂ©lescope solaire HELIOS pour observer le Soleil comme une Ă©toile pendant la journĂ©e.

HARPS

High Accuracy Radial velocity Planet Searcher
Image illustrative de l’article High Accuracy Radial velocity Planet Searcher
Le spectrographe HARPS sur le tĂ©lescope de 3,6 mètres de l'ESO Ă  l'observatoire de La Silla.
Spectrographe
Nom en français Chercheur de planètes par vitesses radiales de haute précision
Sigle HARPS
TĂ©lescope 3,6 m de l'ESO (La Silla, Chili)
HELIOS (La Silla, Chili)
Domaine spectral 378 Ă  691 nm (visible)
Format spectral 72 ordres (fibre A) / 71 ordres (fibre B)
Capteur CCD
Taille des pixels 15 Âµm
Fibres
Fibres 2 : une fibre objet et une fibre « référence »
ContrĂ´le et performances
PrĂ©cision < 1 m/s
0,5 m/s (espĂ©rĂ©)[1]

But

HARPS est l'instrument de l'Observatoire européen austral (ESO) destiné à effectuer les mesures de vitesse radiale les plus précises à l'heure actuelle (2015)[E 1] - [M 1] - [N 1]. Le but de cet instrument est d'atteindre une précision à long terme sur les vitesses radiales de 1 mètre par seconde pour des étoiles naines G (similaires au Soleil) à rotation lente[M 1]. Une telle précision permet de détecter des planètes de faible masse telles Saturne et des oscillations stellaires de faible amplitude[M 1] (cf. section « Performances » pour plus de détails).

Description

Concept

HARPS est un spectrographe Ă©chelle Ă  dispersion croisĂ©e alimentĂ© par des fibres depuis le foyer Cassegrain du tĂ©lescope de 3,6 mètres de l'ESO, Ă  l'observatoire de La Silla au Chili[E 1] - [E 2]. L'instrument lui-mĂŞme est installĂ© dans la salle coudĂ©-ouest du bâtiment abritant ce tĂ©lescope[E 2].

L'instrument a été construit afin d'obtenir des vitesses radiales de très grande précision (de l'ordre de 1 mètre par seconde) à long terme[E 1]. Pour atteindre ce but, HARPS est un spectrographe échelle alimenté par deux fibres et dont la stabilité mécanique a été optimisée[E 1].

Le design de HARPS est basĂ© sur l'expĂ©rience acquise par les membres du consortium HARPS (cf. section « Constructeurs ») avec deux spectrographes antĂ©rieurs : ÉLODIE, sur le tĂ©lescope de 1,93 mètre Ă  l'observatoire de Haute-Provence, et CORALIE, installĂ© sur le tĂ©lescope suisse de 1,2 mètre Leonhard Euler Ă  l'observatoire de La Silla[M 1]. Le design de base de HARPS est par consĂ©quent très similaire Ă  celui de ces deux instruments[M 1]. Trois points principaux ont Ă©tĂ© amĂ©liorĂ©s afin d'avoir de meilleures performances sur HARPS en comparaison de ses prĂ©dĂ©cesseurs[M 1] :

TĂ©lescope

Dôme du télescope.

HARPS est alimentĂ© par des fibres depuis le foyer Cassegrain du tĂ©lescope de 3,6 mètres de l'ESO, Ă  l'observatoire de La Silla au Chili[E 1] - [E 2]. En comparaison des tĂ©lescopes de 1,93 mètre et de 1,2 mètre sur lesquels sont installĂ©s ses prĂ©dĂ©cesseurs ÉLODIE et CORALIE, le 3,6 mètres permet de collecter beaucoup plus de lumière — respectivement 3,5 et 9 fois plus —, ce qui permet Ă  la fois d'observer des objets moins brillants et d'avoir des mesures plus prĂ©cises pour un objet donnĂ©. L'instrument lui-mĂŞme est installĂ© dans la salle coudĂ©-ouest du bâtiment abritant ce tĂ©lescope[E 2].

Cuve Ă  vide

La cuve Ă  vide oĂą se trouve HARPS.

HARPS est situé à l'intérieur d'une cuve à vide contrôlée thermiquement afin d'empêcher dans une très grande mesure toute dérive spectrale (et donc toute dérive des vitesses radiales) qui pourrait être causée par des variations de la température, de la pression de l'air ambiant ou de l'humidité[E 1] - [M 1]. La cuve à vide se trouve elle-même dans deux niveaux d'enceintes l'isolant de la pièce où elle est installée.

Fibres

Une des deux fibres collecte la lumière de l'Ă©toile alors que la seconde sert Ă  enregistrer simultanĂ©ment un spectre de rĂ©fĂ©rence d'une lampe thorium-argon ou le ciel de fond[E 1]. Les deux fibres de HARPS (objet et ciel ou Th-Ar) ont une ouverture sur le ciel de seconde d'arc[E 1] ; ceci permet au spectrographe d'avoir un pouvoir de rĂ©solution de 115 000[E 1] (cf. section « RĂ©solution spectrale »). Les deux fibres sont Ă©quipĂ©es d'un brouilleur d'image (image scrambler) afin d'avoir une illumination uniforme de la pupille du spectrographe, indĂ©pendante du dĂ©centrage du pointage[E 1].

RĂ©seau de diffraction

Le spectrographe HARPS pendant des tests en laboratoire. La cuve Ă  vide est ouverte ; plusieurs composants de haute prĂ©cision situĂ©s Ă  l'intĂ©rieur sont ainsi visibles. Le grand rĂ©seau de diffraction optique qui disperse la lumière incidente de l'Ă©toile est visible au-dessus du banc optique ; il mesure 200 Ă— 800 mm.

Polarimètre

Le polarimètre associé à HARPS.

Depuis 2010, HARPS est Ă©quipĂ© d'un polarimètre, le plus prĂ©cis au monde pour l'Ă©tude des Ă©toiles[2]. Les premières observations effectuĂ©es avec le polarimètre de HARPS montrent que l'instrument dĂ©passe les attentes[2]. En effet, ce polarimètre est capable de dĂ©tecter la polarisation de la lumière Ă  un niveau de 1 pour 100 000, sans aucune perturbation provenant de l'atmosphère ou de l'instrument lui-mĂŞme[2]. CouplĂ© Ă  la stabilitĂ© du spectrographe, ce polarimètre est ainsi le plus prĂ©cis dans sa catĂ©gorie[2]. Par ailleurs, il est le seul polarimètre de son genre situĂ© dans l'hĂ©misphère sud, ce qui permet de nouvelles Ă©tudes dans cette moitiĂ© du monde[2].

Selon Nikolaï Piskounov, de l'université d'Uppsala en Suède et chercheur principal (Principal Investigator) du projet de polarimètre de HARPS, « Ce nouveau polarimètre, unique, ouvre d'excitantes nouvelles fenêtre pour étudier l'origine et l'évolution du champ magnétique d'étoiles de diverses masses, températures et âges. Il est également important pour la découverte de nouvelles exoplanètes : la capacité à repérer des taches stellaires sera cruciale pour exclure les fausses détections d'exoplanètes. »[2].

Selon la conception actuelle de l'Univers, les champs magnétiques jouent en effet des rôles fondamentaux à différentes échelles, des planètes aux galaxies. En particulier, les champs magnétiques sont censés contrôler la façon dont les étoiles se forment, créer des conditions favorables pour la croissance des planètes autour de jeunes étoiles, orienter les vents stellaires et accélérer des particules lors des dernières étapes de la vie d'une étoile[2].

Des signatures indirectes de champs magnétiques peuvent être évidentes, comme des éruptions ou des taches à la surface des étoiles, mais des mesures directes exigent une instrumentation très précise et une analyse prudente des données. La polarimétrie cherche à détecter la lumière polarisée par les champs magnétiques[2].

Les champs magnétiques modifient les conditions physiques dans les couches externes des étoiles, ce qui donne lieu à des régions de composition chimique, température et pression différentes. Les taches solaires sont les exemples les plus connus d'une telle action. En combinant une spectroscopie précise à la polarimétrie, il est possible de cartographier ces taches stellaires[2].

Le nouveau mode de HARPS lui permet de mesurer également la polarisation de spectres stellaires et lui permet d'étudier les champs magnétiques sur des étoiles[2].

Le polarimètre a été conçu par Frans Snik, de l'université d'Utrecht aux Pays-Bas[2]. L'instrument a été expédié au Chili en [2]. Selon Snik, la place disponible pour le polarimètre étant très petite, il a fallu concevoir un polarimètre très compact[2]. Toujours selon Sink, l'ensemble réussit à passer à une fraction de millimètre entre les autres éléments de HARPS, lesquels ne pouvaient absolument pas être touchés au risque de perturber les campagnes de recherche de planètes[2].

Le polarimètre de HARPS a été développé par un consortium composé de l'université d'Uppsala (Suède), l'université d'Utrecht (Pays-Bas), l'université Rice et le Space Telescope Science Institute (États-Unis), avec le soutien de l'Observatoire européen austral (ESO) et de l'Observatoire de Genève (Suisse)[2].

DĂ©tecteur

Image brute (non traitĂ©e) du spectre de l'Ă©toile naine orange (K0V) HD 100623 prise par HARPS. L'image ici montrĂ©e est l'image complète telle qu'enregistrĂ©e par les deux capteurs CCD (4 096 Ă— 4 096 pixels) dans le plan focal du spectrographe. Les lignes horizontales correspondent au spectre stellaire, divisĂ© en 70 bandes couvrant tout le domaine visible de 380 Ă  690 nanomètres. Les taches noires visibles sur ces bandes correspondent aux raies d'absorption de l'Ă©toile. Les brillantes raies d'Ă©mission visibles entre les bandes sont Ă©mises par une lampe au thorium situĂ©e dans le spectrographe. Elles servent Ă  Ă©talonner l'instrument en longueurs d'onde en mesurant la dĂ©rive de l'instrument.
Crédit : ESO.

Le dĂ©tecteur de HARPS est constituĂ© d'une mosaĂŻque de deux dispositifs Ă  couplage de charge[E 1] EEV type 44-82[E 2] surnommĂ©s Jasmin et Linda[E 2]. L'ensemble a une dimension de 4 096 Ă— 4 096 pixels[E 1] - [E 2], chaque pixel ayant une taille nominale de 15 micromètres de cĂ´tĂ©[E 1] - [E 2].

Block stitching et problèmes associés

Chacun des deux capteurs CCD de HARPS est constituĂ© de seize blocs de 512 Ă— 1 024 pixels correspondant Ă  la taille du masque servant Ă  Ă©crire le CCD. La taille et la sensibilitĂ© des pixels situĂ©s au bord de ces blocs peuvent ainsi ĂŞtre lĂ©gèrement diffĂ©rentes de celles des pixels centraux. Ce fait engendre dans les donnĂ©es de HARPS un signal d'une pĂ©riode de un an — la pĂ©riode de rĂ©volution de la Terre autour du Soleil — qui limite la dĂ©tection des planètes Ă  ou proches d'un nombre entier de fois cette pĂ©riode[3] - [4] - [5] - [6] - [7]

Couverture spectrale

L'intervalle spectral couvert par le spectrographe s'étend de 378 à 691 nanomètres[E 1], c'est-à-dire sur une grande partie du spectre visible, du violet au rouge, et est réparti sur les ordres 89 à 161[E 1]. Le détecteur étant une mosaïque de deux dispositifs à couplage de charge[E 1] (cf. section « Détecteur »), un ordre spectral (l'ordre N=115, allant de 530 à 533 nanomètres) est perdu dans l'intervalle entre les deux[E 1].

RĂ©solution spectrale

HARPS a une rĂ©solution spectrale de 115 000[E 1], environ deux fois plus grande que celle d'ÉLODIE et de CORALIE[M 1].

Réduction des données

HARPS est Ă©quipĂ© de sa propre pipeline de rĂ©duction des donnĂ©es, installĂ©e Ă  La Silla. Cette pipeline fournit Ă  l'astronome visiteur en temps quasi-rĂ©el des spectres extraits et Ă©talonnĂ©s en longueurs d'onde dans tous les modes d'observation. Lorsque la mĂ©thode de rĂ©fĂ©rence par thorium simultanĂ© est utilisĂ©e, le pipeline fournit des vitesses radiales (par rapport au barycentre du système solaire) prĂ©cises pour les Ă©toiles froides dont la vitesse radiale est connu Ă  1-2 kilomètres par seconde près, Ă  condition qu'un ensemble de mesures d'Ă©talonnage standards aient Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©es dans l'après-midi[E 1].

Étalonnage en longueurs d'onde

Plusieurs systèmes de référence servent à étalonner HARPS en longueurs d'onde.

Lampe au thorium (depuis 2003)

Depuis ses dĂ©buts, la technique dite du thorium simultanĂ©, qui utilise ici une lampe Ă  cathode creuse au thorium-argon, est utilisĂ©e. Ce sont les raies d'Ă©mission de ces atomes qui servent de rĂ©fĂ©rence ; leur longueur d'onde doit donc ĂŞtre connue avec une extrĂŞme prĂ©cision afin d'avoir un Ă©talonnage de qualitĂ©. La liste de longueurs d'onde de rĂ©fĂ©rence utilisĂ©e initialement est l’Atlas du spectre du thorium (Atlas of the Thorium Spectrum[8]) du Laboratoire national de Los Alamos, de Byron A. Palmer et Rolf Engleman et datant de 1983, obtenu avec le spectromètre Ă  transformĂ©e de Fourier McMath-Pierce de l'Observatoire solaire national situĂ© Ă  Kitt Peak. Ce spectrographe, d'une rĂ©solution atteignant environ 600 000, soit plus de cinq fois celle de HARPS, donne la position d'environ 11 500 raies du thorium entre 3 000 et 11 000 angströms[3]. En 2007, Christophe Lovis et Francesco Pepe (LP07), de l'Observatoire de Genève, ont voulu obtenir un nouvel atlas de raies du thorium, a priori plus prĂ©cis dans la mesure oĂą HARPS, bien qu'ayant une moindre rĂ©solution (R = 115 000), a une sensibilitĂ© plus Ă©levĂ©e et permet donc de dĂ©tecter des raies faibles absente du catalogue de Palmer et Engleman[3]. Cependant, Stephen L. Redmann, Gillian Nave et Craig J. Sansonetti constatent, en 2014, une dispersion importante dans les rĂ©sidus de LP07 en comparaison de leurs rĂ©sultats[9]. Ceci pourrait s'expliquer notamment par l'effet du block stitching qui n'Ă©tait alors par encore pris en compte dans LP07 (cf. section « Block stitching et problèmes associĂ©s »).

Interféromètre de Fabry-Perot

Un interféromètre de Fabry-Perot est installé sur HARPS pour l'étalonnage en longueur d'onde de l'instrument[10].

Constructeurs, financeurs, responsables et Ă©quipe

L'Observatoire de Genève, initiateur du projet HARPS.

Constructeurs

HARPS a été construit sous contrat de l'Observatoire européen austral (ESO) par le consortium HARPS constitué de l'Observatoire de Genève (Versoix, Suisse), l'Observatoire de Haute-Provence (Saint-Michel-l'Observatoire, France), l'Institut de physique de l'université de Berne (Berne, Suisse) et le Service d'aéronomie du Centre national de la recherche scientifique (Paris, France), avec une participation substantielle des équipes de l'Observatoire européen austral (ESO) à La Silla et à Garching[E 1] - [M 1].

Financeurs

Le projet est financé par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS, Suisse), l'Office fédéral pour l'éducation et la recherche, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA, France), l'Institut national des sciences de l'univers (INSU, France), l'Observatoire européen austral (ESO, multinational), l'université de Genève (Suisse) et les autres membres du consortium[11] - [E 1].

Michel Mayor, chercheur principal de HARPS.

Responsables

Le chercheur principal (Principal Investigator) de HARPS est Michel Mayor, de l'Observatoire de Genève. Les responsables scientifiques du projet (Project Scientists) sont Didier Queloz, de l'Observatoire de Genève, et Luca Pasquini, de l'ESO à Garching. Les managers du projet (Project Managers) sont Francesco Pepe, de l'Observatoire de Genève, et Gero Rupprecht, de l'ESO à Garching[E 1]. L'équipe scientifique de l'instrument (Instrument Science Team) comprend Joergen Christensen-Dalsgaard, de l'université d'Aarhus au Danemark, Dainis Dravins, de l'université de Lund en Suède, Martin Kürster, de l'Institut Max-Planck d'astrophysique (MPIA) à Heidelberg en Allemagne, Artie P. Hatzes, de Tautenburg en Allemagne, Francesco Paresce, de l'ESO, et Alan Penny, du RAL[E 1].

L'Ă©quipe HARPS

De nombreuses personnes ont été (et sont) impliquées dans le projet HARPS. Les personnes qui ont directement été impliquées dans les différents aspects matériels, logiciels, scientifiques, managériaux et asministratifs du projet HARPS sont[E 1] - [E 3] :

Historique

Origine du projet (1998-2003)

Le projet HARPS naît le [12] avec la publication d'un appel à projets (announcement of opportunity) de l'Observatoire européen austral (ESO) portant sur la définition, la conception, la fabrication, l'installation et la mise en service d'un instrument destié à la détection de planètes extrasolaires (exoplanètes) et d'une précision d'un mètre par seconde[11], contre trois mètres par seconde pour le HIRES, alors le plus performant[13].

En réponse à la demande de l'ESO, un consortium est constitué. Il comprend, l'observatoire de Genève, qui en est l'initiateur, l'Institut de physique de l'université de Berne, l'observatoire de Haute-Provence (OHP) et le service d'aéronomie du Centre national de la recherche scientifique (CNRS)[11]. Le projet est lancé en [E 1].

L'accord entre l'ESO et le consortium est signé en [14], après un examen préliminaire de la conception intervenu en [E 1]. Aux termes de cet accord, le consortium porte le coût pour le spectrographe et tous ses composants tandis que l'ESO fournit l'interface (Cassegrain fibre adapter) du spectrographe avec le télescope, la connexion par fibres, la pièce destinée au spectrographe dans le bâtiment hébergeant le télescope et le système de détecteurs complet[14]. En contrepartie, le consortium se verra allouer un temps garanti d'observations de cent nuits par an pour une période de cinq ans à compter de l'acceptation provisoire de l'instrument[14].

L'examen final a lieu en [E 1]. L'acceptation prĂ©liminaire a lieu en [E 1]. En , HARPS est installĂ© par le consortium sur le tĂ©lescope de 3,6 mètres de l'ESO Ă  La Silla au Chili[11] - [E 1].

Mise en service et premières découvertes (2003)

Le premier commissioning de HARPS a lieu au mois de [E 1]. HARPS reçoit sa première lumière le [11] lors de la première nuit de tests[15]. L'étoile HD 100623 est le premier objet observé[15].

Le premier appel à candidatures est lancé en pour la période 72 commençant au de la même année[E 1]. En a lieu un second commissioning de l'instrument[E 1].

L'instrument est offert à la communauté le [E 1]. En , le premier candidat planétaire de HARPS est annoncé, à savoir HD 330075 b.

Fibre EGGS (octobre 2006)

Depuis , en plus du mode haute précision (high accuracy mode en anglais, en abrégé HAM), le mode haute efficacité (high efficiency mode), surnommé EGGS (littéralement « œufs », par jeu de mots avec ham qui signifie « jambon ») est disponible[M 2].

Nouvelle lampe pour plages lumineuses uniformes (août 2008)

Le , une nouvelle lampe pour plages lumineuses uniformes (flat field en anglais), avec filtres, est installée. Celle-ci permet d'avoir un spectre plus uniforme sur l'intervalle de longueurs d'onde couvert par HARPS.

Spectropolarimètre (février 2010)

En , un spectropolarimètre est installé sur HARPS.

Installation du peigne de fréquences laser (2012-mai 2015)

Portion du spectre d'une étoile obtenu grâce à HARPS. Les lignes continues correspondent à la lumière de l'étoile, les raies sombres correspondant aux raies d'absorption des éléments chimiques de l'étoile. Les taches lumineuses régulièrement espacées juste au-dessus des lignes continues sont le spectre du peigne de fréquences laser utilisé pour comparaison. Note : sur cette image, les couleurs sont là à simple titre d'illustration, le spectre visible s'étendant sur un plus grand nombre d'ordres et le changement de couleur étant donc beaucoup plus subtile qu'ici représenté.

En 2012, un peigne de fréquences laser (en anglais laser frequency comb) est installé sur HARPS[16]. L'extrême stabilité de cette source de lumière doit permettre de faire des observations d'une précision inatteignable jusqu'alors. Cet outil doit aider à détecter des planètes de type terrestre dans la zone habitable de leur étoile.

Lors d'une mission d'observations de test, une équipe de scientifique de l'ESO, de l'Institut Max-Planck d'optique quantique (MPQ, à Garching, en Allemagne) et de l'Institut d'astrophysique des Canaries (IAC, à Tenerife, en Espagne), dirigée par Tobias Wilken (chercheur au MPQ), a mesuré qu'ils obtenaient une précision au moins quatre fois plus grande avec le peigne de fréquences laser qu'avec les lampes à cathode creuse utilisées jusque-là. Ils ont observé l'étoile HD 75289 et ont obtenu des résultats cohérents avec les résultats antérieurs, montrant la robustesse de cet outils pour la génération suivante de spectrographes. Le peigne de fréquence testé était un prototype d'un système développé par une collaboration entre l'ESO, le MPQ, Menlo Systems GmbH (en Allemagne), l'IAC et l'université fédérale du Rio Grande do Norte au Brésil. Une précision de l'ordre de centimètres par seconde est attendue avec ce système, ouvrant la voie à la détection de planètes de type terrestre dans la zone habitable de leur étoile.

En , le nouveau peigne est validé[17].

Remplacement des fibres circulaires par des fibres octogonales (mai 2015)

Fin , les fibres à section circulaire qui transportent la lumière dans HARPS sont remplacées par des fibres à section octogonale de taille équivalente, plus récentes. Ces nouvelles fibres doivent notamment permettre d'avoir une illumination plus homogène et donc de réduire l'effet d'un léger décentrage.

Pour effectuer ce remplacement, la cuve à vide contenant le spectrographe a dû être ouverte ; cette ouverture est la première depuis la mise en service de HARPS. À cette occasion, la mise au point a été réajustée afin d'éliminer le léger flou sur les images (ce qui se traduit notamment par un élargissement des raies) qui était apparu au fil du temps à cause d'une légère dérive[18] - [1].

Missions

HARPS est un spectrographe ; son rôle est donc de faire de la spectroscopie. Les spectres obtenus grâce à HARPS servent avant tout à chercher des planètes par la méthode des vitesses radiales. Ce faisant, seule une faible portion de l'information contenue dans le spectre est exploitée : seulement le décalage Doppler de ce spectre. Cependant, plusieurs autres informations peuvent être extraites de ces spectres, informations concernant l'étoile observée mais également certaines propriétés des planètes qui orbitent autour : vitesse de rotation de l'étoile par exemple (élargissement des raies) ; composition chimique de l'atmosphère (lors d'un transit) ou température de certaines planètes par exemple. Par ailleurs, HARPS est également utilisé pour faire de l'astérosismologie.

Performances

Une nuit (neuf heures) d'observations avec le spectrographe HARPS pendant le commissioning de l'instrument, dĂ©montrant la très grande stabilitĂ© de celui-ci. La dĂ©rive de l'instrument est dĂ©terminĂ©e en calculant la position exacte de raies d'Ă©mission du thorium. En neuf heures, la dĂ©rive est de l'ordre de 1 mètre par seconde ; elle est mesurĂ©e avec une prĂ©cision de 20 centimètres par seconde.

Pour une Ă©toile de type spectral G2V (Ă©toile de type solaire) de magnitude apparente 6 dans le visible, HARPS permet d'obtenir un rapport signal sur bruit de 110 par pixel Ă  une longueur d'onde de 550 nanomètres (vert) en 1 minute d'intĂ©gration (valeur pour un seeing de seconde d'arc et une masse d'air de 1,2)[E 1]. En utilisant la mĂ©thode de rĂ©fĂ©rence par thorium simultanĂ©, ce rapport signal sur bruit permet de dĂ©terminer les vitesses radiales avec un bruit quantique d'environ 0,90 mètre par seconde[E 1]. En prenant en compte les incertitudes dues au guidage, Ă  la mise au point et Ă  l'instrument lui-mĂŞme, HARPS parvient Ă  une prĂ©cision globale d'environ 1 mètre par seconde en moyenne quadratique pour des Ă©toiles plus froides que celles de type spectral G et pour les Ă©toiles Ă  rotation lente (v sin(i) < 2 km/s)[E 1].

HARPS demeure ainsi toujours, en 2014, le spectrographe destinĂ© Ă  la recherche de planètes le plus sensible au monde : il permet de dĂ©tecter des amplitudes de variation de vitesse de l'ordre de 1 mètre par seconde[6] - [19]. Sa stabilitĂ© Ă  long terme est Ă©galement de cet ordre de grandeur.

Concrètement, autour d'une Ă©toile de type solaire, ce spectrographe permet de dĂ©tecter une planète de la masse de la Terre Ă  quelques jours de pĂ©riode (par exemple Alpha Centauri Bb, dont la masse minimale dĂ©passe de seulement 10 % la masse de la Terre et dont la pĂ©riode de rĂ©volution est de 4 jours, soit une demi-amplitude du mouvement de son Ă©toile de seulement 0,51 mètre par seconde), une planète dix fois plus massive jusqu'Ă  environ 2 000 jours (~ 6 ans) de pĂ©riode / 4 unitĂ©s astronomiques de distance, et pourrait permettre de trouver une planète vingt fois plus massive jusqu'Ă  environ 5 000 jours (~15 ans) / 6 unitĂ©s astronomiques. Des planètes plus massives pourraient ĂŞtre trouvĂ©es encore plus loin (la sensibilitĂ© de HARPS correspond Ă  un Jupiter Ă  ~ 90 ans de pĂ©riode / 20 ua de distance) ; cependant c'est alors l'intervalle de temps couvert qui devient limitant, lequel est actuellement de douze ans pour HARPS. Pour des objets de pĂ©riode sensiblement plus grande, seule une tendance peut ĂŞtre dĂ©tectĂ©e. Ainsi, peu de planètes ayant une pĂ©riode supĂ©rieure Ă  dix ans ont pour le moment Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©es, souvent avec des incertitudes importantes ou seulement des estimations minimales sur la masse et la pĂ©riode.

Historique des découvertes effectuées grâce à HARPS

Vues d'artistes rassemblant une décennies de découverte par HARPS.

En douze ans, depuis 2003, HARPS a permis de découvrir plus d'une centaine de planètes, d'en confirmer nombre d'autres mais aussi de remettre en cause l'existence de certains objets annoncés par d'autres équipes.

HARPS a permis de dĂ©couvrir, entre autres, en , ÎĽ Arae c, la première super-Terre[20] ; en , HD 69830 b, HD 69830 c et HD 69830 d[21], le triplet de planètes de masse neptunienne surnommĂ© le « Trident de Neptune »[22] ; en , Gliese 581 d, la première super-Terre situĂ©e dans la zone habitable d'une petite Ă©toile[23] ; en , Gliese 581 e, la plus lĂ©gère des exoplanètes jamais dĂ©tectĂ©es autour d'une Ă©toile normale jusqu'alors (1,7 masse terrestre)[24] ; en , α Centauri Bb, l'exoplanète la plus proche de la Terre (4,37 annĂ©es-lumière), dĂ©sormais de la masse minimale la plus faible dĂ©tectĂ©e par vitesse radiale (tout juste 10 % supĂ©rieure Ă  la masse de la Terre), et correspondant au plus faible signal planĂ©taire jamais dĂ©tectĂ© par la mĂ©thode des vitesses radiale (51 centimètres par seconde de demi-amplitude)[25].

HARPS a permis de confirmer, entre autres, en , la nature de planète tellurique de CoRoT-7 b[26].

En , 51 Pegasi b, première exoplanète découverte autour d'une étoile de la séquence principale et prototype des Jupiter chauds, devient, grâce à HARPS, la première exoplanète dont le spectre de la lumière visible réfléchie a été directement détecté[27].

En , une planète tellurique, Ross 128 b, est découverte autour de Ross 128. Située dans la zone d'habitabilité, elle est la seconde exoplanète la plus proche du Système solaire après Proxima b.

HELIOS : observation du Soleil avec HARPS

HELIOS, HARPS Experiment for Light Integrated Over the Sun[28] (« Expérience avec HARPS pour la lumière intégrée sur le Soleil »), est un télescope solaire servant à alimenter le spectrographe HARPS[28].

Notes et références

Notes

  1. Le spectrographe ESPRESSO, prévu pour 2016 et qui sera installé sur le Very Large Telescope, devrait devenir l'instrument le plus précis une fois installé :

Références

Informations liées à HARPS sur le site de l'Observatoire européen austral (ESO)
En particulier, information tirées du manuel d'utilisation de HARPS
HARPS User Manual, version 2.0[PDF] (dernière version publiée), ESO, .
  1. Chapitre 2 « HARPS Characteristics », section 2.1 « Instrument Overview », pages 4 et 5.
  2. Chapitre 9 « HARPS high efficiency mode: EGGS », pages 50 et 51.
Autres références
  1. Lo Curto et al. 2015.
  2. (en)World's Most Precise Stellar Spectrograph Gets Polarised Vision [Le spectrographe le plus précis au monde obtient la vision polarisée], annonce 1005 de l'ESO.
  3. Lovis et Pepe 2007.
  4. (en) Tobias Wilken, Christophe Lovis, Antonio Manescau et al., « High-precision calibration of spectrographs » [« Étalonnage de haute précision de spectrographes »], MNRAS, vol. 405, no 1,‎ juin, L16-L20 (DOI 10.1111/j.1745-3933.2010.00850.x, Bibcode 2010MNRAS.405L..16W, résumé, lire en ligne [PDF], consulté le ).
  5. (en)Molaro, P., Esposito, M., Monai, S., et al., "A frequency comb calibrated solar atlas", 2013, A&A, 560, A61 [PDF].
  6. (en) Adrien Coffinet, Christophe Lovis et Francesco Pepe, « Spectrograph long term stability and the prospect to detect planets at large separations » [« De la stabilité à long terme des spectrographes et de la perspective de détecter des planètes à de grandes séparations »], European Week of Astronomy and Space Science, 30 June - 4 July 2014, Geneva, Switzerland (conférence),‎ (résumé).
    Voir aussi le poster [PNG] (consulté le 5 juin 2015).
  7. Coffinet et al. 2019.
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Bibliographie

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