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Frère André (religieux)

Alfred Bessette, né le à Saint-Grégoire-le-Grand au Québec et décédé le , est un frère religieux québécois, membre de la congrégation de Sainte-Croix, à qui sont attribuées de nombreuses guérisons miraculeuses. Il est reconnu comme saint par l'Église catholique, ayant été canonisé le par le pape Benoît XVI et appelé alors saint André. Sa fête liturgique est le 7 janvier[1].

Frère André
Image illustrative de l’article Frère André (religieux)
Frère André né Alfred Bessette
Saint
Naissance
Saint-Grégoire-le-Grand, Haut-Richelieu,
Canada-Est, Province du Canada
Décès
Saint-Laurent,
Drapeau du Québec Québec , Canada
Nom de naissance Alfred Bessette
Nationalité canadien français (québécois)
Ordre religieux Congrégation de Sainte-Croix
Vénéré à l'Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal
Béatification le , par Jean-Paul II, à Rome
Canonisation le à Rome,
par Benoît XVI
Vénéré par l'Église catholique
Fête 7 janvier

Dès son enfance, Alfred Bessette est frêle et souvent malade. Bien qu'il soit très pieux, rien ne laisse présager qu'il puisse vivre longtemps et qu'il devienne l'homme religieux le plus célèbre du Québec au XXe siècle[2]. À partir de la fin des années 1870, bien qu'il soit presque illettré, sa réputation de saint et de thaumaturge grandit.

Son envergure dépasse même les frontières pour s'étendre partout en Amérique, puis, en Europe et dans le reste du monde. À Montréal, il a réussi à faire construire l'oratoire Saint-Joseph, une imposante basilique dédiée à saint Joseph.

Biographie

Un enfant fragile qui cherche sa voie

Alfred Bessette est né dans une petite maison (aujourd'hui disparue) du rang Grand-Bois, à Saint-Grégoire-le-Grand[Note 1], un village situé 40 kilomètres au sud-est de Montréal, dans Le Haut-Richelieu, au Canada Est (aujourd'hui au Québec). Sa famille provient d'un milieu francophone pauvre. Son père, Isaac Bessette (né Isaac Valentin Bessette le à Sainte-Marie-de-Monnoir et marié à 24 ans), est un bûcheron, tandis que sa mère, Clothilde Foisy (née le et mariée à Saint-Mathias le à 17 ans), élève ses enfants, tenait maison et cultive le potager. Alfred Bessette est le huitième d'une famille de 13 enfants (dont 4 morts en bas âge)[3].

Son père meurt le , victime d’un fatal accident en forêt, alors qu'Alfred est âgé de neuf ans, la famille réside depuis 5 ans à Farnham[3]. À Saint-Césaire, où déménage sa famille, sa mère trouve la mort des suites d'une tuberculose, le , à l'âge de 43 ans : Alfred devient ainsi tout à fait orphelin à 12 ans. Une de ses tantes maternelles, Rosalie Foisy-Nadeau, l'héberge de 1857 à 1860[4] - [5].

Il y suit des leçons de catéchisme, puis fait sa « première communion » à l'âge de 12 ans (comme c'était l'usage avant 1910, un usage changé par le pape Pie X[6] - [7]) et reçoit la confirmation de Mgr Jean-Charles Prince, premier évêque de Saint-Hyacinthe, le . Il tente d'exercer divers métiers, mais aucun ne lui offre un avenir intéressant, en raison de ses nombreux problèmes de santé et de sa petite taille.

Il loge ensuite chez la famille de Louis Ouimet et son épouse Zoé Neveu. Louis était alors le maire du village, quand son oncle Nadeau part avec sa famille chercher de l'or en Californie[3]. Alfred exerce ensuite divers métiers à Farnham, puis à Saint-Jean-sur-Richelieu, à Waterloo et à Chambly. En 1862, de retour à Saint-Césaire, il y est apprenti boulanger et cordonnier.

Ces multiples expériences de travail n'améliorent pas son état, lui qui ne digère rien, mais il prie toujours, disent des témoins. D'ailleurs, depuis sa tendre enfance à Farnham, Alfred a des comportements qui inquiètent son entourage : malgré sa santé fragile, il se prive de dessert et porte à la taille une ceinture en cuir avec des pointes de fer. Ses stations de prière à genoux sont longues, fréquentes et intenses : on le trouve les bras en croix, devant un crucifix, à l'église, dans sa chambre ou dans une grange[3].

Puis, Alfred se joint à plusieurs Québécois qui émigraient vers les États-Unis pour travailler dans les filatures de coton de la Nouvelle-Angleterre. De 1863 à 1867, il « gagne sa vie » aux États-Unis[8], au Connecticut (à Moosup, Putnam, Hartford et Killingly), au Massachusetts (à North Easton) et au Rhode Island (à Phenix)[3] entre autres. Il y apprend l’anglais, lui qui a peu d’instruction, ne sachant pratiquement pas lire et pouvant à peine signer son nom[4].

Lorsqu'en 1867 la nouvelle confédération canadienne est proclamée, il retourne comme certains autres au pays natal. Il s'installe d'abord à Sutton, où vivent sa sœur Léocadie et son frère Claude. Alfred va ensuite demeurer un temps chez le curé de Farnham, l’abbé Édouard Springer[3], qui lui confie des tâches lui semblant plus ou moins bizarres : le soin du cheval, le jardin et les gros travaux physiques de la cure, au grand dam silencieux d’Alfred qui, de toute façon, n’était à l’aise nulle part. À Farnham, il va prier sur la tombe de ses parents[4] puis, en 1868, quand le curé de Farnham est muté ailleurs[3], il retourne chez le maire de Saint-Césaire. Là, Alfred rend visite à l'abbé Joseph André Provençal, curé de Saint-Césaire qui, remarquant le dévouement et la générosité du jeune homme de bientôt 23 ans, le prêtre décide de le présenter à la Congrégation de Sainte-Croix de Montréal, à laquelle le curé a confié en 1869 la direction du collège de Saint-Césaire, le collège Saint-Joseph, qu'il vient fonder et diriger.

Son entrée en communauté

Statue du frère André à l'extérieur de l'Oratoire Saint-Joseph.

À l'âge de 25 ans, Alfred Bessette se présente, le , au Collège Notre-Dame, à Côte-des-Neiges (aujourd'hui Montréal), où la congrégation de Sainte-Croix vient d'installer son noviciat. Le mois précédent, le curé Provençal écrit une lettre de recommandation au maître des novices, Julien-Pierre Gastineau, lui disant qu'il envoie « un saint » à sa communauté. Il se trouve que peu après, le , le pape Pie IX déclare saint Joseph « patron de l'Église universelle ». Avec un autre postulant, Alfred Bessette prend l'habit religieux le 27 décembre. Puisqu'il s'agit d'une communauté qui demande à chaque novice de se choisir un nom de saint, Alfred adopte le nom d'André : il sera désormais le « Frère André », en l'honneur du curé Joseph André Provençal.

Après un noviciat plus long que prévu (qui durera trois ans), la congrégation qui jusque-là hésite à garder le jeune homme en raison de ses problèmes de santé et de son éducation restreinte, décide finalement de l'accepter dans ses rangs. L'évêque de Montréal, Ignace Bourget est intervenu, rassurant le frère André. Peu après, le nouveau maître des novices, Amédée Guy, le recommande en disant : « Si ce jeune homme devient incapable de travailler, il saura au moins bien prier »[3]. Admis à prononcer ses vœux temporaires le à l'âge de 27 ans, le frère André fait sa profession perpétuelle à 28 ans, le .

On lui confie la fonction de portier du collège Notre-Dame, une fonction qu'il exerce jusqu'à la mi-juillet 1909[3] : c'est lui qui accueille les gens à l'entrée du collège. Plus tard, il en fera une plaisanterie, en disant qu'à son entrée en communauté on lui a « montré la porte » et qu'il l'a gardée durant presque 40 ans.

Il doit aussi assurer la propreté des lieux, faire les courses, donner l'aumône aux pauvres. Il fait de plus office de barbier des élèves et d'infirmier auprès des collégiens malades, et s'occupe du courrier, du transport des colis des élèves, qu'il accompagne parfois les jours de promenade[3].

Il est heureux de pouvoir continuer à offrir ses menus services d'« homme à tout faire », et de pouvoir prier à sa guise, ce faisant : avant, pendant et après, seul ou avec des membres de sa communauté, ou avec des visiteurs.

L'accueil des malades et les premières guérisons

Il faut remonter à 1877 pour découvrir sa première guérison, celle du frère Aldéric de sa propre communauté religieuse, qui souffre d'une blessure à la jambe[9]. Il y a ensuite celle d'un élève fiévreux collé au lit par le médecin et que le frère André avait envoyé jouer dehors apparemment en pleine forme[9].

Les miracles de celui-ci se propagèrent ensuite très rapidement. Bientôt les éclopés et les malades du quartier Côte-des-Neiges de Montréal envahissent le collège Notre-Dame à la recherche du petit frère qui guérit tous les maux[9]. Parmi les visiteurs que le frère André accueille au collège Notre-Dame se trouvent des personnes qui confient leur maladie à ses prières. D'autres l'invitent à les visiter à la maison. Le religieux prie avec eux ; il leur remet une médaille de saint Joseph, à qui il voue une dévotion particulière, quelques gouttes de l'huile d'olive qui brûle devant la statue du saint, dans la chapelle du collège, et leur conseille de s'en frictionner avec confiance. Des personnes, de plus en plus nombreuses, se mettent à déclarer avoir été guéries ou soulagées de cette manière. La réputation de sainteté du petit frère (haut d'à peine plus de 5 pieds, soit d'environ 152 centimètres) se répand de bouche à oreille.

La direction du collège finit par s'inquiéter du flot croissant des visiteurs. Des parents, des confrères, et même le médecin de l'établissement, dénoncent aux autorités religieuses et sanitaires de la ville la présence de malades à proximité des élèves. Certains qualifient le frère de charlatan[3].

Vers l'année 1900, sa communauté demande au frère André de ne plus recevoir les malades à l'intérieur du collège, mais à l'arrêt du tramway, dans l'abri construit en face du collège à l'intention des parents des élèves. C'est ce qu'il fit. Et il va même plus loin. Initialement, la compagnie de tramways fut réticente, mais face à l’afflux de voyageurs payants, elle fit rapidement semblant de ne rien voir, la renommée du frère André lui assurant de nombreux voyageurs sur sa ligne vers Snowdon.

Sa dévotion et la petite chapelle pour prier Saint-Joseph

Le frère André vers 1920.

Alors, il amène ses visiteurs prier jusque devant une statue de saint Joseph, qu'il a installée dans une niche sur le mont Royal, un peu plus loin en face du collège.

Puis, le frère André nourrit le projet d'y ériger une chapelle (un oratoire) et d'y créer ainsi un petit sanctuaire dédié à saint Joseph. Il finit par obtenir l'autorisation de construire la chapelle. La direction du collège et l'archevêque de Montréal, Mgr Paul Bruchési, précisent toutefois que les frais engagés seront à la charge des demandeurs.

Grâce aux dons offerts spontanément, en argent ou en nature (par exemple des statues, des vases, des vêtements liturgiques, une cloche…), le terrain est acquis et le sanctuaire primitif (cette chapelle, ce modeste oratoire) est inauguré le . Pour le frère André, alors âgé de 59 ans, c'est déjà, enfin, une belle réussite.

Les guérisons sans explications apparentes, que les gens lui imputent, font du frère André un héros populaire dont la réputation grandit. Il devint alors connu comme étant « le thaumaturge du mont Royal » — pourtant, il s'en défend, en disant que ce n'est pas lui qui guérit, mais Dieu, par l'intermédiaire de saint Joseph, grâce aux prières de chacun.

L'afflux croissant des pèlerins y devient tel qu'on doit augmenter les dimensions de la chapelle à quatre reprises de 1908 à 1912.

À la mi-juillet 1909, les autorités du collège Notre-Dame assument l'administration de l'oratoire, dont le frère André (depuis lors, libéré de sa fonction de portier du collège) devient dorénavant le gardien[3]. À partir de 1910, il a même un secrétaire pour répondre au courrier qui lui est adressé[3].

De plus, depuis 1915, les supérieurs du frère André lui permettent de prendre un peu de repos, deux fois par année ; il en profite pour aller visiter des parents et des amis à Sutton, à Saint-Césaire et à Québec, mais également aux États-Unis (surtout en Nouvelle-Angleterre) et en OntarioToronto, Sudbury, Ottawa)[3].

Sa réputation populaire de saint et de thaumaturge le précède. Les chefs de gare annoncent sa venue et les gens se pressent à sa descente du train, à la porte des hôtels ou des presbytères où il est hébergé. C'est chaque fois l'occasion de guérisons, que relatent les journaux locaux[3]. Il revient toujours avec des offrandes, reçues en reconnaissance des faveurs obtenues.

L'Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal

L'Oratoire Saint-Joseph à Montréal.

« Après avoir montré beaucoup de réticence au sujet de son projet, les supérieurs du frère André ont fini par se laisser gagner par la sincérité, la simplicité et la conviction de celui qui, pour étayer sa cause, ne s'est réclamé d'aucun miracle ni d'aucune vision, mais seulement de sa dévotion à saint Joseph. À cette ferveur particulière s'ajoutaient l'amour de Dieu, la fréquentation de l'Évangile, ainsi qu'un culte à la sainte Famille et au Sacré-Cœur (de Jésus). À ses amis intimes, il racontait la Passion (de Jésus), avec une telle émotion qu'ils en étaient remués et transformés. Avec eux, il priait et faisait le chemin de la croix. À tous, il demandait de prier. »[3]

En 1913, sous la pression des laïcs et avec l'encouragement de Mgr Bruchési, un projet de basilique, dont les plans sont dessinés par les architectes Alphonse Venne et Dalbé Viau, est mis en œuvre.

Après la construction en 1917, d'une crypte pouvant contenir environ 1 000 personnes, l'édification de la basilique, encore dite l'Oratoire Saint-Joseph (du même nom que la chapelle primitive), commença en 1924 sur cette crypte, près de la modeste chapelle du Frère André, conservée.

L'argent pour la construction de ce qui deviendrait l'une des plus grandes églises du monde (après la Basilique Saint-Pierre de Rome), et le centre mondial de dévotion à Saint Joseph, proviendra des admirateurs du Frère André, que l'on trouvait déjà un peu partout. Des associations de toutes sortes (mouvements sociaux, syndicats, congrégations, malades chroniques ou handicapés, et autres) prennent l'habitude d'y faire des pèlerinages et des rassemblements de milliers de personnes à la fois.

À la fin de 1936, l'édifice est prêt à recevoir sa coupole, mais celle-ci n'est pas encore construite : ce sera un dôme inspiré de celui de la Basilique Saint-Pierre de Rome, mais plus allongé, moins sphérique et, par respect, de dimension à peine plus petite, et moins orné.

De fait, l'ensemble des travaux extérieurs de cette basilique ne sera terminé qu'en 1967.

Décès

« À la fin de l'année 1936, le frère André est à New York pour solliciter un don du milliardaire Rockefeller, pour parachever la construction de la basilique. Il sent déjà que la fin approche. Pris d'un malaise, il souhaite revenir à Montréal. Le 28 décembre, il est conduit à l'hôpital Notre-Dame-de-l'Espérance, à Saint-Laurent. Dans la soirée du 5 janvier, la souffrance le gagne. Mercredi le 6 janvier 1937 à minuit cinquante-cinq, le frère André rend son dernier souffle. » — ainsi le rapporte la Société Radio-Canada (SRC)[10], en 1957, pour souligner le 20e anniversaire du décès du Frère André.

Le frère André meurt donc au tout petit matin du à l'hôpital Notre-Dame-de-l'Espérance de Ville Saint-Laurent, sur l'Île de Montréal[3], et durant toute une semaine près d'un million de fidèles[10], malgré le mauvais temps, défilent jour et nuit devant sa dépouille[11]. Ils viendront nombreux lui rendre un dernier hommage à ses funérailles. Des transports spéciaux sont même organisés pour transporter les visiteurs venant des États-Unis, où le frère André était très connu.

La Société Radio-Canada rapporte aussi[10] que :

« La nouvelle de la mort du frère André s'est répandue comme une traînée de poudre à travers le Canada et les États-Unis. Les témoignages abondent et proviennent d'aussi loin que la France et Rome. Aux États-Unis, une trentaine de journaux couvrent sa mort. Il faut compter pas moins de 860 articles à son sujet, au Canada et aux États-Unis.
« Les gens viennent de partout pour rendre hommage au frère André. Aux États-Unis, des trains spéciaux arrivent du Maine, du Massachusetts, du Connecticut, du Rhode Island, du New Hampshire et du Vermont. Plusieurs font même le voyage en avion, comme ce pèlerin de San Francisco dont le fils aurait été guéri par le frère André.
« Un millionnaire new-yorkais est, quant à lui, parti tous les matins vers Montréal et rentré chaque soir chez lui par avion pendant huit jours, donc même après les funérailles. Il emmenait avec lui chaque fois quatre ou cinq personnes.
« Immédiatement après sa mort, un moule est appliqué sur son visage afin d'en conserver l'empreinte. Les médecins procèdent également à l'exérèse (extraction) de son cœur, qui sera gardé à titre posthume.
« À la manière des pauvres, le corps du frère André est placé dans un simple coffre de bois.
« Les deux premiers jours, plus de 500 pompiers et 500 policiers se relaient pour assurer l'ordre dans la crypte où le corps du frère André est exposé en chapelle ardente. »

Son corps sera placé quelques années plus tard dans un tombeau de marbre noir au sein même de la basilique Saint-Joseph, tandis que son cœur conservé à part dans le même édifice, fera l'objet de dévotions. Toutefois, ce dernier sera subtilisé en mars 1973, avant d'être retrouvé[12];[13] en décembre 1974.

Le long chemin vers la canonisation

Le long processus menant à la canonisation du Frère André débute peu de temps après sa mort, plus précisément le 13 novembre 1940 lorsque Monseigneur Joseph Charbonneau, archevêque de Montréal, constitue un tribunal ecclésiastique pour étudier les écrits du Frère André. Une affiche est alors placée à l'entrée de toutes les églises de Montréal[14].

Parallèlement à cette démarche, s'ouvre le 8 octobre 1941 le procès informatif sur les vertus, sous la présidence du chanoine Adélard Arbour, qui pendant huit ans scrutera la vie et les vertus du candidat à la sainteté[15].

Après plusieurs années de rencontres, d'analyses et d'entrevues, l'enquête est bouclée. En avril 1958, on présente les actes du procès aux cardinaux chargés de déterminer si la cause peut être introduite à Rome. Deux ans plus tard, le 8 novembre 1960, le Pape Jean XXIII introduit la cause en cour de Rome[16].

Deux nouvelles enquêtes suivront qui étudieront le cas du Frère André pendant plus de deux décennies. On y fera ouvrir le tombeau le , afin de s'assurer de l'intégrité du corps. On trouve alors celui-ci en état de momification et intact[17].

Finalement le 12 juin 1978, le pape Paul VI déclare « vénérable » Alfred Bessette. Après que l'église de Rome a reconnu un premier miracle, le frère André est béatifié le par le pape Jean-Paul II, sous le nom de Bienheureux « Frère André Bessette »[18]. Ce premier miracle authentifié officiellement par l'église est celui de Giuseppe Carlo Audino. Cet américain de Rochester, dans l'État de New York, souffrait d'un cancer du foie qui s'était généralisé en 1957. Après avoir reçu ce diagnostic, Monsieur Audino, qui vouait une grande confiance au frère André, multiplia les prières. Quelques jours plus tard, son médecin constata une guérison complète. Rome soumit le dossier Audino à 9 médecins. Leur rapport comportait 966 pages dont 150 radiographies. À l'unanimité, les experts ont conclu que la seule médecine ne pouvait expliquer cette guérison[19].

Au fil des ans, 10 millions de personnes signent des pétitions pour sa canonisation[20]. Mais pour cela, il faut que l'Église catholique romaine puisse lui reconnaître un deuxième miracle réalisé après la béatification.

Le « miraculé » est un enfant de dix ans qui, après avoir été frappé par une voiture en 1990 lors d'une promenade à vélo, subit deux fractures du crâne et une hémorragie cérébrale majeure. La victime est restée dans le coma pendant trois semaines et se trouvait dans un stade terminal. On attendait la fin. Or, au moment même où, à l'Oratoire Saint-Joseph, un membre de la famille demande au frère André sa guérison, l'enfant sort du coma. Il se rétablit complètement. Une importante analyse de ce cas de guérison inexpliquée est réalisée par des médecins et spécialistes. Le volumineux rapport de 800 pages est remis à la commission médicale mandatée par le Vatican qui authentifie à l'unanimité cette guérison[21].

En octobre 2009, ce deuxième miracle est officiellement reconnu et attribué au frère André par la Congrégation pour les causes des saints, de sorte que le bienheureux n'a maintenant plus qu'à attendre la décision du pape, sur l'avis de cette congrégation, pour pouvoir être canonisé. Le , le pape Benoît XVI autorise la Congrégation à promulguer le décret concernant ce miracle attribué au frère André[22] - [23]. Le Frère André sera donc, par proclamation, solennellement déclaré saint[24]. Il sera le deuxième saint québécois reconnu, après sainte Marguerite d'Youville (Varennes 1701 - Montréal 1771), fondatrice d'une communauté de religieuses hospitalières, canonisée en 1990.

Le , le pape Benoît XVI annonce lors d'un consistoire que le frère André sera canonisé le [25]. Effectivement, le 17 octobre au matin, heure de Rome, le pape Benoît XVI officialise la canonisation du frère André lors d'une cérémonie qui s'est déroulée sur la place Saint-Pierre devant 50 000 pèlerins, incluant plus de trois mille Québécois. Diverses personnalités religieuses et politiques de Montréal et du Québec étaient aussi présentes à Rome. Cinq autres religieux (Stanislas Kazimierczyk, Julie Salzano, Candide Marie de Jésus, Mary MacKillop, Camilla Battista da Varano) ont été canonisés à la même occasion[26].

Le 30 octobre 2010, une grande messe en l'honneur de la canonisation du Frère André a lieu au Stade olympique de Montréal devant près de 50 000 personnes[27]. En présence du premier ministre du Canada Stephen Harper, du premier ministre du Québec, Jean Charest, du Maire de Montréal, Gérald Tremblay ainsi qu'une soixantaine d'évêques du Canada, des États-Unis, d'Haïti et même du Bangladesh ; la messe a été célébrée par le cardinal Jean-Claude Turcotte[28].

Honneurs

Statue du frère André à la Place du Frère-André, Montréal en août 2010.
Monument du Frère André à Mont-Saint-Grégoire.

Références dans la culture populaire

  • Dans le roman de Robert W. Brisebois, 921, Queen Mary Road, le Frère André apparaît comme un acteur central au sein d'un complot sur le site du futur Oratoire St-Joseph.

Quelques paroles du frère André

  • « Ne cherchez pas à vous faire enlever les épreuves » disait le frère André, « demandez plutôt la grâce de bien les supporter. »
  • « Quand je serai mort, je vais être rendu au ciel. Je vais être bien plus près du bon Dieu que je ne le suis actuellement. J’aurai plus de pouvoir pour vous aider. »
  • « Comme le bon Dieu est bon ! Comme il s’occupe de nous ! »
  • « Allez à saint Joseph, priez-le, il ne vous laissera pas tomber en chemin. »
  • « Les étoiles que vous voyez là au firmament, est-ce vous qui les avez accrochées ? »
  • « C’est étonnant, on me demande souvent des guérisons, mais bien rarement l’humilité et l’esprit de foi. C’est pourtant si important. »
  • « Le monde est bête de penser que le frère André fait des miracles ! C’est le bon Dieu et saint Joseph qui peuvent vous guérir et non pas moi. Je prierai saint Joseph pour vous. »[30].

Bibliographie

  • Henri-Paul Bergeron, Le frère André c.s.c., Montréal, Oratoire Saint-Joseph, , 259 p. Livre disponible en libre accès dans Les Classiques des sciences sociales
  • (en) Katherine Burton, Brother André of Mount-Royal, USA, The Ave Maria Press, , 310 p.
  • Henri-Paul Bergeron, Le frère André, Montréal, Fides, , 265 p.
  • Frère Marie-Ludovic Bastyns, Le petit frère André du Canada, un trouvère de Saint-Joseph, Montréal, Éditions Marie-Médiatrice, , 143 p.
  • Gilles Phabrey, Le portier de Saint-Joseph, Montréal, Fides, , 208 p.
  • Étienne Catta, Le Frère André 1845-1937, et l'Oratoire Saint Joseph du Mont-Royal, Montréal et Paris, Éditions Fides, , 1146 p.
  • Denise Nadeau, Le frère André, Montréal, LIDEC, , 60 p.
  • Jean-Guy Dubuc, Le frère André, Montréal, Fides, , 235 p.
  • (en) Laurent Boucher, Brother André : the miracle man of Mount Royal, Montréal, , 329 p. (ISBN 2-9805651-0-5)
  • Bernard Lafrenière, Le frère André selon les témoins : sept conférences à des Religieux de Sainte-Croix à Austin, au Texas, Montréal, Fides, , 212 p., traduit de l'américain par l'auteur (Brother André according to witnesses), (ISBN 2-920067-13-3)
  • L'Encyclopédie du Canada : édition 2000, Montréal, Stanké, p. 84-85
  • Denise Robillard, Les Merveilles de l'Oratoire : l'histoire de l'Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, 1904-2004, Montréal, Fides, , 484 p. (ISBN 2-7621-2615-0 et 2-7621-2680-0)
  • (en) Joel Schorn, God's Doorkeepers: Padre Pio, Solanus Casey and André Bessette, USA, Servant Publications, , 162 p. (ISBN 978-0-86716-699-6)
  • Paul-Émile Racan-Bastien, Généalogie ascendante de Alfred Bessette, Longueuil, Éditions historiques et généalogiques Pepin, , 288 p. (ISBN 978-2-554-02973-7 et 2-554-02973-3)
  • Françoise Deroy-Pineau, Frère André, le Saint de l'Oratoire, Montréal, MédiasPaul, (ouvrage pour la jeunesse) (ISBN 978-2-89420-829-8)
  • Françoise Deroy-Pineau, Frère André : Un saint parmi nous, Montréal, Fides, , 226 p. (ISBN 2-7621-2577-4). 1re édition en 2004.
  • Micheline Lachance, Le Frère André : l'histoire de l'obscur portier qui allait accomplir des miracles, Montréal, Les Éditions de l’Homme, (1re éd. 1979)), 432 p. (ISBN 978-2-7619-0067-6 et 2-7619-0067-7).
  • Sous la coordination de Pierre Robert, Frère André disait souvent..., Recueil de paroles du Frère André rapportées par ses amis, Montréal, Fides, juillet 2010
  • Album officiel de la canonisation du Frère André, Montréal, Fides, août 2010, 192p.
  • Magnificat numéro 278 de janvier 2016 page 113

Filmographie

Généalogie

Notes et références

Notes

  1. En 1847, on assiste à l'abolition de la municipalité de la paroisse de Saint-Grégoire-le-Grand-de-Monnoir. En effet, la paroisse abrège alors son nom en Saint-Grégoire-le-Grand. De plus, en décembre 1994, la municipalité de paroisse de Saint-Grégoire-le-Grand et la municipalité de Mont-Saint-Grégoire sont fusionnées l'une à l'autre.

Références

  1. « Saint André Bessette », sur nominis.cef.fr (consulté le )
  2. Article de Tom Faulkner, L'Encyclopédie canadienne
  3. Denise Robillard, « Bessette, Alfred, dit frère André », sur Dictionnaire biographique du Canada, University of Toronto/Université Laval,
    Elle ajoute :
    La bibliographie la plus complète sur le frère André se trouve dans Étienne Catta, le Frère André (1845-1937) et l'oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal (Montréal et Paris, 1965).
  4. Clément Brodeur, « Le saint Frère André à SaintCésaire » [PDF], sur Société d’histoire et de généalogie des Quatre Lieux.
  5. Marie-France Létourneau, « Un coup de cœur pour la maison du frère André », La Voix de l'Est, (lire en ligne).
  6. À la cérémonie de béatification de Pie X, le , en la basilique Saint-Pierre, Pie XII parle de Pie X comme du « pape de l'Eucharistie », en référence à l'accès de la communion aux jeunes enfants [de 7 ans, au lieu de 10-13 ans] facilité par le nouveau bienheureux — cité dans l'article sur Pie X, dans la section La canonisation.
  7. L'Eucharistie et les enfants (sur le site du Vatican) : « Un grand Pape canonisé par l'Église, Saint Pie X, a consacré beaucoup d’attentions et d’efforts pastoraux aux enfants ; le 8 août 1910 était publié le Décret « Quam Singulari », par lequel le Saint-Père Pie X établissait qu'on pouvait admettre les enfants à la première communion dès l'âge de sept ans. ».
  8. En 1863 Alfred émigre aux États-Unis
  9. Lachance 2010.
  10. Dans texte accompagnant le clip intitulé La veille des funérailles du frère André (film tourné le 7 janvier 1937, 6 min 58 s), tiré des archives de la SRC, série L'oratoire Saint-Joseph : le miracle du frère André, clip no 2.
  11. Le Devoir, 7 janvier 1937, pages 1, 3 et 10, « Décès du frère André (Alfred Bessette) », sur Bilan du siècle, de l'Université de Sherbrooke (consulté le ).
  12. Découverte du cœur du frère André, sur le site Bilan du siècle, de l'Université de Sherbrooke, référant aux articles paru dans La Presse, le 17 mars 1973, p. 3 ; puis le 23 décembre 1974, p. A3.
  13. Zone Justice et faits divers- ICI.Radio-Canada.ca, « Il y a 45 ans, le coeur du frère André était retrouvé », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  14. Album officiel de la canonisation du Frère André, Montréal, Fides, octobre 2010, p.172.
  15. Album officiel de la canonisation du Frère André, Montréal, Fides, octobre 2010, p.173.
  16. Lachance 2010, p. 387.
  17. Site web de l'Oratoire Saint-Joseph.
  18. frère André [Bessette], le bienheureux — discours de béatification, par Jean-Paul II, Place Saint-Pierre (télévision vaticane, 23 mai 1982, 4 min 24 s), dans les archives de la SRC, clip no 8 de la série L'oratoire Saint-Joseph : le miracle du frère André.
  19. Lachance 2010, p. 388.
  20. Zone Aucun thème sélectionné- ICI.Radio-Canada.ca, « Frère André sur la voie de la sainteté », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  21. Lachance 2010, p. 390.
  22. Daphné Cameron, « Le frère André pourrait bientôt grossir les rangs des saints de l'Église catholique », La Presse, (ISSN 0317-9249, lire en ligne).
  23. Le pape reconnaît un miracle attribué à Frère André, article du 21 décembre 2009, sur le site rtbf.be.
  24. Radio Canada, « Le frère André sera canonisé », sur le site web de la Société Radio-Canada, le 12 février 2010.
  25. Radio Canada, « Le frère André canonisé le 17 octobre », sur le site web de la Société Radio-Canada, le 19 février 2010.
  26. National Post du 17 octobre 2010.
  27. Journal 24 heures.
  28. Homélie du cardinal Jean-Claude Turcotte au Stade olympique le samedi 30 octobre 2010
  29. Revue Oratoire, sept.-octobre 2010, Vol. 99, No. 5 - p.13.
  30. Jean-Guy Dubuc, Le frère André et l'Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, Strasbourg, Éditions du Signe, 49 p. (ISBN 2-87718-245-2).

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