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Expédition Wilkes

L'expĂ©dition Wilkes, officiellement United States Exploring Expedition (U.S. Ex. Ex.), est une expĂ©dition militaire d'exploration de l'ocĂ©an Pacifique et des terres environnantes menĂ©e par les États-Unis. Elle est dirigĂ©e entre 1838 et 1842 par Charles Wilkes sur six navires dont l'USS Vincennes.

L'USS Vincennes en Antarctique lors de l'expédition, au début de l'année 1840.

Le financement est demandĂ© par le prĂ©sident des États-Unis John Quincy Adams en 1828, cependant, le CongrĂšs des États-Unis ne le met en Ɠuvre que huit ans plus tard. Le commandement initial, donnĂ© Ă  Commodore Thomas ap Catesby Jones, est donc transfĂ©rĂ© Ă  Charles Wilkes. En mai 1836, ce voyage d'exploration ocĂ©anique est finalement autorisĂ© par le CongrĂšs et par le nouveau prĂ©sident des États-Unis Andrew Jackson.

L'expĂ©dition est d'une importance majeure pour le dĂ©veloppement scientifique aux États-Unis, en particulier le domaine alors jeune de l'ocĂ©anographie. Au cours de l'Ă©vĂ©nement, les conflits armĂ©s entre les insulaires du Pacifique et l'expĂ©dition sont courants, ce qui provoque des dizaines de morts chez les indigĂšnes ou les AmĂ©ricains.

Préparations

GrĂące aux efforts de lobbying de Jeremiah N. Reynolds, la Chambre des reprĂ©sentants des États-Unis adopte une rĂ©solution le , demandant au prĂ©sident des États-Unis John Quincy Adams d'envoyer un navire pour explorer l'ocĂ©an Pacifique. Adams tient Ă  la rĂ©solution et ordonne au secrĂ©taire de la Marine de prĂ©parer un navire, l'USS Peacock. La Chambre vote un crĂ©dit en dĂ©cembre, mais le projet de loi est bloquĂ© au SĂ©nat des États-Unis en fĂ©vrier 1829. Puis, sous le prĂ©sident Andrew Jackson, le CongrĂšs adopte une loi en 1836 approuvant l'exploration. Encore une fois, l'effort est freinĂ© sous le secrĂ©taire de la Marine Mahlon Dickerson jusqu'Ă  ce que le prĂ©sident Martin Van Buren prenne ses fonctions et fasse avancer le sujet[1].

À l'origine, l'expĂ©dition est sous le commandement du commodore Thomas ap Catesby Jones, mais il dĂ©missionne en novembre 1837, frustrĂ© par les atermoiements. En avril 1838, le secrĂ©taire Ă  la Guerre Joel Roberts Poinsett assigne le commandement Ă  Charles Wilkes aprĂšs le refus d'autres officiers supĂ©rieurs. Wilkes est rĂ©putĂ© pour l'hydrographie, la gĂ©odĂ©sie et le magnĂ©tisme, d'autant qu'il a reçu une formation en mathĂ©matiques de Nathaniel Bowditch, des mĂ©thodes de triangulation de Ferdinand Rudolph Hassler et du gĂ©omagnĂ©tisme de James Renwick (en)[2].

Le personnel de l'expĂ©dition comprend des naturalistes, des botanistes, un minĂ©ralogiste, un taxidermiste et un philologue. Les hommes sont transportĂ©s Ă  bord des sloops de guerre USS Vincennes (780 tonnes) et USS Peacock (650 tonnes), du brick USS Porpoise (230 tonnes), du trois-mĂąts carrĂ© USS Relief qui sert de navire auxiliaire, et deux goĂ©lettes, l'USS Sea Gull (110 tonnes) et l'USS Flying Fish (96 tonnes), qui servent d'annexes[3].

Dans l'aprĂšs-midi du , les navires lĂšvent l'ancre et prennent la mer. À 7 h 30 le lendemain matin, ils dĂ©passent le bateau-phare au large de Willoughby Spit en Virginie et libĂšre le pilote. La flotte se dirige ensuite vers MadĂšre, profitant des vents dominants[4].

L'expĂ©dition se compose de prĂšs de 350 hommes, dont beaucoup ne sont pas affectĂ©s Ă  un navire en particulier. D'autres servent sur plus d'un navire[5]. Parmi les plus notables, il est possible de distinguer :

Navires

Commandement

  • Charles Wilkes : Commandant de l'expĂ©dition et commandant du Vincennes
  • Cadwalader Ringgold : Lieutenant commandant du Porpoise
  • Andrew K. Long : Lieutenant commandant du Relief
  • William L. Hudson (en) : Commandant du Peacock
  • Samuel R. Knox : Commandant du Flying Fish
  • James W. E. Reid : Commandant du Sea Gull

Officiers de marine

Scientifiques

Parcours

PremiĂšre partie

PremiĂšre partie de l'expĂ©dition Wilkes : 1. Hampton Roads – 2. MadĂšre – 3. Rio de Janeiro – 4. Terre de Feu – 5. ValparaĂ­so – 6. Callao – 7. Tahiti – 8. Samoa – 9. Sydney – 10. Antarctique – 11. HawaĂŻ (Ăźles Sandwich, via les Fidji).

Wilkes doit rechercher des hauts fonds rapporté par John Purdy (en), mais ne peut pas corroborer les affirmations de ce dernier pour les emplacements indiqués. L'escadre arrive dans les ßles de MadÚre au Portugal le et à Praia au Cap-Vert le 6 octobre[6]. Le Peacock arrive à Rio de Janeiro au Brésil le 21 novembre et le Vincennes avec les brigs et les goélettes le 24 novembre. Cependant, le Relief n'arrive que le 27 novembre. Pendant leur séjour, l'expédition utilise la baie de Guanabara comme observatoire et comme chantier naval pour la réparation et le réaménagement des navires[7].

L'escadre ne quitte Rio de Janeiro que le , arrivant Ă  l'embouchure du RĂ­o Negro au large de l'Argentine le 25 janvier. Le 19 fĂ©vrier, l'escadre rejoint le Relief, le Flying Fish et le Sea Gull dans la baie Orange de l'Ăźle Hoste, aprĂšs ĂȘtre passĂ© par le dĂ©troit de Le Maire. LĂ -bas, l'expĂ©dition entre en contact avec les autochtones. Wilkes envoi une Ă©quipe vers le sud pour tenter de dĂ©passer le point le plus au sud du capitaine James Cook, c'est-Ă -dire 71°10'.

Le Flying Fish atteint le 70e parallĂšle sud le 22 mars, Ă  environ 160 kilomĂštres au nord de l'Ăźle Thurston et de ce qu'on appelle dĂ©sormais le cap Flying Fish (en), et la chaĂźne Walker (en). L'escadre rejoint le Peacock Ă  ValparaĂ­so au Chili le 10 mai, mais le Sea Gull est portĂ© disparu. Le 6 juin, l'escadre arrive Ă  l'Ăźle San Lorenzo, au large de Callao pour rĂ©paration et ravitaillement, tandis que Wilkes renvoi le Relief au pays le 21 juin[8]. Quittant l'AmĂ©rique du Sud le 12 juillet, l'expĂ©dition atteint Reao dans les Ăźles Tuamotu le 13 aoĂ»t et Tahiti le 11 septembre. Ils quittent Tahiti le 10 octobre[9].

L'expĂ©dition visite ensuite les Samoa et la Nouvelle-Galles du Sud en Australie. En dĂ©cembre 1839, l'expĂ©dition navigue de Sydney dans l'ocĂ©an Austral et signale la dĂ©couverte du continent antarctique le , lorsque Henry Eld et William Reynolds Ă  bord du Peacock aperçoivent les pic Eld (en) et pic Reynolds (en) le long de la cĂŽte de George V. Le 19 janvier, Reynolds repĂšre le cap Hudson de la pĂ©ninsule de Mawson. Le 25 janvier, les hommes du Vincennes aperçoivent les montagnes derriĂšre la barriĂšre de Cook (en) et des pics similaires dans la baie de Piner (en) le 30 janvier. Ils rĂ©alisent qu'ils ont couvert 1 300 kilomĂštres de cĂŽtes le 12 fĂ©vrier, de 140°30' E. Ă  112°16'12 E., lorsque Wilkes reconnaĂźt la dĂ©couverte du continent antarctique. NommĂ© terre de Wilkes, cette zone comprend la cĂŽte de Clarie, la cĂŽte de Banzare, la cĂŽte de Sabrina, la cĂŽte de Budd et la cĂŽte de Knox. Ils cartographient finalement 2 400 kilomĂštres du littoral de l'Antarctique jusqu'Ă  105°E. Ă  l'ouest, les rives de la terre de la Reine-Mary, avant de repartir vers le nord le 21 fĂ©vrier[10].

Premier trajet de Wilkes prĂšs de l'Antarctique.

Le Porpoise croise l'expĂ©dition Dumont d'Urville de Jules Dumont d'Urville le 30 janvier. Cependant, en raison d'un malentendu sur les intentions de chacun, le Porpoise amĂ©ricain et l'Astrolabe français ne peuvent pas communiquer[11]. En fĂ©vrier 1840, une partie de l'expĂ©dition est prĂ©sente lors de la signature initiale du traitĂ© de Waitangi en Nouvelle-ZĂ©lande. Une partie de l'escadre est ensuite retournĂ©e Ă  Sydney pour des rĂ©parations, tandis que les autres navires visitent la baie des Ăźles, avant d'arriver aux Tonga en avril. À NukuÊ»alofa, ils rencontrent le roi Josiah (AleamotuÊ»a), et George (TaufaÊ»ahau), chef d'HaÊ»apai, avant de poursuivre vers les Fidji le 4 mai. Le Vincennes et le Peacock se rendent Ă  Ovalau oĂč ils signent un traitĂ© commercial avec Tanoa Visawaqa Ă  Levuka. Le HMS Starling d'Edward Belcher visite Ovalau au mĂȘme moment[12]. Hudson capture le chef de la province de Rewa Vendovi, aprĂšs avoir retenu en otage ses frĂšres. Vendovi est jugĂ© responsable de l'attaque contre les marins amĂ©ricains sur l'Ăźle d'Ono en 1836[Note 1].

En juillet 1840, deux membres du groupe, le lieutenant Underwood et le neveu de Wilkes, le midshipman Wilkes Henry, sont tués alors qu'ils troquent de la nourriture sur l'ßle de Malolo (en), dans l'ouest des Fidji. La cause de cet événement reste équivoque. Immédiatement avant leur mort, le fils du chef local, qui est retenu en otage par les Américains, s'échappe en sautant du bateau et en rejoignant le rivage. Les Américains tirent mais le manque. Selon les membres du groupe d'expédition sur le bateau, son évasion est un signal préétabli par les Fidjiens pour attaquer et d'autres sources évoquent que les tirs précipitent en fait l'attaque. Les Américains débarquent alors soixante marins pour attaquer les indigÚnes hostiles. PrÚs de quatre-vingts Fidjiens sont tués dans les représailles américaines et deux villages sont incendiés.

Seconde partie

Le 9 aoĂ»t, aprĂšs trois mois d'arpentage, l'escadre se rĂ©unit au large de la province de Macuata. Le Vincennes et le Peacock se rendent aux Ăźles Sandwich (HawaĂŻ), avec le Flying Fish et le Porpoise pour les retrouver Ă  Oahu en octobre. En cours de route, Wilkes nomme les Ăźles PhƓnix et fait une escale Ă  l'atoll Palmyra, faisant de leur groupe la premiĂšre expĂ©dition scientifique de l'histoire Ă  visiter celui-ci. Pendant leur sĂ©jour Ă  HawaĂŻ, les officiers sont accueillis par le gouverneur KekĆ«anāoÊ»a (en), le roi Kamehameha III, son assistant William Richards (en) et le journaliste James Jackson Jarves (en). L'expĂ©dition Ă©tudie les Ăźles Kauai, Oahu, HawaĂŻ et le sommet du Mauna Loa. Le Porpoise est envoyĂ© en novembre pour inspecter plusieurs des Ăźles Tuamotu, dont Aratika, Kauehi, Raraka et Katiu, avant de continuer vers Penrhyn et de retourner Ă  Oahu le 24 mars.

Seconde partie de l'expĂ©dition Wilkes : 1. Puget Sound – 2. Columbia – 3. San Francisco – 4. PolynĂ©sie – 5. Philippines – 6. BornĂ©o – 7. Singapour – 8. cap de Bonne-EspĂ©rance – 9. New York.

Le , l'escadre quitte Honolulu, le Porpoise et le Vincennes pour le nord-ouest de l'océan Pacifique, le Peacock et le Flying Fish pour réarpenter les Samoa, avant de rejoindre l'escadre. En cours de route, le Peacock et le Flying Fish fait la reconnaissance des ßles et atolls Jarvis, Enderbury, Tokelau et Fakaofo. Le Peacock poursuit cela sur les ßles Tuvalu de Nukufetau, Vaitupu et Nanumaga en mars, suivies de Tabiteuea en avril. Toujours en avril, le Peacock arpente les ßles Gilbert de Nonouti, Aranuka, Maiana, Abemama, Kuria, Tarawa, Marakei, Butaritari et Makin, avant de retourner à Ohau le 13 juin. Le Peacock et le Flying Fish partent ensuite pour l'embouchure du fleuve Columbia le 21 juin[13].

En avril 1841, le Peacock, sous les ordres du lieutenant William L. Hudson (en), et le Flying Fish, se rendent sur l'Ăźle de Drummond (Tabiteuea), un temps nommĂ©e du nom d'un membre de l'expĂ©dition. Le lieutenant Hudson apprend d'un membre de son Ă©quipage qu'un navire a fait naufrage au large de l'Ăźle et que son Ă©quipage a Ă©tĂ© massacrĂ© par les indigĂšnes. Une femme et son enfant semblent ĂȘtre les seuls survivants, alors Hudson dĂ©cide de dĂ©barquer un petit groupe de marines et de marins commandĂ© par le lieutenant William M. Walker pour fouiller l'Ăźle. Au dĂ©part, les insulaires sont pacifiques et les AmĂ©ricains peuvent explorer l'Ăźle, sans rĂ©sultats toutefois. Au dĂ©part du groupe, Hudson remarque qu'un membre de son Ă©quipage a disparu.

AprĂšs avoir effectuĂ© une autre recherche, l'homme n'est pas retrouvĂ© et les indigĂšnes commencent Ă  s'armer. Le lieutenant Walker renvoi ses hommes au navire, pour converser avec Hudson, qui ordonne Ă  Walker de retourner Ă  terre et d'exiger le retour du marin. Walker remonte ensuite Ă  bord de ses bateaux avec ses hommes et se dirige vers le rivage. Walker ordonne aux indigĂšnes de rĂ©pondre Ă  sa demande et ces derniers chargent sur lui, forçant les bateaux Ă  faire demi-tour vers les navires. Il est dĂ©cidĂ© le lendemain que les AmĂ©ricains bombarderaient les ennemis et dĂ©barqueraient Ă  nouveau. Ce faisant, une force d'environ 700 guerriers s'oppose Ă  l'assaut amĂ©ricain, mais est vaincue aprĂšs une longue bataille. Aucun AmĂ©ricain n'est blessĂ©, mais douze indigĂšnes sont tuĂ©s et d'autres blessĂ©s, et deux villages sont Ă©galement dĂ©truits, comme Ă  Upolu.

Le Vincennes et le Porpoise atteignent le cap Disappointment dans le Nord-Ouest Pacifique le , puis se dirigent ensuite vers le nord vers le dĂ©troit de Juan de Fuca, Port Discovery (la baie Discovery) et Fort Nisqually, oĂč ils sont accueillis par William Henry McNeill (en) et Alexander Caulfield Anderson (en). Le Porpoise arpente la crique de l'AmirautĂ© (en), tandis que les bateaux du Vincennes s'occupent du canal Hood et de la cĂŽte vers le nord jusqu'au fleuve Fraser. Wilkes visite Fort Clatsop, Jean Baptiste McLoughlin Ă  Fort Vancouver et William Cannon sur la riviĂšre Willamette, alors qu'il envoi le lieutenant Johnson en expĂ©dition Ă  Fort Okanagan, Fort Colvile (en) et Fort Nez-PercĂ©s, oĂč ils rencontrent Marcus Whitman[14]. Comme son prĂ©dĂ©cesseur, l'explorateur britannique George Vancouver, Wilkes passe beaucoup de temps prĂšs de l'Ăźle de Bainbridge. Il note la forme d'oiseau du port de Winslow et le nomme Eagle Harbor (en). Poursuivant sa fascination pour les noms d'oiseaux, il nomme Bill Point et Wing Point. Port Madison, Point Monroe et Point Jefferson sont nommĂ©s en l'honneur d'anciens prĂ©sidents des États-Unis. Port Ludlow l'est lui en l'honneur du lieutenant Augustus Ludlow (en), qui a perdu la vie lors la guerre anglo-amĂ©ricaine de 1812.

Une carte de 1841 du Territoire de l'Oregon issue de Narrative of the United States Exploring Expedition.

Le Peacock et le Flying Fish arrivent au large du cap Disappointment le 17 juillet. Cependant, le Peacock s'Ă©choue alors qu'il tente d'entrer dans le fleuve Columbia et est rapidement perdu, sans perte humaine. L'Ă©quipage peut mettre Ă  l'eau six bateaux et amener tout le monde Ă  terre dans une baie, ainsi que leurs journaux, leurs relevĂ©s, les chronomĂštres et certains des croquis d'Agate. Un Indien borgne nommĂ© George guide ensuite le Flying Fish dans la mĂȘme baie. LĂ , l'Ă©quipage s'installe dans ce que les hommes nommeront « Peacockville », assistĂ© de James Birnie (en) de la Compagnie de la Baie d'Hudson et de la mission mĂ©thodiste amĂ©ricaine Ă  Point Adams. Ils font Ă©galement du commerce avec les Indiens Clatsop et Chinook au cours des trois semaines suivantes, tout en surveillant le chenal, avant de se rendre Ă  Fort George (Fort Astoria) et de se rĂ©unir avec le reste de l'escadre. Cela incite Wilkes Ă  envoyer le Vincennes dans la baie de San Francisco, alors qu'il continue Ă  Ă©tudier Grays Harbor[15].

De la rĂ©gion actuelle de Portland, Wilkes envoie un groupe terrestre de 39 personnes vers le sud, dirigĂ© par Emmons, mais guidĂ© par Joseph Meek. Le groupe comprend Agate, Eld, Colvocoresses, Brackenridge, Rich, Peale, Stearns et Dana, et suit une route intĂ©rieure vers Fort Umpqua (en), le mont Shasta, le fleuve Sacramento, la Nouvelle-HelvĂ©tie de John Sutter, puis vers la baie de San Francisco. Ils partent le 7 septembre et arrivent Ă  bord du Vincennes Ă  Sausalito le 23 octobre, aprĂšs avoir parcouru la piste Siskiyou[16].

Wilkes arrive avec le Porpoise et l'Oregon (un nouveau navire), tandis que le Flying Fish doit rejoindre l'escadre à Honolulu[17]. L'escadre étudie la zone et l'hydrographie de San Francisco et produit plus tard une carte de la « Haute Californie » (Upper California). L'expédition repart ensuite le 31 octobre, arrivant à Honolulu le 17 novembre pour de nouveau reprendre la mer le 28 novembre[18]. Le parcours suivant inclut une visite à Wake et un retour par les Philippines, Bornéo, Singapour, la Polynésie et le cap de Bonne-Espérance, atteignant New York le .

L'expédition est victime des mauvaises relations entre Wilkes et ses officiers subordonnés tout au long. Le statut autoproclamé de Wilkes en tant que capitaine et commodore, accompagné de l'affichage ostensible du fanion requis et du port de l'uniforme de capitaine alors qu'il n'est commissionné qu'en tant que lieutenant, heurte fortement aux autres membres de l'expédition de rang réel similaire. Ses mauvais traitements supposés envers nombre de ses subordonnés et son indulgence pour des punitions dures entraßnent une controverse majeure à son retour en Amérique[19]. Wilkes est traduit en cour martiale à son retour, mais est acquitté de toutes les charges sauf celle de punir sans motifs valables ses hommes.

Postérité

La cordillĂšre des Andes dans un dessin d'Alfred Thomas Agate (en).

L'expĂ©dition Wilkes joue un rĂŽle majeur dans le dĂ©veloppement de la science du XIXe siĂšcle, en particulier aux États-Unis. De nombreuses espĂšces et autres objets trouvĂ©s par l'expĂ©dition contribuent Ă  constituer la base des collections de la nouvelle Smithsonian Institution.

Avec l'aide des scientifiques de l'expĂ©dition, appelĂ©s avec dĂ©rision « chercheurs de palourdes » et « capteurs d'insectes » par les autres membres d'Ă©quipage, 280 Ăźles, principalement dans l'ocĂ©an Pacifique, sont explorĂ©es et plus de 1 300 kilomĂštres de l'Oregon sont cartographiĂ©s. Non moins important, plus de 60 000 spĂ©cimens de plantes et d'oiseaux sont collectĂ©s, ainsi que les graines de 648 espĂšces qui sont ensuite commercialisĂ©es, plantĂ©es et envoyĂ©es dans tout le pays. Des spĂ©cimens sĂ©chĂ©s sont eux conservĂ©s Ă  l'herbier national amĂ©ricain. Il y a aussi 254 plantes vivantes qui sont placĂ©es dans une serre nouvellement construite en 1850, et qui deviendra plus tard le Jardin botanique des États-Unis.

Alfred Thomas Agate (en), graveur et illustrateur, créé un aperçu durable des cultures traditionnelles avec des illustrations reprenant des motifs vestimentaires et des tatouages des indigÚnes, notamment de Tuvalu.

Une collection d'artefacts de l'expédition est également allée à l'Institut national pour la promotion des sciences (en), un précurseur de la Smithsonian Institution. Ceux-ci intÚgrent des artefacts de l'histoire américaine en tant que premiers artefacts de la collection du Smithsonian.

Bilan

Pendant une courte période, Wilkes est attaché à l'Office of Coast Survey (futur U.S. National Geodetic Survey) mais de 1844 à 1861, il s'occupe principalement du rapport d'expédition. Vingt-huit volumes sont prévus, mais seulement dix-neuf sont finalement publiés. Parmi ceux-ci, Wilkes rédige le récit en plusieurs volumes de Narrative of the United States exploring expedition, during 1838, 1839, 1840, 1841, 1842, Hydrography (volume XIII) et Meteorology (volume XI).

Ce rapport contient de nombreuses informations sur les coutumes, les conditions politiques et économiques des peuplades rencontrées dans de nombreux endroits alors peu connus. Les contributions de James Dwight Dana (trois rapports) sur les zoophytes, la géologie et les crustacés sont également particuliÚrement remarquées. En plus d'articles et de rapports plus courts, Wilkes publie Western America, including California and Oregon et Theory of the Winds. La Smithsonian Institution a numérisé le récit en cinq volumes et les volumes scientifiques qui l'accompagnent.

La mauvaise gestion qui a tourmenté l'expédition avant son départ s'est poursuivie aprÚs son achÚvement. En juin 1848, de nombreux spécimens sont perdus ou endommagés et beaucoup restent non identifiés. En 1848, Asa Gray est alors embauché pour travailler sur les spécimens botaniques et publie le premier volume du rapport sur la botanique en 1854, mais Wilkes n'obtient pas le financement du deuxiÚme volume.

Bibliographie

IndigĂšne de Nukufetau par Alfred Thomas Agate (en) (1841).

Édition

  • Charles Wilkes, Narrative of the United States Exploring Expedition during the years 1838, 1839, 1840, 1841, 1842, Philadelphia, 1845
    • vol. I
    • vol. II
    • vol. III
    • vol. IV
    • vol. V : General Index
  • vol. VI : Horatio Hale, United States Exploring Expedition during the years 1838, 1839, 1840, 1841, 1842. Ethnography and Philology, 1846, XII-666 p.
  • United States Exploring Expedition, Atlas Botany, vol. I

Études

  • (en) William Stanton, The Great United States Exploring Expedition of 1838-1842, University of California Press, (ISBN 9780520025578, lire en ligne).
  • (en) Nathaniel Philbrick, Sea of Glory: America’s Voyage of Discovery : The U.S. Exploring Expedition, 1838–1842, New York, Viking, .

Notes et références

Notes

  1. Vendovi est par la suite ramenĂ© aux États-Unis, mais meurt peu de temps aprĂšs son arrivĂ©e Ă  New York. Son crĂąne est ensuite ajoutĂ© aux collections de l'expĂ©dition et exposĂ© dans le bĂątiment du Bureau des brevets (en) Ă  Washington.

Références

  1. Stanton 1975, p. 13–17.
  2. Stanton 1975, p. 19, 35, 56–61.
  3. Stanton 1975, p. 43, 63–68, 73–76.
  4. Stanton 1975, p. 71–76.
  5. https://www.sil.si.edu/DigitalCollections/usexex/navigation/Crew/crew_explore.cfm
  6. Stanton 1975, p. 86–87.
  7. Stanton 1975, p. 88–89.
  8. Stanton 1975, p. 91–96, 103–111.
  9. Stanton 1975, p. 114–116, 123–131.
  10. Stanton 1975, p. 132, 142–149, 155–159, 171–175.
  11. Stanton 1975, p. 176–177.
  12. Stanton 1975, p. 180–195.
  13. Stanton 1975, p. 212, 217, 219–221, 224–237, 240, 245–246.
  14. Stanton 1975, p. 253–256.
  15. Stanton 1975, p. 247–253, 259.
  16. Stanton 1975, p. 259–265.
  17. Stanton 1975, p. 267.
  18. Stanton 1975, p. 269–272.
  19. Stanton 1975, p. 219–220.

Source

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