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Epte

L'Epte est une rivière française, affluent en rive droite de la Seine. Longue de 112,51 kilomètres[1], elle naît dans la Seine-Maritime, dans le pays de Bray, près de Forges-les-Eaux, et rejoint la Seine près de Giverny, dans l’Eure. La rivière marque la limite entre la Normandie et l'Île-de-France ; cette situation géographique a marqué profondément son histoire au Moyen Âge, avec la construction de toute une série de places fortes sur chacune de ses rives.

l'Epte
Illustration
L'Epte Ă  Gisors.
Carte.
Cours de l'Epte (carte interactive du bassin de la Seine)
Loupe sur carte verte l'Epte sur OpenStreetMap.
Caractéristiques
Longueur 112,51 km [1]
Bassin 1 490 km2 [1]
Bassin collecteur la Seine
DĂ©bit moyen 9,8 m3/s (Gommecourt (exutoire)) [2]
Régime pluvial océanique
Cours
Source près du mont Bénard (231 m)
· Localisation entre Compainville et Le Thil-Riberpré
· Altitude 192 m
· CoordonnĂ©es 49° 39′ 02″ N, 1° 33′ 44″ E
Confluence la Seine
· Localisation entre Limetz-Villez et Giverny
· Altitude 14 m
· CoordonnĂ©es 49° 03′ 42″ N, 1° 31′ 40″ E
GĂ©ographie
Principaux affluents
· Rive gauche Troesne, Réveillon, Aubette de Magny, Cudron
· Rive droite ruisseau de Mésangueville, Levrière, Morette
Pays traversés Drapeau de la France France
DĂ©partements Eure, Oise, Seine-maritime, Yvelines, Val-d'Oise
Régions traversées Normandie, Hauts-de-France, Île-de-France
Principales localités Gisors, Gournay-en-Bray

Sources : SANDRE:« H31-0400 », Géoportail, Banque Hydro, OpenStreetMap

GĂ©ographie

L'Epte au moulin de Fourges

L'Epte prend sa source Ă  Compainville, Ă  cĂ´tĂ© de Thil-RiberprĂ© et Serqueux, Ă  quelques kilomètres au nord de Forges-les-Eaux (Seine-Maritime), au sud du Mont BĂ©nard (232 m)[3], Ă  192 mètres d'altitude.

Elle coule d'abord en direction du sud-est. Peu après Gournay-en-Bray, elle s'oriente vers le sud. À Gisors, elle prend brusquement vers l'ouest avant de reprendre la direction du sud à Beausséré (hameau de Courcelles-lès-Gisors). Par la suite, elle longe Saint-Clair-sur-Epte, Gasny et Giverny.

Sur la quasi-totalité de son parcours, elle marque la limite entre la Normandie, d'une part, et les Hauts-de-France et l'Île-de-France d'autre part, séparant d'abord la Seine-Maritime de l'Oise, puis, à partir de Bouchevilliers, marquant la limite de l'Eure avec successivement l'Oise, le Val-d'Oise et les Yvelines.

Elle conflue entre les communes de Limetz-Villez et Giverny avec la Seine à l'altitude 19 mètres[3], avec un bras au nord, qui la sépare de la commune de Sainte-Geneviève-lès-Gasny et, en face, de Port-Villez.

Communes traversées

Dans les cinq départements de l'Eure, l'Oise, la Seine-Maritime, les Yvelines et le Val-d'Oise, l'Epte traverse quarante-trois communes :

Toponymes

L'Epte a donné son hydronyme à six communes : Bazincourt-sur-Epte, Château-sur-Epte, Éragny-sur-Epte, Montreuil-sur-Epte, Saint-Clair-sur-Epte, Vexin-sur-Epte. La forme ancienne du nom était Itta au Xe siècle, puis Epta en 1119. D'une racine pré-latine *itt- que l'on retrouve aussi dans Iton, affluent rive gauche de l'Eure.

Affluents

L'Epte a vingt-et-un affluents[4] et un bras référencés au SANDRE (de l'amont vers l'aval) :

Hydrologie

L'Epte prĂ©sente un rĂ©gime pluvial ocĂ©anique typique avec un Ă©tiage estival et un maximum hivernal, son dĂ©bit est modeste : 9,8 m3/s Ă  Gommecourt, Ă  la confluence avec la Seine[7].

Comme la plupart des cours d'eau de l'extrémité ouest du bassin versant de la Seine, l'Epte est une rivière remarquablement régulière.

L'Epte Ă  Vexin-sur-Epte

Son dĂ©bit moyen annuel, calculĂ© sur 48 ans Ă  Vexin-sur-Epte (de 1961 Ă  2008), est de 9,3 m3/s pour une surface de 1 403 km2[2], soit près de 95 % de la totalitĂ© du bassin.

DĂ©bit moyen mensuel (en m3/s)
Station hydrologique : H8042010 - l'Epte Ă  Vexin-sur-Epte pour un bassin versant de 1 403 km2[2]
(données calculées sur 48 ans)
Source : Banque Hydro - MEDDE

La rivière prĂ©sente un rĂ©gime très rĂ©gulier, avec de faibles fluctuations saisonnières de dĂ©bit. Les hautes eaux sont hivernales et poussent les moyennes mensuelles Ă  un niveau de 10,5 Ă  12,7 m3/s de dĂ©cembre Ă  avril inclus. Les basses eaux d'Ă©tĂ©, d'aoĂ»t Ă  octobre, restent confortables et caractĂ©risĂ©es par une faible baisse du dĂ©bit moyen mensuel, jusque 6,26 m3/s au mois d'aoĂ»t[2].

Étiage ou basses eaux

Aux Ă©tiages, le VCN3 peut chuter Ă  3,5 m3/s, en cas de pĂ©riode quinquennale sèche[2], ce qui reste relativement fort Ă©levĂ©.

Crues

Les crues sont gĂ©nĂ©ralement peu importantes mais nullement inexistantes. Ainsi le dĂ©bit instantanĂ© maximal enregistrĂ© a Ă©tĂ© de 50,7 m3/s le , tandis que la valeur journalière maximale Ă©tait de 48,8 m3/s le mĂŞme jour. Le QIX 10 est de 38 m3/s, le QIX 20 de 43 m3/s et le QIX 50 de 50 m3/s. Les QIX 2 et QIX 5 valent quant Ă  eux respectivement 25 et 33 m3/s[2]. D'oĂą il ressort que les crues de mars 2001 Ă©taient cinquantennales.

Lame d'eau et débit spécifique

La lame d'eau Ă©coulĂ©e dans le bassin est de 210 millimètres annuellement, un peu infĂ©rieure Ă  la moyenne du bassin versant de la Seine (220 millimètres/an), mais nettement infĂ©rieure Ă  la moyenne française (environ 300 millimètres/an). Le dĂ©bit spĂ©cifique (ou Qsp) atteint 6,6 litres par seconde et par kilomètre carrĂ© de bassin[2].

Histoire

Vue du donjon du château de Gisors.

Cette rivière forme la frontière historique entre la Normandie et la France, puis l’Île-de-France, depuis le traité de Saint-Clair-sur-Epte signé en 911 par Charles III le Simple et Rollon, chef viking[8]. À l'occasion de cet accord, les aventuriers du Nord reçurent les territoires compris entre le cours de l'Epte et celui de la Dives, à savoir le Vexin à l'ouest de la rivière, désormais appelé Vexin normand, le Pays de Caux, le Roumois, l'Évrecin[9], le Lieuvin et le Pays d'Auge[10]. La signature de ce traité donna lieu à un épisode cocasse, relaté par une chronique anonyme, dont fut victime le roi de France : Rollon refusant de baiser les pieds du souverain, pourtant son suzerain[11].

« Celui qui reçoit un tel don, lui disaient les évêques, doit baiser le pied du Roi.
Jamais, répondit-il, je ne fléchirai le genou devant quelqu'un, ni ne baiserai son pied.
Cependant, poussé par les prières des Francs, il ordonna à l'un de ses guerriers de le faire à sa place,
Celui-ci saisit le pied du Roi et le porta Ă  sa bouche, mais il le baisa sans s'incliner et fit tomber le Roi Ă  la renverse.
De là de grands éclats de rire, un grand tumulte dans la foule.... »

L'étang aux nympheas de Claude Monet alimenté par un bras de l'Epte à Giverny.

Zone frontalière, la vallée de l'Epte se couvrit de mottes castrales surmontées de tours de surveillance, puis de châteaux forts; quelque peu en arrière, une seconde ligne de forteresses servait de couverture en cas d'attaque[12]. Du côté normand, la première ligne de fortification s'organisait autour du puissant château de Gisors[13] encadré par les ouvrages secondaires de Gournay-en-Bray, Neuf-Marché au nord, Neaufles-Saint-Martin, Dangu, Château-sur-Epte, Baudemont, et Gasny au sud[14]. Ce premier rideau était complété par une seconde série de places fortes édifiées le long de la vallée de l'Andelle, à Radepont et à Douville-sur-Andelle, mais également par un réseau intermédiaire de forteresses : châteaux d'Étrépagny, de Lyons-la-Forêt et surtout des Andelys (le célèbre Château-Gaillard), tours de guet sur mottes à Hacqueville et à Longchamps. Du côté français, la ligne de défense s'appuyait sur les ouvrages militaires de Gerberoy, Trie-Château, Chaumont-en-Vexin, Courcelles-lès-Gisors, Boury-en-Vexin, Saint-Clair-sur-Epte et La Roche-Guyon, ce dernier près de la confluence de l'Epte et de la Seine[14].

La vallée de l'Epte et le Vexin furent ravagés pendant plus de deux siècles et demi (surtout entre 1087 et 1204) par des combats incessants, des pillages, des dévastations ; ce fut l'annexion de la Normandie au royaume de France par Philippe Auguste en 1204 qui amena la paix[11]. La région n'en avait pas pour autant terminé avec les malheurs de la guerre car elle fut de nouveau ruinée par la guerre de Cent Ans qui, conjuguée à l'épidémie de peste noire, entraîna déclin démographique et déprise agricole. Sa reconquête définitive par les Français, en 1449, mit un terme à ces périodes sombres[11].

L'Epte dans la peinture

Peupliers au bord de l'Epte par Claude Monet (huile sur toile National Gallery of Scotland)

Parmi les localités arrosées par l’Epte figure Giverny, où le peintre Claude Monet vécut plus de quarante ans (de 1883 à 1926) et y aménagea un jardin aquatique, avec un étang aux nénuphars et son célèbre pont japonais, en faisant détourner un bras de l’Epte. La rivière figure dans plusieurs de ses œuvres, notamment la série des « Peupliers au bord de l’Epte »[15].
Un autre peintre impressionniste, Camille Pissarro, a quant à lui vécu et peint à Éragny-sur-Epte (Tableaux sur Commons).

Fourges héberge depuis 2013 le Concours international de peinture grand format à Fourges, une des manifestations du festival Normandie impressionniste 2016[16].

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Albert Hennetier, Aux sources normandes: Promenade au fil des rivières en Seine-Maritime, Luneray, Ed. Bertout, (ISBN 2-86743-623-0)
  • AndrĂ© Châtelain, Châteaux forts et fĂ©odalitĂ© en Ile-de-France - XIe – XIIIe siècles, Ă©d. CrĂ©er, 1983. (ISBN 2-902894-16-3)
  • Darvil - Eriamel - Balland, L'Epte des Vikings aux PlantagenĂŞts (t. 1): Le Sang de Rollon pour Saint-Clair coulera, AssorBD, 1987, Fichtre! Distribution. (ISBN 2-9502410-5-0)
  • Darvil - Eriamel - Balland, L'Epte des Vikings aux Plantagenets (t. 2): Le Face Ă  face des rois, AssorBD, 2000, Fichtre! Distribution. (ISBN 2-9516660-2-0)
  • Yves Boisset, 1974 : Film Un CondĂ© Avec Michel Bouquet, Françoise Fabian, John Garko, M Constantin au Moulin de Fourges scènes Ă  partir 1h25m

Voir aussi

Notes et références

Notes

  1. rd pour rive droite et rg pour rive gauche

Références

  1. Sandre, « Fiche cours d'eau - l'Epte (H31-0400) » (consulté le )
  2. Banque Hydro - MEDDE, « Synthèse de la Banque Hydro - L'Epte à Fourges (H8042010) » (consulté le )
  3. Géoportail - IGN, « Géoportail »
  4. dix-neuf au SANDRE + deux en rajoutant la Morette non lié et le Cudron sur un bras
  5. non lié sur le sandre mais référencé et vu sur Géoportail
  6. SANDRE, « Fiche rivière la morette (H3113000) »
  7. DĂ©bit de l'Epte Ă  l'exutoire selon l'AREHN.
  8. Le traité de Saint-Clair-sur-Epte et les limites territoriales du premier duché de Normandie sur entraideweb.org.
  9. Région d'Evreux, le terme est peu usité aujourd'hui.
  10. D'autres traités permirent l'extension du territoire normand en direction du sud et de l'ouest : évêchés de Bayeux, de Sées et du Mans en 924, de Coutances et d'Avranches en 933.
  11. Le traité de Saint-Clair-sur-Epte.
  12. Certains historiens, comme André Châtelain, ont employé le terme de ligne Maginot médiévale. Voir son ouvrage, Châteaux forts et féodalité en Ile-de-France - XIe – XIIIe siècles, p. 117.
  13. Histoire du château de Gisors.
  14. Guide bleu Normandie, Hachette, Ă©d. de 1988, p.352.
  15. Site de la fondation Claude Monet Ă  Giverny.
  16. Concours de peinture : l'art difficile du portrait Le DĂ©mocrate vernonnais, 22 juin 2016
Ressource relative à la géographie :
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