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Complexe oxo

Un complexe oxo est un complexe mĂ©tallique dont un ligand est l'anion bidentĂ© oxyde O2−, gĂ©nĂ©ralement pontant, parfois terminal. Ce ligand stabilise les Ă©tats d'oxydation Ă©levĂ©s des cations mĂ©talliques[1]. On le trouve dans diverses mĂ©talloprotĂ©ines, comme les cofacteurs molybdoptĂ©rine et FeMoco (« cofacteur Ă  fer et molybdĂšne »), ainsi que dans de nombreuses enzymes contenant du fer. L'un des premiers composĂ©s synthĂ©tiques contenant un ligand oxo est sans doute le ferrate de potassium K2FeO4, probablement prĂ©parĂ© par le chimiste allemand Georg Ernst Stahl dĂšs 1702[2].

RĂ©actions

Olation et réactions acido-basiques

L'olation est une réaction courante des complexes métalliques oxo. C'est une réaction de condensation qui convertit les oxydes de faible poids moléculaire en polymÚres via ponts oxyde. Elle commence souvent par la déprotonation d'un complexe métallique hydroxo. C'est la base de la minéralisation et de la précipitation des oxydes métalliques.

Transfert d'atome d'oxygĂšne

Les complexes métalliques oxo sont des intermédiaires dans de nombreuses réactions d'oxydation catalysées par des métaux. Le transfert d'atome d'oxygÚne est une réaction majeure en chimie organique et en biochimie[3]. Certains complexes oxo sont capables de transférer leur ligand oxo sur des substrats organiques. C'est par exemple le cas avec les enzymes de la superfamille des oxotransférases à molybdÚne, parmi lesquelles on compte la DMSO réductase, la xanthine oxydase, la nitrite réductase et la sulfite oxydase.

Des complexes métalliques oxo interviennent également comme intermédiaires dans la conversion de l'eau en oxygÚne O2 à l'aide de catalyseurs d'oxydation de l'eau.

Extraction d'atomes d'hydrogĂšne

Les complexes oxo de mĂ©taux de transition sont Ă©galement capables de briser des liaisons fortes C–H, N–H et O–H. Le cytochrome P450 contient un complexe oxo de fer de valence Ă©levĂ©e qui est capable d'extraire les atomes d'hydrogĂšne de liaisons C–H fortes[4].

Oxydes moléculaires

Certains des composĂ©s oxo les plus connus et les plus largement utilisĂ©s sont des oxydants tels que le permanganate de potassium KMnO4 et le tĂ©troxyde d'osmium OsO4[5]. De tels composĂ©s sont largement utilisĂ©s pour convertir des alcĂšnes en diols vicinaux et des alcools en cĂ©tones ou en acides carboxyliques[1]. Parmi les rĂ©actifs oxydants plus sĂ©lectifs ou plus doux, on compte le chlorochromate de pyridinium [C5H5NH]+[CrO3Cl]− (PCC) et le dichromate de pyridinium [C5H5NH]2[Cr2O7] (PDC)[1]. Les complexes mĂ©talliques oxo sont capables d'oxydations catalytiques de divers types, y compris des oxydations asymĂ©triques. Certains complexes oxo favorisent les activations de liaisons C–H, convertissant les hydrocarbures en alcools[6].

Complexes oxo de fer(IV)

Les complexes oxo de fer(IV) sont des intermédiaires dans de nombreuses oxydations biologiques :

Complexes oxo de molybdĂšne/tungstĂšne

Le ligand oxo (ainsi que le ligand analogue sulfuro (en) S2−) est trĂšs prĂ©sent dans la chimie du molybdĂšne et du tungstĂšne, apparaissant dans les minerais contenant ces Ă©lĂ©ments, tout au long de leur processus d'extraction ainsi que dans leur rĂŽle biologique (hormis la nitrogĂ©nase). On considĂšre gĂ©nĂ©ralement que ce sont les anions oxomĂ©tallate MoO42− et WO42− qui sont transportĂ©s biologiquement et utilisĂ©s comme points de dĂ©part pour la synthĂšse des espĂšces biologiquement actives. Toutes les enzymes Ă  molybdĂšne ou Ă  tungstĂšne, hormis la nitrogĂ©nase, contiennent un ou plusieurs groupes prosthĂ©tiques de molybdoptĂ©rine. Les centres Mo ou W oscillent gĂ©nĂ©ralement entre les Ă©tats M(VI) hexavalent et M(IV) tĂ©travalent. Ces enzymes font intervenir un transfert d'atomes d'oxygĂšne entre le centre Mo ou W et le substrat[15]. Ce sont notamment les rĂ©actions :

Complexe d'oxydation de l'eau

Le site actif du complexe d'oxydation de l'eau (COE) du photosystÚme II (PSII) est un complexe Mn4O5Ca avec plusieurs ligands oxo pontants qui participent à l'oxydation des molécules d'eau en oxygÚne[16]. On pense que le COE utilise un ligand oxo terminal dans la réaction d'oxydation de l'eau. Cette réaction fondamentale est à l'origine de la presque totalité de l'oxygÚne atmosphérique terrestre.

Notes et références

  1. (en) W. A. Nugent et J. M. Mayer, Metal-Ligand Multiple Bonds, Wiley, 1988. (ISBN 0-471-85440-9)
  2. (en) Lionel Delaude et Pierre Laszlo, « A Novel Oxidizing Reagent Based on Potassium Ferrate(VI) », The Journal of Organic Chemistry, vol. 61, no 18,‎ , p. 6360-6370 (PMID 11667478, DOI 10.1021/jo960633p, lire en ligne)
  3. (en) R. H. Holm, « Metal-centered oxygen atom transfer reactions », Chemical Reviews, vol. 87, no 6,‎ , p. 1401-1449 (DOI 10.1021/cr00082a005, lire en ligne)
  4. (en) Bernard Meunier, SamuĂ«l P. de Visser et Sason Shaik, « Mechanism of Oxidation Reactions Catalyzed by Cytochrome P450 Enzymes », Chemical Reviews, vol. 104, no 9,‎ , p. 3947-3980 (PMID 15352783, DOI 10.1021/cr020443g, lire en ligne)
  5. (en) Guodong Du et Mahdi M. Abu-Omar, « Oxo and Imido Complexes of Rhenium and Molybdenum in Catalytic Reductions », Current Organic Chemistry, vol. 12, no 14,‎ , p. 1185-1198 (DOI 10.2174/138527208785740238, lire en ligne)
  6. (en) Ahmet Gunay et Klaus H. Theopold*, « C−H Bond Activations by Metal Oxo Compounds », Chemical Reviews, vol. 112, no 2,‎ , p. 1060-1081 (DOI 10.1021/cr900269x, lire en ligne)
  7. (en) Robyn S. Hay-Motherwell, Geoffrey Wilkinson, Bilquis Hussain-Bates et Michael B. Hursthouse, « Synthesis and X-ray crystal structure of oxotrimesityliridium(V) », Polyhedron, vol. 12, no 16,‎ , p. 2009-2012 (DOI 10.1016/S0277-5387(00)81474-6, lire en ligne)
  8. (en) Robert P. Hausinger, « Fe(II)/α-Ketoglutarate-Dependent Hydroxylases and Related Enzymes », Critical Reviews in Biochemistry and Molecular Biology, vol. 39, no 1,‎ , p. 21-68 (PMID 15121720, DOI 10.1080/10409230490440541, S2CID 85784668, lire en ligne)
  9. (en) Paul R. Ortiz de Montellano, « Hydrocarbon Hydroxylation by Cytochrome P450 Enzymes », Chemical Reviews, vol. 110, no 2,‎ , p. 932-948 (PMID 19769330, PMCID 2820140, DOI 10.1021/cr9002193, lire en ligne)
  10. (en) Alfin D. N. Vaz, Dermot F. McGinnity et Minor J. Coon, « Epoxidation of olefins by cytochrome P450: Evidence from site-specific mutagenesis for hydroperoxo-iron as an electrophilic oxidant », Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, vol. 95, no 7,‎ , p. 3555-3560 (PMID 9520404, PMCID 19874, DOI 10.1073/pnas.95.7.3555, Bibcode 1998PNAS...95.3555V, lire en ligne AccĂšs libre)
  11. (en) Edgardo T. Farinas, Miguel Alcalde et Frances Arnold, « Alkene epoxidation catalyzed by cytochrome P450 BM-3 139-3 », Tetrahedron, vol. 60, no 3,‎ , p. 525-528 (DOI 10.1016/j.tet.2003.10.099, lire en ligne)
  12. (en) Kenneth Korzekwa, William Trager, Martin Gouterman, Dale Spangler et Gilda Loew, « Cytochrome P450 mediated aromatic oxidation: a theoretical study », Journal of the American Chemical Society, vol. 107, no 14,‎ , p. 4273-4279 (DOI 10.1021/ja00300a033, lire en ligne)
  13. (en) Thomas C. Brunold, « Synthetic iron-oxo “diamond core” mimics structure of key intermediate in methane monooxygenase catalytic cycle », Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, vol. 104, no 52,‎ , p. 20641-20642 (PMID 18093936, PMCID 2409203, DOI 10.1073/pnas.0710734105, Bibcode 2007PNAS..10420641B, lire en ligne)
  14. (en) Xiongyi Huang et John T. Groves, « Beyond ferryl-mediated hydroxylation: 40 years of the rebound mechanism and C–H activation », Journal of Biological Inorganic Chemistry, vol. 22, no 2,‎ , p. 185-207 (PMID 27909920, PMCID 5350257, DOI 10.1007/s00775-016-1414-3, lire en ligne)
  15. (en) GĂŒnter Schwarz, Ralf R. Mendel et Markus W. Ribbe, « Molybdenum cofactors, enzymes and pathways », Nature, vol. 460, no 7257,‎ , p. 839-847 (PMID 19675644, DOI 10.1038/nature08302, Bibcode 2009Natur.460..839S, S2CID 205217953, lire en ligne)
  16. (en) Yasufumi Umena, Keisuke Kawakami, Jian-Ren Shen et Nobuo Kamiya, « Crystal structure of oxygen-evolving photosystem II at a resolution of 1.9 Å », Nature, vol. 473, no 7345,‎ , p. 55-60 (PMID 21499260, DOI 10.1038/nature09913, Bibcode 2011Natur.473...55U, S2CID 205224374, lire en ligne)
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