Dichromate de pyridinium
Le dichromate de pyridinium (PDC), ou rĂ©actif de Cornforth, est un sel de pyridinium [C5H5NH]+ et de [Cr2O7]2â, de formule chimique [C5H5NH]2[Cr2O7]. Ce composĂ© porte le nom du biochimiste australien John Warcup Cornforth, qui en a publiĂ© les caractĂ©ristiques en 1962.
Dichromate de pyridinium | |||
Ions constitutifs du dichromate de pyridinium | |||
Identification | |||
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Synonymes |
réactif de Cornforth |
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No CAS | |||
No ECHA | 100.039.511 | ||
No CE | 243-478-8 | ||
PubChem | 2724130 | ||
ChEBI | 176796 | ||
SMILES | |||
InChI | |||
Apparence | poudre ambrée[1] | ||
Propriétés chimiques | |||
Formule | C10H12Cr2N2O7 |
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Masse molaire[2] | 376,203 7 ± 0,012 5 g/mol C 31,93 %, H 3,22 %, Cr 27,64 %, N 7,45 %, O 29,77 %, |
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Propriétés physiques | |||
T° fusion | 152 à 153 °C[1] | ||
Solubilité | 943 g/L[1] à 20 °C | ||
Précautions | |||
SGH[1] | |||
Danger |
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NFPA 704[1] | |||
Transport[1] | |||
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Ăcotoxicologie | |||
LogP | â3,7 (octanol/eau)[1] | ||
Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire. | |||
Ce solide de couleur brun orangé forme des suspensions, mais est trÚs soluble dans de nombreux solvants[3] tels que l'eau, le N,N-diméthylformamide et le diméthylsulfoxyde, peu soluble dans l'acétone et les solvants organiques chlorés tels que le dichlorométhane.
SynthĂšse
Il peut ĂȘtre obtenu par addition lente d'une solution aqueuse concentrĂ©e de trioxyde de chrome CrO3 Ă de la pyridine C5H5N. Cette rĂ©action est susceptible de provoquer une explosion, ce qu'on Ă©vite en dissolvant complĂštement le trioxyde dans l'eau et en refroidissant la solution avec de la glace. Le produit est filtrĂ©, lavĂ© Ă l'acĂ©tone, et sĂ©chĂ© jusqu'Ă l'obtention d'une poudre orange. Cette poudre est stable au contact de l'air, non hygroscopique, et a un pH presque neutre qui facilite sa manipulation ; il est peu acide du fait de la prĂ©sence des cations pyridinium.
Applications
Cet oxydant fort peut convertir les alcools primaires et secondaires respectivement en aldéhydes et en cétones, à la fois en solution ou sous forme de suspension. Cette application a été décrite pour la premiÚre fois en 1969 mais n'a été développée qu'en 1979 avec par exemple la conversion d'alcools primaires saturés dissous dans le N,N-diméthylformamide en acides carboxyliques plutÎt qu'en aldéhydes, tandis que le dichromate de pyridinium ne convertit pas les alcools primaires allyliques et benzyliques en acides carboxyliques[4].
L'oxydation est habituellement rĂ©alisĂ©e aux conditions ambiantes, Ă pH quasiment neutre, dans le N,N-dimĂ©thylformamide ou le dichloromĂ©thane ou leur mĂ©lange. Le choix du solvant ou des proportions du mĂ©lange affecte la vitesse de rĂ©action, une teneur plus Ă©levĂ©e en dimĂ©thylformamide entraĂźnant notamment une oxydation plus forte. La vitesse d'oxydation lente de certains alcools peut ĂȘtre accĂ©lĂ©rĂ©e par l'ajout de tamis molĂ©culaires, d'acides organiques, d'anhydride acĂ©tique ou de combinaisons des prĂ©cĂ©dents. L'accĂ©lĂ©ration par les tamis molĂ©culaires fonctionne mieux lorsque le diamĂštre des pores est d'environ 0,3 nm, et elle n'est apparemment pas liĂ©e Ă leur capacitĂ© d'absorption de l'eau. Parmi les acides organiques, on peut ajouter de l'acide acĂ©tique, le trifluoroacĂ©tate de pyridinium ou le tosylate de pyridinium, le premier Ă©tant le plus efficace et le plus facile Ă Ă©liminer. L'accĂ©lĂ©ration obtenue est remarquable, mais la rĂ©action passe inĂ©vitablement de pH neutre Ă acide. On obtient une accĂ©lĂ©ration comparable avec l'anhydride acĂ©tique, qui est utilisĂ© dans la chimie des oses et des nuclĂ©osides. L'accĂ©lĂ©ration de la rĂ©action dĂ©pend non seulement des additifs mais aussi de leur forme, de sorte qu'on prĂ©fĂšre que tous les rĂ©actifs soient secs et fraĂźchement prĂ©parĂ©s, tandis que le dichromate de pyridinium et les tamis molĂ©culaires doivent ĂȘtre finement broyĂ©s. L'inconvĂ©nient des accĂ©lĂ©rateurs est qu'ils peuvent favoriser simultanĂ©ment plusieurs voies d'oxydation, rĂ©duisant ainsi la sĂ©lectivitĂ© de la rĂ©action[3] - [5].
Sécurité
Sa structure et ses propriĂ©tĂ©s sont Ă©troitement apparentĂ©es Ă d'autres composĂ©s Ă base d'oxydes de chrome hexavalent tels que le chlorochromate de pyridinium [C5H5NH]+[CrO3Cl]â et le rĂ©actif de Collins (C5H5N)2CrO3 (dans le dichloromĂ©thane) ou le rĂ©actif de Sarett (dans la pyridine). Ces rĂ©actifs ne sont plus guĂšre utilisĂ©s en raison de leur toxicitĂ©[3].
Le dichromate de pyridinium est trĂšs toxique pour la vie aquatique et peut causer des dommages Ă long terme Ă l'environnement s'il est rejetĂ© en grande quantitĂ©. Il irrite la peau et les muqueuses et peut induire des rĂ©actions allergiques. Dans la mesure oĂč il contient du chrome hexavalent, il est suspectĂ© d'ĂȘtre cancĂ©rigĂšne et, en tant qu'oxydant fort, le dichromate de pyridinium favorise les incendies, dĂ©gageant des oxydes d'azote, du monoxyde de carbone, du dioxyde de carbone et des oxydes de chrome[1].
Notes et références
- « Fiche du composé Pyridinium dichromate, 98% », sur Alfa Aesar (consulté le ).
- Masse molaire calculĂ©e dâaprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
- (en) G. Tojo et M. FernĂĄndez, Oxidation of alcohols to aldehydes and ketones, 2e Ă©d., Springer, 2006, p. 28-29, 86. (ISBN 0-387-23607-4)
- (en) E. J. Corey et Greg Schmidt, « Useful procedures for the oxidation of alcohols involving pyridinium dichromate in aprotic media », Tetrahedron Letters, vol. 20, no 5,â , p. 399-402 (DOI 10.1016/S0040-4039(01)93515-4, lire en ligne)
- (en) Barry M. Trost et Steven V. Ley, Oxidation: Selectivity, Strategy & Efficiency in Modern Organic Chemistry (Comprehensive Organic Synthesis), 1re Ă©d., Pergamon Press, 1992, p. 272. (ISBN 978-0-08-040598-8)