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Charles Dupin

Pierre Charles François Dupin (1784-1873), dit « Dupin pußné », est un mathématicien, homme politique, ingénieur et économiste français.

Charles Dupin
Portrait photographique de Dupin par Pierre Petit publiée en 1874.
Fonctions
SĂ©nateur du Second Empire
-
Député de la DeuxiÚme République française
Assemblée nationale législative
Seine-Maritime
-
Membre de l'Assemblée constituante de 1848
Seine-Maritime
-
Président
Académie des sciences
-
Pair de France
-
Président
Académie des sciences
-
Ministre de la Marine et des Colonies
Gouvernement Hugues-Bernard Maret
10 -
Membre de la Chambre des députés
TroisiÚme législature de la monarchie de Juillet (d)
Seine
-
Membre de la Chambre des députés
DeuxiÚme législature de la Monarchie de Juillet (d)
Seine
-
Membre de la Chambre des députés
PremiÚre législature de la Monarchie de Juillet (d)
Seine
-
Membre de la Chambre des députés des départements
QuatriÚme législature de la Seconde Restauration (d)
Tarn
-
Conseiller d'État
Titre de noblesse
Baron
Biographie
Naissance

Varzy (Nivernais)
DĂ©cĂšs

Paris
Nom de naissance
Pierre Charles François Dupin[1]
Nationalité
France
Formation
Activités
PĂšre
Fratrie

Biographie

Fils de Charles-AndrĂ© Dupin (1758-1843), magistrat et dĂ©putĂ© au Conseil des Anciens sous le Directoire, puis au Corps lĂ©gislatif sous le Consulat, et d’une lointaine cousine Catherine AgnĂšs Dupin, Charles Dupin a deux frĂšres : l'aĂźnĂ©, AndrĂ© Dupin, qui va devenir avocat et homme politique de tout premier plan sous la monarchie de Juillet et le benjamin, Philippe Dupin, Ă©galement avocat et homme politique. Originaire comme lui du Nivernais, Charles Dupin est apparentĂ© de loin — cousin au 16e degrĂ© civil[2] — Ă  un autre « baron Dupin », second Ă©poux de la veuve de Danton.

GéomÚtre et ingénieur naval

Charles Dupin entre Ă  l'École polytechnique[1] en 1801, deuxiĂšme au concours d'entrĂ©e[3] ou premier selon une autre source[N 1]. RemarquĂ© par Monge et Carnot, il dĂ©couvre dĂšs 1802 les courbes du second degrĂ© Ă  foyers rĂ©ciproques.

Figure 3 : une cyclide de Dupin (en), enveloppe d'une famille d'hexlets correspondant à trois sphÚres fixées. La cyclide est tangente à ces trois sphÚres.

Il sort de Polytechnique en 1803 comme ingĂ©nieur naval du corps du gĂ©nie maritime[1] - [N 2] et devient Ă©lĂšve de l'École du gĂ©nie maritime. La guerre entre la France et le Royaume-Uni, aprĂšs la rupture de la paix d'Amiens, l'appelle ensuite Ă  une grande activitĂ© : il concourt aux travaux de la grande flottille de la Manche, Ă  la crĂ©ation du vaste arsenal d'Anvers, oĂč il dirige quatre cents ouvriers militaires, aux travaux de GĂȘnes et Ă  ceux des forts de Hollande.

Dans le mĂȘme temps, il poursuit ses recherches mathĂ©matiques, notamment dans le domaine de la gĂ©omĂ©trie diffĂ©rentielle, et crĂ©e avec Étienne Louis Malus la thĂ©orie de la courbure des surfaces (thĂ©orĂšme de Malus-Dupin[N 3]), les notions d'indicatrice (de) et de tangentes conjuguĂ©es, et applique ces dĂ©couvertes Ă  la construction des vaisseaux de guerre et Ă  la conception des fortifications.

AppelĂ© Ă  Toulon pour concourir au relĂšvement de la marine française aprĂšs la bataille de Trafalgar, il est envoyĂ© Ă  Corfou auprĂšs de l'amiral Ganteaume, nommĂ© commandant des flottes de la MĂ©diterranĂ©e, Ă  bord de la premiĂšre escadre qui part de France Ă  destination des Ăźles Ioniennes. DĂšs son arrivĂ©e, il parvient Ă  rĂ©parer en cinq jours le vaisseau amiral, qui avait perdu des mĂąts supĂ©rieurs dans une violente tempĂȘte, tandis que les basses vergues Ă©taient brisĂ©es. Cette cĂ©lĂ©ritĂ© permet Ă  l'escadre française de cingler rapidement vers Toulon, Ă©chappant aux Anglais. À sa demande, Dupin reste Ă  Corfou oĂč il prend la responsabilitĂ© de l'arsenal et sĂ©journe de 1808 Ă  1811. Il participe Ă  la fondation de l'AcadĂ©mie ionienne (1808) et en devient le secrĂ©taire pour la langue française. Il y prononce des discours remarquĂ©s sur l'instruction publique et sur la rĂ©novation du peuple grec, se fait le promoteur de la langue grecque[5], provoque l'ouverture de cours publics et gratuits professĂ©s par les membres de l'AcadĂ©mie ; il se charge lui-mĂȘme de la chaire de mĂ©canique et de physique. Il fait dĂ©couvrir au jeune Giovanni Carandino[6], qui deviendra doyen de mathĂ©matiques de l'AcadĂ©mie, les mathĂ©matiques modernes et l'esprit de l'Ă©cole d'analyse française. Ce dernier traduira les ouvrages fondamentaux de cette Ă©cole, et sera le formateur de toute une jeune gĂ©nĂ©ration d'analystes grecs. On peut donc voir en Dupin celui qui a apportĂ© les mathĂ©matiques modernes en GrĂšce.

Il rentre en France en 1811 par l'Italie. Sur le chemin du retour, une fiÚvre épidémique le retient pendant quinze mois. Il occupe sa convalescence à rédiger de nombreux mémoires de géométrie qu'il dédie à Monge et qu'il présente à l'Institut de France.

En 1813, il établit le musée maritime de Toulon, qui sert de modÚle à de nombreuses institutions similaires, et fait restaurer les sculptures navales de Pierre Puget.

DĂ©buts politiques sous la Restauration

Lithographie de Joseph Langlumé, d'aprÚs Nicolas Henri Jacob[7].

Se trouvant Ă  Toulon lors de la PremiĂšre Restauration en 1814, il fait paraĂźtre un mĂ©moire dans lequel il rĂ©clame des institutions reprĂ©sentatives et se risque[8] Ă  faire l’éloge de Carnot et de Lanjuinais. AprĂšs la publication de l’Acte additionnel aux constitutions de l’Empire de 1815, il reprend la plume pour faire connaĂźtre son opinion Ă  ce sujet puis, Ă  la nouvelle de la dĂ©faite de Waterloo, fait imprimer le programme d’une Pompe funĂšbre Ă  cĂ©lĂ©brer en l’honneur des guerriers français morts pour dĂ©fendre la Patrie, qu’il conclut par cet appel : « L’Europe nous regarde avec inquiĂ©tude au milieu mĂȘme de nos revers ; car le lion blessĂ© dans la retraite fait encore pĂąlir l’avide chasseur. Relevons notre tĂȘte au milieu du danger ; bandons la plaie qui saigne encore dans nos cƓurs, et revolons aux combats, s’il ne nous est pas donnĂ© d’obtenir la paix avec honneur[9]. » La proclamation est signĂ©e : « Ch. Dupin, capitaine du gĂ©nie maritime, correspondant de l’Institut de France ».

Lorsque l'autoritĂ© supĂ©rieure a ordonnĂ© Ă  toutes les troupes qui devaient dĂ©fendre Lyon de passer sur la rive gauche de la Loire, Dupin conduit le corps qu'il commande Ă  Vicq-sur-l'Allier. DĂ©vouĂ© Ă  son protecteur, Carnot, il proteste contre l'ordonnance qui le proscrit, offre de le dĂ©fendre devant les chambres au cas oĂč elles seraient appelĂ©es Ă  le juger et rĂ©dige une dĂ©fense prĂ©judicielle, qui restera d'ailleurs inĂ©dite Ă  la demande de Carnot lui-mĂȘme.

BientĂŽt appelĂ© Ă  prendre la direction des travaux de l’arsenal de Dunkerque, il est autorisĂ© par le gouvernement, en 1816, Ă  faire un voyage d’étude en Grande-Bretagne. Il voulait consigner « l’ensemble des faits Ă©tudiĂ©s chez un peuple fameux par ses prospĂ©ritĂ©s, afin d’appeler notre patrie Ă  des prospĂ©ritĂ©s pareilles et plus grandes encore[10]. [
] Six fois j’ai parcouru les Iles Britanniques, pour visiter les arsenaux et les ports, les fleuves et les canaux, les monuments et les fabriques[10]:xi. » Il se livre Ă  une enquĂȘte approfondie sur les grands arsenaux britanniques et recueille les Ă©lĂ©ments d’une Ă©tude intitulĂ©e Force militaire de la Grande-Bretagne, dont le gouvernement prend ombrage en raison des opinions libĂ©rales exprimĂ©es par l’auteur, dont l’ouvrage, dĂ©fĂ©rĂ© par le ministre de la Marine au conseil des ministres, est censurĂ©. Il tombe en disgrĂące pendant prĂšs de quatre ans pour avoir protestĂ© contre cette dĂ©cision.

Le gouvernement se ravise et le nomme officier de la Légion d'honneur. Il entre à l'Académie des sciences en 1818 et Louis XVIII le fait baron en 1824.

En 1819, Dupin reçoit pour mission de dĂ©livrer « un enseignement public et gratuit pour l'application des sciences aux arts industriels ». Il crĂ©e alors la premiĂšre chaire d'enseignement de mĂ©canique appliquĂ©e aux arts au Conservatoire national des arts et mĂ©tiers, oĂč il enseignera la mĂ©canique jusqu'en 1854.

Il fait de nouveaux voyages en Angleterre, effectue des recherches sur les applications de la statistique (« Il est à l'origine de la création des services statistiques français[11]. ») et publie des Mémoires sur la marine et les ponts et chaussées, un Essai historique sur les services et les travaux scientifiques de Gaspard Monge (un an aprÚs sa mort en disgrùce) et un traité de Géométrie appliquée aux arts[N 4] (1824) qui, avec son enseignement, portent au plus haut point sa réputation de savant et de vulgarisateur.

Une activité politique soutenue aprÚs 1827

Charles Dupin, lithographie de Julien LĂ©opold Boilly, 1820[12] - [13].

Élu dĂ©putĂ© par le 2e arrondissement Ă©lectoral du Tarn (Castres) le par 272 voix sur 504 votants et 638 inscrits contre 222 Ă  Dor de Lastours, dĂ©putĂ© sortant[14], il prend place dans les rangs des libĂ©raux, sans jamais interrompre ses activitĂ©s scientifiques, et fait ses dĂ©buts Ă  la tribune en justifiant la cĂ©lĂšbre Ă©pithĂšte de « dĂ©plorable » appliquĂ©e au cabinet VillĂšle par le tableau des savants, des artistes et des gens de lettres privĂ©s de leurs emplois ou de leurs pensions sous ce ministĂšre. Il obtient mĂȘme que soit restituĂ©e au mathĂ©maticien Legendre la pension qu'il avait reçue de NapolĂ©on Ier et qui lui avait Ă©tĂ© retirĂ©e.

AprĂšs avoir refusĂ© la place de directeur des Arts et Manufactures, Dupin introduit dans les dĂ©bats parlementaires l'utilisation des statistiques, prĂ©sentant par exemple Ă  ses collĂšgues une exposition des effets de la loterie dans les diffĂ©rentes parties de la France. Il intervient frĂ©quemment dans les dĂ©bats relatifs Ă  la marine, aux routes, ponts[N 5] et canaux. Il s'affronte vivement, Ă  propos du budget de la marine, avec le rapporteur, Georges Humann, et avec le ministre, et devient lui-mĂȘme rapporteur de ce budget en 1830. Pendant la session de 1829, il prononce un discours remarquĂ© sur la composition et l'Ă©lection des conseils gĂ©nĂ©raux. Dans le dĂ©bat sur le budget, il est le premier Ă  proposer, sans succĂšs, une enquĂȘte sur le monopole des tabacs. Partisan du blocus d'Alger, il opine pour que la France prenne rapidement l'offensive.

Au printemps de 1830, il est au nombre des députés qui signent l'adresse des 221 contre le ministÚre Jules de Polignac. Violemment combattu, aprÚs la dissolution de la Chambre, par les ultras, il ne parvient pas à reconquérir son siÚge de député à Castres, le [N 6], mais rentre néanmoins à la Chambre comme député du Xe arrondissement de Paris, dÚs le par 366 voix sur 530 votants contre 164 au baron Leroy, son prédécesseur[15]. Il fait partie de la commission de douze députés qui, au soir du , se rend auprÚs du duc d'Orléans au chùteau de Neuilly afin de lui notifier la délibération l'appelant à la lieutenance générale du royaume.

En 1830, il épouse Rosalie Anne Joubert (1807-1876), héritiÚre du Chùteau de Pescheseul à Avoise dans la Sarthe. Ils auront 3 enfants, deux filles et un fils. Les filles épouseront le Comte du Hamel de Breuil et le Marquis de Lentilhac. Leur fils, Charles, mourut sans descendance.

Sous la monarchie de Juillet

La Carte figurative de l'instruction populaire de la France, publiée par Charles Dupin en 1826 et inspirée par les travaux de Georg Hassel et August Friedrich Wilhelm Crome[16] est la premiÚre carte choroplÚthe de l'histoire[17] - [18].

Sous la monarchie de Juillet, Charles Dupin siĂšge avec le tiers parti, dont son frĂšre aĂźnĂ© est la principale figure. Il ne cesse de prendre la part la plus active aux travaux de la Chambre des dĂ©putĂ©s. Commissaire et rapporteur de la loi relative Ă  l’organisation de la garde nationale, rapporteur de la commission des routes et canaux, de la loi sur les cĂ©rĂ©ales, etc., il est nommĂ© conseiller d'État et membre du conseil d'AmirautĂ©, et promu commandeur de la LĂ©gion d'honneur. Il devient membre de l’AcadĂ©mie des sciences morales et politiques lors de son rĂ©tablissement en 1832.

Il dĂ©fend le budget de 1832 en qualitĂ© de commissaire du gouvernement et, nommĂ© cinq fois membre de la commission des finances et quatre fois rapporteur du budget de la marine, il participe aux discussions sur l'avancement, sur les cadres et sur les pensions des officiers des armĂ©es de terre et de mer. Se rapprochant de plus en plus des conservateurs, il dĂ©fend le clergĂ©, opinant pour le maintien d'un Ă©vĂȘchĂ© dans chaque dĂ©partement et revendiquant pour la France la participation Ă  la nomination des cardinaux.

RĂ©Ă©lu dĂ©putĂ© le [N 7], il devient, le , un Ă©phĂ©mĂšre ministre de la Marine et Colonies dans le ministĂšre Maret, dit aussi le « ministĂšre des trois jours ». Pendant cette brĂšve pĂ©riode, il trouve le temps d'instituer un prix pour le progrĂšs le plus marquant de l'application de la vapeur Ă  la marine militaire, dotĂ© d'une rĂ©compense de 6 000 francs.

AprĂšs ce passage au gouvernement, il reprend la rĂ©daction du rapport gĂ©nĂ©ral dont il a Ă©tĂ© chargĂ© par le jury de l’exposition de 1834. Son bref passage au ministĂšre l’avait contraint de se reprĂ©senter devant ses Ă©lecteurs qui lui avaient renouvelĂ© leur confiance, le [N 8].

Dans la session de 1836, à l'occasion de la discussion de la loi sur les douanes, il se montre opposé à la liberté commerciale absolue. L'année suivante, il fait rejeter un certain nombre d'amendements au projet de loi qui prescrit le versement à la Caisse des dépÎts et consignations des fonds des caisses d'épargne.

Le , Charles Dupin est nommĂ© pair de France. Il continue de se montrer trĂšs actif Ă  la Chambre haute, oĂč il se fait remarquer par son rapport sur les monts-de-piĂ©tĂ©, par son discours sur le projet de loi concernant les transactions commerciales entre la mĂ©tropole et ses colonies, par sa participation Ă  la discussion du projet de loi sur l'Ă©tat-major de l'armĂ©e, par son intervention dans les dĂ©bats animĂ©s auxquels donne lieu la proposition d'Édouard Mounier tendant Ă  modifier l'organisation de la LĂ©gion d'honneur, par ses rapports sur le travail des enfants dans les manufactures, sur les crĂ©dits extraordinaires de la marine, sur l'AlgĂ©rie, etc.

C'est Ă©galement en 1837 qu'il publie son traitĂ© sur les Forces productives[N 9] et commerciales de la France, oĂč il introduit la ligne Saint-Malo-GenĂšve comme symbole de la dualitĂ© entre la France industrielle et urbaine du Nord-Est, et la France agricole et rurale du Sud-Ouest[N 10]. Depuis, ce clivage traditionnel s'est ancrĂ© dans les consciences, de sorte que l'historien Pierre Nora considĂšre cette ligne imaginaire comme un « lieu de mĂ©moire ».

À la Chambre des pairs, il dĂ©fend Ă  la tribune le marĂ©chal Bugeaud, que ses adversaires politiques avaient trĂšs vivement attaquĂ©, et soutient jusqu'au bout la monarchie de Juillet, qui l'avait Ă©levĂ© Ă  la dignitĂ© de grand officier de la LĂ©gion d'honneur le [19].

Également dĂ©lĂ©guĂ© colonial, c’est-Ă -dire reprĂ©sentant des colons français pour dĂ©fendre leurs intĂ©rĂȘts auprĂšs des pouvoirs publics de la mĂ©tropole, rĂ©munĂ©rĂ© entre 20 000 et 25 000 francs tous les ans, il se montra pro-esclavagiste[20] - [21], Ă©tant le principal interprĂšte des adversaires de l’émancipation, usant de son influence, de sa prĂ©sence dans de nombreux autres comitĂ©s et de sa rĂ©putation de scientifique et transformant la dĂ©fense de l’esclavage en dĂ©fense des colonies. Il est l’auteur, en 1838, d’une brochure intitulĂ©e DĂ©fense des intĂ©rĂȘts coloniaux confiĂ©s au Conseil des dĂ©lĂ©guĂ©s pendant la lĂ©gislature de 1833 Ă  1838 dans laquelle il vante la situation des esclaves dans les colonies françaises en l’opposant au sort des Noirs libres des colonies anglaises, en prĂ©sentant, Ă  grand renfort de statistiques, une moindre mortalitĂ© infantile chez ceux qu’il appelle les « non-libres » pour ne pas avoir Ă  utiliser le terme « esclave », ce qui est, selon lui, une « nouvelle preuve de la douceur et des bons soins que les maĂźtres prodiguent aux mĂšres ainsi qu’à leurs enfants esclaves[22] - [23]. »

Sous la DeuxiĂšme RĂ©publique

Portait de Dupin, gravé par Auguste Tilly, 1873.

AprĂšs la RĂ©volution de 1848, une Ă©lection partielle le fait entrer Ă  l'AssemblĂ©e constituante en , trois vacances s'Ă©tant produites dans le dĂ©partement de la Seine-infĂ©rieure[N 11]. Il est l'un des plus ardents membres de la majoritĂ© de droite, avec laquelle il vote constamment. Il fait partie, le , de la commission qui propose la suppression des ateliers nationaux. Lors de la discussion de la constitution, il se prononce fortement en faveur du bicamĂ©risme. En maintes occasions, il est, contre les socialistes, l'organe des sentiments conservateurs de la majoritĂ© de l'assemblĂ©e : un de ses discours, relatif Ă  la question sociale, sera d'ailleurs imprimĂ© Ă  20 000 exemplaires sur la dĂ©cision de celle-ci.

Le département de la Seine-Inférieure le renvoie à l'Assemblée législative le [N 12]. Il vote constamment avec les monarchistes : pour l'expédition de Rome, la loi Falloux sur l'enseignement, la limitation du suffrage universel. Il siÚge au sein de la Commission sur l'assistance et la prévoyance publiques présidée par Thiers.

Sous le Second Empire

Au lendemain du coup d'État du 2 dĂ©cembre 1851, il se tient quelques jours Ă  l'Ă©cart puis se rallie pleinement Ă  NapolĂ©on III, qui le nomme sĂ©nateur le . Au SĂ©nat, il prend la parole dans la plupart des grandes discussions Ă©conomiques, politiques et religieuses.

Sous le Second Empire, il est tour à tour secrétaire, vice-président et président des expositions de l'industrie et, en , président du jury envoyé par le ministre français du Commerce à l'Exposition universelle de Londres.

AprĂšs 1870, il quitte la vie publique, Ă  l'Ăąge avancĂ© de 86 ans, riche[24], couvert d'honneurs et meurt, trois ans plus tard. Il avait Ă©tĂ© membre de nombreuses sociĂ©tĂ©s savantes[25]. Dupin fut admirĂ©[N 13]. TrĂšs attentif Ă  sa carriĂšre[N 14], il avait tout de mĂȘme pris le parti de plusieurs collĂšgues. Il avait soutenu l'esclavage et luttĂ© contre le travail des femmes et des enfants.

Publications partielles

Essai historique sur les services et les travaux scientifiques de Gaspard Monge, 1819.

Listes exhaustives

Hommages

Prix du Hamel de Breuil Charles Dupin

« Ce prix est décerné tous les six ans pour récompenser le meilleur ouvrage ou le meilleur mémoire de statistique ou d'économie politique, paru ou présenté dans l'intervalle[28]. »

Dans la fiction

Dupin serait le modÚle du chevalier Auguste Dupin, le détective créé par Edgar Allan Poe qui apparaßt dans trois nouvelles : Double assassinat dans la rue Morgue, La Lettre volée et Le MystÚre de Marie Roget[29].

Notes et références

Notes

  1. « Le jeune Charles [...] fut admis, le premier, Ă  l'École Polytechnique parmi deux cents concurrens (sic) examinĂ©s Ă  Paris, en 1801[4]. »
  2. « [...] le premier de sa promotion dans le corps du génie maritime qui se recrutait, à cette époque, parmi les élÚves les plus distingués de la célÚbre pépiniÚre de tous les services publics[4]. »
  3. « Dans une famille triple orthogonale de surfaces, c’est-Ă -dire une famille de surfaces telles qu’en chaque point de chaque surface passent exactement deux autres surfaces de la famille telles que ces trois surfaces sont deux Ă  deux orthogonales en ce point, les surfaces se coupent suivant leurs lignes de courbure. »
  4. Traduit en espagnol (Programa de un curso de geometrı́a y mecĂĄnica, aplicadas ĂĄ las artes) par Juan Lopez de Peñalver y La Torre, 1827.
  5. Il réclame notamment l'adoption de la technique du macadam.
  6. 258 voix contre 333 Ă  Dor de Lastours, Ă©lu.
  7. 621 voix contre 936 votants et 1 208 inscrits.
  8. 510 voix sur 862 votants et 1 286 inscrits contre 179 Ă  M. FĂ©vrier.
  9. TĂŽt dans le siĂšcle, une des premiĂšres utilisations de ce terme.
  10. C'est à cette occasion que Charles Dupin présente la premiÚre carte choroplÚte. Détails sur le site hypergéo.
  11. 3e sur 3 avec 45 071 voix.
  12. 7e sur 16 par 92 702 voix sur 146 223 votants et 213 301 inscrits.
  13. Pour l'admiration que lui vouait l'économiste allemand Friedrich List, voir, dans W. O. Henderson, Marx and Engels and the English workers : And other essays, le passage consacré à Dupin.
  14. « [H]e was also constantly concerned with his own advancement[26]. »

Références

  1. Ouvrir la « Page d’accueil », sur le site de la bibliothĂšque de l’École polytechnique, Palaiseau (consultĂ© le ), sĂ©lectionner l’onglet « Catalogues » puis cliquer sur « Famille polytechnicienne », effectuer la recherche sur « Charles Dupin », rĂ©sultat obtenu : « Dupin, Pierre Charles François (X 1801 ; 1784-1873) ».
  2. Voir la généalogie dressée par Patrick Brunet-Moret en ligne.
  3. Bradley 2012, p. 16.
  4. Sarrut et Saint-Edme 1840, p. 17.
  5. Bradley 2012, Introduction.
  6. Également connu comme Jean Carantino ou Ioannis Karandinos.
  7. Fiche de Wellcome Library.
  8. Bradley 2012, p. 38.
  9. Germain Sarrut et Edme-ThĂ©odore Bourg, Biographie des hommes du jour : industriels, conseillers-d’État, artistes, chambellans, dĂ©putĂ©s, prĂȘtres, militaires, Ă©crivains, rois, diplomates, t. 5, Paris, H. Krabbe, , 416 p. (lire en ligne), p. 23.
  10. Charles Dupin, Voyages dans la Grande-Bretagne : entrepris relativement aux services publics de la guerre, de la marine, et des ponts et chaussĂ©es, au commerce et Ă  l’industrie, depuis 1816, t. Ier Constitution de l’armĂ©e, Paris, Bachelier, , 2e Ă©d., 290 p. (lire en ligne), x.
  11. « baron Charles Dupin », dans Encyclopédie Larousse.
  12. Fiche de l'Agence Photo RMN Grand Palais. La gravure a originellement paru dans Recueil de portraits de personnages célÚbres faisant partie des quatre différentes classes académiques de l'Institut, 1820-1823.
  13. Fiche de la base Joconde.
  14. « Marie Joseph d'Or de Lastours », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [dĂ©tail de l’édition] [texte sur Sycomore].
  15. « Jean Joseph Leroy », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [dĂ©tail de l’édition] [texte sur Sycomore].
  16. Gilles Palsky, « Connections and Exchanges in European Thematic Cartography. The case of XIXth century choropleth maps », dans Formatting Europe. Mapping a continent, 2007.
  17. (en) Michael Friendly, « A Brief History of Data Visualization », dans Chun-Houh Chen, Wolfgang Hardle et Antony Unwin, Handbook of Data Visualization, Springer-Verlag, coll. « Springer Handbooks of Computational Statistics », (ISBN 978-3-540-33036-3, DOI 10.1007/978-3-540-33037-0_2), p. 39.
  18. Michael Friendly, Milestones in the history of thematic cartography, statistical graphics, and data visualization, 2008.
  19. « Cote LH/852/55 », base Léonore, ministÚre français de la Culture.
  20. Lawrence C. Jennings (trad. de l'anglais), La France et l’abolition de l’esclavage : 1802-1848, Paris, A. Versaille, coll. « Autre et l’ailleurs », , 348 p. (ISBN 978-2-87495-018-6, lire en ligne), p. 86.
  21. Bradley 2012, mentionne sa position dans le débat en 1848 sur la traite des esclaves, p. 12.
  22. André-Jean Tudesq, Les Grands Notables en France : 1840-1849, t. II, Paris, Presses Universitaires de France, , p. 839.
  23. Charles (1784-1873) Auteur du texte Dupin, DĂ©fense des intĂ©rĂȘts coloniaux confiĂ©s au conseil des dĂ©lĂ©guĂ©s pendant la lĂ©gislature de 1833 Ă  1838 / compte-rendu par le Bon Charles Dupin,..., (lire en ligne)
  24. Selon Christen et Vatin, lui et sa femme avaient, seulement Ă  Paris, une fortune d'un million de francs.
  25. Membre de l’Institut de France, AcadĂ©mie des Sciences ; ex-SecrĂ©taire de l’AcadĂ©mie Ionienne, AssociĂ© Ă©tranger de l’Institut de Naples, AssociĂ© honoraire de la SociĂ©tĂ© royale d’Édimbourg, de l’AcadĂ©mie royale d’Irlande, de la SociĂ©tĂ© des IngĂ©nieurs civils de la Grande-Bretagne, et de la SociĂ©tĂ© des arts utiles de l’Écosse, Membre des AcadĂ©mies royales des Sciences de Stockholm, de Turin, de Montpellier, etc., de la SociĂ©tĂ© des arts de GenĂšve, de la SociĂ©tĂ© d’Encouragement pour l’Industrie française, Membre du ComitĂ© consultatif des Arts et Manufactures de France, Professeur de MĂ©canique au Conservatoire, Officier supĂ©rieur au corps du GĂ©nie maritime, Officier de la LĂ©gion d’honneur et Chevalier de Saint-Louis. Discours et leçons sur l’industrie, le commerce, la marine et sur les sciences appliquĂ©es aux arts, t. Ier, Paris, Bachelier, , xxiv, 328, 2 vol. ; in-8° (lire en ligne). Le mot « arts » y a le mĂȘme sens que dans « arts et mĂ©tiers ».
  26. Bradley 2012.
  27. Extrait par M. Bosc dans les Annales de l’agriculture française, 1827, 2e sĂ©rie, t. xxxix, p. 384-389.
  28. Prix du Hamel de Breuil Charles Dupin. Site de l'Académie des sciences morales et politiques.
  29. Sur Charles et AndrĂ© Dupin comme modĂšles pour le dĂ©tective de Poe, voir Jocelyn Fiorina (dir.) et Alexandre Dumas, « DĂ©coder Dumas : l'Ă©nigme politico-littĂ©raire dans « L'assassinat de la rue Saint-Roch » », L’Assassinat de la Rue Saint-Roch : Manuscrit inĂ©dit, Fayard/Mille et une nuits,‎ , p. 61 (ISBN 978-2-75550-669-3, lire en ligne, consultĂ© le ).

Ouvrages cités

Bibliographie

  • Joseph Bertrand, « Éloge historique de M. Pierre-Charles-François Dupin : lu dans la sĂ©ance publique annuelle de l'AcadĂ©mie des sciences du 2 avril 1883 », MĂ©moires de l'AcadĂ©mie des sciences de l'Institut de France, Paris, Gauthier-Villars, t. 44,‎ , i-xxvii (lire en ligne sur Gallica).
  • (en) Margaret Bradley et Fernand Perrin, « Charles Dupin's study visits to the British Isles, 1816-1824 », Technology and Culture, vol. 32, no 1,‎ jan., 1991, p. 47-68 (DOI 10.2307/3106008, lire en ligne).
  • Carole Christen et François Vatin (dir.), Charles Dupin (1784-1873), Presses universitaires de Rennes, 2009, 25 p.

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