Chapelle Saint-Tugen
La chapelle Saint-Tugen est située à Saint-Tugen en Primelin, commune du pays du Cap Sizun, canton de Pont-Croix (FinistÚre, France). Il s'agit d'une chapelle des XVIe et XVIIe siÚcles.
Type | |
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Patrimonialité |
Classé MH (, ) |
Localisation |
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Coordonnées |
48° 01âČ 19âł N, 4° 35âČ 33âł O |
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Hagiographie
Saint Tugen ou Tujan, a vécu au Ve siÚcle. Il fut recteur de la paroisse de Brasparts, dont il est le patron, et devint le deuxiÚme abbé de Daoulas. Il est ainsi représenté en abbé mitré tenant la crosse abbatiale.
Nâayant pu sauvegarder la puretĂ© de sa sĆur qu'il avait vouĂ©e Ă Dieu, il sâĂ©cria « mieux vaut commander une bande de chiens enragĂ©s que garder une seule femme »[1]. DĂšs lors, il fut lâintercesseur contre la rage. Il est reprĂ©sentĂ© avec la clef de saint Pierre, que les papes envoyaient comme relique aux personnages quâils voulaient honorer. Celles-ci Ă©taient capables de guĂ©rir des maladies ou des paralysies par apposition. La tradition locale lâa associĂ©e au pouvoir du saint dâĂ©carter ou de guĂ©rir de la rage. Par extension, le pĂ©ril de la rage ayant disparu, on lâinvoque contre les rages de dents.
Le sanctuaire
Destination d'un pardon rĂ©putĂ©, on venait de toute la Cornouaille, du TrĂ©gor ou du Vannetais par milliers pour invoquer le saint et se munir des petites clefs apotropaĂŻques contre la rage que lâon fabriquait en plomb et qui Ă©taient bĂ©nites Ă cette occasion[2]. Elles Ă©taient vendues lors du pardon de Saint-Tugen le troisiĂšme dimanche de juin.
Le jour du pardon, on piquait avec une clef en fer pointue, que la légende attribue à saint Tugen, une énorme quantité de pains , lesquels ne peuvent moisir et qu'un seul morceau de ce pain, jeté à un chien présumé enragé le met en fuite...Ces pains avaient aussi la réputation de protéger contre la rage ceux qui en mangeaient. Henri Gaidoz indique que «Les habitants de Primelin sont désignés sous le nom de paotred en c'halouez ("les garçons de la clef") parce qu'en mémoire de saint Tujean [Tugen], ils portent une petite croix brodée sur leurs habits»[3].
Un article publiĂ© en 1909 dĂ©crit en dĂ©tail la chapelle Saint-Tugen et dĂ©plore qu'elle soit alors « mal entretenue, faute de ressources suffisantes [et] dans un Ă©tat dĂ©plorable (...), les toitures menacent de s'effondrer »[4]. Le journal La DĂ©pĂȘche de Brest et de l'Ouest du Ă©crit que « malheureusement la toiture menace de s'effondrer et un trou bĂ©ant qui s'est ouvert en face de l'entrĂ©e reprĂ©sente un grand danger. Le recteur de la paroisse voulant prĂ©server ce bijou artistique a fait commencer les travaux de restauration les plus urgents. On est venu Ă son aide, mais on n'a pas encre rĂ©uni les fonds nĂ©cessaires »[5]
- Le pardon de Saint-Tugen vers 1920 (carte postale).
- Le Grand pardon de Saint-Tugen dĂ©crit en 1924 (journal La DĂ©pĂȘche de Brest et de l'Ouest).
- La chapelle Saint-Tugen (photographie datée de 1929).
- La chapelle Saint-Tugen et son calvaire (carte postale, vers 1930).
Comme autrefois, mais avec moins de ferveur peut-ĂȘtre, car devenu au cours du XXe siĂšcle un Ă©vĂ©nement de plus en plus touristique, la chapelle attire encore de nombreux fidĂšles venus implorer au grand pardon de juin le saint intercesseur pour obtenir lâindulgences plĂ©niĂšre de leurs fautes ou une guĂ©rison. Il y eut jusqu'Ă sept pardons par an jusqu'au XIXe siĂšcle.
L'enclos
On accĂšde Ă lâintĂ©rieur de lâenclos par cinq Ă©chaliers et par une porte triomphale de type ogival sur le cĂŽtĂ© sud. Elle est composĂ©e dâun arc brisĂ© doublĂ© dâun arc en accolade Ă choux frisĂ©s. Un Christ aux liens la surmonte et deux pinacles lâencadrent qui sâamortissent sur des culots sculptĂ©s de figures.
Une autre porte plus simple en anse de panier et Ă©chalier ouvre lâenclos Ă lâouest.
Le calvaire fut dĂ©truit vers 1794. Il en reste le socle et quelques sculptures rĂ©employĂ©es au pied de la croix du nouveau calvaire[6]. Il est situĂ© au sud du placĂźtre et sâappuie sur six degrĂ©s quadrangulaires aux angles arrondis. Le socle carrĂ© porte des bas-reliefs: une tĂȘte de mort et deux tibias, un cĆur avec une flamme et une inscription, M : PRIOL. F 1821 qui date la conception du nouveau calvaire. Un court fĂ»t octogonal se termine par une croix simple et un Christ en mĂ©tal.
Cinq statues, dont certaines sont gĂ©mellĂ©es, sont placĂ©es sur la plus haute marche: on reconnait un saint Tugen ou un saint Pierre avec une clef, Marie-Madeleine avec son vase Ă parfum, gĂ©mellĂ©e Ă un autre personnage sans tĂȘte, une sculpture non identifiĂ©e et, au centre, du cĂŽtĂ© est, une Vierge de pitiĂ©[7] - [8].
Jusqu'en 1862, date oĂč il est dĂ©moli, l'enclos possĂ©dait un ossuaire[8].
La construction
Câest une massive construction de 29 mĂštres de long sur 28 de large. Blottie dans un vaste enclos en contrebas des routes longeant le mur de clĂŽture, et malgrĂ© ses dimensions, la chapelle ne sâimpose pas.
La premiĂšre mention de lâexistence dâune chapelle de saint Tujan remonte Ă 1118. Grande chapelle trĂ©viale, elle est le chef-lieu dâun territoire plus vaste que le reste de la commune de Primelin. « Pour faciliter la tĂąche du clergĂ©, les grandes paroisses rurales ont Ă©tĂ© dĂ©coupĂ©es en trĂšves. [âŠ] Lâexistence des trĂšves reste liĂ©e Ă l'habitat dispersĂ©, et les raisons invoquĂ©es pour leur crĂ©ation relĂšvent de deux ordres : la distance de l'Ă©glise paroissiale et la prĂ©caritĂ© des chemins en hiver, pĂ©riode au cours de laquelle les villages se trouvaient frĂ©quemment coupĂ©s du bourg »[9]. Dans un acte de 1418 il est rappelĂ© l'anciennetĂ© de Saint-Tugen comme trĂšve de Primelin. Ce statut fut confirmĂ© Ă plusieurs reprises entre 1437 et 1530. De la trĂšve de Saint-Tugen dĂ©pendaient quatre manoirs, quinze villages, une chapelle disparue en 1672 dĂ©diĂ©e Ă saint Toc'hou. La chapelle Ă©tait desservie par cinq chapelains et avait son propre prĂ©dicateur de carĂȘme. La trĂšve fut supprimĂ©e en 1785[9] - [2] - [10].
La construction commencée par René du Menez, seigneur de Lézurec et sa femme Marie du Faou, s'étale de 1535 à 1773. Le plan initial à trois vaisseaux et chevet plat, va recevoir aux cours des siÚcles des agrandissements : la tour érigée de 1579 à 1581, le transept nord-ouest, la double arcade et la chapelle nord ajoutés en 1611 par Alain du Menez, puis la sacristie de 1720 à 1721 et pour finir le transept remanié entre 1749 et 1773[8].
Les XVIe siĂšcle et XVIIe siĂšcle furent Ă Primelin une Ă©poque de grande prospĂ©ritĂ© oĂč lâindustrie des pĂȘcheries, des sĂ©cheries et de la navigation fut florissante. Celle-ci influença l'architecture religieuse dont un Ă©lĂ©ment emblĂ©matique est encore visible sur les murs extĂ©rieurs de la chapelle Saint-Tugen : les « vaisseaux de pierre ». Ces bas-reliefs reprĂ©sentant des bateaux de pĂȘche ont Ă©tĂ©, selon Daniel Bernard[11] , sculptĂ©s par les marins eux-mĂȘmes « pour bien marquer la part qui leur revenait dans ces bĂątisses Ă©levĂ©es de leurs deniers »[12].
La chapelle est reconnue comme Monument historique en 1909, le placĂźtre et sa porte triomphale en 1963.
La tour
Le portail occidental est dominĂ© par les 28 mĂštres dâune tour carrĂ©e (6,50 mĂštres de cĂŽtĂ©) faisant office de clocher. Elle est conçue sur un modĂšle simplifiĂ© des tours de la cathĂ©drale de Quimper et sâapparente Ă celles dâautres chapelles qui ont exploitĂ© le mĂȘme vocabulaire architectural : baies Ă©troites et allongĂ©es, fausses arcatures Ă mitre et ornements flamboyants. On le retrouve entre autres sur les tours de Locronan, Pont-Croix, Le FolgoĂ«t, Saint-Herbot ou Ploare-en-Douarnenez[13] - [14] - [15].
Les profondes embrasures des quatre baies, consolidĂ©es par deux traverses, sont composĂ©es de sept colonnettes et de six arcatures en plein cintre Ă chapiteaux et bases prismatiques, finissant par une archivolte en accolade. Au sommet, autour des baies, se succĂšdent de fausses arcades Ă fausse mitre, avec fleurons et crochets. Au-dessus, une corniche Ă modillons et un bandeau Ă motifs flamboyants fait la transition avec la corniche et ses huit gargouilles, recevant la terrasse entourĂ©e dâune balustrade de cercles quadrilobĂ©s.
La tour est flanquĂ©e de deux tourelles. La plus grande au sud, de forme octogonale sur une base carrĂ©e est couverte dâune flĂšche ornĂ©e de crochets qui sâĂ©lĂšve jusqu'Ă la galerie supĂ©rieure. L'escalier qu'elle renferme conduit Ă une galerie Ă balustrade flamboyante, ajourĂ©e de mouchettes, reliant les deux contreforts au-dessus du portail. La galerie rejoint l'escalier Ă vis amĂ©nagĂ© dans la seconde tourelle circulaire Ă lâangle nord-ouest, permettant lâaccĂšs Ă la plateforme supĂ©rieure. Trois gargouilles sortent sous la balustrade.
Elle porte au sommet de la tourelle nord-ouest les dates et inscriptions : 1581 et X : C. 1579.
La flĂšche centrale prĂ©vue ne fut jamais exĂ©cutĂ©e mais celle de lâĂ©glise de PloarĂ© Ă Douarnenez donne une bonne idĂ©e de ce quâelle aurait pu ĂȘtre[8].
Le portail occidental
Au portail occidental (1) (les chiffres et les lettres placĂ©s entre parenthĂšses renvoient au plan situĂ© en fin du texte), nous retrouvons lâinfluence quimpĂ©roise[15]. La porte est en anse de panier encadrĂ©e de voussures se finissant par une accolade au profil trĂšs aigu. Elle est surmontĂ©e dâun gable ornĂ© de choux frisĂ©s et d'un fleuron effleurant les trois corniches Ă modillons superposĂ©es en encorbellement qui soutiennent la galerie. Ses rampants coupent en partie basse les fins pinacles dâencadrement de la porte et retombent sur des culots sculptĂ©s dâun anges et dâun homme en chapeau tenant chacun un phylactĂšre. Sur l'un il est inscrit AVE MARIA et sur lâautre PAX VOBIS.
Le portail est encadrĂ© de quatre contreforts angulaires Ă trois ressauts marquĂ©s par des pinacles Ă crochet de type quimpĂ©rois qui montent jusquâau sommet de la tour[15]. Ă leur base, quatre niches Ă dais constituĂ©es de trois gables garnis de crochets et de fleurons, cantonnĂ©s de pinacles, reçoivent les sculptures des quatre Ă©vangĂ©listes, (a) Ă (d).
Le porche méridional
Câest une construction monumentale (2) dont lâarĂȘte Ă crochets du pignon est raccordĂ©e au fronton par des sortes de flammes (succession de mouchettes) dessinant une vĂ©ritable dentelle de pierre.
Lâarchivolte de la porte en anse de panier est un remplage ajourĂ© en mouchettes soutenu par quatre colonnettes. Il est surmontĂ© dâune accolade et dâun gable aux arĂȘtes dĂ©corĂ©es de crochets en feuilles de choux frisĂ©s, qui traversent les bases des fines colonnes retombant sur des colonnes torsadĂ©es et supportant deux statuts dâapĂŽtres.
Au somment du gable, saint Tugen sous un dais tient le bĂąton pastoral et sa clef (e).
Deux contreforts sommĂ©s de pinacles fleuronnĂ©s encadrent l'entrĂ©e du porche. Ils sont garnis de niches surmontĂ©es de façon trĂšs caractĂ©ristique ici dâune accolade, dâun gable et de pinacles reproduisant en miniature le dĂ©cor des portails. RenĂ© Couffon les relie Ă celles de Saint-ThĂ©leau de Plogonnec (1544), de l'Ă©glise de PloarĂ© (1548), de Notre-Dame de PitiĂ© de Treguennec, de l'Ă©glise de Plouhinec (vers 1550) et de la TrinitĂ© de PlozĂ©vet (1566)[13] - [16].
Le porche est constituĂ© dâune seule travĂ©e en voĂ»te d'ogive octopartite, se finissant par une clef constituĂ©e de deux personnages en buste prĂ©sentant un blason.
Une inscription est gravĂ©e sur l'imposte de la porte : ESTIENE : ANSQVER : FA : LAN : 1663. Ătienne : Ansquer : Fabricien : lâan : 1663, (plusieurs patronymes ANSQUER sont attestĂ©s Ă Plimelin mais avec dâautres prĂ©noms quâĂtienne).
La statuaire extérieure
Plusieurs statues en kersanton sont dans le style du MaĂźtre de Plougastel, actif entre 1750 et 1621 en LĂ©on et en Cornouaille. Ces Ćuvres se caractĂ©risent par des traits rĂ©currents que nous retrouvons dans les sculptures de la chapelle de Saint-Tugen : « visage rond, ferme, sĂ©vĂšre avec des barbes rĂ©guliĂšres et soigneusement peignĂ©es. Les Ă©paules sont Ă©troites et basses. Les plis des vĂȘtements sont trĂšs structurĂ©s avec toujours les mĂȘmes formes : plats, Ă festons et ronds »[17].
Ă l'extĂ©rieur, nous retrouvons de ce maĂźtre sculpteur, sur la face occidentale, les quatre Ă©vangĂ©listes sous les dais des niches mĂ©nagĂ©es dans les murs des contreforts. Les tĂȘtes des apĂŽtres Mathieu, Marc et Luc ont Ă©tĂ© restituĂ©es par Nathalie Tran de lâatelier Le Floc'h en 1996 en sâinspirant des sculptures du calvaire de Plougastel-Daoulas. Ils ont chacun une main posĂ©e sur un pupitre et lâautre Ă©crivant.
On reconnait Mathieu (a) (contrefort gauche) identifiable par son tĂ©tramorphe : lâhomme debout tenant le Livre sur sa tĂȘte comme un tĂ©lamon devant l'apĂŽtre. Jean l'ĂvangĂ©liste, (d) (contrefort droit), imberbe avec Ă ses pieds un oiseau reprĂ©sentant l'aigle et au centre Marc avec le lion (b) et Luc dont il ne reste que les pattes avant du taureau(c). Au-dessus de Jean, Ă la base du rampant, sont reprĂ©sentĂ©es une bĂȘte hĂ©raldique et Marie-Madeleine munie de son vase Ă parfum.
Sur la face mĂ©ridionale, cinq apĂŽtres sont prĂ©sents Ă lâextĂ©rieur et six Ă lâintĂ©rieur du porche. DĂ©capitĂ©s sous la RĂ©volution, ils ont retrouvĂ© leurs tĂȘtes en 1852[2].
Trois dâentre eux occupent les contreforts latĂ©raux du portail, placĂ©s sur les consoles dĂ©corĂ©es de masques et d'animaux chimĂ©riques.
Ă gauche, BarthĂ©lemy (h) et son couteau (un monstre tricĂ©phale occupe la console) et un apĂŽtre non identifiĂ© (i) qui pourrait ĂȘtre Philippe tenant une croix dans l'hypothĂšse oĂč Thomas se placerait sous le porche sud tenant un morceau de son Ă©querre brisĂ© ; Ă droite Jean (j), imberbe comme il se doit, tenant la coupe dâoĂč sort une tĂȘte de serpent. Dans la LĂ©gende dorĂ©e, Jacques de Voragine (1228-1298) raconte que pour prouver la supĂ©rioritĂ© du christianisme sur les croyances paĂŻennes Jean boit une coupe de poison qui, par la grĂące de Dieu, nâeut aucun effet sur lui. Le poison est matĂ©rialisĂ© par un serpent ou un dĂ©mon sortant de la coupe. Lâatelier de Le Floc'h Ă complĂ©ter la sculpture en refaisant la tĂȘte en 1996.
Encadrant saint Tugen (e) sur le gable surplombant le portail mĂ©ridional, se tiennent deux autres apĂŽtres habillĂ©s en Ă©vĂȘque, portant aube, rochet, dalmatique et mors de chape dĂ©corĂ© dâun losange : Ă gauche Mathias avec une hallebarde (f) et Ă droite Mathieu, ancien collecteur dâimpĂŽts, est reprĂ©sentĂ© tenant une balance (g).
La statue de Jude a quittĂ© sa place dâorigine sur le contrefort du portail mĂ©ridional, pour occuper le mur sud de la sacristie quand celle-ci fut Ă©difiĂ©e en 1720 (k). Jude porte dâune main une Ă©pĂ©e et de lâautre le Livre. Il est placĂ© sous une arcade en plein cintre classique surmontĂ©e de trois visages et la console est un ange aux ailes dĂ©ployĂ©es.
Sous le porche, cĂŽtĂ© est (2), sous des dais richement ornĂ©s, on reconnaĂźt trois apĂŽtres. De gauche Ă droite, identifiĂ©s par leurs attributs : Pierre et la clef, AndrĂ© et la croix du mĂȘme nom et Jacques le Majeur par les coquilles sur la sangle de sa besace, le bourdon et son large chapeau. Au cĂŽtĂ© ouest, de gauche Ă droite, un apĂŽtres dont lâattribut est brisĂ© (peut ĂȘtre Thomas ?), Simon avec sa scie et Jacques le Mineur avec le battoir de foulon, vĂȘtus tous deux dâune ample tunique resserrĂ©e Ă la taille et munis dâun livre ouvert.
Toutes les figures présentent un phylactÚre maintenant muet.
Au fond du porche une porte Ă trois voussures en anse de panier surmontĂ©e dâun arc en accolade donne accĂšs Ă la chapelle. Au-dessus, les statues du Christ sauveur, de sainte Anne enseignante et de la vierge Ă lâenfant, toutes trois du mĂȘme sculpteur, reposent sur une frise de tĂȘtes dâanimaux chimĂ©riques [17].
Agencement intérieur
Au rez-de-chaussĂ©e de la tour, deux piĂšces accostent le porche latĂ©ralement. Sur le linteau de l'une d'elles, nous pouvons lire la date de 1593. Il pourrait sâagir de la premiĂšre « secraiterie » ou chambre du trĂ©sor, avant qu'elle ne soit rĂ©servĂ©e, sous la protection de saint Tugen, Ă recueillir les « enragĂ©s » dans lâattente de leur trĂ©pas [18] - [19] On peut lire : H : C : R :, soit « Henri : Capiten : Recteur : 1595 ». En dessous est inscrit : M : SISOV : 1593.
Une seconde porte donne accĂšs Ă l'escalier de la tour de lâangle sud (4).
La nef est composĂ©e de quatre travĂ©es dĂ©limitĂ©es par des arcades en ogive aux largeurs inĂ©gales et soutenues par des colonnes dans lesquels viennent se fondre les arcs Ă pĂ©nĂ©tration des arcades[16]. Les deux arcades de 1611, transversales Ă la nef, Ă©difiĂ©es lors de l'agrandissement de l'aile nord, sont en plein-cintre avec de volumineuses clefs en console. Elles reposent sur de courtes colonnes ioniques montĂ©es sur des bases rectangulaires Ă corniches saillantes. Les chapiteaux sont dĂ©corĂ©s de volutes. Le plafond de la nef est une voĂ»te ogivale en bois, ornĂ©e de culots en pendentifs au pied des poinçons et des jambettes de la charpente, reprĂ©sentant de petits personnages. Ă la base de la voĂ»te les sabliĂšres sont sculptĂ©es de personnages, dont certains tiennent des armoiries, de visages, d'une scĂšne de pĂȘche, de grotesques, d'animaux (dragons et lions), de volutes et de rinceaux. Dans la nef, elles sont ponctuĂ©es de blochets et dâengoulants crachant de leur gueule les entraits de la charpente[20].
Au premier entrait du chĆur est fixĂ©e une poulie. Jusqu'au XVIe siĂšcle la rĂ©serve dâhosties Ă©tait suspendue dans une pyxide au-dessus de l'autel.
Le chĆur (5) est Ă©clairĂ© par une verriĂšre en verre blanc (6), composĂ©e de trois lancettes en plein cintre surmontĂ©es dâun rĂ©seau flamboyant. Jusqu'au XVIIe siĂšcle le chĆur Ă©tait fermĂ© par un jubĂ© dont il reste des vestiges dans la sacristie.
Dans le sol du chĆur, entre les stalles, se trouve une dalle funĂ©raire en ardoise des seigneurs de Leuzerec.
Les fonts baptismaux
Ă lâangle sud-ouest dans le bas-cĂŽtĂ© est placĂ© le baptistĂšre monumental. Une cloison Ă fond rouge dĂ©corĂ©e de rinceaux et de deux mĂ©daillons peints entre 1679 et 1705 reprĂ©sentant lâun, un mariage[14] et lâautre, un baptĂȘme (8), sâĂ©lĂšve jusqu'Ă la voĂ»te[1]. Ces deux sacrements ont en rĂ©ponse Ă lâintĂ©rieur du baptistĂšre sur la voute, deux autres sacrements, la confession (9) et la confirmation (10) oĂč est inscrit dans le tableau : Mre : IAN PERENNS : R / HERVE PLOINEC : F : LAN : 1679. (Messire : Jean PĂ©rennĂšs : Recteur / HervĂ© Ploinec : fabricien : l'an : 1679).
Ces deux tableaux sont accompagnĂ©s du baptĂȘme du Christ par saint Jean Baptiste avec l'inscription en dessous : MRE I. GLOAGUEN CRE DE PRIMELEN EN 1705 / BAPTISE CET ENFT NAY DEPUIS UN MOMENT. (Messire I. Gloaguen curĂ© de Primelin en 1705 / Baptise cet enfant nĂ© depuis un moment).
Une clÎture de gros balustres en bois ajoure la partie médiane. Une inscription date la construction de 1705 : F. EN. 1705. D. T. D. YVES : POVLHAZAN . Fqve (Fait. En. 1705. Du. Temps. De. Yves. Poulhasan . Fabrique).
Comme dans dâautres baptistĂšres de Basse Bretagne, une cheminĂ©e (11) dans lâangle ouest complĂšte lâensemble.
Le catafalque
Le catafalque est de 1642 (12)[14]. Il est posé sur des tréteaux à balustres avec un couvercle articulé en forme de toit à quatre pans en bùtiÚre. La mort avec sa faux et un objet non identifié sont peints en rouge et blanc sur le couvercle. On peut lire sur l'un des cartouches :
Qui speculum cernis / Cur non mortalia spernis : Tali namque domo / Clauditur omnis homo. (à la vue de ce miroir / Pourquoi ne pas mépriser les choses périssables ? / Car c'est en telle demeure / Qu'est enfermé tout mortel).
Sur les petits cĂŽtĂ©s deux statues sont fixĂ©es sur des traverses qui coulissent chacune dans un balustre pour soutenir le couvercle sur leur tĂȘte une fois dĂ©pliĂ©es. Elles reprĂ©sentent Adam et Ăve, bras Ă©tendus en croix, tenant dans leurs poings des bobĂšches pour recevoir des cierges. Les cierges et les bras en croix, reprĂ©senteraient le Christ (la lumiĂšre), la Passion et sa RĂ©surrection (la croix) par lesquelles la RĂ©demption arrive.
La chaire Ă prĂȘcher
En chĂȘne, la chaire Ă prĂȘcher est datĂ©e de 1766 et est surmontĂ©e dâun ange sonnant de la trompette qui Ă©voque celle du prophĂšte IsaĂŻe : « Criez sans cesse, faites retentir votre voix comme une trompette » (Ch. 58, 1) ou « la derniĂšre trompette » de saint Paul, celle de la rĂ©surrection qui fera « sortir tous les morts de leurs tombeaux » (1. Corinth. XV). En sa main gauche il tient une palme, symbole de la victoire sur le mal. En face, sur le mur du collatĂ©ral un grand crucifix est placĂ© en rĂ©ponse Ă l'Ange de l'Apocalypse.
Les litres funéraires
Les litres funéraires peintes autour de la nef était un droit honorifique qui marquait la prééminence d'une famille noble sur un édifice religieux lors des funérailles [21] - [9] - [10]. En tant que fondateur, la famille du Menez était seigneur prééminencier de la chapelle et bénéficiait des droits qui y étaient associés[22].
Ă Saint-Tugen, deux litres sont visibles (13). La premiĂšre, sur fond jaune, porte les armoiries du seigneur du MĂ©nez. Le seconde par-dessus, fut peinte Ă lâoccasion du dĂ©cĂšs de son petit-fils, RenĂ© du MĂ©nez, au XVIIIe siĂšcle. Au nord est conservĂ©e la tĂȘte de litre prĂ©sentant les armes mi-partie du MĂ©nez et de BrĂ©zal entourĂ© du collier de l'Ordre de Saint-Michel alors qu'au sud figurent celles du MĂ©nez et Dourdu et de leurs familles alliĂ©es (voir ci-dessous, le paragraphe « Armoiries »). Il reste peu de litres visibles dans les Ă©glises, car elles devaient ĂȘtre dĂ©truites ou recouvertes d'un badigeon un an aprĂšs les obsĂšques, aussi leur prĂ©servation reste exceptionnelle. Ă Saint-Tugen elles masquent en partie des peintures plus anciennes dont on peut voir encore au sud l'Agonie du Christ, le Baiser de Judas et au nord la Flagellation[9].
Les armoiries
Pour marquer la prééminence de la famille du Ménez, de nombreuses armoiries parsÚment la chapelle, frappées sur les pierres, inscrites aux frontons des retables, figurant aux pendentifs et aux clefs de la voûte, aux abouts des poinçons et sur la litre[23].
- Blasons des Menez de Lézurec : d'azur à la croix pleine d'or cantonnée au premier canton d'une main dextre d'argent (une main gauche en argent dans la partie supérieure gauche du blason)(au fronton du retable de sainte Barbe la croix ne présente qu'une branche car le blason est mi-partie avec celui des Bouilly).
- Gourcuff : d'azur Ă la croix pattĂ©e dâargent chargĂ©e en cĆur d'un croissant de gueules. Alain du MĂ©nez Ă©pouse Marguerite de Gourcuff en 1600.
- Aultret de Lezoualc'h : d'or Ă cinq trangles (dĂ©formation du mot tringle) ondĂ©es dâazur et d'argent Ă quatre fasces ondĂ©es d'azur (les trangles ou fasces, sur les blasons, sont des bandes horizontales. Quand elles sont ondĂ©es elles Ă©voquent l'eau, riviĂšres ou mers et renvoie Ă la devise des Autret : DrĂ© ar mor (au-delĂ des mers). Yves Aultret Ă©pouse en 1618 Marie du Menez.
- Brézal : de gueule à six besants d'or ordonnés 3, 2 et 1. Yves du Ménez épouse Marguerite de Brézal en 1623.
- Bouilly de TrĂ©bry : d'azur Ă la barre dâargent accompagnĂ©e de deux croissants dâargent. Yves du Menez, chevalier de lâordre de Saint Michel, Ă©pouse Marguerite du Bouilly en 1657.
- Keridiern : dâor Ă trois roses de gueules.
- Saluden de Kernysan : dâor Ă trois fleurs de lys de gueules, une Ă©toile de mĂȘme en abyme.
- Peunfentonio : burelĂ© de dix piĂšces de gueules et dâargent (dix bandes alternativement rouges et argentĂ©es). RenĂ© du Menez Ă©pouse Marie de Penfentonio vers 1683.
Les retables
Un acte de 1626 mentionne la prĂ©sence de neuf autels avant la destruction du jubĂ© entraĂźnĂ©e par les conclusions du concile de Trente. Il n'en reste aujourdâhui que quatre. Quatre retables architecturĂ©s d'Ă©poques diffĂ©rentes, Ă ailerons en volutes de feuilles d'acanthe, ornent le maĂźtre-autel et les autels secondaires.
- Dans le chĆur, l'autel baroque et son retable sont Ă©rigĂ©s entre 1647 et 1786 (14). Ils se dĂ©ploient sur quatre niveaux et accueille huit statues.
Au premier niveau et au centre, sur l'autel rectangulaire Ă trois panneaux et deux gradins, un baldaquin (ciborium) Ă quatre colonnes torses aux chapiteaux corinthiens, couvre un tabernacle trĂšs ouvragĂ© en bois dorĂ© et peint, surmontĂ© dâune crucifixion. Devant les deux niches dĂ©limitĂ©es par des colonnes torses aux chapiteaux corinthiens, se tiennent deux anges adorateurs Ă genoux sur des coussins. Les deux niches accueillent au nord la statue de saint Primel avec son bĂąton (il est le patron de la paroisse et est parfois confondu avec saint Fiacre et saint Vincent Ferrier, il a Ă©tĂ© aussi identifiĂ© comme saint Tohou ou Toc'hou et proviendrait de la chapelle de dĂ©votion dĂ©diĂ©e Ă ce saint et dĂ©truite dans les annĂ©es 1670), et au sud celle de saint Jean l'ĂvangĂ©liste avec le calice[2].
En pendant, au deuxiĂšme niveau sur des consoles, deux jeunes garçons portent des bouquets. Au-dessus, Ă gauche, saint Corentin et ses attributs (un poisson et une fontaine), et Ă droite une Vierge Ă l'Enfant. Chacune de ces figures est encadrĂ©e dâanges dans des positions diffĂ©rentes : Ă gauche ils se tiennent la tĂȘte dans leur main et Ă droite lâun paraĂźt Ă©plorĂ© et lâautre joyeux.
Les retours du retable sont occupĂ©s au nord dâun saint Michel Archange (XVIe siĂšcle) (l) tenant la balance du jugement dernier et terrassant le dragon avec sa croix. Au sud, du premier quart du XVIIe siĂšcle, saint Tugen en Ă©vĂȘque ceint de la mitre, revĂȘtu de la chape (grand manteau sans manches), du surplis et dâune robe talaire bleue descendant jusqu'au pied (m)[10]. Il tient le livre, la crosse et une clef. Ă ses pieds un jeune enfant en priĂšre, aux joues gonflĂ©es et un chien enragĂ© Ă©voquent son pouvoir de guĂ©rir de la rage et par extension de la rage de dents.
- Au fond du transept nord (Ă gauche du chĆur) le retable a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© en 1649 pour la ConfrĂ©rie du Rosaire (15). Il est encadrĂ© de colonnes torses dĂ©corĂ©es de pampres de vigne, les chapiteaux sont composites, et leurs piĂ©destaux dĂ©corĂ©s de volutes et de mĂ©daillons bombĂ©s (miroirs). L'entablement est droit, ornĂ© de denticules, couronnĂ© dâun fronton circulaire dont le centre est occupĂ© par un motif gĂ©omĂ©trique dorĂ©.
Le tableau naĂŻf au centre est de 1846, avec inscription de la donatrice : MRE PRIOL DE KLAOUEN 1846 (Marie Priol de Kerlaouen). On y voit la scĂšne classique de la remise du Rosaire : un chapelet par l'enfant Ă sainte Catherine de Sienne et par la Vierge Ă saint Dominique. Celui-ci est accompagnĂ© dâun chien tenant un flambeau dans sa gueule car, en latin, son nom faisait en jouant sur les mots Domini cane, les « chiens de Dieu », et que par son ardente prĂ©dication Dominique enflamma le monde.
Un cartouche figurait en haut du retable du rosaire, jusqu'avant la restauration en 1988. D'aprĂšs un dessin figurant dans lâouvrage du chanoine PĂ©rennĂšs câĂ©tait un « Ă©cusson timbrĂ© dâun casque de face, de gueule Ă deux fasces dâor » et dans la partie infĂ©rieure il y avait une tĂȘte d'ange[2]. Cet Ă©cusson ne fait plus partie du retable et est maintenant accrochĂ© au mur de la chapelle.
- Le retable de sainte Barbe (16) est montĂ© sur un ancien autel en pierre. Le retable est du dĂ©but du XVIIe siĂšcle rĂ©employant une statue du XVIe siĂšcle placĂ©e sous une arcade Ă mitre. La sainte tient une tour dans la main gauche et dans la main droite une palme aujourd'hui disparue. Le retable est dominĂ© par un fronton cantonnĂ© de deux angelots, aux armes mi-partie du MĂ©nez et de Bouilly entourĂ© du collier de lâordre de Saint-Michel. Guillaume de Bouilly, sieur des Porte, reçoit du sieur de la Hunauday, le collier de lâordre de Saint-Michel lors de la rĂ©ception et prestation de serment de chevalier le 23 mai 1588. Louis XIII concĂ©da le mĂȘme droit Ă son fils ainĂ©. Yves du Menez, fils dâAlain du MĂ©nez et de Marguerite de Gourcuff fut Ă©galement chevalier de cet ordre[24].
- Le retable de la Vierge (17) (croisillon sud, mur est) fut Ă©difiĂ© en 1694. Il sâĂ©tage sur trois niveaux. Au premier niveau la prĂ©delle qui, sur deux registres, porte des rinceaux et des cartouches sur un fond rouge. De part et dâautre, cĂŽtĂ© gauche dans des mĂ©daillons dorĂ©s sur les piĂ©destaux des colonnes et des ailerons, les figures de saint Yves et de sainte Madeleine ; au cĂŽtĂ© droit celles de saint Pierre, reconnaissable par ses clefs et le coq, et de sainte ThĂ©rĂšse d'Avila.
Au deuxiĂšme niveau, un portique formĂ© d'un entablement classique (chapiteaux corinthiens et corniches Ă modillons) que portent deux colonnes torses garnies de sarments de vignes et de grappes de raisin que picorent des oiseaux, dĂ©terminent un espace occupĂ© par dâopulentes gerbes de roses accrochĂ©es Ă des tĂȘtes dâange et par une niche au pourtour fleuri. Elle encadre une statue de la Vierge heureuse couronnĂ©e par deux angelots et tenant en main droite un sceptre et sur le bras gauche l'Enfant JĂ©sus portant un globe.
Au-dessus de l'entablement (troisiÚme niveau), une autre niche à colonnettes torses abrite une Vierge de pitié (Vierge des Douleurs). En pendant, deux médaillons entourés de guirlandes représentant à droite le Christ et à gauche la Vierge. à la partie supérieure en fronton, domine un bas-relief de la Trinité : Dieu le PÚre en buste apparaßt dans une nuée, la colombe planant au-dessus dans des raies de lumiÚre.
La statuaire d'applique
- Saint Corentin dans une niche polyédrique en forme de caveau à l'angle nord-ouest (n)
- Saint Nicolas (o) bĂ©nissant en habit dâĂ©vĂȘque, chape rouge et verte, soutane violette et gants rouges, dans une niche au fronton circulaire. Peut-ĂȘtre quatriĂšme quart du XVIIe siĂšcle.
- Saint Christophe, XVIIe siÚcle, transept sud, angle nord portant l'Enfant Jésus sur ses épaules (p). Il est le viatique des voyageurs contre les dangers et les aléas du voyage.
- Saint Jean discalceat, (qui veut dire « Jean sans chaussure »), transept sud, angle sud-est (q). Moine franciscain breton du XIIIe ou XIVe siĂšcle, invoquĂ© en la cathĂ©drale de Quimper sous le nom de Yann DivoutoĂč (Jean le DĂ©chaussĂ©) ou Santig Du (Petit Saint Noir) car il soignait les malades atteints de la peste noire, couleur que prenait la peau sous lâeffet des hĂ©morragies[25] - [15]. On pense aussi Ă lui quand il s'agit de retrouver les objets perdus ou de ramener le beau temps.
Les statues de procession
Quatre petites statues, faites entre le XVIIe et les XXe siÚcles, sont posées sur des hampes et accompagnent la procession lors du pardon. Angle nord-ouest deuxiÚme quart du XVIIe siÚcle : saint Tugen (XVIIe), saint Primel et saint Théodore (XXe), saint Chrisante angle nord-ouest.
Les ex-votos
Deux ex-voto de navires du XIXe siÚcle sont posés devant les autels secondaires.
- Un vaisseau de ligne dédié à saint Primel (début XIXe) (r).
- Le cuirassé Bayard dédié à saint Tugen (fin XXe) (s).
L'orfĂšvrerie
Une vitrine sous la baie au nord expose six piĂšces d'orfĂšvrerie. Elles attestent de lâimportance trĂ©viale ou pĂšlerine ou des libĂ©ralitĂ©s des paroissiens enrichis par le commerce maritime. La RĂ©volution a dispersĂ© ou refondu une partie du trĂ©sor qui comportait entre-autres, comme il est dĂ©crit dans un acte de 1626 : « deux croix d'argent pesant plus de quarante-cinq marcs (plus de onze kilos), avec six et sept calices d'or et d'argent, et plusieurs beaux ornements »[2].
Les maßtres orfÚvres de Quimper ou de Morlaix ont été commandités pour produire ces calices, patÚnes ou ostensoirs[26].
- Calice (vers 1620), l'un des plus beaux de la Bretagne. Câest une piĂšce spectaculaire en argent repoussĂ© et dorĂ©. Sa composition Ă large pied polylobĂ© rappel celui de Saint-Jean-du-Doigt. LâorfĂšvre a employĂ© un dĂ©cor innovant italianisant de rosaces feuillagĂ©es et de chutes de fruits et un nĆud Ă deux Ă©tages composĂ© de niches superposĂ©es, qui reçoit les statuettes des douze ApĂŽtres[19]. Ce chef-dâĆuvre de maĂźtrise de la ciselure est signĂ© de l'orfĂšvre morlaisien François Lapous dont la coupe porte le poinçon[26].
- PatĂšne (XVe), une scĂšne de bĂ©nĂ©diction par un Ă©vĂȘque occupe le centre de la patĂšne. Un phylactĂšre au-dessus de lâĂ©vĂȘque porte lâinscription STUJAN (SAINT TUGEN) et devant lui un homme est agenouillĂ© en donateur sur un fond de vĂ©gĂ©tation[27].
- Un Ă©tui en argent de la clef en fer dite de saint Tugen. Argent dorĂ© montĂ© sur un pied de calice polylobĂ©, chantournĂ© Ă accolades, tige Ă nĆuds et Ă boutons. Il porte le poinçon RB pour RenĂ© Blanchet, maĂźtre orfĂšvre Ă Quimper dans les annĂ©es 1640[28] - [19]. Le coffret est une boĂźte en forme de clĂ© pour recevoir la clef en fer, elle-mĂȘme enfermĂ©e dans un Ă©tui en argent en forme de clef. Cette clef, sans panneton, Ă la forme dâun poinçon de fer, long de quatorze centimĂštres, finissant par une poignĂ©e en forme de double volute rentrante. Elle ressemble Ă un tau abbatial, ce qui pourrait correspondre, vu son anciennetĂ©, Ă la tradition qui fait de saint Tugen le deuxiĂšme abbĂ© de Daoulas[29].
- Reliquaire en argent : Ćuvre exĂ©cutĂ©e ou restaurĂ©e (?) vers 1662 par RenĂ© Blanchet.
Motifs des sabliĂšres et des culots de la voute
Dans maintes Ă©glises et chapelles de Bretagne sabliĂšres, blochets et culots des voĂ»tes lambrissĂ©es s'ornent de motifs variĂ©s, qui puisent leur inspiration dans la vie quotidienne ou la vie agricole et s'ornent de figures, de vĂ©gĂ©taux et d'un bestiaire imaginaires et fantastique [30]. Un certain nombre de blasons et de phylactĂšres y figurent aussi prĂ©sentĂ©s par des anges[30]. Le nombre de ses sculptures nâa pas suscitĂ© d'Ă©tudes Ă©quivalentes et leur connaissance reste fragmentaire. Pourtant, « les artisans des charpentes participent activement au grand Ćuvre d'embellissement du lieu de priĂšre »[30]. Ă Saint-Tugen ces ornements sont particuliĂšrement prĂ©sents et peuvent ĂȘtre attribuĂ©s, suivant les Ă©poques, Ă diffĂ©rents sculpteurs dont on retrouve le style dans dâautres sanctuaires du FinistĂšre : Pont-Croix, Plomodiern, PlonĂ©vez-du-Faou ou encore Combrit. Des traits rĂ©currents les identifient : position des tĂȘtes, forme des visages, boucles des cheveux rassemblĂ©es en mĂšches ou Ă©chevelĂ©es. Les techniques employĂ©es vont du bas-relief, peu reprĂ©sentĂ©, Ă la ronde-bosse en passant par le demi-relief et ils portent encore des traces de polychromie blanche sur fond bleu[30].
Quelques motifs sont remarquables, disposĂ©s Ă la base des vingt-quatre nervures de la nef, comme la barque et ses trois pĂȘcheurs au bas de la quatriĂšme nervure Ă partir du chevet que lâon peut aussi voir Ă Pont-Croix ou Ă ClĂ©den-Cap-Sizun ; ou ces masques humains, crachant des feuilles de choux, de la nervure neuf et quatre ; Ă la base de la nervure neuf câest une figure dâhomme barbu mi-homme mi-lion, dont les cheveux sont traitĂ©s comme la criniĂšre du lion de la nervure dix ; la nervure dix-huit prĂ©sente une femme Ă©chevelĂ©e qui ressemble Ă une figure de gorgone. Ă la nervure seize câest un visage joufflu entourĂ© dâun linge aux multiples plis et aux yeux scrutateurs qui semble sortir de son linge pour Ă©pier la nef de la chapelle. Un autre motif couramment employĂ© est celui de lâacrobate que lâon voit par deux fois aux abouts de poinçon de la nef. Ils sont en renversement postĂ©rieur et lâun d'eux montre avec ostentation son ventre et le bombement de sa braguette.
Aux clefs de voûte, une série d'écussons rappellent les familles prééminenciÚres du sanctuaire : trois roses pour les Keridiern, trois fleurs de lys pour les Saluden, une croix mi-parti pour les du Menez avec une macle et une demi macle, deux écussons identiques, des triangles pour les Autret et la croix des du Ménez (cf le chapitre 7.5 les armoiries).
Les inscriptions
Les inscriptions lapidaires
- à L'extérieures dans le bras sud du transept figurent deux inscriptions : la premiÚre H. H. IEAN. BRENEOL. FB. 1760. Honorable. Homme. Jean. Breneol.. Fabricien. 1760. Un Jean BRENEOL, né à Kervrant et mort à Primelin, aurait vécu de 1715 à 1780. Et la seconde H. YVEDS. FOLLIC. FABRIQ. 1750.
- à l'extérieures de bras nord du transept deux autres inscriptions sont visibles : D / MEROR FABRIC : 1611. D / Merour Fabricien : 1611. Un Daniel LE MEROUR, est né vers 1625 et mort à Saint-Tugen en 1672. Et LAN 1611 F : MOAL : F. L'an 1611 F : Moal : Fabricien. Un François LE MOAL attesté à Plimelin entre 1597 et 1662.
- Au mur extĂ©rieur de la sacristie on peut voir I : BRECHONET : F. Yan : Brechonnet : Fabricien. il sâagirait de Jean BREHONNET ou BRECâHONNET, le « h « ou le « câh » se prononçant tous les deux comme un « r » dur (similaire Ă la jota espagnole). Il Ă©tatit cultivateur demeurant Ă Kerhas-Izella, nĂ© vers 1676 Ă Primelin et mort en 1740.
- Sur la porte de la piĂšce nord de la tour H : C : R : 1595. Henri : Capiten : Recteur : 1595. Il existe plusieurs patronyme CAPITEN Ă Primelin entre 1597 et 1628 dont le prĂ©nom est Henri. Un recteur Henry Capiten fut recteur de Penmarcâh en 1591. En dessous : M : SISOV : 1593.
Les inscriptions peintes
- Des inscriptions sont peintes sur le baptistĂšres, les retables. Elles indiquent les commanditaires et l'annĂ©e de leur rĂ©alisation. On peut voir sur le baptistĂšre, clĂŽture cotĂ© extĂ©rieur F. EN. 1705. D.T.D. YVES. POVLHASAN. F.qve. Fait. En. 1705. Du temps de. Yves. Poulhasan. Fabrique. Et sur le cĂŽtĂ© extĂ©rieur nord, sous le tableau du baptĂȘme M.re : I. GLOAGUEN C.re DE .PRIMELEN EN. 1705 / BAPTIS. CET ENF.t NAY depuis un MOMENt. Messire I. Gloaguen curĂ© de Primelin en 1705 / Baptise cet enfant nĂ© depuis un moment. Dans le tableau de la Confirmation est inscrit MRE: IAN PERENNS : Rr / HERVE : PLOINEC : F : LAN : 1679. Messire : Jean PĂ©rennĂšs : Recteur / HervĂ© Ploinec : fabricien : l'an : 1679. Câest le mĂȘme Sire Jean PĂ©rennes qui a inscrit son nom en 1672 en la chapelle de Saint-ThĂ©odore en Primelin. Il fut doyen du Cap Sizun oĂč son titre est attestĂ© sur un document des archives dĂ©partementales.
- Devant le retable du Rosaire, sur la porte de la balustrade, une inscription marque la date de crĂ©ation du retable et le nom de celui qui en aura la charge HENRI : LE : GALLIC. - FVT.FA : DV : S.T : R : LAN : 1652. Henri : Le : Gallic. â Fut. Fabricien : Saint. Tugen : Rosaire : lâan : 1652. La confrĂ©rie du Rosaire est installĂ©e le 24 aout 1649 par le rĂ©vĂ©rend pĂšre Gilles Binet, docteur en thĂ©ologie et prieur des Dominicains de QuimperlĂ©. Le retable est Ă©rigĂ© et le fabricien Henri Le Gallic est nommĂ© pour en assurer lâentretien.
- Sur les lambris IAN : BITAR : 1709 : F. Yan : Bitar : 1709 : Fabricien, et sur Lambris au-dessus de lâautel du rosaire F : D : T : DE SIMON DAGORN. MAIRE 1810. Fait : Du : Temps. De Simon Dagorn. Maire 1810.
Les marques lapidaires
à Saint-Tugen, des marques identitaires sont visibles dans la partie ouest de l'édifice[31]. Ces symboles de formes géométriques simples ou élaborés, de différentes tailles, sont repérables soit au ras du sol, soit en hauteur. Difficilement visibles, seule une lumiÚre rasante peut les révéler. Nous proposons ci-dessous trois exemples de ces marques.
- PremiĂšre inscription : pierre dâangle tourelle dâescalier Nord, palier dâaccĂšs du 1er Ă©tage du clocher
- DeuxiĂšme inscription : pan Nord-Ouest chambre des cloches, Ă gauche de lâoculus
- TroisiĂšme inscription : mĂȘme endroit au-dessus de lâoculus (derniĂšre assise)
Fontaine
à quelques mÚtres de l'enclos, un édicule en pierres de taille du XVIe siÚcle présentant une ouverture en anse de panier moulurée et une voûte profonde, marque l'emplacement de la fontaine de dévotion[32]. Elle abrite une petite statue de saint Tugen, attribuée au maßtre de Plougastel[17]. En accord avec les vertus thaumaturgiques de saint Tugen, on lui attribue le pouvoir de prévenir de la rage et, par extension, de guérir de la rage de dents. La rage était surnommée le « mal de Saint-Tujan »[33].
Les croyances liées à cette fontaine, en fait une ordalie, ont été décrites en détail dans un article publié en 1940[34].
Plan
LĂ©gende du plan no 2.
(1) Portail occidental ; (2) Portail mĂ©ridional ; (3) Porte de la secraiterie puis de la prison oĂč Ă©taient enfermĂ©s les victimes de la rage ; (4) porte de lâescalier de la tour mĂ©ridionale ; (5) ChĆur et table de communion ; (6) Chevet ; (7) Fonts baptismaux, peinture du mariage ; (8) Fonts baptismaux, peinture du baptĂȘme ; (9) Fonts baptismaux, peinture de la confession ; (10) Fonts baptismaux, peinture de la confirmation ; (11) CheminĂ©e ; (12) Catafalque ; (14) Retable du maĂźtre autel ; (15) retable du rosaire ; (16) Retable de sainte Barbe ; (17) Retable de la Vierge.
Sculptures : (a) Mathieu ; (b) Marc ; (c) Luc ; (d) Jean ; (e) Saint Tugen ; (f) Mathias ;(g) Mathieu ; (h) Barthélemy ; (i) Un apÎtre ; (j) Jean ; (k) Jude ; (l) Saint Michel ; (m) Saint Tugen ; (n) Saint Corentin ; (o) Saint Nicolas bénissant ; (p) Saint Christophe ; (q) Saint Jean discalceat ; (r) Ex-votos.
- Fontaine
- Calvaire
- DĂ©tail du calvaire : la Descente de Croix.
Culture
Le pardon de saint Tugen a lieu le dimanche prĂ©cĂ©dant la fĂȘte de saint Jean le 24 juin.
Le peintre Oscar Chauvaux, qui fut conservateur du musée de Locronan, a représenté la chapelle Saint-Tugen ; la toile se trouve au musée du Faouët.
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