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Bismuthiol I

Le bismuthiol I ou 1,3,4-thiadiazole-2,5-dithiol ou sous sa forme tautomÚre 1,3,4-thiadiazolidine-2,5-dithione est un composé chimique aromatique.

Bismuthiol I
Image illustrative de l’article Bismuthiol I
Identification
Nom UICPA 1,3,4-thiadiazolidine-2,5-dithione
Synonymes

2,5-dimercapto-1,3,4-thiadiazole; 5-mercapto-1,3,4-thiadiazolidine-2-thione; 1,3,4-thiadiazole-2,5-dithiol,

No CAS 1072-71-5
55906-42-8 (dichlorhydrate)
4628-94-8 (sel de potassium)
No ECHA 100.012.741
No CE 214-014-1
No RTECS XI3850000
PubChem 2723630
SMILES
InChI
Apparence poudre jaune pùle à odeur désagréable[1]
Propriétés chimiques
Formule C2H2N2S3 [IsomĂšres]
Masse molaire[2] 150,246 ± 0,017 g/mol
C 15,99 %, H 1,34 %, N 18,65 %, S 64,03 %,
Propriétés physiques
T° fusion 162 °C (décomp.)[1]
Solubilité eau : 0,18 M[3]
Cristallographie
SystĂšme cristallin monoclinique
Classe cristalline ou groupe d’espace (no 14) [4]
ParamĂštres de maille a = 622,50(10) pm
b = 1057,64(17) pm
c = 924,50(18) pm
α = 90,00°
ÎČ = 113,643(2)°
γ = 90,00°
Précautions
SGH[1] - [3]
SGH05 : CorrosifSGH07 : Toxique, irritant, sensibilisant, narcotique
H302, H318, H319, H412, P264, P270, P273, P280, P310, P330, P301+P312, P305+P351+P338, P337+P313 et P501
Transport[1]
-
Écotoxicologie
DL50 >316 mg/kg (caille, oral)[3]
200 mg/kg (souris, i.p.)[3]

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

De formule brute C2H2N2S3, commercialisé sous forme de poudre, il est utilisé depuis la fin des années 1950 en laboratoire (comme réactif), dans l'industrie chimique, dans l'industrie pétroliÚre (comme additif de fluides de fracturation pour forages pétro-gaziers[5]) ou dans le secteur de la fabrication des carburants, comme agent complexant.
Cette propriĂ©tĂ© lui permet non pas de « couvrir » mais de chimiquement s’adsorber sur et dans la surface des mĂ©taux et mĂ©talloĂŻdes de valence 1+, 2+ et 3+[6]. Ceci en a fait un additif trĂšs utilisĂ© pour lutter contre la corrosion de ces mĂ©taux, dans les moteurs par exemple ou dans des systĂšmes oĂč le mĂ©tal (cuivre par exemple dans les systĂšmes de chauffage ou de condenseurs) et qui aussi reste un bon Ă©changeur thermique, alors qu’il est immergĂ© et pourrait se corroder et/ou se recouvrir d’une croĂ»te de calcaire ou autres sels nuisible aux Ă©changes Ă©lectriques ou thermiques[6] (dans le cas d'un dĂ©pĂŽt de tartre, on veut pouvoir nettoyer le systĂšme par un acide puissant et peu coĂ»teux, tel que l’acide chlorhydrique ou sulfurique ; et la protection formĂ©e par le bismuthiol adsorbĂ© Ă  la surface du cuivre se montre efficace, mĂȘme en prĂ©sence d’acide chlorhydrique [7]).

Le bismuthiol I est aussi utilisé comme agent complexant pour détecter le bismuth, le cuivre, le plomb, l'antimoine et le palladium[8]. Les limites de détection sont inférieures à mg/kg (Bi, Cu, Pb)[1].

Production, producteurs

Dans les années 2010, Il est par exemple vendu par TCI America (Portland (Oregon)) [9] ou en Europe par ACETO GmbH (Hambourg, Allemagne) ; Aceto Holding GmbH (Hambourg), Lanxess Deutschland GmbH (Cologne, Allemagne, Metall-Chemie GmbH & Co, Hambourg, NAM & NAM Europe GmbH (Dortmund, Allemagne) [10].

Les principaux producteurs sont regroupés en Europe dans l'ATIEL Association technique des industries européennes des lubrifiants (Technical Association of European lubricants industry).

Applications

Dans les annĂ©es 1970 on a montrĂ© qu’il se complexait avec les mĂ©taux du groupe du platine[11] (qui sont aussi de puissants catalyseurs). Il se montre plus rĂ©sistant et efficace que d’autres comme agent de lutte contre la corrosion de certains mĂ©taux, notamment quand ces mĂ©taux sont en contact avec l’eau et en condition extrĂȘme (chaleur, aciditĂ©), car la force du lien entre un composĂ© organique de ce type (c'est-Ă -dire contenant un groupe fonctionnel avec des hĂ©tĂ©roatomes) dĂ©pend de la force de liaison de coordination des hĂ©tĂ©roatomes, laquelle varie de la maniĂšre croissante comme suit : OxygĂšne (O) < Azote (N ) < Soufre (S) < Phosphore (P)[6].

Le 1,3,4-thiadiazole-2,5-dithiol (bismuthiol) forme des co-polymĂšres stables (bismuthiolates) avec certains mĂ©taux dĂšs qu’il est mis en contact avec eux [6], ce pourquoi plusieurs brevets ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©s (dont par Lubrizol et Exxon) pour l’utilisation de ce composĂ© comme inhibiteur de corrosion[12] - [13]. À la fin des annĂ©es 1990, Ortega & al montrent qu’avec les mĂ©taux de valence 2+ il forme des polymĂšres linĂ©aires mais avec des mĂ©taux de valence 3+ il forme des polymĂšres ramifiĂ©s [6].
Pour ces propriétés, selon l'ATIEL (Association technique des industries européennes des lubrifiants ou Technical Association of European lubricants industry) qui le classe dans le groupe ATC E [i]), il est notamment utilisé dans la formulation d'additifs anticorrosion destinés aux lubrifiants, huiles et graisses de moteurs et d'autres systÚmes mécaniques. On le retrouve aussi dans la dilution de concentrés de fluides de travail des métaux.

Il permet aussi de détecter (en spectrophotométrie) des métaux ou métalloïdes tels que le bismuth (Bi), le cuivre (Cu), le plomb (Pb), l'antimoine (Sb) ou le palladium (Pd)[14]. Les limites de détection sont inférieures à 5 mg / kg (Bi, Cu, Pb)[15] - [16].

Classification des modes de formulation (selon le niveau de risque)

Les Ă©valuations de risques sont Ă©tudiĂ©es dans le cadre du rĂšglement REACH, sur la base de scĂ©narios d’exposition (cf. « CatĂ©gorie de rejets dans l’environnement » (ou « ERC », pour « Environmental release category »).

Selon l’ECHA, en Europe, le bismuthiol est utilisĂ© par l’industrie dans les formulations de :

  • produits additifs lubrifiants, d’additifs de lubrifiants et de graisses de type «PC 24 » (Groupe ATIEL-ATC A [i]) pour les catĂ©gories de process (PROC) suivantes ; ce classement fait par l'ECHA correspondant au niveau croissant de risque d'exposition :
    • PROC 1 : Production chimique ou raffinerie, en circuit fermĂ©, sans probabilitĂ© d'exposition (ou procĂ©dĂ© se dĂ©roulant dans des conditions de confinement Ă©quivalentes) ;
    • PROC 2 : Production chimique ou raffinerie selon un procĂ©dĂ© continu fermĂ© avec « exposition occasionnelle contrĂŽlĂ©e » (ou des procĂ©dĂ©s dans des conditions de confinement Ă©quivalentes) ;
    • PROC 3 : Fabrication ou formulation dans l'industrie chimique selon des procĂ©dĂ©s en discontinu, avec exposition occasionnelle contrĂŽlĂ©e ou des procĂ©dĂ©s dans des conditions de confinement Ă©quivalentes ;
    • PROC 4 : Production de produits chimiques prĂ©sentant un risque d'exposition ;
    • PROC 5 : MĂ©lange ou malaxage en batch ;
    • PROC 8a : Transfert de substance ou de mĂ©lange (chargement et dĂ©chargement) dans des installations non spĂ©cialisĂ©es ;
    • PROC 8b : Transfert de substance ou de mĂ©lange (chargement et dĂ©chargement) dans des installations spĂ©cialisĂ©es ;
    • PROC 9 : Transfert de la substance ou du mĂ©lange dans de petits conteneurs (chaĂźne de remplissage spĂ©cialisĂ©e, y compris pesĂ©e)
    • PROC 15 : Utilisation comme rĂ©actif de laboratoire.

Risques d'exposition

Dans ces application le principal risque d’exposition est accidentel (risque dont l'expression est jugĂ©e "rare" par l'ECHA ; il figure par exemple dans la liste des produits chimiques impliquĂ©s dans l'incendie de l'usine Lubrizol Ă  Rouen, le 26 septembre 2019).
Une exposition professionnelle peut aussi se faire par contact lors de process industriels, via le passage percutanĂ©, le contact avec l’Ɠil, l’inhalation ou l’ingestion. (Echa zzzz)

RĂ©glementation internationale

Les additifs pétroliers, apparus dÚs le début du XXe siÚcle et souvent utilisés à faible dose ont longtemps été utilisés sans réglementation dédiée, mais - pour ce qui concerne leur standardisation et qualités techniques - en faisant l'objet de "bonnes pratiques" discutées au sein d'associations professionnelles (comme l'ATIEL en Europe).

Dans le cadre du rĂšglement REACh[17], les donnĂ©es nĂ©cessaires Ă  une conclusion dĂ©finitive pour un classement en polluant PBT (persistant, bioaccumulable et toxique) ou vPvB (substances trĂšs persistantes et trĂšs bioaccumulables) ne semble pas disponibles[18]. ConformĂ©ment Ă  l'article 10 de REACH ce produit est soumis en Europe Ă  enregistrement/notification pour tout tonnage total fabriquĂ© et/ou importĂ© de plus de 10 t/an par titulaire. Dans l’Union europĂ©enne, toute entitĂ© en utilisant plus de 10 t/an doit s’enregistrer.

Alternatives

Depuis le dĂ©but du XXe siĂšcle, de nombreux inhibiteurs synthĂ©tiques de corrosion alternatifs, dont certains semblent plus ou moins bioinspirĂ©s (utilisant des extraits vĂ©gĂ©taux, dans le cadre de la Chimie verte) ont Ă©tĂ© mis au point, y compris et notamment pour la corrosion en milieu acide [19] - [20] - [21] - [22] - [23] - [24] - [25] - [26], dont en milieu aqueux, chaud et acide. On par exemple dans ce cadre montrĂ© que la gomme de guar ( polysaccharide Ă  galactomannane extrait de la graine du haricot de guar, Cyamopsis tetragonoloba), ou certains, extraits de plantes contiennent des molĂ©cules Ă©galement trĂšs efficaces, tant pour contrer une corrosion cathodique qu’anodique, et aussi bien dans l’acide chlorhydrique, que l’acide sulfurique (ex : Rothmannia longiflora [27] ou de la yerba mate (Ilex paraguariensis) [28].

La dégradation générale de l'environnement terrestre et celle du climat poussent à trouver des alternatives « vertes » aux inhibiteurs de corrosion issus de la carbochimie et des ressources fossiles[29].

Dans les années 2000, des composés organiques naturels alternatifs efficaces, mais non toxiques, biodégradables et facilement disponibles en quantité suffisante sont déjà connus ; ils ont été trouvés dans des extraits d'herbes aromatiques, d'épices et de plantes médicinales. Selon les cas ils sont présents dans des graines, fruits, feuilles et/ou fleurs[30] - [31] - [32] - [33] - [34] - [35] - [36] - [37] - [38] - [39] - [40].

Bioraffinerie (biolubrifiants certifiĂ©s produits Ă  partir d’esters simples ou complexes issus du tournesol, colza, ou d’huile de palme ou d'huile de coco, voire de sucre, comme le BiofĂšne produit par Amyris Ă  partir de sucre de canne) [41]. Selon une Ă©tude de l’Association europĂ©enne des matĂ©riaux et ressources renouvelables (ERRMA) dans un marchĂ© mondial du lubrifiant d’environ 41,8 millions de tonnes par an (dont 4,5 millions de tonnes par an — soit 12,5 % — pour l’Europe occidentale) les biolubrifiants sont encore trĂšs minoritaires (surtout apprĂ©ciĂ© de « secteurs de niche, dans des applications oĂč la rĂ©cupĂ©ration est quasi-impossible ou susceptibles d’ĂȘtre rejetĂ©es dans la nature » (huiles pour tronçonneuse, ou d’abatteuses et autres engins forestiers, huile de dĂ©coffrage
) ; ils ne reprĂ©sentaient en Europe vers 2005 qu’environ 3 % de la production totale de lubrifiants[41]. L’Allemagne, la France et les Pays-Bas au vu des donnĂ©es sur l’écolabel europĂ©en pour les lubrifiants Ă©taient alors les principaux producteurs[41]. Ce secteur espĂšre se dĂ©velopper dans les secteurs du biolubrifiant pour les moteurs, turbines et pour l’usinage et le travail des mĂ©taux (huiles de coupe, refroidissement des piĂšces, protection corrosive, etc.) car certains biolubrifiants supportent des tempĂ©ratures et pressions Ă©levĂ©es[41].

Notes et références

  1. Fiche Sigma-Aldrich du composé Bismuthiol I, consultée le 13 octobre 2019. + (pdf) fiche SDS.
  2. Masse molaire calculĂ©e d’aprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. PubChem CID 2723630.
  4. CCDC 5-Sulfanyl-1,3,4-thiadiazole-2(3H)-thione 5-Sulfanyl-1,3,4-thiadiazole-2(3H)-thione.
  5. Kanda, S., Yanagita, M., & Sekimoto, Y. (1988) U.S. Patent No. 4,721,577. Washington, DC: U.S. Patent and Trademark Office.
  6. Ortega P, L. Vera & M. GuzmĂĄn (1997) , Ortega, P., Vera, L. R., & GuzmĂĄn, M. E. (1997). Coordination polymers from 1, 3, 4‐thiadiazole‐2, 5‐dithiol and metal ions. Macromolecular Chemistry and Physics, 198(9), 2949-2956. (rĂ©sumĂ©).
  7. Baeza, H., Guzman, M., Ortega, P., & Vera, L. (2003). Corrosion inhibition of copper in 0.5 M hydrochloric acid by 1, 3, 4-thiadiazole-2, 5-dithiol. Journal of the Chilean chemical society, 48(3), 23-26.
  8. A. K. Majumdar, M. M. Chakrabartty, Bismuthiol I as an analytical reagent, Fresenius’ Zeitschrift fĂŒr Analytische Chemie, 1959, vol. 165(2), p. 100–105. DOI 10.1007/BF00451984.
  9. Yegin C (2016) Synthesis, Production and Characterization of Next Generation Thermal Interface Materials for Electronic Applications (Doctoral dissertation)
  10. 1,3,4-thiadiazole-2,5-dithiol ; sur le site de l’ECHA ; mis Ă  jour le 12 mars 2019 ; voir le chapitre ‘Registrants /Suppliers of the substance’, sur la page « Informations gĂ©nĂ©rales » (accessible via les onglets de gauche)
  11. Gajendragad M.R & Agarwala U.M.E.S.H (1975) 1,3,4-Thiadiazole-2,5-dithiol as a complexing agent. Complexes of RuIII, RuII, RhIII, PdIV IrIII and PtIV. Australian Journal of Chemistry, 28(4), 763-771
  12. U.S.3,90,537(1975),Lubrizol Corp.,inv.:D.E.Riple;Chem.Abstr. 84, 7432k (1976)
  13. Ger.2,653,568 (1977),Exxon Research and Engineering Co., invs.: S. J. Brois and T. Colclugh;Chem.Abstr. 86, 189960c (1977)
  14. A. K. Majumdar, M. M. Chakrabartty (1959): Bismuthiol I as an analytical reagent. In: Fresenius’ Zeitschrift fĂŒr Analytische Chemie. Band 165, Nr. 2, , S. 100–105, doi:10.1007/BF00451984 (PDF).
  15. Datenblatt Bismuthiol I bei Sigma-Aldrich, abgerufen am 17. janvier 2014 (PDF).
  16. Yi Na Jiang et. Al (2006) Determination of copper(II) by anodic stripping voltammetry at a 2,5-dimercapto-1,3,4-thiadiazol self-assembled monolayer-based gold electrode. ; Analytical sciences : the international journal of the Japan Society for Analytical Chemistry, 22(8), undefined (2006-8-10)
  17. Cf. Annexe XIII du rĂšglement REACh
  18. ce classement se fait produit par produit, Ă  l’initiative d’un Etat-membre ou de la Commission, sur la base de critĂšres listĂ©s par le " Guide des exigences d'information et Ă©valuation de la sĂ©curitĂ© chimique, ex : chapitre R.11: Évaluation des PBT" (ECHA, 2008)
  19. Bahrami MJ, Hosseini SMA, Pilvar P (2010) Experimental and theoretical investigation of organic compounds as inhibitors for mild steel corrosion in sulfuric acid medium. Corros Sci 52:2793–2803
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  28. Derna, A. M., MĂ©ndez, C. M., Gassa, L. M., & Ares, A. E. (2017). Green Extract of Mate Tea as Corrosion Inhibitor of Copper and Aluminum. In Proceedings of the 3rd Pan American Materials Congress (p. 135-144). Springer, Cham.
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voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Beaza H, Guzman M, Ortega P, Vera L (2003) Corrosion inhibition of copper in 0.5 M hydrochloric acid by 1,3,4-thiadiazole-2,5-dithiol. J Chil Chem Soc 48(3):23–30
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