Bataille de Saint-Aubin-du-Cormier (1799)
Le bataille de Saint-Aubin-du-Cormier a lieu le pendant la Chouannerie. Il s'achève par la victoire des républicains qui repoussent une attaque des chouans contre le bourg de Saint-Aubin-du-Cormier.
Date | |
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Lieu | Saint-Aubin-du-Cormier |
Issue | Victoire des républicains |
République française | Chouans |
• Azema †| • François-Gaspard de La Nougarède |
Batailles
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- 1er Saint-Aubin-du-Cormier
Coordonnées | 48° 15′ 34″ nord, 1° 23′ 55″ ouest |
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Prélude
Au début du mois d'octobre 1799, une armée de chouans se rassemble à la Chaudronnerais, entre le bourg de Beaucé et la ville de Fougères[1] - [3]. Le commandement des divisions royalistes de Fougères et de Vitré est alors assuré par François-Gaspard de La Nougarède[1] - [3] - [4]. Leur ancien commandant, Aimé Picquet du Boisguy, se trouve alors dans l'armée du Bas-Anjou et de Haute-Bretagne, commandée par Châtillon, après s'être évadé du château de Saumur le 22 septembre[1] - [3] - [4].
Dans la nuit du 4 au 5 octobre, la troupe de La Nougarède quitte Beaucé et se porte en direction de Saint-Aubin-du-Cormier[1] - [3]. Le nombre des insurgés n'est pas précisé par les rapports républicains, mais l'abbé Coutard fait mention d'une « bande de chouans considérable », dont plusieurs « armés d'outils tranchants »[1] - [3].
Le Moniteur universel, dans son numéro du 10 brumaire an VIII (), fait mention d'un combat opposant 60 citoyens de Saint-Aubin à 3 000 chouans[2].
DĂ©roulement
Le déroulement de ce combat est décrit dans un rapport rédigé par l'abbé Coutard, prêtre constitutionnel de Saint-Marc-sur-Couesnon et commissaire du directoire exécutif du canton de Saint-Aubin-du-Cormier[1] - [3]. D'après son récit[Note 1], un détachement de 40 hommes commandés par le citoyen Azema sort de Saint-Aubin-du-Cormier à cinq heures et demie du matin et se met en marche pour Fougères[1] - [3]. En chemin, le détachement est attaqué par les chouans[1] - [3]. Très inférieurs en nombre, les patriotes prennent la fuite et se replient sur Saint-Aubin en laissant derrière eux sept morts, dont Azema, et trois prisonniers[1] - [3]. Les chouans se lancent à leur poursuite et s'emparent rapidement des faubourgs de Saint-Aubin[1] - [3]. Les soldats républicains et quelques habitants se rassemblent alors pour tenir les différents postes fortifiés au centre de la ville[1] - [3]. Quelques chouans enfoncent l'entrée des maisons situées entre les postes afin de les contourner, mais leurs tentatives sont repoussées[1] - [3]. Finalement, après trois heures de combat, les chouans renoncent à poursuivre l'attaque et battent en retraite[1] - [3].
Pertes
D'après le rapport de l'abbé Coutard, les pertes des républicains sont de onze morts, douze à quinze blessés et trois prisonniers[1] - [3]. Du côté des chouans, il fait mention de la perte d'un porte-drapeau et d'au moins trois morts dans l'attaque des maisons situées entre les postes[1] - [3]. Il suppose que leurs corps sont enterrés à Billé[1] - [3].
Le Moniteur universel fait quant à lui état de 40 morts et autant de blessés du côté des chouans[2].
Notes et références
Notes
-
« Un détachement de quarante hommes, commandés par le citoyen Azema, sortit à cinq heures et demie du matin, à un kilomètre de la ville, sur la route de Fougères. Il fut attaqué par une troupe de chouans considérable qui, par sa force, le repoussa sous la ville, où l’officier perdit la vie avec trois de ses hommes et trois autres de la colonne mobile de Saint-Marc-le-Blanc avec plusieurs blessés ; ils firent trois prisonniers, car trois soldats manquent et on ne les trouve point morts dans les pièces de terre. Nous n’eûmes que le temps de crier : « Aux armes ! » Aussi il n’y eut presque que les habitants du centre de la ville à pouvoir se battre, les autres n’ayant pu s’y réfugier, les faubourgs ayant été remplis de ces scélérats en un instant. Enfin, l’on se battit près de trois heures. Sept à huit de ces téméraires s’avisent d’entrer entre les postes par des maisons dont ils enfoncèrent les issues. Il en resta trois sur la place et le surplus fut blessé. Notre peu de monde nous empêcha de les engloutir tous. Enfin notre bonne contenance leur fit tellement ombrage, quoique nous n’étions à chaque poste que six à huit hommes, que leurs colonnes d’observation, plus considérables que leur avant-postes, autant que nous venons de l’apprendre par des habitants qui venaient à la ville et qu’ils arrêtèrent, heureusement nous laissèrent tranquille ;soit par faute de munitions ou de courage, et se retirèrent avec les blessés et morts qu’on leur portait et qu’ils emmenèrent avec sept à huit chevaux qu’ils prirent en notre commune.
Nous avons perdu onze hommes et douze à quinze blessés. Nous venons d’apprendre qu’ils avaient marché toute la nuit et venaient de la commune de Beaucé en grande partie, où on les voyait, le 13, de la place de Fougères, s’assembler au lieu-dit la Chaudronnerais. Ils avaient envoyé quelques vedettes la veille se cacher dans les pièces de terre, autour de Saint-Aubin, pour examiner les sorties. A la pointe du jour, l’on en vit, mais l’on crut que c’était des hommes de notre piquet. Ils attaquèrent par quatre endroits, et c’est la Providence ou notre bravoure qui nous a sauvés, car il est étonnant que nous ayons pu résister à une force aussi majeure. Leur porte-drapeau fut démonté un des premiers. Sa mort fit à peu près perdre courage à leur général en chef, qui s’amusait dans ce moment à lire le passeport, avec de grandes lunettes, d’un particulier qu’ils retenaient avec eux depuis les cinq heures du matin.
Une de leurs colonnes se rendit à Vendel et l’autre, qui devait faire partie de celle de Vitré, gagna vers les rochers de Malnoë. Ils ont dû porter leurs morts en terre à Billé et leurs malades encore plus loin. Il y en avait plusieurs armés d’outils tranchants. Ils annoncèrent à différents particuliers leur retour chez nous et que la battue du général Rouland, dont le rassemblement s’était fait en notre commune, nous avait attiré cette catastrophe.
Le commandant de la force armée de Fougères avait, dit-on, l’ordre du général Rouland de faire lever notre cantonnement et, par là , de nous laisser nos propres forces. Les chouans ne nous eussent pas eus ce jour-là puisque l’officier était sorti avec son petit détachement, ce qu’il n’eût pas dû faire. Nous espérons que le général Rouland aura une meilleure idée de nous qu’il ne paraissait avoir ; c’est à l’œuvre qu’on voit l’ouvrier, il ne faut jamais condamner sans entendre. Les républicains menaçaient de nous lâcher il y a quinze jours, et les chouans ont tenté de mettre le feu trois fois à une maison, près les portes. Jugez de notre sort. On a trouvé de grandes torches qui étaient préparées à cet effet. Le pauvre Azema dut dire avant de partir qu’un cadenas d’une porte avait été forcé dans la nuit.
Les colonnes d’observation étaient disposées pour empêcher les secours des communes voisines. Nous découvrons leurs ruses. Nous nous préparons à la défensive et ils ne nous aurons point, ces lâches qui recrutent même les enfants de douze ans[3]. »— Rapport de Coutard, commissaire du Directoire exécutif du canton de Saint-Aubin-du-Cormier, adressé au commissaire général
Références
- Le Bouteiller 1988, p. 678-681.
- Gazette nationale, ou le moniteur universel, no 40, 1799, p. 155.
- Lemas 1994, p. 312-315.
- Pontbriand 1904, p. 411-414.
Bibliographie
- Christian Le Bouteiller, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, , 839 p. .
- Théodore Lemas, Le district de Fougères pendant les Guerres de l'Ouest et de la Chouannerie 1793-1800, Rue des Scribes Éditions, (réimpr. 1994), 371 p. (ISBN 978-2-906064-28-7, lire en ligne).
- Paul-Marie du Breil de Pontbriand, Un chouan, le général du Boisguy : Fougères-Vitré, Basse-Normandie et frontière du Maine, 1793-1800, Paris, Honoré Champion éditeur, (réimpr. La Découvrance, 1994), 509 p. (lire en ligne).
- Gazette nationale, ou le moniteur universel, Décadi, 10 brumaire an 8 de la république française, une et indivisible, t. 40, , 728 p. (lire en ligne). .