Combat de Blanche-Lande
Le combat de Blanche-Lande a lieu en septembre 1795, pendant la Chouannerie.
Date | fin |
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Lieu | Bois de Blanche-Lande, près de Coglès |
Issue | Victoire des Chouans |
RĂ©publicains | Chouans |
Commandant Joré | Aimé Picquet du Boisguy |
Coordonnées | 48° 27′ 35″ nord, 1° 21′ 51″ ouest |
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Prélude
Vers la fin du mois de , à Fougères, le commandant républicain Joré est informé qu'Aimé Picquet du Boisguy était à Coglès, qu'il a licencié sa troupe et qu'il n'a que peu d'hommes avec lui. Joré tente alors une expédition de nuit afin de le surprendre et réunit, selon Pontbriand, 300 carabiniers, renforcés par 100 grenadiers et chasseurs à pied du 6e régiment d'infanterie de ligne, puis se met en marche prestement sur Coglès. Boisguy n'a alors que les 200 hommes de ses compagnies d'élite de grenadiers et de chasseurs qui ne le quittaient presque jamais. Il envoie néanmoins des courriers à ses capitaines de paroisses aux alentours afin de demander des secours, puis il se porta à la rencontre de Joré, espérant lui-même le surprendre. Les Chouans gagnent les bois de Blanche-Lande où ils trouvent une position favorable et s'y embusquent[1].
Ce combat n'est pas mentionné par les rapports républicains, cependant un exposé du procureur-syndic du district adressé au Comité de salut public fait mention d'un combat le 28 septembre, sans donner plus de détails :
« On ne compte plus les chouans que par milliers ; ils ne craignent plus d'attaquer un bataillon entier comme ils l'ont fait le 28 septembre dernier. Boisguy est leur général en chef. On leur a apporté des fusils et des espingoles[2]. »
Le combat
Marchant sans méfiance, les Républicains tombent dans l'embuscade, ils sont surpris par une fusillade, mais elle ne fait que quelques blessés. Les républicains répliquent et se mettent à couvert dans les fossés, ils échangent des coups de feu avec les Chouans, peu meurtriers cependant. L'obscurité empêche les deux chefs de connaître les forces de leurs adversaires, et chacun reste sur ses positions. Le combat se déroule ainsi pendant une heure et demie sans que personne soit tué, lorsqu'au lever du soleil, une troupe de Chouans, commandée par François Poirier, dit « Sans-Chagrin », arrive en renfort[1].
Boisguy fait sa jonction avec cette troupe et mène la charge sur les républicains. Plusieurs soldats du régiment d'Armagnac se découragent et prennent la fuite, Joré tente alors une attaque avec 100 carabiniers, mais Boisguy choisit de se replier sur les fossés. Les Chouans rétrogradent, puis ouvrent alors feu sur les carabiniers, qui doivent se replier à leur tour, après avoir perdu 23 hommes[1].
Boisguy lance une contre-attaque sur des Républicains, tandis que les renforts de « Sans-Chagrin » les engagent de flanc. Joré donne l'ordre à ses hommes de battre en retraite. Les Chouans s'élancèrent à leur poursuite, lorsque soudainement, Boisguy est frappé d'une balle à l'épaule et renversé. Croyants, leur chef grièvement blessé, les Chouans cessent aussitôt le combat pour l'emporter sur les arrières. Craignant un piège et constatant que beaucoup de ses soldats se sont dispersés, Joré préfère de ne pas lancer de contre-attaque, et regagne Fougères[1].
Les pertes
Selon Pontbriand, les Chouans n'ont que huit blessés, dont du Boisguy, légèrement touché à l'épaule, tandis que les pertes des Républicains sont de 23 morts[1].
« Pendant que Tuffin et Dauguet se battaient sur les confins de la Normandie, du Boisguy se trouvait à Coglès avec environ deux cents hommes de sa colonne du Centre. On dit à Joré qu’il avait licencié ses troupes et qu’il était très mal accompagné ; Joré espéra le surprendre et partit de nuit, avec trois cents carabiniers et cent grenadiers et chasseurs de l’ancien régiment d’Armagnac. Quoiqu’il marchât avec rapidité, du Boisguy fut prévenu assez à temps pour pouvoir réunir sa troupe. Il marcha au-devant de lui, pour tâcher de le surprendre lui-même, sur la route, et dépêcha à Parigné et dans les paroisses voisines, pour avoir des renforts.
Il trouva une position favorable près du bois de Blanche-Lande et il y embusqua toute sa troupe. Joré, qui espérait le surprendre à Cogles, marchait sans défiance ; l’obscurité de la nuit ne lui permettait pas de s’éclairer ; aussi fut-il fort surpris de tomber dans une embuscade. La fusillade fut vive de part et d’autre, mais ni du Boisguy ni Joré ne connaissaient les forces de leur ennemi, et ils ne se combattaient qu’avec circonspection. On se battait ainsi depuis une heure et demie, sans se faire beaucoup de mal, lorsqu’au point du jour, du Boisguy aperçut la compagnie de Poirier, dit Sans-Chagrin, qui arrivait à son secours, suivie d’un assez grand nombre de soldats des paroisses voisines. Il courut au-devant d’eux et s’élança à leur tête au milieu des ennemis, que cette brusque attaque déconcerta ; le désordre se mit dans leurs rangs, et une partie des soldats d’Armagnac prenait déjà la fuite, lorsque le brave Joré s’avança avec une centaine de ses carabiniers et força du Boisguy à repasser un fossé derrière lequel ses soldats tiraient en sûreté. Joré n’osa l’y suivre et fut repoussé à son tour jusqu’au bout du champ, dont il dut passer le fossé ; du Boisguy alors anima de nouveau ses soldats en criant : « Les carabiniers sont en déroute ! En avant ! » Il s’élance en disant ces mots, et, suivi d’une partie des siens, il marche droit à eux, pendant que Sans-Chagrin les prend de flanc et les oblige à battre en retraite. Leur déroute était presque certaine lorsqu’une balle vient le frapper du Boisguy à l’épaule ; il est renversé ; ses soldats le croient grièvement blessé et courent pour l’emporter. Joré fut surpris de voir le feu cesser si subitement, mais une partie des soldats étaient déjà loin ; il craignit quelques embûches nouvelles et retourna à Fougères.
Cette affaire dura longtemps et fut très vive ; elle fit honneur aux deux chefs. Les Républicains eurent vingt-trois hommes tués, et plusieurs blessés qu’ils emportèrent. Les Royalistes eurent huit blessés seulement. Joré ne perdit de monde que dans la charge qu’il fit, après avoir repoussé du Boisguy, pour forcer le fossé derrière lequel les Royalistes s’étaient retranchés. Il y eut quinze morts dans cet endroit, dont plusieurs tombés à six pas seulement du fossé[1]. »
— Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand
Bibliographie
- Toussaint Du Breil de Pontbriand, Mémoire du colonel de Pontbriand sur les guerres de la Chouannerie, édition Plon, Paris, (réimpr. Y. Salmon, 1988), p. 206-208.
- Théodore Lemas, Le district de Fougères pendant les Guerres de l'Ouest et de la Chouannerie 1793-1800, Rue des Scribes Editions, , p. 207.
- Christian Le Boutellier, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, , p. 457-458.
- Marie-Paul du Breil de Pontbriand, Un chouan, le général du Boisguy, édition Honoré Champion, Paris, (réimpr. La Découvrance, 1994), p. 183-184.