« Du Boisguy, après avoir pris des mesures pour sa sûreté, fit loger ses troupes chez les habitants et leur accorda quelques heures pour se reposer. Cependant, il fit partir des gens sûrs pour Fougères et Antrain, afin de surveiller les démarches des Républicains dans ces deux villes.
Vers 10 heures du matin, il apprit que la plus grande partie de la garnison de Fougères était occupée à le chercher dans la forêt, qu'on battait dans tous les sens, ainsi que les paroisses voisines ; que, néanmoins, le tambour battait dans la ville, depuis l'arrivée des fuyards de Saint-Brice, et qu'on croyait qu'on allait marcher sur ce bourg avec ce qu'il y avait de troupes. D'après ces renseignements, du Boisguy prévoyant qu'il ne pourrait sortir qu'une colonne peu nombreuse, voulut profiter de l'ardeur de ses hommes, augmentée encore par le succès qu'ils venaient d'obtenir ; il les réunit, les conduisit rapidement jusqu'aux buttes de la Houlette, situées à une demi-lieue de la ville, et les embusqua dans cette position avantageuse. A peine avait-il terminé ses dispositions, qu'il aperçut la tête de la troupe sortie de Fougères, qui marchait vite et en fort bon ordre. S'étant assuré que sa force n'excédait pas deux cent cinquante hommes, il fit défense de tirer avant qu'elle fût à trente pas, et laissa même avancer l'avant-garde qui se trouva à la tête de sa ligne lorsque son feu commença. Jamais surprise n'égala celle des Républicains, qui n'avaient d'autre crainte que d'arriver à Saint-Brice après le départ des Royalistes ; néanmoins, ils firent bonne contenance et se défendirent de manière à faire craindre à du Boisguy que, l'affaire traînant en longueur, il ne leur arriva des renforts. Afin d'en finir, il se précipita sur eux dans la grande route, avec son frère Louis et une cinquantaine des siens, qui le suivirent en poussant de grands cris. Cette brusque attaque détermina le succès, et les Républicains, rompus, s'enfuirent en désordre jusqu'aux faubourgs de Fougères, où s'arrêta la poursuite. Ils perdirent cinquante-cinq hommes dans cette affaire. Les nommés Jean Ségouin, de Javené, et François Brunet, de La Chapelle-Janson, furent les seuls blessés du côté des Royalistes. Du Boisguy trouva, à Saint-Brice, un tambour, qui fut le premier qu'on entendit battre dans sa colonne, et quatre cents paquets de cartouches, dans la chambre du capitaine, ce qui était encore plus précieux pour lui.
Cette action, peu importante en elle-même, produisit un grand effet dans toutes les campagnes de Fougères ; elle releva le moral des habitants, et les jeunes gens vinrent en grand nombre grossir la troupe de Boisguy, qui, depuis ce moment, ne fut plus réduite à chercher asile dans les cavernes.
A la nouvelle de ces combats, les généraux qui commandaient à Rennes firent partir des troupes nombreuses pour Fougères et donnèrent des ordres pour éteindre cette insurrection dans son principe, et surtout pour s'emparer des du Boisguy, dont le nom commençait à devenir redoutable[2]. »