« Du Boisguy eut une affaire sérieuse au bourg du Ferré. Il avait appris que l'adjudant-général Bernard, qui avait été chercher sa femme à Vire, revenait à Fougères par la route de Saint-James, avec une escorte de six cents hommes. Il résolut de l'attaquer avec la colonne du Centre, forte de quinze cents hommes, qui était à Poillé. Il choisit une position favorable, derrière les marais de la Maison-Neuve, où il embusqua sa troupe, et s'avança ensuite lui-même, avec deux compagnies, jusqu'au bourg du Ferré, à dessein d'attirer l'ennemi dans son embuscade. L'action s'engagea bientôt, mais du Boisguy se vit pousser si vigoureusement jusqu'au marais, qu'il pensa dès lors que l'ennemi était plus en force qu'on ne lui avait dit ; néanmoins, il réussit à l'attirer dans son embuscade ; mais il ignorait que le général Bernard avait réuni à Avranches une partie des garnisons de Pontorson, de Ducey et du Pontaubault, avec les troupes disponibles de cette ville, et que, au lieu de six cents hommes qu'il croyait avoir à combattre, il y en avait plus de quatre mille. Le combat le plus acharné s'engagea bientôt; Bernard, piqué d'avoir perdu du monde en abordant l'embuscade sans l'avoir aperçue, voulut l'emporter de front et fut repoussé deux fois, avec grande perte, dans les attaques qu'il dirigea lui-même contre les positions de du Boisguy. Ce dernier fut surpris de voir le feu cesser tout à coup, et balançait s'il devait attaquer lui-même, lorsqu'il fut prévenu que des colonnes nombreuses marchaient pour l'envelopper et qu'il avait une armée entière à combattre. Il ordonna aussitôt la retraite sur la Selle-en-Coglès et fut faiblement poursuivit pendant un quart de lieue. Sa perte fut de quinze hommes tués et vingt-six blessés ; Pierre Rougeville, de la Chapelle-Janson; Pierre Portoux, du Châtellier; François Couillard, de Bazouges; Jean le Blanc, de Fougères, Michel Collin, de Saint-Marc, le furent grièvement.
Le chevalier de Saint-Gilles, Louvière et le général de Bourmont, qui était venu dans la division de Fougères pour parler à M. de Puisaye, se trouvèrent à la tête de la troupe qui repoussa les deux attaques du général Bernard pour forcer la position, et un grand nombre de soldats furent tués aussi au pied des fossés qui la défendaient[1]. »