« Le général Rouland ayant écrit, par une ordonnance, le 18 de ce mois, au commandant Pinoteau qu’il était avec une colonne de neuf cents hommes à la poursuite des brigands, à l’effet de venger la mort des républicains tués par eux à l’affaire d’Argentré, et qu’il comptait arriver le soir avec tout son monde à Fougères, Pinoteau rassembla ce qu’il avait d’hommes disponibles et les envoya au-devant, dans l’espoir de rencontrer l’ennemi et de l’envelopper. Mais ils avaient su qu’on les cherchait et ils s’étaient retirés. Il en restait au plus deux cents que les nôtres atteignirent près la grande route de Fougères à Mayenne, sur les communes de Fleurigné, La Selle et Luitré. Ce fut encore cette fois la colonne fougeraise qui eut l’avantage de les voir la première ; mais toujours emportée par une excessive ardeur, au lieu d’attendre que le gros de la colonne fût à portée de donner et de les amuser en feignant de les craindre pour les attirer dans le piège, on se mit à courir sus, on les mit en fuite et en désordre avant d’avoir reçu le grand renfort, en sorte que très peu de monde eut l’affaire avec eux. On peut dire que l’on a manqué là une des plus belles occasions qu’on eût trouvée depuis longtemps et d’en faire une déconfiture complète. Il n’en eût peut-être pas échappé un seul de ce qu’ils étaient, si on n’avait pas donné avec tant de précipitation. On croit qu’ils ont perdu huit ou dix hommes et quelques blessés. Mais qu’est-ce que cela ? C’est surtout les chefs qu’il faudrait immoler ou prendre. Ce doivent être des émigrés. Il importe peu, pour terminer cette guerre de parti, que l’on tue quelques centaines de paysans, pour la plupart entraînés et qui resteraient dans leurs foyers si les prêtres et les émigrés ne les faisaient marcher par force ou par inspiration et séduction. L’exécution prompte et sévère des mesures ordonnées par la loi du 24 messidor ferait seule plus que les meurtriers combats[1] - [3]. »
— Rapport de Loysel, au commissaire général.