Bataille de Bakhmout
La bataille de Bakhmout est une série de combats opposant les Forces armées ukrainiennes aux Forces armées de la fédération de Russie, secondées par la société militaire privée Wagner, qui se déroulent à proximité et dans la ville de Bakhmout depuis 2022. Elle fait partie de la bataille du Donbass, offensive russe de la guerre russo-ukrainienne. Le groupe Wagner annonce la prise totale de la ville le 20 mai 2023.
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Date |
Depuis le (11 mois et 4 jours) |
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Lieu |
Bakhmout, oblast de Donetsk (Ukraine) 48° 35′ 42″ N, 38° 00′ 00″ E |
Issue | En cours[Note 1] |
Evgueni Prigojine[1] Alexeï Naguine †[2] Vyacheslav Makarov †[3] | Andriy Mikheichenko[4] Oleksandr Tarnavski[5] Youri Bereza[6] Pavlo Fedosenko[7] |
10 000 morts au moins (selon le Groupe Wagner)[11] 20 000 à 30 000 morts ou blessés[12] (selon des responsables occidentaux) 36 524 à 46 624 morts 65 670 blessés (selon l'Ukraine) | 23 000 morts 16 000 blessés [13] (selon la Russie) |
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Massacres
Coordonnées | 48° 35′ 42″ nord, 38° 00′ 00″ est |
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À la fin de l'année 2022, après les contre-offensives ukrainiennes de Kharkiv et de Kherson, le front de Bakhmout est l'une des rares lignes de front en Ukraine où la Russie demeure à l'offensive[15]. Les attaques sur la ville s'intensifient en novembre 2022, les forces d'assaut russes renforcées alors par des unités redéployées du front de Kherson, ainsi que par des recrues nouvellement mobilisées[16]. Une grande partie de la ligne de front se transforme dès-lors en une guerre de tranchées positionnelle, les deux camps subissant de lourdes pertes sans faire d'avancées significative[17]. L'intensité des affrontements dans le secteur de Bakhmout est comparée aux batailles de la Première[Note 2] et de la Seconde Guerre mondiale[18] - [19].
Contexte
En 2014, dans le sillage de l'Euromaïdan et de l'annexion de la Crimée par le Russie, des troubles pro-russes dans l'est de l'Ukraine conduisent à un conflit armé dans le Donbass, jusqu'à atteindre la ville industrielle d'Artemivsk (renommée depuis en Bakhmout), cette bataille s'achevant par une victoire ukrainienne. Le conflit est gelé jusqu'à reprendre avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février 2022, provoquant une forte escalade de la guerre russo-ukrainienne. L'invasion provoque la plus grande crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale[20] - [21], avec plus de 6,5 millions d'Ukrainiens fuyant le pays[22] et un tiers de la population déplacée[23] - [24].
Le 8 mai, le gouverneur de l'oblast de Louhansk, Serhiy Haidaï, déclare sur sa chaîne Telegram que les Russes ne contrôlent que la moitié de la ville de Popasna[25], puis admet plus tard que les forces ukrainiennes se sont retirées de Popasna[26]. Le 12 mai, les forces russes et de la république populaire de Louhansk (RPL) battent les forces ukrainiennes lors de la bataille de Roubijné et prennent le contrôle total de la ville, poursuivant leurs tentatives d'encercler Sievierodonetsk et Lyssytchansk, dans un second temps[27] - [28].
Déroulement
Premiers bombardements et empiètement russe (mai-octobre 2022)
Le 17 mai 2022, les forces russes bombardent la ville et le site de production électrique Boudinok situé près de Bakhmout. Selon l'Ukraine, lors d'une attaque à la roquette russe, cinq bâtiments sont détruits et 5 personnes dont un enfant tués[29] - [30].
Le 20 mai, les forces russes poursuivent leur avancée à l'ouest et au sud de Popasna, dans le but de couper la route vers Sievierodonetsk[31] - [32]et percent vers Popasna[33]. Le 22 mai, ayant sécurisé leur route d'avance, elles tentent de pousser simultanément vers l'ouest en direction de Bakhmout et vers le nord pour couper les liaisons hors route vers Sievierodonetsk[34]. Le 24 mai, l'attaque depuis Popasna a pour objectif de couper la route entre les deux villes. Les forces ukrainiennes se replient pour assurer la défense de la ville. Le 26 mai, lors d'une nouvelle offensive, les Russes parviennent à établir un poste de contrôle sur l'autoroute T1302, détruite par les forces armées ukrainiennes[35].
Le 3 juillet, les forces du groupe Wagner s'emparent d'un village à 12 km de Bakhmout[36].
Le 20 juillet, un journal ukrainien rapporte que le commandant de la 72e brigade mécanisée des forces armées ukrainiennes, Yuriy Taran[37], est mort en combattant les forces du groupe Wagner[38].
Le 1er août, les forces russes lancent des attaques terrestres massives contre des localités au sud et au sud-est de Bakhmout. Le ministère russe de la Défense et les pages pro-russes de Telegram affirment que la bataille de Bakhmout a commencé[39] - [40]. Le lendemain, l'Ukraine signale une intensification des frappes aériennes et des bombardements russes sur Bakhmout, entamant une attaque au sol dans la partie sud-est de la ville. Le 4 août, les mercenaires du Wagner réussissent à percer les défenses ukrainiennes et à atteindre la rue Patrice-Lumumba à la périphérie est de la ville[41]. Dans les jours suivants, les forces russes continuent à pousser vers Bakhmout depuis le sud, l'état-major ukrainien déclarant le 14 août que les forces russes ont obtenu un « succès partiel » près de Bakhmout, mais sans donner de détails[42].
Le 21 septembre, des bombardements nocturnes dans le centre-ville provoquent la destruction par incendie du palais de la culture Martynov, où siégeait une organisation humanitaire. Lors de l'extinction de l'incendie, le service d'incendie local est bombardé, endommageant du matériel et blessant deux membres du service d'urgence de l'État[43]. La nuit, un immeuble de cinq étages est partiellement détruit par les bombardements russes[44] - [45]. Une frappe de missiles russes le 22 septembre détruit le pont principal sur la rivière Bakhmouta qui traverse la ville, perturbant à la fois les déplacements des civils et la logistique militaire ukrainienne[46].
Le 7 octobre, les forces russes avancent dans les villages de Zaïtseve et Opytne à la périphérie sud et sud-est de Bakhmout, tandis que le 10 octobre, le ministère britannique de la Défense affirme que les troupes russes se rapprochent de la ville[47] - [48]. Le 12 octobre, les forces russes revendiquent la prise d'Opytne, située à 3 km au sud de Bakhmout, et d'Ivanhrad[49]. Selon des sources ukrainiennes, une contre-attaque mineure lancée le 24 octobre chasse les forces russes de certaines usines en périphérie est de la ville, le long de la rue Patrice-Lumumba[50].
Escalade hivernale (novembre-décembre 2022)
En , la ville est détruite à 60 % et seuls dix à quinze mille civils y sont toujours présents. La bataille est l'une des plus intenses du front. Il s'agit d'une bataille de positions avec une forte présence de l'artillerie. C'est le groupe Wagner et non l'armée régulière qui combat côté russe. Selon des journaliste pro-Ukrainiens, ce sont des soldats inexpérimentés qui seraient envoyés en avant dans le but de repérer les positions ukrainiennes et de les frapper avec l'artillerie. L'intérêt stratégique de la poursuite des combats est faible selon des sources occidentales depuis la reprise d'Izioum par l'Ukraine en septembre, mais le chef de Wagner, Evgueni Prigojine, souhaiterait une victoire russe pour, selon elles, « se mettre en avant »[51].
Les forces russes percent les lignes de défense le long du flanc sud de Bakhmout, en prenant les villages d'Andriivka, Ozarianivka et Zelenopillia, et réalisant des avancées mineures à Opytne les 28 et 29 novembre. Le groupe Wagner attaque Kourdiumivka, adjacent à Ozarianivka, certaines sources prorusses affirmant que le village avait été pris[52]. Les forces russes attaquent dans le même temps les positions ukrainiennes au sud-est de Bakhmout[53]. Le 3 décembre, Serhii Cherevatyi, porte-parole ukrainien du commandement opérationnel est, décrit le front de Bakhmout comme « le secteur le plus sanglant, le plus cruel et le plus brutal [...] de la guerre russo-ukrainienne jusqu'à présent », ajoutant que les Russes ont mené 261 attaques d'artillerie au cours de la seule journée écoulée[54]. Le même jour, un membre de la Légion géorgienne déclare aux médias qu'un groupe de volontaires géorgiens a été encerclé lors d'affrontements près de Bakhmout. Le commandant a été blessé et cinq ou six volontaires, servant dans la 57e brigade ukrainienne, ont été tués, la présidente géorgienne Salomé Zourabichvili exprimant peu après ses condoléances aux familles des soldats tués[55]. Les 6 et 7 décembre, le ministère russe de la défense affirme que ses troupes, y compris les combattants Wagner, ont réussi à repousser les contre-attaques ukrainiennes au sud de Bakhmout[56]. Le , des images montrent que la ville est détruite par les obus, et que les combats sont devenus une guerre de tranchées[57].
Le 9 décembre 2022, le président Volodymyr Zelensky accuse la Russie d'avoir « détruit » Bakhmout, la qualifiant de « nouvelle ville du Donbass que l'armée russe a transformée en ruines brûlées ». Petro Stone, ancien soldat et témoin oculaire de la bataille, a qualifié le front de Bakhmout de « hachoir à viande », affirmant que les Russes « couvraient Bakhmout de tirs 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 »[58]. Des soldats de la 24e brigade mécanisée ukrainienne relatent aux médias des engagements récents sur le champ de bataille, notamment une fusillade de plusieurs jours avec 50 soldats russes retranchés dans une ligne d'arbres où, à certains endroits, « nous n'étions séparés que de 100 mètres ». Les soldats ukrainiens affirment que les troupes russes de la ligne de front attaquaient souvent avec un faible soutien de chars, les combattants du groupe Wagner servant de troupes d'assaut principales et les « mobiks » (volontaires russes récemment mobilisés) sous-équipés tenant des positions défensives. Un artilleur ukrainien affirme que « 80 % de la population civile restante, qui survit dans des sous-sols et est approvisionnée par des camions d'épicerie mobiles qui entrent périodiquement dans la ville, est pro-russe »[59].
L'état-major ukrainien confirme des affrontements à Bakhmoutske et à Soledar, tout en affirmant avoir repoussé tous les assauts. Le 11 décembre, un pont ferroviaire sur l'autoroute E40 (M-03) au nord de Bakhmout est détruit ; les Russes accusent par la suite les Ukrainiens de l'avoir démoli afin d'entraver d'éventuelles avancées russes vers Sloviansk[60].
Le 17 décembre, des images de tranchées dans le centre-ville de Bakhmout apparaissent sur Internet, indiquant que les défenseurs ukrainiens se préparent au combat urbain dans la ville[61].
Les 18 et 19 décembre, les forces ukrainiennes, comprenant apparemment de l'infanterie à pied soutenue par des véhicules de ravitaillement tactique Wolfhound donnés par les Britanniques, contre-attaquent le long de la rue Fyodor-Maksimenko et repoussent les troupes de Wagner vers la périphérie est de la zone suburbaine au cours d'une bataille de rue « acharnée ». Pendant ce temps, la force opérationnelle conjointe de l'Ukraine déclare repousser quotidiennement « cinq à sept groupes d'infiltration russes » près de Bakhmout[62]. Un commandant ukrainien déclare que l'abondance de la surveillance par drone permet aux forces ukrainiennes de répondre rapidement aux petits assauts russes dans la périphérie, tout en affirmant que la Russie ne contrôle pas la zone industrielle orientale de Bakhmout[63].
Les 20 et 21 décembre, le président Volodymyr Zelensky se rend à l'improviste sur le front de Bakhmout, y rencontre des soldats, remet des médailles et prononce un discours[64] - [65]. Pendant ce temps, de violents bombardements et des combats à la périphérie de Bakhmout[66] se poursuivent alors que les forces russes tentent continuellement de briser les positions ukrainiennes retranchées sur les flancs de la ville. Les combattants de Wagner attaquent les bastions de Bakhmouts'ke (en), Pidhorodne et Klichtchiïvka, situés respectivement le long des flancs nord-est et sud-ouest de Bakhmout, tandis que les Ukrainiens continuent de tenir le nord d'Opytne, émoussant l'avancée de la Russie depuis le sud[67]. Le 26 décembre, le gouverneur ukrainien de Donetsk, Pavlo Kyrylenko, déclare que plus de 60 % des infrastructures de la ville ont été endommagées ou détruites[68].
Poursuite des efforts d'encerclement russes (janvier-mai 2023)
Avancée russes dans la région de Bakhmout-Soledar de à février 2023
Début janvier 2023, le rythme des combats et la cadence des tirs d'artillerie dans le secteur de Bakhmout augmentent considérablement, le journal The Kyiv Independent considérant que la bataille atteint « son point culminant »[69].
Après une offensive locale début janvier 2023, les forces russes prennent la ville voisine de Soledar, située à 20 kilomètres au nord de Bakhmout, le 16 janvier 2023. Dans son compte rendu du 7 janvier, l'ISW considère que la prise de Soledar aiderait les forces russes à avancer sur la ville par le nord, même s'il estime qu'elles devraient prendre le contrôle de la route Siversk-Bakhmout, située à 7 kilomètres à l'ouest des positions russes près de Soledar, afin de couper les lignes d'approvisionnement des forces ukrainiennes vers Bakhmout[70] - [71] - [72]. À partir de cette victoire, les Russes commencent leurs tentatives pour encercler Bakhmout par le nord et par le sud.
Le 20 janvier 2023, le ministère de la défense russe et les forces Wagner revendiquent la prise du village de Klichtchiïvka, situé à 9 kilomètres au sud-ouest de Bakhmout, sans que des sources indépendantes puissent confirmer cette affirmation[73] - [74] - [75]. Le 31 janvier, les forces russes revendiquent la prise du village de Blahodatne, situé au nord de la ville[76].
Le 1er février, The New York Times rapporte que les Russes augmentent l'intensité des attaques sur la ville et ses environs[77]. Le même jour, Denis Pouchiline, chef des forces séparatistes, affirme que la ville est « opérationnellement encerclée »[78].
Vers la mi-février, le grignotage effectué par l'armée russe et le groupe Wagner se poursuit, avec notamment la prise des villages de Paraskoviïvka, Krasna Hora puis Berkhivka, au nord de Bakhmout revendiquée par les mercenaires de Wagner[79] et ainsi la coupure d'une ligne ferroviaire.
Au début du mois de mars 2023, la situation se dégrade fortement pour les défenseurs de la ville, les forces russes coupant peu à peu les routes menant à la ville[80] - [81]. Le 6 mars, Volodymyr Zelensky demande à l'état-major de « trouver les forces » pour défendre Bakhmout. Le 7 mars, le Groupe Wagner affirme contrôler la partie orientale de la ville après que les forces ukrainiennes ont fait sauter 2 ponts stratégiques et ont évacué l'est de la rivière Bakhmouta[82] - [83].
Le lendemain, le président Zelensky refuse une nouvelle fois de faire évacuer Bakhmout, affirmant que sa chute pourrait provoquer la prise d'autres villes du Donbass, dont Sloviansk et Kramatorsk[84]. Le même jour, Jens Stoltenberg n'exclut pas que la ville puisse tomber à court terme[85]. Fin , la ville ne serait plus contrôlée qu’à un tiers par l’Ukraine d’après un conseiller à la présidence[86]. L'armée ukrainienne affirme le « tenir » encore Bakhmout, dont le groupe Wagner revendique la prise « au sens légal » après en avoir conquis la mairie[87].
En avril 2023, selon John Kirby du département de la Défense des États-Unis, 10 000 soldats de Wagner seraient morts pendant l'offensive russe de l'hiver, essentiellement des anciens prisonniers « jetés dans les combats à Bakhmout sans entraînement ni commandement militaire suffisant »[88].
Le 19 avril, la ville de Bakhmout serait contrôlée à plus de 90 % par les forces armées russes, selon ces dernières[89].
Le 5 mai, le chef du groupe Wagner, Evgueni Prigojine, annonce que, faute de munitions suffisantes, ses hommes quitteront leurs positions à Bakhmout le 10 mai en étant remplacés par des tchétchènes du bataillon Akhmat (forces spéciales de la Garde nationale russe).
Le 8 mai, Evgueni Prigojine, déclare que des combats « féroces » se poursuivent à Bakhmout, précisant que ses troupes recevaient davantage de munitions après qu’il a menacé de les retirer des combats. Selon lui, les forces russes ont avancé de 130 mètres au cours de la journée écoulée. Il affirme que les troupes ukrainiennes ne contrôlent plus que 2,36 kilomètres carrés de la ville[90].
Le 9 mai, Jour de la Victoire en Russie, la ville n'est toujours pas totalement contrôlée par les forces russes.
Contre-attaque ukrainienne (à partir du 10 mai 2023)
A partir du 10 mai, l’Ukraine plonge la Russie dans le « brouillard de guerre » pour préparer sa contre-offensive. En attendant le déclenchement annoncé d’une série d’attaques d’ampleur sur le front contre l’armée russe, l'armée et le gouvernement ukrainiens multiplient les opérations de désinformation et les signaux contradictoires destinés à aveugler l’adversaire[91].
La 3e brigade d'assaut ukrainienne passe à l'offensive le 10 mai sur le flanc sud du front de Bakhmout et met en déroute deux compagnies de la 72e brigade de fusiliers motorisés russe et une compagnie d'assaut de Wagner[92]. Les forces ukrainiennes reprennent une bande de 3 km de large et 2 km de profondeur. Cette poussée permet d'améliorer la position des défenseurs ukrainiens et leurs lignes d'approvisionnement[93].
Le 11 mai, les forces ukrainiennes avancent vers une université professionnelle dans le centre-ville. Wagner tient toujours plus de 80 % de la ville[94].
Le 12 mai, le ministère de la Défense russe annonce un redéploiement d'unités (désigné comme un « mouvement vers des positions tactiques plus avantageuses ») dans la zone du réservoir de Berkhivs'ke au nord-ouest de Bakhmout[95]. C'est en réalité un recul important des Russes qui permet aux forces ukrainiennes de reprendre le contrôle d'une route stratégique allant du centre-ville vers Tchassiv Iar, plus à l'ouest[96]. Ce même jour, des images montrent des soldats russes fuyant sous des bombardements de l'artillerie ukrainienne sur la rive sud du réservoir de Berkhivs'ke[97].
Le 13 mai, le commandant des forces terrestres d'Ukraine, le général Oleksandr Syrsky, annonce que « l’armée ukrainienne avance dans certaines zones autour de Bakhmout » et que « l’opération défensive en direction de Bakhmout se poursuit », ajoutant que « l’ennemi perd de l’équipement et des troupes ». Les soldats de la 56e brigade motorisée ukrainienne reprennent des positions perdues au nord-est de Hryhorivka. Selon le porte-parole du Commandement opérationnel est de l'armée ukrainienne, les forces ukrainiennes auraient libéré 17,3 km2 de terrain en trois jours de contre-attaques[98].
Le 14 mai, le ministère de la Défense russe annonce la mort de deux colonels à Klichtchiïvka, au sud de Bakhmout, le commandant de la 4e brigade motorisée, Viatcheslav Makarov, et le commandant adjoint du 2e corps d'armée de la Garde de l'ancienne milice populaire de la république populaire de Lougansk, Evgueni Brovko[99]. L'Ukraine affirme avoir repris « plus de 10 positions russes » dans la banlieue de Bakhmout. « Aujourd'hui, nos unités ont capturé plus de dix positions ennemies au nord et au sud dans la banlieue de Bakhmout » déclare ainsi la vice-ministre de la Défense, Hanna Maliar[100].
Le 16 mai, la vice-ministre de la Défense ukrainienne, Hanna Maliar déclare : « Ces derniers jours, nos troupes ont libéré environ 20 kilomètres carrés au nord et au sud de la périphérie de Bakhmout. Dans le même temps, l’ennemi progresse dans Bakhmout même, détruisant complètement la ville à l’aide de l’artillerie »[101].
Le 18 mai, le porte-parole des forces armées ukrainiennes sur le front oriental, Serhi Tcherevaty, déclare que « Bakhmout reste l’épicentre des hostilités dans l’est de l’Ukraine. Au cours des combats, nos unités – malgré le fait que nous n’ayons actuellement aucun avantage en termes de munitions, de moyens, ou de nombre de soldats –, continuent d’avancer sur les flancs. Nous avons réussi à couvrir 150 à 1 700 mètres au cours des dernières 24 heures ». Il indique également que le 17 mai l’armée « avait frappé les positions russes 487 fois avec de l’artillerie à canon et à réaction ; il y a eu 25 affrontements de combat, six raids aériens. » Il ajoute enfin que « 130 occupants ont été tués dans les combats, 145 ont été blessés et quatre ont été capturés. Deux canons automoteurs MSTA, un véhicule aérien sans pilote Orlan-10 et huit entrepôts de campagne contenant des munitions ont également été détruits. »[102].
Le 20 mai 2023, Evgueni Prigojine, chef du groupe Wagner, revendique la prise complète de la ville[103] - [104] - [105]. L’information est ensuite confirmée par Denis Pouchiline, chef de la république populaire de Donetsk[106]. Kiev dément la prise de la ville, évoquant cependant une situation « critique »[107]. L'Ukraine affirme toujours contrôler « certaines installations industrielles et infrastructures de la zone »[108].
Le 23 mai, selon le secrétaire du conseil de sécurité nationale ukrainien, Oleksiy Danilov, une partie de la ville assiégée de Bakhmout reste sous contrôle ukrainien. Il déclare sur CNN : « Si les russes pensent avoir pris Bakhmout, je peux dire que ce n’est pas vrai »[109].
Le , le New York Times rapporte que la bataille de Bakhmout était presque terminée et que les forces russes contrôlaient la ville, et que les forces armées ukrainiennes tentaient de faire pression sur la ville depuis les flancs[110].
Le 10 juin, le porte-parole de l’armée ukrainienne pour le front oriental, Serhi Tcherevaty, affirme que ses troupes ont avancé de 1 400 mètres autour de Bakhmout[111].
Le 25 juin, le porte-parole de l’armée ukrainienne pour le front oriental, Serhi Tcherevaty, affirme que ses unités ont avancé de 600 à 1000 mètres sur les flancs sud et nord autour de Bakhmout[112].
Le 25 juin, le bataillon Aidar attaque les forces russes qui quittent leurs positions à l'ouest du canal Sivertsky-Donetsk. Il progresse et prend le contrôle d'une des forêts de la commune de Klichtchiïvka[112].
Le , la 3e brigade d'assaut prend une position fortifiée russe située à l'ouest de Klichtchiïvka[113].
Retrait du groupe Wagner (du 25 mai au 2 juin 2023)
Dans une vidéo publiée sur Telegram le 25 mai, Evgueni Prigojine annonce que le groupe Wagner entame son retrait de Bakhmout et commence à transférer certaines de ses positions à l'armée régulière russe et que ce mouvement se poursuivra jusqu'au [114].
Pertes
Début mars 2023, la BBC News indique que selon des « responsables occidentaux anonymes », les pertes russes seraient de 20 000 à 30 000 morts ou blessés[12] - [115].
Le 23 mai 2023, Evgueni Prigojine admet qu'environ 10 000 des 50 000 détenus recrutés dans les prisons ont été tués en Ukraine, soit 20 % d'entre eux[11]. Il indique qu'une proportion similaire de ses combattants professionnels ont également été tués au combat, mais sans donner précisément leur nombre[11]. Il affirme également que les pertes ukrainiennes sont plus importantes : « Moi j'ai trois fois moins de tués et [...] environ deux fois moins de blessés »[11].
Analyse
La bataille de Bakhmout est décrite comme l'une des batailles les plus sanglantes du XXIe siècle, le champ de bataille étant vu comme un « vortex » pour les armées ukrainienne et russe[116]. Avec des pertes extrêmement élevées, très peu de terrain gagné et des paysages criblés d'obus, les médias occidentaux et le gouvernement américain comparent les combats à Bakhmout à ceux qui caractérisaient la Première Guerre mondiale[116] - [117]. Début , le journaliste Gallagher Fenwick estime que la comparaison de Bakhmout à Verdun est « raisonnable dans l’absolu effroi auquel on assiste »[118].
La valeur stratégique de Bakhmout est considérée a posteriori comme faible par de nombreux analystes, dont certains affirmaient cependant le contraire au début de la bataille, Michel Goya considérant en particulier, comme d'autres, que Bakhmut n'avait d'intérêt que dans le but de poursuivre une percée vers Kramatorsk et Sloviansk, une situation rendue dans tous les cas très improbable par le caractère prolongé de la bataille. Après la contre-offensive de Kharkiv et la libération de Kherson, la région de Bakhmout reste l'une des rares zones où la Russie est à l'offensive à partir de la fin de l'année 2022[119]. La principale raison pourrait être que le groupe Wagner s'est vu confier par le Kremlin la tâche de capturer Bakhmout, ce qui pourrait apporter d'importantes récompenses financières et politiques à Evgueni Prigojine, qui n'hésite donc pas à maintenir la pression sur la zone[119].
Les forces russes dans les environs de Bakhmout sont principalement composées de mercenaires du groupe Wagner et de recrues nouvellement mobilisées. À la mi-novembre, des rapports indiquent que la Russie aurait redéployé certaines forces du front de Kherson vers des zones proches de Bakhmout pour soutenir les combattants du groupe Wagner, ainsi que des renforts nouvellement enrôlés, à la suite du retrait russe de Kherson. Les forces ukrainiennes sont alors composées de diverses unités issues des 93e brigade mécanisée et 58e brigade motorisée, avant qu'elles ne soient renforcées en raison des pertes subies au cours de la bataille[120].
La ville finit par obtenir une importance stratégique comme « verrou » du front, l'état-major ukrainien craignant que la prise de la ville par les Russes ne leur permette d'attaquer d'autres ville du Donbass dont Sloviansk et Kramatorsk[121] - [84] - [122].
La consommation de munitions est si importante que les États occidentaux ont du mal à maintenir les stocks de l'armée ukrainienne. Le département de la Défense des États-Unis fait d'ailleurs part de ses inquiétudes à ce sujet à Kiev en mars 2023[123].
Galerie
- Collège incendié à Bakhmout, en octobre 2022.
- Bâtiment détruit par les bombardements.
Notes et références
Notes
- La Russie revendique la prise de la ville depuis le . Néanmoins, en marge de la contre-offensive ukrainienne de 2023, l'Ukraine lance des assauts dans la périphérie de la ville, et affirme avancer.
- Et en particulier la bataille de Verdun.
Références
- (nl) Koen Marée, « Wagner-baas Prigozjin: Bachmoet veroveren vanwege 'ondergrondse steden' » [« Wagner boss Prigozhin: conquering Bakhmut because of 'underground cities' »], NRC, (lire en ligne, consulté le )
- James Bickerton, « Russian Wagner commander killed in Ukraine's Donbas » [archive du ], sur Newsweek, (consulté le )
- https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1979470/mort-colonels-russes-guerre-ukraine
- Carlotta Gall, « Ukraine Signals It Will Stay on the Offensive, Despite Talk of a Lull », The New York Times, (lire en ligne)
- « The Fight to Survive Russia's Onslaught in Eastern Ukraine », The New Yorker, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- (en-US) Thomas Gibbons-Neff, Natalia Yermak et Tyler Hicks, « Two Cities, Two Armies: Pivot Points in the Fight in Ukraine's East », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne [archive du ], consulté le )
- « Fighters of 92nd brigade near Balaklia captured Russian soldiers from Kaliningrad. VIDEO », sur censor.net (consulté le )
- (en) By Kathleen Magramo, Sophie Tanno, Aditi Sangal, Matt Meyer, Elise Hammond and Tori B. Powell CNN, « Battle for Bakhmut has turned into a "slaughter-fest for the Russians," top US general says », sur CNN, (consulté le )
- « Russian forces may have scored rare success in battle near Bakhmut », Financial Times, (lire en ligne)
- Zone International- ICI.Radio-Canada.ca, « Environ 10 000 des détenus recrutés par Wagner tués en Ukraine, selon leur chef | Guerre en Ukraine », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
- (en-GB) « Up to 30,000 Russian casualties claimed in Bakhmut », BBC News, (lire en ligne, consulté le )
- Article Komsomolskaïa Pravda (en russe) du 23 mai 2023.
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