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Évêque constitutionnel

En France, un évêque constitutionnel est un évêque membre de l'Église constitutionnelle entre 1790 et 1801, et ayant à ce titre prêté l'un des serments exigés. Le plus souvent, il est titulaire d'un des diocèses créés par la Constitution civile du clergé. Dans quelques rares cas, il est évêque coadjuteur ou évêque auxiliaire, ou joue un simple rôle dans les sacres épiscopaux.

Organisation

Sur les 133 évêques français encore vivants au 1er janvier 1791, 129 refusent de prêter le serment. La Constitution civile du clergé prévoit de maintenir 83 évêchés. À leur tête outre les 4 déjà évêques, on trouve 55 curés, 6 chanoines, 5 professeurs, 13 religieux réguliers et deux ecclésiastiques sans fonction particulière. Les nouveaux évêchés sont répartis entre dix métropoles : la métropole de Paris (7 départements), la métropole du Centre (8 départements), la métropole du Nord-Ouest (8 départements), la métropole des Côtes de la Manche (8 départements), la métropole du Nord-Est (7 départements), la métropole de l'Est (8 départements), la métropole du Sud-Est (8 départements), la métropole des Côtes de la Méditerranée (9 départements), la métropole du Sud (8 départements), la métropole du Sud-Ouest (10 départements); auxquelles il convient d'ajouter les sièges dits « coloniaux ».

L'Assemblée prévoit également l'établissement de quatre évêchés à Saint-Domingue c'est-à-dire Haïti et la république Dominicaine: le Nord (Le Cap), l'Ouest (Port-Liberté), le Sud, et Samana. Ainsi qu'à la Guadeloupe, la Martinique, Sainte-Lucie, Cayenne, l'Isle de France, La Réunion (ex Bourbon) et les possessions françaises d'Asie. Mais les évêchés des Indes occidentales françaises sont placés sous l'autorité de la « Métropole de Saint-Domingue » et ceux des Indes Orientales sous celle de l'évêché siégeant à Rennes. Enfin les établissements africains c'est-à-dire Gorée et le Sénégal sous l'autorité de l'évêque siégeant à Nantes. De facto seuls deux sièges épiscopaux seront pourvus: celui de Cayenne et le « Département du Sud » de l'Île de Saint-Domingue avec l'évêché des Cayes[1]. En fait lors du Concile national de Paris en 1797 deux autres évêques pour Saint-Domingue sont élus; l'un Antoine Capelle pour le diocèse Nord (Le Cap) et l'autre Jean-Remacle Lissoir pour Samama mais ils ne furent jamais sacrés.

Évêques

L'évêque constitutionnel issu du clergé catholique français[2] sous l'ancien Régime, est considéré comme schismatique par le Saint-Siège en tant que membre de l'Eglise constitutionnelle. Il n'est pas successeur des anciens évêques du même lieu, ni prédécesseur des évêques concordataires. Il est appelé « intrus » par le clergé et les chrétiens restés fidèles aux anciens évêques nommés et institués selon les règles canoniques.

Les évêques constitutionnels sont souvent des prêtres ayant des idées gallicanes et partisans, plus ou moins modérés, de la Révolution française dans sa première phase. Ils sont élus par le même corps électoral que les députés de la future Assemblée législative. L'intitulé de leur évêché n'est pas « évêque de... » suivi du nom de la ville épiscopale (par exemple, « évêque de Pamiers »), comme auparavant, mais ils portent le nom du département où se situe leur siège épiscopal (selon le même exemple, « évêque de l'Ariège »), à la suite de la création des diocèses dont le territoire correspond au territoire des départements créés en 1790.

Les évêques constitutionnels ont organisé à Paris du 15 août au et du 29 juin au des conciles nationaux, afin de marquer leur indépendance vis-à-vis du pape. Lors de la signature du concordat de 1801, le pape Pie VII et Napoléon Bonaparte demandèrent aux évêques constitutionnels comme aux évêques d'Ancien Régime restés réfractaires à la constitution civile du clergé de démissionner de leurs sièges épiscopaux, afin de procéder à de nouvelles nominations. Sur 94 évêques d'Ancien Régime, 36 refusèrent leur démission forcée : ce fut l'origine du schisme de la Petite Église. Les 50 évêques constitutionnels en poste acceptèrent finalement de démissionner mais plusieurs refusèrent de signer des formules de rétractation, parmi eux, Henri Grégoire, évêque de Loir-et-Cher. Après leur démission, 18 évêques de l'ancien régime et 12 évêques constitutionnels furent nommés évêques « concordataires » c'est-à-dire pleinement catholiques, en communion de foi et de juridiction avec le Pape, et nommés par le Premier Consul.

Les 7 évêques de l'Ancien Régime ayant prêté le serment

Sur les 18 archevêques et 118 évêques canoniquement installés en France avant 1790, seul quatre ont accepté de faire partie de l'Eglise constitutionnelle. Il y eut trois autres évêques titulaires à l'étranger ou "in partibus", qui devinrent membre de cette Église schismatique.

Prêtres de l'Ancien Régime devenus évêques constitutionnels dont les 12 évêques concordataires

Liste de prêtres et religieux divers catholiques devenus évêques constitutionnels entre 1790 et 1801. Parmi ces évêques, douze furent postérieurement nommés et installés évêques en vertu du Concordat de 1801 entre le Saint Siège et le gouvernement de la République française.

Bibliographie

  • Rodney J. Dean, L'Église constitutionnelle, Napoléon et le Concordat de 1801, Paris, Picard, 2004, 737 p. (édition française)
  • Rodney J. Dean, L'abbé Grégoire et l'Église constitutionnelle après la Terreur 1794-1797, Paris, 2008.
  • Edmond Préclin, Les Jansénistes du XVIIIe siècle et la Constitution civile du clergé. Le développement du richérisme. Sa propagation dans le bas clergé. 1713-1791, Paris, librairie universitaire J. Gamber, 1929, 578 p.
  • La dominicale, journal des paroisses, p. 589 sqq. .
  • P. Christian, Histoire du clergé de France (1840), p. 213-220. .
  • Tableau des évêques constitutionnels de France, de 1791 à 1801, chez Méquignon-Havard, , 57 p. (lire en ligne) ;
  • Chanoine Paul Pisani Répertoire biographique de l'épiscopat constitutionnel (1791-1802) A. Picard & Fils, Paris 1907

Références

  1. Paul Pisani Répertoire biographique de l'épiscopat constitutionnel (1791-1802) A. Picard & Fils, Paris 1907 p. 451-453
  2. Un seul d'entre eux, Jean-Baptiste Gobel, était titulaire de fonctions à l'étranger, mais est issu du clergé français.
  3. Tableau des évêques constitionnels, p. 53

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