Antoine-Adrien Lamourette
Adrien Lamourette, né le à Frévent, mort guillotiné le à Paris, est un prêtre lazariste. Rallié à l'Église constitutionnelle, il devient le premier évêque constitutionnel. Homme politique de la Révolution française, élu député, il est l'instigateur du fraternel « baiser Lamourette » réconciliant temporairement les partis.
Évêque constitutionnel | |
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Député français |
Naissance | |
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Décès |
(Ă 51 ans) Paris |
Nationalité | |
Activités |
PrĂŞtre catholique (Ă partir de ), homme politique |
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Consécrateurs | |
Membre de |
Diocèse de Toul |
Biographie
Fils d'artisans modestes, il entre en 1759 dans la congrégation des lazaristes et est ordonné prêtre en 1769. D'abord premier vicaire à Arras, il est nommé professeur de philosophie au séminaire des lazaristes de Metz en 1772. Quatre ans plus tard, il est transféré au séminaire lazariste de Toul dont il est le supérieur dans les années 1776-1777[1]. À la suite du conflit avec les professeurs du séminaire, il décide de quitter la Congrégation de la Mission et finit par entrer au diocèse de Toul en 1784[2].
Adversaire de la théologie traditionnelle, il a pour ambition de concilier les "lumières" et la religion. L'abbé Grégoire, son élève d'alors, saura retenir ses leçons. Transféré à Toul en 1774, ses idées avancées le mettent en conflit avec Mgr Champorcin. En 1778, il est chargé de la cure d'Outremécourt. À partir de 1783, il réside à Paris où il est chapelain de Chaillot : il publie alors ses premiers ouvrages.
Partisan du retour à une Église débarrassée du faste qui écrase les fidèles pauvres, il souhaite réduire les privilèges du Haut Clergé. Les vœux de religion ne devraient plus entraîner de "mort civile". Surtout, il prône la tolérance religieuse et tout en combattant les philosophes athées, il met à part Jean-Jacques Rousseau qui aime la vertu et la religion. En 1787, il entre à l'académie d'Arras
En 1789, il fait l'apologie de la prise de la Bastille, demande l'égalité pour les Juifs et justifie la sécularisation des biens ecclésiastiques. En , il commence sa collaboration avec Mirabeau et construit l'argumentaire du discours du qui tend à montrer que la Constitution civile du clergé est compatible avec les principes de la religion chrétienne comme avec ceux de la Révolution.
En 1790, il prête serment à la Constitution civile du clergé. En , il collabore à nouveau avec Mirabeau à la rédaction du Projet d'adresse aux Français sur la Constitution civile du Clergé. Devenu familier de l'orateur, il croise chez lui Cabanis, Volney ou Garat.
Au début de 1791, Mirabeau écrit une lettre à la Société des amis de la Constitution de Lyon ce qui permet à Lamourette d'être élu évêque constitutionnel sur le siège de Lyon le . Mais, il se heurte dans le diocèse à une vive opposition animée par Linsolas. De plus, à l'instar des autres évêques constitutionnels, il n'a jamais été reconnu tel par le pape Pie VI.
Il est élu député du Rhône-et-Loire à l'Assemblée législative. Le , il emploie pour la première fois dans un discours l'expression de démocratie chrétienne dont il semble être le créateur. Il se rend célèbre par ce qu’on appela le baiser Lamourette — un baiser fraternel, par lequel il proposait qu’on en finisse avec tous les différends entre les partis. La proposition qu’il fit en ce sens avec une ardeur extraordinaire le , fit une telle impression sur l’Assemblée que les députés des partis les plus hostiles se jetèrent dans les bras les uns des autres — cet acte généreux et spontané demeura néanmoins sans suite.
Lamourette proteste contre les massacres de septembre 1792, et lié aux Girondins, il soutient la révolte fédéraliste de Lyon (1793). Arrêté le près de Lyon, il est transféré à Paris, jugé par le tribunal révolutionnaire, condamné à mort et guillotiné le [3].
Ĺ’uvres
- Considérations sur l'esprit et les devoirs de la vie religieuse, (1785);
- Pensées sur la philosophie de l’incrédulité (1786);
- DĂ©lices de la religion; https://data.bnf.fr/fr/12528889/antoine-adrien_lamourette/
- Pensées sur la philosophie de la foi (1789);
- Décret de l’assemblée nationale sur les biens du clergé justifié par son rapport avec la nature et les lois de l’institution (1789);
- DĂ©sastre de la maison de Saint-Lazare, (1789);
- Observations sur l'État civil des Juifs, (1789);
- Pasteur patriote (1790) ;
Notes et références
- Félix CANTASSOT C.M., Les Lazaristes dans le diocèse de Toul avant la Révolution (1635-1791), Paris, , 143 p. (lire en ligne), p. 18 et 77
- (en) « The French Revolution and the Congregation of the Mission », sur http://famvin.org (consulté le )
- Dans son livre Tableau historique du diocèse de Lyon pendant la persécution religieuse de la grande Révolution française (1869), l'Abbé J. Durieux, archiviste de l'Archevêché de Lyon, cite une "rétractation" qu'il déclare avoir trouvée dans l'archive lyonnais, transmise par Lamourette, quelques jours avant d'être jugé et condamné, à l'abbé Jacques-André Émery et envoyée par celui-ci "à l'autorité ecclésiastique du diocèse de Lyon". Il semble pourtant que personne n'ait vu ce document dès lors :
Sur le point d'être jugé par des hommes, pour avoir voulu m'opposer aux désordres de l'esprit d'anarchie et de licence, et vraisemblablement sur le point d'être jugé au tribunal de Dieu pour mes péchés et pour toutes les fautes de ma vie, dont je lui demande sincèrement et humblement pardon, et que j'espère fermement de sa grande miséricorde, à cause des satisfactions et des mérites infinis de Jésus-Christ, notre Sauveur; je déclare que je me repens de tout mon cœur, de tout ce que j'ai dit, fait et écrit, tenant à appuyer les principes d'après lesquels on a fait en France des changements si funestes à la religion, et par conséquent au véritable bonheur des Français. Je demande pardon à Dieu et aux vrais enfants de l'Église d'avoir coopéré à ces mutations déplorables par un serment que le Saint-Siège a condamné, et que je révoque par la présente déclaration, laquelle je désire être connue et publiée, lorsque la cessation de la persécution actuelle permettra au dépositaire de mes sentiments et de mon repentir de la faire connaître. Je demande pardon à Dieu d'avoir reçu la consécration épiscopale dont j'étais indigne, et à l'Église d'avoir rempli un siège qui n'était pas vacant, d'avoir violé les lois saintes de la discipline et méconnu l'autorité et la supériorité du souverain Pontife et du Saint-Siège.
Fait aux prisons de la Conciergerie de Paris, ce sept janvier de l'an de Notre Seigneur, mil sept cent quatre-vingt-quatorze (Abbé J. Durieux, Tableau historique du diocèse de Lyon pendant la persécution religieuse de la grande Révolution française d'après des monuments authentiques déposés dans les archives de l'archevéché, Lyon, Librairie ecclésiastique et classique de Briday, , 528 p. (lire en ligne), p. 266-268).
Bibliographie
- Ressource relative Ă la vie publique :
- « Antoine-Adrien Lamourette », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
- Menozzi (Daniele). «Philosophes» e «Chrétiens éclairés» Politica e religione nella collaborazione di G. H. Mirabeau e A. A. Lamourette (1774-1794), compte rendu par Godechot, Jacques, dans Revue belge de philologie et d'histoire, 1980, vol. 58, no 2, p. 525-527.http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rbph_0035-0818_1980_num_58_2_5670_t1_0525_0000_2
- Chopelin-Blanc Caroline , Adrien-Lamourette (1742-1794). De l'apologétique à l'Église constitutionnelle, 2 vol. 768 et 784 p., Thèse soutenue à l’Université Lyon III le