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Énergie en Chine

Le présent article traite du secteur énergétique en république populaire de Chine.

Énergie en Chine
Image illustrative de l’article Énergie en Chine
Centrale chinoise Ă  charbon.
Bilan énergétique (2020)
Offre d'Ă©nergie primaire (TPES) 147 043,8 PJ
(3 512,1 M tep)
par agent énergétique charbon : 60,6 %
pétrole : 18,9 %
électricité : 9 %
gaz naturel : 7,7 %
bois : 3,8 %
Énergies renouvelables 10,1 %
Consommation totale (TFC) 83 356,4 PJ
(1 990,9 M tep)
par habitant 59,1 GJ/hab.
(1,4 tep/hab.)
par secteur ménages : 18,4 %
industrie : 53,9 %
transports : 16,3 %
services : 4,5 %
agriculture : 2,2 %
Électricité (2020)
Production 7 800,59 TWh
par filière thermique : 66,8 %
hydro : 17,4 %
Ă©oliennes : 6 %
nucléaire : 4,7 %
autres : 3,4 %
biomasse/déchets : 1,8 %
Combustibles (2020 - PJ)
Production pétrole : 8167
gaz naturel : 6745
charbon : 83318
bois : 5608
Commerce extérieur (2020 - PJ)
Importations électricité : 63
pétrole : 26021
gaz naturel : 4718
charbon : 7165
Exportations électricité : 78
pétrole : 2864
gaz naturel : 181
charbon : 180
Sources
Agence internationale de l’énergie[1] - [k 1]
dans le bilan énergétique, l'agent « bois » comprend l'ensemble biomasse-déchets

La Chine, pays le plus peuplé du monde (1,41 milliard d'habitants fin 2022, soit 17,6 % de la population mondiale), connait une croissance économique très rapide.

La Chine a ainsi récupéré un rang conforme à sa population : le premier, avec 18,4 % de la production mondiale d'énergie primaire en 2019, 26,6 % de la consommation mondiale d'énergie primaire et 30 % de la production mondiale d'électricité en 2021.

Elle a pris Ă©galement le premier rang pour les Ă©missions de gaz Ă  effet de serre liĂ©es Ă  l'Ă©nergie en Chine, qui en 2020 reprĂ©sentaient 30,5 % des Ă©missions mondiales. Ses Ă©missions de CO2 dues Ă  la consommation d'Ă©nergie sont passĂ©es de 5,7 % du total mondial en 1973 Ă  29,5 % en 2019, loin devant les États-Unis (14,1 %) ; en 2021, selon les estimations de BP, elles atteindraient 31,2 % du total mondial. NĂ©anmoins, ses Ă©missions par habitant en 2020 (7,13 t), bien que supĂ©rieures de 75 % Ă  la moyenne mondiale, Ă©taient très infĂ©rieures Ă  celles des États-Unis : 12,90 t et sont Ă©quivalentes Ă  celles de l'Allemagne : 7,10 t ; elles ont cependant dĂ©jĂ  largement dĂ©passĂ© le niveau de la France : 4,34 t.

La principale source de ces Ă©missions (Ă  78,5 % en 2020) est le charbon, dont la Chine est, en 2021, Ă  la fois le 1er producteur (50,8 % de la production mondiale), le 1er consommateur (53,8 % du total mondial) et le 1er importateur (19,5 % des importations mondiales), bien qu'elle produise 98,8 % de ses besoins en charbon.

Si la croissance de ces émissions semblait s'infléchir entre 2014 et 2016, à partir de 2017 la consommation de charbon repart à la hausse, en raison d'un boom dans la construction de centrales thermiques ; la production a connu une évolution parallèle, mais plus contrastée. Le gouvernement chinois s'engage en à atteindre le pic de ses émissions autour de 2030 et en , le président Xi Jinping s'engage sur un objectif de neutralité carbone d'ici à 2060.

Les réserves de charbon de la Chine représentent 15,5 % des réserves mondiales, au 2e rang mondial derrière les États-Unis. Celles de pétrole sont au 13e rang mondial, celles de gaz naturel au 7e rang mondial.

La Chine produisait en 2021 seulement 25,9 % de ses besoins en pétrole brut et 55,2 % de ceux de gaz naturel, si bien qu'elle est le 1er importateur mondial de pétrole (19,0 % des importations mondiales) et le 1er importateur mondial de gaz naturel (13,3 % du total mondial). Elle est cependant le 6e producteur mondial de pétrole et le 4e producteur de gaz naturel.

La Chine est en 2021 le 1er producteur mondial d'électricité (30 % du total mondial), dont la part dans la consommation finale d'énergie du pays atteignait 27 % en 2020. La Chine est passée du 9e rang mondial pour sa production nucléaire en 2012 au 3e rang en 2016, puis au 2e rang en 2021 ; elle se place en 2022 au 3e rang mondial pour la puissance installée nucléaire et au 1er rang pour le nombre de réacteurs en construction ; le nucléaire a produit 4,8 % de l'électricité du pays en 2021.

Elle investit lourdement dans la production d'énergies renouvelables : elle est de loin au 1er rang mondial pour la production hydroélectrique (30,4 % du total mondial en 2021), pour la surface de capteurs solaires thermiques (73 % du total mondial fin 2021), pour l'éolien (35,2 % de la production mondiale en 2021), au 1er rang également pour le solaire photovoltaïque (31,7 % du total mondial en 2021) et pour la production d'électricité à partir de biomasse (23,2 % du total mondial en 2020). Les énergies renouvelables ont fourni 28,7 % de l'électricité chinoise en 2021 (hydroélectricité : 15,2 %, éolien : 7,7 %, solaire : 3,8 %, biomasse+déchets : 2,0 %).

Vue d'ensemble

Principaux indicateurs de l'Ă©nergie en Chine[1]
Population[k 1] - [2] Consommation
Ă©nergie primaire
Production Importation
nette
Consommation
électricité
Émissions
de CO2[3]
Année Millions PJ PJ PJ TWh Mt CO2éq
19901 13536 57836 880-1 467603,42 122,2
20001 26347 30647 0451 1671 2933 140
20081 32590 18282 3557 8043 2416 667
20091 33196 16585 89511 6773 4787 128
20101 338106 18593 59214 4523 9847 875
20111 344113 96999 84816 8054 4338 566
20121 351118 063100 49019 5694 6948 814
20131 357121 867103 24321 1285 1229 191
20141 364124 968105 02421 9405 3589 125
20151 371125 544104 81620 9905 5959 145
20161 379124 80598 69323 9985 9469 057
20171 379129 492102 67826 4566 3499 302
20181 393135 736108 60429 4046 8339 528
20191 397,7141 903113 84831 5507 154,39 876,5
20201 411147 044117 06634 6647 47110 115,7
variation
1990-2020
+24,3 %+302 %+217 %ns+1138 %+377 %
taux moyen annuel
1990-2020
+0,7 %+4,7 %+3,9 %ns+8,7 %+5,3 %

Comparaisons internationales

Dans les classements que publie l'Agence internationale de l'énergie, la Chine apparaît parmi les tout premiers pays du monde pour la plupart des indicateurs :

Place de la Chine dans les classements mondiaux
Source d'énergie indicateur rang année quantité unité % monde commentaires
PĂ©trole brut[k 2] Production 6e 2020p 195 Mt 4,7 % 1er : États-Unis 706 Mt, 2e : Russie 512 Mt, 3e : Arabie saoudite 511 Mt
Importation nette 1er 2019 505 Mt 24,4 % 2e : Inde (227 Mt), 3e : États-Unis (202 Mt)
Gaz naturel[k 3] Production 4e 2020p 191 Gm3 4,8 % 1er : États-Unis (949 Gm3), 2e : Russie (722 Gm3), 3e : Iran (235 Gm3)
Importation nette 1er 2020p 125 Mds m3 12,8 % 2e : Japon (105 Mds m3)
Charbon[k 4] Production 1er 2020p 3764 Mt 49,7 % 2e : Inde (760 Mt), 3e : IndonĂ©sie (564 Mt)
Importation nette 1er 2020p 306 Mt 24,2 % 2e : Inde (210 Mt)
NuclĂ©aire[k 5] Production 3e 2019 348 TWh 14,3 % 1er : États-Unis (843 TWh), 2e : France (399 TWh)
Puissance installĂ©e 3e 2020 48 GW 12,2 % 1er : États-Unis (97 GW), 2e : France (61 GW)
% nucléaire/élec* 10e 2019 4,6 % 1er : France (69,9 %)
HydroĂ©lectricitĂ©[k 6] Production 1er 2019 1304 TWh 30,1 % 2e : BrĂ©sil (398 TWh), 3e : Canada (380 TWh)
Puissance installĂ©e 1er 2019 356 GW 27,2 % 2e : BrĂ©sil (110 GW), 3e : États-Unis (103 GW)
% hydro/élec* 7e 2019 17,4 % 1er : Norvège (93,4 %)
Énergie Ă©olienne[k 7] Production Ă©lec. 1er 2019 406 TWh 28,4 % 2e : États-Unis (298 TWh)
Puissance installĂ©e 1er 2019 210,3 GW 33,8 % 2e : États-Unis (103,7 GW)
% Ă©olien/Ă©lec* 8e 2019 5,4 % 1er : Allemagne (20,7 %)
Solaire photovoltaĂŻque[k 8] Production Ă©lec. 1er 2019 224 TWh 32,9 % 2e : États-Unis (94 TWh), 3e : Japon (69 TWh)
Puissance installĂ©e 1er 2019 205,2 GW 34,1 % 2e : États-Unis (75,7 GW)
% PV/Ă©lec* 7e 2019 3,0 % 1er : Italie (8,1 %)
Produits pĂ©troliers[k 9] Production 2e 2019 635 Mt 15,3 % 1er : États-Unis (833 Mt)
ÉlectricitĂ©[k 10] Production 1er 2019 7472 TWh 27,7 % 2e : États-Unis (4 371 TWh)
Prod.Ă©lec.par source**[k 11] Charbon 1er 2019 4876 TWh 49,2 % 2e : Inde (1 181 TWh), 3e : États-Unis (1 070 TWh)
Gaz naturel 6e 2019 213 TWh 3,4 % 1er : États-Unis (1 640 TWh)
Énergies renouvelables 1er 2019 2015 TWh 28,7 % 1er : États-Unis (767 TWh)
Biomasse[4] Production d'Ă©lectricitĂ© 1er 2020 132,7 TWh 23,2 % 2e : BrĂ©sil (58,7 TWh)
2020p = données provisoires 2020 ; * % (nucléaire, hydro, éolien, PV)/total production d'électricité
** production d'électricité par source

La Chine est en 2022 le pays le plus peuplĂ© au monde avec une population de 1,41 milliard d'habitants, soit 17,6 % de la population mondiale[2].

Production d'Ă©nergie primaire

Production d'Ă©nergie primaire de la Chine en 2020[1] :

  • Charbon (71,2 %)
  • PĂ©trole (7 %)
  • Gaz naturel (5,8 %)
  • Biomasse, dĂ©chets (4,8 %)
  • HydroĂ©lectricitĂ© (4,1 %)
  • Éolien, solaire (3,8 %)
  • NuclĂ©aire (3,4 %)

La Chine a produit en 2020 un total de 117 066 PJ (pĂ©tajoules) d'Ă©nergie primaire, dont 83,9 % de combustibles fossiles : 71,2 % de charbon, 7,0 % de pĂ©trole et 5,8 % de gaz naturel ; 3,4 % d'Ă©nergie nuclĂ©aire ; 12,7 % d'Ă©nergies renouvelables : 4,8 % de biomasse (bois, biocarburants, dĂ©chets, etc.), 4,1 % d'hydroĂ©lectricitĂ© et 3,8 % d'autres Ă©nergies renouvelables (Ă©olien, solaire, gĂ©othermie)[1]. La production d'Ă©nergie primaire de la Chine reprĂ©sentait 18,4 % du total mondial en 2019 : 113 848 PJ (PĂ©tajoules) sur 617 338 PJ[k 1].

Production d'énergie primaire en Chine par filière (en PJ)
Filière 1990 % 2000 % 2010 % 2015 2020 % 2020 var.
2020/1990
Charbon21 70458,829 87363,572 11777,178 41883 31871,2 %+284 %
PĂ©trole5 79115,76 82814,58 5069,18 9928 1677,0 %+41 %
Gaz naturel5361,59532,03 3563,64 7166 7455,8 %+1158 %
Ss-total fossiles28 03176,037 65480,083 97989,792 12698 23083,9 %+250 %
NuclĂ©aire001830,48060,91 8633 9963,4 %ns
Hydraulique4561,28011,72 5612,74 0124 7584,1 %+943 %
Biomasse-dĂ©chets8 39222,88 29717,65 5816,04 7585 6084,8 %-33 %
Solaire-Ă©olien1,4ns1110,26650,72 0574 4743,8 %ns
Ss-total EnR8 84924,09 20919,68 8079,410 82714 84012,7 %+68 %
Total36 88010047 04610093 592100104 816117 066100+ 217 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[1]

La production d'énergie primaire a progressé de 217 % en 30 ans, soit +3,9 % par an. Les énergies qui ont progressé le plus vite, en dehors du nucléaire, du solaire et de l'éolien qui n'étaient pas encore exploités en 1990, sont le gaz naturel et l'hydroélectricité ; la part du charbon a progressé rapidement : de 58,8 % en 1990 à 78,1 % en 2011, mais recule depuis 2012. À l'inverse, la part de la biomasse a été divisée par près de 5, ce qui explique la baisse de moitié de la part des énergies renouvelables, qui remonte cependant depuis 2010.

RĂ©serves de charbon

Mine de charbon en Mongolie-Intérieure près de Hailar, 2005

Les rĂ©serves prouvĂ©es rĂ©cupĂ©rables de charbon de la Chine Ă©taient estimĂ©es par l'Agence fĂ©dĂ©rale allemande pour les sciences de la terre et les matières premières (BGR) Ă  135,5 Gt (milliards de tonnes)[r 1] fin 2020, et celles de lignite) Ă  8,2 Gt[r 2]. Au total, ces rĂ©serves atteignent 3 467 EJ, soit 15,5 % des rĂ©serves mondiales, au 2e rang derrière les États-Unis et devant la Russie (12,5 %), l'Australie (12,1 %) et l'Inde (12,0 %). Elles reprĂ©sentent 41 ans de production au rythme de 2021[b 1].

Le Conseil mondial de l'Ă©nergie citait en 2013 une estimation de 998 Mds tonnes de rĂ©serves totales (prouvĂ©es + conjecturelles) publiĂ©e par l'ONU. Les gisements sont rĂ©partis dans la plupart des rĂ©gions, mais les trois quarts sont dans le nord et le nord-ouest, en particulier dans les provinces de Shanxi, Shaanxi et Mongolie-IntĂ©rieure[5].

Bilan énergétique charbon

Le bilan énergétique du charbon est décrit par l'Agence internationale de l'énergie :

BILAN ÉNERGÉTIQUE CHARBON 2020[1]
RESSOURCES PJ % EMPLOIS PJ %
Production d’énergie primaire83 31893,5 %Consommation branche Ă©nergie62 78770,5 %
Importations7 1658,0 %Consommation finale24 12627,1 %
Exportations-180-0,2 %Écarts statistiques2 1882,5 %
Variation des stocks-1 203-1,4 %
Total ressources89 101100 %Total emplois89 101100 %
DĂ©tail consommation branche Ă©nergieDĂ©tail consommation finale
Production d'Ă©lectricitĂ©28 36545,2 %Industrie19 24179,8 %
CogĂ©nĂ©ration23 96538,2 %Transport--
Production de chaleur3240,5 %RĂ©sidentiel1 3735,7 %
Transformation du charbon7 30411,6 %Tertiaire4331,8 %
Usage propre branche Ă©nergie1 4022,2 %Agriculture4852,0 %
Usines à gaz7791,2 %Non spécifié5952,5 %
LiquĂ©faction6471,0 %Usages non-Ă©nergĂ©tiques1 9988,3 %

La consommation de charbon de la Chine atteint 50,4 % de la production mondiale en 2020[6] : elle est tellement énorme que ses importations, qui ne représentent que 8 % des besoins du pays, suffisent à en faire le 1er importateur mondial avec 24,2 % du total mondial en 2020[k 4].

Une comparaison intĂ©ressante peut ĂŞtre faite avec la consommation de charbon de l'Allemagne : 1 865 PJ en 2020, soit 2,1 % de celle de la Chine (89 101 PJ)[1]. Mais la population allemande ne reprĂ©sente que 5,9 % de celle de la Chine[k 1] ; la surconsommation chinoise par rapport Ă  l'Allemagne n'est donc que de 181 %.

Production et importation de charbon

Production et importation de charbon de la Chine
Source : Agence internationale de l’énergie[1]
Exploitation du charbon dans le bassin de Tourfan. 2012

La Chine est de très loin le plus grand producteur et consommateur de charbon au monde. En 2021, sa production atteignait 85,15 EJ, soit 50,8 % du total mondial, en hausse de 6 % ; entre 2011 et 2021, elle a progressĂ© de 9,8 %[b 1].

Les importations de charbon de la Chine ont baissĂ© de 0,8 % en 2021 Ă  6,54 EJ, soit 19,5 % du total mondial, au 1er rang mondial devant l'Inde (14,6 %), le Japon (14,5 %) et la CorĂ©e du sud (10,2 %) ; les importations de l'Europe entière (13,1 %) Ă©quivalent seulement Ă  67 % de celles de la Chine. Les importations chinoises ont cependant connu un repli marquĂ© entre leur pic atteint en 2013 Ă  7,63 EJ et un creux Ă  4,69 EJ en 2015 ; depuis 2015, elles ont progressĂ© de 39 %. La Chine exporte aussi des quantitĂ©s plus modestes : 0,29 EJ, en recul progressif (0,44 EJ en 2011)[b 2].

Bien que 28 provinces chinoises produisent du charbon, quatre d'entre elles dĂ©tiennent la plupart des rĂ©serves et toutes les grandes mines appartenant Ă  l'État : le Shanxi, la Mongolie-IntĂ©rieure, le Shaanxi et le Xinjiang. La Chine dispose d'environ 12 000 mines produisant surtout du charbon bitumineux, ainsi que de l'anthracite et du lignite. Les ressources de charbon vapeur sont situĂ©es dans les rĂ©gions du nord et du nord-ouest, et celles de charbon Ă  coke dans les rĂ©gions du centre et de la cĂ´te[E 1].

Jusqu'Ă  2009, La production couvrait la consommation ; depuis, le pays a fortement accru ses importations de charbon pour suivre la croissance de la demande ; la Chine, qui Ă©tait historiquement exportatrice, est devenue importatrice nette de charbon en 2009 pour la première fois en plus de vingt ans, puis les importations ont progressĂ© jusqu'Ă  293 Mt en 2012, en hausse de près de 30 % par rapport Ă  2011. L'IndonĂ©sie et l'Australie sont les principaux exportateurs vers la Chine, reprĂ©sentant plus de 60 % de ses importations de charbon. La croissance de la demande n'est pas la seule raison de ce dĂ©veloppement des importations : la production Ă©tant de plus en plus situĂ©e dans des rĂ©gions Ă©loignĂ©es des centres de consommation, crĂ©ant des goulots d'Ă©tranglement dans le transport par voie ferrĂ©e et rendant les prix des importations parfois plus attractifs, d'autant plus que les prix internationaux ont Ă©tĂ© particulièrement bas depuis 2011. Cependant, la croissance de la demande s'est ralentie en 2012, si bien que les stocks ont gonflĂ© ; malgrĂ© ces surplus, les principaux producteurs de charbon du nord et du nord-est, dont les mines sont plus grandes et ont des coĂ»ts plus bas, ont continuĂ© Ă  accroĂ®tre leur production. Le plan quinquennal en cours comporte d'importants investissements dans les chemins de fer et dans les lignes Ă©lectriques afin de corriger les dĂ©sĂ©quilibres interrĂ©gionaux[E 1].

En 2013, la construction d'au moins 15 sites d'exploitation majeurs d'extraction de charbon a Ă©tĂ© autorisĂ©e, de quoi produire 100 millions de tonnes de plus ; c'est six fois plus qu'en 2012, et l'Ă©quivalent de 10 % de la consommation annuelle des États-Unis ; l'investissement se chiffre Ă  8,9 milliards de dollars (6,5 mds €) ; la Chine entend ainsi atteindre l'objectif de son plan 2010-2015 : accroĂ®tre sa capacitĂ© de production de charbon de 860 Mt en cinq ans, soit plus que la production totale de l'Inde[7].

Le 5 août 2021, la Commission nationale du développement et de la réforme autorise quinze sites d'exploitation de charbon à reprendre du service pendant un an, dans les provinces du Nord, dont le Shanxi et la région du Xinjiang ; ils pourront livrer jusqu'à 44 millions de tonnes de charbon. La semaine précédente, les autorités avaient annoncé le redémarrage de 38 mines de charbon en Mongolie intérieure pour répondre à la demande d'électricité en hausse et maîtriser les prix du charbon thermique, qui ont bondi de près d'un tiers en 2021[8].

Organisation du secteur charbonnier

L'industrie charbonnière chinoise est traditionnellement fragmentĂ©e en grandes mines d'État, mines d'Ă©tat locales et des milliers de petites mines locales. Les dix principales compagnies produisaient plus du tiers du total en 2011 ; Shenhua Group, la plus grande compagnie charbonnière mondiale, dĂ©tient plus de 10 % du marchĂ© chinois. Les 10 000 petites mines locales souffrent de manque d'investissements, d'Ă©quipements obsolètes et de pratiques dĂ©ficientes en matière de sĂ©curitĂ© ; leur faible efficacitĂ© les rendent inadaptĂ©es au marchĂ© ; le 12e plan quinquennal prĂ©voit une consolidation du secteur afin de promouvoir les technologies modernes et d'amĂ©liorer la sĂ©curitĂ© et les performances environnementales ; il a fixĂ© un plafond de production Ă  4 milliards de tonnes et un plafond de capacitĂ© Ă  4,2 Mds tonnes en 2015, dans une tentative de contrĂ´ler la croissance ; il prĂ©voit la concentration du secteur en dix grandes compagnies contrĂ´lant 60 % de la production, et limite le nombre de mines de charbon Ă  4 000 au moyen de regroupements. La Chine s'ouvre aux investissements Ă©trangers afin de moderniser les grandes mines existantes et d'introduire de nouvelles technologies : liquĂ©faction et gazĂ©ification, gaz de houille, transport de charbon en suspension par carboduc[E 2].

En 2011, grâce à une vaste restructuration de l'industrie charbonnière, 7 entreprises produisent plus de 100 millions de tonnes de charbon : Shenhua, ChinaCoal, Shaanxi Coal and Chemical Industry, Shanxi Coking, Datong Coal Mine, Jizhong Energy et Shandong Energy ; leur production cumulée atteint environ un milliard de tonnes par an, soit 1/3 de la production totale[9] - [10].

Consommation de charbon

La consommation de charbon en Chine a progressĂ© de 4,9 % en 2021 Ă  86,17 EJ, soit 53,8 % du total mondial ; elle a progressĂ© de 7,5 % depuis 2016, après avoir dĂ©cru de 2,8 % de 2014 Ă  2016 ; elle a progressĂ© de 8,1 % de 2011 Ă  2021. La Chine a produit 98,8 % de sa consommation de charbon en 2021[b 3].

Ă€ partir de 2017, la consommation de charbon repart Ă  la hausse, en raison d'un boom dans la construction de centrales Ă©lectriques. La Chine est ainsi capable de produire 1 027 gigawatts au moyen de cette matière fossile, un peu plus de la moitiĂ© de la capacitĂ© de production mondiale[11].

Le rapport annuel 2014 de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) sur le charbon prévoit que d'ici à 2019, la Chine représentera encore 61 % de la croissance de la demande mondiale : 471 millions de tonnes équivalent charbon (Mtec) sur un total de 772 Mtec[12].

Le charbon a représenté 69 % de la consommation totale d'énergie de la Chine en 2011. En 2012, la Chine a consommé 3,6 milliards de tonnes de charbon, soit près de la moitié de la consommation mondiale et plus du double de sa consommation de 2000. La moitié du charbon est utilisé pour la production d'électricité, et 45 % pour l'industrie (sidérurgie, cimenteries). L'EIA prévoit qu'avec le ralentissement de la croissance industrielle et la baisse de l'intensité énergétique, la production d'électricité augmentera sa part dans la consommation de charbon de 50 % en 2010 à 57 % en 2040[E 1].

Selon le New York Times, de nouvelles statistiques nationales chinoises sur l'énergie montraient que, depuis 2000, le pays avait consommé bien plus de charbon qu'il ne l'a déclaré jusque-là, jusqu'à 17 % de plus par an. Ainsi, les données de 2012 font apparaître 600 millions de tonnes supplémentaires, soit plus de 70 % de toute la consommation annuelle des États-Unis. Les statistiques ont été révisées pour tenir compte des émissions provenant de petites entreprises notamment ; les autorités avaient depuis longtemps constaté des écarts importants entre les chiffres du BNS, l'institut chinois de statistiques, et ceux de la fédération professionnelle des producteurs de charbon. Les émissions de CO2 de la Chine vont donc être revues en hausse[13].

Réserves de pétrole

Réserves pétrolières de la Chine et (en grisé) zones principales de consommation, 2009

Les rĂ©serves prouvĂ©es de pĂ©trole de la Chine Ă©taient estimĂ©es par BGR Ă  3,54 Gt (milliards de tonnes) fin 2020. Ces rĂ©serves classaient la Chine au 13e rang mondial avec 1,4 % du total mondial et au 1er rang en Asie-Pacifique[r 3]. Elles reprĂ©sentaient 18,2 annĂ©es de production au rythme de 2020[r 4].

Les rĂ©serves prouvĂ©es de la Chine Ă©taient estimĂ©es par le Conseil mondial de l'Ă©nergie Ă  20,4 milliards de barils en selon Oil & Gas Journal (14e rang mondial) ; la production Ă©tant de 1 492 Mbbl en 2011, il restait 13,7 annĂ©es de rĂ©serves ; la première dĂ©couverte, celle du champ de Lachunmia, dans le Gansu (nord), date de 1939 ; deux gisements de grande envergure ont Ă©tĂ© dĂ©couverts : Daqing (1959) dans le Heilongjiang, province limitrophe de la SibĂ©rie (au bord du fleuve Amour), et Shengli (1961) près du golfe de Bo Hai (Shandong) ; les rĂ©serves de pĂ©trole chinoises demeurent un secret ; le Oil & Gas Journal a relevĂ© son estimation de Mbbl en 2012 par rapport Ă  celles de 2009 ; les principaux gisements sont situĂ©s au nord-est[14].

Les rĂ©serves prouvĂ©es rĂ©cupĂ©rables d'huile de schiste Ă©taient estimĂ©es Ă  10 milliards de barils en 2011[14] ; la première Ă©valuation de ces ressources date de 2006, elle a donnĂ© une Ă©valuation des rĂ©serves ultimes de 720 milliards de tonnes, dont 48 Mds de tonnes de ressource in situ ; les gisements sont situĂ©s dans 22 provinces ; une première exploitation est en cours Ă  Fushun, la « capitale du charbon », oĂą l'huile de schiste situĂ©e au-dessus de la couche de charbon est extraite en tant que sous-produit. La production totale de la Chine est estimĂ©e Ă  10 000 barils par jour en 2010[WEC 1].

Bilan énergétique pétrole

Le bilan énergétique du pétrole est décrit par l'Agence internationale de l'énergie :

BILAN ÉNERGÉTIQUE PÉTROLE 2020[1]
RESSOURCES PJ % EMPLOIS PJ %
Production de pĂ©trole brut8 16727,9 %Divers et Ă©carts statistiques470,2 %
Importations22 69377,4 %Raffineries29 08499,2 %
Exportations-69-0,2 %Usages propres industrie Ă©nergie1040,4 %
Variations stocks-1 484-5,1 %Consommation finale720,2 %
Total ressources29 307100Total emplois29 307100
BILAN ÉNERGÉTIQUE PRODUITS PÉTROLIERS 2020
Importations3 32810,8 %Exportations2 7959,1 %
Raffineries28 61192,9 %Soutes internationales1 1573,8 %
Variations stocks-841-2,7 %Consommation branche Ă©nergie2 6058,5 %
Transferts et Ă©carts-295-1,0 %Consommation finale24 24678,7 %
Total ressources30 803100Total emplois30 803100
DĂ©tail consommation branche Ă©nergieDĂ©tail consommation finale
Production d'Ă©lectricitĂ©1134,3 %Industrie3 54414,6 %
Chaufferies26610,2 %Transport11 76448,5 %
Usage propre branche Ă©nergie219384,2 %RĂ©sidentiel1 5706,5 %
Tertiaire6552,7 %
Agriculture7623,1 %
Usages non Ă©nergĂ©tiques5 95124,5 %

Production et importation de pétrole

Production et importation de pétrole brut de la Chine
Source : Agence internationale de l’énergie[1]
Arrière-plan : exploitation du pétrole. Entre Liuyuan et Turfan. Premier plan : séchoirs à raisins et leurs vignes. Xinjiang. 2012

En 2021, la Chine a produit 198,9 Mt (millions de tonnes) de pĂ©trole, soit 3,99 Mb/j (millions de barils par jour), en hausse de 2,4 % en 2021, mais en baisse de 2 % depuis 2011. Elle se classe au 6e rang mondial avec 4,7 % de la production mondiale[b 4].

La Chine Ă©tait en 2021 le 1er importateur mondial de pĂ©trole et produits pĂ©troliers avec 12,72 Mb/j (629,4 Mt, dont 526 Mt de brut), soit 19,0 % des importations mondiales, devant les États-Unis : 8,48 Mb/j, soit 12,7 % ; l'Europe a importĂ© 13,52 Mb/j, soit 20,2 %. Les importations chinoises ont baissĂ© de 1,6 % en 2021, mais progressĂ© de 102 % depuis 2011 ; les importations de brut de 2021 provenaient surtout du Moyen-Orient : 257,7 Mt (49 %), de Russie : 79,6 Mt (15 %), d'Afrique occidentale : 59,9 Mt (11,4 %) et d'AmĂ©rique latine : 57,6 Mb/j (11,0 %). La Chine importe 103,4 Mt de produits pĂ©troliers et en exporte 60,6 Mt[b 5].

La Chine était exportateur net de pétrole jusqu'au début des années 1990 ; malgré un développement rapide de la production nationale (mais nettement ralenti depuis 2005), les importations ont augmenté encore plus vite, si bien que depuis 2010 la Chine importe plus de la moitié de ses besoins, et est devenue depuis 2009 le 2e importateur mondial. L'EIA prévoit que les importations de pétrole de la Chine vont dépasser celles des États-Unis en 2014[E 3].

Pour le pĂ©trole brut seul, les importations sont passĂ©es de 5,1 Mb/j en 2011 Ă  5,4 Mb/j en 2012 (+7 %) et Ă  5,6 Mb/j en 2013 (+4,4 %) ; le 5e plan a fixĂ© l'objectif de limiter la part des importations dans la demande Ă  61 % en 2015. L'EIA prĂ©voit que cette part passera Ă  66 % en 2020 et 72 % en 2040[E 4].

Le Moyen-Orient reste la principale provenance des importations en 2013, avec 2,9 Mb/j (52 %) en 2013, suivi par l'Afrique : 1,3 Mb/j (23 %), les AmĂ©riques (10 %), l'Asie-Pacifique (2 %) et les autres rĂ©gions (13 %) ; l'Arabie saoudite et l'Angola sont les deux principaux pays fournisseurs, avec 33 % du total Ă  eux deux[E 4].

Provenance des importations de pétrole brut de la Chine en 2011
source : EIA (U.S. Energy Information Administration)[E 5]

L'évolution de la production et des échanges de pétrole brut est retracée par le tableau ci-dessous et le graphique ci-contre.

PĂ©trole brut en Chine (milliers de barils par jour)
Année Production Importation nette Net disponible
19902 768-4422 326
20003 3781 1944 572
20053 8092 4386 247
20063 8842 7776 662
20073 9563 1867 142
20084 0373 4937 530
20094 0683 9788 046
20104 3634 6939 056
20114 3475 0769 423
20124 3725 4009 770
20134 4595 60010 060
source : EIA (U.S. Energy Information Administration)[15]

Consommation de pétrole

En 2021, la Chine a consommĂ© 30,6 EJ de pĂ©trole, soit 15,44 Mb/j (millions de barils par jour), en hausse de 6,7 % en 2021 et de 58 % depuis 2011. Elle se classe au 2e rang mondial avec 16,6 % de la consommation mondiale, derrière les États-Unis (19,2 %). Sa production couvre seulement 25,9 % de sa consommation[b 6].

Organisation du secteur pétrolier

Siège social de CNPC à Beijing, (district de Dongcheng), 2009
Siège social de Sinopec à Chaoyang (Pékin), 2012
Station-service flottante de Sinopec, xian de Zigui dans le Hubei, sur le Yangzi Jiang, 2009

La Commission nationale du développement et des réformes (NDRC), un département du Conseil d'État de la Chine, est l'autorité principale chargée des politiques, de la réglementation et de la planfication dans le secteur de l'énergie. Sous son autorité, l'Administration nationale de l'énergie (NEA) créée en 2008 est le régulateur du secteur ; elle approuve les nouveaux projets, fixe les prix de gros et organise l'application des politiques énergétiques du gouvernement. En , le gouvernement a créé une Commission nationale de l'énergie chargée de coordonner les politiques énergétiques des diverses agences du Conseil d'État.

Les compagnies pétrolières nationales chinoises (NOCs) issues de la réorganisation du secteur (1994-98) sont :

Ces deux conglomérats verticalement intégrés contrôlent l'ensemble des activités pétrolières, de l'amont à l'aval, à travers de nombreuses filiales locales.

CNPC est leader dans l'amont en Chine, avec sa branche cotée en bourse PetroChina, et représente environ 53 % du pétrole et 75 % du gaz produits en Chine. Sa stratégie est d'accroître l'intégration de ses branches et de s'étendre vers l'aval.

Sinopec est plus concentrée sur l'aval, en particulier le raffinage et la distribution, qui représentent environ 76 % de son chiffre d'affaires. Elle cherche à acquérir plus d'actifs en amont progressivement.

D'autres NOC ont émergé au cours des dernières années, en particulier China National Offshore Oil Corporation (CNOOC), qui est responsable de l'exploration et de la production de pétrole offshore, mais concurrence de plus en plus CNPC et Sinopec en s'étendant vers l'aval, en particulier dans la province de Guangdong. Sinochem Corporation, CITIC Group et Yanchang Petroleum ont aussi pris de l'importance dans le secteur pétrolier de la Chine, bien qu'à une échelle relativement modeste[E 6]

Par ailleurs, des compagnies pétrolières internationales (IOCs) ont obtenu un meilleur accès à l'offshore pétrolier et aux champs de gaz non conventionnels, principalement grâce à des accords de partage de production et des coentreprises, en particulier ConocoPhillips, Shell, Chevron, BP, BG, Husky, Anadarko et ENI. Les NOC doivent détenir une participation majoritaire dans tout contrat de partage de production (PSC) et peuvent devenir l'opérateur lorsque les coûts de développement ont été remboursés. Les IOC apportent leur expertise technique afin de nouer partenariat avec une NOC et faire une percée sur les marchés chinois[E 6].

Exploration et production de pétrole

Régions pétrolières en Chine, 2007

La plupart des gisements chinois Ă©tant matures, la production plafonne après un bond de 7 % en 2010 et ne se maintient que grâce au dĂ©veloppement de nouveaux gisements en offshore (mer de Bohai : 406 000 barils par jour en 2012, et mer de Chine du Sud : 193 000 barils par jour ; l'offshore assure 19 % de la production chinoise en 2013) ou dans les zones reculĂ©es de l'Ouest (Xinjiang : 370 000 barils par jour dans les bassins du Junggar et du Tarim, Sichuan, Gansu et Mongolie IntĂ©rieure : 451 000 barils par jour Ă  Changqing dans le bassin d'Ordos), ainsi qu'aux techniques de rĂ©cupĂ©ration assistĂ©e du pĂ©trole sur les gisements anciens tels que Daqing (Nord-Est, exploitĂ© par CNPC, 19 % de la production en 2012 avec 800 000 barils par jour) et Shengli (Est, exploitĂ© par Sinopec, 500 000 barils par jour en 2012)[E 7].

L'exploration en offshore se heurte Ă  des conflits territoriaux avec le Japon, le ViĂŞt Nam et les Philippines[E 8].

Activités pétrolières à l'étranger

La Chine intervient de plus en plus Ă  l'Ă©tranger, grâce Ă  ses Ă©normes rĂ©serves de devises estimĂ©es Ă  3 300 milliards de dollars en 2012, pour sĂ©curiser ses importations et accĂ©der Ă  des technologies nouvelles. Depuis 2008, les NOC ont acquis des actifs au Moyen-Orient, en AmĂ©rique du Nord, en AmĂ©rique latine, en Afrique et en Asie. Elles ont investi 18 milliards de dollars en acquisitions d'actifs pĂ©troliers et gaziers Ă  l'Ă©tranger en 2011 (dont 12 Mds pour accĂ©der aux techniques du gaz naturel liquĂ©fiĂ© (GNL) et du gaz non conventionnel) et 34 Mds $ en 2012[E 9].

La production de pĂ©trole de la Chine Ă  l'Ă©tranger s'est accrue rapidement de 140 000 barils par jour en 2000 Ă  2 millions de barils par jour en 2012, soit plus du tiers de ses importations. CNPC a Ă©tĂ© la compagnie la plus active, mais Sinopec, CNOOC et d'autres NOC ont Ă©galement Ă©tendu leurs investissements outre-mer. CNPC, dĂ©tenant des actifs en hydrocarbures dans 30 pays, a produit 0,8 million bbl/j de pĂ©trole Ă  l'Ă©tranger en 2011 et autant en 2012, annĂ©e oĂą elle s'est focalisĂ©e sur des acquisitions dans le gaz de schiste. Les deux tiers de sa production internationale proviennent de ses actifs au Kazakhstan et au Soudan. Sinopec a produit 456 000 barils par jour outre-mer en 2012, et compte porter cette production Ă  1 million bbl/j en 2015. CNOOC a signĂ© un contrat en 2013 pour acheter la compagnie pĂ©trolière canadienne Nexen pour plus de 15 milliards $, la plus grosse acquisition chinoise Ă  l'Ă©tranger, qui permettra Ă  CNOOC de porter sa part de 6 % Ă  10 % des productions outre-mer en 2015. Les NOC investissent aussi dans les terminaux de liquĂ©faction de gaz dans la rĂ©gion Asie-Pacifique, au Canada et aux États-Unis. Les NOC prĂ©voient d'accroitre la part de leur production Ă  l'Ă©tranger de 20 % Ă  30 % en 2015. Depuis 2008, les NOC ont signĂ© des accords «pĂ©trole contre prĂŞt» pour un montant de près de 108 milliards $ avec la Russie, le Kazakhstan, le Venezuela, le BrĂ©sil, l'Équateur, la Bolivie, l'Angola et le Ghana ; la Chine a aussi conclu plusieurs contrats de troc pĂ©trole brut contre marchandises pour près de 40 Mds $ avec le Venezuela[E 9].

Oléoducs

La Chine a, selon CNPC, un rĂ©seau intĂ©rieur d'environ 14 658 miles d'olĂ©oducs pour le transport du pĂ©trole brut (67 % gĂ©rĂ©s par CNPC et 33 % par d'autres NOC) et 11 795 miles pour les produits pĂ©troliers Ă  fin 2012[E 5].

L'olĂ©oduc Western China Refined Oil Pipeline (1 150 miles) relie les raffineries d'Urumqi dans la province du Xinjiang Ă  Lanzhou dans la province de Gansu, d'oĂą partent d'autres olĂ©oducs vers les provinces cĂ´tières. La Chine a inaugurĂ© son premier olĂ©oduc transnational en pour importer du pĂ©trole du Kazakhstan et de Russie (1 384 miles, 240 000 bbl/j, en cours d'extension Ă  400 000 bbl/j) ; un deuxième olĂ©oduc Kazakhstan-Chine est Ă  l'Ă©tude pour acheminer le pĂ©trole des champs de la mer Caspienne, dont le nouveau champ de Kachagan. Le gĂ©ant pĂ©trolier russe Transneft a construit de 2006 Ă  2012 un olĂ©oduc de 3 000 miles nommĂ© Eastern Siberia-Pacific Ocean Pipeline (ESPO), qui livre 300 000 bbl/j Ă  CNPC qui l'achemine jusqu'Ă  Daqing via un olĂ©oduc chinois de 597 miles ; la 2e branche de cet olĂ©oduc ESPO achemine le pĂ©trole de Taishet au port russe de Kozmino sur le Pacifique, d'oĂą des quantitĂ©s supplĂ©mentaires peuvent ĂŞtre acheminĂ©es vers la Chine par la voie maritime. La Russie prĂ©voit d'accroĂ®tre la capacitĂ© de cet olĂ©oduc Ă  1,6 Mbbl/j en 2018 ; en attendant, Rosneft envoie 140 000 bbl/j des gisements de SibĂ©rie occidentale via l'olĂ©oduc du Kazakhstan de 2014 Ă  2018. Un autre olĂ©oduc est en projet pour relier le Myanmar au Yunnan afin de raccourcir le trajet du pĂ©trole du Moyen-Orient vers la Chine, Ă©vitant le dĂ©troit de Malacca par lequel transitent 80 % des importations de pĂ©trole de la Chine ; la capacitĂ© de cet olĂ©oduc sera de 440 000 bbl/j Ă  son achèvement en 2014[E 10].

Raffinage

Raffinerie de Jinling dans la zone industrielle de Ganjiaxiang, District de Qixia près de Nankin, 2011

La capacitĂ© de raffinage de la Chine est estimĂ©e Ă  16,99 Mb/j (millions de barils par jour) en 2021, en hausse de 1,8 % en 2021 et de 30,5 % depuis 2011 ; elle se classe au 2e rang mondial avec 16,7 % du total mondial, derrière les États-Unis (17,6 %)[b 7].

Sinopec possèdait 41 % des capacitĂ©s de raffinage et CNPC 30 % en 2013. Sinopec Ă©tait, avec 5,5 Mb/j, le second raffineur mondial ; les autres NOC investissent activement pour augmenter leurs parts de marchĂ©, parfois en coentreprise avec des compagnies nationales (KoweĂŻt, Arabie saoudite, Russie, Qatar et Venezuela) ; Ă  l'inverse, Sinopec a acquis une part de 37,5 % dans la raffinerie saoudite de Yanbu et conclu des partenariats en Afrique du Sud et au BrĂ©sil ; CNPC a fait de mĂŞme Ă  Singapour et au Japon, et a investi dans des parts de raffineries et d'olĂ©oducs en Afrique en Ă©change de droits d'exploration et production[E 11].

Réserve stratégique

La Chine a décidé, dans son 10e plan quinquennal (2000-2005) de créer en 3 phases une réserve stratégique de pétrole brut de 500 millions de barils d'ici 2020. La phase 1, achevée en 2009, totalise 103 mb sur quatre sites, et la phase 2 ajoutera 169 Mb d'ici 2015. De plus, les stocks commerciaux de brut représentent entre 250 et 400 Mb[E 11].

RĂ©serves de gaz naturel

Les rĂ©serves prouvĂ©es de gaz naturel de la Chine Ă©taient estimĂ©es par BGR Ă  6 654 Gm3 (milliards de m3) fin 2020. Ces rĂ©serves classaient la Chine au 7e rang mondial avec 3,2 % du total mondial et au 1er rang en Asie-Pacifique devant la Malaisie et l'Australie[r 5]. Elles ont fortement progressĂ© : +137 % depuis 2010[16]. Elles reprĂ©sentent 32 annĂ©es de production au rythme de 2020[r 6].

Gaz non conventionnel : les rĂ©serves de gaz de schiste Ă©taient Ă©valuĂ©es de façon très grossières par l'EIA en 2013 Ă  1 275 Tcf (trillions de pieds cubes), soit plus que les rĂ©serves connues des États-Unis et du Canada rĂ©unies, mais les investigations de terrain restent Ă  leurs dĂ©buts ; des Ă©valuations gĂ©ologiques ont conclu que les rĂ©gions les plus prometteuses sont les bassins du Tarim, de l'Ordos et du Sichuan ; Shell, Chevron et ConocoPhillips, ainsi que de nombreux outsiders chinois ou Ă©trangers, sont dĂ©jĂ  engagĂ©s dans l'exploration du gaz de schiste en Chine ; mais le manque de gazoducs pour Ă©vacuer la production des Ă©ventuelles dĂ©couvertes sera un frein majeur pour le succès du gaz de schiste ; les rĂ©serves de gaz de houille sont Ă©galement importantes : 530 Tcf, et celles de gaz de rĂ©servoir compact (tight gas), plus modestes, ne sont pas nĂ©gligeables : 106 Tcf[17].

Bilan énergétique gaz naturel

BILAN ÉNERGÉTIQUE GAZ NATUREL 2020[1]
RESSOURCES PJ % EMPLOIS PJ %
Production d’énergie primaire6 74559,8 %Consommation branche Ă©nergie3 11027,6 %
Importations4 71841,8 %Consommation finale8 08071,6 %
Exportations-181-1,6 %Pertes920,8 %
Total ressources11 282100Total emplois11 282100
DĂ©tail consommation branche Ă©nergieDĂ©tail consommation finale
Production d'Ă©lectricitĂ©1 15937 %Industrie4 10851 %
CogĂ©nĂ©ration1 16337 %Transport1 09914 %
Usage propre branche Ă©nergie96431 %RĂ©sidentiel1 97724 %
Écarts statistiques-88-3 %Tertiaire5156 %
Usages non énergétiques3765 %

Production et importation de gaz naturel

Production et importation de gaz naturel de la Chine
Source : Agence internationale de l’énergie[1]

En 2021, la Chine a produit 209,2 Gm3 (milliards de m3) de gaz naturel, soit 7,53 EJ, en hausse de 8,1 % en 2021 et de 97 % depuis 2011. Elle se classe au 4e rang mondial avec 5,2 % de la production mondiale[b 8].

Source : BP[b 9].

En 2021, les importations ont atteint 162,7 Gm3, au 1er rang mondial (13,3 % du total mondial), dont 53,2 Gm3 par gazoducs et 109,5 Gm3 par voie maritime, sous forme de GNL. La croissance des importations chinoises est très rapide : elles ont Ă©tĂ© multipliĂ©es par 5,3 en dix ans et ont encore progressĂ© de 17,3 % en 2021[b 10]. Les importations par gazoducs provenaient en 2021 du Turkmenistan : 31,5 Gm3, de Russie : 7,6 Gm3, du Kazakhstan : 5,9 Gm3, d'OuzbĂ©kistan : 4,3 Gm3 et du Myanmar : 3,9 Gm3. Les importations par voie maritime provenaient d'Australie : 43,6 Gm3, des États-Unis : 12,4 Gm3, du Qatar : 12,3 Gm3, de Malaisie : 11,7 Gm3, d'IndonĂ©sie : 6,6 Gm3, de Russie : 6,2 Gm3, de Papouasie-Nouvelle-GuinĂ©e : 4,5 Gm3, etc[b 9].

Gaz naturel en Chine (milliards de m3)[18]
Année Production Importation nette Net disponible
199015,4-0,415
200027,4-324
200549,7-347
201096,516,4113
2011106,230,5137
2012111,540,8152
2013121,851,5173
2014131,257,5189
2015135,759,4195
2016137,973,5211
2017149,292,8242
2018161,5121,3284
2019177,6132,4310
2020194,0139,1333
2021209,2[b 8]162,7[b 10]372

Consommation de gaz

En 2021, la Chine a consommĂ© 378,7 Gm3 de gaz naturel, soit 13,63 EJ, en hausse de 12,8 % en 2021 et de 180 % depuis 2011. Elle se classe au 3e rang mondial avec 9,4 % de la consommation mondiale, derrière les États-Unis (20,5 %) et la Russie (11,8 %). Elle a produit 55,2 % du gaz qu'elle a consommĂ©[b 11].

Le gouvernement chinois s'est donnĂ© comme objectif de faire passer la part du gaz dans la consommation d'Ă©nergie primaire de 4 % en 2011 Ă  environ 8 % en 2015 et 10 % en 2020, afin de rĂ©duire la pollution due au charbon. La consommation s'est Ă©levĂ©e Ă  environ 5,2 Tcf (147 Mds m3) en 2012, en hausse de 11 % en un an, et le pays a importĂ© près de 1,5 Tcf (39 Mds m3). Bien que la majeure partie de la consommation de gaz soit le fait de l'industrie (48 % en 2011), la part du gaz dans la production d'Ă©lectricitĂ© et les consommations rĂ©sidentielles et de transport ont progressĂ© rapidement depuis dix ans. L'EIA prĂ©voit une progression de la demande Ă  7,8 Tcf (220 Mds m3) en 2020 et 17 Tcf (480 Mds m3) en 2040, soit un taux moyen annuel de +4 %[E 12].

Organisation du secteur gazier

Comme le secteur pétrolier, le secteur gazier est dominé par les trois compagnies d'état : CNPC, Sinopec et CNOOC. CNPC est la plus grande compagnie gazière du pays, aussi bien à l'amont qu'à l'aval ; sa part dans la production de gaz est de 73 %. Sinopec exploite le gisement de Puguang dans le Sichuan, l'un des plus prometteurs. CNOOC a dirigé la construction des trois premiers terminaux d'importation de GNL à Shenzhen, Fujian et Shanghai, et tient une part majeure dans la production de gaz offshore, via des accords de partage de production avec des compagnies étrangères, qui lui donnent le droit d'acquérir 51 % dans toutes les découvertes en offshore dès que le partenaire a récupéré ses coûts de développement[E 13].

Les prix du gaz, comme ceux du pétrole, sont réglementés et en général inférieurs à ceux du marché international. La Chine a pour politique de favoriser les usages industriels et la production d'engrais par des prix bas, tandis que les secteurs résidentiel et du transport paient des prix de marché plus élevé. La NDRC a mis en place un nouveau système rapprochant les prix intérieurs des prix du marché international, et la Chine a ouvert son premier marché de négoce de gaz naturel à court terme au Shanghai Petroleum Exchange en ; la réforme des prix, initiée en 2010 dans quelques villes, puis dans les provinces de Guangdong et Guangxi fin 2011, a été étendue à tout le pays en , avec une hausse des prix de 15 % hors secteur résidentiel[E 14].

Exploration et production de gaz naturel

Les principales régions productrices de gaz naturel sont :

  • le Sichuan (sud-ouest), oĂą les principales dĂ©couvertes rĂ©centes sont les gisements de Yuanba et Puguang, dĂ©veloppĂ©s par Sinopec, qui a dĂ©marrĂ© la production Ă  Puguang en 2010, a atteint en 2012 sa capacitĂ© maximale de 350 Bcf (9,9 Mds m3) et prĂ©voit de produire Ă  ce niveau pendant vingt ans ; Yuanba produira 120 Bcf (3,4 Mds m3) en 2016. Au Sichuan se trouvent Ă©galement cinq gisements de gaz Ă  haute teneur en soufre dans le bassin de Chuandongbei, pour l'exploitation duquel CNPC a signĂ© en 2007 un contrat de partage de production de 30 ans avec Chevron afin de mettre en service ce gisement techniquement difficile ; la mise en production a Ă©tĂ© repoussĂ©e Ă  plusieurs reprises et est prĂ©vue fin 2014 avec une production de 270 Bcf (7,6 Mds m3)[E 14].
  • le Xinjiang (nord-ouest), qui a produit 827 Bcf (23,4 Mds m3) en 2012 ; le bassin du Tarim a Ă©tĂ© la seconde zone de production en 2012 avec 680 Bcf (19 Mds m3), soit 18 % de la production chinoise ; selon CNPC, les deux principaux champs gaziers du bassin du Tarim, Kela-1 et Dina-2, ont des rĂ©serves prouvĂ©es de 16,2 Tcf (460 Mds m3) ; la rĂ©gion est encore sous-explorĂ©e, mais la structure gĂ©ologique complexe et l'Ă©loignement des centres de consommation rendent les coĂ»ts de dĂ©veloppement Ă©levĂ©s ; les deux olĂ©oducs ouest-est de CNPC, qui relient la rĂ©gion du Xinjiang Ă  Shanghai, Beijing et Guangdong, ont grandement Ă©tendu le potentiel du bassin du Tarim pour approvisionner les marchĂ©s de la Chine orientale. D'autres dĂ©couvertes Ă  haut potentiel ont Ă©tĂ© effectuĂ©es dans le bassin de Junggar au Xinjiang et le bassin de Qaidam dans la province de Qinghai[E 15].
  • le nord-est, avec la rĂ©gion pĂ©trolière et gazière de Changqing dans le bassin d'Ordos, première rĂ©gion productrice de gaz en Chine, avec le gisement de Sulige qui contient plus de 35 Tcf (990 Mds m3) de rĂ©serves prouvĂ©es ; bien que prĂ©sentant des difficultĂ©s techniques (faible permĂ©abilitĂ© et faible pression, nĂ©cessitant la fracturation hydraulique), la production a atteint 1 012 Bcf (28,7 Mds m3) en 2012, soit 27 % du total de la Chine. CNPC prĂ©voit de porter la production Ă  1236 Bcf (35 Mds m3) Ă  Changqing d'ici 2015. Total et Shell Oil ont des contrats de partage de production avec CNPC pour des projets de tight gas (gaz piĂ©gĂ© dans des formations rocheuses impermĂ©ables) dans les gisements de South Sulige et Changbei. Le champ gazier de Danuidi, exploitĂ© par Sinopec dans le bassin d'Ordos, a fortement accru sa production, atteignant 130 Bcf (3,7 Mds m3) en 2012. Dans le bassin de Songliao se trouve le gisement de pĂ©trole et de gaz de Daqing qui a produit 119 Bcf (3,4 Mds m3) en 2012. Dans cette zone, la Chine a lancĂ© des expĂ©rimentations de rĂ©injection de dioxyde de carbone produit par le gisement de gaz de Changqing pour amĂ©liorer la rĂ©cupĂ©ration du pĂ©trole du champ pĂ©trolier de Jilin[E 15].
  • en offshore : CNOOC a produit environ 200 Bcf (5,7Mds m3) en 2011 dans les eaux peu profondes de la Mer de Chine mĂ©ridionale, soit 57 % de sa production totale en Chine ; le principal gisement de cette rĂ©gion est Yacheng 13-1, source de choix pour les centrales Ă©lectriques de Hong-Kong, qui produit environ 125 Bcf (3,5 Mds m3/an), mais a dĂ©clinĂ© depuis 2007 ; d'autres gisements entrĂ©s en production en 2005 ont compensĂ© ce dĂ©clin. CNOOC projette d'explorer des gisements profonds dans le bassin du delta de la Rivière des Perles et le bassin de Qiongdongnan. En partenariat avec Husky Energy, CNOOC a entamĂ© le dĂ©veloppement du premier gisement en eau profonde : Liwan, prĂ©vu pour dĂ©marrer sa production commerciale en 2014 ; ses rĂ©serves sont estimĂ©es entre 4 et 6 Tcf (110 Ă  170 Mds m3) et sa production attendue Ă  180 Bcf (5 Mds m3/an) ; d'autres gisements en eau profonde tels que Panyu 34-1 alimenteront la plateforme de traitement de Liwan. D'autres IOCs (Chevron, BG, BP, Anadarko et Eni) ont signĂ© des contrats de partage de production pour des blocs en eau profonde dans cette rĂ©gion[E 15].

Gaz non conventionnels :

  • gaz de couche (coalbed methane) : les principales ressources sont dans les bassins du nord et du nord-est, le bassin du Sichuan au sud-est et les bassins de Junggar et du Tarim Ă  l'ouest. La production de 2012 Ă©tait de 441 Bcf (12,5 Mds m3), tirĂ©e des mines de charbon et de puits de surface, et la Chine vise 700 Bcf (20 Mds m3) fin 2015 selon l'AIE, portant les taux d'utilisation de 40 % Ă  60 %[E 16].
  • gazĂ©ification de charbon : la première usine de gazĂ©ification dĂ©marrera en 2014 Ă  Datang, dans la province de Mongolie-IntĂ©rieure ; trois autres usines sont prĂ©vues d'ici 2015 pour approvisionner Beijing en gaz. L'objectif de production pour 2015 est de 530 Bcf (15 Mds m3) ; Sinopec a lancĂ© la construction du plus grand projet de gazĂ©ification de charbon en Chine dans le Xinjiang avec une capacitĂ© de 2 800 Bcf (80 Mds m3) d'ici 2017. De nombreux autres projets sont en prĂ©paration, mais les coĂ»ts de capital Ă©levĂ©s pour les infrastructures associĂ©es, le manque de ressources en eau et les fortes Ă©missions de gaz Ă  effet de serre les rendent incertains[E 16].
  • gaz de schiste : les ressources sont situĂ©es surtout dans les bassins du Sichuan et du Tarim ainsi que dans les bassins du nord et du nord-est ; l'EIA les rĂ©serves techniquement rĂ©cupĂ©rables de gaz de schiste de la Chine Ă  1 115 Tcf (31 600 Mds m3), les plus importantes au monde ; les autres estimations sont infĂ©rieures, et le ministère chinois des Terres et des Ressources les Ă©valuait en 2012 Ă  883 Tcf (25 000 Mds m3). La production de gaz de schiste n'Ă©tait que de 1,8 Bcf (0,05 Mds m3) en 2012, issue de forages de tests dans le bassin du Sichuan ; les objectifs du ministère sont de 230 Bcf (6,5 Mds m3) fin 2015 et 2100 Bcf (60 Mds m3) en 2020, mais CNPC et Sinopec, qui contrĂ´lent 80 % des ressources, ne prĂ©voient que 95 Bcf (2,7 Mds m3) au total pour 2015. Les NOC sont en discussions avec plusieurs compagnies Ă©trangères pour acquĂ©rir les compĂ©tences techniques et les capitaux nĂ©cessaires : CNPC a signĂ© avec Shell en le premier contrat de partage de production pour le bloc de gaz de schiste de Fushun-Yonghchuan dans le bassin du Sichuan ; Shell a aussi des partenariats avec Sinopec et CNOOC sur deux autres gisements de gaz de schiste ; après avoir investi 950 M$ de 2011 Ă  2013 dans l'exploration du gaz de schiste en Chine, Shell prĂ©voit de dĂ©penser 1 Md $ par an sur cinq ans pour le dĂ©veloppement de ces ressources ; Sinopec mène aussi des explorations avec Chevron et ConocoPhillips dans les bassins du Qiannan et du Sichuan ; les NOC investissent Ă©galement dans des gisements de gaz et pĂ©trole de schiste en AmĂ©rique du Nord afin d'acquĂ©rir de l'expertise technique. La Chine a adjugĂ© ses premières licences de gaz de schiste en 2011 pour quatre blocs dans le bassin du Sichuan ; un deuxième appel d'offres mi-2012 a permis d'allouer 19 blocs Ă  16 compagnies chinoises, surtout des producteurs de charbon et d'Ă©lectricitĂ©, qui faute d'expĂ©rience devront conclure des partenariats avec les NOC ou des compagnies Ă©trangères[E 17].

Gazoducs

La Chine avait environ 32 000 miles (51 500 km) de gazoducs principaux Ă  la fin de 2012 ; ce rĂ©seau reste fragmentĂ©, bien que les NOC au dĂ©veloppement de l'interconnexion ; elles gèrent les artères principales, laissant les rĂ©seaux locaux aux compagnies de distribution locales. CNPC est le principal opĂ©rateur du rĂ©seau de transport, dont elle dĂ©tient plus des trois quarts, y compris les gazoducs ouest-est ; elle a rĂ©cemment Ă©tendu ses activitĂ©s vers l'aval. CNPC a construit trois gazoducs parallèles, les gazoducs Shan-Jing, reliant le bassin d'Ordos (nord) Ă  l'agglomĂ©ration de PĂ©kin (2011) ; son gazoduc Zhongwei-Guiyang transporte le gaz issu du gazoduc ouest-est depuis le centre-nord du pays jusqu'aux marchĂ©s du sud-ouest (2013) ; Sinopec joue un rĂ´le important dans la partie aval du transport, surtout dans la province du Sichuan[E 18].

Le gazoduc Ouest-est a Ă©tĂ© construit de 2002 Ă  2004 par CNPC pour approvisionner les rĂ©gions de l'Est et du Sud depuis les gisements des provinces de l'Ouest (bassins du Tarim, de Qaidam et d'Ordos) et des pays d'Asie centrale ; c'Ă©tait alors le plus long gazoduc de Chine : 2 500 miles (4 000 km) et sa capacitĂ© initiale Ă©tait de 420 Bcf/an (12 Mds m3/an). CNPC a construit un deuxième gazoduc Ouest-est, terminĂ© en 2011, pour connecter le gazoduc Asie centrale - Chine, Ă  la frontière du Kazakhstan, aux provinces du sud-ouest ; sa capacitĂ© est de 1,1 Tcf/an (31 Mds m3/an) et sa longueur totale dĂ©passe 5 200 miles (8 400 km), incluant sept ramifications majeures. CNPC a mis en chantier une troisième gazoduc ouest-est, qui devrait ĂŞtre opĂ©rationnel en 2015 ; il sera parallèle au second et aboutira aux provinces du sud-ouest : Fujian et Guangzhou ; il transportera 1,1 Tcf/an (31 Mds m3/an) de gaz d'Asie centrale et des gisements du Xinjiang. Des projets sont en prĂ©paration pour les quatrième et cinquième gazoducs avec une capacitĂ© de 1,6 Tcf/an chacun (45 Mds m3/an)[E 18].

La première voie d'importation de gaz a Ă©tĂ© le gazoduc Asie centrale - Chine (CAGP) mis en service fin 2009 sur 1 130 miles (1 820 km) pour acheminer 31 Mds m3/an de gaz du TurkmĂ©nistan, d'OuzbĂ©kistan et du Kazakhstan vers la frontière de la Chine (Xinjiang), oĂą il se connecte au second gazoduc ouest-est[E 19].

CNPC a investi dans des parts de gisements au TurkmĂ©nistan pour sĂ©curiser cet approvisionnement : elle exploite, sous contrat de production partagĂ©e, le gisement de BagtyĂ˝arlyk qui alimente le gazoduc d'Asie centrale - Chine ; en 2009, CNPC a obtenu l'autorisation de dĂ©velopper le gisement gĂ©ant de Galkynysh et a signĂ© un contrat avec la compagnie d'Ă©tat Turkmengaz. La Chine a importĂ© plus de 765 Bcf (22 Mds m3) du TurkmĂ©nistan et d'OuzbĂ©kistan en 2012 ; elle a signĂ© en 2013 un accord de fourniture de gaz avec le TurkmĂ©nistan pour porter les fournitures de 1,4 Tcf/an Ă  2,3 Tcf/an (65 Mds m3/an) en 2020 grâce Ă  la production de Galkynysh qui a dĂ©marrĂ© en [E 19].

Le gazoduc d'Asie centrale - Chine (CAGP) est en cours d'extension pour acheminer ces fournitures croissantes : en 2010, CNPC a signĂ© un accord avec l'OuzbĂ©kistan pour des livraisons de 350 Bcf/an (10 Mds m3/an) par un gazoduc qui se raccorde au CAGP. Le Kazakhstan et la Chine ont signĂ© en 2010 un accord de coentreprise pour construire un gazoduc depuis l'Ouest du Kazakhstan qui se connectera au CAGP, dont il constituera la 3e phase, ajoutant 880 Bcf/an (25 Mds m3/an) Ă  sa capacitĂ© en 2014 et alimentant le 3e gazoduc chinois ouest-est. CNPC a signĂ© en 2013 un autre accord avec Uzbekneftegaz, la compagnie pĂ©tro-gazière ouzbèke, pour construire une quatrième ligne du CAGP, qui ajoutera encore 25 Mds m3/an de capacitĂ© en 2016[E 19].

Le gazoduc Chine-Myanmar va diversifier les fournitures ; CNPC a signĂ© en 2008 avec le Myanmar un accord pour construire ce gazoduc de 1 123 miles (1 807 km) avec une capacitĂ© de 420 Bcf/an (12 Mds m3/an) depuis les gisements offshore du Myanmar jusqu'aux provinces mĂ©ridionales de la Chine : Yunnan et Guangxi ; la production initiale des gisements est de 5 Mds m3/an, dont 4 Mds m3/an destinĂ©s Ă  la Chine ; le gazoduc est entrĂ© en service en ; il devrait atteindre sa pleine capacitĂ© grâce au dĂ©veloppement de nouveaux champs gaziers adjacents au Myanmar[E 19].

CNPC a signé en 2006 avec Gazprom un mémorandum d'entente pour importer du gaz russe par gazoduc, mais les négociations ont buté sur des questions de prix et de parcours ; en , un accord cadre a été signé pour acheter 1,3 Tcf/an (37 Mds m3/an) acheminés par un gazoduc en Sibérie orientale, destiné à relier l'extrême-orient russe et l'île de Sakhaline à la Chine du nord-est ; les deux compagnies continuent à négocier le prix[E 20].

Le , la Chine (China National Petroleum Corporation - CNPC) a signé avec la Russie (Gazprom) un contrat géant d'achat de gaz sur 30 ans, à partir de 2018 ; le gaz sera acheminé via un nouveau gazoduc reliant la Sibérie aux métropoles de la cote Est chinoise ; le volume livré devrait gonfler jusqu'à atteindre 38 milliards de mètres cubes par an ; le montant total du contrat dépasserait 400 milliards de dollars (293 milliards d'euros)[19].

Terminaux méthaniers

Depuis que la Chine a construit son premier terminal de regazéification, Dapeng LNG, en 2006, les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) ont connu une croissance exponentielle, faisant de la Chine un des principaux importateurs mondiaux de GNL ; près de la moitié des importations chinoises de gaz naturel ont été livrées sous forme de GNL en 2012 : 706 Bcf (20 Mds m3) ont été importés (+20 %). La Chine, consommant plus de 6 % du commerce mondial de GNL, est devenue le 3e importateur mondial de GNL, dépassant l'Espagne en 2012. La capacité de régazéification était de 1,5 Tcf/an (42 Mds m3/an) fin 2013, et 20 Mds m3/an sont en cours de construction d'ici 2016 ; neuf terminaux sont en activité, cinq en construction et plusieurs autres en projet, bien que les prix du GNL soient plus élevés que ceux du gaz d'Asie centrale[E 20].

CNOOC a été pionnier dans le développement du GNL et reste un acteur majeur, avec six terminaux, dont celui de Ningbo dans la province de Zhejiang et celui de Zhuhai, tous deux entrés en service en 2013. CNOOC a mené à bien fin 2013 la construction de la première unité flottante de stockage et regazéification à Tianjin, plus coûteuse que les terminaux terrestres mais plus vite construite et apportant de la flexibilité. CNOOC construit deux terminaux GNL dans le sud : Hainan et Shenzhen/Diefu, et projette des extensions pour quatre de ses terminaux existants, ainsi que deux autres unités flottantes prévues pour 2014. CNPC est entré récemment sur le marché du GNL en inaugurant ses deux premiers terminaux, Dalian et Jiangsu, en 2011 ; un troisième, Tangshan, est entré en service fin 2013. Sinopec construit son premier terminal, Qingdao, pour 2014[E 21].

Les NOC doivent s'assurer des fournitures avant d'obtenir l'autorisation de construire un terminal, et la concurrence est vive avec les autres acheteurs, en particulier la CorĂ©e et le Japon. Les compagnies chinoises ont signĂ© des contrats Ă  long terme pour des livraisons de 5,2 Bcf/jour (150 Mm3/jour) d'ici 2030, la plupart avec des sociĂ©tĂ©s asiatiques s'approvisionnant en GNL d'IndonĂ©sie, Malaisie, Australie et Papouasie-Nouvelle-GuinĂ©e. Elles ont Ă©galement investi dans des parts de capital de projets de liquĂ©faction en Australie : CNOOC possède 50 % du projet Queensland Curtis LNG et Sinopec 25 % d'Australia Pacific LNG ; ces deux terminaux devraient dĂ©marrer en 2015. La Chine diversifie ses importations de GNL : le Qatar a Ă©tĂ© en 2012 le premier fournisseur de GNL de la Chine, fournissant plus du tiers de la demande chinoise ; par ailleurs, certains contrats Ă  long terme avec des majors pĂ©troliers ne sont pas liĂ©s Ă  une source particulière. La Chine a commencĂ© Ă  rechercher des ressources en gaz de schiste d'AmĂ©rique du Nord, investissant dans l'exploration et la production et des projets de GNL au Canada ; CNPC possède 20 % du projet LNG Canada et CNOOC, Ă  travers sa filiale canadienne Nexen, a achetĂ© des terrains dans l'ouest canadien en vue de construire un terminal mĂ©thanier de liquĂ©faction[E 21].

La croissance de la demande chinoise et la tension sur le marchĂ© mondial du GNL ont conduit Ă  une hausse des prix d'importation du GNL : 10,43 $/million de Btu en 2012 en moyenne, et beaucoup plus pour les terminaux les plus rĂ©cents : plus de 17 $/MBtu Ă  Jiangsu et Dalian[E 21].

RĂ©serves d'uranium et de thorium

Les rĂ©serves prouvĂ©es rĂ©cupĂ©rables d'uranium de la Chine Ă©taient estimĂ©es en 2015 Ă  272 500 tonnes U (tonnes d'uranium contenu), soit 5 % des rĂ©serves mondiales, au 8e rang mondial, très loin derrière l'Australie (29 %) et le Kazakhstan (13 %)[20].

Pour les rĂ©serves de thorium, elle est au 11e rang : 100 000 tonnes de rĂ©serves estimĂ©es en 2014, soit 1,6 % des rĂ©serves mondiales[21].

La prospection a été très active depuis plus de 50 ans ; les principaux gisements sont dans les provinces du Jiangxi et du Guangdong au sud-est, du Liaoning au nord-est et du Xinjiang et de la Mongolie Intérieure au nord[WEC 2].

En juin 2022, la Compagnie nuclĂ©aire nationale chinoise annonce la dĂ©couverte de rĂ©serves très importantes d'uranium : Mt (millions de tonnes), soit dix fois les rĂ©serves actuelles de la Chine, qui produit seulement environ un tiers de sa consommation d’uranium, dans des mines considĂ©rĂ©es comme relativement pauvres et complexes Ă  exploiter[22] - [23]. Les nouvelles rĂ©serves d’uranium ont Ă©tĂ© trouvĂ©es Ă  une profondeur jamais vue auparavant : 1 500 m, ce qui remet en question les thĂ©ories dominantes sur les formations de gisements d’uranium. Li Ziying, directeur de l’Institut de recherche de PĂ©kin sur la gĂ©ologie de l’uranium et ses collègues ont dĂ©couvert que l’uranium pouvait remonter directement du manteau terrestre et se retrouver piĂ©gĂ© dans de petits « points chauds » Ă  plusieurs milliers de mètres sous terre lors de collisions tectoniques massives[24].

Production et importation d'uranium

La production d'uranium de la Chine se classait en 2016 au 8e rang mondial avec 1 616 tonnes U, soit 2,6 % de la production mondiale, loin derrière le Kazakhstan (24 575 tonnes U et le Canada (14 039 tonnes U) ; elle progresse rapidement : 712 tonnes U en 2007, 827 tonnes U en 2010, 1 500 tonnes U en 2012[25].

Pour alimenter son parc nuclĂ©aire dont la capacitĂ© sera multipliĂ©e par cinq de 2012 Ă  2020, elle importe une part croissante de ses besoins, achetant une grande partie de la production du Kazakhstan, de la Namibie, d’Australie et d’OuzbĂ©kistan. Le Canada a rĂ©cemment acceptĂ© de lever des restrictions et d’exporter davantage d’uranium Ă  la Chine. Ces 5 pays produisent 75 % de l’uranium extrait aujourd’hui dans le monde. L'Ă©lectricien chinois CNNC est en nĂ©gociation avec AREVA pour acheter une participation de 10 % dans la mine gĂ©ante d’Imouraren au Niger, qui devrait ĂŞtre la 2e plus grande mine d’uranium du monde, avec une production prĂ©vue de 5 000 tonnes d'uranium par an, après son lancement prĂ©vu fin 2014[26].

Les compagnies chinoises SinoU et CGN-URC ont pris des participations au capital de mines d'uranium au Kazakhstan (49 % dans les mines d'Irkol et Semizbai en 2008 et 2009, projet de 49 % dans la mine de Zhalpak), au Niger (62 % Azelik en 2010, aujourd'hui fermée, 25 % au moins dans la mine d'Imouraren), en Namibie (25 % au moins dans la mine Langer Heinrich en 2014, 90 % dans celle d'Husab en 2016), en Ouzbékistan (50 % dans le projet de Boztau) et au Canada (20 % dans le projet de Patterson Lake dont la production devrait commencer en 2023)[27].

La Chine construit des installations de retraitement de combustibles nucléaires qui devraient entrer en service en 2017[E 22].

Biomasse

En 2020, la biomasse (bois, dĂ©chets agricoles et urbains…) reprĂ©sentait 4,8 % de la production d'Ă©nergie primaire de la Chine et couvrait 3,8 % de sa consommation finale d'Ă©nergie, plus 1,7 % de sa production d'Ă©lectricitĂ© et 0,2 % de sa production de chaleur de rĂ©seau[1]. En particulier, la mĂ©thanisation de matières organiques dans les zones rurales fournissait 2 424 GWh en 2017[28]. Une estimation de 2008 indiquait que plus de 30 millions de digesteurs fournissaient alors 1,2 % de l'Ă©nergie totale du pays[29], et une Ă©volution vers des unitĂ©s plus grosses et plus centralisĂ©es a Ă©tĂ© constatĂ©e dans les dix annĂ©es suivantes[30].

Solaire thermique

Cumulus dont l'eau est chauffée par le soleil, à Weihai au Nord-Est de la Chine

La Chine est très largement en tête des pays producteurs de chaleur d’origine solaire : fin 2016, la puissance installée cumulée des capteurs solaires thermiques en Chine atteignait 71 % du total mondial ; mais elle est seulement au 8e rang mondial pour sa puissance solaire thermique par habitant[31].

GĂ©othermie

La Chine disposait fin 2008 d'installations gĂ©othermiques (utilisation directe) de 8 898 MWth installĂ©s, produisant 75 348 TJ/an, soit 17,5 % du total mondial[WEC 3]. 300 gisements ont Ă©tĂ© explorĂ©s ; les ressources Ă  haute tempĂ©rature sont surtout concentrĂ©es dans le sud du Tibet et l'ouest du Yunnan et du Sichuan, alors que les ressources Ă  tempĂ©rature moyenne sont rĂ©parties sur toute la zone cĂ´tière. Environ la moitiĂ© de la capacitĂ© installĂ©e est utilisĂ©e pour les bains et piscines, le 2e usage est le chauffage urbain ; d'autres usages sont le sĂ©chage des rĂ©coltes, l'Ă©levage piscicole, le chauffage des serres et la chaleur pour process industriel. L'utilisation des pompes Ă  chaleur gĂ©othermiques (PCG) s'est accru de façon spectaculaire depuis quelques annĂ©es, en particulier pour les jeux olympiques de 2008 ; fin 2009, la capacitĂ© installĂ©e en PCG atteignait 5,2 GWth, très supĂ©rieure Ă  celle des autres usages. par contre, la production d'Ă©lectricitĂ© est peu dĂ©veloppĂ©e : la seule centrale gĂ©othermique est Ă  Yangbajain (Tibet), avec une puissance de 24 MWe et une production de 125 GWh/an. L'Islande a apportĂ© son expertise pour divers projets, en particulier un chauffage urbain de 250 000 m2 dans la province de Hebei[WEC 4].

Consommation d'Ă©nergie primaire

La consommation chinoise d'énergie primaire était en 2020 répartie en 87,2 % d'énergies fossiles (60,6 % de charbon, 18,9 % de pétrole et 7,7 % de gaz naturel) ; 2,7 % de nucléaire et 10,1 % d'énergies renouvelables : 3,8 % de biomasse et déchets, 3,2 % d'hydroélectricité et 3,0 % d'autres renouvelables (solaire et éolien), selon l'Agence internationale de l'énergie[1] ; elle représentait 23,5 % de la consommation mondiale en 2019 contre 7,1 % en 1973[k 12] et 26,6 % en 2021[b 12].

La consommation d'Ă©nergie primaire par habitant Ă©tait de 101,5 GJ (Gigajoules) en Chine en 2019, supĂ©rieure de 28 % Ă  la moyenne mondiale : 79,1 GJ, mais infĂ©rieure de 64 % Ă  celle des États-Unis : 282 GJ[k 1].

Consommation d'Ă©nergie primaire en Chine par source (PĂ©tajoules)
Source 1990 % 2000 % 2010 % 2015 2019 2020 % 2020 var.
2020/1990
Charbon22 21260,727 83158,874 96170,683 70386 99189 10160,6 %+301 %
PĂ©trole4 97313,69 24519,517 91816,922 55629 70527 84118,9 %+460 %
Gaz naturel5361,58691,83 7423,56 64010 50411 2827,7 %+2005 %
Sous-total fossiles27 72175,837 94580,296 62191,0112 899127 200128 22487,2 %+363 %
NuclĂ©aire001830,48060,81 8633 8003 9962,7 %ns
Hydraulique4561,28011,725612,44 0124 5814 7583,2 %+943 %
Biomasse-dĂ©chets8 39222,98 29717,55 5815,34 7585 3055 6083,8 %-33 %
Solaire-Ă©olien1,4ns1110,26650,62 0574 0414 4743,0 %x3196
Sous-total EnR8 84924,29 20919,58 8078,310 82713 92714 84010,1 %+68 %
Solde Ă©ch. Ă©lec.70,02-30-0,06-49-0,05-45-16-16-0,01 %ns
Total36 57710047 306100106 185100125 544142 471147 044100 %+302 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[1]
Solde éch. élec. = Solde des échanges internationaux d'électricité.

En utilisant des conventions différentes, BP donne les consommations suivantes :

Consommation d'Ă©nergie primaire en Chine par source (EJ)
Source 2018 2019 2020 2021 % 2021
Charbon79,8381,7982,3886,1754,7 %
PĂ©trole26,5827,9428,7430,6019,4 %
Gaz naturel10,1911,1012,1213,638,6 %
Nucléaire2,643,113,323,682,3 %
Hydraulique10,7311,3412,5012,257,8 %
Autres EnR5,816,758,5211,327,2 %
Total135,77142,03147,58157,65100 %
Source des données : BP[b 13].

BP, comme l'Energy Information Administration américaine, ne prend en compte que les énergies commercialisées, ce qui exclut presque entièrement la biomasse et les déchets ; par contre, elle valorise mieux les énergies renouvelables électriques en leur affectant des rendements de transformation identique à ceux des combustibles fossiles ; ces conventions sont quasiment identiques à celles de l'EIA américaine (voir bilan énergétique).

Le gouvernement fixe comme objectif de porter la part des énergies non-fossiles (énergies renouvelables + nucléaire) dans la consommation d'énergie (10 % en 2012) à 15 % en 2020 et 30 % en 2030 afin de réduire la part du charbon[E 23].

L'EIA prévoit que la part du charbon dans le mix énergétique sera ramenée à 62 % en 2020 et 55 % en 2040 grâce à l'amélioration attendue de l'efficacité énergétique et aux efforts de la Chine pour réduire son intensité carbone (émissions de carbone par unité de PIB). Malgré cela, la consommation de charbon devrait encore progresser de 50 % sur cette période, du fait de la forte croissance de la consommation totale d'énergie[E 23].

De l'énergie primaire consommée à l'énergie finale consommée

Tous les flux, de la production d'énergie primaire à la consommation finale d'énergie par les utilisateurs, peuvent se résumer en un tableau sous forme de bilan Ressources/Emploi, dénommé "bilan énergétique national" :

BILAN ÉNERGÉTIQUE 2020[1]
RESSOURCES PJ % EMPLOIS PJ %
Production d’énergie primaire117 06679,6 %Consommation branche Ă©nergie53 55436,4
Importations37 96625,8 %Consommation finale non Ă©nergĂ©tique8 3265,7
Exportations-3 303-2,2 %Consommation finale Ă©nergĂ©tique83 35756,7
Stocks et Soutes-4 685-3,2 %Écarts statistiques1 8071,2
Total ressources147 044100 %Total emplois147 044100

Les soutes sont les consommations d'Ă©nergie des transports internationaux (air et mer). Les consommations de la branche Ă©nergie comprennent :

  • les pertes de conversion, en particulier celles des centrales Ă©lectriques (22 411 PJ) et des centrales de cogĂ©nĂ©ration (12 439 PJ) ; ces centrales consomment 68 201 PJ d'Ă©nergie primaire (dont 52 330 PJ de charbon, soit 59 % de la consommation nationale de charbon) pour produire 27 962 PJ d'Ă©nergie Ă©lectrique et 5 389 PJ de chaleur ; les pertes de conversion des raffineries sont de 472 PJ et celles des usines Ă  gaz de 701 PJ ;
  • la production de coke du charbon, qui consomme 7 304 PJ ;
  • l'utilisation d'Ă©nergie pour les besoins propres de l'industrie Ă©nergĂ©tique (auxiliaires des centrales Ă©lectriques, pompes des olĂ©oducs et gazoducs, etc) : 8 525 PJ ;
  • les pertes de transport : 1 322 PJ.

Les consommations non énergétiques sont surtout celles de la chimie.

Énergie finale consommée

Répartition par énergie de l'énergie finale consommée

Consommation finale de la Chine par Ă©nergie en 2020[1] :

  • Charbon (26,3 %)
  • PĂ©trole (26,5 %)
  • ÉlectricitĂ© (27,0 %)
  • Gaz naturel (8,8 %)
  • Chaleur (5,5 %)
  • Biomasse, dĂ©chets (3,8 %)
  • EnR thermiques (2,0 %)

Après la transformation en électricité de la moitié des ressources charbonnières, le charbon constitue la troisième énergie au stade la consommation finale (en utilisation directe) : 26,3 % en 2020 (surtout dans l'industrie), derrière l'électricité (27 %) et le pétrole (26,5 %). La consommation finale d'énergie a progressé de 233 % en 30 ans, soit +4,1 % par an[1].

Consommation finale d'Ă©nergie en Chine par Ă©nergie (PJ)
Source 1990 % 2000 % 2010 % 2015 2019 2020 % 2020 var.
2020/1990
Charbon13 03847,411 49135,129 80443,331 80524 04124 12626,3 %+85 %
Prod. pĂ©troliers3 54212,97 55223,115 45022,420 43323 81024 31826,5 %+587 %
Gaz naturel3711,35181,63 0694,54 4327 5198 0808,8 %+2078 %
Biomasse-dĂ©chets8 39230,58 24225,25 0467,33 7803 5003 5133,8 %-58 %
Autres EnR thq*1,3ns1050,34970,71 2411 7561 8342,0 %ns
ÉlectricitĂ©1 6345,93 73211,412 42318,017 69423 64524 74127,0 %+1414 %
Chaleur5532,01 0683,32 5843,83 4874 6615 0725,5 %+817 %
Total27 53110032 70810068 87310082 87388 93091 683100 %+233 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[1]
* Autres énergies renouvelables thermiques : solaire thermique, géothermie, etc

L'industrie consomme surtout du charbon : 43 % et de l'électricité : 33 %.

Les transports consomment bien entendu surtout des produits pétroliers : 86 % ; le gaz naturel a une part de 8,1 %, la biomasse 1,0 % (biocarburants) et l'électricité 4,6 % (chemins de fer, tramways).

Le secteur résidentiel (logements des ménages) consomme surtout de l'électricité : 27 %, qui progresse rapidement (16 % en 2010) ; ensuite viennent la « biomasse et déchets » : 22 % (42 % en 2010), qui désigne surtout le bois, le gaz naturel : 13 % (6,8 % en 2010), les produits pétroliers : 10 % (8 % en 2010), le charbon : 9 %, en recul (18 % en 2010), les énergies renouvelables (chauffe-eau solaires, etc) : 9,8 % (3,4 % en 2010), la chaleur des réseaux de chauffage urbain : 9,2 % (5,7 % en 2010)[1].

Répartition par secteur de l'énergie finale consommée

Consommation finale d'Ă©nergie en Chine par secteur (PJ)
Filière 1990 % 2000 % 2010 % 2015 2020 % 2020 % 2020
en France
[32]
var.
2019/1990
Industrie9 79135,612 62838,638 68756,242 74244 96449,0 %18,7 %+359 %
Transport1 2654,63 50210,78 25312,012 14113 62614,9 %27,7 %+977 %
RĂ©sidentiel12 17644,211 62835,611 75917,113 29315 35916,8 %26,3 %+26 %
Tertiaire6482,49883,02 3023,33 2493 7734,1 %14,5 %+482 %
Agriculture1 2204,47812,41 4262,11 7121 8172,0 %3,3 %+49 %
Non spĂ©cifiĂ©6382,37702,41 7312,52 5273 8184,2 %0,4 %+498 %
Usages non Ă©nergĂ©tiques (chimie)1 7956,52 4107,44 7156,86 8898 3269,1 %9,1 %+364 %
Total27 53310032 70710068 87310082 55391 683100 %100 %+233 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[1]

La comparaison avec la France est révélatrice des profondes différences dans la structure des deux économies : prépondérance de l'industrie en Chine, des déplacements (transport) et du logement (résidentiel) en France. Cependant, les taux de croissance les plus élevés en Chine sont ceux du transport et du tertiaire, ce qui indique une évolution rapide vers une structure moderne. La progression de la part de l'industrie aux dépens de celle du résidentiel dénote l'intensité du processus d'industrialisation ; cette évolution devrait s'inverser à l'avenir, le gouvernement ayant décidé un rééquilibrage du développement en faveur de la consommation des ménages.

Secteur Ă©lectrique

Production d'électricité

Production d'électricité par source en Chine
Source : Agence internationale de l'Ă©nergie[4], BP[b 14] pour 2021.
Voir aussi plus bas graphique détaillé sur les EnR

Selon les estimations de BP, la Chine a produit et 8 534,3 TWh en 2021 (+10 %) ; cette production a progressĂ© de 81 % en dix ans (2011-2021) ; elle reprĂ©sente 30,0 % de la production mondiale en 2021[b 15]. Elle provient pour 65,9 % des combustibles fossiles (charbon 62,6 %, gaz naturel 3,2 %), pour 4,8 % des centrales nuclĂ©aires et pour 28,7 % des Ă©nergies renouvelables (hydraulique 15,2 %, autres 13,5 %)[b 14], dont Ă©olien : 7,7 %, solaire : 3,8 % et biomasse-dĂ©chets : 2,0 %[b 16].

En 2020, la production brute d'Ă©lectricitĂ© en Chine s'Ă©levait Ă  7 801 TWh, les centrales thermiques fossiles en produisant 66,8 % (dont charbon : 63,3 %), les centrales nuclĂ©aires 4,7 % et les EnR 28,4 % (hydroĂ©lectricitĂ© : 17,4 %, Ă©olien : 6,0 %, solaire : 3,3 % et biomasse-dĂ©chets : 1,7 %[4].

Évolution de la production brute d'électricité en Chine (TWh)
Énergie 1990 % 2000 % 2010 % 2015 2020 % 2020 var.
2020/1990
Charbon441,371,01 060,478,23 239,877,04 109,04 941,363,3 %+1020 %
PĂ©trole50,48,147,33,514,90,49,711,60,1 %-77 %
Gaz naturel2,80,45,80,478,11,9145,3256,13,3 %+9144 %
Total comb. fossiles494,579,61 113,482,13 332,779,24 263,95 209,166,8 %+953 %
Nucléaire0016,71,273,91,8170,8366,34,7 %ns
Hydraulique126,720,4222,416,4722,217,21 130,31 355,217,4 %+969 %
Biomasse002,40,224,80,652,7132,71,7 %ns
Déchets renouv.0000--0,010,02εns
Solaire PV000,02ns0,70,0239,5260,53,3 %ns
Solaire thermodyn.------0,031,70,02 %ns
Éolien000,60,0544,61,1185,8466,56,0 %ns
Total EnR126,720,4225,516,6801,519,01 419,42 216,728,4 %+1648 %
DĂ©chets non renouv.00009,10,211,08,50,1 %ns
Total prod.brute621,31001 355,71004 208,01005 854,27 800,6100 %+1156 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[4].

La prépondérance du thermique fossile (charbon pour l'essentiel) est écrasante. Toutefois, les autorités déploient des efforts de plus en plus importants pour échapper à cette dépendance : développement de l'hydroélectricité, puis du nucléaire, et enfin de l'éolien et du solaire. Depuis 2000, la part du thermique fossile a baissé de 15,3 points ; le nucléaire a gagné 3,5 points, l'hydraulique 1,0 point et les autres EnR 10,8 points.

En 2019, la production d'Ă©lectricitĂ© atteignait 566 TWh en France[k 10]. La Chine produisait donc 13,3 fois plus d'Ă©lectricitĂ© ; mais elle avait une population 20,7 fois plus nombreuse[k 1] ; sa production par habitant correspondait donc seulement Ă  64 % de celle de la France.

La Chine est le premier producteur mondial d'électricité depuis 2011 avec 21,5 % de la production mondiale d'électricité, part portée à 27,7 % en 2019[k 10].

La puissance installĂ©e de la Chine Ă©tait estimĂ©e Ă  1 145 GW au dĂ©but de 2013 ; elle a plus que doublĂ© par rapport Ă  2005 (524 GW) ; l'EIA prĂ©voit qu'elle atteindra 2 265 GW en 2040[E 24].

Organisation du secteur

En 2002, le gouvernement chinois a démantelé le monopole State Power Corporation (SPC) en unités séparées de production, transport et services ; depuis cette réforme, la production est contrôlée par cinq compagnies publiques : China Huaneng Group, China Datang Group, China Huadian Corporation, Guodian Power et China Power Investment, qui produisent environ la moitié de l'électricité du pays ; le restant est produit pour l'essentiel par des producteurs d'électricité indépendants (IPPs), souvent en partenariat avec des filiales de droit privé des compagnies d'état. Les réformes ont ouvert le secteur à l'investissement étranger, bien que de façon encore limitée[E 25].

Lors des réformes de 2002, SPC a divisé ses actifs de transport et distribution en deux compagnies : Southern Power Grid Company et State Power Grid Company, qui exploitent les sept réseaux électriques du pays. State Power Grid exploite les réseaux de transport du nord, et Southern Power Grid ceux du sud. La State Electricity Regulatory Commission (SERC) est responsable de l'application de la réglementation dans le secteur et de la promotion des investissements et de la concurrence afin de réduire les pénuries d'électricité ; la SERC a été absorbée en par la NEA. La Chine cherche à améliorer l'efficacité du système et les interconnexions par la construction de lignes à très haute tension, ainsi qu'à développer un plan de smart grid, avec une première phase terminée en 2012 et d'autres phases jusqu'à 2020[E 25].

Les prix de gros et de détail sont fixés par la NDRC, qui fixe également les prix du charbon destiné à la production d'électricité. En 2011, des prix de charbon élevés et des prix d'électricité bas ont causé des pertes financières pour les producteurs d'électricité ; en 2012, les prix du charbon ont été abaissés ; le gouvernement a alors baissé les prix de gros de l'électricité produite à partir de charbon et relevé ceux de l'électricité produite à partir de gaz ; les gains de coût doivent financer les énergies renouvelables ; de plus, la NDRC a augmenté les suppléments tarifaires destinés à financer les énergies renouvelables sur tous les consommateurs finaux sauf les résidentiels et agricoles[E 25].

La commission chargĂ©e de l'administration et de la supervision des biens de l'État (Sasac), qui pilote les grandes entreprises publiques, a autorisĂ© la fusion de Shenhua, l'un des grands producteurs de charbon du pays et d'Ă©lectricitĂ© Ă  base de combustible fossile, avec le producteur plus diversifiĂ© China Guodian ; le gouvernement chinois poursuit ainsi sa stratĂ©gie de rĂ©duction du nombre d'entreprises d'État, via des projets de fusion, pour consolider financièrement ses entreprises et les prĂ©parer Ă  aller Ă  la conquĂŞte des marchĂ©s Ă©trangers. Le nouvel ensemble est baptisĂ© National Energy Investment Corp. (NEIC) ; ses capacitĂ©s de production d'environ 225 GW en font le plus grand producteur d'Ă©lectricitĂ© au monde, loin devant EDF (130 GW) ; elles se rĂ©partissent en 77 % de centrales au charbon, 14 % d'Ă©olien, 8 % d'hydroĂ©lectricitĂ© et 1 % de solaire[33].

Thermique fossile

Centrale Ă  charbon de Junliangcheng (Tianjin), 2010

Les combustibles fossiles ont fourni 65,9 % de la production d'Ă©lectricitĂ© en 2021 (charbon 62,6 %, gaz naturel 3,2 %). La production thermique fossile de la Chine atteint 5 624 TWh (dont 5 339 TWh de charbon)[b 16]. La production des centrales Ă  charbon a Ă©tĂ© multipliĂ©e par 11,2 de 1990 Ă  2020 et celle des centrales Ă  gaz par 92,4[4].

Le gouvernement a fermĂ© 80 GW de centrales petites et peu efficaces entre 2005 et 2010 ; il prĂ©voit de continuer Ă  moderniser le parc avec des unitĂ©s de plus grande taille, plus efficaces et des unitĂ©s Ă  technologie avancĂ©e supercritiques. Afin d'attĂ©nuer les graves problèmes de pollution de l'air, la construction de nouvelles centrales Ă  charbon a Ă©tĂ© interdite autour des trois principales villes : PĂ©kin, Shanghai, et Guangzhou ; PĂ©kin prĂ©voit de remplacer toutes ses centrales charbon (2,4 GW) par des centrales Ă  gaz d'ici fin 2014. L'EIA prĂ©voit que la Chine va construire plus de 450 GW supplĂ©mentaires au charbon d'ici 2040[E 26].

Alors que la presse officielle chinoise met en avant des fermetures de centrales et annulation de projets, conformĂ©ment au plan de rĂ©duction des surcapacitĂ©s dĂ©cidĂ© par PĂ©kin, les capacitĂ©s des centrales Ă  charbon en Chine continuent de s'accroĂ®tre, selon l'AIE ; en 2015, annĂ©e de forte baisse de la production en Chine, non seulement les permis et commandes de nouvelles centrales au charbon n'ont pas diminuĂ©, mais ils se sont accĂ©lĂ©rĂ©s, avec plus de 100 centrales au charbon, et les capacitĂ©s de production des centrales excèdent dĂ©jĂ  de 40 % les pics de demande. La cause de cette incohĂ©rence est le transfert du pouvoir d'approbation des centrales au charbon du gouvernement central aux autoritĂ©s provinciales en ; or ces dernières n'ont pas intĂ©rĂŞt Ă  fermer des unitĂ©s ou Ă  annuler des projets, car tout nouveau site soutient l'Ă©conomie locale et l'emploi ; de plus, la construction d'une centrale en Chine ne coĂ»te pas très cher (600 $/kW) et les entreprises publiques n'ont pas de mal Ă  trouver des financements. La Chine continue donc Ă  accroĂ®tre ses capacitĂ©s (70 GW par an sur un parc existant d'environ 900 GW), et les 2 689 sites ne seraient utilisĂ©s que la moitiĂ© du temps[34].

Le rapport annuel 2020 sur le charbon de l'AIE rĂ©vèle qu'au cours des neuf premiers mois de 2020, 27 GW de nouvelles capacitĂ©s de production d'Ă©lectricitĂ© au charbon ont Ă©tĂ© approuvĂ©s, soit sept fois plus qu'en 2019. Tous les ans, la Chine ouvre une trentaine de gigawatts de nouvelles centrales Ă©lectriques brĂ»lant du charbon, soit une nouvelle centrale toutes les deux semaines ; les nouvelles installations sont plus efficaces et Ă©mettent moins de CO2 que les anciennes, mais face Ă  une telle masse, l'essor des Ă©nergies renouvelables ne suffit pas. Selon l'AIE, « le charbon continuera Ă  ĂŞtre la pierre angulaire de l'approvisionnement en Ă©lectricitĂ© au cours des prochaines dĂ©cennies »[35].

Voici la liste des dix plus grandes centrales Ă  charbon de Chine :

CentraleProvincePuissance installée (MW)UnitésExploitant(s)
Centrale thermique de TuoketuoMongolie-IntĂ©rieure5 400[36] - [37] - [38]8*600, 2*300 en service, 2*600 en constructionChina Datang Corporation
Centrale thermique de BeilunZhejiang5 000[39]5*600, 2*1000 en serviceChina Guodian Corporation
Centrale de Guohua TaishanGuangdong5 000[40]5*600, 2*1000 en serviceGuohua Group
Centrale thermique de WaigaoqiaoShanghai5 0004*300, 2*900, 2*1000 en serviceChina Power Investment
Centrale thermique de JiaxinZhejiang5 0002*300, 4*600, 2*1000 operationalZhejiang Jiahua
Centrale thermique de YangchengShanxi4 6206*350, 2*600 en service, 2*660 en constructionChina Datang Corporation
Centrale thermique de ZouxianShandong4 4004*335, 2*600, 2*1000 en serviceHuadian Group
Centrale thermique de NinghaiZhejiang4 4004*600, 2*1,000 en serviceGuohua
Centrale thermique de HoushiFujian4 2007*600 en serviceHuayang Group
Centrale thermique de YuhuanZhejiang4 0004*1,000 en serviceHuaneng
Production et puissance installée

Au 6 janvier 2023, la Chine exploite 55 rĂ©acteurs nuclĂ©aires opĂ©rationnels, totalisant 52 170 MW de puissance installĂ©e[41], et compte 18 rĂ©acteurs nuclĂ©aires en construction totalisant 18 526 MW[42], ce qui la place au 3e rang en nombre de rĂ©acteurs en service et en capacitĂ© de production derrière les États-Unis et la France[41], et au 1er rang en nombre et capacitĂ© des rĂ©acteurs en construction, devant l'Inde (8 rĂ©acteurs en construction), la Russie (4 rĂ©acteurs), la Turquie (4 rĂ©acteurs), la CorĂ©e du Sud (3 rĂ©acteurs) et 13 autres pays[42]. La Chine compte 22 sites nuclĂ©aires de production d'Ă©lectricitĂ©[43].

Selon le rapport annuel de l'Association nuclĂ©aire mondiale, la puissance installĂ©e des centrales nuclĂ©aires chinoises a progressĂ© de 13 % en 2021, passant de 46 GW Ă  52 GW, classant la Chine au 3e rang mondial après les États-Unis (94 GW) et la France (61 GW). Au 1er juillet 2022, sur les 56 rĂ©acteurs nuclĂ©aires en cours de construction dans le monde, 20 sont en Chine, totalisant 20,6 GW sur 57,6 GW. Sur les 10 nouveaux projets lancĂ©s dans le monde en 2021, 6 Ă©taient chinois, et la Chine est le seul pays Ă  avoir dĂ©marrĂ© la construction de nouveaux rĂ©acteurs (3 REP) au premier semestre 2022. La Chine a multipliĂ© par dix le nombre de ses centrales depuis vingt ans, et par six sa production d'Ă©lectricitĂ© depuis 2010. Son 14e plan quinquennal (2021-2025) fixe l'objectif de doubler la part du nuclĂ©aire dans la production d'Ă©lectricitĂ©, pour la faire passer Ă  10 % en 2035. La première connexion du petit rĂ©acteur modulaire (SMR) de Shidao Bay, dans le Shandong, a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e en dĂ©cembre 2021[44].

En 2021, la Chine est passée du 3e rang au 2e rang des producteurs d'électricité nucléaire (14,5 % du total mondial), derrière les États-Unis (29,2 %), dépassant pour la première fois la France(13,6 %)[b 13].

Le 20 avril 2022, le Conseil d'État approuve la construction de six nouveaux réacteurs : Sanmen 3 et 4, Haiyang 3 et 4 et Lufeng 5 et 6 ; les 4 premiers seront des CAP1000, version chinoise de l'AP1000, et les deux derniers des Hualong-1[45].

Avec une production brute d’électricitĂ© d’origine nuclĂ©aire s'Ă©levant Ă  407,14 TWh en 2021, soit 5 % de la production d'Ă©lectricitĂ© de la Chine[43], le pays se situe au 2e rang des pays producteurs d'Ă©nergie Ă©lectrique d'origine nuclĂ©aire derrière les États-Unis (787,4 TWh) et devant la France (360,7 TWh)[46].

Le prĂ©sident Xi Jinping s'engage en septembre 2020 Ă  atteindre la neutralitĂ© carbone en 2060. La Chine compte porter la part du nuclĂ©aire de 4,9 % en 2020 Ă  10 % d’ici Ă  2035, au rythme de construction de 6 Ă  8 rĂ©acteurs par an, soit près d’une centaine en quinze ans[47]. Ă€ plus court terme, le 14e plan quinquennal rendu public en mars 2021 fixe un objectif de 70 GW en 2026, soit environ quatre rĂ©acteurs par an[48]. Une Ă©bauche de trajectoire de neutralitĂ© carbone publiĂ©e en septembre 2020 par l’universitĂ© Tsinghua prĂ©voit un accroissement de la production d'Ă©lectricitĂ© nuclĂ©aire de 382 % d'ici 2060[49].

Le premier réacteur nucléaire EPR de Taishan (sud-est), construit par le chinois CGN en partenariat avec EDF (à 30 %), a été raccordé au réseau en , un jour avant le premier AP1000 de Sanmen (centre-est), lui aussi de troisième génération, mais de technologie américaine (Westinghouse) et construit par CNNC. Mi-août, deux autres AP1000, Sanmen 2 et Haiyang 1 (nord-est) ont à leur tour débuté leur mise en service, puis Haiyang 2 en ; la Chine compte ainsi cinq réacteurs de troisième génération en service. Le deuxième réacteur nucléaire EPR, Taishan 2, a démarré le [50].

Le , à la suite de l'accident nucléaire de Fukushima, le conseil d'état de la république populaire de Chine a décidé de geler les autorisations pour de nouveaux réacteurs nucléaires. En , 26 réacteurs étaient en construction sur les 34 déjà autorisés[51]. En , le conseil d'état de la république populaire de Chine a décidé la reprise des projets de construction de centrales nucléaires[52] - [53].

En , les autoritĂ©s chinoises ont dĂ©livrĂ©, pour la première fois depuis Fukushima, une autorisation de construction pour deux nouvelles tranches nuclĂ©aires : deux rĂ©acteurs de 1 000 MW chacun sur le site de Hongyanhe, au nord de la Chine (province du Liaoning) ; le site d'information financière Jingji Cankaobao, qui dĂ©pend de l'agence officielle Xinhua (Chine nouvelle), parle d'un « vrai redĂ©marrage » de l'Ă©nergie nuclĂ©aire, et prĂ©vient que d'autres projets seront approuvĂ©s dès 2015. Le pays vise 58 GW en 2020 et le dirigeant de CGN, He Yu, prĂ©voit 150 Ă  200 GW installĂ©s pour 2030[54].

Avant 2008, la Chine prĂ©voyait 40 000 MW en 2020, objectif relevĂ© ensuite Ă  70-80 000 MW ; après Fukushima, il est revenu Ă  58 000 MW ; pour y parvenir, PĂ©kin table essentiellement sur la technologie de Toshiba-Westinghouse ; les Ă©lectriciens chinois sont en train de mettre la dernière main Ă  leur premier rĂ©acteur de 3e gĂ©nĂ©ration totalement chinois, le « CAP 1400 », dĂ©rivĂ© de l'AP 1000 de Westinghouse, et travaillent dĂ©jĂ  sur la prochain Ă©tape : un rĂ©acteur 1 700 MW, de mĂŞme puissance que l'EPR français[55].

Principales centrales nucléaires
Centrale nucléaire de Daya-Bay (Guangdong) en 2007
Les réacteurs CANDU Qinshan 3-1 et 3-2 en 2009
Site nucléaire de Tianwan en octobre 2010

Les deux réacteurs de la centrale de Daya-Bay ont été construits par les sociétés françaises Framatome et Spie Batignolles (devenue SPIE) en partenariat avec EDF et avec une importante participation chinoise. Les réacteurs appartiennent à 25 % à la compagnie hongkongaise CLP Holdings, qui achète environ 70 % de la production du site pour les besoins de la ville de Hong Kong. La compagnie China General Nuclear Power Corporation possède les 75 % restants.

La centrale de Ling Ao a été construite sous la responsabilité des chinois en partenariat avec Areva et Alstom Power, les 2 dernières tranches (Lingao 3 et 4) sont de type CPR1000[56], évolution du REP français par CGNPC[57].

La 3e phase de la centrale de Qinshan (Qinshan 3) comprenant deux réacteurs, est la première centrale nucléaire conçue et construite par les Chinois eux-mêmes sur la base de deux réacteurs CANDU.

La centrale de Tianwan comporte deux rĂ©acteurs du type VVER (REP) de 1 060 MWe de conception russe.

Tous les rĂ©acteurs en cours de construction ou en projet sont du type Ă  eau pressurisĂ©e sauf le projet Shandong Shidaowan qui est un prototype chinois de rĂ©acteur "HTGR" haute tempĂ©rature refroidi au gaz (200 MW)[58]. Le premier rĂ©acteur de dĂ©monstration haute tempĂ©rature Ă  lit de boulets au monde, Shandong Shidaowan HTR-PM, sur le site de Shidao-Bay dans la province chinoise de Shandong, a produit de l'Ă©lectricitĂ© pour la première fois le 20 dĂ©cembre 2021. La construction de la tranche de dĂ©monstration Shandong Shidaowan HTR-PM avait Ă©tĂ© lancĂ©e officiellement fin 2012. Cette installation comprend deux modules de rĂ©acteur qui entrainent une turbine Ă  vapeur, gĂ©nĂ©rant ainsi une puissance Ă©lectrique de 200 MW. Près de 93 % des composants de l’installation ont Ă©tĂ© fabriquĂ©s en Chine[59].

Programme nucléaire

La stratĂ©gie chinoise de dĂ©veloppement du nuclĂ©aire Ă©lectrogène se dĂ©roule en trois phases : dans la première phase, le pays a testĂ© plusieurs filières en les achetant Ă  l’étranger, en commençant par les rĂ©acteurs Ă  eau pressurisĂ©e français dans les annĂ©es 1990, les CANDU canadiens en 2002-2003, les VVER russes en 2007 (deux rĂ©acteurs en construction en 2017), les EPR (première connexion au rĂ©seau de Taishan 1 attendue dĂ©but 2018) et les AP1000 de Westinghouse ; l'industrie nuclĂ©aire chinoise a progressivement acquis son autonomie dans la plupart des activitĂ©s de l'amont du cycle. Dans la deuxième phase, le pays a fait le choix de sa propre stratĂ©gie avec des rĂ©acteurs sinisĂ©s : Hualong, CAP 1400, et au-delĂ  CAP 1700, Ă©volution de l’AP1000 et pour lequel la Chine possède l’intĂ©gralitĂ© des droits. NĂ©anmoins, le manque de maturitĂ© de ce modèle pourrait laisser une chance Ă  l’EPR. Le pays vise aussi la construction de son cycle aval, avec la construction, en nĂ©gociation avec Areva, d’une usine de retraitement de 800 tonnes par an et d’une usine de combustible Mox sur le modèle de Melox. Dans sa troisième phase, l'industrie chinoise compte bien devenir exportatrice : le premier Hualong exportĂ© sera construit au Royaume-Uni Ă  la centrale nuclĂ©aire de Bradwell.

Le pays prĂ©pare aussi la quatrième gĂ©nĂ©ration de rĂ©acteurs : rĂ©acteurs Ă  neutrons rapides avec un premier prototype, le CFR 600, dont le dĂ©marrage est prĂ©vu pour 2023 ; HTGR Ă  caloporteur gaz, de 200 MWe, dont la fin de construction est attendue pour fin 2017 Ă  Shidaowan, conçu pour combiner la production Ă©lectrique avec le dessalement de l’eau de mer et le chauffage urbain ; rĂ©acteur Ă  sels fondus, au combustible au thorium, projet portĂ© par la SNPTC ; plusieurs projets de SMR, sur terre ou embarquĂ©s, pour contribuer au dĂ©veloppement des espaces isolĂ©s de la Chine ; un projet de rĂ©acteur refroidi au plomb bismuth ; un projet de rĂ©acteur sous-critique associĂ© Ă  un accĂ©lĂ©rateur[60].

New Areva (nouveau nom de l’activitĂ© combustible de l’ex-Areva) a signĂ© le , lors de la visite officielle d’Emmanuel Macron en Chine, un protocole d’accord commercial avec CNNC pour la construction d’une usine de retraitement de dĂ©chets nuclĂ©aires dans le pays. Le coĂ»t total pourrait excĂ©der 20 milliards d’euros, dont la moitiĂ© pour Areva. L’usine, qui ne sera pas opĂ©rationnelle avant 2030, devrait pouvoir retraiter 800 tonnes de combustible par an. Les deux parties prĂ©voient la signature du contrat dĂ©finitif avant la fin 2018[61]. En , Orano a signĂ© avec CNNC un accord pour la rĂ©alisation des travaux prĂ©paratoires de l’usine de traitement et recyclage des combustibles usĂ©s ; cet accord d’une vingtaine de millions d’euros s’étend jusqu’à la fin de l’annĂ©e 2018 ; il dĂ©finit les actions mises en Ĺ“uvre par anticipation par Orano dans le cadre de la prĂ©paration du projet. Une centaine d’ingĂ©nieurs prĂ©pareront la documentation sur le management du projet et les aspects de sĂ»retĂ© ; l’installation adoptera quasi exclusivement les procĂ©dĂ©s et technologies Ă©prouvĂ©s des usines de La Hague (Manche) et Melox (Gard) d’Orano, dans le cadre d’un accord de licence associĂ© Ă  un droit d’usage dĂ©limitĂ©[62].

Au début , les autorités chinoises ont annoncé la reprise de la construction de leur « plus important projet nucléaire » : le site de Shidao qui comprendra un réacteur de recherche qu'elles qualifient de « 4e génération » et 4 réacteurs AP 1000 de Westinghouse ; des spécialistes occidentaux doutent cependant que ce réacteur de la filière HTGR (réacteur refroidi au gaz à haute température), issu de la recherche de l'université de Tsinghua et doté d'un budget de 480 millions de dollars, remplisse les critères de la 4e génération[55].

L'AcadĂ©mie chinoise des sciences a annoncĂ© en le lancement d'un projet d'expĂ©rimentation du rĂ©acteur nuclĂ©aire Ă  sels fondus (RSF), technologie dĂ©jĂ  Ă©tudiĂ©e aux États-Unis dans les annĂ©es 1960, et qui fait l'objet d'Ă©tudes et de recherches en vue d'un dĂ©ploiement comme rĂ©acteur de quatrième gĂ©nĂ©ration, en particulier en Inde et en France, ainsi que par plusieurs entreprises privĂ©es[63] - [64] ; ce type de rĂ©acteur prĂ©sente de nombreux atouts : sĂ©curitĂ© incomparablement meilleure que celle des rĂ©acteurs actuels, dĂ©chets dangereux près de 1 000 fois moins abondants, rĂ©serves abondantes, taux d'utilisation de la matière première très supĂ©rieur, coĂ»ts probablement divisĂ©s par deux, etc[65]. Le projet serait dotĂ© d'un financement de 250 millions de dollars et prĂ©voit d'aboutir dans moins de vingt ans. Le Dr Jiang Mianheng, fils de l'ancien premier secrĂ©taire Jiang Zemin, dirige le projet.

Le directeur général de State Nuclear Power Technology Corporation, Gu Jun, a annoncé le que la Chine va démarrer en 2013 la prospection du marché mondial pour vendre son réacteur de 3e génération, le CAP1400, dérivé de l'AP1000 de Toshiba/Westinghouse. La construction du premier CAP1400 devrait démarrer en 2013 près de Rongcheng, dans la province orientale du Shandong, pour un achèvement des travaux en 2017. Le directeur du Centre de recherches sur l'économie du secteur de l'énergie à l'université de Xiamen (sud-est), Lin Boqiang, cité par le China Daily, estime que « La Chine devra construire de 20 à 30 réacteurs CAP1400 chez elle avant de pouvoir établir son image de marque mondialement ». En dehors du CAP1400, deux autres réacteurs chinois "autochtones" de troisième génération sont en développement dans le pays, l'ACP1000 de la China National Nuclear Corporation (CNNC) et l'ACPR1000 par CGNPC. Pour rester dans la course, les acteurs français envisagent de développer avec les Chinois leur propre réacteur dérivé de la technologie EPR, comme Westinghouse l'a fait avec l'AP1000. L'an dernier, EDF et Areva ont conclu avec CGNPC un accord en sens[66].

Les autorités chinoises (NEA et la NNSA, équivalents chinois du ministère de l’Énergie et de l’Autorité de sûreté nucléaire) ont certifié le design d’un réacteur nucléaire de troisième génération, aux normes de sûreté les plus récentes, baptisé « Hualong One », potentiellement destiné, pour la première fois, aux marchés internationaux ; il a été développé conjointement par les deux grands groupes nucléaires chinois, CGN et CNNC, sommés il y a quelques années par le gouvernement de s'entendre. EDF a un projet d'accord avec CNNC pour la construction du premier exemplaire du Hualong One sur le site de Fuqing, dans le Fujian, face à Taïwan. EDF négocie une prise de participation de 30 à 40 % de CGN et CNNC dans les deux EPR qu'elle va construire en Grande-Bretagne[67].

Le premier réacteur Hualong 1, issu du rapprochement entre l'ACP1000 de CNNC et l'ACPR1000 de CGN, a été mis en chantier le à Fuqing, au Sud-Est de la Chine ; il devrait entrer en service au plus tôt en 2020[68].

Une filiale à 50/50, HPTC (Hualong Pressurized water reactor Technology Corporation), a été créée par CGN et CNNC en pour développer puis commercialiser le Hualong 1 ; des experts indépendants ont été réunis pour trancher les différences de concepts entre les deux entreprises, et ils ont voté à une large majorité pour le concept de CNNC[69].

Le 13e Plan quinquennal chinois prĂ©voyait en 2016 pour 2020 une capacitĂ© installĂ©e de 58 GW en exploitation et de 30 GW en construction en 2020. 15 nouveaux rĂ©acteurs (17,88 GW) devaient ĂŞtre mis en service en 2016 et 2017 et 9 autres (9,05 GW) de 2018 Ă  2020, dont le HTR Ă  Shidaowan et la tranche 5 de Fuqing (Hualong 1) ; six nouveaux rĂ©acteurs seraient lancĂ©s chaque annĂ©e ; la part des Ă©quipements produits en Chine atteindrait plus de 85 % pour les nouveaux projets de centrales nuclĂ©aires en construction lors du 13e Plan quinquennal ; la capacitĂ© annuelle de fourniture d’équipements mĂ©caniques et Ă©lectriques rĂ©pondrait aux besoins de 8 Ă  10 rĂ©acteurs ; en 2017, la mine d'uranium d'Husab financĂ©e par la CGN en Namibie serait en exploitation ; sa capacitĂ© de production annuelle de 5 500 tonnes la classerait parmi les mines d’uranium les plus importantes au monde ; les exportations de centrales nuclĂ©aires se dĂ©velopperont : Pakistan, Argentine, Royaume-Uni, etc[70]. Mais en , un rapport de l'Association de l'Ă©nergie nuclĂ©aire de Chine (CNEA), qui ne dĂ©pend pas du gouvernement chinois, constate que la cadence des mises en service est insuffisante pour atteindre les objectifs du 13e Plan quinquennal, qui en nĂ©cessiterait 6 Ă  8 par an, soit presque le double du rythme actuel[71].

CNNC et CGN ont créé une coentreprise, Hualong International Nuclear Power Technology, afin de proposer un modèle de réacteur de 3e génération compétitif pour développer l’industrie nucléaire chinoise à l’international. Le Hualong a obtenu de premiers contrats au Pakistan, pour deux unités près de Karachi. D’autres pays, comme la Turquie, et peut-être la Roumanie, envisageraient aussi de se doter de la technologie chinoise. Le Hualong a aussi été proposé en République tchèque, en Pologne et au Kenya. La Chine compte beaucoup sur la perspective de construire des Hualong sur le site de la centrale nucléaire de Bradwell, au Royaume-Uni, pour asseoir la crédibilité de son offre ; CGN a entamé les démarches nécessaires pour obtenir le Generic Design Assessment de l’Office for Nuclear Regulation, l’autorité de sûreté britannique, dont les exigences sont parmi les plus élevées au monde[72].

La Russie et la Chine ont signĂ© le un important paquet d'accords dans le nuclĂ©aire, prĂ©voyant notamment la construction en Chine de quatre rĂ©acteurs nuclĂ©aires VVER de 1 200 MW par le conglomĂ©rat public nuclĂ©aire russe Rosatom : deux Ă  la centrale nuclĂ©aire de Tianwan et deux Ă  celle de Xudabao ; un autre contrat prĂ©voit la fourniture par la Russie d'Ă©quipements, de carburant et de services pour un projet chinois de rĂ©acteur rapide ; un troisième accord porte sur la fourniture par la Russie d'Ă©quipements de gĂ©nĂ©rateurs thermoĂ©lectriques utilisĂ©s pour alimenter le programme spatial chinois[73].

Le programme chinois de rĂ©acteur rapide refroidi au sodium (RNR Na) a dĂ©butĂ© dans les annĂ©es 1960 au stade de la recherche ; en 2011, le CEFR (China Experimental Fast Ractor) a divergĂ© ; ce rĂ©acteur de 20 MWe a Ă©tĂ© achetĂ© Ă  la sociĂ©tĂ© russe OKBN Africentov ; un centre de recherche (CIAE - China Institute of Atomic Energy) a Ă©tĂ© crĂ©Ă© autour de ce rĂ©acteur, dĂ©diĂ© au dĂ©veloppement des RNR Na. En a Ă©tĂ© lacĂ©e la construction du rĂ©acteur de dĂ©monstration CFR-600 (600 MWe), prototype industriel de la filière, sur le site de Xiapu dans la province de Fujian ; l'Ă©tape suivante est en cours de dĂ©veloppement au CIAE : il s'agira d'un rĂ©acteur commercial de 1 000 MWe[74].

Une Ă©quipe de l'Institut des sciences appliquĂ©es de Shanghai dĂ©voile en juillet 2021, dans une revue spĂ©cialisĂ©e chinoise, le projet d'un nouveau type de centrale nuclĂ©aire : un premier rĂ©acteur Ă  sels fondus fonctionnant au thorium pourrait ĂŞtre pleinement opĂ©rationnel et commercialisable dès 2030 et proposĂ© notamment aux pays qui sont partie prenante du projet des Nouvelles routes de la soie. La construction d'un premier prototype d'un rĂ©acteur de ce type a dĂ©marrĂ© en 2011 dans la ville de Wuvei, situĂ©e dans la province dĂ©sertique du Gansu. Sa construction devrait ĂŞtre achevĂ©e en aoĂ»t 2021 et la phase de test dĂ©buterait en septembre. Le combustible utilisĂ© est dissous dans un sel qui est solide Ă  basse tempĂ©rature et liquide lorsque le rĂ©acteur fonctionne, et sert donc de fluide de refroidissement ; le rĂ©acteur n'a donc pas besoin d'eau et peut ĂŞtre installĂ© dans des zones dĂ©sertiques. Le thorium serait quatre fois plus rĂ©pandu sur la planète que l'uranium et est se trouve gĂ©nĂ©ralement dans les mĂŞmes zones que les gisements de terres rares, particulièrement prĂ©sents en Chine. De plus, cette technologie permet de construire des unitĂ©s deux Ă  trois fois plus petites avec un coĂ»t d'investissement moindre. Le prototype occuperait Ă  peu près 3 mètres cubes et produirait suffisamment d'Ă©nergie pour alimenter 100.000 foyers. Enfin, elle produit moins de dĂ©chets et est plus sĂ»re. Les produits radioactifs restent dans le sel fondu et se solidifient quand la tempĂ©rature passe sous les 600 °C[75].

En septembre 2022, l'Association chinoise de l'énergie nucléaire annonce que l'industrie nucléaire chinoise est en mesure de porter d'ici 2025 sa capacité de construction à dix réacteurs par an contre six à huit actuellement ; elle préconise également d'en construire davantage à l'intérieur des terres, notamment afin de pallier l'intermittence des immenses champs éoliens et solaires que la Chine a construit dans l'ouest du pays[76].

Principaux acteurs

Le ministère de l'Industrie nucléaire a donné naissance en 1988 à la Compagnie nucléaire nationale chinoise (CNNC), l'acteur régalien de l'atome chinois. Par ailleurs, la coopération avec EDF pour la centrale nucléaire de Daya Bay, mise en service en 1993 en partenariat avec la province du Guangdong, aboutira, après bien des étapes, à la naissance de la China General Nuclear Power Corporation (CGN), qui a su prendre son indépendance. Coté à Hong Kong, CGN a bâti son parc à partir de dérivés de la technologie à eau pressurisée française, enrichie récemment de l'EPR, alors que CNNC, coté à la Bourse de Shanghai, a tiré son inspiration au Canada (Candu), en Russie (Rosatom) et même aux États-Unis avec l'AP1000 de Westinghouse. Chaque entreprise a son positionnement : CGN ressemble à l'EDF d'avant la prise de participation dans Areva NP (essentiellement exploitant), alors que CNNC gère aussi le cycle du combustible, coiffe les instituts de recherche et les applications militaires. Enfin, un troisième exploitant, China Power Investment Corporation (CPI), a vu le jour comme réceptacle du transfert de technologie de l'AP1000. Les centrales en service en 2015 se répartissent presque à égalité : 12 pour CNNC, 13 pour CGN ; la même répartition, très politique, est observée pour les centrales en construction et en projet ; le parc nucléaire prévu en 2022 comprendra 30 réacteurs CNNC, 30 réacteurs CGN, 6 pour SPIC (State Power Investment Corporation, qui regroupe CPI et SNPTC) et 1 pour Huaneng. À l'exportation, le gouvernement distribue les rôles : Pakistan et Argentine pour CNNC ; Roumanie et Royaume-Uni pour CGN. Qian Zhemin, numéro deux de CNNC en 2015, est l'ex-président de CGN[77].

Le , CGN Power Co, le premier groupe nuclĂ©aire chinois en termes de puissance installĂ©e, a lancĂ© une opĂ©ration Ă  la bourse de Hong Kong visant Ă  lever jusqu’à 2,5 milliards d’euros, la plus grosse opĂ©ration de l'annĂ©e sur cette place. son concurrent CNNC avait annoncĂ© en son intention de lever 1,9 milliard d'euros pour financer la construction de quatre centrales. En , le Conseil d'État a publiĂ© un plan d'action annonçant une puissance installĂ©e nuclĂ©aire de 58 GW en 2020, plus 30 GW en construction, contre 19 GW en service en 2014[78]. L'opĂ©ration a Ă©tĂ© un succès : CGN a levĂ© 3,16 milliards de dollars (2,6 milliards d'euros) lors de son introduction Ă  la Bourse de Hong Kong ; CGN prĂ©voit de porter sa capacitĂ© installĂ©e Ă  25 GW d'ici Ă  2019, contre 11,6 GW actuellement. La moitiĂ© des fonds levĂ©s devrait lui servir, Ă  monter au capital de la coentreprise de Taishan avec EDF[79].

Selon Reuters, des projets avancés de rapprochement, voire de fusion entre CGN et CNNC sont en préparation par le gouvernement central. Les autorités ont obligé les deux groupes à coopérer pour établir, ensemble, un design de réacteur de troisième génération, le Hualong 1, qui devrait être construit à Fuqing, dans la province du Fujian ; le design du cœur de ce réacteur sera issu du réacteur ACP1000 de CNNC, CGN apportant la technologie de sécurité[80].

Énergies renouvelables

Production d'électricité renouvelable en Chine
Source : Agence internationale de l'Ă©nergie[4],BP[b 14] pour 2021.
autres : biomasse, géothermie, marée, divers.

En 2021, selon BP, la production des Ă©nergies renouvelables hors hydro en Chine atteint 1 152,5 TWh, soit 31,5 % du total mondial, loin devant les États-Unis : 624,5 TWh (17,1 %)[b 16], et la production hydroĂ©lectrique chinoise atteint 1 300 TWh, soit 30,4 % du total mondial[b 14].

La Chine est le leader mondial de la production d'Ă©lectricitĂ© d'origine renouvelable avec 2 015 TWh en 2019, soit 28,7 % du total mondial, loin devant les États-Unis : 767 TWh, le BrĂ©sil : 515 TWh et le Canada : 427 TWh[k 11].

Évolution de la production brute d'électricité des énergies renouvelables en Chine (TWh)[4]
Source 2000 2005 2010 2015 2016 2017 2018 2019 2020 part 2020* 2020/15 2020/10
Éoliennes0,62,044,6185,8237,1297,2366,0406,0466,56,0 %+151 %x10,5
Solaire PV0,020,080,739,566,5117,8176,9224,3260,53,3 %+559 %x372
Solaire thermodyn.0,030,030,040,41,11,70,02 %x56ns
Biomasse2,45,224,852,764,779,490,6111,1132,71,7 %+152 %+435 %
Déchets renouv.---0,010,020,020,020,040,02ε % %
GĂ©othermie0,10,10,10,10,10,10,10,10,10,002 %0 %0 %
Production EnR hors hydro3,17,470,3278,2379,8494,6634,0702,4861,511,0 %+198 %+986 %
HydroĂ©lectricitĂ©222,4397,0722,21 130,31 184,01 186,71 231,81 304,41 355,217,4 %+20 %+87 %
Production totale EnR225,5404,4792,41 408,41 552,61 692,51 865,82 046,82 216,728,4 %+57 %+180 %
* part 2020 : part dans la production totale d'électricité.
Hydroélectricité
Barrage de Supung (765 MW), sur le fleuve Yalou formant frontière entre la Chine et la CorĂ©e du Nord, 2010

La Chine est le 1er producteur mondial d'hydroĂ©lectricitĂ© en 2021 avec 1 300 TWh, soit 30,4 % du total mondial[b 14].

Éoliennes

La Chine est le 1er producteur mondial d'Ă©lectricitĂ© Ă©olienne en 2021 avec 655,6 TWh, soit 35,2 % du total mondial[b 16].

Solaire

La Chine est le 1er producteur mondial d'Ă©lectricitĂ© solaire en 2021 avec 327 TWh, soit 31,7 % du total mondial[b 16].

Biomasse

La NDRC a mis en place des incitations fiscales et tarifaires pour les projets d'investissement dans la biomasse et l'incinĂ©ration Ă  travers des tarifs d'achat rĂ©glementĂ©s. En 2011, la puissance installĂ©e des centrales Ă©lectriques Ă  biomasse dĂ©passait GW, et l'objectif pour fin 2015 est de 13 GW[E 2].

GĂ©othermie

La gĂ©othermie a connu un rapide dĂ©veloppement : la puissance installĂ©e est passĂ©e de 27 MW en 2015 Ă  35 MW en 2020, dont les centrales de Yangbajing (25 MW) et de Yangyi (16 MW Ă  terme) au Tibet et la centrale de Dehong (MW) au Yunnan ; le gouvernement prĂ©voit 386 MW en 2025. Les principaux projets sont Ganzi (200 MWe), Dehong (100 MWe), Boye (15 MWe), Hebei (15 MWe) et Gaoyang (15 MWe)[81].

La centrale gĂ©othermique de Yangbajing, Ă  90 km de la ville de Lhassa, a Ă©tĂ© mise en service en 1977 avec une capacitĂ© d'MW. En 2009, elle comptait huit unitĂ©s ayant chacun une capacitĂ© de MW, soit 25 MW au total. Ă€ la fin de 2008, elle produisait 1,2 TWh, soit 45 % de la consommation Ă©lectrique totale de Lhassa[82].

Les gisements gĂ©othermaux chinois de hautes tempĂ©ratures sont surtout prĂ©sents au Tibet et dans l'ouest du Yunnan. Au Tibet, 129 systèmes hydrothermaux de tempĂ©rature de rĂ©servoir supĂ©rieure Ă  150 °C ont Ă©tĂ© identifiĂ©s. Le champ gĂ©othermique de Yangyi, situĂ© Ă  une trentaine de kilomètres au sud de celui de Yangbajing, dans le mĂŞme bassin gĂ©othermique, a lui aussi des tempĂ©ratures de rĂ©servoir très Ă©levĂ©es (dĂ©passant 200 °C). Sur quinze forages rĂ©alisĂ©s Ă  la fin des annĂ©es 1980, quatre ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s comme ayant un potentiel de 30 MW[83].

Énergie marémotrice

Les cĂ´tes sud-est des provinces de Zhejiang, Fujian et Guangdong sont considĂ©rĂ©es comme dotĂ©es d'un potentiel substantiel ; depuis 1956, plusieurs petites installations ont Ă©tĂ© construites pour le pompage de l'eau ; Ă  partir de 1958, 40 petites centrales Ă©lectrogènes marĂ©motrices, d'une capacitĂ© totale de 12 kW, ont Ă©tĂ© construites. Ă€ partir de 1980, de plus grandes centrales les ont complĂ©tĂ©es : Jiangxa (3,2 MW) et Xingfuyang (1,3 MW), et la plupart des petites ont Ă©tĂ© abandonnĂ©es ; en 2010, 7 centrales sont en service, avec une puissance totale de 11 MW[WEC 5].

Énergie des vagues

En 1995, le Guangzhou Institute of Energy Conversion a dĂ©veloppĂ© un gĂ©nĂ©rateur d'Ă©lectricitĂ© Ă  turbine symĂ©trique de 60 W pour bouĂ©es de navigation, dont 650 unitĂ©s ont Ă©tĂ© dĂ©ployĂ©es ; plusieurs autres technologies sont en expĂ©rimentation[WEC 6].

Transport et distribution

Ligne Ă  haute tension dans le Guangdong, 2009

Le rĂ©seau Ă©lectrique chinois, comme celui d'autres pays de dimensions continentales, doit affronter le problème de l'effet capacitif qui rend peu intĂ©ressant le transport d'Ă©lectricitĂ© en courant alternatif sur des distances supĂ©rieures Ă  500 Ă  1 000 km ; en particulier, pour transporter l'Ă©lectricitĂ© produite Ă  l'intĂ©rieur du pays (barrage des Trois-Gorges par exemple), vers les rĂ©gions cĂ´tières, principales zones de consommation du pays. D'oĂą la construction de liaisons Ă  courant continu en haute-tension (HVDC), semblables Ă  celle de 1 480 km construite au QuĂ©bec pour acheminer l'Ă©lectricitĂ© produite par les barrages gĂ©ants de la Baie James vers les villes du QuĂ©bec et du Nord des États-Unis.

Dans la liste des installations à courant continu haute tension[84], on relève 10 lignes HVDC de longue distance en Chine en 2008 :

Nom longueur (km) puissance (MW) inauguration fournisseur
Xianjiaba - Shanghai207164002011ABB
Yunnan - Guangdong140050002010Siemens
Xiluodo - Guangdong128664002013NR(Protection&Control)
Guizhou-Guangdong II GuG II122530002007Siemens
Guizhou-Guangdong I GuG I98030002004Siemens
Tianshengqiao - Guangzhou "Tian-Guang"96018002001Siemens
Three Gorges-Guangdong - Huizhou94030002004ABB
Hulunbeir-Liaoning92030002010ABB
Three Gorges-Shanghai90030002006ABB
Three Gorges-Changzhou86030002003ABB/Siemens

Ă  cela s'ajoute un nombre au moins aussi important de liaisons en construction ou en projet.

Lignes haute tension autour du Huaxia Highway, dans le district de Pudong Ă  Shanghai, 2010

La State Grid Corporation of China (SGCC), la plus grande compagnie d'Ă©lectricitĂ© du pays, a annoncĂ© le 12/12/2012 que la Chine avait Ă©tabli un record mondial en termes de longueur de ligne Ă  très haute tension (THT) mise en opĂ©ration commerciale : cette ligne THT, reliant Jinping dans la province du Sichuan (sud-ouest) Ă  Sunan dans la province du Jiangsu (est), est un projet de transmission de courant continu ; elle dĂ©tient les records mondiaux en termes de capacitĂ© de transmission, de distance de transmission et de voltage, selon la SGCC ; longue de 2 059 km, elle est capable de transmettre 7,2 millions de kWh d'Ă©lectricitĂ©, contre le record actuel de 6,4 millions de kWh. Des lignes similaires ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es en Russie et au Japon, mais l'utilisation de cette technologie n'est pas très rĂ©pandue en raison des coĂ»ts Ă©levĂ©s et d'une demande limitĂ©e aux liaisons de très grande longueur[85].

La tension de distribution est : 220 V (230 V en Europe), et la frĂ©quence normalisĂ©e : 50 Hz, comme en Europe[86]. Les modèles de prises et de fiches en usage sont semblables Ă  celles des États-Unis (voir ).

De la production Ă  la consommation

Tableau ressources-emplois du système électrique chinois[4]
en TWh 1990 % 2000 % 2010 % 2015 2020 % 2020
Production brute621,399,71 355,7100,64 208,0100,35 854,27 800,6100,1 %
Importations1,90,31,50,115,50,136,217,50,2 %
Exportations-0,090,01-9,90,73-19,10,45-18,7-21,8-0,3 %
total ressources623,11001 347,41004 194,51005 841,87 796,2100 %
Conso propre*98,515,8217,616,1486,711,6671,873,211,2 %
Pertes43,57,093,76,9256,86,1298,8325,04,2 %
Consommation finale453,972,81 036,676,93 450,782,34 871,06 872,488,2 %
* consommation propre du secteur énergétique et consommation des STEP (stations de transfert d'énergie par pompage) pour le pompage..

On observe l'amélioration progressive de l'efficacité du système électrique : baisse des taux de pertes et des consommations propres.

Consommation d'électricité

En 2020, l'industrie représentait 59,4 % de la consommation d'électricité, contre 16,8 % pour la consommation résidentielle, 7,1 % pour le tertiaire, 2,5 % pour le transport et 2,1 % pour l'agriculture ; il reste 12,2 % de « non spécifié », ce qui dénote d'importantes imperfections dans l'appareil statistique chinois. On retrouve la prépondérance de l'industrie constatée au niveau de l'énergie finale consommée, mais encore plus massive au niveau de la consommation de l'électricité (59,4 % contre 49 %, surtout du fait de la faible part de l'électricité dans les transports) ; en contrepartie, on retrouve également la faible part des secteurs résidentiel et tertiaire[4].

Consommation finale d'électricité par secteur[4]
en TWh 1990 % 2000 % 2010 % 2015 2020 % 2020 var.
2020/1990
Industrie344,375,9690,166,62 362,968,53 212,24 079,059,4 %+1085 %
Transport5,91,316,71,664,61,999,9174,02,5 %+2832 %
RĂ©sidentiel20,24,5145,214,0512,514,9756,51 152,616,8 %+5595 %
Tertiaire19,84,470,26,8192,05,6304,7488,77,1 %+2363 %
Agriculture42,79,453,35,197,62,8104,0142,22,1 %+233 %
Non spécifié20,94,661,25,9221,26,4393,8835,812,2 %+3906 %
TOTAL453,91001 036,61003 450,71004 871,06 872,4100 %+1414 %

NB : en 2016, la mĂ©thodologie statistique a Ă©tĂ© modifiĂ©e, ce qui s'est traduit par un transfert important du secteur transport (98,5 TWh en 2015 au lieu de 179,6 TWh auparavant) vers le « non-spĂ©cifiĂ© ».

RĂ©seaux de chaleur

Production de chaleur

Les rĂ©seaux de chaleur tiennent une place importante en Chine : 5,5 % de l'Ă©nergie finale consommĂ©e en 2020[1] ; leur production de chaleur reprĂ©sente 38 % du total mondial en 2020[87], au 1er rang mondial devant la Russie : 5 114 PJ (32,7 %), leader mondial jusqu'en 2018[88].

Production de chaleur en Chine par source (PĂ©tajoule)
Source 1990 % 2000 % 2010 % 2015 2020 % 2020 var.
2020/1990
Charbon490,478,31 255,785,92 716,989,93 507,54 990,183,8 %+918 %
PĂ©trole127,720,4148,510,2205,16,8167,0225,73,8 %+77 %
Gaz naturel8,21,344,93,166,12,2296,2691,211,6 %+8330 %
Total fossiles626,41001 449,199,22 988,198,93 970,75 907,099,2 %+843 %
Biomasse012,20,811,80,411,410,80,2 %ns
DĂ©chets0022,10,734,035,80,6 %ns
Total EnR012,20,833,91,145,446,60,8 %ns
Total626,41001 461,41003 022,01004 016,05 853,6100 %+851 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[4].

Une étude de faisabilité sur la construction de la première centrale nucléaire chinoise dédié au chauffage urbain est en cours en 2018, sur commande de la NEA (National Energy Administration), par CGN, principal exploitant nucléaire chinois, et l'université Tsinghua. Cette centrale utiliserait la technologie domestique de réacteur à basse température NHR200-II destiné à la production de chaleur. Elle permettra de réduire la consommation de charbon et la pollution. Un réacteur expérimental de chauffage nucléaire de MWth (NHR5) avait été construit à l'université Tsinghua de 1986 à 1989[89].

Consommation de chaleur

Consommation finale de chaleur en Chine par secteur (PĂ©tajoule)
Secteur 1990 % 2000 % 2010 % 2015 2020 % 2020 var.
2020/1990
Industrie449,281,2790,974,11 777,868,82 333,43 299,965,1 %+635 %
RĂ©sidentiel89,716,2232,321,8674,126,1938,41 413,527,9 %+1476 %
Tertiaire2,20,418,61,755,92,290,6145,42,9 %+6635 %
Agriculture0,40,040,90,041,11,10,02 %ns
Non spécifié12,22,225,52,475,32,9123,9212,14,2 %+1638 %
Total553,31001 067,71002 583,91003 487,45 072,0100 %+817 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[4].

Impact environnemental et social

Émissions de gaz à effet de serre

Émissions de gaz à effet de serre en Chine par combustion de combustibles fossiles
Source : Agence internationale de l'Ă©nergie[g 1] - [g 2] - [g 3]

En 2020, les Ă©missions de gaz Ă  effet de serre (GHG) liĂ©es Ă  l'Ă©nergie en Chine s'Ă©levaient Ă  10 819 Mt CO2eq, soit 30,5 % des Ă©missions mondiales[g 4].

Évolution des émissions de gaz à effet de serre (GHG) liées à l'énergie (Mt CO2eq)
1971 1990 2020 var.
2020/1971
var.
2020/1990
var.Monde
2020/1990
part en 2020
Émissions GHG
liées à l'énergie
[g 4]
9112 35910 819+1088 %+359 %+52 %
Émissions GHG
par combustion de combustibles fossiles
[g 5]
864,42 23910 225,3+1083 %+357 %+54 %100 %
dont charbon[g 1]677,31 855,98 031,4+1086 %+333 %+71 %78,5 %
dont pĂ©trole[g 2]123,5289,61 517,7+1129 %+424 %+19 %14,8 %
dont gaz naturel[g 3]7,420,6620,7+8288 %+2913 %+93 %6,1 %
Source : Agence internationale de l'Ă©nergie (Hong-Kong inclus)

Émissions de CO2 liées à la consommation d'énergie

Du fait de son Ă©norme consommation d'Ă©nergie, la Chine a atteint le premier rang mondial pour les Ă©missions de gaz Ă  effet de serre, en particulier de CO2 : ses Ă©missions de CO2 dues Ă  la consommation d'Ă©nergie sont passĂ©es de 5,7 % du total mondial en 1973 Ă  29,5 % en 2019[k 13], annĂ©e oĂą elles ont atteint 9 876 Mt de CO2 (total mondial : 33 622 Mt, États-Unis : 4 744 Mt)[k 1]. En 2021, selon BP, elles atteignent 10 587,6 Mt, soit 31,2 % du total mondial[b 17].

NĂ©anmoins, ses Ă©missions par habitant Ă©taient en 2019 de 7,07 tCO2, supĂ©rieures de 61 % Ă  la moyenne mondiale : 4,39 t/hab, mais infĂ©rieures de 15 % Ă  la moyenne de l'OCDE : 8,34 t/hab, de 51 % Ă  celle des États-Unis : 14,44 t/hab et de 9 % Ă  celle de l'Allemagne : 7,75 t/hab ; elles ont cependant dĂ©jĂ  largement dĂ©passĂ© le niveau de la France : 4,36 t/hab[k 1]. En 2020 elles atteignent 7,13 t, supĂ©rieures de 75 % Ă  la moyenne mondiale, mais très infĂ©rieures Ă  celles des États-Unis : 12,90 t et Ă©quivalentes Ă  celles de l'Allemagne : 7,10 t ; elles ont cependant dĂ©jĂ  largement dĂ©passĂ© le niveau de la France : 4,34 t[g 6].

Évolution des émissions de CO2 liées à l'énergie
1971 1990 2020 var.
2020/1971
var.
2020/1990
var.Monde
2020/1990
Émissions/habitant[g 6] (t CO2)0,931,867,13+667 %+283 %+4,9 %
Source : Agence internationale de l'Ă©nergie (Hong-Kong inclus)

Les Ă©missions chinoises de CO2 ont baissĂ© de 2 % en 2014, pour la première fois depuis 2001. Cette baisse est due au ralentissement de la croissance Ă©conomique, Ă  celui, encore plus net, de la consommation d'Ă©nergie (+3,8 % seulement), et surtout au recul de la consommation de charbon : -2,9 % ; la part du charbon dans la consommation d'Ă©nergie est passĂ©e de 66 % en 2013 Ă  64,2 % en 2014, grâce Ă  une politique volontariste de fermeture des sites de production les plus polluants et de dĂ©veloppement des Ă©nergies non fossiles, dont la part est passĂ©e de 9,8 % Ă  11 %. En 2014, la Chine a investi 89,5 milliards de dollars dans les Ă©nergies renouvelables, soit, selon Bloomberg, presque un tiers de tous les investissements mondiaux dans le secteur[90]. Cependant, la baisse des Ă©missions en 2014 est aussi due en partie Ă  un facteur exceptionnel : une forte hydraulicitĂ©, qui a permis aux barrages de produire plus d'Ă©lectricitĂ©, faisant baisser la part du charbon Ă  73 % de la production ; la clĂ©mence des tempĂ©ratures a Ă©galement jouĂ© un rĂ´le important. Il n'en reste pas moins que les facteurs structurels expliquent en partie le ralentissement des Ă©missions : stabilisation de la production d'acier et de ciment, industries très Ă©missives ; fermeture des plus anciennes centrales Ă  charbon, les plus polluantes. Mais la baisse lĂ©gère des Ă©missions de CO2 en 2014 pourrait bien n'ĂŞtre que temporaire. En effet, selon Enerdata, près de 500 GW de centrales Ă  charbon sont en construction, prĂ©vues ou planifiĂ©es d'ici 2030 en Chine[91].

RĂ©partition par secteur de consommation des Ă©missions de CO2 par combustion de combustibles fossiles*
Émissions 2020 part du secteur Émissions/habitant Émiss./hab. UE-27
Secteur Millions tonnes CO2 % tonnes CO2/hab. tonnes CO2/hab.
Secteur Ă©nergie hors Ă©lec.576,85,7 %0,410,35
Industrie et construction5 970,159,0 %4,231,37
Transport1 020,210,1 %0,721,59
dont transport routier785,57,8 %0,561,50
RĂ©sidentiel1 259,412,4 %0,891,16
Tertiaire454,54,5 %0,320,68
Total10 115,7100 %7,135,34
Source : Agence internationale de l'Ă©nergie[g 7]
* après ré-allocation des émissions de la production d'électricité et de chaleur aux secteurs de consommation.

On remarque l'hypertrophie du secteur "Industrie et construction" dont la part dans les émissions de CO2 atteint 59 % contre 18 % en France et 30 % en Allemagne. À l'inverse, les niveaux d'émissions des transports et des secteurs résidentiel et tertiaire sont encore très inférieurs à ceux de l'Europe.

Engagements de réduction des émissions

La Chine a annoncé, en , que ses émissions de gaz à effet de serre atteindraient leur pic autour de 2030. Selon l'étude commandée par la London School of Economics (LSE) à l'économiste Nicholas Stern et à l'analyste Fergus Green, les choses iront plus vite encore : le premier émetteur mondial de CO2 (un quart environ de tout le CO2 émis dans l'atmosphère terrestre) sera probablement au maximum d'ici 2025 et « le pic pourrait même intervenir bien plus tôt ». La consommation de charbon, qui croissait de 9 à 10 % par an entre 2000 et 2010, est en pleine décélération et a atteint son « niveau structurel maximum » dans les secteurs de la production énergétique et de l'industrie. Les quantités de charbon utilisées par la Chine ont « vraisemblablement atteint un plateau pour les cinq prochains années », selon les experts de la LSE, qui estiment que le déclin pourrait même être amorcé au cours de cette période. Greenpeace a livré une analyse qui va dans le même sens : après avoir reculé de 3 % en 2014, la consommation chinoise de charbon a chuté de 7,5 % entre la période janvier- et la même période un an plus tôt[92].

Le prĂ©sident Xi Jinping a pris le de nouveaux engagements bien plus concrets et ambitieux, annonçant son intention de mettre en place un marchĂ© du carbone, sur la base des tests dĂ©jĂ  menĂ©s depuis 2013 dans sept villes et provinces, dont PĂ©kin et Shanghai, afin de rĂ©duire les Ă©missions de 60 Ă  65 % d'ici Ă  2030 par rapport Ă  2005 ; la plupart des industries polluantes seront concernĂ©es, dont l’industrie du papier, de l’acier et du ciment ; par ailleurs, la Chine dotera un fonds de 3,1 milliards de dollars destinĂ© Ă  aider les pays Ă©mergents dans leur transition Ă©nergĂ©tique[93]. Les sept expĂ©riences pilotes menĂ©es depuis 2013, parmi lesquelles PĂ©kin, Shanghai, Tianjin, le Guangdong et la province de Hubei, ont concernĂ© 1 900 entreprises et ont atteint leurs objectifs Ă  96 % en moyenne ; au , les Ă©changes avaient atteint 14,4 millions de tonnes de CO2 pour 536 millions de yuans ; après avoir bien grimpĂ©, le prix Ă  la tonne varie entre 20 et 70 yuans (entre 3 et 10 euros. Le texte de loi en prĂ©paration pour le passage au système national table sur 8 000 entreprises concernĂ©es en 2017, et deux fois plus d'ici Ă  2020 ; les secteurs concernĂ©s en prioritĂ© sont l'acier, l'Ă©nergie et la chimie ; le marchĂ© pourrait passer de 16 milliards de yuans (2,24 milliards d'euros) Ă  100 milliards (14 milliards d'euros) entre 2015 et 2020, selon Goldman Sachs[94].

En septembre 2021, Xi Jinping promet devant l'Assemblée générale des Nations unies que la Chine « ne construira pas de nouveaux projets énergétiques alimentés par le charbon à l'étranger » et « va renforcer son soutien aux autres pays en développement pour qu'ils développent des énergies vertes et faibles en carbone ». Depuis le début des années 2000, la Chine a investi des milliards de dollars dans des centrales à charbon, notamment en Indonésie, au Vietnam, au Pakistan ou en Afrique du Sud. Plus de 70 % de toutes les centrales au charbon construites aujourd'hui dépendent de financements chinois, selon l'Institut international de la finance verte, basé à Pékin ; mais, pour la première fois au cours du premier semestre 2021, la Chine n'a financé aucune centrale ou mine à charbon dans le cadre de ses « nouvelles routes de la soie »[95].

Marché carbone

En juillet 2021, la Chine a lancĂ© Ă  l'Ă©chelle nationale un marchĂ© du carbone, après des expĂ©rimentations entamĂ©es dès 2013 dans sept rĂ©gions. Les premiers Ă©changes de quotas carbone ont dĂ©butĂ© le 16 juillet sur la plateforme du marchĂ© national gĂ©rĂ©e par Shanghai Environment and Energy Exchange (S3E). Le système est limitĂ© dans la première phase au secteur de la production d'Ă©lectricitĂ©, soit 2162 entreprises reprĂ©sentant 4,5 Gt d'Ă©missions de CO2 (30 % des Ă©missions totales de la Chine). Ă€ l'origine, le marchĂ© carbone chinois devait couvrir sept secteurs, dont l'aviation et la pĂ©trochimie, mais le gouvernement a revu ses ambitions Ă  la baisse et accordĂ© la prioritĂ© Ă  la reprise Ă©conomique post-Covid. Les cimenteries et certains producteurs d'aluminium pourraient ĂŞtre ajoutĂ©s Ă  la liste en 2022[96].

Pollution atmosphérique

La pollution atmosphérique atteint des niveaux très élevés, en particulier du fait des émissions de particules et de gaz toxiques des centrales au charbon. Fin , les autorités de Pékin ont vivement conseillé à la population de rester, si possible, chez eux, devant l'étendue de la pollution atmosphérique. De plus en plus d'habitants se déplacent le visage recouvert d'un masque filtrant. Ce n'est pas la première fois que cette situation se produit. Le mardi 29/01/13, les autorités locales ont ainsi affirmé avoir imposé la fermeture de 103 usines et avoir interdit à 30 % du parc des voitures officielles de circuler. L'ambassade des États-Unis, qui calcule et publie son propre indice de qualité de l'air, jugeait que la pollution atmosphérique avait atteint un niveau "dangereux" le 30/01/13[97].

De plus en plus d’expatriés des grands groupes étrangers décident de vivre seuls à Pékin ou Shanghai pour ne pas exposer leurs enfants à l’air vicié : les effectifs de l’école japonaise de Pékin viennent ainsi de tomber de 592 à 491 élèves en 2014 ; sur le campus japonais de Pudong, à Shanghai, le nombre total d’élèves a aussi baissé de près de 10 % par rapport à la rentrée d’ ; les effectifs du lycée français de Pékin seraient également en forte baisse à la rentrée prochaine[98].

Le « brouillard polluant  » qui enveloppe régulièrement la capitale chinoise commence à faire fuir les touristes étrangers : en 2013, quelque 4,5 millions de visiteurs étrangers ont visité Pékin, soit un recul de 10 % par rapport à 2012, selon l’agence Chine nouvelle qui cite des statistiques officielles ; les mesures prises par les autorités (fermetures d’usines, restriction des ventes de voitures) ne convainquent guère les experts ; la concentration de l’air en microparticules (type PM2.5, les plus nocives pour l’organisme) avait brièvement atteint en 2013 près de 40 fois le niveau maximal d’exposition recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), notamment en [99].

En , le premier ministre Li Keqiang a annoncĂ© l'interdiction Ă  partir du de la vente et de l’importation de tout charbon contenant plus de 3 % de soufre ou plus de 40 % de cendres ; 50 000 petites chaudières Ă  charbon seront fermĂ©es et les performances environnementales des centrales de plus grande taille devront ĂŞtre amĂ©liorĂ©es[100].

Huit des principales mĂ©tropoles chinoises ont mis en place des dispositifs de limitation des achats de voitures afin d'attĂ©nuer la pollution atmosphĂ©rique : Ă  Shanghai, les plaques d’immatriculation sont mises aux enchères depuis 1994, sur un modèle initialement imitĂ© de Singapour, et leur nombre est limitĂ© Ă  100 000 par an, sauf pour les voitures Ă©lectriques qui reçoivent leur plaque gratuitement ; Ă  PĂ©kin, oĂą la limitation a Ă©tĂ© progressive, la solution Ă  première vue choisie a Ă©tĂ© la loterie : la ville a tirĂ© au sort 240 000 plaques en 2011, puis seulement 150 000 en 2014 et pourrait descendre Ă  90 000 en 2017, soit dix fois moins que les ventes de 2010. Shenzhen est devenue fin la huitième ville chinoise Ă  prendre des mesures pour limiter les immatriculations de voitures neuves : 100 000 vĂ©hicules par an, dont 20 000 voitures Ă©lectriques[101].

Le comitĂ© permanent du parlement chinois a votĂ© en la loi sur la taxe Ă©cologique, qui cible les entreprises et les institutions et entrera en vigueur le . La loi fixe un prix de 1,2 yuan (0,16 â‚¬) pour chaque unitĂ© d'Ă©mission polluante, par exemple 950 grammes de dioxyde de soufre. Mais le CO2, le principal gaz Ă  effet de serre responsable du rĂ©chauffement climatique, ne figure pas sur la liste des polluants concernĂ©s. La loi prĂ©cise Ă©galement un prix pour la pollution des eaux (1,4 yuan), ainsi que pour le bruit (entre 350 et 11.200 yuans par mois en fonction des dĂ©cibels). Le prix des dĂ©chets solides est fixĂ© entre 5 et 1.000 yuans par tonne. Les provinces pourront appliquer des taxes dix fois plus Ă©levĂ©es, mais elles pourront aussi les abaisser si leurs Ă©missions polluantes sont infĂ©rieures aux normes nationales[102].

Impact environnemental des barrages

Retenue du Barrage des Trois-Gorges, photo satellite, 2009

Bien qu'elle n'Ă©mette pas de gaz Ă  effet de serre lors de la production de l'Ă©lectricitĂ©, l'hydroĂ©lectricitĂ© n'est pas sans impacts environnementaux et sociaux. Les glissements de terrain, l'inondation de terres cultivĂ©es, les tremblements de terre causĂ©s parfois par le poids des Ă©normes masses d'eau stockĂ©es dans les grands barrages, et la ruine des habitats de reproduction de poissons sont citĂ©es comme dĂ©gâts. Par ailleurs, elle a causĂ© le dĂ©placement de plus de 15 millions de paysans locaux, qui ont du mal Ă  s'adapter aux milieux urbains extrĂŞmement diffĂ©rents de leurs rĂ©gions natales. John Hari[n 1] prĂ©tend que jusqu'en 1980 2 296 barrages ont cĂ©dĂ©, avec un bilan de 240 000 victimes. Le Barrage des Trois-Gorges, peu après sa construction, commença Ă  provoquer des glissements de terrain et des vagues meurtrières. Ses affluents ne pouvaient plus se nettoyer, et par consĂ©quent ses eaux devinrent carcinogènes. Plus de 1,8 million d'habitants ont Ă©tĂ© dĂ©placĂ©s pour sa construction.

L'attention attirée par les médias et les ONG sur les impacts écologiques et sociaux a suscité l'amélioration du cadre règlementaire qui permet d'espérer que les impacts environnementaux de l'hydroélectricité pourront être progressivement mieux pris en compte dans les projets.

Accidents dans les mines de charbon

En 2003, le taux de mortalité par tonne de charbon en Chine était 130 fois plus élevé qu'aux États-Unis, 250 fois plus qu'en Australie et 10 fois plus qu'en Russie.

Neuf ans plus tard, ce taux de mortalité a été divisé par dix. Le secteur charbonnier chinois reste cependant, avec 1079 morts en 2013, le plus dangereux du monde[103].

Politique énergétique

Le gouvernement a fixĂ© le pic de ses Ă©missions de CO2 « autour de 2030 » et s'est donnĂ© pour but d'atteindre une part de 15 % d'Ă©nergies renouvelables dans son mix Ă©nergĂ©tique en 2020, contre 7,5 % en 2016. La Chine est devenue la championne du monde des Ă©nergies renouvelables : le pays est en 2017 Ă  l'origine de plus du tiers de la production mondiale de panneaux solaires, et en 2016 la moitiĂ© des projets Ă©oliens installĂ©s dans le monde Ă©taient chinois. Le gouvernement a envoyĂ© un signal fort en fermant en la dernière centrale au charbon Ă  PĂ©kin et en dĂ©cidant d'interdire l'exploitation des mines de charbon d'une production infĂ©rieure Ă  300 000 tonnes par an. Mais les collectivitĂ©s locales, dont le pouvoir s'est accru depuis la libĂ©ralisation des annĂ©es 1980, constituent de sĂ©rieux obstacles Ă  l'application des politiques gouvernementales[104].

Un rapport publiĂ© en par un groupe de rĂ©flexion du gouvernement chinois, le centre Ă©nergĂ©tique de l'institut de recherche national sur l'Ă©nergie renouvelable, qui appartient Ă  la commission nationale du dĂ©veloppement et de la rĂ©forme, conclut que la Chine pourrait obtenir Ă  partir d'Ă©nergies renouvelables 60 % de son Ă©nergie totale et 85 % de son Ă©lectricitĂ© d'ici 2050 tout en maintenant la stabilitĂ© du rĂ©seau[105]. Dans ce « scĂ©nario Ă  haute pĂ©nĂ©tration des Ă©nergies renouvelables », les Ă©missions de CO2 de la Chine sont ramenĂ©es de 7,25 gigatonnes en 2011 Ă  3,02 gigatonnes en 2050, soit 2,17 tonnes/habitant ; le taux d'Ă©lectrification de la consommation passe de 22 % Ă  62 % ; la part des Ă©nergies non fossiles dans la production d'Ă©lectricitĂ© dĂ©passe 91 % en 2050 ; la consommation d'Ă©nergie primaire s'accroit de 26 % par rapport Ă  2010 ; la consommation d'Ă©nergies fossiles atteint son pic en 2025 et est divisĂ©e par trois en 2050 ; la part des renouvelables dans la production Ă©lectrique atteint 86 % en 2050 (34 % d'Ă©olien, 28 % de solaire, 14 % d'hydraulique, le reste : surtout biomasse et dĂ©chets) et celle du nuclĂ©aire 5 % ; le coĂ»t de l'Ă©lectricitĂ© baisse de 8 % ; les emplois dans les Ă©nergies renouvelables dĂ©passent 12 millions en 2050, alors que l'ensemble du secteur Ă©nergĂ©tique atteignait 17 millions d'emplois en 2010[106].

En , le président Xi Jinping s'engage, dans son discours à l'Assemblée générale de l'ONU, sur un objectif de neutralité carbone d'ici à 2060. La Chine s'était jusqu'ici toujours refusée à prendre un tel engagement, arguant qu'elle était encore un pays en développement. Par contre, Xi Jinping n'a pas avancé la date à laquelle la Chine atteindrait le pic de ses émissions de CO2, maintenue à 2030, mais en promettant de commencer à faire baisser les émissions « avant » 2030[107].

Le 24 octobre 2021, avant la COP26 de Glasgow, l'agence officielle « Chine Nouvelle » prĂ©sente une sĂ©rie d'objectifs pour parvenir Ă  la neutralitĂ© carbone en 2060 : d'ici 2030, la Chine aura commencĂ© Ă  rĂ©duire ses Ă©missions et aura portĂ© les Ă©nergies non fossiles Ă  25 % de la consommation totale d'Ă©nergie ; les Ă©missions de CO2 produites par unitĂ© de PIB devront avoir chutĂ© de plus de 65 % par rapport aux niveaux de 2005, avec une capacitĂ© des installations Ă©oliennes et solaires supĂ©rieure Ă  1 200 GW. En avril 2021, le prĂ©sident Xi Jinping avait dĂ©jĂ  affirmĂ© que le pays comptait maĂ®triser strictement ses projets de centrales Ă©lectriques Ă  charbon et rĂ©duire progressivement sa consommation de charbon. En septembre 2021, il s'Ă©tait Ă©galement engagĂ© devant l'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de l'ONU Ă  cesser de construire des centrales Ă  charbon Ă  l'Ă©tranger[108].

Xi Jinping sera absent de la COP27 de Charm el-Cheikh, comme il l'avait été de la COP26 de Glasgow. Lors du XXe Congrès du PCC, il a assuré : « Nous ferons tout pour assurer la sécurité énergétique ». Les pénuries massives d'électricité en Chine durant l'été et l'automne 2021 et la guerre russo-ukrainienne ont poussé les autorités chinoises à changer de stratégie et à soutenir sans ambiguïté la production domestique de charbon. L'ouverture de nouvelles mines et l'extension des capacités des centrales existantes amènent la production de charbon à des niveaux records, permettant de constituer des stocks et de réduire les importations. Les récents contrats remportés par des entreprises d'État chinoises au Laos et en Indonésie vont à l'encontre de l'annonce de Xi Jinping en 2021 de l'arrêt de la construction à l'étranger de nouvelles centrales à charbon. La Chine investit certes plus que tout autre pays dans les énergies propres et est en passe de battre son record de nouvelles installations solaires cette année. Le soutien au charbon, garant de la sécurité énergétique, ne se fait pas au détriment des énergies renouvelables mais en parallèle[109].

Notes et références

Notes

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Références

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Voir aussi

Articles connexes

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