Transport en Moldavie
Cet article présente les infrastructures de transport en république de Moldavie (pour le transport en Moldavie occidentale, voir Transport en Roumanie).
Introduction
Situation géographique
Dans le sud-est europĂ©en, au « carrefour gĂ©ographique » dâune part des Balkans et de lâEurope du Sud-Est Ă laquelle elle appartient par son histoire ancienne et sa langue latine, et dâautre part de lâEurope de l'Est Ă laquelle elle est reliĂ©e par son passĂ© soviĂ©tique et son appartenance Ă la C.E.I, la Moldavie est proche de la Mer Noire mais sans littoral, car le territoire ukrainien la sĂ©pare du liman du Dniestr. Aux marges de lâUnion europĂ©enne et de la zone dâinfluence de la Russie, la prĂ©sence militaire russe en Transnistrie permet Ă Moscou non seulement dâempĂȘcher une union Moldo-Roumaine, mais surtout de garder un Ćil vigilant sur lâUkraine et sur la base militaire amĂ©ricaine de Palazu mare, prĂšs de ConstanÈa sur le littoral roumain de la mer Noire (la Roumanie est membre de lâOTAN)[1].
Sans cette position gĂ©ostratĂ©gique entre des ensembles antagonistes, sa diversitĂ© ethnique, linguistique et culturelle (65 % de Roumains, 27 % de Russes et dâUkrainiens, 8 % dâautres minoritĂ©s : Gagaouzes, Bulgares...) pourrait ĂȘtre un atout. Mais ce brassage de populations est lâhĂ©ritage de lâintĂ©rĂȘt portĂ© par la Russie Ă cette rĂ©gion depuis longtemps et des grandes vagues de dĂ©portations organisĂ©es sous Joseph Staline, dont les effets Ă©motionnels, traduits et instrumentalisĂ©s sur le plan Ă©lectoral et territorial, ralentissent lâĂ©mergence dâune nation cohĂ©rente, stable et propice aux investissements. Si la Moldavie pouvait mener librement une politique dâintĂ©gration dans les grands programmes europĂ©ens sans pour autant sortir de la CEI, elle pourrait devenir un lien entre les deux Europes et mĂȘme lâAsie, en offrant une alternative aux grandes routes maritimes (canal de Suez).
La donne internationale depuis lâindĂ©pendance
Du point de vue politique, la Moldavie fait partie de « lâautre Europe », celle de lâEst, repoussĂ©e derriĂšre le « nouveau rideau de fer » Ă©tabli en 1991, lorsque la sphĂšre dâinfluence de Moscou a reculĂ© de mille kilomĂštres pour sâĂ©tablir sur les frontiĂšres de lâancienne Union des rĂ©publiques socialistes soviĂ©tiques, pays baltes exclus. Au terme de son Ă©largissement de 2007, lâUnion europĂ©enne a acquis une nouvelle frontiĂšre orientale, qui est une « nouvelle ligne de partage du continent EuropĂ©en »[2]. La position de la Moldavie est dâautant plus dĂ©licate sur cette nouvelle fracture, que ses dĂ©bouchĂ©s vers lâEst (Ukraine, Russie) passent obligatoirement par la Transnistrie, rĂ©gion sĂ©cessionniste Ă majoritĂ© russophone, ce qui fragilise ses Ă©changes. Câest donc un pays relativement enclavĂ© que nous trouvons aux frontiĂšres de lâUnion europĂ©enne, avec les dangers que cela comporte : Ă©migration clandestine massive, trafics illĂ©gaux divers, frustrations voire extrĂ©mismes[3].
Lâenclavement
Lâactuelle Moldavie correspond Ă lâancienne RĂ©publique socialiste soviĂ©tique moldave qui a proclamĂ© son indĂ©pendance le dans les frontiĂšres soviĂ©tiques tracĂ©es en 1940 et confirmĂ©es en 1947 par le traitĂ© de Paris. Elle ne couvre que 32 % de la principautĂ© roumaine moldave mĂ©diĂ©vale et se trouve amputĂ©e au sud de son ancien accĂšs Ă la mer Noire (les quatre ports de la Bessarabie : Reni, IzmaĂŻl, Kilia et Bilhorod-Dnistrovsky ayant Ă©tĂ© rattachĂ©s Ă l'Ukraine) et agrandie Ă lâEst dâune bande de terre auparavant ukrainienne, la Transnistrie. En divisant ainsi la Bessarabie, les autoritĂ©s soviĂ©tiques ont ainsi rendu la Moldavie Ă©conomiquement dĂ©pendante de lâUkraine et empĂȘchĂ© un Ă©ventuel retour de la Bessarabie entiĂšre dans le giron roumain.
La frontiĂšre moldo-ukrainienne, qui nâĂ©tait quâune limite administrative Ă lâintĂ©rieur de l'URSS, nâa pas Ă©tĂ© conçue pour ĂȘtre une frontiĂšre internationale selon le principe de « viabilitĂ© des frontiĂšres » dĂ©fini par Emmanuel de Martonne : elle recoupe Ă sept reprises la voie ferrĂ©e Tchernivtsi-Mohyliv au nord du pays et Ă 6 reprises la voie Odessa-Reni au sud, ainsi que de nombreuses routes. Ce tracĂ© ne laisse Ă la Moldavie que 340 m de rivage danubien et coupe ce pays de tout accĂšs direct Ă la mer Noire (liman du Dniestr) Ă 850 m prĂšs. Cela pose dâimportants problĂšmes de circulation et de logistique qui ont fait Ă©mettre plusieurs propositions dâĂ©changes territoriaux (par exemple la Transnistrie contre une partie du Boudjak ukrainien, ou encore les rayons moldaves de Tiraspol et Slobozia contre le rayon ukrainien de Reni) dont aucune nâa abouti. Contrairement aux informations qui ont circulĂ© dans divers mĂ©dia, lâĂ©change plus limitĂ© entre une partie de la commune moldave de Palanca et une partie de la commune ukrainienne de Reni, proposĂ© en 1997, globalement dĂ©fini en 1999 et qui a fait lâobjet d'un protocole additionnel en 2001, nâa jamais Ă©tĂ© mis en application, le statut du lieu-dit RĂźpa de la MĂźndreÈti Ă©tant contestĂ©. Cet Ă©change avait pour objet dâagrandir lâaccĂšs de la Moldavie au Danube tout en supprimant la traversĂ©e de la Moldavie par la route Odessa-Reni.
De ce fait, bien que le pays soit limitrophe de la riviÚre Prut et du fleuve Dniestr, il est enclavé, car[3] :
- il nâexiste plus dâouverture maritime comme au temps de la Bessarabie et de la RĂ©publique dĂ©mocratique moldave ;
- le Dniestr est physiquement navigable, mais pas toujours politiquement, les russophones empĂȘchant le trafic en amont des ports qu'ils contrĂŽlent, pour des « raisons de sĂ©curitĂ© » ;
- les connexions avec la Roumanie sont devenues rares (trois points de passage seulement : Sculeni, AlbiĆŁa, et Oancea devant Cahul) ;
- les chemins de fer ont, depuis 1946, le gabarit soviétique et l'électrification est limitée au tronçon sous contrÎle russe ;
- seul, lâaĂ©roport de ChiÈinÄu permet un accĂšs au ciel europĂ©en mais il est en concurrence avec les aĂ©roports de IaÈi, capitale provinciale de la Moldavie roumaine, et dâOdessa en Ukraine.
En termes dâinfrastructures, la Moldavie n'a pas les caractĂ©ristiques :
- d'un Ătat indĂ©pendant, car son rĂ©seau nâest pas suffisamment structurĂ© autour dâun point prĂ©cis ;
- d'un territoire roumain, car les réseaux des deux pays sont peu reliés entre eux et l'écartement des rails est différent.
Lâenjeu politique des transports
Lâaction de dĂ©senclaver peut venir uniquement dâune volontĂ© politique dâaccroĂźtre la viabilitĂ© Ă©conomique et sociale. Dâun point de vue politique, lâeffet structurant des transports se traduit dâabord territorialement, en assurant la continuitĂ© territoriale et lâunitĂ© du pays. Cette politique se heurte au rĂ©sultat du plan impĂ©rial russe puis soviĂ©tique des transports visant Ă drainer lâensemble des produits (surtout agro-alimentaires et vinicoles de la RSS de Moldavie vers Odessa, mais non Ă favoriser les dĂ©placements des citoyens et des marchandises Ă lâintĂ©rieur du pays.
Bien qu'ayant Ă©tĂ© un « finisterre » russe puis soviĂ©tique, son rĂ©seau nâest pas pour autant du type « terminaison de lignes ». Câest le « paradoxe moldave » dâĂȘtre au cĆur de lâEurope, au sens gĂ©ographique du terme, mais dâavoir Ă©tĂ© mise Ă lâĂ©cart du processus de dĂ©veloppement continental, en raison de sa position historique de « marche frontaliĂšre » soviĂ©tique, et de sa position actuelle aux marges de deux zones dâinfluence antagonistes : lâoccidentale dâune part, avec lâUnion europĂ©enne et lâOTAN en Roumanie, et lâeurasiatique dâautre part, avec le rĂŽle prĂ©dominant de la Russie et, en Moldavie mĂȘme, de la minoritĂ© russe et des partis pro-russes[4].
Les dĂ©cideurs politiques dâaujourdâhui ne peuvent pas inverser ce phĂ©nomĂšne en recrĂ©ant les liens historiques entre la Moldavie et ses pays voisins car les dirigeants de la Transnistrie et les communistes de Moldavie se sont toujours opposĂ©s Ă tout ce qui pourrait rĂ©duire la dĂ©pendance du pays vis-Ă -vis de la Russie.
Le dĂ©senclavement de la Moldavie peut donc se faire uniquement dans le cadre dâune nĂ©gociation europĂ©enne Ă©largie, au-delĂ du pacte de stabilitĂ© de lâEurope du Sud-Est, avec la crĂ©ation dâune zone internationale dâĂ©changes comprenant la Moldavie, la Roumanie et lâUkraine dans un espace Ă©conomique impliquant lâUnion europĂ©enne, la CEI et le bassin de la mer Noire (Turquie, pays du Caucase). En plus de la stabilitĂ© politique, le dĂ©senclavement de la Moldavie aurait aussi des consĂ©quences macro-Ă©conomiques positives, Ă long terme, car passant par une politique de transports intĂ©grĂ©e Ă la stratĂ©gie europĂ©enne (corridors de transport) ainsi quâaux programmes de la CEI (couloirs de lâOSJD).
Ătat des lieux du rĂ©seau et analyse des faiblesses actuelles des infrastructures
Structure des réseaux
Les rĂ©seaux routiers et ferroviaires moldaves diffĂšrent par leur structure et leur rĂ©partition gĂ©ographique. On peut rĂ©aliser une analyse comparative entre les deux rĂ©seaux afin de comprendre les difficultĂ©s de circulation des Moldaves. La diffĂ©rence entre rĂ©seau routier et rĂ©seau ferroviaire est frappante en Moldavie, comme sâil sâagissait de deux pays diffĂ©rents, avec des plans de dĂ©placements distincts. La politique soviĂ©tique avait en effet deux objectifs pour ses rĂ©publiques :
- lâirrigation territoriale propre Ă chacune, qui sâest traduite par les rĂ©seaux routiers dĂ©veloppĂ©s autour des capitales notamment en Moldavie par la structure Ă©toilĂ©e du rĂ©seau ;
- lâintĂ©gritĂ© de lâensemble soviĂ©tique dans son fonctionnement Ă©conomique planifiĂ© et centralisĂ©, qui sâest concrĂ©tisĂ©e par un rĂ©seau ferroviaire axĂ© sur le fret et les longues distances, donc construit dans le but unique de faciliter les Ă©changes au sein de lâURSS et en particulier avec Moscou.
RĂ©seau routier
Au , la longueur totale du rĂ©seau routier public en Moldavie est de 10 500 km, dont 3 200 km de routes nationales (30,5 %) et 7 300 km de routes locales (69,5 %), pour une densitĂ© de 315 km de routes pour 1 000 kmÂČ, niveau relativement Ă©levĂ© pour un pays de lâex-URSS. LâaccĂšs au rĂ©seau routier est donc assez facile.
Le rĂ©seau routier est structurĂ© en « Ă©toile » autour de ChiÈinÄu, schĂ©ma Ă lâimage de la centralisation politique dans ce pays avant son indĂ©pendance. Ces liaisons permettent dâabsorber la majoritĂ© du trafic interne actuel, mais sont saturĂ©es depuis les annĂ©es 2010 par la prolifĂ©ration automobile.
Dans le dĂ©tail, les routes principales en Moldavie sont gĂ©rĂ©es par le DĂ©partement Routier du ministĂšre des Transports et des Communications, via lâAdministration d'Ătat des Routes divisĂ©e en rĂ©gions (similaires aux DDE en France).
Le tracĂ© du rĂ©seau routier est marquĂ© par la pĂ©riode soviĂ©tique. Au rĂ©seau des routes secondaires, hĂ©ritĂ© du royaume de Roumanie, sâest superposĂ© le schĂ©ma soviĂ©tique en « Ă©toile » qui se distingue par quatre grands axes nord-sud et est-ouest avec en plus, un axe latĂ©ral allant du nord au sud de la Transnistrie, schĂ©ma intĂ©grĂ© au rĂ©seau routier international aprĂšs lâindĂ©pendance.
Cette structure présente quelques avantages :
- les communications sont efficaces entre la province et la capitale ChiÈinÄu, lieu de dĂ©cision et de consommation ;
- il existe une cohérence territoriale avec un centre et une périphérie.
Mais aussi beaucoup dâinconvĂ©nients :
- les infrastructures routiĂšres transversales sont peu dĂ©veloppĂ©es, les routes secondaires nĂ©gligĂ©es, leur pavement vieux de plus de 80 ans est vĂ©tuste (quand les pavĂ©s nâont pas Ă©tĂ© dĂ©robĂ©s), encore non goudronnĂ©es, Ă©troites, et il est difficile de sây croiser. Cette situation ne permet pas de relations importantes entre villes de province ;
- en lâabsence de rocade autour de ChiÈinÄu, le centre-ville est souvent encombrĂ©, et comme les cars ne sont pas prioritaires et ne bĂ©nĂ©ficient pas de couloirs, les retards sont frĂ©quents au dĂ©part de la gare routiĂšre internationale ;
- la liaison est-ouest pour le trafic de transit nâest pas directe et passe Ă une certaine distance au nord de ChiÈinÄu, Ă un nĆud reliant aussi la province de BÄlÈi (M 14, M 21, A 253, secteur de Cricova).
En plus des routes publiques, il faut compter les 10 700 km de routes non publiques (routes et chemins de douaniers, routes privĂ©es, chemins agricoles) dont 6 100 km non goudronnĂ©es, mais oĂč la circulation est possible avec une bonne suspension.
Le rĂ©seau public reste propriĂ©tĂ© de l'Ătat et ne peut faire lâobjet de privatisation ou de pĂ©age, mais un systĂšme de concessions a Ă©tĂ© Ă lâĂ©tude. Une des raisons du succĂšs Ă©lectoral du parti communiste moldave (prĂšs de 50 % des siĂšges au parlement depuis 2001) est prĂ©cisĂ©ment la crainte des privatisations, et de la disparition des services publics bon marchĂ© ou gratuits.
Les routes sont de deux types : routes « M » Ă grande circulation (M comme « magistrale », câest-Ă -dire relevant auparavant du pouvoir unional soviĂ©tique, servant au transport Ă longue distance et ouvertes au trafic Ă©tranger), et routes « A » (A comme « auto », relevant auparavant du pouvoir local de la RĂ©publique, servant de liaison entre ChiÈinÄu et les chefs-lieux de la Moldavie et ouvertes seulement au trafic local). Lâensemble de ces voies de circulation constitue « lâĂ©toile » du rĂ©seau principal. Avec lâaugmentation du trafic, ce schĂ©ma se traduit par la une saturation de certains axes alors que de grands espaces restent non desservis, en particulier les rĂ©gions rurales.
Les limitations de vitesse sont les suivantes :
- 50 km/h en ville ;
- 90 km/h hors agglomération ;
- en l'absence d'autoroute, 110 km/h sur les routes à deux fois deux voies séparées par un parapet pour les véhicules de moins de trois tonnes et demi (depuis 2017)[5].
Avant 1991, la volontĂ© des autoritĂ©s de la RSS de Moldavie Ă©tait de bien relier les deux composantes territoriales du pays, Moldavie historique et Transnistrie, tout en limitant les Ă©changes avec la Roumanie. Ă cette Ă©poque, six grands ponts ont Ă©tĂ© construits sur le Dniestr, convenablement rĂ©partis du nord au sud pour assurer cette unification. En revanche, seuls trois ponts (dont deux ferroviaires) subsistaient par-dessus le Prut. Sur cette riviĂšre, deux nouveaux ponts ont Ă©tĂ© ouverts depuis 1991. Tous ces ponts, de taille modeste, ne permettent pas dâabsorber lâactuel trafic international en plus du trafic intĂ©rieur. De plus, en Roumanie, des barriĂšres techniques se mettent en travers des transporteurs moldaves. Comme dans les autres pays de lâU.E., les vĂ©hicules « Euro 0 » de fabrication soviĂ©tique nâont plus le droit de circuler en Roumanie depuis le , alors que le commerce moldave dĂ©pend en grande partie de ses Ă©changes avec les rĂ©gions frontaliĂšres.
Forbes 2019[6]
RĂ©seau ferroviaire
Le rĂ©seau ferroviaire moldave couvre une longueur utile de 1 139,3 km. La longueur dĂ©veloppĂ©e des voies est de 2 318 km (avec les triages, embranchements et voies de service). Au total, ces infrastructures couvrent une superficie de 10 800 hectares. La densitĂ© est de 0,34 km de voie ferrĂ©e pour 1 000 kmÂČ.
Le rĂ©seau ferroviaire moldave, conçu Ă lâĂ©poque impĂ©riale russe, a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© au gabarit russe de 1,524 m. InaugurĂ© le , le premier tronçon desservait lâitinĂ©raire ChiÈinÄu-Tiraspol-Odessa, pour exporter les grains et les vins bessarabiens. Il a Ă©tĂ© prolongĂ© jusquâĂ la frontiĂšre roumaine d'Ungheni oĂč il se connecte au rĂ©seau roumain. Deux autres ramifications sont ensuite venues sây attacher : une au sud-ouest Ă partir de Tighina vers le port danubien de Reni, et lâautre dâUngheni vers le nord pour relier le pays Ă Kiev, Moscou et Saint-PĂ©tersbourg en passant par BÄlÈi, surnommĂ©e « capitale du nord de la Moldavie » et le plus important noeud ferroviaire en Moldavie. Ă lâĂ©poque roumaine, le rĂ©seau a Ă©tĂ© mis au gabarit europĂ©en de 1,435 m dans les annĂ©es 1919-1922, et trois nouvelles voies ont Ă©tĂ© construites vers la Moldavie occidentale roumaine, sous lâĂ©gide des ingĂ©nieurs de la mission française Berthelot[7]. Ce rĂ©seau a Ă©tĂ© remis au gabarit russe Ă lâĂ©poque soviĂ©tique en 1945-1948, en utilisant la main-dâĆuvre des prisonniers politiques[8].
Lors de lâindĂ©pendance en 1991, le parti agrarien de Mircea Snegur a proposĂ© lâĂ©lectrification et lâadaptation du rĂ©seau aux deux gabarits, avec la pose dâun troisiĂšme rail au gabarit UIC europĂ©en Ă lâintĂ©rieur du gabarit russe, comme câest dĂ©jĂ le cas Ă la frontiĂšre roumano-ukrainienne entre la RuthĂ©nie subcarpathique et le MaramureÈ, de maniĂšre que puissent y circuler aussi bien les trains europĂ©ens que les trains ukrainiens ou russes. Ainsi, les statuts de la C.E.I., qui prĂ©voient la continuitĂ© territoriale au sein des pays ex-membres de lâUnion soviĂ©tique pour permettre aux citoyens sĂ©parĂ©s par les nouvelles frontiĂšres de continuer Ă voyager par le mode ferroviaire, Ă©taient respectĂ©s. Mais le manque de financements et lâopposition des communistes a fait Ă©chouer ce projet. Toutefois, afin dâĂ©viter les changements de locomotives en frontiĂšre, Ă lâextrĂ©mitĂ© est du rĂ©seau lâĂ©lectrification du tronçon Tiraspol-Cuciurgan Ă la frontiĂšre avec lâUkraine a eu lieu dans la partie transnistrienne de la Moldavie, tandis quâĂ lâouest, la mise aux deux gabarits a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e sur un tronçon de 13,9 km entre Ungheni et la frontiĂšre roumaine.
Ă lâinverse de la route, le rĂ©seau ferroviaire nâa pas de centre, il nâest que la continuitĂ© du rĂ©seau ukrainien dont il partage le gabarit, et ChiÈinÄu nâest quâun lieu de passage parmi dâautres. Les frontiĂšres tracĂ©es en 1940 lorsque lâURSS annexa la Bessarabie, font fi du tracĂ© des voies ferrĂ©es qui, lui, suit les facilitĂ©s gĂ©ographiques. Il est donc entrecoupĂ© Ă plusieurs reprises par la frontiĂšre moldo-ukrainienne, dĂ©sormais internationale. Faute dâaccord de circulation, les contrĂŽles Ă chaque passage imposent de longs arrĂȘts qui rendent le rail rĂ©pulsif par rapport Ă la route, qui, pour sa part, Ă©vite les frontiĂšres. Le rĂ©seau nâoffre que trois points de passage vers la Roumanie, dont un seul au gabarit europĂ©en. Câest un schĂ©ma soviĂ©tique de fin de lignes. En outre, de vastes zones ne sont pas desservies par le rail.
Les caractéristiques de ce réseau engendrent de gros handicaps pour la Moldavie :
- il nâexiste pas dâaxe principal autour duquel organiser le rĂ©seau, puisque lâaxe le plus dĂ©veloppĂ© est celui de Ungheni â ChiÈinÄu â Tiraspol et nĂ©cessiterait un accord politique avec la Transnistrie ;
- la station ferroviaire disposant de plus de directions des chemins de fer (4) est celle de BÄlÈi, seule ville en Moldavie disposant de deux gares ferroviaires Gare de BÄlÈi-Slobozia et Gare de BÄlÈi-Ville ;
- certains points de province ne sont desservis quâalĂ©atoirement ou pas du tout Ă cause de lâĂ©tat vĂ©tuste de lâinfrastructure. Par exemple, pour se rendre Ă OcniÈa, il faut presque 8 h contre 4 h 30 en autocar Ă cause de l'Ă©tat des voies, des vols de mĂ©taux et de la dĂ©tĂ©rioration des Ă©quipements (imputĂ©e aux lobbys routiers - les mĂȘmes problĂšmes se rencontrent dans les pays voisins) ;
- dans lâest de la Moldavie, la traction ferroviaire pose problĂšme : on change trois fois de mode, Ă©lectrique 15 kV en Ukraine, puis Ă©lectrique 3 000 V continu en Transnistrie et enfin traction diesel de Tiraspol Ă ChiÈinÄu ! De plus, les locomotives ne sont pas toujours disponibles. Il en rĂ©sulte une perte moyenne de deux heures en plus du « temps dâattente politique » dĂ» aux autoritĂ©s transnistriennes ;
- certaines relations ChiÈinÄu-province se font dans le cadre dâun rĂ©gime international : chaque voyageur est dans lâobligation de possĂ©der un passeport. Le meilleur exemple est la relation ChiÈinÄu-Cahul pour laquelle le trajet ferroviaire dure 16 h, contre 4 h en car parce que la voie passe sur quelques kilomĂštres, mais Ă trois reprises, en Transnistrie et en Ukraine, ce qui fait six vĂ©rifications dâidentitĂ© !
- la politique handicape elle aussi le transport sur rail : Ă titre dâexemple, le , aprĂšs que la Moldavie ait prononcĂ© des sanctions Ă©conomiques contre la Transnistrie, cette derniĂšre a fait fermer le tronçon entre Bender et Cuciurgan (frontiĂšre avec lâUkraine) Ă lâaide de blocs de bĂ©ton. Ainsi, la Moldavie sâest retrouvĂ©e isolĂ©e du reste de la CEI pendant deux semaines.
Cette situation comporte tout de mĂȘme deux points positifs :
- le réseau ferroviaire est bien relié aux réseaux de la CEI, ce qui géographiquement, lui assure un accÚs aux ports le plus proches, Reni sur le Danube et Odessa sur la Mer Noire, mais cet atout est contrarié par la situation politique ;
- la prĂ©sence de voies au gabarit ISO Ă la frontiĂšre dâUngheni permet Ă la Moldavie de rester reliĂ©e Ă la Roumanie en lui assurant un accĂšs vers lâextĂ©rieur sans passer par la Transnistrie. De plus, en cas de rapprochement entre la Moldavie et lâUnion europĂ©enne, ou de durcissement avec la Transnistrie, lâaxe Ungheni-ChiÈinÄu deviendrait le « poumon » du pays.
En revanche, la majeure partie des lignes ferroviaires sont Ă voie unique. Leur exploitation est plus contraignante.
La restructuration se poursuit, avec la sĂ©paration de la gestion des infrastructures et de lâexploitation ferroviaire, ce qui a dĂ©jĂ menĂ© Ă des incidents et accidents faute de coordination. La transition vers lâĂ©conomie de marchĂ© nĂ©cessiterait :
- la modernisation des lignes existantes ;
- la participation aux programmes des Corridors paneuropéens ;
- lâĂ©lectrification du tronçon ChiÈinÄu-Ungheni ;
- le doublement des lignes Ă voie unique, au moins dâUngheni Ă BÄlÈi ;
- la mise du rĂ©seau au double-gabarit ISO et russe, au moins dâUngheni Ă ChiÈinÄu, pour Ă©viter les changements de bogies.
Mais les financements manquent.
RĂ©seau navigable et flotte
En voies navigables, la Moldavie compte 1 356 km, (dont 716 km sur le Prut et 640 km sur le Dniestr), mais les navires supĂ©rieurs Ă 249 TPL ne peuvent y accĂ©der. Le transport fluvial moldave traite environ 50 000 TPL de fret par an, dont la majoritĂ© sur le Dniestr en Transnistrie, qui se rĂ©serve lâusage du port de Tighina (en russe Bender) Ă 228 km de lâembouchure sur la mer Noire) et de celui de RĂźbniÈa Ă 434 km de lâembouchure.
AprĂšs avoir perdu en les quatre grands ports de la Bessarabie : Reni, IzmaĂŻl, Kilia et Bilhorod-Dnistrovsky rattachĂ©s Ă lâUkraine, la Moldavie dispose uniquement de deux ports fluviaux :
- Ungheni sur le Prut, à 407 km du confluent avec le Danube, relié à la gare de fret internationale, mais avec seulement un petit débarcadÚre accessible à de petites embarcations ;
- GiurgiuleĆti sur le Danube, vĂ©ritable port, dâune capacitĂ© totale de 500 000 tonnes par an, mais souffrant de la faible longueur du rivage moldave de ce fleuve (seulement 340 m ; un Ă©change territorial entre la Moldavie et l'Ukraine proposĂ© en 1997 devait quadrupler cette longueur, mais il a Ă©chouĂ©).
Ce port, seule ouverture maritime moldave possible, est pertinent non pour des raisons gĂ©ographiques (il y a deux autres ports anciens et beaucoup plus accessibles Ă proximitĂ© immĂ©diate : GalaÈi en Roumanie et Reni en Ukraine) mais pour des raisons politiques :
- le refus de lâUkraine de laisser transiter des navires et marchandises moldaves par Reni, reliĂ© au rĂ©seau ferroviaire moldave, ou par le liman du Dniestr, qui relie ce fleuve Ă la Mer Noire ;
- la difficultĂ© de faire transiter des navires et marchandises moldaves par GalaÈi en raison de lâappartenance de la Roumanie Ă lâUnion europĂ©enne et Ă lâOTAN, alors que la Moldavie appartient Ă la sphĂšre dâinfluence russe.
Cette « pertinence politique » amÚne les autorités moldaves à argumenter ainsi la création de ce port :
- il est Ă la rencontre de deux cultures, de trois frontiĂšres et constitue un point de ralliement naturel ;
- il va permettre une indépendance énergétique de la Moldavie par rapport à la Russie ;
- il se trouve au croisement des deux Ă©cartements de chemin de fer et dâun rĂ©seau routier europĂ©en ;
- il est proche de la mer Noire et de son bassin Ă©conomique et des grandes routes eurasiennes du programme TRACECA (liaisons avec la Turquie et la GĂ©orgie) ;
- il va pouvoir accueillir tout type de navire (roulier, vraquier, porte-conteneurs) jusquâĂ 10 000 tonnes de port en lourd et aussi bien des bĂątiments fluviaux que maritimes.
Toutefois, GiurgiuleÈti doit subir la concurrence directe des ports de Reni, IzmaĂŻl et Odessa (Ukraine), Varna (Bulgarie), ConstanÈa et GalaÈi (Roumanie), tous plus anciens, plus navigables et mieux Ă©quipĂ©s pour attirer les flux de transit entre la mer Noire et le VIIe corridor (Rhin / Main / Danube). Le nouveau port ne peut espĂ©rer une place que dans le trafic rĂ©gional vers les Balkans, Ă©ventuellement vers lâEurope centrale et Istanbul.
Par ailleurs, lâinvestissement dans ce port vient grever lourdement le budget de la Moldavie dans un contexte de crise financiĂšre internationale, due Ă la dĂ©croissance, elle-mĂȘme liĂ©e Ă lâĂ©puisement des ressources notamment Ă©nergĂ©tiques. De plus lâintĂ©gration de la Moldavie Ă lâUnion europĂ©enne nâest pas Ă lâordre du jour mĂȘme lointain, la Russie considĂ©rant un tel acte comme un « casus belli », au mĂȘme titre que les tentatives gĂ©orgiennes de reprendre le contrĂŽle de lâAbkhazie et de lâOssĂ©tie du Sud-Alanie[9].
Les autoritĂ©s moldaves pensent nĂ©anmoins que GiurgiuleÈti est mieux protĂ©gĂ© que ses concurrents des effets de la crise et que lâhinterland a une forte capacitĂ© de dĂ©veloppement. Elles soulignent que son statut de zone franche lui permet de faciliter les rĂ©gimes de transit (transbordements sur barges vers dâautres ports, rĂ©gimes de perfectionnement, etc.)
La situation des infrastructures fluviales est donc un grand point faible pour la Moldavie, qui ne peut pas accueillir de gros tonnages de fret, en particulier en vrac. Par exemple, lâimportation de cĂ©rĂ©ales ou de pĂ©trole reste problĂ©matique. Les fleuves moldaves prĂ©sentent le triple inconvĂ©nient dâĂȘtre limitĂ©s dans leur utilisation par leur gabarit, de dĂ©limiter tous deux des frontiĂšres (officielles ou non) et de ne faire lâobjet dâaucun traitĂ© international pour leur utilisation. Le Dniestr nâa quâun trĂšs faible trafic en raison de lâopposition de la Transnistrie Ă toute tentative moldave de rĂ©tablissement dâun rĂ©gime rĂ©gulier de navigation. Le refus de lâUkraine de laisser transiter du trafic moldave par son port danubien de Reni, reliĂ© au rĂ©seau ferroviaire moldave, ou par le liman du Dniestr, qui relie ce fleuve Ă la Mer Noire, accentue lâenclavement. Quant au Prut Ă lâouest, qui dĂ©limite la frontiĂšre avec la Roumanie et qui se jette dans le Danube en amont du petit port de GiurgiuleÈti, il est sujet Ă de grandes variations de niveau et son dĂ©bit est la plupart du temps insuffisant pour la navigation autre que celle de petites vedettes. Câest pourquoi le trafic moldave reste en grande partie tributaire des ports de GalaÈi et de ConstanÈa et Roumanie ou de Reni en Ukraine, celui dâOdessa lui Ă©tant inaccessible en raison du blocage transnistrien.
La Moldavie a rejoint l'Organisation maritime internationale (OMI) et adhĂšre Ă lâaccord de Belgrade des pays riverains du Danube, qui pourrait servir de cadre juridique pour lâamĂ©lioration du transport fluvial et maritime en Moldavie. DĂ©but 2001, le parlement a adoptĂ© un « Code de la navigation commerciale ». Mais ce programme a pris du retard et le parlement moldave doit toujours ratifier un certain nombre de conventions internationales gĂ©rĂ©es par lâOMI, tel que SOLAS, MARPOL, MPPS, LOAD MARK, PDNV, qui permettraient aux navires moldaves dâobtenir tous les certificats de conformitĂ© aux normes internationales et au pavillon moldave pourrait dâĂȘtre utilisĂ© sur les eaux internationales grĂące Ă la souplesse de sa lĂ©gislation et les niveaux de salaires bas, avec les rentrĂ©es fiscales sây rapportant. Câest prĂ©cisĂ©ment ce qui motive les dĂ©putĂ©s communistes (45 % des siĂšges au parlement moldave) Ă refuser de ratifier ces conventions.
Mais techniquement, toute amélioration serait coûteuse et présente de gros inconvénients:
- lâaltitude des reliefs ne permet pas le creusement d'un axe fluvial est-ouest pour les trafics de transit entre le Danube et Tiraspol en passant par ChiÈinÄu, qui coĂ»terait autant que le canal de Panama pour une rentabilitĂ© infiniment moindre (mĂȘme le canal Danube-Mer Noire en Roumanie, entre CernavodÄ et ConstanÈa, nâa jamais Ă©tĂ© amorti alors quâil est ouvert depuis prĂšs de trente ans) ;
- il serait dangereux de draguer les cours dâeau navigables sans consolider leurs berges Ă lâavance en y replantant les forĂȘts-galerie qui les retenaient (abattues pour le bois et/ou pour la surveillance des frontiĂšres), car cela augmenterait la vitesse dâĂ©coulement, et donc lâĂ©rosion des berges (quant Ă les bĂ©tonner comme on lâa fait ici ou lĂ dans les annĂ©es 1950-1980, les dangers sont encore plus grands hydrologiquement et environnementalement parlant, toute rupture de digue reprĂ©sentant un trĂšs grand risque) ;
- Ungheni et de Tighina pourraient devenir des nĆuds multimodaux avec le fer et la route, mais le faible tirant d'eau du Prut pour le premier, et lâoccupation russe du second, rendent de tels travaux irrĂ©alisables ;
- le complexe de GiurgiuleĆti, Ă©tranglĂ© dans ses 340 m de rivage, ne peut donc ĂȘtre convenablement reliĂ© aux centres de consommation, et en particulier Ă ChiÈinÄu (voie ferrĂ©e passant par lâUkraine, olĂ©oduc plus route « M 3 » Ă lâĂ©troit).
Câest politiquement quâil faudrait rechercher des solutions, en permettant Ă la Moldavie dâaccĂ©der Ă nouveau aux ports de Reni, IzmaĂŻl, Kilia et Bilhorod-Dnistrovsky, mais cela ne pourrait se faire que sous lâĂ©gide dâun traitĂ© international pour lâutilisation du Prut, du Danube et du Dniestr. Or un tel traitĂ© impliquerait toute lâU.E. dâun cĂŽtĂ© et la C.E.I. de lâautre : autant dire que ce nâest pas pour demain.
RĂ©seau dâaĂ©roports
Le transport aĂ©rien en Moldavie est surtout du trafic voyageurs. Il existe un seul aĂ©roport international en Moldavie, celui de ChiÈinÄu. Il reçoit en moyenne 5 000 mouvements dâavions par an et gĂšre 250 000 passagers et 3 000 tonnes de fret. Il peut accueillir jusquâĂ 44 appareils de toutes tailles, les pistes ayant Ă©tĂ© rallongĂ©es et rĂ©habilitĂ©es Ă lâoccasion du sommet de la CEI en . Il relie les principales capitales europĂ©ennes (Paris, Francfort, Berlin, Varsovie, Budapest et Bucarest entre autres), le Proche-Orient (Tel-Aviv-Jaffa) et la CEI (Minsk, Kiev, Simferopol, Moscou, Saint-PĂ©tersbourg, Rostov-sur-le-Don). Les volumes aĂ©riens de fret sont restĂ©s limitĂ©s en raison dâune capacitĂ© rĂ©duite du traitement : les grandes expĂ©ditions aĂ©riennes utilisent les aĂ©roports de Budapest, Bucarest et Kiev avec post-acheminements routiers.
Cet aĂ©roport, construit en 1974 par lâURSS Ă la place de lâancien aĂ©rodrome local, devait ĂȘtre rĂ©habilitĂ© pour le rendre conforme aux normes de lâOACI et recevoir le statut dâaĂ©roport international afin dâintĂ©grer la Moldavie au rĂ©seau de transport aĂ©rien international. La Banque europĂ©enne pour la reconstruction et le dĂ©veloppement (BERD) et le gouvernement moldave ont lancĂ© le programme de rĂ©habilitation de lâaĂ©roport en 1996. Lâappel dâoffres fut remportĂ© par la sociĂ©tĂ© turque « Afken » et la britannique « Halcrow » pour un montant total de 11,5 millions dâeuros (financement BERD : 74 %). Le programme prĂ©voyait :
- la rĂ©habilitation du terminal Ă passagers (y compris une route dâaccĂšs et le parking) ;
- lâacquisition et lâinstallation dâĂ©quipements aĂ©roportuaires spĂ©cialisĂ©s ;
- la fourniture et la mise en place dâun systĂšme dâinformation ;
- la formation du personnel ;
- la consultation de projets de services annexes (transports urbains, office de tourisme).
Les travaux ont durĂ© de 1998 Ă 2000, sans suspendre lâexploitation de lâaĂ©roport.
En 1998, il a accueilli 16 Ă 18 avions par jour (plus dâune trentaine de mouvements) et 160 000 personnes. 400 000 Ă©taient espĂ©rĂ©s en 2010 par la direction de lâaĂ©roport. Cette prĂ©vision a Ă©tĂ© fortement revue Ă la hausse en 2002 avec une crainte dâencombrement de lâaĂ©roport pour 2015. Par ailleurs, un « intĂ©grateur » cĂ©lĂšbre dĂ©sirait il y a 3 ans installer sa plate-forme rĂ©gionale Ă ChiÈinÄu pour sa position stratĂ©gique entre Europe et Proche-Orient. Les lenteurs administratives ont eu raison de ce projet.
En dehors de ChiÈinÄu, seul l'aĂ©roport international de BÄlÈi-Leadoveni a opĂ©rĂ© lâexploitation de vols rĂ©guliers Ă destination et en provenance de BÄlÈi, autrefois lâun des plus importants centres dâaviation en Moldavie (aviation Ă BÄlÈi). Historiquement, la Moldavie a connu deux dĂ©tachements dâaviation civile: celui de Chisinau et celui de Balti. Il existe dâautres aĂ©rodromes non utilisĂ©s commercialement, ou seulement pour le fret : Tiraspol ModĂšle:Source et une trentaine dâautres sites (aĂ©rodromes privĂ©s, militaires ou en friche), avec ou sans tarmac, vestiges de la guerre froide. LâaĂ©roport de Tiraspol a fait lâobjet dâune rĂ©habilitation par la Russie pour permettre lâatterrissage dâavions gros porteursModĂšle:Source de lâarmĂ©e afin dâassurer la logistique de la 14e armĂ©e russe prĂ©sente en Transnistrie. LâaĂ©roport de BÄlÈi pourra se spĂ©cialiser Ă©galement, en particulier sur le court-courrier avec les pays proches.
Cette concentration dâaĂ©roports pour ce petit pays, rĂ©sultat des investissements militaires soviĂ©tiques dans cette rĂ©gion, opportunitĂ© dâouverture internationale, pourrait permettre le dĂ©veloppement des bassins Ă©conomiques autour des grandes villes, dĂ©centralisant ainsi lâĂ©conomie. Le « hub » rĂ©gional voyageurs pour les destinations lointaines restant ChiÈinÄu. En effet, Bucarest et Kiev, les capitales les plus proches, se trouvent toutes deux Ă plus de 400 km et leurs droits dâatterrissage sont beaucoup plus Ă©levĂ©sModĂšle:Source. Lâapport des aĂ©roports internationaux de IaÈi (Moldavie roumaine) et dâOdessa (Ukraine) nâest pas non plus Ă nĂ©gliger, en profitant de lâaxe terrestre dĂ©jĂ existant, car en regard du taux de croissance du trafic international de voyageurs prĂ©vu par la CEMT (de 80 Ă 90 % entre 2000 et 2015), lâaĂ©roport de ChiÈinÄu, par sa petite taille, risque dâĂȘtre saturĂ© vers 2015. Il faudrait toutefois penser ces Ă©volutions en tenant compte de la transition Ă©nergĂ©tique, qui imposera la diminution des vols dâaĂ©ronefs consommant du kĂ©rosĂšne, au profit de dirigeables de grande capacitĂ©, Ă dĂ©collage et atterrissage vertical, et Ă Ă©nergie solaire.
Les handicaps
HĂ©ritage du passĂ©, la Moldavie est un pays enclavĂ© aussi bien politiquement (pas dâaccĂšs maritime) que techniquement (dĂ©placements difficiles en raison de la structure et de lâĂ©tat des infrastructures) : lâabsence chronique de passage vers lâextĂ©rieur ou leur limitation extrĂȘme vers lâouest (pont sur le Prut avec limitation de tonnage et changement de bogies pour les trains) et lâobstacle transnistrien vers lâest, relĂšvent de la volontĂ© politique soviĂ©tique et post-soviĂ©tique de limiter tout ancrage du pays vers lâouest. En consĂ©quence :
- les frontiĂšres constituent des goulets dâĂ©tranglement oĂč les dĂ©lais dâattente dĂ©passent les six Ă huit heures ;
- les infrastructures sont dangereuses et certains axes sont en surcapacité.
Le vieillissement des infrastructures
Le manque dâinvestissements pendant la pĂ©riode soviĂ©tique, lâavĂšnement de la libertĂ© de circuler dans des vĂ©hicules privĂ©s inaugurĂ©e par la perestroĂŻka, puis la transition Ă©conomique difficile de la Moldavie, dans un contexte de crise Ă©conomique internationale, ont eu comme rĂ©sultat de lĂ©guer une infrastructure ferroviaire et fluviale dont le dĂ©labrement a profitĂ© aux transports routiers. La dĂ©monstration de la dĂ©liquescence des infrastructures est facile : depuis 1985, le fret sâest effondrĂ© tandis que le routier a explosĂ© : en 2001, 46 000 camions, 260 000 voitures (pour un peu plus de 4 millions dâhabitants) et 15 000 autocars Ă©taient enregistrĂ©s.
Les tendances principales observĂ©es dans lâhistoire rĂ©cente des transports sont :
- un déclin spectaculaire des volumes de transport depuis 10 ans (réduction de 90 % en volume, de 80 % en tonnes-km et de 85 % en nombre de passagers) ;
- une augmentation considérable du nombre de voitures particuliÚres (de 170 000 à 260 000 en 6 ans) ;
- la détérioration des infrastructures.
Lâentretien et la rĂ©paration des routes souffre du sous-financement public chronique aboutissant Ă lâachat de matiĂšres premiĂšres de mauvaise qualitĂ©, de sous-qualification des ouvriers et de leur encadrement. Un rapport sur « les conditions des routes, des rues et des ponts », Ă©tabli aprĂšs consultation de la population entre et montre que quasiment toutes les routes du pays (nationales, locales, urbaines et les rues de villages) ainsi que de nombreux ponts sont dans une situation dĂ©sastreuse. En 2003, la totalitĂ© des rĂ©parations urgentes soumises au ministĂšre aurait coĂ»tĂ© plus de 8 fois son budget annuel dâentretien des routes (en 2001-2002, le financement total pour les routes locales Ă©tait dâun million de dollars).
Le manque de points-frontiĂšre
Officiellement, trois aĂ©roports moldaves pourraient ĂȘtre des points de sortie autorisĂ©s :
- ChiÈinÄu (le seul rĂ©ellement utilisĂ©) ;
- AĂ©roport international de BÄlÈi-Leadoveni (employĂ© pour les courses rĂ©guliĂšres internationales entre 1987-1994 et ensuite occasionnellement pour les courses internationales charter jusquâĂ 2015) ;
- Tiraspol (nâaccueille aucun vol international).
Pour le mode aĂ©rien, lâaĂ©roport de ChiÈinÄu ne semble pas suffisant pour traiter la majoritĂ© des flux entrants et sortants de la Moldavie. De nombreux passagers vers ou en prĂ©venance de Moldavie transitent par les aĂ©roports voisins en Roumanie ou en Ukraine. Toute hypothĂšse de dĂ©veloppement du mode implique une refonte importante du mode de fonctionnement des services douaniers, sanitaires et dâimmigration, dĂ©jĂ saturĂ©s en dĂ©pit du fable trafic, en raison des « habitudes hĂ©ritĂ©es » de lâĂ©poque soviĂ©tique : faible automatisation, contrĂŽles trĂšs dĂ©taillĂ©s, temps dâattente longs.
Il en est de mĂȘme pour les gares ferroviaires, qui ne sont que quatre :
- Basarabeasca (sud de la Moldavie à la frontiÚre moldo-ukrainienne, trÚs peu utilisé) ;
- Cantemir (sud de la Moldavie, à la frontiÚre roumaine, trÚs peu utilisé, changement de bogies) ;
- PervomaĂŻsk (Transnistrie vers lâUkraine, fonctionnement alĂ©atoire) ;
- Ungheni (passage obligĂ© vers lâEurope, changement de boggies).
Pour juguler les exportations sauvages et le marchĂ© noir, la Moldavie a multipliĂ© les procĂ©dures Ă sa frontiĂšre ouest, tandis quâĂ lâest, les autoritĂ©s de Transnistrie ont rĂ©pondu par une discrimination continue des trafics par de nombreuses barriĂšres tarifaires et administratives, empĂȘchant ou ralentissant tout transit par son territoire des exportations vers lâUkraine et la Russie. Le passage en « frontiĂšre » y est lent, la corruption active, les vols frĂ©quents. De plus, la Transnistrie a fait changer les sceaux de ses tampons de douane. Cet Ă©tat de fait coupe la Moldavie Ă la fois de lâU.E., son marchĂ© potentiel, et de la C.E.I., son marchĂ© historique. Vers la C.E.I., seul lâaccĂšs par CosÄuÈi, au nord du pays, fonctionne : il est distant de plus de 150 km de ChiÈinÄu. Cet accĂšs nâavait pas Ă©tĂ© prĂ©vu pour recevoir la quasi-totalitĂ© des Ă©changes entre la Moldavie et le reste de la C.E.I.: il est sans cesse encombrĂ© et lâattente est de plus en plus longue Ă ce point-frontiĂšre.
Pour contourner le problĂšme transnistrien, lâĂtat Moldave a innovĂ© par le projet de crĂ©er des postes de douane mobiles qui se dĂ©placeraient au grĂ© de la demande sur certains points frontiĂšres. De plus, cette brigade spĂ©cialisĂ©e pourrait rapidement se placer en frontiĂšre, le jour venu de la normalisation de la Moldavie. Mais bien que ce projet soit soutenu et financĂ© par le programme europĂ©en TACIS de CoopĂ©ration transfrontaliĂšre (CTF) pour la formation du personnel, il est encore peu avancĂ©, faute de candidat, ceux-ci Ă©tant dĂ©couragĂ©s par les menaces (y compris physiques) Ă©manant des autoritĂ©s russes et transnistriennes, ou encore des communistes (presque la moitiĂ© des dĂ©putĂ©s du parlement moldave).
Les diffĂ©rents projets passĂ©s et prĂ©sents financĂ©s par le programme de coopĂ©ration transfrontaliĂšre sâinscrivent dans le prolongement des principes du programme dâaction TACIS 2003. Ils visent Ă amĂ©liorer lâefficacitĂ© des frontiĂšres :
- formation des douaniers et des garde-frontiĂšres ;
- fourniture dâĂ©quipement ;
- réhabilitation des infrastructures frontaliÚres ;
- CrĂ©ation dâun poste frontiĂšre mobile avec une brigade spĂ©cialisĂ©e afin de faciliter la surveillance de la frontiĂšre « mouvante » avec la Transnistrie.
Et aussi à réduire la contrebande, la migration clandestine et à favoriser le commerce légal.
Par exemple, le projet CTF (« CoopĂ©ration transfrontaliĂšre Ă Ungheni ») soutient des entreprises communes moldaves et roumaines, encourage les exportations et sâemploie Ă canaliser les investissements Ă lâest du Prut. Les points de passage des frontiĂšres situĂ©s sur les principaux passages ferroviaires et routiers entre la Moldavie et la Roumanie ont Ă©tĂ© pris en compte et le programme CTF 2001 finance la reconstruction dâun pont sur le Prut, dĂ©senclavant toute une « eurĂ©gion » moldave commune Ă lâUkraine, Ă la Roumanie et Ă la Moldavie. Tout travail dâinfrastructure de grande envergure sera soumis Ă une procĂ©dure dâĂ©tude dâimpact sur lâenvironnement (EIA) similaire Ă celle requise par la directive de lâUE. La facilitĂ© de petits projets transfrontaliers est Ă©galement opĂ©rationnelle en Moldavie (pour le moment, 6 projets totalisent 1,2 million dâeuros). Les secteurs visĂ©s sont lâaide au dĂ©veloppement local, les problĂšmes sociaux, la protection de lâenvironnement.
Dans un souci dâĂ©quilibre politique, la Moldavie doit tendre la main Ă tous les projets, quâils viennent de Bruxelles ou de Moscou. La dĂ©claration dâHelsinki du intitulĂ©e « vers une politique europĂ©enne des transports » avait pour objectif de « promouvoir des systĂšmes de transport durables et efficaces rĂ©pondant aux besoins Ă©conomiques et sociaux des citoyens europĂ©ens ainsi quâĂ leurs attentes en matiĂšre dâenvironnement et de sĂ©curitĂ©, contribuant Ă rĂ©duire les disparitĂ©s rĂ©gionales et permettant aux entreprises europĂ©ennes dâaffronter avec succĂšs la concurrence sur les marchĂ©s mondiaux ».
Les projets : présentation et analyse
Avec le systĂšme de financement prĂ©vu par lâadministration moldave, la stratĂ©gie globale du SCERP dans le secteur des transports prĂ©voit de dĂ©gager les grands axes du pays permettant un dĂ©veloppement Ă©conomique et social Ă©gal pour tous ainsi quâune gestion moins alĂ©atoire des fonds publics pour lâentretien des routes.
Les stratégies en transports terrestres
Selon lâadministration des routes, les objectifs de la stratĂ©gie du secteur des infrastructures de transport routier sont :
- amĂ©liorer lâentretien du rĂ©seau routier existant pour arrĂȘter sa dĂ©gradation ;
- établir un environnement financier et technique adéquat pour mettre le réseau routier principal (environ 400 km) aux standards européens ;
- améliorer le réseau national secondaire (2 000 km) et mettre le réseau local (750 km) en condition acceptable.
- développer graduellement un réseau routier express sur les axes principaux du pays, en corrélation avec la croissance du trafic interne et de transit.
Depuis le , les Chemins de fer moldaves Ă©taient une administration dâĂ©tat Ă but non lucratif dĂ©pendant du MinistĂšre des Transports et des Routes (maintenant MinistĂšre des Transports et les Communications).
Dans le domaine ferroviaire comme ailleurs, la modification de la lĂ©gislation (Ă laquelle sâopposĂšrent les partis de gauche) fut un prĂ©alable indispensable Ă la « restructuration Ă lâeuropĂ©enne ». Les modalitĂ©s, Ă©chelons et prioritĂ©s sont toujours dĂ©battues entre leurs promoteurs et leurs adversaires, car elles sâaccompagnent, pour les agriculteurs et toute leur filiĂšre, pour les industries agro-alimentaires et pour les rĂ©seaux de transports, de processus de privatisations, de concessions et de rĂ©organisation en vue dâintĂ©grer lâĂ©conomie moldave, encore en grande partie vivriĂšre, dans un processus de mondialisation pour raison de compĂ©titivitĂ©. Les promoteurs de ces projets soulignent que « la situation dĂ©plorable actuelle constitue une barriĂšre sĂ©vĂšre » dans lâintĂ©gration de lâĂ©conomie moldave. Leurs dĂ©tracteurs, essentiellement les communistes et les sociaux-dĂ©mocrates, contestent le « modĂšle europĂ©en » oĂč les entreprises publiques de transport sont sĂ©parĂ©es de celles qui entretiennent les infrastructures et reculent au profit dâentreprises privĂ©es, sur rail comme sur route. Chaque parti a ses arguments. Lâenjeu est de taille : sâagit de modifier les rapports entre l'Ătat et les CFM, câest-Ă -dire de sĂ©parer les fonctions rĂ©galiennes et de gestion, en transfĂ©rant les responsabilitĂ©s rĂ©gulatrices de lâĂtat Ă une agence spĂ©cialisĂ©e (une autoritĂ© de contrĂŽle), indĂ©pendante du ministĂšre des Transports, qui pourrait lancer des appels dâoffres en direction des entreprises privĂ©es Ă but lucratif.
En 1999, un premier programme de modernisation et de restructuration des chemins de fer a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© par lâĂtat, et le MinistĂšre des finances a effacĂ© une partie des dettes hĂ©ritĂ©es du passĂ©. Des plans dâinvestissement visant Ă dĂ©velopper lâinfrastructure le long du IXe corridor figurent aux programmes TACIS depuis 1996. ConformĂ©ment aux amendements des dĂ©putĂ©s communistes et sociaux-dĂ©mocrates, la loi votĂ©e le comporte clairement la notion de service public (« exĂ©cutĂ©s dans l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral » notamment le transport social Ă bas tarif, financĂ© au budget) mais aussi, conformĂ©ment aux vĆux des dĂ©putĂ©s libĂ©raux et au Livre Blanc europĂ©en, des chapitres sur le libre accĂšs des transporteurs privĂ©s Ă lâinfrastructure ferroviaire ainsi que sur les rĂšgles relatives Ă la sous-traitance (contrats de services publics).
En 2001, lâentreprise publique « CFM » fut crĂ©Ă©e, avec des charges structurelles sâĂ©levant Ă 4,92 milliards de lei (585 MâŹ) dont 1,764 milliard de lei (209 MâŹ) doit ĂȘtre autofinancĂ©. Lâentreprise emploie 12 300 personnes. Les CFM sont constituĂ©s de 37 divisions, disposant d'une grande autonomie au sein de lâentreprise nationale. La Moldavie a adhĂ©rĂ© Ă lâOSJD et participe Ă la coordination des rĂ©seaux Ă Ă©cartement 1,52 m ainsi quâaux projets de corridors ferroviaires eurasiens. Mais le matĂ©riel roulant est ĂągĂ©, en particulier la traction, et la « productivitĂ© humaine » est faible. Les rĂ©sultats financiers positifs des annĂ©es 2001â2003 masquent un faible niveau d'investissements autant dans les infrastructures, les installations, la traction et le matĂ©riel roulant, que dans la formation du personnel.
Les partis de gauche restent trĂšs opposĂ©s Ă lâĂ©volution du transport inscrite dans les buts principaux de la stratĂ©gie du SCERP, au terme de laquelle lâentreprise dâĂtat CFM Ă but non lucratif deviendrait une sociĂ©tĂ© par actions Ă but lucratif (dont lâĂtat sera lâactionnaire unique en un premier temps) :
- phase 1 : réorganisation en pÎles structurels de coûts (1 an) ;
- phase 2 : nouvelle Ă©volution en centres de profits (2 ans) ;
- phase 3 : Ătablissement d'unitĂ©s d'affaires ayant une gestion indĂ©pendante, et dont les interactions pourront se matĂ©rialiser par des imputations Ă leurs budgets via des jeux dâĂ©critures comptables, voire facturations internes.
LâintĂ©gration aux corridors de lâOSJD et aux Corridors paneuropĂ©ens
La Moldavie touche à deux corridors paneuropéens :
- le VIIe est lâaxe fluvial « Rhin-Main-Danube » et la Moldavie est intĂ©grĂ©e Ă ce programme en tant que pays Danubien, signataire du traitĂ© de Belgrade. Ce programme, Ă lâorigine destinĂ© aux pays de lâex-Yougoslavie, a Ă©tĂ© Ă©largi pour faciliter la navigation vers tous les ports du sud-est europĂ©en. Pour cela, lâinfrastructure fluviale bĂ©nĂ©ficie de financements pour ses berges, ses ponts, son fond et ses infrastructures portuaires. Lâobjectif de ce corridor est de dĂ©senclaver les pays dâEurope centrale nâayant pas dâouverture sur la mer, de faciliter le transport de grosses charges et de dĂ©sengorger les axes routiers dans les trafics longs ou de transit, en particulier en utilisant le transport combinĂ© (barges Ă conteneurs). Pour la Moldavie, ce corridor danubien permettrait de viabiliser la rĂ©gion sud du pays, encore trĂšs pauvre, en attirant industrie et logistique.
- le IXe corridor est un double axe routier et ferroviaire devant relier du nord au sud, Helsinki en Finlande Ă AlexandroĂșpoli en GrĂšce. Lâaxe routier passe en Moldavie dâest en ouest en passant par la capitale. Cet axe rĂ©pond aux besoins du pays en termes de transport routier car il permet de rejoindre rapidement les grands axes europĂ©ens. En revanche, lâaxe ferroviaire traverse la Moldavie sur un axe nord-est/sud-ouest en passant par OcniÈa, BÄlÈi et Ungheni sur des voies uniques vĂ©tustes, mais pas par ChiÈinÄu et Tiraspol qui est orientĂ© sud-est/nord-ouest. Sans lâopposition des russophones, ce tracĂ© pourrait aider Ă intĂ©grer la Moldavie dans lâespace ferroviaire europĂ©en en faisant dâelle un territoire charniĂšre entre les deux types dâĂ©cartements de voies. Cette grande traversĂ©e de la Moldavie permettrait lâimplantation de zones industrielles ou logistiques permettant dâapporter une valeur ajoutĂ©e (transformation ou conditionnement) aux produits en transit, quâil soit local ou international. Lâaxe permettrait aussi de rapprocher le port dâOdessa dans le mĂȘme objectif, de favoriser lâexportation de produits traditionnels (vins, tabac) et lâĂ©tablissement de zones franches Ă lâentrĂ©e en U.E. (travail Ă façon sous un rĂ©gime de perfectionnement, reconditionnement, transit).
Le programme TRACECA ou « Route de la Soie »
LancĂ© en 1993, le programme « Traceca » (Transport corridor Europe Caucase Asie) est aujourd'hui le principal outil de coopĂ©ration de lâUnion europĂ©enne dans les huit pays du Caucase et de lâAsie centrale. Le but est de dĂ©senclaver la rĂ©gion en crĂ©ant un corridor de transports de marchandises (notamment Ă©nergĂ©tiques), terrestres et maritimes, reliĂ© aux rĂ©seaux trans-europĂ©ens et Ă la Chine, en passant par la mer Noire. Il sâagit aussi de favoriser lâindĂ©pendance Ă©conomique de ces pays et une future coopĂ©ration rĂ©gionale. L'acte fondateur est signĂ© Ă la confĂ©rence de Bakou en en prĂ©sence de reprĂ©sentants de trente-deux pays et de nombreuses organisations internationales. Des projets d'investissement et d'assistance technique, financĂ©s par lâU.E., mais aussi la BERD et la Banque mondiale, sont Ă©laborĂ©s pour harmoniser les politiques de transport, rĂ©habiliter et informatiser, crĂ©er des conditions de concurrence, assurer la sĂ©curitĂ© du trafic... Ce programme rencontre les mĂȘmes obstacles politiques que ceux Ă©voquĂ©s Ă propos de la Transnistrie, et sa viabilitĂ© Ă©conomique est parfois contestĂ©e en raison de la dĂ©croissance. Il nâen reste pas moins que, de 1993 Ă 2000, le trafic est passĂ© de 300 000 Ă 11,4 millions de tonnes.
La Moldavie fait partie intĂ©grante du programme, comme lâUkraine, au titre de pays voisin de la mer Noire, câest-Ă -dire comme pays de dĂ©bouchĂ© europĂ©en au corridor de transport de lâAsie Centrale. Ainsi, la Moldavie est dĂ©jĂ considĂ©rĂ©e comme un pays-charniĂšre dans les grands flux de transport eurasiens.
Le projet de zone dâĂ©change dans le bassin de la Mer Noire
Champ de confrontation idĂ©ologique Est-Ouest durant les annĂ©es de la guerre froide, le bassin de la mer Noire est devenu une rĂ©gion dont les riverains recherchent les voies dâune existence pacifique fondĂ©e sur des intĂ©rĂȘts mutuels. Ces pays sont au nombre de sept : Turquie, Bulgarie, Roumanie, Moldavie, Ukraine, Russie, GĂ©orgie.
Câest dans le cadre de la nouvelle conjoncture internationale crĂ©Ă©e par la levĂ©e du rideau de fer, que lâancien prĂ©sident de la Turquie, Turgut Ăzal, a lancĂ© lâidĂ©e dâun nouveau schĂ©ma de coopĂ©ration Ă©conomique dans la rĂ©gion de la mer Noire, afin de dĂ©velopper et diversifier les relations Ă©conomiques entre les pays riverains et limitrophes, en insistant sur les avantages de leur proximitĂ© gĂ©ographique et de la complĂ©mentaritĂ© de leurs Ă©conomies.
Ainsi, la Organisation de coopĂ©ration Ă©conomique de la mer Noire (CEMN) a pour objectifs de promouvoir la coopĂ©ration Ă©conomique afin dâĂ©viter les conflits et dâaider les Ătats participants Ă sâintĂ©grer dans lâĂ©conomie europĂ©enne. Les domaines de coopĂ©ration sont notamment le commerce, les investissements, les transports, lâĂ©nergie, les communications et lâenvironnement.
Le Sommet des chefs dâĂtat et de gouvernement du Ă Moscou a lancĂ© le projet et celui du , Ă Yalta entĂ©rine lâexistence et les activitĂ©s de la CEMN par la signature dâun traitĂ© de coopĂ©ration, marquant sa transformation en une authentique organisation Ă©conomique rĂ©gionale Ă caractĂšre et statut internationaux.
Lâun des volets de la CEMN est la crĂ©ation dâune « PETra » ou zone paneuropĂ©enne de transport. Il sâagit dâun programme rassemblant tous les projets existants en termes dâinfrastructures pour les coordonner dans le cadre du bassin Ă©conomique et les relier aux autres Corridors paneuropĂ©ens de transport. Cette zone sâĂ©tend Ă 300 km autour des cĂŽtes de la mer Noire, mais inclut la totalitĂ© de la Moldavie par dĂ©rogation, afin de ne pas pĂ©naliser lâextrĂȘme nord du pays. Cette structure de coopĂ©ration permet Ă la Moldavie dâavoir accĂšs Ă de nouvelles lignes de crĂ©dits via les grandes institutions financiĂšres mondiales (BERD, Banque Mondiale) et des investissements privĂ©s. Ă titre dâexemple, les investissements turcs en Moldavie ont triplĂ© depuis la crĂ©ation de la PETra.
Conclusion : au contact de lâUE et la CEI, entre politique, gĂ©ographie et prospective
Une lente mutation a Ă©tĂ© amorcĂ©e depuis 1999 avec un secteur aĂ©rien rationalisĂ© et un secteur ferroviaire en conversion, dans une volontĂ© politique contradictoire oĂč lâ« occidentalisme europĂ©en » des libĂ©raux et des « roumanistes » se heurte Ă la rĂ©sistance du « soviĂ©tisme pro-russe » des partis de gauche (oĂč dominent les communistes), des « moldavistes » et surtout des russophones de Transnistrie. Cette situation est la dĂ©clinaison locale des tendances politiques caractĂ©risant tous les pays de lâex-URSS, oĂč lâon retrouve les mĂȘmes rĂ©sistances aux vellĂ©itĂ©s dâouverture Ă©conomique et politique mondiale.
Une politique adĂ©quate dâinvestissement dans les infrastructures et dâincitation Ă lâĂ©tablissement (zones franches, dĂ©fiscalisation), permettrait Ă la Moldavie, qui nâa pas beaucoup de ressources propres, dâattirer beaucoup dâentreprises dĂ©sireuses de se positionner sur un marchĂ© « eurasien » en apportant une valeur ajoutĂ©e substantielle aux produits transitant par son sol. Ce secteur pourvoirait Ă la Moldavie les emplois dont elle a besoin et la viabilitĂ© Ă©conomique qui lui manque : la zone logistique dâentrĂ©e / sortie en Europe. En fait ce processus a dĂ©jĂ commencĂ©, mais comme Ă Chypre, dans une situation de partition oĂč une composante, reconnue par la communautĂ© internationale, voit son niveau de vie sâĂ©lever (avec, bien sĂ»r, des Ă -coups), tandis que lâautre (la Transnistrie), non reconnue mais soutenue par un pays dont elle dĂ©pend (la Russie) subsiste grĂące Ă lâĂ©conomie internationale parallĂšle.
Pour lâavenir, la prise en compte de la transition Ă©nergĂ©tique et de la dĂ©croissance dans le cadre dâune prospective plus rĂ©aliste, fondĂ©e sur les donnĂ©es rĂ©elles et non sur lâespoir de poursuivre les modĂšles passĂ©s, permettrait de rĂ©duire la diffĂ©rence entre les projets envisagĂ©s et les amĂ©liorations concrĂštement rĂ©alisables.
Notes et références
- Florent Parmentier, « La Moldavie à la croisée des chemins », 2003.
- Guy-Pierre Chomette : LisiĂšres d'Europe, Autrement, 2004 : « Une nouvelle ligne de partage du continent va donc se dessiner. MĂȘme si elle n'est en rien comparable au Rideau de Fer, fracture douloureuse qui a opposĂ© l'Ouest et l'Est de l'Europe pendant quarante ans, cette future limite orientale de l'Union europĂ©enne crĂ©e de nouveaux enjeux et soulĂšve dĂ©jĂ de nombreuses questions. Elle va notamment souligner les divisions Ă©conomiques et commerciales de part et d'autre et bouleverser des relations de voisinage progressivement rĂ©tablies depuis 1989 ».
- Xavier Deleu : La Transnistrie, poudriĂšre de l'Europe, Hugo & Cie, 2005, 223 p., (ISBN 2755600551).
- Guy-Pierre Chomette : LisiĂšres d'Europe, Autrement, 2004.
- (ro) Tatiana Nastas, « Vom putea circula prin Moldova cu 110 km/h, insa numai... 3 minute. In toata tara exista doar 6 kilometri de drum pe care poate fi aplicata noua limita maxima de viteza. », sur protv.md,
- https://www.forbes.com/sites/tanyamohn/2019/08/22/how-a-small-european-country-went-from-among-the-most-dangerous-to-topping-the-u-s-in-road-safety
- Anthony Babel : La Bessarabie, Ă©d. FĂ©lix Alcan, GenĂšve et Paris, 1932.
- NikolaĂŻ Feodorovitch BougaĂŻ : Informations contenues dans la correspondance entre Lavrenti Beria et Joseph Staline, Ă©d. de l'Acad. des Sciences de Moldavie tome 1, ChiÈinÄu, 1991 (Đ.Đ€. ĐŃгаĐč «ĐŃŃĐ”Đ»Đ”ĐœĐžĐ” ĐżŃĐŸĐžĐ·ĐČĐ”ŃŃĐž ĐżĐŸ ŃĐ°ŃĐżĐŸŃŃĐ¶Đ”ĐœĐžŃ ĐĐ”ŃООâŠÂ» Đ ĐŽĐ”ĐżĐŸŃŃĐ°ŃОО ĐœĐ°ŃĐ”Đ»Đ”ĐœĐžŃ ĐžĐ· ĐĐŸĐ»ĐŽĐ°ĐČŃĐșĐŸĐč ĐĄĐĄĐ ĐČ 40-50- Đ” ĐłĐŸĐŽŃ â ĐŃŃĐŸŃĐžŃĐ”ŃĐșОД ĐœĐ°ŃĐșĐž ĐČ ĐĐŸĐ»ĐŽĐ°ĐČОО. â 1. ĐĐžŃĐžĐœĐ”ĐČ, 1991. 1.0) et DĂ©portation des peuples de BiĂ©lorussie, Ukraine et Moldavie, Ă©d. Dittmar Dahlmann et Gerhard Hirschfeld, Essen, Allemagne, 1999, p. 567-581 (ĐĐ”ĐżĐŸŃŃĐ°ŃĐžŃ ĐœĐ°ŃĐŸĐŽĐŸĐČ ĐžĐ· ĐŁĐșŃĐ°ĐžĐœŃ, ĐĐ”Đ»ĐŸŃŃŃŃОО Đž ĐĐŸĐ»ĐŽĐ°ĐČОО : ĐагДŃŃ, ĐżŃĐžĐœŃĐŽĐžŃДлŃĐœŃĐč ŃŃŃĐŽ Đž ĐŽĐ”ĐżĐŸŃŃĐ°ŃĐžŃ, 1.3)
- La Pravda, commentant l'indĂ©pendance du Kosovo, Ă©crivait : « aujourd'hui la principale prĂ©occupation de la Russie doit ĂȘtre d'empĂȘcher l'annexion de la Moldavie par la Roumanie » sur et Ian Johnstone, Annual Review of Global Peace Operations 2007, Lynne Rienner Publishers, Boulder/Londres, p. 131.
Bibliographie
- Guy-Pierre Chomette, LisiĂšres dâEurope, Ă©ditions Autrement, collection FrontiĂšres, 248 p. , (ISBN 2-7467-0501-X),
- Florent Parmentier, La Moldavie à la croisée des chemins, édition Editoo.com, collection Universitoo, 315 p. (ISBN 2-7477-0071-2),
- State Department / CIA, Handbook of International Economic Statistics, 1994
Articles connexes
- Liste d'aéroports en Moldavie (de)