Gabarit ferroviaire
Le gabarit ferroviaire dĂ©signe le contour transversal d'un vĂ©hicule ferroviaire. Ce contour, qui fait l'objet d'une normalisation prĂ©cise[1], doit s'inscrire dans le gabarit des obstacles[2] - [3], qui est le contour qui doit ĂȘtre maintenu libre dans les installations ferroviaires. Le chemin de fer Ă©tant un mode guidĂ©, les vĂ©hicules ne peuvent pas dĂ©vier de leur voie pour Ă©viter tout obstacle imprĂ©vu, d'oĂč l'importance de la notion de gabarit[3]. L'harmonisation des gabarits est nĂ©cessaire pour permettre l'interopĂ©rabilitĂ© des rĂ©seaux ferroviaires.
Le terme de gabarit désigne aussi un profil métallique qui reproduit la partie haute du gabarit de chargement et qui permet de contrÎler directement le respect des cotes imposées par un chargement réalisé sur un wagon avant d'autoriser son expédition.
Types de gabarits
En ce qui concerne les vĂ©hicules, l'encombrement s'apprĂ©cie Ă l'arrĂȘt (gabarit statique), mais aussi en mouvement (gabarit cinĂ©matique) car, en fonction de la longueur du vĂ©hicule (voiture ou wagon) et de l'entraxe des essieux ou des bogies, le gabarit des obstacles peut ĂȘtre engagĂ© en largeur dans les courbes, soit au milieu vers l'intĂ©rieur de la courbe (saillie intĂ©rieure), soit aux extrĂ©mitĂ©s vers l'extĂ©rieur (saillie extĂ©rieure). Il faut tenir compte aussi, en hauteur du jeu des suspensions en mouvement. Ă noter que des vĂ©hicules plus courts peuvent s'inscrire dans les courbes serrĂ©es et/ou au niveau des quais en profitant de la largeur maximale autorisĂ©e et ainsi offrir plus de confort aux voyageurs ; la maintenance des quais et sa traçabilitĂ© devenant alors primordiale quant au risque d'affaissement du terrain support (polĂ©mique du ).
En ce qui concerne la voie dite « à écartement normal » (1435 mm), le premier gabarit international fut adopté en 1914 par la convention de Berne[4]. Il est connu sous le nom de gabarit passe-partout international (PPI). Sa largeur est de 3,150 m, sa hauteur de 4,280 m au-dessus de la surface du rail. Tout véhicule ferroviaire respectant le gabarit PPI est apte à circuler sur toutes les voies normales européennes, à l'exception des voies britanniques. Par la suite, l'Union internationale des chemins de fer (UIC) a codifié à plusieurs reprises le concept de gabarit et a défini les quatre gabarits actuellement en vigueur au niveau international.
- le gabarit international (PPI), qui est le plus petit commun dénominateur ;
- le gabarit GA ; c'est le gabarit de base du réseau ferré français ;
- le gabarit GB ; gabarit disponible sur certaines lignes ;
- le gabarit GC ; ce dernier est conseillé pour les nouvelles lignes grande vitesse en Europe.
En outre, un gabarit GB1 a été défini pour permettre le transport de certains conteneurs de grandes dimensions.
Ces gabarits ont tous la mĂȘme largeur, 3 150 mm, ils ne diffĂšrent que dans les parties hautes, 4,320 m pour les GA et GB, 4,65 m pour le GC. La diffĂ©rence entre les gabarits GA, GB et GB1 se trouve au niveau de la « corne », c'est-Ă -dire au raccordement de la rive (limite verticale) et du ciel (limite horizontale haute). Ălargir cette corne permet de passer des conteneurs ou des caisses de camions plus larges ou plus hauts
En Europe, tous les pays de l'union des chemins de fer d'Europe centrale (Verein MitteleuropÀischer Eisenbahnverwaltungen), les réseaux nordiques et l'Allemagne, ont un gabarit assez généreux qui préfigurait le GC, alors que les réseaux du sud, confrontés à un relief plus montagneux ont adopté à l'origine des gabarits plus restreints. La Grande-Bretagne constitue un cas particulier car elle a conservé un gabarit réduit tant en hauteur qu'en largeur. La largeur est notamment réduite au niveau des quais, ce qui explique le profil particulier aux rames Eurostar de premiÚre génération , plus étroites en bas de caisse.
Certains rĂ©seaux ont choisi un gabarit encore plus gĂ©nĂ©reux. Aux Ătats-Unis ou au Canada, par exemple, les chemins de fer ont Ă©tĂ© construits dans des zones vierges sans expropriations, mais avec une demande forte en matĂ©riaux volumineux et pas ou peu d'autres moyens de transport. Ainsi, a-t-on choisi un gabarit qui permet actuellement d'avoir des wagons double-stack qui portent deux conteneurs posĂ©s l'un sur l'autre, ou des voitures Ă double Ă©tage spacieuses.
L'adoption de gabarits normalisĂ©s n'empĂȘche pas, malgrĂ© tout, d'avoir des problĂšmes de compatibilitĂ© au niveau des quais, ce qui a Ă©tĂ© le cas des rames RĂ©giolis et Regio 2N lors de leur mise en service, 1300 bords de quais ont dĂ» ĂȘtre rectifiĂ©s afin de permettre le passage des trains[5].
Gabarit des réseaux fermés
Les réseaux fermés, comme les métros, ont souvent adopté un gabarit différent et généralement plus réduit. Le métro de Paris a une largeur de 2,40 m, car il fut décidé à l'origine d'en faire un chemin de fer local, interdisant l'accÚs des trains des compagnies de chemins de fer.
Lorsqu'un vĂ©hicule ou un chargement dĂ©passe les limites d'encombrement du gabarit, il peut dans certains cas ĂȘtre admis au transport, aprĂšs une Ă©tude spĂ©cifique qui peut prescrire certaines conditions : itinĂ©raire particulier, interdiction de trains croiseurs etc. Il circule alors sous le rĂ©gime d'un transport exceptionnel.
Dans certains rĂ©seaux fermĂ©s, le gabarit peut au contraire ĂȘtre plus grand. C'est le cas des navettes Eurotunnel. Le tunnel a Ă©tĂ© construit, dĂšs le dĂ©part, pour permettre le passage de navettes surdimensionnĂ©es pour le ferroutage de camions et autocars.
Références
- « DOSSIER : Normalisation ferroviaire, cultures de rĂ©seaux - L'Europe des chemins de fer, 1878-2000 (Compte rendu du 7e colloque de l'AHICF, Paris, 4-5 novembre 1999) », Revue dâhistoire des chemins de fer,â (DOI https://doi.org/10.4000/rhcf.1921, lire en ligne)
- « Gabarit limite dâobstacles », sur deutzer.de (consultĂ© le )
- Tramway et piétons : Matérialisation du Gabarit Limite d'Obstacle (GLO), Cerema, , 102 p. (ISBN 978-2-11-131055-1, lire en ligne)
- Huet Jean, « Le gabarit ferroviaire et le transport combinĂ© », Annales de GĂ©ographie, vol. 102, no 574,â , p. 623-632 (www.persee.fr/doc/geo_0003-4010_1993_num_102_574_21186, consultĂ© le )
- Gabriel Védrenne, « La SNCF et ses trains trop larges ou trop hauts », sur europe1.fr, (consulté le )