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Tour de France 1903

Le Tour de France 1903 est la 1re Ă©dition du Tour de France et a eu lieu en 1903, du 1er au . Course cycliste organisĂ©e par le journal L'Auto, elle se dĂ©roule en six Ă©tapes. Le parcours relie les principales villes françaises, Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux et Nantes. L’un des favoris de l'Ă©preuve, Maurice Garin, remporte trois Ă©tapes et le classement gĂ©nĂ©ral avec près de trois heures d'avance sur le deuxième, Lucien Pothier, ce qui constitue le plus grand Ă©cart entre le vainqueur du Tour et son dauphin dans l'histoire de cette compĂ©tition. La longueur des Ă©tapes, disputĂ©es pour partie de nuit, varie de 268 Ă  471 km, pour un total de 2 428 km.

Tour de France 1900
Généralités
Course
Étapes
6
Date
Pays
Lieu de départ
Lieu d'arrivée
Partants
60
Vitesse moyenne
25,7 km/h
RĂ©sultats
Vainqueur
Deuxième
Troisième

Cinquante-neuf coureurs prennent le départ, face au café « le Réveil-Matin » de Montgeron, mais seulement vingt-et-un d'entre eux figurent au classement général au terme des six étapes. En cas d'abandon, les coureurs peuvent néanmoins concourir lors des étapes suivantes, sans figurer toutefois au classement général. C'est notamment ce qui permet au Français Hippolyte Aucouturier et au Suisse Charles Laeser de remporter une victoire d'étape sur ce Tour, sans être classés à l'arrivée à Paris.

Suggérée à Henri Desgrange, le directeur du journal, par son collaborateur Géo Lefèvre, la création du Tour de France vise à encourager les ventes du quotidien face à son principal concurrent, Le Vélo, tout en promouvant l'industrie du cycle qui soutient financièrement L'Auto. Véritable succès populaire, salué par les différents organes de presse, le Tour de France est organisé à nouveau l'année suivante, en 1904 et le sera chaque année jusqu'à nos jours, hors périodes de guerre.

Naissance du Tour de France

« Du geste large et puissant que Zola dans La Terre donne à son laboureur, L'Auto, journal d'idées et d'action, va lancer à travers la France, aujourd'hui, les inconscients et rudes semeurs d'énergie que sont nos grands routiers professionnels. »

— Henri Desgrange, édito du journal L'Auto du 1er juillet 1903[1]

Ă€ la fin du XIXe siècle, le quotidien Le VĂ©lo qui tire Ă  300 000 exemplaires dĂ©tient le monopole de la presse spĂ©cialisĂ©e dans le sport. Son rĂ©dacteur en chef, Pierre Giffard, associe son journal Ă  ses engagements personnels et prend position dans les colonnes de son quotidien en faveur du capitaine Dreyfus, ce qui dĂ©plaĂ®t aux industriels du cycle et de l'automobile, pour la plupart antidreyfusards et qui financent son journal par la publicitĂ©. L'un d'entre eux, le comte Jules-Albert de Dion, fondateur de la marque De Dion-Bouton, se fâche avec Pierre Giffard car ce dernier refuse de publier ses publicitĂ©s automobiles dans Le VĂ©lo. Il prend alors ses distances avec Pierre Giffard et dĂ©cide de crĂ©er son propre journal, L'Auto-VĂ©lo[2].

Il en confie la direction à Henri Desgrange, ancien coureur cycliste, premier recordman de l'heure[3] et spécialiste de la presse sportive en tant que directeur d'un quotidien alors disparu, Paris-Vélo[4]. Alors que Le Vélo est publié sur papier vert, Henri Desgrange fait éditer son quotidien sur papier jaune et affirme son programme, le soutien de l'industrie automobile et cycliste, conformément au souhait du comte de Dion et des principaux industriels qui appuient le projet, comme Édouard Michelin, Adolphe Clément-Bayard ou le baron Étienne van Zuylen van Nyevelt, président de l'Automobile Club de France[5]. Lancé le 16 octobre 1900 à l'occasion de l'Exposition universelle et des Jeux olympiques de Paris, le quotidien est condamné le 2 janvier 1903 pour usurpation de titre lors d'un procès intenté par les directeurs du quotidien Le Vélo. Ne pouvant plus comporter le mot vélo, le journal est alors rebaptisé L'Auto[6] - [7].

Craignant de perdre les lecteurs passionnĂ©s de cyclisme avec cette nouvelle appellation, Henri Desgrange sollicite ses collaborateurs afin d'Ă©laborer une course qui dĂ©passerait en renommĂ©e celles organisĂ©es par Le VĂ©lo, tout en favorisant les ventes de L'Auto[3]. Lors d'une confĂ©rence de rĂ©daction, puis d'un dĂ©jeuner Ă  la brasserie Le Zimmer[8], le journaliste GĂ©o Lefèvre propose alors Ă  son patron d'organiser une course cycliste qui ferait le tour de la France[9] - [3]. D'abord sceptique, Henri Desgrange approuve finalement le projet. Le 19 janvier 1903, L'Auto annonce dans sa une la crĂ©ation du Tour de France, « la plus grande Ă©preuve cycliste jamais organisĂ©e », qui se disputerait du 1er juin au 5 juillet avec un droit d'entrĂ©e de 20 francs[9]. Le Tour de France apparaĂ®t donc dès sa crĂ©ation comme un moyen de relancer les ventes du quotidien[10] tout en soutenant l'industrie du cycle, qui bĂ©nĂ©ficie Ă  travers la course d'une vitrine pour ses diffĂ©rents produits[11].

Présentation

Photographie en noir et blanc d'un homme, en buste, portant un costume, un nœud papillon et des lunettes.
Alphonse Steinès, l'un des collaborateurs d'Henri Desgrange dans l'organisation du Tour de France.

Règlement et organisation

Les frais occasionnĂ©s pour cette nouvelle compĂ©tition provoquent l'hĂ©sitation des coureurs professionnels ; alors que seulement quinze coureurs sont engagĂ©s Ă  une semaine du dĂ©part, Henri Desgrange dĂ©cide de reporter la course. Celle-ci est dĂ©sormais programmĂ©e du 1er au 19 juillet[12]. Plusieurs mesures sont prises afin d'attirer les concurrents : le droit d'entrĂ©e est rĂ©duit Ă  dix francs, cinq francs sont promis aux cinquante premiers coureurs du classement gĂ©nĂ©ral, ce qui correspond Ă  la rĂ©munĂ©ration journalière moyenne d'un ouvrier[13], Ă  condition qu'ils aient accompli chaque Ă©tape Ă  une moyenne supĂ©rieure ou Ă©gale Ă  20 km/h, tandis que le montant total des gains atteint dĂ©sormais 20 000 francs dont 3 000 pour le vainqueur du classement gĂ©nĂ©ral final[14]. Après ces modifications, quatre-vingts coureurs sont finalement inscrits pour l’intĂ©gralitĂ© de l’épreuve. Henri Desgrange annonce Ă©galement que le Tour de France sera une course sans entraĂ®neurs, une pratique pourtant rĂ©pandue dans la plupart des courses de l'Ă©poque et qui consistait Ă  ce qu'un ou plusieurs hommes se mettent au service d'un autre coureur pour lui ouvrir la route, imposer un rythme ou encore l'alimenter. Cette pratique faussait d'autant plus les rĂ©sultats que l'on retrouvait dans une course des leaders aidĂ©s par des dizaines d'entraĂ®neurs, ces derniers utilisant parfois mĂŞme des engins motorisĂ©s, tandis que d'autres coureurs luttaient seuls. La direction du Tour de France interdit donc la prĂ©sence de ces locomotives humaines et emploie de nombreux contrĂ´leurs bĂ©nĂ©voles placĂ©s tout au long du parcours afin de veiller Ă  ce que les cyclistes n'aient jamais recours Ă  la tricherie, sous peine d'exclusion sur-le-champ[15]. Les coureurs reçoivent un brassard jaune et une bande de drap rouge Ă  fixer dans le cadre de leur vĂ©lo et sur lesquels figure leur numĂ©ro d'engagement, afin de permettre aux contrĂ´leurs de les reconnaĂ®tre plus facilement, notamment la nuit[16]. Enfin, un coureur qui abandonne lors d'une Ă©tape peut nĂ©anmoins courir la ou les suivantes, mais il ne peut plus figurer au classement gĂ©nĂ©ral.

Contrairement au cyclisme moderne, les coureurs ne sont membres d'aucune équipe. Toutefois, vingt-et-un d'entre eux sont soutenus par un fabricant de vélos[17]. La marque « La Française » est la plus représentée avec neuf coureurs dont Maurice Garin, l'un des favoris de la course. On trouve également au départ des cyclistes arborant les marques Gladiator, Crescent, Aiglon ou encore Herstal[18]. Ce soutien leur permet notamment de bénéficier de soins ou de vélos neufs lors des points de contrôle fixe.

La couverture médiatique de l'épreuve est assurée par la présence de trois quotidiens sportifs nationaux : outre L'Auto, en sa qualité d'organisateur, Le Vélo, en la personne d'Alphonse Baugé et Le Monde sportif, en celle de Frantz Reichel, rapportent eux aussi les faits de course[19]. D'autre part, la voiture de La Revue sportive est la seule à suivre ce premier Tour de France dans son intégralité[20]. De nombreux journalistes sont présents le jour du départ, comme le rédacteur en chef de l'hebdomadaire sportif La Vie au grand air, mais également des représentants de la presse quotidienne d'informations, comme Le Figaro, L'Écho de Paris, La Presse, Le Matin ou Le Journal, ainsi que des représentants de la presse régionale, comme ceux de L'Ouest-Éclair ou de La Gironde, et un représentant de l'agence Havas[19].

Directeur de la course, Henri Desgrange est prĂ©sent le jour du dĂ©part de l'Ă©preuve mais reste ensuite Ă  Paris pour s'occuper de la rĂ©daction du journal L'Auto. C'est GĂ©o Lefèvre qui est dĂ©pĂŞchĂ© pour suivre la course et qui cumule les fonctions de commissaire, de juge Ă  l'arrivĂ©e et d'envoyĂ© spĂ©cial pour le quotidien. Alphonse Steinès et Georges Abran, chargĂ©s du protocole, suivent eux aussi la compĂ©tition, ce dernier Ă©tant par ailleurs chargĂ© de donner le dĂ©part de chaque Ă©tape[16]. Victor Goddet, grand administrateur du journal, se charge quant Ă  lui de la partie financière de l'organisation, qui coĂ»te plus de 40 000 francs Ă  L'Auto[21] - [19].

Parcours

L'itinéraire détaillé, dans L'Auto-vélo du 1er juillet 1903.

Le Tour de France 1903 est disputĂ© sur six Ă©tapes, reliant les plus grandes villes de France, Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux et Nantes, pour un parcours total de 2 428 km. La longueur des Ă©tapes varie de 268 km pour la plus courte entre Toulouse et Bordeaux, Ă  471 km pour la plus longue entre Nantes et Paris. Le tracĂ© du Tour permet notamment Ă  certaines rĂ©gions de dĂ©couvrir pour la première fois une compĂ©tition cycliste de grande ampleur[22]. Le dĂ©part des Ă©tapes se fait la plupart du temps la nuit, entre 23 h et 5 h du matin, afin d'Ă©viter les fortes chaleurs[23]. Les coureurs bĂ©nĂ©ficient d'un ou plusieurs jours de repos entre chacune des Ă©tapes. Le profil du parcours est relativement plat et le tracĂ© Ă©vite les massifs montagneux, bien que les coureurs franchissent tout de mĂŞme un col dĂ©passant les 1 000 m d'altitude, le col de la RĂ©publique, situĂ© après Saint-Étienne dans la deuxième Ă©tape entre Lyon et Marseille[24]. Par ailleurs, plus que les montĂ©es, ce sont les descentes qui posent alors des difficultĂ©s pour les cyclistes, puisqu'ils courent sur des vĂ©los dĂ©pourvus de roue libre, ce qui les oblige Ă  maĂ®triser leur pĂ©dalage, seul moyen de ralentir[25].

À l'inverse des épreuves cyclistes sur piste, le Tour de France, en tant qu'épreuve itinérante, n'assure plus une bonne visibilité de la compétition. La presse joue alors un rôle déterminant dans la narration des différents faits de course, au-delà des simples résultats, ce qui entraîne l'obligation pour les journalistes d'utiliser les moyens de communication de l'époque pour remplir au mieux cette fonction. Le parcours du Tour de France intègre cette contrainte, puisque son tracé relie les grandes villes françaises en suivant le réseau ferroviaire. Comme le révèle Franco Cuaz, biographe de Maurice Garin, cela permet notamment à Géo Lefèvre d'assurer ses multiples fonctions au sein de la course en alternant les déplacements à vélo, en voiture et par train, au cours d'une même étape[26]. Le parcours s'inspire également de celui-ci d'une autre épreuve par étapes, le Tour de France automobile, né quelques années plus tôt[27].

L'arrivĂ©e des Ă©tapes ne se fait pas en centre-ville, essentiellement pour des raisons de sĂ©curitĂ©. Ă€ titre d'exemple, l'arrivĂ©e de la deuxième Ă©tape entre Lyon et Marseille est jugĂ©e dans le petit village de Saint-Antoine, Ă  13 km du centre-ville de Marseille, afin d'Ă©viter les rails du tramway qui prĂ©sentent un danger pour les cyclistes[28]. Après avoir franchi la ligne d'arrivĂ©e, les coureurs sont acheminĂ©s vers un vĂ©lodrome oĂą le public se masse pour assister Ă  un tour de piste de la part des concurrents, une prime Ă©tant versĂ©e au coureur le plus rapide[29].

Coureurs engagés

Photographie en noir et blanc d'un homme, en buste, portant un costume et de longues moustaches.
Maurice Garin figure parmi les favoris de l'Ă©preuve.

Quatre-vingts coureurs sont initialement inscrits pour ce premier Tour de France dans son intĂ©gralitĂ©, mais seulement cinquante-neuf d'entre eux prennent effectivement le dĂ©part Ă  Montgeron. Parmi ces engagĂ©s, on retrouve 47 Français, 5 Belges, 4 Suisses, 2 Allemands et 1 Italien[30]. Par ailleurs, le règlement autorise l'inscription de coureurs pour une seule Ă©tape. Ainsi, 27 coureurs participent Ă  une ou deux Ă©tapes isolĂ©es sans figurer dans la course au classement gĂ©nĂ©ral car n’ayant pas participĂ© Ă  la première Ă©tape[31].

Maurice Garin et Hippolyte Aucouturier sont les deux principaux favoris de l'Ă©preuve[32]. D'origine italienne, Maurice Garin est considĂ©rĂ© comme le meilleur cycliste de l'Ă©poque et possède dĂ©jĂ  un grand palmarès : le « petit ramoneur » compte notamment deux victoires sur Paris-Roubaix (en 1897 et 1898) et s'est imposĂ© sur des courses renommĂ©es comme Paris-Brest-Paris, Bordeaux-Paris, Paris-Cabourg, Paris-Le Mans, ou encore des Ă©preuves sur piste, comme les 24 heures de Paris, disputĂ©es en 1895 sur le vĂ©lodrome des Arts libĂ©raux et pendant lesquelles il parcourt 701 km[33] - [34]. De son cĂ´tĂ©, Hippolyte Aucouturier, surnommĂ© l'« hercule de Commentry », est le coureur en forme de cette annĂ©e 1903, durant laquelle il remporte Ă  la fois Paris-Roubaix et Bordeaux-Paris[35].

Parmi les autres principaux concurrents, on retrouve l'Allemand Josef Fischer, vainqueur de la première Ă©dition de Paris-Roubaix en 1896 et de plusieurs courses Ă  travers l'Europe comme Vienne-Berlin, une Ă©preuve de 582 km, en 1893[36]. L'Italien Rodolfo Muller possède lui aussi une solide expĂ©rience cycliste. Il a Ă©galement Ă©tĂ© chargĂ© par Henri Desgrange de reconnaĂ®tre le parcours du Tour de France pendant le mois de mai prĂ©cĂ©dant le dĂ©part afin de vĂ©rifier l'Ă©tat des routes et d'identifier les principaux pièges du parcours[37]. Les Français Jean Fischer, vainqueur de Paris-Tours en 1901[38], et Édouard Wattelier, qui remporte Toulouse-Luchon la mĂŞme annĂ©e puis Bordeaux-Paris en 1902, comptent eux aussi parmi les coureurs d'expĂ©rience[39]. Ă€ l'inverse, de nombreux coureurs engagĂ©s sont amateurs, et certains n'ont d'ailleurs jamais participĂ© Ă  la moindre Ă©preuve cycliste, Ă  l'image de Jean Dargassies[40].

DĂ©roulement de la course

1re Ă©tape : Paris-Lyon

Photographie en noir et blanc montrant un attroupement sur une route devant une auberge.
Le Café « Le Réveil-matin », le jour du départ de la première étape.
Garin au départ de la première étape.

Les coureurs se réunissent le mercredi 1er juillet à Montgeron, dans la banlieue sud de Paris, devant le café « Le Réveil-matin », où les organisateurs ont installé le point de contrôle dans une ambiance de fête foraine[20]. La course s'élance de ce lieu et non de la capitale car Louis Lépine, préfet de police de la Seine, avait interdit les courses sur le territoire parisien[41]. Les participants défilent un à un dans la grande salle de l'établissement pour signer la feuille d'engagement et recevoir leur brassard numéroté. Le départ effectif de la première étape est donné à 15 h 16 min, de la fourche faisant face au Réveil-Matin et qui se situe sur la commune voisine de Villeneuve-Saint-Georges[42].

Les organisateurs ont placĂ© trois contrĂ´les fixes tout au long des 467 km du parcours, le premier Ă  Nevers au kilomètre 227, le deuxième Ă  Moulins au kilomètre 281 et le troisième Ă  Roanne au kilomètre 381, ainsi que deux contrĂ´les volants, l'un Ă  Fontainebleau, l'autre Ă  Montargis, après respectivement 53 et 102 km[43]. Dès les premiers kilomètres, Gustave Pasquier lance la première attaque de ce Tour de France, ce qui a pour effet d'Ă©tirer considĂ©rablement le peloton et de lâcher plusieurs coureurs[44]. Le premier abandon est celui d'Édouard Wattelier, l'un des concurrents sĂ©rieux de ce Tour, qui s'arrĂŞte au contrĂ´le de Montargis après avoir roulĂ© pendant 18 km avec un pneu crevĂ©. Sans pneu de rechange, il prend aussitĂ´t le train et regagne Paris[45].

Alors que les coureurs approchent de Cosne-sur-Loire, après six heures de course, la plupart d'entre eux décident de s'arrêter dans une auberge pour se ravitailler, à l'exception de Maurice Garin, Émile Pagie et Léon Georget[45]. Ce dernier laisse pourtant filer ses compagnons d'échappée, victime d'une crevaison avant Nevers. Les deux hommes de tête atteignent Nevers à 22 h 56 min, puis Moulins à 1 h 13 min, après une chute sans gravité de Maurice Garin. Léon Georget, troisième de la course, accuse déjà un retard de huit minutes sur les deux leaders à Moulins[46]. Hippolyte Aucouturier, le rival de Maurice Garin pour la victoire finale, joue de malchance. Victime d'un problème de selle à la sortie de Cosne-sur-Loire, il arrive à Moulins avec plus d'une heure de retard sur la tête de course, se plaignant de problèmes d'estomac. Géo Lefèvre le réconforte et le convainc de repartir, mais il abandonne finalement à Lapalisse, une cinquantaine de kilomètres plus loin[47].

Après avoir dĂ©passĂ© Roanne Ă  5 h 15 min du matin, Maurice Garin et Émile Pagie franchissent le premier col du Tour de France : le col du Pin-Bouchain, qui s'Ă©lève Ă  759 m d'altitude après une montĂ©e de dix kilomètres[48], puis se dirigent vers Lyon. Émile Pagie chute Ă  200 mètres de la ligne d'arrivĂ©e, laissant la victoire Ă  Maurice Garin, qui remporte l'Ă©tape en 17 h 45 min 13 s. Émile Pagie se classe 2e Ă  55 secondes du vainqueur, tandis que LĂ©on Georget prend la 3e place Ă  34 min 59 s. Fernand Augereau et Jean Fischer, 4e et 5e, accusent un retard de plus d'une heure[49].

Classement de la première étape et général provisoire à l’issue de celle-ci[50]
Coureur Pays Équipe Temps
1er Maurice Garin Drapeau de la France France La Française en 17 h 45 min 13 s
2e Émile Pagie Drapeau de la Belgique Belgique La Française + 55 s
3e LĂ©on Georget Drapeau de la France France Bicyclette Aiglon + 34 min 59 s
4e Fernand Augereau Drapeau de la France France La Française + 1 h 2 min 48 s
5e Jean Fischer Drapeau de la France France La Française + 1 h 4 min 53 s
6e Marcel Kerff Drapeau de la Belgique Belgique — + 1 h 42 min 53 s
7e Aloïs Catteau Drapeau de la Belgique Belgique La Française + 1 h 48 min 55 s
8e Ernest Pivin Drapeau de la France France — + 1 h 49 min 57 s
9e LĂ©on Habets Drapeau de la France France Bicyclette Humber + 2 h 8 min 15 s
10e François Beaugendre Drapeau de la France France — + 2 h 8 min 26 s

2e Ă©tape : Lyon-Marseille

Photographie en noir et blanc d'un homme tenant un vélo et portant un pantalon noir, un haut rayé noir et blanc, de longues moustaches et une casquette.
Hippolyte Aucouturier, qui avait abandonné dans la première étape, remporte la seconde.

La deuxième Ă©tape se dĂ©roule le dimanche 5 juillet sur un parcours de 374 km entre Lyon et Marseille. Le dĂ©part est donnĂ© du CafĂ© de la Paix, sur la place Bellecour[51]. AccusĂ© d'avoir trichĂ© en se faisant tracter au cours de la première Ă©tape, sans que ceci ait pu ĂŞtre prouvĂ©, Jean Fischer s'Ă©chappe dès les premiers kilomètres de l'Ă©tape. Il arrive au premier contrĂ´le fixe de Saint-Étienne, après 58 km de course, avec 7 minutes d'avance sur un groupe menĂ© par le Belge Marcel Kerff et dans lequel on retrouve Hippolyte Aucouturier, qui n'est plus en course pour le classement gĂ©nĂ©ral après son abandon lors de la première Ă©tape, mais peut tout de mĂŞme prendre part aux autres Ă©tapes. Victime d'une chute Ă  l'entrĂ©e de Saint-Étienne, après une crevaison Ă  Rive-de-Gier, Maurice Garin accuse un retard de 9 minutes. Les coureurs abordent ensuite le col de la RĂ©publique, Ă  1 161 m d'altitude, dans lequel Jean Fischer perd peu Ă  peu son avance, puis est rejoint au col[24]. Hippolyte Aucouturier imprime un train soutenu dans la descente pour creuser plus encore les Ă©carts.

Six coureurs arrivent groupĂ©s au deuxième contrĂ´le fixe, prĂ©vu Ă  Valence : Hippolyte Aucouturier, Édouard Wattelier, Victor DuprĂ©, Henri Gauban, LĂ©on Georget et Marcel Kerff. Le retard de Maurice Garin se porte alors Ă  12 minutes[52]. Aucouturier et Georget profitent d'une lĂ©gère montĂ©e Ă  Donzère pour s'isoler en tĂŞte et passent le contrĂ´le d'Avignon avec 25 minutes d'avance sur Maurice Garin[53]. La fin de l'Ă©tape se dispute sous une chaleur accablante. L'arrivĂ©e est jugĂ©e Ă  Saint-Antoine, Ă  13 kilomètres du centre de Marseille, afin d'Ă©viter les dangers constituĂ©s par les rails et les pavĂ©s qui abondent en centre-ville[28]. Les deux Ă©chappĂ©s se disputent la victoire mais c'est finalement Hippolyte Aucouturier qui franchit la ligne d'arrivĂ©e en premier. Eugène Brange, qui avait terminĂ© Ă  la dernière place Ă  Lyon, se classe troisième, Ă  26 min 06 s du vainqueur, tout juste devant Maurice Garin, Rodolfo Muller et Lucien Pothier. Maurice Garin conserve la première place du classement gĂ©nĂ©ral, avec 8 min 52 s d'avance sur LĂ©on Georget[54].

Classement de l'Ă©tape[55]
Coureur Pays Équipe Temps
1er Hippolyte Aucouturier Drapeau de la France France Bicyclette Crescent en 14 h 28 min 53 s
2e LĂ©on Georget Drapeau de la France France Bicyclette Aiglon + 0 s
3e Eugène Brange Drapeau de la France France — + 26 min 6 s
4e Maurice Garin Drapeau de la France France La Française + 26 min 7 s
5e Jean Fischer Drapeau de la France France La Française + 26 min 7 s
6e Lucien Pothier Drapeau de la France France La Française + 26 min 7 s
7e Marcel Kerff Drapeau de la Belgique Belgique — + 39 min 36 s
8e Fernand Augereau Drapeau de la France France La Française + 57 min 16 s
9e Gustave Pasquier Drapeau de la France France La Française + 1 h 32 min 9 s
10e François Beaugendre Drapeau de la France France — + 1 h 32 min 9 s
Classement général[55]
Coureur Pays Équipe Temps
1er Maurice Garin Drapeau de la France France La Française en 32 h 40 min 13 s
2e LĂ©on Georget Drapeau de la France France Bicyclette Aiglon + 8 min 52 s
3e Fernand Augereau Drapeau de la France France La Française + 1 h 34 min 0 s

3e Ă©tape : Marseille-Toulouse

Photographie en noir et blanc d'un homme moustachu tenant son vĂ©lo, avec un tissu portant le no 28 au milieu du cadre.
Le Belge Julien Lootens se classe troisième de l'étape.

Lors du repos à Marseille, les jours précédant le départ de la 3e étape, donné le mercredi 8 juillet, Henri Desgrange annonce une modification du règlement, qui vise à lutter contre les tricheurs. Le peloton sera désormais scindé en deux : les coureurs qui disputent toutes les étapes et qui luttent pour le classement général partiront ensemble, et une heure plus tard, un deuxième groupe, constitué des coureurs qui ne sont plus en course pour le classement général mais qui se contentent de lutter pour la victoire d'étape, s'élancera à son tour. Ce changement irrite notamment Hippolyte Aucouturier, contraint de s'élancer dans le deuxième groupe et qui considère que ce nouveau règlement constitue un handicap pour lui puisqu'il se retrouvera accompagné de coureurs de second plan qui ne rouleront pas aussi rapidement que les coureurs du premier peloton[56].

La troisième étape de ce Tour de France se déroule dans des conditions météorologiques difficiles pour les coureurs, en raison d'un fort mistral. Le premier peloton s'élance de Saint-Antoine, terme de la deuxième étape, à 22 h 30 min. Seuls cinq coureurs, dont Hippolyte Aucouturier, forment le second groupe, parti une heure plus tard. Dès la sortie de Pennes-Mirabeau, une dizaine de kilomètres après le départ, de nombreux coureurs sont lâchés dans la descente dite de l'« Assassin »[57]. Un groupe de vingt-cinq coureurs arrive à Salon-de-Provence pour le premier contrôle fixe, dont Maurice Garin, le leader du classement général[58]. Lorsque le second groupe atteint lui aussi Salon-de-Provence, il a déjà repris dix minutes au groupe de Maurice Garin. Trois coureurs se sont isolés au sein de ce groupe, dont Hippolyte Aucouturier, Émile Pagie et Marcel Vallée-Picaud, dit Valpic, mais ces deux derniers sont contraints à l'abandon à Arles, lors du deuxième contrôle fixe[59].

Dans la plaine de la Crau, quatre hommes mènent la course, Maurice Garin, Jean Dargassies, le Suisse Charles Laeser et RenĂ© Salais. Peu après la sortie d'Arles, les quatre concurrents se trompent de route, ce qui leur vaut d'ĂŞtre dĂ©passĂ©s par leurs poursuivants, dont LĂ©on Georget, le second du classement gĂ©nĂ©ral. MalgrĂ© cette erreur de parcours, qui leur coĂ»te un retard de 15 minutes, Maurice Garin et ses compagnons d'infortune rejoignent la tĂŞte de course avant le troisième contrĂ´le fixe, situĂ© Ă  NĂ®mes. Seul Ă  l'arrière, Aucouturier a repris 23 minutes au premier groupe, ce qui lui permet d'ĂŞtre bien placĂ© pour la victoire d'Ă©tape[60].

Alors que ce dernier poursuit sa remontĂ©e entre Montpellier et Carcassonne, doublant tour Ă  tour les concurrents partis avant lui, le groupe de tĂŞte se rĂ©duit de nouveau Ă  quatre hommes. Lucien Pothier, Eugène Brange et le Belge Julien Lootens se retrouvent autour de Maurice Garin. Plusieurs favoris sont irrĂ©mĂ©diablement distancĂ©s : LĂ©on Georget, souffrant de diarrhĂ©e, Marcel Kerff, qui ne bĂ©nĂ©ficie d'aucun soin lors des contrĂ´les, et Fernand Augereau, victime de crevaisons Ă  rĂ©pĂ©tition[61]. Ă€ Toulouse, Brange franchit la ligne d'arrivĂ©e en tĂŞte devant Lootens, Garin et Pothier, mais c'est bien Hippolyte Aucouturier qui remporte la victoire d'Ă©tape, après 423 km de course[62]. Seul dans l'effort, et doublant presque tous les concurrents du premier peloton, il termine l'Ă©tape avec 32 minutes de moins que le groupe Maurice Garin. Ce dernier conforte toutefois son avance au classement gĂ©nĂ©ral, avec près de 2 h d'avance sur LĂ©on Georget[63].

Classement de l'Ă©tape[64]
Coureur Pays Équipe Temps
1er Hippolyte Aucouturier Drapeau de la France France Bicyclette Crescent en 17 h 55 min 4 s
2e Eugène Brange Drapeau de la France France — + 32 min 22 s
3e Julien Lootens Drapeau de la Belgique Belgique Bicyclette Brennabor + 32 min 22 s
4e Maurice Garin Drapeau de la France France La Française + 32 min 22 s
5e Lucien Pothier Drapeau de la France France La Française + 32 min 22 s
6e François Beaugendre Drapeau de la France France — + 1 h 0 min 0 s
7e Jean Fischer Drapeau de la France France La Française + 1 h 35 min 18 s
8e Rodolfo Muller Drapeau de l'Italie Italie La Française + 1 h 35 min 19 s
9e Aloïs Catteau Drapeau de la Belgique Belgique La Française + 1 h 35 min 20 s
10e Marcel Kerff Drapeau de la Belgique Belgique — + 1 h 35 min 20 s
Classement général[64]
Coureur Pays Équipe Temps
1er Maurice Garin Drapeau de la France France La Française en 51 h 7 min 39 s
2e LĂ©on Georget Drapeau de la France France Bicyclette Aiglon + 1 h 58 min 53 s
3e Lucien Pothier Drapeau de la France France La Française + 2 h 58 min 1 s

4e Ă©tape : Toulouse-Bordeaux

Photographie en noir et blanc d'un groupe de cyclistes fendant la foule attroupée le long d'une route.
Charles Laeser, Ă  gauche, vainqueur de l'Ă©tape Ă  Bordeaux.

Le dimanche 12 juillet, les coureurs prennent part Ă  la quatrième Ă©tape, la plus courte de ce Tour de France avec 268 km entre Toulouse et Bordeaux. ArrivĂ© Ă  Toulouse la veille, Henri Desgrange modifie Ă  nouveau le règlement. Les 25 coureurs qui disputent encore le classement gĂ©nĂ©ral s'Ă©lancent les premiers, munis d'un brassard vert, une heure avant ceux qui ne disputent que l'Ă©tape, munis d'un brassard jaune et qui sont cette fois accompagnĂ©s de coureurs amateurs de la rĂ©gion, porteurs d'un brassard blanc[65]. Ă€ Montauban, un groupe de sept coureurs se porte en tĂŞte de la course, composĂ© de Maurice Garin, LĂ©on Georget, Marcel Kerff, Fernand Augereau, Eugène Brange, Julien Lootens et Jean Fischer. Dans la traversĂ©e de Montech, un chien provoque une lourde chute dans le groupe de tĂŞte, envoyant Ă  terre la plupart des coureurs, qui peuvent nĂ©anmoins reprendre la course[66]. Dans le deuxième groupe, Hippolyte Aucouturier impose son rythme et a dĂ©jĂ  repris trois minutes au groupe Garin, ce qui lui permet d'envisager une nouvelle victoire d'Ă©tape. Mais Ă  l'entrĂ©e du village de Golfech, peu avant le contrĂ´le fixe d'Agen, il est Ă  son tour mis au sol par la traversĂ©e d'un chien. BlessĂ© Ă  la jambe, il tente de poursuivre mais abandonne finalement quelques kilomètres plus loin[67].

Le Suisse Charles Laeser, lui aussi présent dans le deuxième groupe, rejoint le Belge Marcel Kerff, victime d'une crevaison. Il lui offre l'un de ses boyaux de rechange, et reçoit ensuite l'aide de ce dernier qui prend des relais appuyés pour le remercier. Sur la ligne d'arrivée, tracée sur le territoire de la commune de Villenave-d'Ornon, Julien Lootens passe en tête, devant l'Italien Rodolfo Muller, Léon Georget et Maurice Garin. Mais c'est finalement Charles Laeser qui réussit le meilleur temps, battant les coureurs du premier groupe de près de quatre minutes. Il devient donc le premier vainqueur d'étape non français du Tour de France. Maurice Garin, qui ne cède rien à ses concurrents, demeure en tête du classement général[68].

Classement de l'Ă©tape[69]
Coureur Pays Équipe Temps
1er Charles Laeser Drapeau de la Suisse Suisse — en 8 h 46 min 0 s
2e Julien Lootens Drapeau de la Belgique Belgique Bicyclette Brennabor + 4 min 3 s
3e Rodolfo Muller Drapeau de l'Italie Italie La Française + 4 min 3 s
4e LĂ©on Georget Drapeau de la France France Bicyclette Brennabor + 4 min 3 s
5e Maurice Garin Drapeau de la France France La Française + 4 min 3 s
6e Jean Fischer Drapeau de la France France La Française + 4 min 3 s
7e Lucien Pothier Drapeau de la France France La Française + 4 min 3 s
8e Eugène Brange Drapeau de la France France — + 7 min 41 s
9e Aloïs Catteau Drapeau de la Belgique Belgique La Française + 7 min 41 s
10e Jean Dargassies Drapeau de la France France Bicyclette Gladiator + 26 min 22 s
Classement général[69]
Coureur Pays Équipe Temps
1er Maurice Garin Drapeau de la France France La Française en 59 h 50 min 42 s
2e LĂ©on Georget Drapeau de la France France Bicyclette Aiglon + 1 h 58 min 53 s
3e Lucien Pothier Drapeau de la France France La Française + 2 h 58 min 1 s

5e Ă©tape : Bordeaux-Nantes

Photographie en noir et blanc d'un homme moustachu, vêtu de noir, assis sur son vélo et entouré de deux autres hommes.
Fernand Augereau, qui se dit victime d'une agression de la part de Maurice Garin, remonte néanmoins à la 3e place du classement général.

Après seulement une journĂ©e de repos Ă  Bordeaux, les coureurs s'Ă©lancent le lundi 13 juillet dans la 5e et avant-dernière Ă©tape du Tour, longue de 425 km entre Bordeaux et Nantes. Le dĂ©part est donnĂ© Ă  23 h de la place des Quatre pavillons, oĂą dĂ©marre chaque annĂ©e la course Bordeaux-Paris[70]. Dès les premiers kilomètres, les favoris se livrent bagarre. Ă€ Cognac, après 151 km, Maurice Garin arrive en tĂŞte. Son frère Ambroise, prĂ©sent uniquement sur cette Ă©tape et qui s'Ă©lance donc dans le second groupe, lui a dĂ©jĂ  repris douze minutes[71]. Maurice Garin, Fernand Augereau, Gustave Pasquier et Lucien Pothier, regroupĂ©s tous les quatre en tĂŞte de la course, franchissent Saintes, Rochefort et La Rochelle, tandis qu'Ambroise Garin paye ses efforts et perd peu Ă  peu du terrain. L'arrivĂ©e de l'Ă©tape est jugĂ©e au vĂ©lodrome de Longchamp, de Nantes, après deux tours de piste. Plus puissant que ses adversaires, Maurice Garin remporte sa deuxième victoire dans le Tour, devant Pasquier et Pothier[72].

Onze minutes plus tard, Fernand Augereau franchit la ligne d'arrivĂ©e en larmes. Il accuse Maurice Garin de tricherie : celui-ci lui aurait demandĂ© de lui laisser la victoire, ce que Fernand Augereau refuse. Maurice Garin demande alors Ă  Lucien Pothier de faire chuter Augereau, puis piĂ©tine son vĂ©lo, rendant sa roue arrière hors d'usage. Il aurait Ă©galement offert 100 francs aux autres coureurs du groupe pour qu'ils ne lui viennent pas en aide. Cet incident, auquel le quotidien L'Auto ne consacre pas une ligne de son journal, est relatĂ© par Le Monde sportif[73].

Deuxième du classement gĂ©nĂ©ral au dĂ©part de l'Ă©tape, LĂ©on Georget vit un vĂ©ritable calvaire. FatiguĂ©, hors de forme, il est lâchĂ© dès le dĂ©but de l'Ă©tape et s'arrĂŞte Ă  plusieurs reprises pour se reposer. Ă€ bout de forces, il met pied Ă  terre dĂ©finitivement Ă  proximitĂ© de Luçon, Ă  127 kilomètres de l'arrivĂ©e et s'endort chez un habitant qui lui offre l'hospitalitĂ©[74] - [73]. Maurice Garin possède alors près de 3 h d'avance sur son nouveau dauphin, Lucien Pothier, tandis que Fernand Augereau, malgrĂ© ses dĂ©boires, remonte Ă  la troisième place[75].

Classement de l'Ă©tape[76]
Coureur Pays Équipe Temps
1er Maurice Garin Drapeau de la France France La Française en 16 h 26 min 31 s
2e Gustave Pasquier Drapeau de la France France La Française + 0 s
3e Lucien Pothier Drapeau de la France France La Française + 0 s
4e Fernand Augereau Drapeau de la France France La Française + 10 min 37 s
5e Ambroise Garin Italie — + 33 min 34 s
6e Rodolfo Muller Drapeau de l'Italie Italie La Française + 36 min 33 s
7e Jean Fischer Drapeau de la France France La Française + 1 h 4 min 3 s
8e Marcel Kerff Drapeau de la Belgique Belgique — + 1 h 4 min 3 s
9e Jean Dargassies Drapeau de la France France Bicyclette Gladiator + 1 h 21 min 9 s
10e Ferdinand Payan Drapeau de la France France — + 1 h 33 min 24 s
Classement général[76]
Coureur Pays Équipe Temps
1er Maurice Garin Drapeau de la France France La Française en 76 h 7 min 31 s
2e Lucien Pothier Drapeau de la France France La Française + 2 h 58 min 1 s
3e Fernand Augereau Drapeau de la France France La Française + 4 h 29 min 14 s

6e Ă©tape : Nantes-Paris

Photographie en noir et blanc d'un homme tenant son vélo et portant une casquette, une tenue sombre et une écharpe en bandoulière.
Lucien Pothier se classe deuxième de ce Tour de France.

La sixième et dernière Ă©tape, au dĂ©part de Nantes, se dĂ©roule le 18 juillet. L'arrivĂ©e ne pouvant ĂŞtre jugĂ©e Ă  Paris, en raison de l'ordonnance prise par le prĂ©fet LĂ©pine, elle se situe Ă  Ville-d'Avray, après 471 km de course, soit le parcours le plus long de ce Tour de France. Alors qu'il a reçu des lettres de menace Ă  la suite de l'incident qui l'a opposĂ© Ă  Fernand Augereau, Maurice Garin craint d'ĂŞtre attaquĂ© sur la route et dĂ©cide par consĂ©quent d'abandonner sa traditionnelle veste blanche pour un gilet de couleur noire, afin qu'il ne soit pas reconnu[77]. Au dĂ©part Ă  Nantes, Augereau est acclamĂ© tandis que Garin est copieusement sifflĂ©[78]. Le peloton des favoris est toujours groupĂ© lorsque les coureurs traversent Angers, Tours, Blois puis OrlĂ©ans, malgrĂ© les attaques rĂ©gulières de Julien Girbe et Jean Fischer[79]. Alors que Maurice Garin mène un train soutenu, les coureurs lâchent prise un Ă  un dans la vallĂ©e de Chevreuse.

Dans la dernière difficultĂ© du parcours, la cĂ´te de Picardie, Jean Fischer place une accĂ©lĂ©ration que seul Fernand Augereau peut suivre. Dans la descente, Fischer est heurtĂ© par un spectateur qui traverse la route : il chute lourdement et abandonne tout espoir de victoire. Fernand Augereau demeure seul en tĂŞte, mais il est victime d'une crevaison au pneu arrière. Alors qu'il change de vĂ©lo, Maurice Garin le dĂ©passe et gagne finalement l'Ă©tape, sa troisième dans le Tour de France[80]. Il remporte Ă©galement le classement gĂ©nĂ©ral, avec une avance de 2 h 59 min sur Lucien Pothier. MalgrĂ© ses dĂ©boires, Fernand Augereau, prend la troisième place du classement final[81]. Après avoir sablĂ© le champagne, les coureurs du Tour remontent sur leur bicyclette pour rejoindre le vĂ©lodrome du Parc des Princes, situĂ© Ă  km, oĂą les organisateurs exigent d'eux un tour de piste devant 15 000 spectateurs[82].

Classement de l'Ă©tape[83]
Coureur Pays Équipe Temps
1er Maurice Garin Drapeau de la France France La Française en 18 h 9 min 0 s
2e Fernand Augereau Drapeau de la France France La Française + 10 s
3e Julien Lootens Drapeau de la Belgique Belgique Bicyclette Brennabor + 10 s
4e Jean Fischer Drapeau de la France France La Française + 1 min 20 s
5e Lucien Pothier Drapeau de la France France La Française + 1 min 30 s
6e Rodolfo Muller Drapeau de l'Italie Italie La Française + 2 min 0 s
7e Alexandre Fourreaux Drapeau de la France France — + 2 min 30 s
8e Julien Girbe Drapeau de la France France — + 2 min 35 s
9e François Beaugendre Drapeau de la France France — + 21 min 0 s
10e Marcel Kerff Drapeau de la Belgique Belgique — + 53 min 0 s
Classement général[83]
Coureur Pays Équipe Temps
1er Maurice Garin Drapeau de la France France La Française en 94 h 33 min 14 s
2e Lucien Pothier Drapeau de la France France La Française + 2 h 59 min 31 s
3e Fernand Augereau Drapeau de la France France La Française + 4 h 29 min 24 s

RĂ©sultats

Les Ă©tapes

La 1re Ă©dition du Tour de France cycliste est un parcours long de 2 428 kilomètres et dĂ©coupĂ© en six Ă©tapes.

Étape Date Villes étapes Distance (km) Vainqueur d’étape Leader du classement général
1re étapemer. 1er juilletMontgeron - Villeneuve-Saint-Georges – Lyon467 Maurice Garin (17 h 45 min 13 s) Maurice Garin
2e étapedim. 5 juilletLyon – Marseille374 Hippolyte Aucouturier (14 h 28 min 53 s) Maurice Garin
3e étapemer. 8 juilletMarseille – Toulouse423 Hippolyte Aucouturier (17 h 55 min 04 s) Maurice Garin
4e étapedim. 12 juilletToulouse – Bordeaux268 Charles Laeser (8 h 46 min 00 s) Maurice Garin
5e étapelun. 13 juilletBordeaux – Nantes425 Maurice Garin (16 h 26 min 31 s) Maurice Garin
6e étapesam. 18 juilletNantes – Paris - Ville-d'Avray471 Maurice Garin (18 h 09 min 00 s) Maurice Garin

Classement général

Photographie en noir et blanc d'un groupe d'hommes, parmi lesquels des cyclistes et des spectateurs, regroupés autour d'une voiture.
La fin du premier Tour. Maurice Garin le premier vainqueur (Ă  droite) pose en compagnie de LĂ©on Georget (Ă  gauche).

Maurice Garin remporte le premier Tour de France de l'histoire en 94 h 33 min 14 s, soit une moyenne de 25,678 km/h sur les 2 428 kilomètres du parcours. Lucien Pothier termine Ă  la deuxième place, avec un retard de 2 h 59 min 31 s. Maurice Garin dĂ©tient le record du plus grand Ă©cart entre le vainqueur et le deuxième d'un Tour de France. Fernand Augereau complète le podium, Ă  4 h 29 min 24 s du premier. Finalement, 21 cyclistes seulement prennent part Ă  l'ensemble des Ă©tapes et figurent ainsi au classement gĂ©nĂ©ral final. Arsène Millocheau, « lanterne rouge » du Tour de France 1903, termine Ă  plus de soixante heures de Maurice Garin[81]. Bien qu'aucun coureur ne soit membre d'une Ă©quipe, dans l'acception moderne du terme, la marque La Française sort vainqueur de ce premier Tour de France, puisque les cinq premiers du classement gĂ©nĂ©ral sont soutenus par cette marque[84].

Classement final[83]
Coureur Pays Équipe Temps
1er Maurice Garin Drapeau de la France France La Française en 94 h 33 min 14 s
2e Lucien Pothier Drapeau de la France France La Française + 2 h 59 min 21 s
3e Fernand Augereau Drapeau de la France France La Française + 4 h 29 min 24 s
4e Rodolfo Muller Drapeau du Royaume d'Italie Italie La Française + 4 h 39 min 30 s
5e Jean Fischer Drapeau de la France France La Française + 5 h 8 min 44 s
6e Marcel Kerff Drapeau de la Belgique Belgique — + 7 h 4 min 24 s
7e Julien Lootens Drapeau de la Belgique Belgique Bicyclette Brennabor + 9 h 33 min 8 s
8e Gustave Pasquier Drapeau de la France France La Française + 11 h 26 min 4 s
9e François Beaugendre Drapeau de la France France — + 11 h 54 min 14 s
10e Aloïs Catteau Drapeau de la Belgique Belgique La Française + 13 h 46 min 57 s
11e Jean Dargassies Drapeau de la France France Bicyclette Gladiator + 14 h 51 min 51 s
12e Ferdinand Payan Drapeau de la France France — + 15 h 11 min 13 s
13e Julien Girbe Drapeau de la France France — + 19 h 19 min 3 s
14e Isidore Lechartier Drapeau de la France France Bicyclette Gladiator + 20 h 7 min 24 s
15e Josef Fischer Drapeau de l'Allemagne Allemagne Bicyclette Brennabor + 21 h 16 min 37 s
16e Alexandre Fourreaux Drapeau de la France France — + 27 h 53 min 3 s
17e René Salais Drapeau de la France France — + 28 h 36 min 54 s
18e Émile Moulin Drapeau de la France France Bicyclette Primo + 45 h 43 min 26 s
19e Georges Borot Drapeau de la France France — + 47 h 38 min 0 s
20e Pierre Desvages Drapeau de la France France Bicyclette Champion + 58 h 54 min 16 s
21e Arsène Millocheau Drapeau de la France France — + 60 h 57 min 30 s

Réactions et retombées

Photographie en noir et blanc d'un homme portant son vélo et un petit garçon avec une petite bicyclette, entourés de deux autres hommes.
Maurice Garin, le vainqueur du Tour de France 1903.

La rĂ©ussite de ce premier Tour de France est unanimement saluĂ©e dans la presse sportive de l'Ă©poque. Victor Breyer, rĂ©dacteur en chef du VĂ©lo, Ă©crit ainsi dans son journal : « Garin est sorti vainqueur de la colossale Ă©preuve que fut le Tour de France et dont il nous faut impartialement constater le gros succès. » Jean Laffitte reconnaĂ®t quant Ă  lui dans les colonnes du quotidien Le Monde Sportif que « le Tour de France nous aura fait connaĂ®tre toute une lĂ©gion de routiers exceptionnels qui vont, Ă  l'avenir, donner un grand Ă©clat Ă  toutes les manifestations cyclistes sur route[85]. » Les ventes de L'Auto, organisateur de l'Ă©preuve, ont largement bĂ©nĂ©ficiĂ© de l'attention portĂ©e par le public Ă  cet Ă©vènement : ses ventes ont ainsi augmentĂ© considĂ©rablement, passant de 30 000 Ă  65 000 exemplaires par jour Ă  la suite de cet Ă©vènement[86]. Au lendemain de la 1re Ă©tape entre Paris et Lyon, une Ă©dition spĂ©ciale est mĂŞme tirĂ©e Ă  93 000 exemplaires[87], tandis que l'Ă©dition spĂ©ciale suivant l'arrivĂ©e de Maurice Garin Ă  Ville-d'Avray est tirĂ©e Ă  135 000 exemplaires[88].

Henri Desgrange, le patron du Tour, est pourtant mis en cause directement par les autres quotidiens sportifs, notamment pour sa décision de modifier le règlement en pleine course, en scindant en deux le peloton avant l'étape Marseille-Toulouse. Certains rédacteurs n'hésitent pas à qualifier ce premier Tour de France de « Tour d'essai ». De même, une série de tricheries sont dénoncées dans la presse tout au long de l'épreuve. Le quotidien La Provence sportive se montre particulièrement virulent en dénonçant une « course au trucage »[89] - [90]. Cela ne prive pas pour autant les coureurs du Tour de recevoir de nombreux éloges quant au courage dont ils ont fait preuve durant la compétition. Charles Terront, considéré comme le premier champion cycliste français de l'histoire après son succès dans le premier Paris-Brest-Paris en 1891, félicite ainsi Maurice Garin : « Vous, les coureurs du Tour, vous êtes des Géants, tu es le premier vainqueur du Tour de France, le pionnier de l'épopée cycliste, tu entres dans l'Histoire. Je t'admire[91]. »

Photographie en noir et blanc d'un groupe de cyclistes, l'un vĂŞtu de blanc au centre.
Le premier Tour de France est un succès populaire et attire de nombreux spectateurs, comme ce groupe de cyclistes accompagnant le futur vainqueur Maurice Garin.

La participation des coureurs au Tour de France accroĂ®t leur notoriĂ©tĂ©, notamment par rapport aux cyclistes sur piste, qui bĂ©nĂ©ficiaient auparavant d'un plus grand prestige et d'une plus grande reconnaissance auprès du public[92]. Le dĂ©part et l'arrivĂ©e des Ă©tapes attirent rĂ©gulièrement plusieurs milliers de spectateurs, tandis que les coureurs sont accueillis comme des hĂ©ros quand ils traversent leur propre rĂ©gion, Ă  l'image de Jean Dargassies sur l'Ă©tape Toulouse-Bordeaux[93]. De la mĂŞme manière, ils sont acclamĂ©s Ă  leur retour Ă  domicile une fois la course achevĂ©e. Des rĂ©ceptions sont prĂ©vues pour chacun d'eux, au cours desquelles ils reçoivent rĂ©compenses et distinctions, comme Maurice Garin, fĂŞtĂ© en hĂ©ros Ă  Lens. Le Belge Julien Lootens est mĂŞme priĂ© de donner une grande confĂ©rence sur le Tour de France au CafĂ© casino de Louvain[94]. Les gains remportĂ©s par les coureurs sont toutefois très modestes. Vainqueur du classement gĂ©nĂ©ral et de trois Ă©tapes, Maurice Garin totalise 6 125 francs de prime, loin devant Lucien Pothier et Fernand Augereau, qui gagnent respectivement 2 450 francs et 1 975 francs[81]. Arsène Millocheau, dernier du classement gĂ©nĂ©ral, n'a remportĂ© aucune prime lors de l'Ă©preuve puisqu'il n'a jamais rĂ©ussi Ă  atteindre les 20 km/h de moyenne exigĂ©s lors des Ă©tapes pour avoir droit aux rĂ©munĂ©rations. Les organisateurs consentent nĂ©anmoins Ă  lui verser les cinq francs d'indemnitĂ©s quotidiennes pour rĂ©compenser son courage, soit un total de 95 francs. Ils en font de mĂŞme pour tous ceux qui n'ont pas obtenu plus de 250 francs de prime au cours de l'Ă©preuve[95].

Le Tour de France s'affirme dès sa première édition comme un véritable succès populaire. Le rédacteur en chef du quotidien La Petite Gironde, Maurice Martin, précise dans son édition du que lors de l'étape Toulouse-Bordeaux, dans chaque village, une foule des jours de fêtes s'est massée sur la route pour saluer les coureurs[96]. L'engouement pour le Tour de France vaut à L'Auto de recevoir dès la fin de l'épreuve de nombreuses demandes de la part de coureurs souhaitant être parmi les premiers engagés du Tour de France 1904[97].

Notes et références

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  2. Wille 2003, p. 23.
  3. Eclimont 2013, p. 10.
  4. Wille 2003, p. 24.
  5. Wille 2003, p. 25.
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  8. Facchinetti 2003, p. 18.
  9. « L’Auto lance le Tour de France », sur blog.lequipe.fr, L'Équipe (consulté le ).
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  96. (en) Hugh Dauncey et Geoff Hare, The Tour de France, 1903-2003 : A Century of Sporting Structures, Meanings and Values, Routledge, (lire en ligne), p. 65.
  97. Vespini 2013, p. 218.

Voir aussi

Bibliographie

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