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Louis LĂ©pine

Louis Lépine, né le à Lyon et mort le à Paris, est un haut-fonctionnaire et homme politique français. Préfet de police de la Seine, il participe à la modernisation de la police française — notamment par la création de police-secours ou l'établissement de la police judiciaire à Paris — il est également à l'origine du concours Lépine[2] et du musée de la préfecture de police.

Louis LĂ©pine
Fonctions
Député français
-
Préfet de police de Paris
-
Gouverneur d'Algérie
-
Préfet de police de Paris
-
Préfet de Seine-et-Oise
Préfet de la Loire
-
Préfet de l'Indre
-
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Formation
Faculté de droit et des sciences économiques de Paris (d)
Lycée Louis-le-Grand
Activités
Fratrie
Conjoint
Marie Dulac (d) (Ă  partir de )

Biographie

Famille et formation

Louis Jean-Baptiste LĂ©pine est le fils d'un « teneur de livres Â» (comptable). Il fait ses Ă©tudes Ă  Lyon, Paris et Heidelberg. Il a un frère ainĂ©, RaphaĂ«l LĂ©pine, qui devint par la suite un physiologiste de renom, poursuivant une carrière professionnelle dans le domaine de la mĂ©decine expĂ©rimentale.

Il termine ses études de droit dans le Quartier latin, à Paris, quand éclate la guerre franco-allemande de 1870 au cours de laquelle, en tant qu'engagé volontaire, il s'illustre et est décoré de la médaille militaire.

Carrière de préfet

Louis Lépine, nouveau préfet de police en 1893.

À la fin de la guerre, il devient avocat, avant d'entamer une carrière dans l'administration : sous-préfet de Lapalisse, de Montbrison, de Langres et de Fontainebleau, puis préfet de l'Indre (1885-1886), de la Loire, puis de Seine-et-Oise.

Alors qu'il est préfet de la Loire, le , un coup de grisou au puits de la manufacture coûte la vie à 62 mineurs et jette la consternation dans Saint-Étienne. Il prend place dans la première benne descendue au secours des victimes et parcourt les galeries incendiées encore empestées d'un air toxique. C'est à cette occasion qu'il reçoit la médaille d'or de sauvetage[3].

Louis Lépine, gouverneur d'Algérie en 1897.

Après les Ă©meutes de 1893 au Quartier latin, il est nommĂ© prĂ©fet de police de Paris, exerçant son autoritĂ© sur le dĂ©partement de la Seine. Il crĂ©e cette annĂ©e-lĂ  un service centralisĂ© de collecte des objets trouvĂ©s. AttachĂ© aux traditions festives de la police parisienne, il fait partie des donateurs pour la restauration de la Promenade du BĹ“uf Gras en 1896, en versant 200 francs de sa cassette personnelle.

De 1897 à 1898, il effectue une courte parenthèse comme gouverneur général d'Algérie, où il doit faire face aux émeutes anti-juives qui troublent la colonie depuis 1895 et s'accroissent un temps du fait de l'affaire Dreyfus[4] - [5]. En 1899, il est rappelé comme préfet de police de la Seine quand Paris connaît les mêmes émeutes.

Affiche du Concours LĂ©pine de 1910

En 1901, pour lutter contre la crise qui touche les petits fabricants parisiens de jouets et de quincaillerie, il crée un concours-exposition qui deviendra plus tard le concours Lépine.

Louis LĂ©pine (Ă  gauche) et Georges Clemenceau en 1908.

Durant sa carrière de prĂ©fet de police, il met en place la permanence dans les commissariats ; Ă©quipe les gardiens de la paix en 1897 d'un bâton blanc[6] et d'un sifflet Ă  roulette ; crĂ©e la brigade fluviale ainsi que les brigades cyclistes en 1901 (les hirondelles Ă  moustache avec leur pèlerine)[7] ; fait installer 500 avertisseurs tĂ©lĂ©phoniques, rouges pour alerter les pompiers, puis d'autres, bruns, pour alerter très rapidement la police dans le cadre des services d'aides aux personnes ; rĂ©organise la circulation en instaurant les passages piĂ©tons, les sens uniques et les sens giratoires ; encourage les premiers dĂ©veloppements de la police scientifique au sein de la PrĂ©fecture de Police ; crĂ©e les chiens sauveteurs et rĂ©alise un « coup mĂ©diatique Â» en 1908 en crĂ©ant les « agents Berlitz Â» (formĂ©s Ă  l'École de langues Berlitz, Ă©tant chargĂ©s de renseigner les touristes, se distinguant de leurs collègues par le port d'un brassard indiquant la langue maĂ®trisĂ©e)[8].

En 1909, il crée le musée de la préfecture de police et les collections historiques de la préfecture de police (archives de la police) en utilisant les pièces qu'il avait fait réunir pour l'Exposition universelle de 1900 et qui présentait déjà cette administration au public[9].

C'est sous son autorité que, le pendant la grève chez Sanyas & Popot, l'agent de police Gauthier frappe à la tête l'ébéniste Henri Cler (1862-1910), qui mourra de ses blessures le . La mort de ce militant anarchiste provoque, le , une manifestation qui vire à l'émeute et que la police réprime dans le sang[10].

Louis LĂ©pine en 1912.

Durant la mĂŞme pĂ©riode, le prĂ©fet LĂ©pine, vieillissant (et reprĂ©sentĂ© comme tel par les caricaturistes de presse) et approchant de la retraite, est critiquĂ© par les journaux pour l'insĂ©curitĂ© croissante provoquĂ©e notamment par les Apaches et la bande Ă  Bonnot. Il parviendra Ă  obtenir une augmentation de son budget de la part du Conseil de Paris afin de crĂ©er en 1912 une « Brigade du Chef Â» (dĂ©cret du ), section criminelle de la SĂ»retĂ© de Paris qui deviendra plus tard, la « brigade spĂ©ciale criminelle Â» , se transformant en 1913 en direction de la Police judiciaire de Paris qui comprend notamment comme service actif de police la cĂ©lèbre « brigade criminelle ».

Lépine candidat : extrait d'une caricature de L'Humanité du 28 mai 1913 : « Aujourd'hui, les électeurs de Chialvo [le député ayant laissé un siège vacant] m'appellent. Demain, toute la France m'appellera ».

Après la préfectorale

En 1912, il est élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques. En 1913, il quitte la préfectorale et se consacre à la rédaction de ses mémoires (Mes souvenirs), qui sont publiés en 1929. Il se porte en candidat à Montbrison au siège de député laissé vacant par la mort de Claude Chialvo[11]. Il choisit en 1914 de se présenter dans la Seine, mais il est battu.

Mort

Il meurt le , à Paris[12]. Sa tombe est située dans le cimetière municipal des Gonards à Versailles, lieu qui abrita également la dépouille du tueur en série Henri Désiré Landru[13].

RĂ©organisation de la police parisienne

Vers une police scientifique

Le service de l'identité judiciaire est instauré par décret du , sous l'impulsion du préfet Louis Lépine. Il fusionne le Bureau d'identité créé grâce aux travaux d'Alphonse Bertillon, le service photographique et celui des sommiers judiciaires[14]. Le travail des services territoriaux de l'identité judiciaire, sur le terrain d'une affaire criminelle, consiste à recueillir, à conserver et à présenter des éléments de preuve et à coordonner ses compétences avec celles de l'enquêteur chargé de l'affaire et des experts judiciaires.

Hommages

DĂ©corations

Postérité

Une plaquette à l'effigie de Louis Lépine a été réalisée par le graveur Charles Pillet en 1912, sur commande de la ville de Paris. Un exemplaire en est conservé au musée Carnavalet (ND 0268).

Il a donné son nom à la place Louis-Lépine, au pied de la préfecture de Police dans le 4e arrondissement de Paris, ainsi qu'à une rue Louis Lépine à Montpellier, à Brive-la-Gaillarde, à Martigues, à Montauban, à Pérols, à Royan et à Segré.

En hommage à son travail à la tête de la police parisienne, la trente-deuxième promotion de commissaires de police issue de l'École nationale supérieure de la Police, entrée en fonction en 1982, porte son nom.

Dans la série télévisée française Paris Police 1900, produite en 2021 par Canal+, et sa suite Paris Police 1905, le préfet Lépine est interprété par Marc Barbé.

Notes et références

  1. « http://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/UD/FRAN_IR_001514/d_1202 »
  2. Site BnF, page sur Louis LĂ©pine
  3. « Louis Lépine », sur Concours Lépine (consulté le ).
  4. Geneviève Dermenjian, Antijudaïsme et antisémitisme dans l'Algérie coloniale (1830-1962), Presses universitaires de Provence
  5. Jean Denis Bredin, L'Affaire, Plunkett Lake Press, (lire en ligne)
  6. BASTUM bâton
  7. Amicale Police et Patrimoine, « Agents cyclistes surnommés « hirondelles » », sur amicale-police-patrimoine.fr (consulté le )
  8. Myriam Tsikounas, Imaginaires urbains du Paris romantique jusqu'Ă  nos jours, Editions Le Manuscrit, (lire en ligne), p. 261
  9. Longtemps installées dans les locaux de la préfecture de police de Paris, ces collections sont à présent installées dans l'hôtel de police du 5e arrondissement.
  10. Le goût de l'émeute, Manifestation et violence de rue dans Paris et sa banlieue à la « belle époque », Anne Steiner, L'Échappée, 2012, (ISBN 978-29158303-9-2), p. 124-126
  11. « M. LĂ©pine cherche une circonscription? Â», in L'HumanitĂ©, 27 mai 1913 [lire en ligne]
  12. « Louis Lépine », sur assemblee-nationale.fr (consulté le )
  13. Bertrand BEYERN, Guide des tombes d'hommes célèbres, Cherche Midi, (ISBN 978-2-7491-2169-7, lire en ligne)
  14. Jean-Marc Berlière, Le monde des polices en France : XIXe-XXe siècles, Éditions Complexe, , p. 47
  15. « LEPINE, Louis Jean-Baptiste », sur Archives nationales (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Marc Berlière, L'institution policière en France sous la Troisième RĂ©publique (1875-1914), 3 vol. (LIV-1304 p.), 30 cm, 1991
(Thèse de doctorat : Histoire : Dijon : 1991)
  • Jean-Marc Berlière, Le prĂ©fet LĂ©pine : vers la naissance de la police moderne, Paris, DenoĂ«l, , 278 p. (ISBN 978-2-207-24012-0).
    Nouvelle édition enrichie et mise à jour : Jean-Marc Berlière, Naissance de la police moderne, Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 407), , 411 p., poche (ISBN 978-2-262-03580-8).
  • Geneviève Dermenjian, AntijudaĂŻsme et antisĂ©mitisme dans l'AlgĂ©rie coloniale, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 2018
  • Bernard Hautecloque "Les vingt ans de LĂ©pine Ă  la tĂŞte de la police parisienne" p.91-107 in Juillet 1893. Le Mai 68 de la III° RĂ©publique, Paris, Editions du FĂ©lin, 2020 117 p. (ISBN 978-2-86645-924-6)
  • Jacques Porot, Louis LĂ©pine : PrĂ©fet de police - TĂ©moin de son temps : 1846-1933, Paris, Frison Roche, (ISBN 978-2876711587, prĂ©sentation en ligne)

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