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Sarcelle d'hiver

Anas crecca

La Sarcelle d'hiver (Anas crecca) est la plus petite espÚce de canards de surface. Elle se rencontre en Europe, Amérique du Nord et aussi en Asie. Dans ces régions, elle vit dans les zones tempérées à septentrionales. C'est un migrateur partiel, elle est chassée en grand nombre en Europe et en Amérique du Nord. La population nord-américaine est considérée par certains ornithologues comme une espÚce à part, la Sarcelle à ailes vertes, et par d'autres comme une sous-espÚce.

Morphologie

Sarcelles d'hiver en plumage d'Ă©clipse avec un mĂąle en mue.

Aspect général et mensurations

Cette sarcelle est le plus petit canard de surface europĂ©en[1] et amĂ©ricain ; son poids d'adulte varie en effet de 250 Ă  plus de 400 grammes[2]. MĂąles et femelles sont de petite taille, de 35 cm de longueur (31 Ă  43 cm), avec une envergure de 53 Ă  59 cm[3] - [4].

La présence d'un miroir vert (cÎté interne) et noir (cÎté externe) sur l'aile, encadré par des bandes blanches (devenant jaunùtres vers l'intérieur), est un trait caractéristique de cette espÚce. Le ventre est blanc. Le dessous de l'aile présente un centre clair, bien visible en vol. Le bec, au bout arrondi, est assez étroit. Les pattes grisùtres sont palmées et adaptées à la vie aquatique. L'iris, de couleur marron, a un diamÚtre de 8 millimÚtres.

Aspect du mĂąle

Peinture d'une sarcelle européenne mùle, avec ses couleurs caractéristiques.

Cette espĂšce prĂ©sente un net dimorphisme sexuel durant la pĂ©riode de reproduction. Le plumage nuptial apparaĂźt graduellement chez le mĂąle Ă  partir du mois d’octobre et il est conservĂ© entre l'hiver (parades nuptiales) et l'Ă©tĂ© (sĂ©paration des couples de l'annĂ©e). Les jeunes mĂąles acquiĂšrent le plumage nuptial dĂšs leur premier hiver[5]. Le plumage du mĂąle se distingue alors par une tĂȘte trĂšs colorĂ©e, brun rouge, presque rousse, et barrĂ©e d'une bande verte iridescente finement soulignĂ©e de crĂšme, qui rend impossible une erreur d'identification. Le mĂąle des populations amĂ©ricaines prĂ©sente une barre blanche verticale sur l'Ă©paule, alors que celui des populations europĂ©ennes prĂ©sente une barre blanche horizontale sur le bord de l'aile[6]. Un autre signe distinctif visible Ă  grande distance est la prĂ©sence d'une tache triangulaire jaunĂątre au niveau du croupion, encadrĂ©e de noir, visible en toutes circonstances. Le corps est gris, finement striĂ© de gris foncĂ© plus larges sur le dos et les ailes. La poitrine est souvent d'une couleur diffĂ©rente, plus claire et roussĂątre, pointillĂ©e de taches sombres. Le bec est gris-noir.

Le reste de l’annĂ©e, le mĂąle est aussi terne que la femelle : on parle de plumage Ă©clipse.

Aspect de la femelle

La femelle, d'un marron pommelĂ© assez terne, ressemble Ă  la femelle de Sarcelle d'Ă©tĂ©, espĂšce un peu plus grande qui, elle, hiverne en Afrique. Elle porte sur le bord de la queue une courte ligne blanche. Le bec est gris foncĂ© et le dessus de la tĂȘte est parfois plus sombre. L'Ɠil est souvent barrĂ© d'une ligne sombre alors que deux bandes beige jaunĂątre soulignent l'Ɠil de la femelle de Sarcelle d'Ă©tĂ©.

Aspect des juvéniles

Les juvĂ©niles ressemblent Ă  la femelle adulte. Les canetons en duvet ressemblent aux canetons du canard colvert, bien qu'ils soient plus petits que ces derniers. Le dessous est jaune, et le dessus brun-noir, avec quelques taches jaunes. La grande tache du cĂŽtĂ© de la tĂȘte est, comme chez le caneton colvert, barrĂ©e d'une fine ligne sombre arquĂ©e allant du bec Ă  la nuque ; mais contrairement au caneton colvert, il prĂ©sente en plus un cercle sombre en forme de lunettes autour de l'Ɠil, ainsi qu'une bande sombre allant de la commissure du bec Ă  l'arriĂšre de la joue, juste en dessous de la fine strie barrant l'Ɠil[1].

Comportement

Locomotion et comportement social

Groupe de Sarcelles d'hiver en vol.

Les Sarcelles d'hiver ne plongent pas entiÚrement pour se nourrir, mais elles peuvent le faire pour se protéger d'un prédateur[7]. Maladroites sur terre, elles ont un vol agile et rapide, mené avec beaucoup d'énergie. Elles sont capables de décoller trÚs rapidement, et d'effectuer de brusques changements de direction et des pirouettes. Toutes ces évolutions sont possibles grùce à une musculature puissante, et elles permettent à ces oiseaux d'échapper aux prédateurs aériens. C'est aussi le seul canard capable de se gratter en vol[7]. La petite taille de cet oiseau, la rapidité et l'agilité du vol, ainsi que la façon de piquer vers le sol pour atterrir, font que le vol de la Sarcelle d'hiver ressemble à celui d'un limicole[8].

Assez grégaire et ne présentant pas de comportement territorial, la sarcelle d'hiver a tendance à se réunir et à voler en petits groupes. Lors de la migration, cet oiseau vole en nuée pouvant aller jusqu'à un millier d'oiseaux[8] ; il existe une grande coordination entre les membres de la nuée[7].

Alimentation

Alimentation d'un mĂąle au Royaume-Uni.

Les Sarcelles d'hiver consomment des graines de plantes de zones humides ou de prĂ©s salĂ©s (graines de scirpes, joncs, soudes, Eleocharis, Carex, riz cultivĂ©), des algues ou herbes aquatiques (Chara par exemple), mais aussi de petits invertĂ©brĂ©s aquatiques (crustacĂ©s, mollusques) et des larves d'insectes, voire des Ɠufs de poisson. Leur rĂ©gime alimentaire est plus riche en aliments d'origine animale en Ă©tĂ© qu'en hiver[9] - [1]. Ces sarcelles ont besoin, en moyenne, d'environ 25 grammes (poids sec) de nourriture par jour[5].

Elles trouvent leur nourriture sur les zones humides ou faiblement inondĂ©es, saumĂątres ou douces. Elles s'alimentent souvent dans les eaux prĂ©sentant moins de 15 cm de fond. Elles filtrent l'eau ou la vase grĂące Ă  leur bec, garni de lamelles permettant de retenir les petits organismes et graines dont elles se nourrissent, ou arrachent les herbes tendres. Le bec est capable de filtrer des particules d'une taille infĂ©rieure Ă  0,5 mm, mĂȘme si les proies de quelques millimĂštres sont prĂ©fĂ©rĂ©es[5]. En pĂ©riode hivernale, les Sarcelles d'hiver se rassemblent le jour sur les plans d'eau et se dispersent la nuit pour se nourrir, parcourant alors jusqu'Ă  trente kilomĂštres. Bien que se nourrissant plutĂŽt la nuit ou au crĂ©puscule, la Sarcelle d'hiver observe, dans les zones oĂč les effets des marĂ©es se font sentir, un rythme circadien basĂ© sur ces derniĂšres : elle se reposera Ă  marĂ©e haute et se nourrira Ă  marĂ©e basse[4].

Selon Guillemain et al. (2010) le poids moyen de la Sarcelle d’hiver (comme celui du canard colvert) a augmentĂ© de 12 % en 30 ans (de 1960 Ă  2000) sans changement de taille, ce qui pourrait en partie ĂȘtre expliquĂ© par le rĂ©chauffement climatique[10].

Communication

Cette sarcelle est assez silencieuse, mais les mùles produisent de petits « crrit » aigus mais discrets que les chasseurs apprennent à reproduire. Lors de la saison de nidification, les mùles ont tendance à devenir nettement plus bruyants. Les sifflements sonores font en effet partie de leur parade nuptiale.

Beaucoup de langues (dont de nombreuses langues germaniques comme l'allemand Krickente, le suédois Kricka) ont formé le nom de cette espÚce directement à partir de cette vocalise. Le terme sarcelle, lui aussi, indirectement via une racine latine, dérive d'une onomatopée[11]. On dit que la sarcelle truffle[4].

Les femelles émettent aussi un rugueux « cuac » d'alarme, ou de rapides et aigus « kekeke ».

Reproduction

Mùle et femelle de la sous-espÚce européenne en plumage nuptial.
Mùle et femelle de la sous-espÚce américaine en plumage nuptial.

La parade nuptiale, spectaculaire, est assez semblable Ă  celle du canard colvert. Le mĂąle plonge le bout du bec sous l'eau, puis siffle, se cambre, rejette la tĂȘte en arriĂšre, Ă©lĂšve les ailes et soulĂšve sa queue[12]. Cette parade peut dĂ©buter dĂšs novembre ou au cours de l'hiver ; elle dure plusieurs jours et peut mettre en concurrence plusieurs mĂąles pour une femelle. Elle se dĂ©roule sur l'eau, oĂč les mĂąles effectuent des sĂ©ries de plongeons. Si le mĂąle s'approche trop, la femelle non consentante peut le poursuivre hostilement. La femelle finit par choisir un mĂąle et l'accouplement suit immĂ©diatement. Le couple sera monogame sur l'annĂ©e, mais les mĂąles appariĂ©s pourront tenter de s'accoupler avec d'autres femelles, souvent de force, alors que les mĂąles cĂ©libataires ne prĂ©senteront pas ce genre de comportement[7]. La femelle et le mĂąle choisi partiront au printemps vers le site de nidification oĂč la femelle avait pondu l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente, et qui est gĂ©nĂ©ralement le lieu de naissance de cette derniĂšre[5] - [13].

La saison de ponte se dĂ©roule de mai en Europe centrale Ă  juillet en Russie[5]. Les populations les plus importantes se trouvent essentiellement en Russie, en Scandinavie et au Canada. La femelle construit un nid bien dissimulĂ© dans une vĂ©gĂ©tation dense, souvent sous des fougĂšres ou des ajoncs[12] ou parmi d'Ă©paisses formations de Carex, joncs ou roseaux, parfois assez loin de l'eau[1]. Le nid est garni de duvet que la femelle s'arrache de la poitrine, de feuilles, d'herbes, de brindilles et de fougĂšres. La femelle y pond de 8 Ă  11 Ɠufs de 41 Ă  50 × 30 Ă  35,5 mm, crĂšme ou gris, teintĂ©s de vert ou de roussĂątre[3], qui sont couvĂ©s par elle durant 21 Ă  23 jours[2]. La femelle passera les 3⁄4 de son temps Ă  cette activitĂ©[7] et si elle est dĂ©rangĂ©e, elle ne quittera le nid qu'au dernier moment[1]. Le mĂąle l'abandonne pour muer[5] au plus tard dĂšs que naissent les canetons, mais son dĂ©part peut survenir dĂšs la ponte. Les sarcelles ne font en gĂ©nĂ©ral qu’une seule ponte par an, mais en cas de disparition totale, une ponte de remplacement peut se produire[5]. Les oisillons, qui pĂšsent 15 g Ă  la naissance[14], sont nidifuges mais sont plus sensibles au froid que les petits des autres AnatidĂ©s ; aussi la mĂšre continue-t-elle Ă  les couver[7]. Elle sait Ă©galement les protĂ©ger des prĂ©dateurs en attirant leur attention sur elle.

Les canetons commencent à voler aprÚs 25 à 30 jours[2]. Ils atteindront la maturité sexuelle vers 180 jours.

La longĂ©vitĂ© de ces sarcelles est de 10 Ă  15 ans en moyenne, mais peut atteindre plus de 21 ans (le record actuel de longĂ©vitĂ© en Europe pour cette espĂšce a Ă©tĂ© dĂ©terminĂ© grĂące Ă  la bague portĂ©e par un individu abattu Ă  l'Ăąge de 21 ans et 3 mois[15]). L'espĂ©rance de vie d'une Sarcelle d'hiver en Camargue, calculĂ©e Ă  partir des populations baguĂ©es, serait selon l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) de 1,4 an[5].

Le taux de reproduction varie du simple au double selon les endroits, ainsi une femelle produit 3,7 jeunes volants en Islande contre 1,4 en Grande-Bretagne[5].

Systématique

Le premier spécimen de cette espÚce décrit dans la littérature scientifique l'a été par Carl von Linné dans son Systema naturae en 1758, sous le nom d'Anas crecca[16].

Sous-espĂšces

D'aprÚs Alan P. Peterson, cette espÚce est constituée des sous-espÚces suivantes :

  • Anas crecca crecca Linnaeus 1758 ;
  • Anas crecca nimia Friedmann 1948.

Cette derniÚre n'est pas considérée comme une sous-espÚce mais comme une variation clinale, donc traitée comme monotypique (Sangster et al. 2001 ; Carboneras et al. 2017). Traditionnellement, les ornithologues considÚrent trois populations, identifiées à trois sous-espÚces, trÚs semblables d'aspect. Leur seule différence externe observable se trouve dans deux bandes blanches sur les flancs de Anas crecca carolinensis (aussi appelée Sarcelle à ailes vertes). Aujourd'hui, cette sous-espÚce est considérée comme une espÚce à part entiÚre par le CongrÚs ornithologique international (2010) et l'American Ornithological Society, mais pas par Clements (2009) ni Howard & Moore (2009).

Les ornithologues américains fondent leurs analyses sur un point[17] de vue qui rassemble des données comportementales[18], morphologiques[19], et moléculaires[20].

Les analyses génétiques montrent que Anas crecca carolinensis est plus proche de la Sarcelle à bec jaune que de la Sarcelle d'hiver européenne[20]. Comme la radiation évolutive des canards du genre Anas est trÚs récente, et qu'ils s'hybrident facilement les uns avec les autres, deux hypothÚses sont plausibles. La Sarcelle à bec jaune pourrait avoir évolué à partir de la Sarcelle d'hiver américaine en perdant tout dimorphisme sexuel, ou la Sarcelle d'hiver européenne se serait hybridée avec la Sarcelle à bec jaune, tout en favorisant son dimorphisme sexuel, composé de caractÚres trÚs présents chez les canards de surface.

RĂ©partition et habitat

Habitat

La Sarcelle d'hiver se trouve principalement sur les vasiÚres, marécages, lagunes, estuaires et autres étendues d'eau douce ou saumùtre à faible courant. Elle a une préférence pour les plans d'eau présentant beaucoup de végétation et un fond vaseux, pouvant ainsi pourvoir à son alimentation.

Lors de la saison de nidification, on la rencontrera sur des lacs, mares ou marais Ă  l'intĂ©rieur des terres Ă  vĂ©gĂ©tation riparienne bien dĂ©veloppĂ©e et souvent eutrophes[5] ; en hiver, on pourra aussi la voir sur des plans d'eau plus cĂŽtiers et saumĂątres. Elle quitte alors systĂ©matiquement les zones gelĂ©es ou enneigĂ©s qui limitent ses possibilitĂ©s d’alimentation.

RĂ©partition des sous-espĂšces
En Europe et en Asie, Anas crecca crecca
  • habitat permanent
  • zone d'hivernage
  • nidification
En AmĂ©rique du Nord, Anas crecca carolinensis ; en AmĂ©rique de l'Ouest et sur les Îles AlĂ©outiennes, Anas crecca nimia
  • habitat permanent
  • zone d'hivernage
  • nidification

Les noms locaux sont : sarcelle sarcelline, Sarcelle à ailes vertes, sarcelline, petite sarcelle, arcanette, truffleur et sarcelle d'hiver d'Amérique (les anciennes sous-espÚces américaines sont désormais considérées comme une espÚce bien distincte).

L'espĂšce est prĂ©sente sur une aire de 10 000 000 km2[21]. La population mondiale est estimĂ©e Ă  6 500 000-7 600 000 individus[22].

En Europe (Islande et Russie incluses), on estime la population d'oiseaux nicheurs supĂ©rieure Ă  920 000 couples, et la population d'hivernants Ă  plus de 730 000 individus. Les principaux pays oĂč cet oiseau niche sont la Finlande, la NorvĂšge, la Russie et la SuĂšde[23].

Évolution des rĂ©partitions

La création de marais littoraux doux à saumùtres dans les années 1980, a entraßné une redistribution des oiseaux depuis les zones intertidales vers ces réserves[5].

Anas crecca crecca

L'oiseau niche jusqu'en Islande et aux Îles Britanniques Ă  l'ouest, au nord jusqu'en Scandinavie et Ă  l'est jusqu'Ă  la pĂ©ninsule du Kamtchatka et au Japon.

En 2002, la population du Nord-Est de l'Europe Ă©tait estimĂ©e Ă  400 000 individus, et la population de l'ouest sibĂ©rien, du sud de l'Asie et du nord-est de l'Afrique Ă©tait estimĂ©e Ă  1 500 000 spĂ©cimens (mais considĂ©rĂ©e comme vulnĂ©rable car en dĂ©clin)[24].

Au dĂ©but des annĂ©es 2000, cinq cents Ă  mille couples de cet anatidĂ© nichaient sur les vasiĂšres, marĂ©cages, estuaires ou Ă©tendues d'eau douce de France, principalement dans la moitiĂ© nord du pays, du mois d'octobre au mois de mars[2]. Lors de la nidification, ces oiseaux sont dispersĂ©s et discrets alors qu'ils sont grĂ©gaires lorsqu'ils hivernent. Durant la pĂ©riode de nidification, leur densitĂ© de population est plus importante au nord de l'Europe ; c'est la Finlande, avec une population estivale estimĂ©e de 60 000 Ă  80 000 couples, qui dĂ©tient le record.

Les Sarcelles d'hiver hivernent en France, en Espagne, en Italie et dans les Balkans. Certaines continuent jusqu'en Espagne et en Afrique du Nord. Les populations les plus Ă  l'est migrent en Inde ou dans le Sud-Est asiatique. Dans ces zones, les populations nidifiantes sont faibles, mais le nombre de ces oiseaux augmente fortement en hiver. Environ 80 000 individus hivernent habituellement en France[2]. Les premiers individus y arrivent au mois d'aoĂ»t. Lorsque l'hiver est rigoureux, ces sarcelles se dĂ©placent vers le sud et l'ouest et se concentrent sur le littoral. La Camargue est un des plus importants centres d'hivernage en France. Les zones les plus importantes pour l'Espagne sont le parc national de las Tablas de Daimiel, le parc naturel de MonfragĂŒe, et le parc national de Doñana[25].

Depuis plusieurs annĂ©es, les ornithologues amĂ©ricains rapportent des observations de cette sous-espĂšce europĂ©enne aux États-Unis, notamment dans l'État de Washington, sur la cĂŽte ouest[9].

Anas crecca carolinensis

La Sarcelle d'hiver amĂ©ricaine est dĂ©sormais Ă©levĂ©e souvent au rang d'espĂšce (en y intĂ©grant nimia). Elle niche au Canada et hiverne aux États-Unis, au Mexique, Ă  Cuba et Ă  Porto Rico, mais elle peut descendre occasionnellement plus au sud comme en Colombie, au Salvador et au Honduras. Les populations ne sont pas comptabilisĂ©es, du fait de l'incertitude sur le statut du taxon, cependant ces sarcelles sont plus nombreuses que leur homologues europĂ©ennes. C'est le plus petit canard de surface d'AmĂ©rique du Nord.

La Sarcelle d'hiver amĂ©ricaine peut ĂȘtre occasionnellement observĂ©e en Europe, en France par exemple[5].

Anas crecca nimia

Les populations de cette variation clinale sont les moins nombreuses. Elles nidifient dans le nord-ouest de l'AmĂ©rique, et surtout dans les Îles AlĂ©outiennes. Elles hivernent dans les Ă©tats du sud de l'AmĂ©rique de l'Ouest.

Migration

Lorsque les mĂąles adultes abandonnent les femelles en pleine incubation, tous migrent vers des zones de mue oĂč ils se rassemblent pour changer de plumage. Ils deviennent alors momentanĂ©ment incapables de voler. Les zones de mue peuvent se situer Ă  proximitĂ© des sites de nidification ou Ă  une centaine de kilomĂštres.

Ces oiseaux sont essentiellement migrateurs, mais certaines populations sont résidentes (voir les cartes). La migration d'automne s'étale entre fin août et début décembre. Les femelles migrent généralement plus au sud que les mùles. La migration de printemps débute généralement en février et dure jusqu'en avril. Lors des migrations, ces oiseaux peuvent former des grands groupes réunissant plusieurs centaines d'individus ; la migration est généralement nocturne[7] - [9].

La Sarcelle d'hiver et l'homme

Les Sarcelles d'Ă©tĂ© et d'hiver avaient en Occident la rĂ©putation d'ĂȘtre des mets dĂ©licats, Pierre Belon[26], puis bien d'autres aprĂšs lui l'Ă©voqueront, les Romains auraient mĂȘme tentĂ© d'en domestiquer. La Sarcelle d'hiver n'Ă©chappe pas Ă  cette rĂ©putation.

La perte d’habitat

La rĂ©gression, par l'action de l'homme, des zones humides depuis cinquante ans a provoquĂ© localement de fortes diminutions des effectifs de Sarcelles d’hiver (comme, aprĂšs le drainage de 50 % des zones humides du Marais Poitevin)[2].

La chasse

La technique la plus frĂ©quemment utilisĂ©e pour chasser cet oiseau est la chasse Ă  la botte, ou alors au poste fixe (que ce soit Ă  la hutte, au gabion ou Ă  la tonne). On estimait en 2004 que 331 000 Sarcelles d'hiver Ă©taient annuellement prĂ©levĂ©s en France, ce qui en fait la quinziĂšme espĂšce la plus chassĂ©e de France[2]. En 1989, approximativement 200 000 spĂ©cimens ont Ă©tĂ© prĂ©levĂ© au Canada, c'est la seconde espĂšce d'Anatidae la plus chassĂ©e en AmĂ©rique du Nord aprĂšs le colvert[7].
MalgrĂ© l'intensitĂ© de cette chasse, les populations semblent rester stables en France et en AmĂ©rique du Nord. Les prĂ©lĂšvements cynĂ©gĂ©tiques semblent ĂȘtre compensĂ©s par l'augmentation du nombre de zones protĂ©gĂ©es ou amĂ©nagĂ©es[2] - [7].

Le saturnisme

Cette maladie est liĂ©e chez les oiseaux Ă  l’ingestion de grenaille de plomb. L'espĂšce fait partie de celles qui sont vulnĂ©rables Ă  ce phĂ©nomĂšne, avec un risque qui varie aussi selon le lieu (et sa contamination en grenaille de plomb[27] ; 4,7 % des sarcelles baguĂ©es en Camargue entre les annĂ©es 1950 et 1970 Ă©taient porteuses de plomb dans le gĂ©sier. Des analyses plus rĂ©centes montrent que 13 % des Sarcelles d’hiver tuĂ©es Ă  la chasse en Camargue portent au moins un plomb dans le gĂ©sier[2] et que « les mĂąles sont plus susceptibles de transporter des plombs intĂ©grĂ©s que les femelles, alors que ces derniĂšres sont plus susceptibles d'avoir des grenailles de plomb dans le gĂ©sier. De mĂȘme, les adultes sont plus susceptibles d'avoir un plomb dans la chair tandis que les premiers individus de l'annĂ©e sont plus susceptibles d'avoir des plombs dans le gĂ©sier »[28]. Alors que les plombs ingĂ©rĂ©s sont un important facteur de mortalitĂ© ou d'empoisonnement, les plombs « intĂ©grĂ©s » dans la chair Ă  la suite de blessures non mortelles par coup de feu ne semblent pas affecter la survie de l'animal[28] (le nombre de ces plombs augmente statistiquement avec la durĂ©e de vie de l'animal[28]).

Protection

Depuis les années 1990, la population finlandaise de Sarcelles d'hiver est en déclin. On ne connaßt pas le statut actuel des populations russes[23].

Cependant, du fait de sa large rĂ©partition et de la relative stabilitĂ© de ses effectifs, BirdLife International considĂšre cette espĂšce comme « sĂ©curisĂ©e »[23]. De mĂȘme, l'UICN a classĂ© cette espĂšce dans la catĂ©gorie « prĂ©occupation mineure » (LC).

Cette espÚce a fait l'objet d'une surveillance de la part du CITES, en annexe III, pour le Ghana entre 1976 et 2007, et pour le Danemark entre 1977 et 1984. Actuellement, la Sarcelle d'hiver ne bénéficie d'aucune protection de la part de cet organisme[29].

Cette espĂšce fait partie de la liste des oiseaux protĂ©gĂ©s par le Migratory Bird Treaty Act[30]. De mĂȘme, certaines populations de cette espĂšce sont concernĂ©es par l'Accord sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie : les populations de l'ouest sibĂ©rien, du sud-ouest asiatique et du nord-est africain sont classĂ©es en catĂ©gorie B2 (populations vulnĂ©rables : plus de 100 000 individus mais dĂ©clin de la population). Les autres populations sont considĂ©rĂ©es comme non menacĂ©es[31].

Cet oiseau est classé, comme tous les Anatidés, en annexe II de la Convention de Bonn, mais cette décision n'est pas appliquée sur le terrain. Il figure aussi en annexe III (faune protégée) de la Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe (Convention de Berne), mais en annexe II et III (chasse et commerce autorisés) de la directive Oiseaux européenne[32].

Étymologie

Le terme Anas viendrait d'une racine indo-européenne (anut, antis) qui désigne le canard.

Le mot sarcelle vient du latin querquedula (la sarcelle) et aurait pour origine une onomatopĂ©e figurant son cri[11]. De mĂȘme, le nom scientifique crecca est une onomatopĂ©e de « creck » ou « queck », comme le nom vernaculaire d'autre d'autres langues europĂ©ennes.

Le suffixe d'hiver permet de distinguer cette sarcelle, présente en hiver en France, de la Sarcelle d'été, qui passe l'hiver plus au sud[33].

Philatélie

De nombreux pays ont Ă©mis des timbres Ă  l'effigie de cet oiseau.

Anas crecca crecca

Timbre Ă  l'effigie de la Sarcelle d'hiver Ă©mis par l'URSS en 1989.

La Biélorussie en 1996, la Belgique en 1989 et 2007, la Croatie (Bosnie-Herzégovine) en 2007, Taïwan (Chine) en 1960, la France en 1960, la Gambie en 1997, 2000 et 2001, la Grenade en 1995, la Hongrie en 1988 et 1989, l'Islande en 1997, l'Irlande en 1996, Israël en 1989, Jersey en 2004, Kiribati en 2001 et 2008, le Liberia en 2001, la Malaisie en 2006, les ßles Maldives en 1995, les ßles Marshall en 1992, la Mongolie en 1991, les Philippines en 2007, la Pologne en 1985, le Portugal en 2000, l'URSS en 1989, la Syrie en 2003, le Turkménistan en 2002, le Vatican en 1989, la République du Yémen en 1990 et la Yougoslavie en 1989.

Anas crecca carolinensis

Sa représentation, moins courante, existe cependant : Antigua & Barbuda en 1995, Barbuda en 1997, la Gambie en 2001, et Kiribati en 1999[34].

Voir aussi

Articles connexes

Photos et vidéos

Bibliographie

Références taxonomiques

Liens externes

Notes et références

  1. Stastny K. (1989) : Oiseaux aquatiques. GrĂŒnd, Paris. (ISBN 2-7000-1816-8)
  2. (ONCFS, 1999)
  3. (es) Madroño A., Gonzålez C. & Atienza J. C., Libro Rojo de las aves de España, Madrid, BirdLife, (ISBN 84-8014-568-4)
  4. (oiseau.net 2007)
  5. (fr) « Sarcelle d'hiver », Le programme de recherche sur la Sarcelle d'hiver, ONCFS,
  6. (en) « Anas crecca », All About Birds, Cornell Lab of Ornithology
  7. (ADW 2007)
  8. Hume R., Lesaffre G. et Duquet M., Oiseaux de France et d'Europe, Larousse, 2004 (ISBN 2-03-560311-0)
  9. (en) Anas crecca sur BirdWeb
  10. Guillemain et al. 2010. Wintering French Mallard and Teal Are Heavier and in Better Body Condition than 30 Years Ago: Effects of a Changing Environment? Ambio, 39:170-180
  11. Informations lexicographiques et étymologiques de « Sarcelle » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  12. (en) Anas crecca sur le site ARKive
  13. (en) « Anas crecca », Enature
  14. (en) « Anas crecca », AnAge
  15. Staav R.& Fransson T, « European longevity record:Teal », sur Euring, (consulté le )
  16. (la) Linnaeus, C. (1758). Systema naturae per regna tria naturae, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Tomus I. Editio decima, reformata. Holmiae. (Laurentii Salvii)., 126. “A. macula alarum viridi, linea alba supra infraque oculos.”
  17. (en) Sangster, George; Knox, Alan G.; Helbig, Andreas J. & Parkin, David T., « Taxonomic recommendations for European birds. », The Ibis, vol. 144, no 1,‎ (lire en ligne)
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