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Rue de Tournon

La rue de Tournon est une voie publique du 6e arrondissement de Paris. Au sud, elle ouvre une perspective sur la façade du Sénat. À son autre extrémité, elle se poursuit avec la rue de Seine, qui donne sur le fleuve. Elle est toute proche du jardin du Luxembourg.

6e arrt
Rue de Tournon
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La rue de Tournon vue depuis la rue de Vaugirard.
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Situation
Arrondissement 6e
Quartier Odéon
DĂ©but 19, rue Saint-Sulpice
Fin 24, rue de Vaugirard
Morphologie
Longueur 233 m
Largeur 13,70 m
Historique
DĂ©nomination 1541
Ancien nom Ruelle Saint-Sulpice
ruelle du Champ de Foire
rue du Marché aux chevaux
rue du SĂ©nat
GĂ©ocodification
Ville de Paris 9378
DGI 9387
GĂ©olocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Rue de Tournon
GĂ©olocalisation sur la carte : 6e arrondissement de Paris
(Voir situation sur carte : 6e arrondissement de Paris)
Rue de Tournon
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Situation et accès

La rue de Tournon commence à hauteur des nos 19 et 21 de la rue Saint-Sulpice et finit à hauteur des nos 22 bis et 24 de la rue de Vaugirard. Orientée pratiquement nord-sud, dans l'axe du palais du Luxembourg, elle constitue l'une des rues les plus prestigieuses de Paris. Elle possède également une physionomie très particulière ; elle s'évase en effet vers le sud à proximité de la rue de Vaugirard, ce qui ouvre le cône de vision sur le Sénat. Au nord, elle se prolonge par la rue de Seine, débouchant sur le quai Malaquais.

Traditionnellement, elle était bordée de nombreuses librairies de livres anciens. Il en subsiste toujours aujourd'hui, mais elles sont progressivement remplacées par des enseignes liées à l'habillement ou à la coiffure.

Elle est localisée non loin du musée du Luxembourg, situé dans un bâtiment annexe du Sénat.

Les stations de métro desservant la rue de Tournon sont :

Des stations de bus en sont également très proches. Il s'agit des lignes 38, 58, 63, 70, 86, 87, 89 et 96.

Origine du nom

Elle doit son nom au cardinal François de Tournon (1489-1562), abbé de Saint-Germain-des-Prés, un des principaux conseillers de François Ier.

  • Portrait du cardinal François de Tournon.
    Portrait du cardinal François de Tournon.
  • Armoiries du cardinal François de Tournon.
    Armoiries du cardinal François de Tournon.

Historique

La rue de Tournon sur le plan de Turgot, 1736.

Les terrains marécageux sur lesquels se trouve cette voie appartenaient à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, ce qui ressort des titres de cette communauté religieuse. Elle en vendra, à charge pour les acquéreurs d'élever des constructions en bordure de cette voie, qui portait autrefois le nom de « ruelle de Saint-Sulpice » en 1517, puis ultérieurement de « ruelle du Champ de Foire », à cause de la foire de Saint-Germain et également la « rue du Marché aux chevaux[1] ».

Elle devient « rue de Tournon » en 1541. Le rôle des taxes de 1549 ne mentionne que très peu de maisons. Elle est citée sous le nom de « rue de Tournon » dans un manuscrit de 1636.

Elle apparaît également en tant que telle sur le Plan routier de Paris de 1789, où figure le jardin arboré de l'arrière du numéro 4[2].

Elle fut nommée par arrêté préfectoral du « rue du Sénat » parce que la petite place que forme la rue en arrivant à hauteur de la rue de Vaugirard, s'écarte en éventail, face au Sénat. On l'appelait aussi « le Pré-Crotté » à cause des ordures et autres immondices qu'on y jetait quotidiennement. Par la suite, il y fut fait un marché, elle fut « baillée » par le cardinal de Tournon à son valet de chambre Jean Gautier « pour y bastir des mesons ». Cette très petite place existe toujours.

Au début de messidor an IV de la République, la section de Mucius Scœvola (quartier du Luxembourg), lança la mode des « repas civiques » (les 11, 12 et ), dans les rues et devant les portes des maisons. Cette idée fit son chemin et se répandit bientôt aux quatre coins de la capitale. Les habitants de la rue de Tournon se distinguaient dans l'ordonnance des repas. Un rapport du Comité de Salut Public du 18 messidor an II (1794) porte sur ces repas civiques[3]. La Commune fit arrêter cette conviviale manifestation, par suite des abus de libations qui entraînaient de grands désordres sur la voie publique.

Un arrêté des consuls du XVIII vendémiaire an XI ordonne le prolongement de cette voie publique jusqu'à la rue de Buci (rue de Seine), dans l'axe de celle-ci.

Une dĂ©cision ministĂ©rielle du III nivĂ´se an X, signĂ©e de Chaptal et un arrĂŞtĂ© du prĂ©sident de la RĂ©publique Louis-NapolĂ©on Bonaparte, le , fixe la moindre largeur Ă  13,50 mètres et la plus grande Ă  26,70 mètres. Les propriĂ©tĂ©s aux nos 11 et 33 et toutes celles du cĂ´tĂ© pair ne sont pas soumises Ă  retranchement.

En , à l'occasion de sa visite en France, le tsar russe Nicolas II se rend au palais du Luxembourg. Située sur le trajet, il emprunte la rue de Tournon[4].

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

  • No 1 : emplacement oĂą Chalgrin avait fait le projet de dĂ©poser un mètre Ă©talon gravĂ© dans le marbre, parmi les quinze autres. Il fut finalement installĂ© Ă  quelques pas, au 36, rue de Vaugirard.
  • No 2 : emplacement de l'hĂ´tel du Petit-Bourbon, dit aussi hĂ´tel de Châtillon, hĂ´tel de France ou hĂ´tel de Montmorency (nos 2-4) au XVIIe siècle, avec une partie sur l'actuel no 4, que Louis de Bourbon, duc de Montpensier, avait fait construire et qui donna son nom Ă  une partie de l'actuelle rue Saint-Sulpice sur laquelle il donnait. Cet hĂ´tel et celui Ă©levĂ© au no 4 furent pris sur ce qui Ă©tait l'hĂ´tel de Savoie qui appartenait sous Charles IX — qui règne de 1560 Ă  1574 —, Ă  Marguerite de France (1523-1574), tante du roi, Ă©pouse du duc de Savoie Emmanuel Philibert. C'est ici que la veuve du duc de Montpensier apprit l'assassinat du duc et du cardinal de Guise, ses frères, en 1588.
Au XIXe siècle, il ne restait rien de cet hôtel, mais une écurie souterraine, rattachée à une autre, paraissait plus ancienne que les façades du XVIIIe siècle. C'est aussi là que, sous Louis XV (1710-1774), était l'hôtel de Montmorency-Fosseux, qui appartiendra à François de Béthune (1600-1678), duc d'Orval, pair de France au début du règne de Louis XIV, beau-frère de Montmorency-Fosseux, puis à Jean de Donon, contrôleur général des Bâtiments du roi, qui était voisin d'un Châtillon, logé dans la même rue. Marie-Émilie Boucher, fille du peintre et épouse de Gabriel Cuvilier, premier commis des Bâtiments du roi, y mourut en 1784. Balzac y habita de 1827 à 1830, chez son ami Henri de Latouche. En 1860 y demeurait Laprade. Une plaque rappelle le souvenir d'Antoine Augustin Cournot, mathématicien et philosophe qui vécut et décéda à cette adresse en 1877. Il aurait été au début l'hôtel de Jean de Palaiseau. Immeuble classé aux monuments historiques.
  • No 4.
    Plan de Jaillot sur lequel figure le jardin, partie commune et classé monument historique.
    No 4 : hôtel de Palaiseau sous Louis XIV. Claude de Harville, marquis de Palaiseau, et son épouse, Catherine Jouvenel des Ursins, le laissent à leur fils Antoine de Harville, qui le lègue à son fils François de Harville, et ses sœurs : Anne de Harville épouse François de Béthune, comte, puis duc d'Orval et Isabelle de Harville (1629-1712) épouse de François de Montmorency-Fosseux, marquis de Bois-Ruffin, Thury, Fosseux, Courtalain et baron de Neuilly. Ancien hôtel de Montmorency, vers 1750, (nos 2 et 4), classé aux monuments historiques, avec pour les parties communes : la porte monumentale sur rue avec ses vantaux, les façades sur cour et jardins, le vestibule (passage cocher), l'escalier d'honneur. Classement portant sur les parties privatives : les appartements du rez-de-chaussée sur le jardin, du premier étage sur le jardin, du deuxième étage sur rue et l'appartement du deuxième étage sur le jardin, ainsi que certaines pièces de l'appartement du premier étage sur cour et sur rue (les deux antichambres, l'entrée et la rotonde, la pièce entresol et le salon donnant sur la rotonde, ainsi que la chambre principale faisant suite à ce salon). Le député Audouin y loge en 1793. Lamartine et Ledru-Rollin habitent dans cette maison en 1848. En 1830 loge à cette adresse le comte de la Roche-Aimon. À la fin du XIXe siècle y vivait Albert d'Herbelot, avocat général à la cour d'appel de Paris. Y logèrent aussi l'ambassadeur Charles-Joseph Tissot (1828-1884), et Joseph Bertrand, célèbre mathématicien, sociétaire de l'Académie des sciences, qui y meurt en 1900. Un appartement au rez-de-chaussée, propriété de François Pinault, est mis à disposition de Jacques Chirac, qui y finit ses jours et y meurt en 2019[5].
  • No 5 : domicile de Marie-Anne Lenormand qui vivait avec Jacques-RenĂ© HĂ©bert, dit le Père Duchesne. Elle prĂ©dit l'avenir Ă  de nombreuses personnalitĂ©s de l'Empire, après avoir fait des prĂ©dictions Ă  l'impĂ©ratrice JosĂ©phine. Elle mourut dans cette maison en 1843. Cagliostro y aurait Ă©galement sĂ©journĂ©, ainsi que madame Moreau, grande maĂ®tresse de la maçonnerie des femmes et prophĂ©tesse sous le Second Empire. La famille de Jacques PrĂ©vert s'installe Ă  cette adresse durant l'hiver de 1910 et y demeure une annĂ©e. Leurs voisins de palier sont la famille Tiran, dont la mère aurait Ă©tĂ© une pĂ©troleuse dans sa jeunesse. L'un des frères Tiran Ă©tait un apache et l'autre, Henri Tiran, par une chanson de sa composition qu'il chantait continuellement, inspira l'idĂ©e du raton laveur que PrĂ©vert intĂ©gra dans son recueil de poèmes Paroles (1946). Au rez-de-chaussĂ©e, dans la cour, habite la famille Dienne comptant neuf orphelins placĂ©s sous la responsabilitĂ© de la fille aĂ®nĂ©e, Simone, la cadette de trois ans de Jacques PrĂ©vert, qui fut son premier amour et qui l'Ă©pousa le [6]. Le poète et savant Charles Cros y meurt en 1888 ; une plaque lui rend hommage.
  • No 6 : hĂ´tel de Montpensier, construit en 1540 par Louis de Bourbon, prince de La Roche-sur-Yon, Ă©poux de Catherine de Lorraine, sĹ“ur du duc de Guise et du cardinal de Guise. Elle y reçut la nouvelle de la mort de ses frères (la propriĂ©tĂ© allait du no 2 au no 6). Elle y logea la mère de Jacques ClĂ©ment et y meurt en 1596. Ancien hĂ´tel de Brancas, dit aussi hĂ´tel de Terrat, construit sur les dessins et plans de Pierre Bullet (1639-1716), pour Jean-Baptiste Terrat, marquis de Chantosme, chancelier du duc d'OrlĂ©ans, qui achète les lieux Ă  Nicolas Renouard de Chanteclair. Les façades et toitures sur rue, cour et jardins, portail d'entrĂ©e, escalier, salon et boudoir sont inscrits et classĂ©s aux monuments historiques. L'hĂ´tel avant de revenir aux Brancas fut Ă  ferme Ă  l'AcadĂ©mie Royale, d'Ă©quitation de 1733 Ă  1742 de François Robichon de La GuĂ©rinière (1688-1751) Ă©cuyer de renom, enseignait ici l'art de l'Ă©quitation aux jeunes gens de la noblesse avec son associĂ© François Nicolas Desprez. Il avait fermĂ© son manège du 13, rue de Vaugirard Ă  la suite de problèmes financiers[7]. Il fit aussi partie de l'hĂ´tel de Montmorency-Laval, selon le Dictionnaire des rues de Jean de La Tynna en 1816.
  • Bugnet, intendant de Monsieur de Creil, conseiller d'État et de la duchesse de Beauvilliers, avait acquis en 1752 ledit hĂ´tel tenant Ă  celui de Montmorency et Ă  la maison de Saint-Aignan. L'un des vendeurs de Bugnet fut Lanfernat, comte de Villars, Chauvel, grand-bailli d'OrlĂ©ans et d'autres[8]. C'est ensuite, en 1775, le duc de Brancas, lieutenant gĂ©nĂ©ral pour le pays de Provence, le marquis de Laplace en 1806, Pierre-Simon de Laplace, mathĂ©maticien, astronome, physicien et gĂ©omètre y habita en 1808. La famille Montmorency-Laval, en 1816, les libraires Bossange et Masson, et le bibliophile Renouard. Au rez-de-chaussĂ©e sur rue se trouvaient la Librairie Renouard et les Éditions Henri Laurens. Les libraires Bossange et Masson Ă©taient dĂ©jĂ  propriĂ©taires de cet immeuble en 1815 avant l'arrivĂ©e de monsieur Renouard qui quitta la rue Saint-AndrĂ©-des-Arts pour celle-ci. Le docteur Ricord demeura aussi Ă  cette adresse et y mourut en 1889. Le libraire Henri Loones tient boutique ici en 1880. Alexandre Ribot, ancien prĂ©sident du Conseil et membre de l'AcadĂ©mie française, y demeura. En 1900, se trouvait dans ces lieux le Concert Rouge.
  • De 1947 Ă  1950, une partie de l'hĂ´tel est louĂ©e Ă  l'École des hautes Ă©tudes en sciences sociales qui fut logĂ©e Ă  cette adresse avec une partie des archives, et notamment le fonds ClĂ©ment Heller, et au no 17. Cette dernière y siège jusqu'en 1975 et sera contrainte en 1977 de quitter les lieux. Ensuite, l'IFA (Institut Français d'Architecture) y rĂ©side Ă  partir de 1979 et le quitte en 2003 en raison de la hausse des loyers pour rejoindre le musĂ©e de la Porte-DorĂ©e (actuel MusĂ©e de l’histoire de l’immigration) et fusionner en 2006 dans la CitĂ© de l'architecture et du patrimoine.
  • Actuellement, le rez-de-chaussĂ©e est occupĂ© par une boutique de vĂŞtements pour enfants.
  • No 7, dit hĂ´tel du SĂ©nat : Ă  cette adresse Ă©taient le domicile et l'atelier de Maire qui y rĂ©alisa sa Topographie de Paris, dĂ©diĂ©e Ă  la duchesse de Bassano en 1813. Charles Baudelaire demeura ici de Ă  [9]. Ici habita LĂ©on Gambetta de 1858 Ă  1861 (une plaque lui rend hommage) et Alphonse Daudet en 1857[10].
No 8.
  • No 8 : immeuble classĂ© aux monuments historiques. Le rĂ©sistant Raoul Marcel, groupe FFI[11], tuĂ© Ă  la libĂ©ration de Paris, habitait dans cet immeuble[12]. C'est Ă  cet emplacement, entre l'AcadĂ©mie Ă©questre et l'hĂ´tel des Ambassadeurs, que monseigneur Guy Chartraire de Saint-Aignan, conseiller au Parlement de Bourgogne Ă  Dijon, (marquis de Ragny en 1735) avait fait construire son hĂ´tel de Saint-Aignan en 1716, Ă  la place de l'hĂ´tel de Ventadour que lui avait donnĂ©, en 1713, sa sĹ“ur, Ă©pouse de David, lieutenant particulier au bailliage de Semur. Elle avait elle-mĂŞme acquis ce lot de Nicolas de Jassaud, prĂ©sident Ă  la Chambre des comptes. Ce dernier le tenait du prince de Rohan-Soubise et de son Ă©pouse, une Ventadour. C'est le duc de Ventadour qui en fit l'acquisition en 1607 auprès de Pierre de Beringhen, premier valet de chambre du roi, qui lui l'avait acquis vers 1600. La propriĂ©tĂ© Ă©tait louĂ©e Ă  Langlois, fermier gĂ©nĂ©ral, lorsque M. de Saint-Aignan lĂ©gua ses biens Ă  Chartraire, marquis de Ragny, qui fut suivi par Garnier, bourgeois, puis Mlle d'Orsan, fille majeure, puis Jean Marie du Lau d'Allemans, curĂ© de Saint-Sulpice, archevĂŞque d'Arles et dĂ©putĂ© de la Constituante en 1789, nĂ© en 1738 et assassinĂ© le . Anne-Josèphe ThĂ©roigne de MĂ©ricourt, locataire dans cette maison, avait formĂ© une sorte de club, oĂą elle recevait entre autres personnes : Danton, Camille Desmoulins et Fabre d'Églantine. Sous le Premier Empire, le sĂ©nateur Dyzès, comte d'Arène, en fit sa rĂ©sidence[13]. Brillat-Savarin, cĂ©lèbre gastronome, habitait, sous Louis-Philippe, l'appartement de ThĂ©roigne. Jules Janin, en 1830, s'en servait de garçonnière. Il y resta quarante ans avant d'aller s'installer au 20, rue de Vaugirard. Octave Feuillet et le comte Eugène de VogĂĽĂ© logent ici en 1880. Domicile de Gabriel PiernĂ©, compositeur de musique. En 1909, la revue Le Magasin pittoresque, fondĂ©e en 1835, s'y installe ; en 1910, domicile de Maurice Renard, Ă  deux pas de celui de son ami Adolphe van Bever, de Paul LĂ©autaud et du Mercure de France[14].
  • No 9 : face Ă  l'hĂ´tel du Nivernais s'Ă©levait le petit hĂ´tel de Valois, oĂą en ces lieux meurt, le , Jean-Baptiste Clairaut, mathĂ©maticien et acadĂ©micien. Il y habitait depuis le [15]. On pouvait souscrire ici au Journal anglais, ainsi qu'au Journal des dames, de Dorat (1778).
Caserne de la Garde républicaine au no 10.
  • No 10 : provient du dĂ©membrement de l'hĂ´tel Garancière. Connu sous le nom d'hĂ´tel de Nivernais, puis d'hĂ´tel des Ambassadeurs, cet hĂ´tel date de 1543. Il a Ă©tĂ© construit par Louis de l'Estoile, prĂ©sident des enquĂŞtes au Parlement de Paris, et Ă©poux de Marguerite de Motholon, en 1543. Le mĂ©morialiste Pierre de l'Estoile y naquit sĂ»rement en 1546. L'hĂ´tel fut construit sur cette parcelle achetĂ©e en 1538 au cardinal de Tournon. Madame de Pecquigny l'occupe en 1580. Charles du Plessis, seigneur de Liancourt, gouverneur de Paris, y habite en 1595 ; il le cède Ă  Concino Concini. En 1612, on l'appelle hĂ´tel Concini. HĂ´tel particulier ayant appartenu au marĂ©chal d'Ancre, puis confisquĂ©, pillĂ© en 1617 par les partisans du prince de CondĂ© après l'assassinat du marĂ©chal par le capitaine des gardes, Vitry. ConcĂ©dĂ© Ă  Charles d'Albert, duc de Luynes, ainsi qu'Anet et LĂ©signy et dans lequel Louis XIII a vĂ©cu quelque temps Ă  son retour de Savoie, se rapprochant de sa mère qui habitait le palais du Luxembourg. François de Sales y logea en 1618. Le duc le revendit au roi en 1621. Ces bâtiments furent affectĂ©s aux logements des ambassadeurs en 1630, prenant le nom d'« hĂ´tel des Ambassadeurs extraordinaires, confiĂ© au duc de Bellegarde, qu'Henri IV et Louis XIII comblèrent de faveurs, le premier pour se faire pardonner de lui avoir ravi la belle Gabrielle d'EstrĂ©es. Chaque rĂ©ception d'ambassadeur donnait lieu Ă  des fĂŞtes somptueuses. Parmi celles qui laissèrent un souvenir grandiose sous le règne de Louis XIV, l'entrĂ©e de Charles Talbot 1er duc de Shrewsbury, ambassadeur extraordinaire et grand chambellan de la reine de Grande-Bretagne ; celle de Jean de la Vieuville, bailli, grand-croix, ambassadeur extraordinaire de l'ordre de Malte auprès du roi de France de 1712 Ă  1715 ; des ambassadeurs du tsar de Moscovie et de ceux du roi du Siam. Mehmet Effendi, ambassadeur de la Sublime Porte, y demeura sous le rĂ©gent. Le duc du Nivernais, Louis-Jules Mancini-Mazarini, Ă©change l'hĂ´tel de Pontchartrain contre celui-ci, que l'architecte Marie-Joseph Peyre restaura en 1753. Le duc de Dampville en eut quelque temps la jouissance et l'hĂ´tel deviendra garde-meubles en 1758. Par exception, Louis-Jules de Nivernais mourut dans son hĂ´tel le . En 1790, le bâtiment devient propriĂ©tĂ© nationale. Le conseiller d'État chargĂ© du contentieux des domaines nationaux remplissait sous l'Empire cette superbe demeure en 1803, qui devint en 1814 l'habitation de la duchesse douairière d'OrlĂ©ans, femme de Philippe ÉgalitĂ©. Elle y mourut en 1816. Vendu le , par le domaine de l'État Ă  la ville de Paris pour 250 100 francs, il est converti en caserne. La caserne de Tournon est occupĂ©e, en 1821, par la 5e compagnie de la gendarmerie royale de la ville de Paris et en 1830 par la garde municipale de Paris. Cavaliers et fantassins s'y succèdent, puis il devient une prison en 1848 et de nouveau une caserne affectĂ©e Ă  la caserne de la Garde RĂ©publicaine de Paris. C'est Hubert Rohault de Fleury qui fut sollicitĂ© pour les amĂ©nagements provisoires des Ă©curies de la caserne. ClassĂ© monument historique, inscription le . C'est devant la porte de cet hĂ´tel qu'en 1803, un chien barbet rĂ©pondant au nom de Crotteur et son jeune maĂ®tre, qui faisait le mĂ©tier de dĂ©crotteur de souliers, exerçaient leurs talents[16]. Michel Bakounine, y demeure en 1848.
Grand hĂ´tel d'Entragues, au no 12 de la rue.
  • No 12 : grand hĂ´tel d'Entragues. Il a sĂ»rement fait partie de la vente des biens après le dĂ©cès d'Alexandre d'Illiers de Balsac d'Entragues en 1742 et la succession recueillie par son neveu Alexandre II. C'est cette partie que conservera l'expert entrepreneur Michel Neveu, lorsqu'il fait l'acquisition des terrains et des deux hĂ´tels d'Entragues Ă  la veuve Bergognion, qui continuera Ă  habiter dans les lieux pendant les travaux d'amĂ©nagements et le dĂ©coupage des lots. Il achète cette partie centrale oĂą il fait Ă©lever un immeuble, qu'il n'habitera que quatorze ans sans pouvoir le lĂ©guer Ă  ses enfants, pour la somme de 59 428 livres. Sa superficie est de 571 toises, 10 pieds, 3 pouces. Ce lot fut dĂ©coupĂ©, ce qui rĂ©duira la superficie de l'ancien hĂ´tel d'Entragues. Neveu fera un bail de quinze mois Ă  la veuve Bergognion Ă  dater du , pour une somme de 3 000 livres par an. Il est le seul acquĂ©reur du lot avec la possibilitĂ© d'en cĂ©der une partie Ă  monsieur Simon et au duc de Nivernais. Sa façade n'Ă©tait pas alignĂ©e sur la rue, mais un peu en retrait et donnait sur des jardins Ă  l'ouest donnant par un passage aujourd'hui condamnĂ© au 13, rue Garancière, inclus dans ce lot. Les jardins Ă©taient longĂ©s au nord par ceux de l'hĂ´tel des Ambassadeurs. Il le revendra deux ans avant la RĂ©volution en 1787, aux Lesage, pour 340 000 livres[17]. C'est dans cette demeure que meurt, le , la comtesse Claude Constant CĂ©sar d'Houdetot, nĂ©e le , Sophie Lalive de Bellegarde, qui en avait fait l'acquisition en 1765, amie platonique de Jean-Jacques Rousseau. L'immeuble est inscrit sur la liste des monuments historiques Ă  l'exception des parties privatives, moins un[18]. Il dispose d'un jardin dont la jouissance est rĂ©servĂ©e Ă  l'appartement surĂ©levĂ© du fond de la cour, accessible par un perron. Le porche central est Ă  deux vantaux, portant la tĂŞte de deux lions et ouvre sur un hall de 4,30 m de large sur 12,5 m de long. DĂ©corĂ© de quatre colonnes. Ă€ sa droite : un escalier monumental avec rampes en fer forgĂ©, interrompu par une porte palière Ă  l'entresol. Les marches sont en pierre calcaire jusqu'au deuxième Ă©tage et ensuite en tomette ancienne. Cet immeuble est en pierre de taille. Construit avec un rez-de-chaussĂ©e sur cave et une Ă©lĂ©vation de quatre Ă©tages plus un cinquième avec chiens assis achevĂ© en 1777. Parmi les premiers locataires : Charlotte Madeleine Bernard d'Epaux, veuve de Jean Nicolas d'Epaux, bourgeois de Paris, le . Le , Neveu signe un bail Ă  Marie Desprez, veuve de François Gallet, bourgeois de Paris. Un autre bail est signĂ© le avec Marie-AdĂ©laĂŻde DelatourĂ©e, veuve de Pierre CarrĂ© de Saint-Pierre, avocat au Parlement, demeurant rue des FossĂ©s Monsieur le Prince et le , avec l'abbĂ© Hyacinthe Bouniol de Montagut, substitut de la cour de France, aumĂ´nier ordinaire de Madame Élisabeth, demeurant Ă  Versailles, rue de l'Orangerie. Un cinquième bail est conclu le , avec Guillaume Faipoult de Maisoncelles, Ă©cuyer, ancien officier au corps royal de gĂ©nie et son Ă©pouse Marie-Claude Bergerat demeurant rue Sainte-Hyacinthe, paroisse Saint-Cosme. Marie-Madeleine ClĂ©mence de la Chambre, signe le , elle rĂ©side quai Dauphin, paroisse Notre-Dame. Louis de Carouge des Bornes, avocat au Parlement et Charlotte Jouannin, son Ă©pouse, signent un bail le [19]. Ducis y habitait en 1795 et AmĂ©dĂ©e Thierry en 1869 et y mourut en 1873. Cauchy, Cherbuliez, y habitèrent Ă©galement.
  • No 13 : Jean-Nicolas Pache (1746-1823) y demeura, avant d'ĂŞtre ministre de la Guerre sous la Convention.
  • No 14 : petit hĂ´tel d'Entragues. Le numĂ©ro actuel reprĂ©sente le premier lot que crĂ©a Michel Neveu lorsqu'il fit l'acquisition des terrains et des deux hĂ´tels d'Entragues. Il reprĂ©sente une surface de 164 toises et 15 pouces, acquis par l'architecte jurĂ© Auguste Simon pour la somme de 36 000 livres. Immeuble classĂ© aux monuments historiques. Balzac d'Isliers, marquis d'Entragues, les transmit (nos 12-14), Ă  son fils et petit-fils qui Ă©pousa Anne de Rieux. Un certain Rousseau, qui en avait fait l'acquisition en 1699 dut, acculĂ© par les crĂ©anciers, s'en sĂ©parer au profit de Bergoignon, traiteur. Le rĂ©sistant et homme politique Olivier de Pierrebourg y a vĂ©cu ; une plaque lui rend hommage.
  • No 16 : Camille Rousset mourut en ces lieux en 1893. Romain Rolland et ses parents s'installent dans un logement Ă  cette adresse en 1880 et partiront en 1885 pour emmĂ©nager au 13, rue Michelet. Le journaliste Jacques Mallet du Pan Ă©tait logĂ© ici. Il rĂ©digeait la partie politique du Mercure de France.
  • No 17 : domicile du graveur Giovanni David. Au deuxième Ă©tage de cet immeuble reposa sur son lit mortuaire, dans le costume du Cid, l'acteur GĂ©rard Philipe, mort le . C'est ici que se trouve le CDE (Centre de diffusion de l'Ă©dition), diffusant les Ă©ditions de l'EHESS.
  • No 18 : HĂ´tel de la Poste, qui hĂ©bergea Joseph Roth et d'autres rĂ©fugiĂ©s. En dessous se trouve le cafĂ© Le Tournon, oĂą il vĂ©cut de 1937, date de la destruction de l'hĂ´tel de Foyot, au no 33 de la mĂŞme rue. Il y invitait Ă  sa table Stefan Zweig, Friderike Maria Zweig, Arthur Koestler, Gustav Regler, etc. Une plaque est apposĂ©e sur la maison pour en garder le souvenir. Cette propriĂ©tĂ© Ă©tait unique Ă  Paris Ă  cette Ă©poque car elle possĂ©dait sur son toit au huitième Ă©tage, une terrasse avec allĂ©es et jardins.
  • No 19 : ancien no 42 Ă  l'Ă©poque de l'amiral John Paul Jones ; hĂ©ros de la guerre d'IndĂ©pendance amĂ©ricaine, il a habitĂ© dans cette maison[20] et y est mort le . L'AssemblĂ©e constituante lui fit des obsèques solennelles.
No 20.
  • No 20 : en 1895, avant la construction de l’immeuble aujourd’hui existant, se trouve Ă  cette adresse un cafĂ©, le CafĂ© du Luxembourg[21]. L’immeuble actuel est construit en 1900 par l'architecte Georges Debrie, dont on peut lire le nom en façade. L’architecte y Ă©lit domicile[22] et y fait amĂ©nager une terrasse au huitième Ă©tage, s’étendant sur toute la longueur de l’immeuble cĂ´tĂ© rue de Vaugirard[23]. Il y habite jusqu’à sa mort en 1909[24].
    • Une partie de l’immeuble relève du patrimoine immobilier affectĂ© au SĂ©nat[25].
    • L’homme politique Pierre Cathala (1888-1947), ancien ministre, y habite lorsqu’il est inculpĂ©, en 1945, d’atteinte Ă  la sĂ©curitĂ© extĂ©rieure de l’État[26].
  • No 21 : une plaque rappelle qu'ici le dramaturge et philosophe Gabriel Marcel a vĂ©cu de 1933 Ă  la fin de sa vie, en 1973. Le couturier Yves Saint Laurent ouvre en sa première boutique de prĂŞt-Ă -porter sous l'enseigne Saint Laurent rive gauche[27]. Pierre BergĂ© y offrit aux Ă©tudiants chinois exfiltrĂ©s après les manifestations de la place Tian'anmen un espace appelĂ© la Maison chinoise de la dĂ©mocratie[28].
  • No 23 : emplacement de l'hĂ´tel HelvĂ©tia, que frĂ©quentèrent Joseph Roth et ses compatriotes dans les annĂ©es 1930.
  • No 27 : propriĂ©tĂ© qui, au XVIe siècle, avait une issue dans la rue de CondĂ©. C'est Ă  cet emplacement que se trouvait jadis la statue du Cheval d'airain, que François Ier avait commandĂ©e Ă  DĂ©sirĂ© Spine.
  • No 29 : immeuble classĂ© aux monuments historiques. L'Ă©diteur Jules Gervais tient boutique en ces lieux en 1793. Jules Vallès y habita dans les temps qui prĂ©cèdent la Commune. Le compositeur Alfred Bruneau vĂ©cut Ă  l'entresol donnant sur la rue de CondĂ©. Simone Souloumiac, rĂ©sistante française de la Seconde Guerre mondiale, y habita Ă  partir de 1942 et dissimulera des munitions parachutĂ©es depuis Londres dans son appartement. Façade ornĂ©e de mascarons.
  • No 30 : cette maison fut attribuĂ©e par lettres patentes de François Ier, datĂ©es et signĂ©es de Tournan-en-Brie, en 1539, Ă  ClĂ©ment Marot. Elle possĂ©dait grange et jardin, situĂ©e ruelle Saint-Sulpice (rue de Tournon) et rue du Clos-Bruneau (rue de CondĂ©). Le roi avait fait installer dans cette propriĂ©tĂ© un cheval de bronze, circonstance qui a fait donner Ă  cette maison le nom de « maison du Cheval d'airain ». Le propriĂ©taire y invita Ă  dĂ®ner Diane de Poitiers.
  • No 31 : immeuble classĂ© aux monuments historiques.
  • No 33 : ancien meublĂ© de TrĂ©ville, hĂ´tel Foyot, qui s'Ă©levait ici jusqu'en 1937. Lorsque l'empereur Joseph II d'Autriche, frère de Marie-Antoinette, vint Ă  Paris incognito du au , sous le nom de comte de Falkenstein, pour tenter de remĂ©dier aux difficultĂ©s conjugales de sa sĹ“ur et de son beau-frère ; il rend visite Ă  Rousseau, Ă  Buffon et visite Paris. Il logea chez le comte de Mercy-Argenteau, ambassadeur, au Petit-Luxembourg et sa suite Ă©tait logĂ©e Ă  l'hĂ´tel de TrĂ©ville oĂą il dĂ®nait parfois. En 1894, une bombe fut dĂ©posĂ©e par un anarchiste et blessa Laurent Tailhade. Cet Ă©tablissement a eu aussi comme client Joseph Roth, de 1927 Ă  sa destruction. Il ira ensuite Ă  l’hĂ´tel Paris-Dinard, puis Ă  l’HĂ´tel de la Poste, au no 18 de la mĂŞme rue. Comme ses compatriotes, il fera un sĂ©jour Ă  l’hĂ´tel HelvĂ©tia au no 23 de cette rue.
  • No 35 : en 1838 logent Ă  cette adresse la comtesse de Saint-Priest, officier de la LĂ©gion d'honneur et monsieur Baron, chevalier de la LĂ©gion d'honneur, membre de la Chambre des Pairs.

La rue de Tournon dans la peinture

Notes et références

  1. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Éditions de Minuit, p. 570-572.
  2. BNF, Gallica,
  3. BNF, Gallica
  4. « Le Pays : journal des volontés de la France », sur Gallica, (consulté le ), page 2.
  5. « Au 4 rue de Tournon, les Parisiens se recueillent devant le dernier domicile de Chirac », Paris-Match, 26 septembre 2019.
  6. « Paris dans les pas des grands hommes », L'Express Thema, dernier trimestre 2015, p.203.
  7. « Biographie de François Robichon de La Guérinière », sur butler.ce.tut.fi.
  8. « Le Paris pittoresque : rue de Tournon », sur www.paris-pittoresque.com.
  9. « Les demeures de Charles Baudelaire », sur www.ch-baudelaire.de.
  10. Jacques Hillairet, Évocation du Vieux Paris, les faubourgs, Paris, Éditions de Minuit, , page 299.
  11. « Témoignage de la libération de Paris », sur mapage.noos.fr.
  12. « Libération de Paris », sur www.liberation-de-paris.gilles-primout.fr.
  13. « Jean d'Izès », sur roglo.eu (consulté le ).
  14. Claude Deméocq, « La nouvelle aimée de Jean Ray et Paul Léautaud », dans l'anthologie de Maurice Renard, Fantômes et fantoches, Fleuve Noir, coll. « Bibliothèque du fantastique », 1999, p. 515.
  15. « Famille Clairaut », sur www.clairaut.com.
  16. Histoire racontée par Pierre Samuel Du Pont de Nemours (1739-1817) « “Crotteur”, le Barbet », sur moustache-empire.pagesperso-orange.fr.
  17. « La découpe des hôtels d'Entragues (1774) », sur www.12tournonparis.canalblog.com.
  18. « L'architecture du 12, rue de Tournon », sur 12tournonparis.canalblog.com.
  19. « Les premiers occupants du 12, rue de Tournon », sur 12tournonparis.canalblog.com.
  20. « Lieux de mémoire américains à Paris », sur usembassy.gov (consulté le ).
  21. Le Rappel, 1re colonne, 8 mai 1895, RetroNews.
  22. La Marmite en 1900, 1901, Gallica.
  23. Revue illustrée, 15 octobre 1902, Gallica.
  24. « Vie mondaine », Le Matin, 5 mai 1909, RetroNews.
  25. « Règlement du Sénat et instruction générale du bureau », Sénat, 1er novembre 2021.
  26. Journal officiel de la République française, 10 mars 1945, RetroNews.
  27. Site de la fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent, www.fondation-pb-ysl.net.
  28. Florence de Changy et Brice Pedroletti, « Après Tiananmen, l'opération “Yellowbird” pour faire évader les dissidents », Le Monde, 4 juin 2014.

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