Simone Souloumiac
Simone Souloumiac, née le à Saint-Julien-de-Vouvantes (Loire-Atlantique) et morte le à Seyssel (Haute-Savoie) est une résistante et une déportée française.
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(Ă 87 ans) Seyssel |
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Fille d’un fonctionnaire des finances
Un de ses ancêtres, le sergent Bernard Souloumiac, fut sergent de la Grande Armée, décoré de la légion d'Honneur en .
Son père, le lieutenant Jean Souloumiac ( - ) a été décoré de la Légion d’Honneur par le gouvernement pour ses actes de courage durant la guerre de 1914-18. Il a perdu son bras droit à Jeaudelaincourt près de Verdun le , du fait d'un défaut de fabrication affectant une grenade. Son corps était truffé d'éclats de métal. Il reçoit la Légion d'Honneur dès le . Grand invalide de guerre, il a été recruté par le ministère des Finances au titre des emplois réservés.
Simone et son frère, Pierre, ont suivi les mutations de leur père fonctionnaire, de la Charente-Maritime, à Valenciennes, au Havre, puis à Aulnay-sous-Bois.
Simone n’a pas eu d’enfants. Le seul qu’elle ait conçu a disparu dans les camps de la mort.
Son frère, capitaine au long cours, chargé des transports d'armes et munitions entre le Canada et la Grande-Bretagne de 1940 à 1945, mourra quelques années après la signature de l’Armistice.
Faire exploser les convois stratégiques
En 1942, elle Ă©pouse Robert Join et habite avec lui 29 rue de Tournon Ă Paris.
La même année, elle entre dans le réseau Charrette. Elle est chargée d’acheminer les armes et les explosifs parachutés par le SOE (Special Operations Executive) de Londres pour la Résistance. L’une des activités du réseau consiste à faire sauter les voies ferrées et le matériel roulant. Sous les traits d’une jeune voyageuse « innocente », Simone participe au transport des armes, à leur stockage et à leur distribution.
De son action pendant la guerre, elle parle peu. Plusieurs livres ont été édités au Royaume-Uni pour rapporter les faits et gestes en France des correspondants du Colonel Parker[1]. Un de ses amusements était de faire porter ses lourdes valises chargées de munitions par des soldats allemands.
C’est à la suite de l’une de ses missions, probablement en raison d'une dénonciation - cause malheureusement la plus fréquente – que la Gestapo frappe à la porte de son appartement de la rue de Tournon le 11 février 1944 vers 06 h 00 du matin, en prétendant vouloir lui délivrer un pneumatique. La police allemande fouille l’appartement et ne tarde pas à découvrir certaines des cachettes où les armes sont entreposées. Heureusement son père a pris le risque de passer lui aussi et a pu subtiliser certains documents dangereux.
DĂ©portation Ă RavensbrĂĽck
Détenue successivement à Fresnes puis à Romainville, elle fait partie du convoi des résistantes déportées depuis Paris le [2] et acheminées à Ravensbrück dans des wagons à bestiaux. Dans ce même convoi, se retrouve son amie, Suzanne Hiltermann, qui appartient à un autre réseau de résistance (Dutch Paris). Au camp, Simone partage avec Suzanne la même paillasse, qui jouxte celle de Geneviève de Gaulle et de Jacqueline Péry.
Après avoir survécu pendant une très longue année, soutenue par l’annonce du débarquement d’abord, de l'arrivée prochaine des armées russes ensuite, elle est sauvée par les miraculeux « Bus blancs » du comte Folke Bernadotte qui l’emmènent à Göteborg. De là , elle revient à Paris où son père l’accueille à l’hôtel Lutétia.
Comme pour beaucoup de résistants, son retour en France est un peu "décevant". Son mari Robert Join, l'homme qu'elle aime, est porté disparu. Simone découvre, qu’après avoir survécu à Auschwitz et Buchenwald, son mari est revenu et s’est épris d’une autre femme. Elle divorce, puis elle est confrontée aux tracas administratifs. On la dote d'un grade dans l’armée française. Elle est ensuite démobilisée pour raisons de santé. Ses poumons sont en mauvais état. On lui donne une première pension pour invalidité - au taux de 70 %.
La France veut mettre son passé entre parenthèses. Les budgets publics sont exsangues. Il faut arrêter les règlements de compte. La guerre est finie. Il s’agit de reconstruire.
Après l’horreur qu’elle a vécue, Simone ne se décourage pas. Elle s’inscrit à la faculté de droit au Panthéon, mais les enseignements théoriques des professeurs de droit ne parviennent pas à retenir son attention. Elle part en Angleterre. La vie y est encore difficile.
Elle retourne en Allemagne. A Baden-Baden oĂą elle devient journaliste.
Deux vies merveilleuses
En 1953, elle rencontre Jack Ronald Applegate, capitaine parachutiste dans le fameux régiment commandé par le colonel Mac Evoy, qui sera le second grand amour de sa vie. Ils se marient à Londres dès le . Ingénieur dans les télécoms britanniques, Jack obtient sa nomination à l'Union internationale des télécommunications de Genève où il occupe des fonctions d'avant garde (analyste-programmeur). Simone partage avec lui sa passion pour les voitures : à la Bugatti « Noire et Rouge », succède une Mercedes décapotable, une Alfa Roméo d’exception, puis la fameuse Daimler SP-250.
Fin des années soixante, Jack meurt d’une sclérose en plaques.
Simone Souloumiac se lie alors d’amitié avec Jeff Hutchinson, un jeune journaliste britannique qui a voué sa vie aux courses automobiles. Une troisième passion commence. Ils s’établissent au Chalet Les Closets dans le village de Chessenaz, en Haute-Savoie, non loin du Haut-Commissariat aux Réfugiés où Simone travaille.
Elle est bien dans le village savoyard, qui s'est distingué par ses hauts faits de résistance pendant la guerre. À Pornic (Loire-Atlantique) elle possède la grande et belle "Villa Isabelle" noyée dans la verdure au croisement des rues de l'Océan et du Casino, où son père a vécu ses derniers mois et dont elle a racheté leurs droits à ses neveux après la mort de sa mère. Elle en ouvre les portes aux habitants de Chessenaz .
La montagne et la mer se rejoignent dans ce monde, qui à la fin du XXe siècle devient de plus en plus petit. Elle voyage beaucoup, en Amérique, en Australie, avec son ami Jeff, pour qui piloter un avion est une seconde nature.
Le dernier message qu'elle a lancé à ses proches, avant de mourir, aura été: « J’ai connu l’enfer. Ce fut une chance : le monde qui lui a succédé ressemble au paradis ».
DĂ©coration
- Médaille de la Résistance française (décret du 3 août 1946)[3]
Notes et références
- MRD FOOD, SOE in France, Une guerre obscure et méritoire, Whitehall History Publishing - MARKS (Leo), Between Silk and Cyanide: A Codemaker's Ware, 1941-1945.
- Transport parti de Paris pour RavensbrĂĽck le 18 avril 1944 (I.204.),
- Ordre de la Libération, « Base des Médaillés de la Résistance française - fiche Simone JOIN » (consulté le )
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
- CAILLIAU (Michel), Histoire du M.R.P.G.D., Presses bretonnes 1987, pp. 173 et ss.