Joseph Roth
Moses Joseph Roth ([1], Brody, Galicie - , Paris) est un écrivain et journaliste austro-hongrois, né en Galicie, aux confins de l'Empire autrichien (aujourd'hui en Ukraine), sous le rÚgne de François-Joseph, dans une famille juive ashkénaze.
Nom de naissance | Moses Joseph Roth |
---|---|
Naissance |
Brody, Galicie, Autriche-Hongrie |
DĂ©cĂšs |
15e arrondissement de Paris |
Activité principale |
Ćuvres principales
ĂgĂ© de 20 ans au dĂ©but du premier conflit mondial, il participe Ă l'effort de guerre dans des unitĂ©s non combattantes, principalement le service de presse des armĂ©es impĂ©riales. Il publie sa premiĂšre nouvelle avant mĂȘme la fin de la guerre, et ses premiers romans (tout d'abord en feuilleton dans des journaux et revues) peu aprĂšs la chute de l'Empire austro-hongrois, notamment HĂŽtel Savoy (Hotel Savoy. Ein Roman, 1924). Il devient journaliste Ă Vienne puis Ă Berlin.
Son Ćuvre porte un regard aigu sur les vestiges de la Mitteleuropa[2], qui ne survivra pas Ă l'avĂšnement du XXe siĂšcle, tels les villages du Yiddishland ou l'ordre ancien de la monarchie austro-hongroise. Son roman le plus connu, La Marche de Radetzky, requiem sur l'empire des Habsbourg (Radetzkymarsch, einem Requiem auf das Habsburgerreich), publiĂ© en 1932, Ă©voque le crĂ©puscule d'une famille autrichienne sur trois gĂ©nĂ©rations.
DÚs leur arrivée au pouvoir, les nazis détruisent les livres de celui qui se définissait comme « patriote et citoyen du monde »[3].
En 1933, Joseph Roth s'exile Ă Paris, oĂč, malade, alcoolique et sans argent, il meurt Ă l'Ăąge de 44 ans.
Biographie
Origines
Joseph Roth est nĂ© dans un shtetl de Brody en Galicie, Ă la fin de l'Ăšre de l'Empire austro-hongrois, actuellement en Ukraine. Brody Ă©tait alors une ville-frontiĂšre avec lâoblast de Volhynie en Russie.
Roth Ă©voque une enfance et une adolescence marquĂ©es par des conditions modestes voire prĂ©caires. En revanche, les photographies d'Ă©poque et les tĂ©moignages de ses proches tĂ©moignent de conditions de vie bourgeoises sans ĂȘtre opulentes: sa mĂšre avait une bonne, Joseph prenait des cours de violon et frĂ©quentait le lycĂ©e. La vision de Roth est en effet marquĂ©e par la disparition prĂ©coce de son pĂšre durant son enfance.
Sa mĂšre Maria GrĂŒbel (Myriam) Ă©tait issue d'une famille de commerçants juifs de Brody. Son grand-pĂšre, drapier de son Ă©tat, Ă©tait rabbin ; quatre de ses oncles Ă©taient cultivateurs et nĂ©gociants de houblon, le cinquiĂšme Ă©tait tailleur. Son pĂšre, Nahum Roth, Ă©tait issu d'un milieu hassidique orthodoxe. Ă l'Ă©poque du mariage en 1892, il Ă©tait reprĂ©sentant d'un courtier en cĂ©rĂ©ales de la Ville hansĂ©atique de Hambourg.
Son pÚre disparait dans des circonstances demeurées assez imprécises et meurt en Russie.
Parmi les nombreuses versions de la disparition de son pÚre, il est documenté que des marchandises stockées à Katowice sous sa responsabilité ayant disparu, probablement détournées, il dut se rendre à Hambourg pour répondre de cette affaire. Sur le trajet de retour, dans le train, il se fait remarquer par un comportement étrange, à tel point qu'il est d'abord interné dans un établissement pour malades mentaux. Il est ensuite remis à sa famille, qui le confie aux soins d'un « rabbin miraculeux » (Wunderrabbis) russo-polonais. Des années plus tard, un de ses oncles, qui lui aurait rendu visite, l'aurait décrit comme « trÚs beau, tout le temps hilare et complÚtement irresponsable »[4].
Le statut social de sa mÚre sera profondément bouleversé par cette disparition, empreint d'un aspect précaire : elle n'était pas reconnue comme veuve puisque son mari vivait encore. Elle n'était plus véritablement son épouse puisqu'il était interné. Elle ne pouvait pas divorcer car cela aurait nécessité une lettre de séparation émanant de son mari, or il aurait fallu pour cela qu'il ait tous ses esprits. De surcroit, dans le judaïsme orthodoxe de Galicie, la démence était considérée comme une malédiction divine qui frappait toute la famille. En conséquence, les perspectives de reconnaissance sociale et de mariage des enfants s'en trouvaient fortement compromises. C'est pourquoi la famille passa sous silence le destin du pÚre, préférant adhérer à la rumeur selon laquelle Nahum Roth se serait pendu.
La mÚre vécut repliée, élevant son fils et s'occupant de l'entretien de la maison du grand-pÚre drapier jusqu'à la mort de celui-ci en 1907.
à partir de 1901 (soit à sept ans), Joseph Roth fréquente l'école du baron de Hirsch à Brody. Ces écoles étaient des établissements publics fondés par le magnat et philanthrope juif Maurice de Hirsch (proche de l'archiduc Rodolphe). à la différence des écoles juives traditionnelles, elles ne dispensait pas d'enseignement axé autour des traditions et de la religion. Au-delà de l'hébreu et de la Torah, on y enseignait aussi l'allemand, le polonais et des matiÚres pratiques. La langue d'enseignement était l'allemand. Joseph Roth grandit ainsi protégé et pas exactement au sein de la communauté juive.
Les relations entre mĂšre et fils semblent avoir Ă©tĂ© difficiles aprĂšs la mort du grand-pĂšre. En 1922, la mĂšre tomba malade, probablement d'un cancer du col de l'utĂ©rus et fut opĂ©rĂ©e Ă Lemberg, oĂč son fils la vit une derniĂšre fois avant sa mort.
Ce pĂšre absent hantera sa vie durant l'Ă©crivain et, sous une forme figurĂ©e, la perte de la patrie, Ă savoir la monarchie autrichienne, traverse comme un fil rouge l'Ćuvre de Roth.
Joseph Roth a fait de ses origines le sujet mystĂ©rieux et objet de mutations fulgurantes : il se dira fils illĂ©gitime d'un officier autrichien, d'un comte polonais, d'un fabricant de munitions viennois. Roth affirmera Ă©galement ĂȘtre nĂ© Ă Szwaby, un autre quartier de Brody. Effectivement, la maison natale[5] de Roth Ă©tait proche de la gare de Brody et du quartier de « Szwaby », surnommĂ©e « Schwabendorf » puisqu'y vivait la communautĂ© souabe contrairement Ă la majoritĂ© juive de Brody. La perte prĂ©coce d'un pĂšre
Jeunesse Ă Brody
De 1905 Ă 1913, J. Roth frĂ©quente le lycĂ©e Kronprinz-Rudolf-Gymnasium Ă Brody. On ne sait pas trĂšs bien si les frais scolaires, 15 florins par semestre (somme considĂ©rable Ă l'Ă©poque), Ă©taient payĂ©s par son tuteur et oncle Siegmund GrĂŒbel, ou provenaient d'une bourse.
J. Roth était bon élÚve : en tant qu'unique élÚve juif de sa promotion, il obtint au baccalauréat la mention sub auspiciis imperatoris. Sur ses camarades de lycée, il fait l'effet de quelqu'un de réservé, voire arrogant, une impression qu'il laisse derriÚre lui aussi plus tard sur ses camarades d'étude à l'Université de Vienne. C'est à cette période qu'apparaissent ses premiers travaux d'écrivain : des poÚmes.
Ătudes Ă Lemberg et Vienne
AprĂšs son baccalaurĂ©at en , Roth s'Ă©tablit Ă Lemberg (Lviv, Ukraine actuelle), oĂč il s'inscrit Ă l'UniversitĂ©. Il trouve Ă se loger chez son oncle Siegmund GrĂŒbel, mais il semble qu'entre le sobre commerçant et le poĂšte dĂ©butant, les relations soient bientĂŽt devenues tendues. Il trouve une amie maternelle pour plusieurs annĂ©es en la personne de HĂ©lĂšne von Szajnoda-Schenk, ĂągĂ©e Ă l'Ă©poque de cinquante-neuf ans, une dame infirme mais spirituelle, trĂšs vivante et d'une grande culture, qui avait louĂ© un appartement dans la maison de l'oncle. Il se lie aussi d'amitiĂ© avec ses cousines Resia et Paula.
De façon gĂ©nĂ©rale, l'atmosphĂšre de Lemberg Ă©tait marquĂ©e par des tensions qui s'aggravaient, non seulement entre nationalitĂ©s (Ă l'UniversitĂ©, il y avait Ă l'Ă©poque des luttes entre les Ă©tudiants polonais et ruthĂšnes), mais aussi au sein de la jeunesse, les discussions Ă©taient agitĂ©es entre le Hassidisme, le Haskala (issu des LumiĂšres) et le Mouvement Sioniste qui devenait de plus en plus puissant. La derniĂšre annĂ©e Ă Brody est pour Roth la derniĂšre annĂ©e oĂč l'allemand est la langue d'enseignement ; Ă l'UniversitĂ© de Lemberg, depuis 1871, le polonais est la langue d'enseignement. Roth a manifestement trouvĂ© sa patrie littĂ©raire dans la littĂ©rature allemande, et c'est peut-ĂȘtre une des raisons pour lesquelles il quitte Lemberg et s'inscrit Ă l'universitĂ© de Vienne pour le semestre de l'Ă©tĂ© 1914. On ne sait pas dans quelle mesure Roth a effectivement Ă©tudiĂ© Ă Lemberg. Il a en tous cas sĂ©journĂ© Ă©pisodiquement Ă Vienne dĂšs l'automne 1913, oĂč il participe au OnziĂšme CongrĂšs sioniste du 2 au .
à Vienne, Roth prend une petite chambre dans la Leopoldstadt ; au semestre suivant, il s'installe avec sa mÚre, qui face aux désordres de la guerre qui venait d'éclater, a fui vers Vienne, dans un petit appartement du XXe arrondissement (14/16 rue Wallenstein). Roth et sa mÚre, chez qui vint aussi s'installer la tante Rebecca (Riebke), vivent à cette époque dans une situation trÚs misérable : Roth était sans revenus, sa mÚre percevait la maigre aide aux réfugiés et, pendant l'occupation russe de la Galicie, il ne pouvait bien sûr que rarement arriver des subsides de l'oncle Siegmund.
Roth semble pourtant optimiste et se lance avec enthousiasme dans l'Ă©tude de la germanistique. Il fait grand cas de la rĂ©ussite aux examens et de l'acquisition des connaissances grĂące aux professeurs. Par la suite, Ă vrai dire, il porta un jugement nĂ©gatif sur les Ă©tudes et ses camarades d'universitĂ© â comme tant de jeunes Ă©crivains qui, Ă l'universitĂ©, recherchaient la poĂ©sie et trouvaient la germanistique. Walther Brecht constitue une exception, titulaire de la chaire de la Nouvelle littĂ©rature allemande. Heinz Kindermann, l'assistant de Brecht, devint sans doute une sorte de rival. Dans les premiers rĂ©cits parus en 1916, dont L'Ătudiant privilĂ©giĂ© (Der VorzugsschĂŒler), Kindermann est le modĂšle du personnage principal Anton Wanzl, un caractĂšre dĂ©peint avec quelque haine et quelque expĂ©rience[6].
BientĂŽt la situation matĂ©rielle des Roth s'amĂ©liore. Des bourses et quelques places de prĂ©cepteur (notamment chez la comtesse Trautmannsdorff) permettent Ă Joseph de s'acheter de bons costumes. Les tĂ©moins de l'Ă©poque le dĂ©crivent avec pli au pantalon, canne et monocle, l'image mĂȘme du dandy viennois.
PremiĂšre Guerre mondiale
La PremiĂšre Guerre mondiale et la dĂ©composition de lâAutriche-Hongrie qui sâensuit se transforme pour Roth en expĂ©rience cauchemardesque. Contrairement Ă de nombreux autres qui, lorsque la guerre Ă©clata, furent saisis dâun enthousiasme national dont ils ne connurent jamais dâĂ©quivalent par la suite, Roth dĂ©fend dâabord une position pacifiste et rĂ©agit avec une sorte de dĂ©sespoir Ă©pouvantĂ©. Pourtant, le temps passant, il lui apparaĂźt â Ă lui qui avait Ă©tĂ© classĂ© inapte Ă la guerre â que sa propre attitude est humiliante et pĂ©nible :
« Lorsque la guerre Ă©clata, je perdis les leçons que je donnais, progressivement, lâune aprĂšs lâautre. Les avocats entrĂšrent en scĂšne, les femmes devinrent dâhumeur maussade, patriotique, elles se mirent Ă tĂ©moigner dâune vĂ©ritable prĂ©dilection pour les blessĂ©s. Je me prĂ©sentai finalement comme volontaire au 21e bataillon de chasseurs[7]. »
Le , Roth se prĂ©sente au service militaire et dĂ©bute le sa formation en tant que Volontaire-Un-An (EinjĂ€hrig-Freiwilliger) dans lâarmĂ©e impĂ©riale et royale (KuK). Lui et son ami JĂłzef Wittlin optent pour le bataillon de chasseurs Ă pied, dont lâĂ©cole de formation en un an se trouvait dans le IIIe arrondissement de Vienne (originellement, il Ă©tait prĂ©vu dâĂ©tudier pendant le temps libre). Câest pendant la pĂ©riode de formation que meurt lâEmpereur François-Joseph, le . Roth suit, en tant que membre de la chaĂźne de soldats, tout le parcours du cortĂšge dâenterrement :
« LâĂ©branlement moral, provoquĂ© par la prise de conscience quâune JournĂ©e historique venait de sâachever, se joignait Ă lâaffliction paradoxale pour le dĂ©clin dâune patrie qui avait elle-mĂȘme enseignĂ© lâopposition Ă ses fils[8]. »
La mort de lâempereur de 86 ans apparaĂźt Ă plusieurs reprises dans lâĆuvre de Roth comme une mĂ©taphore centrale du dĂ©clin de lâEmpire des Habsbourg et de la perte de la terre natale et de la patrie, notamment dans les romans La Marche de Radetzky et La Crypte des capucins.
Au lieu de pouvoir servir dans le 21e rĂ©giment de chasseurs Ă pied avec ses amis, Roth est bientĂŽt transfĂ©rĂ© vers la Galicie, Ă la 32e division de troupes dâinfanterie. En 1917, et manifestement jusquâĂ la fin de la guerre, il est affectĂ© au service de presse au local de Lemberg.
Selon les dires de Roth, il aurait été officier, et aurait été fait prisonnier par les Russes ; en fait, il ne semble pas avoir fait partie des unités combattantes.
AprĂšs la fin de la guerre, Joseph Roth doit arrĂȘter ses Ă©tudes et se consacrer Ă gagner sa vie. De retour vers Vienne, il trouve dâabord Ă se loger chez Leopold Weiss, le beau-frĂšre de son oncle Norbert GrĂŒbel. Peu de temps aprĂšs, il veut rentrer Ă Brody, mais sur le chemin du retour, il tombe dans des dĂ©mĂȘlĂ©s entre troupes polonaises, tchĂ©coslovaques et ukrainiennes, dont il ne peut se sortir quâĂ grand peine pour atteindre Vienne.
DĂ©jĂ , pendant son service militaire, il a commencĂ© Ă Ă©crire des comptes rendus et des feuilletons pour les journaux Der Abend et Der Friede, et dans le journal Ăsterreichs Illustrierter Zeitung sont parus des poĂšmes et des textes en prose. Ă partir dâ, il devient rĂ©dacteur Ă Der Neue Tag, un quotidien qui compte aussi parmi ses collaborateurs Alfred Polgar, Anton Kuh et Egon Erwin Kisch. Dans ce milieu professionnel, il faisait vite partie des devoirs de service que dâĂȘtre un habituĂ© du CafĂ© Herrenhof, oĂč Roth, Ă lâautomne 1919, fait la connaissance de sa future Ă©pouse Friedrike (Friedl) Reichler.
Journaliste Ă Vienne et Berlin
Ă la fin du mois dâ, Der Neue Tag cesse sa parution. Roth sâinstalle Ă Berlin. LĂ , il connaĂźt dâabord des difficultĂ©s avec son permis de sĂ©jour, car la confusion et le cĂŽtĂ© fantasque de ses papiers font presque rire en Autriche, mais Ă Berlin, tout dâun coup, elles sont prises au sĂ©rieux[9]. BientĂŽt paraissent ses premiĂšres contributions dans diffĂ©rents journaux, parmi lesquels la Neuen Berliner Zeitung ; Ă partir de , il travaille principalement pour le Berliner Börsen-Courier.
Ă lâautomne 1922, il rompt sa collaboration avec le Börsen-Courier. Il Ă©crit :
« Je ne peux plus partager les Ă©gards pour un public bourgeois et rester son causeur du dimanche, si je ne veux pas renier chaque jour mon socialisme. Peut-ĂȘtre aurais-je malgrĂ© tout Ă©tĂ© suffisamment faible pour rĂ©primer mes convictions afin dâobtenir des appointements supĂ©rieurs ou pour des louanges plus frĂ©quentes de mon travail[10]. »
Certes, Roth signait des contributions au journal socialiste VorwĂ€rts sous le nom de Joseph le Rouge, mais il nâĂ©tait certainement pas socialiste, ses convictions reposaient sur des fondements thĂ©oriques. Il apparaĂźt surtout dans ses reportages et feuilletons comme un observateur prĂ©cis, qui tire des fragments de vie quâil perçoit et des manifestations immĂ©diates du malheur humain des conclusions importantes (et souvent clairvoyantes) en ce qui concerne les malaises sociaux et les circonstances politiques. Pour ce qui est de la force de ses convictions face aux attraits financiers, il en donna lui-mĂȘme un exemple (violemment critiquĂ© par ses amis et collĂšgues), lorsquâen 1929, il se fait payer trĂšs cher par le MĂŒnchner Neuesten Nachrichten, une feuille nationaliste, pour Ă©crire trĂšs peu[11].
Ă partir de , il travaille comme chroniqueur pour le renommĂ© Frankfurter Zeitung dans lequel une bonne partie de ses travaux journalistiques devaient paraĂźtre au cours des annĂ©es suivantes. Selon la situation Ă©conomique qui, du fait de lâinflation, sâaggrave alternativement en Allemagne ou en Autriche, Roth fait la navette Ă plusieurs reprises entre Vienne et Berlin Ă cette Ă©poque, et il Ă©crit en dehors du Frankfurter Zeitung, des articles pour le Wiener Sonn-und Montagszeitung (Vienne), pour le Neues 8-Uhr-Blatt (Vienne), pour Der Tag (Vienne) et pour Prager Tageblatt (Prague). Pendant cette pĂ©riode, il travaille Ă son propre roman La Toile dâaraignĂ©e (Das Spinnennetz) qui paraĂźt Ă lâautomne 1923 en feuilleton dans le journal viennois Arbeiter-Zeitung, mais reste inachevĂ©.
Ses rapports avec le Frankfurter Zeitung et avec Benno Reifenberg alors chargĂ© des chroniques ne sont pas sans heurts. Roth se sent insuffisamment estimĂ© et cherche Ă compenser cela par des exigences sous forme dâhonoraires. Lorsquâil cherche Ă quitter le journal, on le prie de continuer Ă travailler pour le FZ comme correspondant Ă Paris. Roth accepte, dĂ©mĂ©nage dans la capitale française en et, dans ses premiĂšres lettres, se montre enthousiaste pour la ville. Mais un an aprĂšs, quand il est remplacĂ© comme correspondant par Friedrich Sieburg : il en est trĂšs déçu. En compensation, il obtient dâĂȘtre mandatĂ© par le FZ pour des sĂ©ries de grands reportages. De septembre Ă , il parcourt Ă ce titre lâUnion soviĂ©tique ; de mai Ă , lâAlbanie et la Yougoslavie ; Ă lâautomne 1927, le territoire de la Sarre ; de mai Ă , la Pologne et, en octobre-, lâItalie.
Mariage et tragédie matrimoniale
Le , Roth Ă©pouse Ă Vienne Friederike (Friedl) Reichler. Friedl Ă©tait certes une femme sĂ©duisante et intelligente, mais ce nâĂ©tait pas une intellectuelle et la vie mondaine, sans repos, aux cĂŽtĂ©s dâun journaliste vedette sans cesse en dĂ©placement, ne correspondait pas non plus Ă ses attentes. En outre, Roth faisait preuve dâune jalousie presque pathologique. DĂ©jĂ en 1926, les premiers symptĂŽmes dâune maladie mentale sâĂ©taient manifestĂ©s chez Friedl et, en 1928, la schizophrĂ©nie devient Ă©vidente.
Friedl est dâabord traitĂ©e Ă la clinique psychiatrique Westend, puis elle habite un temps chez un ami de Roth â soignĂ©e par une infirmiĂšre. La maladie de son Ă©pouse le prĂ©cipite dans une dĂ©pression profonde. Il nâĂ©tait pas prĂȘt Ă accepter lâincurabilitĂ© de la maladie, espĂ©rait un miracle, se rendait coupable de la maladie â la dĂ©mence Ă©tant considĂ©rĂ©e chez les Juifs pieux comme une punition divine. LâĂ©ventualitĂ© dâune possession par un dibbuk le pousse Ă consulter (sans succĂšs) un rabbin miraculeux hassidique. Ă cette Ă©poque, il se met sĂ©rieusement Ă boire. Sa situation financiĂšre elle-mĂȘme se dĂ©grade.
MĂȘme le placement chez les parents de Friedl nâapporte pas la moindre amĂ©lioration et la malade tombe dans une apathie qui sâaccroĂźt ; on lâamĂšne alors en au sanatorium de Rekawinkel, Ă cĂŽtĂ© de Vienne ; en , elle arrive Ă lâasile de soins de santĂ© du Land « Am Steinhof » toujours Ă cĂŽtĂ© de Vienne ; enfin Ă lâĂ©tĂ© 1935 dans la clinique du Land Mostviertel Amstetten-Mauer. Les parents de Friedl Ă©migrent en 1935 en Palestine et Roth demande la sĂ©paration.
En 1940, Friedl Roth est expĂ©diĂ©e en direction de Linz, mais il nây a aucun document attestant de son arrivĂ©e lĂ -bas. Elle fut une des victimes du programme dâeuthanasie des Nazis (action T4). Son acte de dĂ©cĂšs porte la date du .
Sybil Rares
MĂȘme si dans les annĂ©es qui suivirent, la maladie de son Ă©pouse demeure une source de culpabilitĂ© et de dĂ©pression, sur un autre plan, Joseph Roth prend relativement tĂŽt ses distances par rapport Ă une situation devenue dĂ©sespĂ©rĂ©e. En 1929, il fait la connaissance de Sylbil Rares, une comĂ©dienne juive de Bucovine qui, Ă cette Ă©poque, avait Ă©tĂ© engagĂ©e au ThĂ©Ăątre de Francfort. La relation ne dure cependant que peu de temps.
Andrea Manga Bell
Les relations se prĂ©sentent tout autrement avec Andrea Manga Bell, dont il fait la connaissance en et qui devait, pendant les six annĂ©es suivantes, partager son destin et le suivre dans lâĂ©migration. Andrea Manga Bell Ă©tait nĂ©e Ă Hambourg, fille dâune huguenote hambourgeoise et dâun Cubain de couleur. Elle Ă©tait mariĂ©e avec Alexandre Douala Manga Bell, Prince de Douala et Bonanjo, de lâancienne colonie allemande du Cameroun, fils du roi douala Rudolf Douala Manga Bell exĂ©cutĂ© en 1914 par les Allemands, mais il lâavait quittĂ©e et Ă©tait retournĂ© au Cameroun. Quand Roth fait sa connaissance, elle est rĂ©dactrice au magazine du groupe Ullstein Gebrauchsgraphik et assure ainsi la subsistance des deux enfants issus de son mariage malheureux avec le « prince NĂšgre ». Roth est aussitĂŽt fascinĂ© par la belle exotique sĂ»re dâelle et indĂ©pendante, et lâintĂ©rĂȘt est rĂ©ciproque. BientĂŽt, ils partagent tous deux un appartement commun avec les enfants Manga Bell[12].
Lorsque Roth est obligĂ© dâĂ©migrer, Andrea Manga Bell le suit avec ses enfants. Au fil du temps, il y eut des frictions que Roth attribuait aux problĂšmes financiers dus Ă la prise en charge de la famille Manga Bell (« Je suis obligĂ© de nourrir une tribu nĂšgre de neuf personnes[13] ! ») Toutefois, la cause probable des diffĂ©rends et de la brouille dĂ©finitive fin 1938 est sans doute la jalousie extrĂȘme de Roth, prĂ©sente aussi dans sa vie matrimoniale comme dans ses autres relations.
Irmgard Keun
Au dĂ©but , Roth se rend, Ă lâinvitation de Stefan Zweig, Ă Ostende, oĂč il rencontre la femme de lettres Irmgard Keun, qui vivait depuis peu en exil. Tous deux sâintĂ©ressent immĂ©diatement lâun Ă lâautre. Irmgard Keun Ă©crit :
« Jâeus alors la sensation de voir un ĂȘtre humain qui pouvait mourir de tristesse dans les heures qui venaient. Ses yeux ronds et bleus fixaient le vide presque sans regard, de dĂ©sespoir, et sa voix semblait comme ensevelie sous le poids du chagrin[14]. »
Irmgard Keun et Roth ne se rencontrent pas seulement sur ce point mais aussi dans leur tendance Ă se prĂȘter Ă des excĂšs dâalcool. « Tous deux picolent comme des trous », dit du couple Egon Erwin Kisch[15].
De 1936 Ă 1938, ils habitent ensemble Ă Paris. Keun accompagne aussi Roth dans ses voyages, entre autres lors de sa visite Ă Lemberg Ă NoĂ«l 1936, oĂč il lui prĂ©sente son ancienne amie Helene von Szajnoda-Schenk.
Mais cette relation finit par se briser, au dire dâIrmgard Keun, et la cause en est redevable Ă nouveau Ă la jalousie de Roth :
« Pas une fois je ne pus sortir sans quâil soit inquiet. Mâendormais-je, il enfouissait alors ses doigts dans mes cheveux, et ils y Ă©taient encore quand je mâĂ©veillais.⊠Du fait de sa jalousie dĂ©mentielle, je me sentais toujours poussĂ©e dans mes derniers retranchements, jusquâĂ ce que je ne le supporte plus, jusquâĂ ce que je sois absolument obligĂ©e de rompre. Ă Paris, je le quittai avec un profond soupir de soulagement et je partis avec un officier de marine français pour Nice[16]. »
LâĂ©migration
Le , jour de la nomination de Hitler comme chancelier du Reich, Roth quitte lâAllemagne. Dans une lettre Ă Stefan Zweig, il fait preuve dâune Ă©tonnante clairvoyance :
« Ă prĂ©sent il vous sera Ă©vident que nous allons vers de grandes catastrophes. Abstraction faite du privĂ© â notre existence littĂ©raire et matĂ©rielle est dĂ©jĂ anĂ©antie â lâensemble conduit Ă une nouvelle guerre. Je ne donne pas cher de notre vie. On a rĂ©ussi Ă laisser la Barbarie prendre le pouvoir. Ne vous faites pas dâillusions. Câest lâEnfer qui prend le pouvoir[17]. »
BientĂŽt, ses livres aussi sont brĂ»lĂ©s. Roth choisit dâabord Paris comme lieu d'exil, mais au cours des annĂ©es suivantes, il ne sĂ©journe pas souvent en France. Il entreprend diffĂ©rents voyages, certains de plusieurs mois comme aux Pays-Bas, en Autriche et en Pologne. Le voyage en Pologne a lieu en fĂ©vrier-, oĂč il donne une sĂ©rie de confĂ©rences, Ă lâinvitation des PEN Clubs polonais. Il fait Ă cette occasion un dĂ©tour par Lemberg pour rendre visite aux membres de sa famille qui y vivaient encore[18]. De Ă , Roth sĂ©journe, comme de nombreux autres Ă©migrants sur la Riviera française. Avec Hermann Kesten et Heinrich Mann, Roth et Manga Bell ont louĂ© une maison Ă Nice.
Ă la diffĂ©rence de nombreux Ă©crivains Ă©migrĂ©s, Roth rĂ©ussit non seulement Ă rester productif, mais aussi Ă se faire publier. Ses Ćuvres paraissent chez les Ă©diteurs nĂ©erlandais de l'Exilliteratur, Querido Verlag et Allert de Lange Verlag, comme dans la maison dâĂ©dition chrĂ©tienne De Gemeenschap. Câest une des raisons pour lesquelles il sĂ©journe Ă plusieurs reprises aux Pays-Bas et en Belgique pendant son exil (en Ă Amsterdam et en 1936 des sĂ©jours plus longs Ă Amsterdam et Ostende). En outre, il rĂ©dige des articles pour le magazine dâexil publiĂ© par Leopold Schwarzschild, Das neue Tage-Buch.
DerniÚres années
Dans les derniĂšres annĂ©es, la situation des finances et de la santĂ© de Roth se dĂ©tĂ©riore rapidement, mais il bĂ©nĂ©ficie d'aprĂšs Dominique Bona d'un appui financier consĂ©quent de la part de Stefan Zweig. En , on dĂ©molit lâhĂŽtel Foyot, 33 rue de Tournon, Ă cause de sa vĂ©tustĂ©. Roth a rĂ©sidĂ© dix annĂ©es durant dans cet hĂŽtel au cours de ses sĂ©jours Ă Paris. Il vit donc cela une derniĂšre fois comme une perte de sa patrie. Il prend en face une petite chambre Ă lâhĂŽtel de la Poste, 18 rue de Tournon, au-dessus de son cafĂ© habituel.
Le , Roth est conduit Ă lâhospice pour indigents de lâhĂŽpital Necker aprĂšs quâil s'est effondrĂ© devant le CafĂ© Tournon (apparemment en recevant la nouvelle du suicide dâErnst Toller). Le , il meurt dâune double inflammation des poumons. LâĂ©volution fatale de la maladie fut favorisĂ©e par le sevrage alcoolique abrupt (dĂ©lirium alcoolique). Auparavant, il semble qu'Otto de Habsbourg, lors dâune rencontre, lui ait interdit de boire.
Le , il est inhumĂ© au cimetiĂšre parisien de Thiais. Lâenterrement a lieu suivant le rite « catholique-modĂ©rĂ© » car aucun justificatif de baptĂȘme de Roth ne put ĂȘtre fourni. Ă lâoccasion de lâenterrement, des groupes hĂ©tĂ©rogĂšnes entrĂšrent en conflit : les lĂ©gitimistes autrichiens, les communistes et les Juifs rĂ©clamĂšrent le dĂ©funt comme l'un des leurs.
La tombe se trouve dans la section du cimetiĂšre (septiĂšme division[19]). Lâinscription sur la pierre tombale dit : « Ă©crivain autrichien â mort Ă Paris en exil ».
Dans sa ville dâorigine de Brody, une petite plaque commĂ©morative, rĂ©digĂ©e en ukrainien et en allemand, perpĂ©tue son souvenir.
ThĂšmes de l'Ă©crivain
La perte de la patrie
Dans plusieurs livres de Roth, le dĂ©clin de lâAutriche est purement et simplement une mĂ©taphore de la perte de la patrie. En font partie les grands romans La Marche de Radetzky (1932) et La Crypte des capucins(1938) (dont le rĂ©cit sâenchaĂźne avec le premier), tout comme la nouvelle Le Buste de lâEmpereur (1934). Dans son avant-propos Ă la premiĂšre Ă©dition de La Marche de Radetzky dans le Frankfurter Zeitung, Roth Ă©crit :
« Une volontĂ© cruelle de lâHistoire a rĂ©duit en morceaux ma vieille patrie, la monarchie austro-hongroise. Je lâai aimĂ©e, cette patrie, qui me permettait dâĂȘtre en mĂȘme temps un patriote et un citoyen du monde, un Autrichien et un Allemand parmi tous les peuples autrichiens. Jâai aimĂ© les vertus et les avantages de cette patrie, et jâaime encore aujourdâhui, alors quâelle est dĂ©funte et perdue, ses erreurs et ses faiblesses. Elle en avait beaucoup. Elle les a expiĂ©es par sa mort. Elle est passĂ©e presque directement de la reprĂ©sentation dâopĂ©rette au thĂ©Ăątre Ă©pouvantable de la guerre mondiale[3]. »
Le dĂ©clin de lâAutriche comme perte de la patrie et sa rĂ©interprĂ©tation par Roth renvoie Ă la perte prĂ©coce du pĂšre. Mais ce sentiment dâĂ©garement et de dĂ©racinement est aussi reprĂ©sentĂ© ailleurs, en lâoccurrence comme sentiment dominant dans la vie des Juifs galiciens, et des Juifs en gĂ©nĂ©ral, par exemple dans lâessai Juifs en errance.
Sa fin dĂ©jĂ proche, Roth a la nostalgie dâun retour au pays, dans le sentiment de sĂ©curitĂ© (Ă©galement religieux) de la culture juive des « Schtetl », transformĂ©e miraculeusement en culture catholique dans La LĂ©gende du saint buveur, oĂč le buveur sans abri Andreas Kartak, directement frappĂ© par des miracles et la GrĂące divine, trouve dans la mort la dĂ©livrance et le retour au pays. Encore Ă propos de l'exil, en 1933, il Ă©crit :
« Comme si le passeport et le document qui garantissent Ă lâĂ©crivain sa nationalitĂ© avaient beaucoup plus de valeur que le livre quâil a Ă©crit ; pis encore, comme si le passeport Ă©tait une distinction toute particuliĂšre que lâĂtat dĂ©cerne Ă son poĂšte bien quâil ne lâait pas mĂ©rite ! Comme si lâindustrie, lâarmĂ©e, les ministĂšres, la police, les compagnies de SA Ă©taient lâĂtat : eux tous mais pas le poĂšte !!⊠Aussi vrai quâun Ă©crivain dont la vie physique est mise en danger et Ă©migre pour cette raison⊠ne cesse pas pour autant dâĂȘtre un Ă©crivain allemand, de mĂȘme la littĂ©rature allemande ne connaĂźt pas de frontiĂšres territoriales⊠Ah ! Quelle ironie[20] ! »
Parmi les Ćuvres explicitement juives ou plus prĂ©cisĂ©ment qui Ă©tudient la thĂ©matique juive, on peut citer la nouvelle Le LĂ©viathan et le roman Job (Le Poids de la grĂące)[21].
Mythologies de Joseph Roth
Joseph Roth relatait des injustices subies pendant sa captivitĂ© jusquâĂ ce que Kisch fasse des recherches sur son passĂ© et prouve que J. Roth nâavait jamais Ă©tĂ© prisonnier. Mais Franz Tunda dans La Fuite sans fin avait Ă©tĂ© en captivitĂ© et J. Roth sâidentifiait avec son personnage de roman. J. Roth disait :
« Cela ne dépend pas de la véracité, mais de la vérité intérieure[22]. »
Toutefois, la « vérité intérieure » de son autoportrait se heurtait souvent à la véracité :
- Il nâĂ©tait pas nĂ© dans le Banat, en Hongrie, mais Ă Brody en Galicie et racontait des lĂ©gendes sur son pĂšre.
- Il ne fut pas officier autrichien, mais volontaire un an. AprĂšs la guerre, il se transforma dâabord en porte-drapeau, puis en lieutenant. Au fil du temps, par le langage et le vĂȘtement, il sâadapta au stĂ©rĂ©otype de lâofficier impĂ©rial et royal. Son attitude paraissait convaincante Ă son entourage, y compris Ă dâanciens officiers autrichiens[23].
- Il nâĂ©tait pas catholique â religion de lâofficier autrichien. Lors de son enterrement, on ne put fournir aucune preuve effective dâune Ă©ventuelle conversion. J. Roth sâest aussi reconnu alternativement comme juif ou comme catholique. Cependant, il Ă©crivit Ă Stefan Zweig, le : « Je ne vois pas d'autre voie que le mont du Calvaire qui mĂšne au Christ et Ă aucun juif plus grand. Je vais mĂȘme peut-ĂȘtre aller plus loin si j'en ai la force et entrer dans un ordre[24]. »
Toutefois, on ne trouve pas la moindre trace oĂč J. Roth ait tirĂ© de ses mystifications un avantage personnel. Il Ă©tait plutĂŽt connu comme Ă©tant quelquâun de dĂ©sintĂ©ressĂ© qui aidait, avec ses propres deniers, ceux qui Ă©taient tombĂ©s dans la misĂšre.
« Joseph le rouge » et le légitimiste autrichien
De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, on note chez Roth pour lâannĂ©e 1925-1926 une mutation du socialisme vers le monarchisme. Que Roth ait Ă©tĂ© auparavant un Ă©crivain « socialiste » ou en tous cas « de gauche », en attestent ses articles socialement critiques et socialement engagĂ©s des premiĂšres annĂ©es. Il apparaĂźt clairement dans ces Ă©crits que le malaise social nâĂ©tait pas pour lui un point de dĂ©part pour Ă©laborer des thĂ©ories, ou la preuve dâune thĂ©orie dĂ©jĂ formulĂ©e ; Roth reste dans le concret et se rĂ©vĂšle lĂ comme un observateur trĂšs prĂ©cis.
MĂȘme le fait que quelques articles de Roth soient parus dans le journal social-dĂ©mocrate VorwĂ€rts sous le pseudonyme de « Joseph le Rouge »[25], ne justifie pas la caractĂ©risation absolue du Roth des dĂ©buts comme socialiste.
LĂ oĂč, dans les Ă©tudes littĂ©raires, il est pris au mot comme « Joseph le Rouge »[26], on le dĂ©masque dâabord comme un social-romantique ; son supposĂ© abandon du socialisme est ensuite considĂ©rĂ© comme typique dâun intellectuel bourgeois dont la thĂ©orie socialiste est insuffisamment consolidĂ©e.
MĂȘme son appartenance au Groupe 1925, une association dâĂ©crivains de gauche, ne prouve rien : Roth apparaĂźt comme signataire des rĂ©solutions du Groupe, mais il ne prit pas part aux rencontres de lâassociation. NĂ©anmoins, il semble avoir suivi avec intĂ©rĂȘt les activitĂ©s du Groupe pendant la courte pĂ©riode de lâexistence de celui-ci.
En ce qui concerne le Roth monarchiste : dans ses premiers travaux journalistiques, Roth sâĂ©tait montrĂ© vraiment critique Ă lâĂ©gard de la monarchie. Cette position se transforma en une idĂ©alisation de la Monarchie des Habsbourg, qui certes ne mĂ©connaissait pas ni nâignorait les erreurs et les nĂ©gligences de lâĂtat corporatif autrichien qui avait rĂ©ellement existĂ© (mais nâexistait plus), mais qui peignait lâUtopie dâune Autriche dans une transfiguration romantique, telle quâelle aurait pu ĂȘtre ou dĂ» ĂȘtre. Roth nâĂ©tait ici pas le seul reprĂ©sentant de cette nostalgie spĂ©cifique royale et impĂ©riale : de Fritz von Herzmanovsky-Orlando (Tarockanie) Ă Robert Musil (Kakanie), quelques poĂštes travaillaient au transfert de lâAutriche vers le Mythe et lâUtopie.
Pour Roth, cela changea avec lâascension du National-socialisme. Il voyait dans la Monarchie et lâĂglise catholique les seules forces quâil croyait capables dâopposer une rĂ©sistance suffisante Ă la « peste noire » - si elles pouvaient sây dĂ©cider. En consĂ©quence, non seulement il renforça sa propre stylisation en tant quâofficier autrichien (catholique, naturellement), mais il soutint aussi concrĂštement la cause monarchiste par des articles et un travail politique[27].
Dans ses derniĂšres annĂ©es, il cherchait le contact avec les cercles lĂ©gitimistes autour du prĂ©tendant au trĂŽne Otto de Habsbourg ; dans cette perspective il partit pour Vienne le (quelques jours avant lâAnschluss de lâAutriche) avec lâobjectif de convaincre le chancelier fĂ©dĂ©ral autrichien Kurt Schuschnigg dâabdiquer en faveur dâOtto de Habsbourg. Le projet nâĂ©tait peut-ĂȘtre pas aussi illusoire quâil apparaĂźt rĂ©trospectivement; quoi quâil en soit, Roth Ă©choua : il ne rĂ©ussit pas Ă parler Ă Schuschnigg et le prĂ©sident de la Police de Vienne Michael Skubl lui conseilla de retourner au plus vite Ă Paris.
Une Ćuvre inclassable
Il semble difficile de ranger lâĆuvre de Roth dans une tendance prĂ©cise ou un groupe de la littĂ©rature contemporaine. En premier lieu, on lâassocie Ă la Nouvelle ObjectivitĂ©, et ce classement peut avant tout ĂȘtre pertinent pour ses premiĂšres Ćuvres. Ainsi, La Fuite sans fin porte non seulement le sous-titre Un compte-rendu, mais dans la prĂ©face, lâauteur assure : « Je nâai rien inventĂ©, rien composĂ©. Il ne sâagit plus de âfaire des versâ. Le plus important est ce qui est observĂ©. »
Toutefois, câest ce mĂȘme Roth qui dans En finir avec la Nouvelle ObjectivitĂ© rejette cette tendance[28]. Il critique avec un point de vue de journaliste lâabsence de forme dâune littĂ©rature qui veut sâappuyer sur des « faits bruts », en mettant en parallĂšle avec les tĂ©moignages le compte-rendu journalistique (mis en forme) :
« Le Fait et le DĂ©tail sont le contenu du tĂ©moignage. Ils sont le matĂ©riau brut du compte-rendu journalistique. âRestituerâ lâĂ©vĂ©nement rend dâabord possible une expression mise en forme, donc artistique, dans laquelle le matĂ©riau brut contenu est comme le minerai dans lâacier, comme le mercure dans le miroir[28]. »
Et il reproche à la Nouvelle Objectivité de faire sienne la position du lecteur naïf :
« Le lecteur primitif soit restera tout entier dans la réalité, soit la fuira tout entier[28]. »
DâoĂč sa prĂ©fĂ©rence pour la prĂ©tendue authenticitĂ© des rapports non mis en forme des tĂ©moins oculaires. Roth, en tant que journaliste, connait le travail pour former un article Ă partir dâune simple dĂ©position, et comme poĂšte, il sait :
« ⊠en premier lieu est âlâĆuvre dâartâ, vraie comme la vie[28]. »
Un programme direct pour son Ćuvre, la phrase :
« Le narrateur est un observateur et quelquâun qui comprend les choses. Son Ćuvre ne rompt jamais avec la rĂ©alitĂ©, mais elle est en vĂ©ritĂ© (par la mĂ©diation de la langue) la rĂ©alitĂ© transformĂ©e[28]. »
Roth dĂ©fendait ici la position de lâ"artisan" journaliste. Il Ă©tait connu de ses contemporains en premier lieu comme journaliste, et les travaux journalistiques reprĂ©sentaient bien la moitiĂ© de son Ćuvre. Lâappartenance de Roth Ă la Nouvelle ObjectivitĂ© â qui Ă©tait dĂ©jĂ un mouvement de rĂ©action Ă lâExpressionnisme qui dominait la littĂ©rature de la pĂ©riode de Weimar â dĂ©rive peut-ĂȘtre justement du fait que Roth nâĂ©tait pas un expressionniste. Roth ne prit pas part Ă lâexpĂ©rience linguistique de lâExpressionnisme, il resta au contraire conservateur dans les moyens linguistiques quâil utilisait le plus souvent.
Ćuvre
Son Ćuvre la plus cĂ©lĂšbre est son roman La Marche de Radetzky, qui retrace la chute de l'Empire austro-hongrois et la dĂ©sintĂ©gration de la sociĂ©tĂ© autrichienne Ă travers les trois derniĂšres gĂ©nĂ©rations de la famille von Trotta.
Liste (non exhaustive) par ordre chronologique de parution :
Romans, nouvelles
- Der VorzugsschĂŒler, Vienne, 1916
- Barbara, Vienne, 1918
- Das Spinnennetz, Vienne, 1923 PubliĂ© en français sous le titre La Toile d'araignĂ©e, traduit par Marie-France Charrasse, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », 1970 (ISBN 2-07-027339-3) ; rĂ©Ă©dition, Paris, Gallimard, coll. « L'ĂtrangĂšre », 1991 (ISBN 2-07-071473-X) ; rĂ©Ă©dition, Paris, Gallimard, coll. « L'Imaginaire » no 498, 2004 (ISBN 978-2-07-077084-7)
- Hotel Savoy. Ein Roman, Berlin, 1924 Publié en français sous le titre HÎtel Savoy, traduit par Françoise Bresson, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », 1969 (BNF 33159409) ; réédition, Paris, Gallimard, coll. « L'Imaginaire » no 183, 1993 (ISBN 2-07-070905-1)
- Die Rebellion, Berlin, 1924
- April, Die Geschichte einer Liebe, Berlin, 1925
- Der Blinde Spiegel, ein kleiner Roman, Berlin, 1925 Publié en français sous le titre Le miroir aveugle, traduit et préfacé par Nicolas Waquet, Paris, Payot & Rivages, coll. « Rivages poche / Petite BibliothÚque », 2023, 100 p. (ISBN 978-2-7436-5916-5)
- Juden auf Wanderschaft, Berlin, 1927 Publié en français sous le titre Juifs en errance, suivi de L'Antéchrist, traduits par Michel-François Demet, Paris, Seuil, coll. « Le don des langues », 1986 (ISBN 2-02-009341-3)
- Die Fluch ohne Ende - Ein Bericht, Munich, 1927 Publié en français sous le titre La Fuite sans fin, traduit par Romana Altdorf et René Jouglet, Paris, Gallimard, 1929 (BNF 31251017) ; réédition, Paris, Gallimard, coll. « L'Imaginaire » no 155, 1988 (ISBN 2-07-070428-9)
- Zipper und sein Vater, Munich, 1928 Publié en français sous le titre Zipper et son pÚre, traduit par Jean Ruffet, Paris, Seuil, coll. « Le don des langues », 2004 (ISBN 2-02-023605-2)
- Rechts und links, Berlin, 1929
- Der stumme Prophet (extraits), Berlin, 1929 ; premiÚre édition posthume avec une préface de Walter Lenning, Köln, Kiepenheuer & Witsch, 1966 Publié en français sous le titre Le ProphÚte muet, traduit par Werner Lengning, Paris, Gallimard, 1972 (ISBN 2-07-028218-X)
- Briefe aus Deutschland, Hambourg, 1929
- Perlefter. Publié en français sous le titre Perlefter, Histoire d'un bourgeois, traduit par Pierre Deshusses, Paris, Robert Laffont, 2020. (ISBN
- 2221249925)
- Hiob, Roman eines einfachen Mannes, Berlin, 1930 Publié en français sous le titre Job, roman d'un simple juif, traduit par Charles Reber, Paris, Valois, 1931Publié en français sous le titre Le Poids de la grùce, traduit par Paule Hofer-Bury, Paris, Calmann-Lévy, 1965 ; réédition, Paris, LGF, coll. « Le Livre de poche. Biblio » no 3052, 1984 (ISBN 2-253-03556-4) ; réédition, Paris, Presses-pocket no 3285, 1989 (ISBN 2-266-02884-7)Publié en français sous le titre Job, roman d'un homme simple, traduit par Silke Hass et Jean-Pierre Boyer, Tours, éditions Panoptikum, 2011 (ISBN 978-2-9540676-0-5), réédition, GenÚve, Héros-Limite, 2018 (ISBN 978-2-889550-00-5).Publié en français sous le titre Job, roman d'un homme simple, traduit par Stéphane Pesnel, Paris, Seuil, coll. « Le don des langues », 2012 (ISBN 978-2-02-102414-2) ; réédition, Paris, éditions Points, coll. « Grands Romans » no P3017, 2013 (ISBN 978-2-7578-3376-6)
- Panoptikum. Gestalten und Kulissen, Munich, 1930 Publié de façon partielle en français sous le titre Cabinet des figures de cire précédé de Images viennoises : esquisses et portraits, traduit par Stéphane Pesnel, Paris, Seuil, coll. « Le don des langues », 2009 (ISBN 978-2-02-096166-0)
- Radetzkymarsch, Berlin, 1932 PubliĂ© en français sous le titre La Marche de Radetzky, traduit par Blanche Gidon, Paris, Plon et Nourrit, coll. « Feux croisĂ©s. Ămes et Terres Ă©trangĂšres », 1934 (BNF 31251022) ; rĂ©Ă©dition dans la traduction française par Blanche Gidon, revue par Alain Huriot, Paris, Seuil, 1982 (ISBN 2-02-006270-4) ; rĂ©Ă©dition, Paris, Seuil, coll. « Points. Roman » no 125, 1983 (ISBN 2-02-006617-3) ; rĂ©Ă©dition avec une prĂ©sentation de StĂ©phane Pesnel, Paris, Ă©ditions Points, coll. « Grands Romans » no P8, 2008 (ISBN 978-2-7578-0823-8) ; rĂ©Ă©dition avec l'avant-propos de 1932 traduit par StĂ©phane Pesnel, Paris, Seuil, 2013 (ISBN 978-2-02-111426-3)
- Stationschef Fallmerayer, Amsterdam, 1933
- Tarabas, ein Gast auf dieser Erde, Amsterdam, 1934 Publié en français sous le titre Tarabas : un hÎte sur cette terre, traduit par Michel-François Demet, Paris, Seuil, 1985 (ISBN 2-02-008729-4) ; réédition, Paris, Seuil, coll. « Points. Roman » no 389, 1990 (ISBN 2-02-011574-3) ; réédition, Paris, éditions Points, coll. « Grands Romans » no P2285, 2009 (ISBN 978-2-7578-1489-5)
- Triumph des Schönheit, Paris, 1934 Publié en français sous le titre Le Triomphe de la beauté, dans le recueil Le Buste de l'empereur, traduit par Blanche Gidon, Toulouse, éditions Ombres, coll. « Petite BibliothÚque Ombres » no 190, 2014 (ISBN 978-2-84142-202-9)
- Die BĂŒste des Kaisers, Paris, 1934 PubliĂ© en français sous le titre Le Buste de l'empereur, dans le recueil du mĂȘme titre, traduit par Blanche Gidon, Toulouse, Ă©ditions Ombres, coll. « Petite BibliothĂšque Ombres » no 190, 2014 (ISBN 978-2-84142-202-9)
- Der Antichrist , Amsterdam, 1934 Publié en français sous le titre Juifs en errance, suivi de L'Antéchrist, traduits par Michel-François Demet, Paris, Seuil, coll. « Le don des langues », 1986 (ISBN 2-02-009341-3)
- Der Leviathan, Amsterdam, 1940 PubliĂ© en français sous le titre LĂ©viathan, traduit par Brice Germain, Paris, Ăditions Sillage, 2011 (ISBN 978-2-916266-81-7)
- Die hundert Tage, Amsterdam, 1935
- Beichte eines Mörders, erzÀhlt in einer Nacht, Amsterdam, 1936 Publié en français sous le titre Notre assassin, traduit par Blanche Gidon, Paris, Robert Laffont, coll. « Pavillon », 1947 (BNF 32586361) ; réédition, Paris, C. Bourgois, 1994 (ISBN 2-267-00936-6) ; réédition, Paris, 10/18, coll. « Domaine étranger » no 2793, 1993 (ISBN 2-264-02266-3) ; réédition, Montreuil, éditions Folies d'encre, 2008 (ISBN 978-2-907337-43-4)Publié en français sous le titre Confession d'un assassin racontée en une nuit, traduit par Pierre Deshusses, Paris, Payot & Rivages, coll. « Rivage poche. Petite bibliothÚque » no 826, 2014 (ISBN 978-2-7436-2910-6)
- Das falsche Gewicht. Die Geschichte eines Eichmeisters, Amsterdam, 1937 Publié en français sous le titre Les Fausses Mesures, traduit par Blanche Gidon, Paris, éditions du Bateau ivre, coll. « Climats », 1946 (BNF 32586364) ; réédition, Paris, Seuil, coll. « Le don des langues », 1989 (ISBN 2-02-011388-0)Publié en français sous le titre Les Fausses Mesures, traduit par Brice Germain, Paris, éditions Sillage, 2009 (ISBN 978-2-916266-51-0)
- Die Kapuzinergruft, Bilhoven, 1938 Publié en français sous le titre La Crypte des capucins [29], traduit par Blanche Gidon, Paris, Pion, coll. « Feux croisés », 1940 (BNF 32586363) ; réédition, Paris, Seuil, 1983 (ISBN 2-02-006609-2) ; réédition, Paris, coll. « Points. Roman » no 257, 1986 (ISBN 2-02-009305-7) ; réédition avec une préface de Dominique Fernandez, Paris, Seuil, coll. « Points » no 196, 1996 (ISBN 2-02-026418-8) ; réédition, Paris, éditions Points, coll. « Grands Romans » no 196, 2010 (ISBN 978-2-7578-1795-7)
- Die Geschichte von der 1002. Nacht, Bilthoven, 1939
- Die Legende vom heiligen Trinker, Amsterdam, 1939 Publié en français sous le titre La Légende du saint buveur, traduit par Dominique Dubuy et Claude Riehl, Paris, Seuil, coll. « Le don des langues », 1986 (ISBN 2-02-009340-5)Publié en français sous le titre La Légende du saint buveur, Paris, éditions Sillage, 2016 (ISBN 979-10-91896-56-6)
Recueils de nouvelles
- Le Marchand de corail, traduit par Blanche Gidon et Stéphane Pesnel, Paris, Seuil, 1996 (ISBN 2-02-021233-1)
- Viens à Vienne, je t'attends, par Alexis Tautou, Paris, L'Herne, coll. « Carnets », 2015 (ISBN 978-2-85197-293-4)
- Fraises, suivi de deux fragments, traduit par Alexis Tautou, Paris, L'Herne, coll. « Carnets », 2016 (ISBN 978-2-85197-294-1)
- Nouvelles inédites (CarriÚre ; à propos de l'endroit dont je veux parler maintenant ; Humanité malade ; Elles sont de plus en plus rares en ce monde ; Le Cartel ; La Riche Demeure d'en face ; Ce matin est arrivée une lettre ; Jeunesse) in Perlefter, roman et nouvelles, traduit par Pierre Deshusses, Paris, Robert Laffont, 2020 (ISBN 978-2-221-24992-5)
Recueils de chroniques et lettres
- PoĂšmes des livres disparus & autres textes, traduit par Jean-Pierre Boyer et Silke Hass, GenĂšve, HĂ©ros-Limite, 2017 (ISBN 978-2-940517-73-2).
- Une heure avant la fin du monde, traduit par Nicole Casanova, Paris, Liana Levi, 2003 (ISBN 2-86746-346-7) ; réédition, Paris, Liana Levi, coll. « Piccolo » no 65, 2009 (ISBN 978-2-86746-527-7)
- Ă Berlin, traduit par Pierre Gallissaires, Monaco, Ăditions du Rocher, coll. « Anatolia », 2003 (ISBN 2-268-04863-2) ; rĂ©Ă©dition, Paris, Les Belles lettres, coll. « Domaine Ă©tranger », 2013 (ISBN 978-2-251-21013-1)
- La Filiale de l'enfer : écrits de l'émigration, traduit par Claire de Oliveira, Paris, Seuil, coll. « Le don des langues », 2005 (ISBN 2-02-067931-0)
- Le Genre féminin, traduit par Nicole Casanova, Paris, Liana Levi, 2006 (ISBN 2-86746-406-4)
- SymptĂŽmes viennois, traduit par Nicole Casanova, Paris, Liana Levi, 2004 (ISBN 2-86746-372-6)
- Le DeuxiĂšme Amour : histoires et portraits, traduit par Jean Ruffet, Monaco, Ăditions du Rocher, coll. « Anatolia », 2005 (ISBN 2-268-05556-6)
- Lettres choisies : 1911-1939, traduit par Stéphane Pesnel, Paris, Seuil, coll. « Le don des langues », 2007 (ISBN 978-2-02-029700-4)
- Croquis de voyage, traduit par Jean Ruffet, Paris, Seuil, coll. « Le don des langues », 1994 (ISBN 2-02-020689-7)
- L'Autodafé de l'esprit, publié en français en 1933 dans les Cahiers juifs no 5/6. Réédité le aux éditions ALLIA
Adaptations
Cinéma
- 1936 : Le Chant des cloches (Sins of Man), film américain réalisé par Otto Brower, adaptation du roman Job, roman d'un homme simple, avec Jean Hersholt et Don Ameche
- 1971 : Trotta, film allemand réalisé par Johannes Schaaf, adaptation de La Crypte des capucins, avec Andrås Bålint, Rosemarie Fendel et Doris Kunstmann
- 1976 : Stationschef Fallmerayer, film austro-allemand rĂ©alisĂ© par Walter Davy, avec Wolfgang HĂŒbsch et Helma Gautier
- 1988 : La Légende du saint buveur (La Leggenda del santo bevitore), film italo-français réalisé par Ermanno Olmi, adaptation de la nouvelle La Légende du saint buveur, avec Rutger Hauer, Anthony Quayle et Sandrine Dumas
- 1989 : La Toile d'araignĂ©e (Das Spinnennetz), film allemand rĂ©alisĂ© par Bernhard Wicki, adaptation du roman Ă©ponyme, avec Ulrich MĂŒhe, Klaus Maria Brandauer et Armin Mueller-Stahl
Télévision
- 1962 : Die Rebellion, téléfilm allemand réalisé par Wolfgang Staudte, adaptation du roman éponyme, avec Josef Meinrad
- 1963 : Die Legende vom heiligen Trinker, téléfilm allemand réalisé par Franz Josef Wild, adaptation du roman éponyme, avec Louise Martini et Hannes Messemer
- 1965 : Radetzkymarsch, téléfilm austro-allemand réalisé par Michael Kehlmann, adaptation du roman éponyme
- 1969 : Die Geschichte der 1002. Nacht, téléfilm allemand réalisé par Peter Beauvais, adaptation du roman éponyme, avec Johanna Matz et Helmut Qualtinger
- 1971 : Das falsche Gewicht, téléfilm allemand réalisé par Bernhard Wicki, adaptation du roman éponyme, avec Helmut Qualtinger et Agnes Fink
- 1978 : Geschichte einer Liebe, téléfilm allemand réalisé par Dagmar Damek, adaptation du roman éponyme, avec Bruno Ganz et Cornelia Froboess
- 1978 : Hiob, mini-sĂ©rie autrichienne en trois Ă©pisodes rĂ©alisĂ©e par Michael Kehlmann, adaptation du roman Job, roman d'un homme simple, avec GĂŒnter Mack et Despina Pajanou
- 1981 : Tarabas, téléfilm austro-allemand réalisé par Michael Kehlmann, adaptation du roman éponyme, avec Helmuth Lohner et Erik Frey
- 1985 : Flucht ohne Ende, téléfilm austro-allemand réalisé par Michael Kehlmann, adaptation du roman éponyme, avec Helmuth Lohner et Dagmar Mettler
- 1994 : La Marche de Radetzky (Radetzkymarsch), mini-série austro-franco-allemande en trois épisodes réalisée par Axel Corti et Gernot Roll, adaptation du roman éponyme, avec Max von Sydow, Charlotte Rampling et Claude Rich
- 2009 : Hiob, téléfilm allemand réalisé par Peter Schönhofer, adaptation du roman éponyme
Notes et références
Sources
- (de) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en allemand intitulĂ© « Joseph Roth » (voir la liste des auteurs).
Notes
- Fiche Ă©diteur.
- entité géopolitique et multiculturelle cohérente constituée par certains états d'Europe centrale
- Frankfurter Zeitung, , in Bronsen, op. cit., p. 400.
- cf Niels Bokhove : Nieuwe glimp van Nachum Roth. Een ooggetuige herinnert zich de vader van Joseph Roth .. Dans : De Parelduiker 14 (2009), no 4, p. 37-44
- La maison natale de Roth a été détruite lors de la guerre soviéto-ukrainienne de 1919/1920
- Que Kindermann fut le modÚle d'Anton Wanzl est affirmé par Józef Wittlin dans ses souvenirs de Joseph Roth (GedÀchnisbuch, p. 52)
- « A Gustave Kiepenheuer pour son 50e anniversaire ». Werke in drei BÀnden (1956), p. 835.
- Sa Majesté apostolique K. et K, in Werke in drei BÀnden (1956) p. 328-329.
- Ă titre dâexemple, un curĂ© de ses amis lui avait Ă©tabli un extrait de baptĂȘme, dans lequel son lieu de naissance nâĂ©tait pas Szwaby prĂšs de Brody (ce qui Ă©tait dĂ©jĂ imaginaire), mais Schwaben en Hongrie.
- Lettre Ă Herbert Ihering du 17 septembre 1922.
- En , sa collaboration au Frankfurter Zeitung avait cessĂ©. Du au , il rĂ©dige une trentaine de contributions pour le MĂŒnchner Neuesten Nachrichten. Son contrat y prĂ©voit 2 000 marks mensuels pour la livraison dâau moins deux contributions. Voir David Bronsen, Joseph Roth. Eine Biographie, Cologne, Kiepenheuer & Wisch, 1974.
- Andrea Manga Bell fut peut-ĂȘtre le modĂšle du personnage de Juliette Martens dans le roman Ă clĂ© de Klaus Mann Mephisto.
- Andrea Rebuffé, cité dans Bronsen, p. 466.
- Irmgard Keun : Wenn wir alle gut wĂ€ren. Erinnerungen und Geschichten. Progress Verlag, DĂŒsseldorf 1954, p. 146.
- Egon Erwin Kisch : Briefe an den Bruder Paul und an die Mutter. Berlin 1987, p. 297
- Bronsen, op. cit., p. 502.
- Briefe 1911-1939, Cologne, 1970, p. 249
- Tous les membres de la famille de Roth Ă Lemberg furent victimes de la Shoah.
- Collectif Sarka-SPIP, « THIAIS (94) : cimetiÚre parisien - CimetiÚres de France et d'ailleurs », sur www.landrucimetieres.fr (consulté le )
- Joseph Roth : Une heure avant la fin du monde(1933), Ed. Liana Levi, coll. « Piccolo », 2009 (ISBN 2867465273)
- Almuth Hammer : ErwĂ€hlung erinnern. Literatur als Medium jĂŒdischen SelbstverstĂ€ndnisses, Vandenhiesck & Ruprecht, 2004, p. 103.
- Cité in Geza von Cziffra, Der heilige Trinker, Berlin, 2006, p. 53.
- Voir Bronsen, Joseph Roth p. 175
- S. Zweig/J. Roth, Correspondance 1927-1938, trad. Pierre Deshusses, BibliothĂšque Rivages, 2013, p. 239.
- Un simple jeu de mots sur son nom : « Joseph Roth (rouge) » devient « Joseph le rouge ». Ă dâautres endroits, il signe « Josephus », ce qui nâen fait pas non plus un membre des historiographes juifs.
- Notamment par Uwe Schweikert : Der rote Joseph in : Heinz Ludwig Arnold (dir) : Joseph Roth Text + Kritik Sonderband. Munich 1982, p. 40-55.
- Référence???
- SchluÎČ mit der « Neuen Sachlichkeit », in Literarische Welt, 17 et .
- (oĂč le dernier des von Trotta cherche en vain refuge dans la Crypte des Capucins oĂč gisent ses empereurs)
Voir aussi
En allemand
- Michael Amon, Joseph Roth packt seine Koffer, verlĂ€Ăt Berlin und lĂ€Ăt ein Manuskript unvollendet zurĂŒck, Essai, Wiener Monat (mensuel devenu plus tard supplĂ©ment du Wiener Zeitung, ;
- Heinz Arnold (dir.), Text + Kritik. Sonderband Joseph Roth, Munich,
- Michael Bienert (dir.), Joseph Roth in Berlin, Cologne, Kiepenheuer & Wisch,
- David Bronsen, « Joseph Roths lebenslange Auseinandersetzung mit dem Zionismus », dans Zeitschrift fĂŒr die Geschichte der Juden, vol. 1, Tel Aviv, Olamenu, , p. 1-4
- David Bronsen, Joseph Roth. Eine Biographie, Cologne, Kiepenheuer & Wisch, (nouvelle Ă©d. revue, 1993)
- GĂ©za von Cziffra, Der heilige Trinker. Erinnerungen an Joseph Roth, Berenberg Verlag,
- Eleonore Fronk et Werner Andreas, "Besoffen, aber gescheit". Joseph Roths Alkoholismis in Leben und Werk, Athena, Oberhausen 2002 ;
- Sebastian Kiefer, Braver Junge - gefĂŒllt mit Gift. Joseph Roth und die Ambivalenz, thĂšse, Metzler, Stuttgart und Weimar, 2001 ;
- Bernd M. Kraske (dir), Joseph Roth - Werk und Wirkung, Bonn, 1988 ;
- Heinz Lunzer et Victoria Lunzer-Talos, Joseph Roth - Leben und Werk in Bildern, Cologne, 1994, nelle Ă©d revue 2009 ;
- Dietmar Mehrens, Vom göttlichen Auftrag der Literatur. Die Romane Hoseph Roths. Ein Kommentar (thÚse), Halbourgn, 2000 ;
- Soma Morgenstern, Josep Roths Flucht und Ende. Erinnerungen, LĂŒnegurg, zu Klampen,
- Helmuth NĂŒrnberger, Joseph Roth mit Selbstzeugnissen und Bilddokumenten, Reinbek bei Hamburg,
- StĂ©phane Pesnel, "Joseph Roth als Reporter in Europas Osten", in Jahrbuch der Ăsterreich-Bibliothek in St. Petersburg, vol. 6, 2003/2004, p. 139-156 ;
- StĂ©phane Pesnel, "Die Fratze der GroĂen Zeit. Der Erste Weltkrieg in Joseph Roths feuilletonistischem und erzĂ€hlerischem Schreiben", in Claude Conter, Oliver Jahraus, Christian Kirchmeier (dir.), Der Erste Weltkrieg als Katastrophe. Deutungsmuster, Diskurs, Ereignis, WĂŒrzburg, Königshausen und Neumann, 2014 ;
- Stéphane Pesnel, Erika Tunner, Heinz Lunzer et Victoria Lunzer-Talos (dir.), Joseph Roth - StÀdtebilder. Zur Poetik, Philologie und Interpretation von Stadtdarstellungen aus den 1920er und 1930er Jahren, Berlin, Frank und Timme, 2015 ;
- Eva Rafferl, Vertraute Fremde. Das östliche Judentum im Werk von Joseph Roth und Arnold Zweig, ThĂšse, Narr. TĂŒbingen, 2002 ;
- Rainer-Joachim Siegel, Joseph Roth - Bibliographie, Cicero-Press, Morsum, 1994 ;
- Wilhelm von Sternburg, Joseph Roth. Eine Biographie. Kiepenheuer & Wisch, Cologne, 2009 ;
- Volker Weidermann, Die Hölle regiert ! Stefan Zweig und Joseph Roth - eine Freundschaft in Briefen. in Das Buch der verbrannten BĂŒcher, Cologne, Kiepenheuer & Wich, 2008, p. 232-240.
En français
- Edmond Dune, Joseph Roth, in Critique, No 147-148,1959.
- David Bronsen, Joseph Roth, éd. rev. et abrégée par Katharina Ochse, trad. de l'allemand par René Wintzen, Paris, Seuil, 1994, 372 p.
- Philippe Chardin, Le roman de la conscience malheureuse, GenĂšve, Droz, 1982.
- GĂ©za von Cziffra, Joseph Roth, le saint buveur : souvenirs, trad. de l'allemand par Jean Ruffet, Paris, Ăditions du Rocher, 2003, 163 p.
- Jacques Le Rider et Heinz Raschel (dir.), La Galicie au temps des Habsbourg (1772-1918). Histoire, société, cultures en contact, Tours, Presses Universitaires François-Rabelais, 2010.
- StĂ©phane Pesnel, TotalitĂ© et fragmentaritĂ© dans lâĆuvre romanesque de Joseph Roth, Bern, Peter Lang, 2000.
- StĂ©phane Pesnel, "Joseph Roth, Ă©crivain autrichien ? Les mĂ©tamorphoses dâun concept dâAutriche", in Marie-Louise Roth et Pierre BĂ©har (dir.), Literatur im Kontext Robert Musil â LittĂ©rature dans le contexte de Robert Musil, Bern, Peter Lang, 1999, p. 255-272.
- StĂ©phane Pesnel, "De Mendel Singer (Le Poids de la grĂące) Ă Nissen Piczenik (Le Marchand de corail) : la radicalisation de la figure du marginal dans lâĆuvre de Joseph Roth", in Figures du marginal dans les littĂ©ratures centre-europĂ©ennes / Cultures dâEurope centrale no 1, 2001, p. 33-47.
- StĂ©phane Pesnel, "Der Schauder der Heimatlosigkeit, der ĂŒber das Feld des Exils weht. W.G. Sebald lecteur de Joseph Roth : affinitĂ©s littĂ©raires et intĂ©gration crĂ©atrice de la rĂ©fĂ©rence rothienne", in W.G. Sebald. MĂ©moire, Transferts, Images [= numĂ©ro hors-sĂ©rie de la revue Recherches germaniques (2005)], p. 65-86.
- StĂ©phane Pesnel, "Une fragile recrĂ©ation. Les espaces multiculturels dans lâĆuvre romanesque de Joseph Roth", in Espaces multiculturels, Ă©tudes rĂ©unies par StĂ©phane Pesnel, [= Ătudes Germaniques, 2007/1], p. 89-106.
- StĂ©phane Pesnel, "La sĂ©dimentation symbolique du texte narratif : le motif du cabinet des figures de cire dans lâĆuvre de Joseph Roth", in Françoise Lartillot et Alfred Pfabigan (dir.), Image, Reproduction, Texte / Bild, Abbild, Text, Bern, Peter Lang, 2012, p. 107-120.
- Stéphane Pesnel (dir.), Lectures de "La Marche de Radetzky", revue Austriaca (no 77) éditée par les PURH, 2014.
- RĂ©gine Robin, « La politique imaginaire de Joseph Roth », Ătudes françaises, vol. 31, no 3,â , p. 19â42 (lire en ligne)
- Carole Ksiazenicer-Matheron et Stéphane Pesnel (dir.), Cahier de L'Herne Joseph Roth, L'Herne, 2015.
- Joseph Roth journaliste : une anthologie, Paris, Nouveau Monde Ă©ditions, 2016.
- Philippe Forget/StĂ©phane Pesnel (dir.), Joseph Roth, lâexil Ă Paris, PURH (Presses Universitaires de Rouen et du Havre), 2017.
- Joseph Roth / Adalbert Stifter, Europe, no 1087-1088, novembre-.
En néerlandais
- Els Snick, Waar het me slecht gaat is mijn vaderland. Joseph Roth in Nederland en België, Amsterdam, Bas Lubberhuizen, 2013.
- En anglais
- Martin Mauthner: German Writers in French Exile, 1933-1940, Vallentine Mitchell, Londres, 2007 (ISBN 978 0 85303 540 4).
- (en) Henry Garland et Mary Garland, The Oxford Companion to German Literature, Oxford University Press, (ISBN 9780191727412, lire en ligne)
Liens externes
- (de) Site officiel
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- Allociné
- (en) AllMovie
- (de + en) Filmportal
- (en) IMDb
- Ressources relatives Ă la musique :
- Discogs
- (en) MusicBrainz
- Ressource relative au spectacle :
- Ressource relative Ă la recherche :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- 1914-1918-Online
- Britannica
- Brockhaus
- Deutsche Biographie
- Enciclopedia De Agostini
- Frankfurter Personenlexikon
- Gran EnciclopĂšdia Catalana
- Hrvatska Enciklopedija
- Nationalencyklopedin
- Ăsterreichisches Biographisches Lexikon 1815â1950
- Store norske leksikon
- Universalis
- VisuotinÄ lietuviĆł enciklopedija
- « Une fragile recrĂ©ation : Les espaces multiculturels dans lâĆuvre romanesque de Joseph Roth » par StĂ©phane Pesnel, Ătudes germaniques no 245, 2007
- Benoit Pivert, Le marchand de corail de Joseph Roth, , Revue d'art et de littérature, musique,