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RĂ©gine Robin

Régine Robin-Maire (née Rivka Ajzersztejn[1]), née à Paris le et morte à Montréal le [2], est une professeure, écrivaine, historienne, traductrice et sociologue franco-québécoise[3]. Elle est la cousine de l'écrivain et poète Charles Dobzynski.

Formation et carrière

Après son admission à l'École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses en 1959, elle obtient un diplôme d'études en géographie à la Sorbonne (1962), puis l'agrégation d'histoire à la Sorbonne (1963). Elle détient un doctorat de l'Université de Dijon (1969) et de l'École des hautes études en sciences sociales de Paris (1989). Les travaux qu'elle a menés durant sa « période » française ont porté sur la société française durant la Révolution, sur les notions de féodalité de Boulainvilliers à Tocqueville et sur les rapports entre histoire et linguistique du discours.

Régine Robin a commencé sa carrière comme professeur d'histoire[4] dans un lycée de Dijon (1963-1967) avant de passer à l'Université Paris X. Elle émigre à Montréal en 1977. De 1982 à 2004, elle occupe le poste de professeure de sociologie à l'Université du Québec à Montréal, dont elle est professeur émérite. Elle a été élue membre de la Société royale du Canada en 1988. Elle est membre émérite du Centre de recherche Cultures Arts Sociétés (CELAT). En , Régine Robin co-signe, avec Sonia Combe et Dominique Vidal, un manifeste de 121 protestataires contre l'annonce d'une prolongation du confinement lié au Covid-19, applicable aux personnes âgées de plus de 65 ou 70 ans.

Publications et domaines de recherche

Les ouvrages de fiction de Régine Robin de même que ses ouvrages d'histoire et de sociologie portent principalement sur les thèmes de l'identité, ( co-créatrice en 1962 à Aix-en-Provence avec M. Alocco et J-P Charles de la revue littéraire "identitéS") de la culture, de la mémoire collective et de la judéïté. Son roman La Québécoite a connu un succès considérable et constitue aujourd'hui un incontournable dans l'analyse de phénomène de l'« écriture migrante » et des problèmes que posent cette posture nouvelle de l'écrivain québécois depuis les années 1970.

Régine Robin est également l'une des pionnières de l'analyse du discours, discipline qu'elle a contribué à développer aux côtés notamment du linguiste althussérien Michel Pêcheux, de Denise Maldidier et de Jacques Guilhaumou. En confrontant histoire et linguistique (Histoire et linguistique) Régine Robin a élaboré une réflexion épistémologique se proposant de tenir compte à la fois des apports du marxisme et de l'approche « archéologique » de Michel Foucault. Cette approche a eu des échos en Allemagne dans l'Histoire des concepts (Begriffsgeschichte) de Reinhart Koselleck.

Elle a aussi contribué à l'analyse sociologique de la littérature, en collaboration notamment avec Marc Angenot. Sa maîtrise des langues de l'Europe de l’Est et sa connaissance approfondie des régimes communistes de la Guerre froide l'ont conduite à une analyse extrêmement documentée de l'esthétique du « réalisme socialiste » (Le réalisme socialiste : une esthétique impossible). Cet ouvrage audacieux et érudit demeure une autorité dans le domaine de la sociologie de la littérature et de l'analyse des discours idéologiques.

Régine Robin a mérité de nombreux prix, dont le Prix du Gouverneur général en 1986, et le Grand prix du livre de Montréal en 2001 pour son ouvrage Berlin Chantiers. Ses dernières recherches portent essentiellement sur la question de la mémoire (La mémoire saturée) qu'elle interroge par rapport à la Shoah et l'expérience de la Seconde Guerre mondiale à laquelle son parcours est étroitement lié en raison de ses origines polonaises.

Publications

Ouvrages

  • La SociĂ©tĂ© française en 1789 : Semur-en-Auxois, Plon, 1970
  • Histoire et linguistique (1973)
  • Le Cheval blanc de LĂ©nine (1979)
  • La QuĂ©bĂ©coite (1983)
  • L'amour du yiddish : Écriture juive et sentiment de la langue 1830 – 1930. Sorbier, Paris 1984[5]
  • Le RĂ©alisme socialiste : Une esthĂ©tique impossible (1987, Prix du Gouverneur gĂ©nĂ©ral)
  • Kafka (1989)
  • Le Roman mĂ©moriel : De l'histoire Ă  l'Ă©criture du hors-lieu (1989, doctorat d'État EHESS)
  • (avec Marc Angenot), La sociologie de la littĂ©rature : un historique (1993)
  • Le Golem de l'Ă©criture : De l'autofiction au cybersoi (1997)
  • L’Immense Fatigue des pierres (1996)
  • Berlin Chantiers (2001)
  • Le deuil de l'origine : Une langue en trop, la langue en moins (2003)
  • La MĂ©moire saturĂ©e (2003)
  • Cybermigrances : TraversĂ©es fugitives (2004)
  • MĂ©gapolis : Les derniers pas du flâneur (2009)
  • Nous autres, les autres (2011)
  • Le Mal de Paris (2014)
  • Un roman d'Allemagne (2016)
  • Ces lampes qu'on a oubliĂ© d'Ă©teindre (2019)

Articles et chapitres d'ouvrages

  • « Le texte cyborg », Études françaises, vol. 36, no 2,‎ , p. 11-38 (lire en ligne)
  • « IdentitĂ©s et mĂ©moires de substitution », Lignes, vol. 6, no 3,‎ , p. 250-274 (lire en ligne)
  • « Vous ! Vous ĂŞtes quoi vous au juste ? MĂ©ditations autobiographiques autour de la judĂ©itĂ© », Études françaises, vol. 37, no 3,‎ , p. 111-125 (lire en ligne)
  • « Autobiographie et judĂ©itĂ© chez Jacques Derrida », Études françaises, vol. 38, nos 1-2,‎ , p. 207-218 (lire en ligne)
  • « L'Ă©criture flâneuse », dans Philippe Simay, Capitales de la modernitĂ©. Walter Benjamin et la ville, Paris, Éditions de l’Éclat, (lire en ligne), p. 37-64
  • « Paroles en attente : parcours de vie, parcours de textes », Essaim, vol. 14, no 1,‎ , p. 13-26 (lire en ligne)

Distinctions

Notes et références

Voir aussi

Sources

  • Emmanuel Delille, « Modiano, Ă  la lisière de la ville. Entretien avec RĂ©gine Robin », Esprit, n°468, octobre 2020, p. 150-157.
  • Une Ĺ“uvre indisciplinaire. MĂ©moire, texte et identitĂ© chez RĂ©gine Robin, sous la direction de Caroline DĂ©sy, Viviana Fridman, Pascale Maltais et VĂ©ronique Fauvelle, QuĂ©bec, Presses de l'UniversitĂ© Laval, 2007.
  • (en) Akane Kawakami, « Walking Underground : Two Francophone Flâneurs in Twenty-First-Century Tokyo », L'Esprit crĂ©ateur (Johns Hopkins University Press), vol. 56, no 3, automne 2016, p. 120-133.
  • Pierre Popovic, « L’École de MontrĂ©al », Spirale, no 223, novembre-, p. 16-19.
  • Pierre Popovic, « La sociocritique : prĂ©supposĂ©s, visĂ©es, cadre heuristique — L’École de MontrĂ©al », Revue des sciences humaines, no 229, juillet-, p. 13-29.
  • Pierre Popovic, « La sociocritique. DĂ©finition, histoire, concepts, voies d’avenir », Pratiques, nos 151-152, , p. 7-38.
  • (de) Birgit Schlachter: Schreibweisen der Abwesenheit. JĂĽdisch-französische Literatur nach der Shoah. Böhlau, Cologne 2006 (ISBN 9783412294052) p. 121 – 154 & passim (Robin, Robert Bober, Patrick Modiano, Henri Raczymow)
  • Critique de Danielle Dumontet: RĂ©gine Robin, Nous autres, les autres: difficile pluralisme, Les Ă©ditions du BorĂ©al, MontrĂ©al 2011, en Zeitschrift fĂĽr Kanada-Studien, 2014, (ISSN 0944-7008) p. 200 – 203 en ligne
  • (de) Andrea Schorsch: Grenzgänge, GrenzĂĽberschreitungen, Auflösung von Grenzen. Kulturelle Identität im innerkanadischen Vergleich: Mordecai Richler und RĂ©gine Robin. Kovac, Hamburg 2005 (=Diss. phil. UniversitĂ© de Bonn, 2004)
  • (de) Yvonne Völkl: JĂĽdische Erinnerungsdiskurse in der frankophonen Migrationsliteratur Quebecs. Canadiana, 15. Peter Lang, Berne 2013 (sur Monique Bosco, NaĂŻm Kattan, RĂ©gine Robin, Pierre Lasry, Victor Teboul, Marc-Alain Wolf)

Articles connexes

Liens externes

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